La putain de jet-set ! Rassemblée entièrement ce soir dans la grande villa Ricci et, costumé, pour la cause vu que le petit italien avait décidé que, ce soir, tout le monde devait sortir son meilleur déguisement.

Certains avaient parfaitement joué le jeu se parant de costumes recherchés et, parfois, déjanté. D’autres avaient mis des costumes bateau totalement en manque d’imagination qu’ils étaient… Et si les maitres des lieux s’était déguisé en Iron Man, son meilleur ami, Jimmy Reed, avait, lui, décidé de se déguisé en Jimmy Reed. Je reconnaissais bien l’imagination débordante de l’homme d’affaire ! Toujours un moyen de se faire remarquer !

Personnellement, j’avais pris cette invitation très au sérieux et comme j’étais en plein tournage de la saison 3 de Spaceship, ma série de science-fiction à succès et bien je m’étais déguisé comme le personnage que j’incarnais dans cette série. Soit, un alien bleu avec des antennes nommé T’Kor… Pour la cause, j’avais fait venir, plus tôt dans la journée, la maquilleuse engagée sur la série uniquement pour me maquiller pour la soirée. On était un samedi et je devais avouer qu’elle avait fort peu apprécié se faire rappeler sur son jour de congé uniquement pour que je sois le mieux costumé pour cette fichue soirée chez Ricci. Mais qu’importe ! Elle savait qu’elle ne pouvait pas refusé au risque de ne pas pouvoir venir travailler lundi. Hey ! Je suis quand même un homme de principes. Je l’ai grassement payé pour ça.

Du coup, j’étais déguisé mais tout le monde savait que c’était moi. Ce n’est pas tellement grave. Je n’aurais, de toute façon, pas sur me déguiser autrement. Quand je suis à fond sur un film ou un série, je ne sais pas m’en détacher.

-Stevie, tu n’as pas vu Hugh ?

Quand je disais qu’on me reconnaissait facilement ! Il n’avait pas fallu deux minutes à Jessica Hill pour me repérer alors que je venais de me prendre un cocktail au bar. Hill était déguisée en Catwoman… J’imagine que c’était le costume le plus appropriée pour pouvoir aller à la pêche aux hommes faciles dont je faisais partie depuis mon divorce il y a deux mois.

-Non ! Mais m’est d’avis qu’il est sûrement dans son lit. On a bossé quasi 15h tous les jours cette semaine et il a le rôle principale alors je te laisse faire les comptes.

Hugh Crusher était l’un de mes acteurs fétiches. Il m’avait fait atteindre la célébrité en exécutant parfaitement son rôle dans Love In L.A.. Les gens aimaient pleurer en regardant des films et il n’y avait rien de mieux que Hugh Crusher pour faire pleurer dans les chaumières.

Puis, il ne conteste absolument jamais ce que je dis ! Fait rare chez les acteurs de nos jours !

Jessica fit la moue.

-Tu devrais le laisser souffler un peu… Il ne vient quasi plus aux fêtes…

Mouais ! Je doute que ça soit uniquement pour les longues heures de travail ça mais je me gardais bien de le dire à Hill.

-Le travail avant tout, Jessica !

C’est ce que je lançai avant de remarquer, au loin, mon ami Brento.

-C’est Brento, là-bas ?!

Je dis ça sur un ton surpris. J’étais vraiment agréablement surpris par son déguisement et, si j’avais pris le temps de le reconnaitre, c’est parce que ce foutu Brento était coiffé !

Jessica Hill plissa des yeux.

-Non… Je ne pense pas que c’est lui. Le type là-bas sait se coiffer. Brent ne sait pas se coiffer.

Elle a raison mais c’est tout de même bien Brento !

-C’est pourtant bien lui ! A plus, Catwoman !

Je quittai, donc, Hill pour me diriger vers Brento. Je tapai amicalement dans son dos esquissant un petit sourire en coin.

-Brento ! Bon choix de costume ! J’adore ! Personne ne te reconnais parce que tu es coiffés. En tout cas, tu fais bien mieux que Reed qui a autant d’imagination que Trevor Price pour ses scénarios…

Brento est mon meilleur ami… Même si ça m’arrive de me disputer avec lui… Ou plutôt de me disputer tout seul contre lui. Parce que lui ne se dispute pas vraiment mais il m’arrive que je m’énerve sur lui et que je ne lui parle, parfois, plus pendant plusieurs jours d’affilé. Une fois, je lui ais même râlé dessus pendant un mois entier. C’était il y a un ou deux ans… Je ne sais même plus pourquoi on s’était disputé. Mais le fait est qu’en dehors de ça, il est celui avec qui je m’entends le mieux dans cette foutue jet-set et en dehors.

J’avais mis les bouchées doubles pour le bal masqué qui était organisé à la villa Ricci ! Carrie était venue chez moi pour concrétiser l’idée que j’avais en tête. Je voulais un déguisement qui s’inspirait de Spaceship, la série de science-fiction à succès de mon meilleur ami, Stephen Shran. Et je devais avouer que je voulais lui en mettre plein la vue avec, peut-être, dans l’idée que ça lui donne une idée pour me faire apparaître dans la série. Pourquoi pas ? Le rêve fait vivre, après tout !

Carrie était donc venue et elle m’avait littéralement vidé un pot de gel dans les cheveux. J’avais une implantation bizarre qui faisait qu’ils étaient pratiquement indomptables. Mais ma nièce avait réussi, finalement, à me les plaquer en arrière, à défaut de pouvoir faire quelque chose de plus recherché.

Et je ne l’avais jamais entendu jurer autant que quand elle avait fait ça.

Le maquillage avait été plus facile à mettre. Elle m’avait couvert le visage et les mains de poudre blanche légèrement dorée… Des heures, que ça nous avait pris !

Restait ensuite le clou du spectacle, le détail qui allait faire la différence : mes lentilles jaunes. J’avais eu du mal à me les procurer pour finalement en trouver auprès d’une connaissance qui travaillait aux studios d’Hollywood.  

Je m’étais levé, quand tout fut fini, et j’avais fait face à Carrie qui avait écarquillé les yeux devant le résultat.

-On y croirait ! Mais… Tu es déguisé en quoi exactement ?

Je lui avais répondu d’un ton plus ou moins neutre en essayant désespérément de ne pas sourire.

-Je suis un androïde qui vit sur un vaisseau spatial. Je n’ai donc pas d’émotion.

Mais ma bouche me trahi, un coin de mes lèvres se soulevant en un sourire fier et amusé.

-Toi, ne pas avoir d’émotions ? Bonne chance, Brent. Je ne connais personne de plus souriant que toi.

Je rigolai.

-C’est vrai. Mais si Stephen me donne un petit rôle, je suis prêt à m’entraîner à ne pas sourire.

J’embrassai Carrie sur le front.

-Merci pour tout, ma belle. Toi, tu vas te déguiser en quoi ?

Elle sourit à son tour.

-En Marilyn Monroe. Tu me conduiras ?

Je hochai la tête.

-Bien sûr !

Elle alla se préparer et deux heures plus tard, on déboulait à la fête de Ricci, pas du tout assortis, mais bras dessus, bras dessous quand même. Elle alla retrouver ses mais alors que moi, je commençai à chercher désespérément le bar.

Quelqu’un finit par me taper dans le dos et je me retournai, mon visage s’illuminant en voyant mon ami Stephen !

-Stevie ! Ou devrais-je dire T’kor ?

Je faillis passer une main dans mes cheveux et me retins au dernier moment.

-C’est Carrie qui m’a coiffé. Elle en a blasphémé plusieurs fois. Je suis un androïde, qu’est-ce que tu en penses ? Je me suis inspiré de Spaceship.

Puis, je me tournai dans la direction où il avait regardé en parlant de Jimmy Reed qui, effectivement, n’était pas déguisé.

-Mais si, il est déguisé. En gros enfoiré, donc à ça ne le change pas de d’habitude, mais il est déguisé.

Je pointai ses antennes.

-Elles bougent ? Comme dans Spaceship ?

Repérer Brento n’avait pas été simple. Il faut savoir que mon meilleur ami était, habituellement, incapable de se coiffer. Il avait toujours les cheveux en pétard. Même Jessica Hill n’avait pas voulu croire une seule seconde que l’homme là-bas était Brento !

Mais moi, je l’avais parfaitement bien reconnu et c’est, impressionné par son costume, que j’avais été l’aborder. Il se retourna vers moi, visiblement heureux que je sois de la fête. Lui aussi me reconnu assez facilement. En même temps, je m’étais déguisé en T’Kor. Et il n’y avait qu’une seule foutue personne dans cet univers capable de jouer ce rôle. Moi !

-C’est exacte ! C’est quoi qui t’as mis sur la piste ? La peau bleue ou les antennes ?

Je ricanai un peu devant mon propre sarcasme. Un ricanement qui se prolongea alors que Brent sembla vouloir passer une main dans ses cheveux. Un réflexe qui aurait pu ruiner tout son travail.

Ou plutôt, le travail de Carrie. Car c’était elle qui avait fait en sorte que Brent arbore un des meilleurs costumes que j’ai vu jusqu’ici. Il disait s’être inspiré de ma série ce qui m’arracha un petit sourire. C’était réussi et, le pire, c’est que Brent m’inspirait !

-Je pense que, si c’est toi qui a bel et bien eu l’idée, je devrais peut-être t’engager comme second scénariste.

J’esquissai un petit sourire avant de me mettre à me marrer un peu. Je me repris.

-Non, je déconne ! Quand même pas ! Mais je dois avouer que tu as bien cerné l’essence de ma série. Peut-être que je devrais créer un personnage androïde, tiens…

Je pris un air pensif en regardant Brent de haut en bas. Ouais ! Sans doute que je devrais faire ça ! J’avais encore des épisodes à écrire pour la saison 3 qui était en cours de production, donc !

Quant à Jimmy Reed, d’après Brento, il était bel et bien déguisé. En gros enfoiré. C’est clair qu’ici, il n’y avait pas plus gros enfoiré que Jimmy Reed. Un gosse de riche qui n’a pas dû bosser pour obtenir l’une des plus grandes maisons de disques de Los Angeles… Le genre à penser qu’il possède tout Los Angeles au creux de sa main. A penser qu’il a droit de vie ou de mort médiatique sur quiconque met les pieds dans la jet-set. En gros, c’est un vulgaire connard.

-Un cruel manque d’imagination, moi je dis ! Il faut dire qu’à part gérer son empire qu’il n’a pas construit et se pavaner, il ne sait pas faire grand-chose, le Reed… Donc, réfléchir à un costume qui change un peu de l’ordinaire, c’était sans doute trop demandé pour lui. Il se serait déguisé en Mère Térésa, j’y aurais vu du génie. Mais non. Reed n’est définitivement pas un génie.

Brento pointa mes antennes demandant si elle bougeait. Je fis la moue et fronçais les sourcils alors que mon meilleur ami venait de voir la seule faille de mon foutu costume.

-Non, hélas… Je n’ai pas la logistique ici pour ça. Il me faut une personne supplémentaire pour les faire bouger. Un jour, je t’expliquerais comment ça fonctionne.

J’aurais pu réquisitionner quelqu’un pour la fête rien que pour faire bouger ces foutues antennes mais je n’avais pas poussé le vice jusque-là.

-Déjà que j’ai rappelé ma maquilleuse cet après-midi rien que pour faire mon maquillage pour la soirée… Si j’avais en plus fait en sorte de faire bouger mes antennes juste pour la fête, les gens qui bossent sur ma série me prendraient pour un gros excentrique !

Je fis la moue.

-Enfin… Pour un pire excentrique que je ne suis déjà…

Je regardais autour de nous.

-Alors, c’est quoi ton nom d’androïde ? Est-ce que les androïdes draguent ? Tu as une cible particulière ce soir ou on va simplement emmerder tous ces gosses de riches ?

Stephen était venu m’aborder et j’étais ravi de voir qu’il s’était déguisé en T-Kor. Un look que je lui connaissais déjà pour l’avoir déjà vu en tournage, mais aussi parce que je ne ratais aucun épisode de Spaceship. C’était une série de science-fiction très bien faite même si mon ami n’avait pas le budget pour de fameux effets spéciaux, hormis, justement, le maquillage. Là où c’était super intéressant, comme série, c’était que ça posait un tas de questions philosophiques.

Je rigolai quand il me demanda ce qui m’avait mis sur la piste, entre sa peau bleue et ses antennes.

-Les antennes, évidemment !

Justement, j’avouai à Stephen m’être inspiré de sa série pour mon propre costume. Ce personnage que j’incarnais ce soir n’existait pas dans la série, mais c’était dans la mouvance de ce que proposait Spaceship.

J’arborai un air fier quand il demanda si c’était mon idée allant jusqu’à m’imaginer scénariste. Je lui souris.

-Oui, c’est moi qui ai eu l’idée… Pour les couleurs, les lentilles et tout… Mais de là à me voir scénariste, il y a un monde.

Je passai ma langue sur mes lèvres quand il déclara qu’il déconnait, mais qu’il n’avait pas encore pensé à créer un androïde… Je le regardai dans les yeux, avec un air plus qu’intéressé…

-Si tu décides d’en créer un… pense à moi…

J’avais envie de lui hurler que je crevais d’envie de m’essayer à l’acting dans Spaceship, mais en même temps, je trouvais un peu déplacé de le demander platement. Je ne me ferais même pas payer pour ça tellement ce serait un honneur pour moi !

Regardant un peu autour de nous, on avisa Jimmy Reed qui n’était pas déguisé. Et je sentais bien que ce simple fait irritait mon ami… Mais bon, Stephen était facilement irritable. Je tournai ça à l’humour en disant que Jimmy était déguisé en gros enfoiré… Cependant, Stephen n’avait pas tort, puisque ça ne demandait pas d’imagination à Jimmy de se déguiser en lui-même. Ce n’était pas un génie, d’après mon ami.

Et ça me fit rire.

-Je crois qu’il pense que si lui croit très fort qu’il est intelligent, ça devient réel. Je l’ai déjà entendu dire ce genre de truc.

Je me déplaçai subtilement pour que Stephen tourne avec moi et qu’il n’ait plus Jimmy Reed dans son champ de vision. S’il ne le voyait plus, peut-être que Stephen arrêterait de s’énerver tout seul.

Je le questionnai alors sur ses antennes. Je savais que c’était l’accessoire préféré de Stephen. Mais ici, il n’avait personne pour les faire bouger. Je rigolai à l’image de quelqu’un le suivant partout rien que pour faire bouger ses appendices qui, dans la série, trahissaient les émotions de son personnage.

-C’est une invitation sur le tournage ça ! Je l’accepte avec plaisir !

Il m’expliqua avoir rappelé sa maquilleuse pour être fin prêt pour cette soirée. Il disait que rappeler quelqu’un en plus pour faire bouger ses antennes aurait été l’excentricité de trop.

-Probablement. Mais on t’aime bien comme ça.

Il regarda autour de nous en me posant des questions sur le personnage que j’avais en tête.

-Je m’appelle Datalore…. J’ai été créé par un savant fou, à son image.

Je fis la moue, réfléchissant à la drague pour un androïde.

-Non, je ne drague pas à proprement parler. Parce que je n’ai pas d’émotions, vu que je suis entièrement artificiel. Cependant, je suis totalement fonctionnel, si tu vois ce que je veux dire.

Je souris en coin.

-Les femmes tombent amoureuses de moi parce que j’ai une bonne bouille et que j’ai un côté innocent qui me rend irrésistible.

A mon tour, je regardai autour de nous, mes yeux jaunes parcourant le grand salon de Ricci.

-Je n’ai pas de cible en particulier. Mais j’aimerais voir si mon déguisement me rend attirant. Donc je vais me laisser porter par les événements. Et toi ?

Je regardai le verre qu’il avait en main.

-Hey ! Mais tu as trouvé le bar, toi ! Ça fait un quart d’heure que je le cherche…

Je ricanai quand Brento confirma que c’était bien les antennes qui lui avait permis de reconnaitre mon personnage. Je savais que Brent adorait ma série. Tout comme un tas de gens à Los Angeles et ailleurs, d’ailleurs ! Pour preuve, c’est Spaceship qui avait inspiré Brent pour son costume et je devais avoué que c’était très réussi. Peut-être que je devrais engager Carrie comme maquilleuse… Pas sûr que ça lui plaise, cela dit… Carrie veut devenir femme d’affaire, pas maquilleuse…

Dommage !

Pour le reste, l’idée venait bien de Brent si bien que je le considérais pour jouer les scénaristes. Sauf que c’était une blague, bien sûr ! J’étais le seul et unique scénariste de mes propres production. Si je prenais quelqu’un d’autre, j’allais me disputer tous les jours !

Brento confirma que l’idée venait de lui mais semblait ne pas se voir scénariste. C’est là que je lui annonçais que ce que je venais de dire était pour déconner. J’affirmai alors ne pas encore avoir pensé créé un androïde pour ma série et j’esquissai un petit sourire en coin quand Brent dit que je devais penser à lui si je décide d’en créer un. Est-ce que c’est une façon subtile de me dire qu’il avait envie de jouer dans ma série ? Brent n’est pas un acteur mais il sait que ce n’est pas ça qui me retient d’engager quelqu’un. Mais loin de moi l’idée de lui faire croire que c’était gagné. Je fis donc une moue de réflexion.

-Hmmmm… Mouais… Je vais peut-être y réfléchir.

On s’attarda alors sur Jimmy Reed, le roi du manque d’imagination. Il s’était déguisé en lui-même, soit en gros enfoiré. Je partis donc, dans une grande envolée de parole, pour exprimer mon mépris pour Reed. Brent déclara que Reed se disait que s’il pensait très fort qu’il était intelligent alors la chose devenait réel. De quoi me faire rouler des yeux.

-C’est vraiment n’importe quoi. Comment peut-il penser qu’on va le prendre pour quelqu’un d’intelligent s’il dit des conneries pareilles ?

Brent bougea un peu me faisant, inconsciemment, bouger moi aussi ce qui fit que je ne voyais plus Reed. C’est pas plus mal ! Il commençait à me donner envie de vomir !

Sur ce, Brento changea de sujet parlant de mes antennes. Je déclarai que, hélas, la logistique ne m’avait pas permis de les faire bouger pour la soirée. Je ne pris pas le temps d’entrer dans les détails technique. S’il voulait des détails, je pourrais lui montrer s’il passe sur le plateau. Chose qu’il semblait bien vouloir faire. J’esquissai un petit sourire. Mais c’est qu’il semblait motivé ! Voyons voir jusqu’où va sa motivation, tiens !

-Bien ! Passe lundi à 5h du matin aux studios. Je te montrerais comment tout ça fonctionne.

Je savais que Brento était un incorrigible lève tard et que, 5h du matin, pour lui, c’était soit la fin de la soirée, soit c’était en pleine nuit. Quoi qu’il en soit, pour lui, à 5h du matin, on dort. Point à la ligne. Pour moi, c’était le début de la journée !

Je finis par conclure que je n’avais pas poussé l’excentricité jusqu’à engager quelqu’un pour la soirée rien que pour animer mes antennes. C’était aller un peu trop loin, même pour moi bien que Brent disait qu’on m’aimait pas ainsi. Je ricanai.

-Tout le monde ne m’aime pas ainsi, tu sais, Brent…

A vrai dire, je n’avais pas que des amis surtout dans le monde fermé du cinéma. Mais le fait est que je ne vais pas modifier mes idées uniquement pour faire plaisir à untel ou untel. Et ce genre de comportement ne plait pas à tout le monde.

Bon ! Trêve de bavardage. Je voulais savoir si le fameux androïde savait draguer et quel était son nom. Je m’attendais à ce que Brent n’en ait aucune foutue idée mais je fus étonné de voir qu’il n’en était rien. Il avait un nom. Datalore. Et derrière se nom se cachait un personnage déjà construit et réfléchit par mon meilleur ami. Je levai un sourcil à moitié impressionné pas tant de dévotion pour une seule soirée. Il affirma qu’il ne draguait pas car il n’avait pas d’émotion mais qu’il était totalement fonctionnel. Je ricanai.

-Tiens donc ! Je me demande comment tu vas faire pour ne pas montrer la moindre émotion pendant toute une soirée. Toi qui ne sais pas t’empêcher de sourire, ça va être dur.

Il affirma que les femmes tombait amoureuse de l’androïde parce qu’il avait une bonne bouille et qu’il avait un côté innocent. Mais c’est que cet enfoiré me donnerait presque des idées pour ma série ! Je plissai des yeux en fixant Brento.

-C’est très élaboré pour une personnage que tu ne vas jouer qu’une seule soirée… Tu n’aurais pas une idée derrière la tête par hasard, Brent ? Tout ça ne me semble pas si innocent…

Je voulais qu’il me le demande. Voir même qu’il me supplie. En tout cas, mon petit sourire montrait que je voulais plus qu’une demande trop subtile.

Mon meilleur ami déclara que, ce soir, il n’avait pas de cible en particulier. Il voulait simplement savoir si son déguisement le rendait attirant. Quand il me renvoya la question, j’haussai des épaules.

-Je n’ai jamais de cible en particulier… Je crois simplement que c’est raté pour avoir Jessica Hill, ce soir. Je pense qu’elle m’en veut de faire trop bosser Crusher…

C’est ce qu’il m’avait semblé tout à l’heure. J’avais travailler sur des films avec Jessica Hill. Je savais quand elle m’en voulait.

Brento remarqua alors que j’avais trouvé le bar. Je montrai, alors, du doigt l’endroit où il pouvait aller chercher à boire.

-C’est juste là… Viens… On va aller te chercher ton Martini avant que tu ne te déshydrate.

On se dirigea vers le bar où Brent pu obtenir son Saint Graal. Je regardais alors autour de nous. Brento semblait vouloir un rôle dans ma série… Bien ! Voyons voir ce qu’il vaut.

-Maintenant, mon ami, j’aimerais que Datalore aille aborder quelqu’un. N’importe qui. Je veux le voir à l’œuvre.

Et je comptais le suivre pour être témoin de ça !

Je voulais littéralement éblouir Stephen avec mon déguisement. Je voulais lui donner des idées. Je voulais ma petite part dans Spaceship même un caméo, je serais preneur. Certes, je n’étais pas un acteur… pas officiellement, du moins. Mais il m’arrivait de jouer tout seul, devant mon miroir. J’avais un visage qui pouvait être très expressif et mes traits étaient assez atypiques. Je savais que je pouvais avoir du potentiel si je voulais.

Ok, je ne serais pas un Hank North ou un Hugh Crusher qui, eux, étaient plus que confirmés… Et je ne me destinais à une carrière d’acteur… Mais… Un petit rôle ? Un tout petit rôle, c’était possible, non ? Surtout si je me donnais à fond.

Stephen affirma qu’il allait y réfléchir, amenant un très grand sourire sur mon visage.

-C’est ça, réfléchis… Tu sais bien faire ça.

Et surtout, observe-moi pendant cette soirée parce que je sais comment tu fonctionnes et je sais que tu ne résistes pas à l’inspiration, Stephen. Je devais lui semer une graine d’idée… Puis la laisser grandir jusqu’à ce que ça l’obsède.

On s’intéressa deux minutes à Reed qui n’était pas vraiment déguisé… Mais deux minutes, c’était déjà trop lui porter une attention qu’il ne méritait pas. Je n’étais pas venu pour entendre mon ami pester à longueur de temps sur le magnat de BSC.

Je le fis donc tourner et il ne s’en rendit même pas compte. Une fois qu’il n’eut plus Reed dans son champ de vision, je m’intéressai à ses antennes. Dans la série, elles avaient la capacité de bouger et je voulais vraiment savoir quel était le secret de Stephen pour ça. Il m’invita à venir voir comment ça fonctionnait sur le plateau de tournage. J’acceptai donc avec plaisir. Me montrer là-bas, parler avec les autres acteurs, pourrait peut-être me permettre de m’imposer un peu… Et au pire, ce serait une super journée.

Sauf qu’il fallait que je me pointe à 5 heures du matin !

Ma bouche s’ouvrit et resta ouverte quelques secondes. 5 heures du matin ? Il était sérieux ?

Ma bouche se referma et sourit.

-Parfait. Deal.

Le secret serait de ne pas aller dormir. A 5 heures du matin, je pouvais encore être éveillé, si j’étais motivé. Or, j’étais très motivé.

J’irais dormir après.

Stephen n’avait donc pas engagé quelqu’un pour le suivre partout et faire bouger ses antennes selon son humeur. Il se disait excentrique. Personnellement, je l’aimais bien comme ça, mais ce n’était pas le cas de tout le monde. Je ricanai…

-Si tu fais lever tout le monde pour 5 heures du matin, c’est pas étonnant.

Stephen voulait en savoir plus sur l’androïde nommé Datalore dont j’avais l’histoire esquissée dans mon esprit. C’était en regardant Spaceship que j’avais commencé à penser à ce personnage… Un peu comme tous ces fans qui, à partir de la série, s’amusent à écrire des histoires se passant dans le même monde et en reprenant toutes les références… Jamais quelque chose que j’avais vu à la télé ne m’avais fait cet effet-là.

Je souris quand il affirma que ça allait être difficile pour moi, qui étais de nature souriant, de supprimer mes émotions. Mais j’avais, là aussi, une idée.

-Mon sourire, c’est mon côté sombre. Mon jumeau maléfique adore sourire.

Un deuxième androïde, presque en tout point identique à Datalore.

Stephen s’étonna du fait que mon personnage était salement élaboré pour une seule soirée et je rougis sous mon maquillage. J’étais un peu pris la main dans le sac.

-Je… je rêve de jouer dans Spaceship depuis la saison 1. Tu as créé un monde, un univers, Stephen.

Je pinçai les lèvres et le regardai dans les yeux.

-J’aimerais en faire partie.

Quant à nos cibles pour ce soir… Aucun de nous n’en avait une. Enfin… Stephen savait que c’était déjà raté avec Jessica Hill pour lui sous prétexte qu’elle lui en voulait de faire trop bosser Hugh Crusher. J’eus un petit rire.

-J’imagine… mais Hugh est un bosseur lui-même. Je pense qu’il ne demande pas mieux que de faire des heures. D’après ce que j’en sais, il est un peu perfectionniste.

Bref… Je constatai que mon ami, lui, avait trouvé le bar et il me l’indiqua. On s’y dirigea et j’eus bientôt mon Martini en main. J’en pris quelques gorgées en écoutant la musique… C’était Victoria Hunter qui était diffusée…

Et ce fut là que Stephen me lança un défi : mettre mon personnage à l’épreuve. Je faillis m’étrangler en buvant, mais me repris assez vite… Je le regardai, souris… puis fit disparaître ce sourire pour prendre une expression neutre qui avait quelque chose d’innocent.

-Bien, Capitaine.

Je déposai mon Martini entamé et me dirigeai sans hésitation vers Victoria Hunter, déguisée en lapin de Playboy, qui discutait, justement, avec Hill et Julian. Le Golden Triplet au complet.  

-Bonsoir, Mademoiselle Hunter.

Elle se retourna vers moi et me regarda de haut en bas. Il lui fallut environ 5 secondes avant de me reconnaître.

-Brent ! Mon dieu ! Mais qu’est-ce qui t’es arrivé ?!

Je la regardai dans les yeux, eus un petit mouvement de tête qui trahissait que j’étais un automate et dis sur un ton neutre :

-Je me nomme Datalore. Je suis un androïde.

Kate Julian ricana.

-Un robot, quoi.

Mon regard passa de Victoria à Kate, déguisée en infirmière sexy, que je regardai très sérieusement.

-Non. Un androïde. Une forme de vie artificielle.

Kate rigola d’un rire qui était clairement une moquerie.

-Les hommes… Tous des gamins.

L’ignorant, j’en revins à Victoria.

-Je souhaiterais apprendre à danser. Les données en ma possession laissent penser que vous seriez un excellent professeur, mademoiselle Hunter.

Elle me regardait avec un air à la fois amusé et… déconcerté.

-Mais tu sais danser, Brent.

Je lui tendis la main, faisant exprès de paraître un peu raide. Toujours amusée, elle me prit la main et je l’emmenai sur la piste de danse au milieu du salon de Ricci. Elle plaça mes mains, jouant le jeu, me dis de la regarder dans les yeux et je fis exprès de lui marcher sur les pieds, légèrement, dès les premiers pas.

-Aïe ! Aïe ! Brent ! Mais qu’est-ce que tu fais ?

Je déclarai sur un ton toujours neutre.

-Je ne peux pas imiter vos pas si je ne vois pas vos pieds.

Elle soupira, mais souriait en même temps.

-D’accord, regarde mes pieds.

On recommença t cette fois, je ne fis aucune erreur. Elle me dit à un moment d’essayer sans regarder ses pieds et je continuai sans faire exprès de me tromper.

-Bien. Souris aussi.

Alors je souris. Mais d’un sourire totalement artificiel, regardant, par-dessus l’épaule de Victoria, vers mon ami Stephen, espérant le convaincre par cette petite scène improvisée.

Il est vrai que je sais très bien réfléchir. Parfois trop. N’empêche que le déguisement de Brento était assez inspirant au point où l’idée d’amener un androïde dans ma série était pas mal séduisante.

J’en oubliai déjà Reed quand Brento avait parlé de mes antennes et que, donc, la conversation s’était totalement tournée vers ma série. Mon meilleur ami semblait intéressé par les détails techniques au point où il serait ravi de venir sur le plateau voir comment tout ça fonctionne. Il pouvait venir, hein ! C’est ce que je lui dis clamant qu’il devra se présenter lundi à 5h du matin pour voir tout ce qu’il y avait à voir. A vrai dire, je voulais voir si Brento était réellement motivé sachant très bien qu’à 5h du matin, ma larve d’ami préférait être dans son lit que nulle part d’autre ailleurs. J’esquissai un petit sourire en coin quand je le vis ouvrir la bouche comme si je venais de dire quelque chose d’horriblement invraisemblable.

Mais, contre toute attente, il accepta sans même négocier l’heure. Et bien ! Là, il m’épate ! Je me demandais s’il allait réellement se pointer, tiens…

J’avais déclaré ne pas avoir poussé le vice jusqu’à faire animer mes antennes ce soir. Je n’étais pas excentrique à ce point bien que Brento semblait dire que ça faisait partie de mon charme. M’est d’avis que tout le monde ne serait pas d’accord avec lui… Mais d’après Brent, c’était plutôt parce que je faisais lever les gens pour 5h du mat’ que j’étais si peu apprécié. Je ricanai.

-Tout ceux qui s’embarquent sur une production avec moi savent parfaitement qu’il faut se lever tôt.

Et finir tard… Si les acteurs ou autres ne se sentaient pas capable de ça, ils n’avaient qu’à pas postuler !

Je voulais en soir plus sur le fameux Datalore et je devais avouer que Brento en avait des choses à me dire à son sujet. Il avait construit tout un personnage pour une seule soirée et je m’étais amusé de souligné qu’il aura bien du mal à ne pas sourire afin de coller au mieux à la personnalité de l’androïde qu’il incarnait. Mais Brento n’était pas en manque de pirouettes et il déclara que s’il souriait, c’était une œuvre du jumeaux maléfique de Datalore. Je levai un sourcil.

-Tu as même inventé un jumeaux maléfique pour pallier ton incapacité à ne pas sourire ? Je ne sais pas si c’est du génie ou bien une foutue grosse arnaque !

En tout cas, tout ça est trop élaboré pour n’être que pour un soir. M’est d’avis que Brento essayait de me faire passer un message et je crois avoir bien compris de quel message il s’agissait. Une voulait un rôle dans ma série. Sauf que je voulais qu’il me le dise. C’est, en gros, ce que je venais d’insinuer. Et c’est un Brento un peu gêné qui confirma rêver jouer dans ma série. Un rêvé ! Carrément ! Je devais avouer être assez flatté par les compliments de Brent.

Je le regardais droit dans les yeux laissant place à un silence pour instauré un genre de suspens. Le fait est que je n’avais aucune idée de si Brent avait le moindre talent d’acteur. Et si, pour moi, l’expérience n’a pas forcément d’importance, j’aimais tout de même voir si les acteurs que j’engageais savaient jouer.

Je me fis alors extrêmement sérieux.

-Tu sais qu’être mon meilleur ami ne te concède aucun passe-droit, Brent ?

Mais, inévitablement, ça jouait quand même. Je ne suis pas insensible, hein !

-Mais je vais prendre ta demande en considération surtout que je ne peux pas nier que tu y as mis du tiens pour le coup.

On parla, ensuite, des coups d’un soir qu’on allait pouvoir avoir aujourd’hui. Mais, tout comme moi, Brento n’avait personne dans le collimateur. Je déclarai que c’était simplement foutu pour Jessica Hill car elle semblait m’en vouloir « d’exploiter » Hugh Crusher. D’après Brento, Hugh n’était sûrement pas du même avis que Hill. J’esquissai un petit sourire en coin.

-C’est clair que c’est un bosseur. J’adore ce type. Il ne se plaint jamais. Il ne me contredit jamais. Je le fais parfois travailler 15 ou 16h et il ne bronche même pas. C’est l’acteur parfait. Hill, par contre, elle aime se plaindre ! Crois-moi !

Et elle aime aussi donner son avis ! Plus elle avançait dans sa carrière, plus elle l’ouvrait, d’ailleurs ! Elle avait de la chance que je l’aimais bien même si sur notre dernier tournage ensemble ça a été très explosif au grand dam de ce pauvre Hugh.

Bref… Je finis par monter le bar à Brent vu qu’il semblait avoir soif. Il prit son bon vieux Martini avant que je ne décide de le mettre à l’épreuve. S’il voulait vraiment avoir un petit rôle dans ma série, il devait me montrer ce qu’il savait faire. Et le mieux était de le faire alors qu’il était maquillé et qu’il avait un tas de gens pour lui donner la réplique.

J’esquissai un sourire quand il accepta le défi en m’appelant « Capitaine ». Il s’était directement mis dans son personnage. Un bon point pour lui.

Et il se mit à l’œuvre. Je m’avançais un peu le suivant des yeux alors qu’il approcha le Golden Triplet. Je tendis l’oreille pour entendre leurs interactions alors que Victoria semblait véritablement choqué par la transformation physique de Brent. Mais mon meilleur ami resta dans son rôle et se présenta comme étant Datalore ce qui lui valu une remarque de Kate Julian.

Tous les hommes sont des gamins, Kate ? Et bien toutes les Kate Julian sont des putes, ma belle !

C’est mon avis !

Mais c’est surtout Brent que j’observais alors que son ton de voix, ses répliques et sa façon de bouger m’inspirait. Il ignora magistralement Kate se concentrant sur Victoria l’incitant à lui apprendre à danser. Brent savait danser… Mais pas Datalore ! Est-ce qu’il y aurait un petit talent artistique chez le plus jeune des Hughes ? Apparemment oui !

Il entraina Victoria sur la piste de danse. Je les suivis me mettant hors de la piste mais suffisamment près que pour bien les voir. Kate semblait avoir vu mon déplacement et mon regard car elle ne tarda pas à venir m’emmerder.

-Pourquoi tu les regarde comme ça, Stevie ? Brent s’amuse comme un gamin… Il va mettre la honte à Vicky.

Mais ferme-là, donc ! Je n’ai aucune minute à t’accorder, tu ne vois pas ?!

-Shut ! Je bosse !

Je ne le vis pas rouler des yeux. Elle resta tout de même à côté de moi mais je l’ignorai totalement me concentrant sur le petit numéro de Brent qui fit semblant de ne pas savoir danser allant jusqu’à marcher sur les pieds de Victoria. J’esquissai un sourire parce que Brent osait ce que bien des gens n’oseraient pas faire à ce genre de foutue fête.

-Qu’est-ce qu’il fait ? C’est n’importe quoi !

J’ignorais encore Kate qui ne faisait que de faire des commentaires tout à fait inutiles. Datalore semblait progressivement apprendre la danse au contacte de Miss Bunny Playboy. Qui aurait pu croire qu’un petit lapin pourrait apprendre la danse à un androïde, hein ?

Et quand Brent ce mit à sourire de façon totalement artificiel, j’éclatai de rire.

-C’est tout simplement excellent !

Ok ! J’étais convaincu !

Quand mon regard croisa celui de Brent, je levai mon pouce pour lui signifier que c’était très bon. Quand la chanson se termina, j’allais rejoindre mon ami mais cette grande perche de Kate empoigna brutalement mon épaule.

-Aïe ! Quoi ?!

Je me tournai vers elle, furieux par son geste.

-A quoi vous jouer avec Brent ?!

Mais ça te regarde ?! Non, pas que je sache.

-Des trucs de gamins. Tu ne peux pas comprendre !

J’avais de la répartie même si je ne pouvais cacher mon agacement face à mon geste. Je connaissais Kate… Elle cherchait parfois à me mettre à bout juste pour le fun et ça fonctionnait deux fois sur trois.

Mais là, j’avais d’autres chats à fouetter et je la larguai là pour rejoindre Brent. J’esquissai un sourire en coin.

-Tu es engagé. Je vais écrire les épisodes demain. Je t’enverrai le scénario. On les tournera d’ici quelques semaines. Les horaires c’est, en général, de 5h à 17h… Mais on reste souvent plus longtemps que ça… Tu tiendras le coup ?

Je dis ça sur un ton un peu moqueur connaissant les horaires habituels de mon ami.

-Je ne savais pas que tu avais un talent artistique… Pourquoi tu m’avais caché ça, Brento ? Ton personnage est parfait et Dieu sait que je suis difficile à satisfaire.

5 heures du matin… ça allait être dur, je ne pouvais pas le nier. Mais il ne fallait pas me sous-estimer quand j’étais motivé. Or, j’avais de grands projets, peut-être même un peu prétentieux, pour Datalore. Je sentais bien que, déjà, physiquement, avec ce déguisement, j’avais attiré l’attention de mon ami.

Ne restait qu’à lui donner une petite poussée pour qu’il tombe dans un processus de création. Et j’avais les clés pour ça… Un personnage déjà pas mal ébauché… La magie du cerveau de Stephen ferait le reste.

Stephen qui se disait peu populaire… En même temps… 5 heures du matin, quoi. Il affirma alors que tous ceux qui s’engageaient avec lui devaient s’attendre à devoir se lever tôt. Je le savais moi-même.

Je souris.

-Beaucoup trop tôt… Mais le résultat a toujours valu le coup.

Personne ne pouvait dire que Stephen faisait des mauvais films. Ce n’était pas le cas. Le seul Love In L.A. témoignait du don qu’avait mon ami pour le cinéma.

Il voulut en savoir plus sur Datalore, doutant de ma capacité à mettre de côté les nombreuses expressions que pouvaient démontrer mon visage. J’avais un visage expressif. Et effectivement, rester neutre serait un challenge. Mais j’avais aussi une parade pour pouvoir jouer, à l’inverse de Datalore, un personnage totalement aux prises avec ses émotions grâce au personnage du jumeau maléfique de Datalore.

Ce qui me permettrait… de jouer plusieurs rôles, en fait.

J’éclatai de rire quand Stephen se demanda si c’était du génie ou de l’arnaque.

-De la motivation. C’est de la motivation. Tu n’avais qu’à pas créer un univers où tout est possible.

Parce que ça donnait des idées !

Stephen voulait que je lui dise exactement ce que je voulais… Soit jouer dans Spaceship… Je connaissais Stephen, il aimait être sollicité… Alors je lui dis, platement, bien qu’un peu gêné, que j’espérais jouer dans sa série. Il laissa planer un certain suspense qui fit battre mon cœur un peu plus vite. Être son ami ne me donnait aucun passe-droit.

Je pinçai les lèvres.

-Je sais…

Je me retenais de sourire. Parce que je savais pertinemment que j’avais touché sa curiosité et que c’était donc à moitié gagné. Je soufflai de soulagement quand il affirma qu’il allait prendre ma demande en considération !

-Merci !

Là-dessus, restait la question de qui nous allions attirer dans notre lit ce soir. Je n’avais pas de cible en particulier. Je voulais laisser Datalore séduire par son innocence. Quant à Stephen, il savait déjà que c’était loupé avec Hill parce qu’elle lui en voulait de faire trop travailler Hugh Crusher. L’acteur était un bosseur.

-Je sais… Il y a 5 ans, j’ai fait un shooting photo avec lui. Il s’y est donné à fond alors que d’autres auraient fait deux trois poses pour la forme sans se formaliser plus que ça. Hugh, lui, creusait beaucoup plus loin.

Je rigolai parce que Stephen se plaignait de Hill qui, elle, contrairement à Hugh, se plaignait.

Après avoir été chercher un Martini au bar, Stephen me mis à l’épreuve. Je ne m’y attendais pas du tout ! Mais, à ma propre surprise, je me mis directement dans mon personnage. Et j’allai confronter Datalore au Golden Triplet. Je savais plus ou moins comment fonctionnait le tournage d’une scène, par petites séquences. C’était une de ces petites séquences que je fis en sorte de jouer, emmenant Victoria sur la piste de danse pour jouer un Datalore en plein apprentissage des traditions humaines.

Au début décontenancée, Victoria se pris vite au jeu. J’avais conscience que Stephen nous suivait et nous observait d’un œil critique, mais j’en faisais abstraction.

Je ne le regardai à nouveau qu’à la toute fin de la « scène » où mon sourire artificiel le fit éclater de rire. Je savais que j’avais gagné. Je saluai mon petit public et incitait Victoria à faire de même, ce qu’elle fit en souriant avant de déposer un baiser sur ma joue.

-Je ne sais pas à quoi ça rime… mais c’était amusant.

Stephen nous rejoignit, larguant Kate derrière lui et je l’accueillis avec un sourire, ma main toujours dans celle de Victoria. Stephen n’y alla pas par quatre chemins et annonça que j’étais engagé… Victoria me regarda alors avec de grands yeux.

-Tu vas jouer dans Spaceship ??

Je souris.

-On dirait bien. 5 à 17 heures, hein ? Oui, je tiendrai le coup. Tu sais comment je suis quand je suis motivé.

Je leur fis signe de me suivre jusqu’au bar où je récupérai mon Martini alors que Vicky demandait un cocktail.

Stephen, lui, se demandait pourquoi je lui avais caché avoir quelques talents d’acteur…

Je haussai les épaules.

-Je ne savais pas si j’étais bon… Je sais que j’ai un visage expressif et qui passe pas trop mal à la caméra. Mais jouer, c’est autre chose. Il faudrait que je te montre comment je joue Ram… Le frère maléfique de Datalore…

Je levai mon verre à Vicky et Stephen.

-A une nouvelle aventure ?

A vrai dire, 5h du matin, ça me semblait déjà être tard. Il fallait compter que, sur un tournage, il n’y avait pas que des scènes à tourner. On devait faire le maquillage et les déguisement et, sur un tournage comme Spaceship, ça prenait énormément de temps étant donné le nombre d’aliens différents que j’avais créé. Rien que le costume et le maquillage du personnage principal, Five, prenait pas mal de temps et d’ajustement au cours de la journée rien que pour laisser Hugh souffler un peu. C’est une preuve que je ne suis pas totalement un tortionnaire, non ?

Mais bon, tout ça valait le coup ! Comme le disait Brent, le résultat était toujours au rendez-vous. J’hochai de la tête pour confirmer.

Et Brent avait, ce soir, fait un maximum d’effort pour le maquillage mais, aussi, pour la conception d’un personnage créé de toute pièce par lui-même. Il avait même une parade pour expliquer pourquoi il arrivait à son personnage de sourire. Pour moi, c’était soit du génie, soit de l’arnaque mais mon ami profita de ma réaction pour flatter, encore une fois, mon égo en parlant de la motivation que lui donnait l’Univers que j’avais créé.

-Je devais créé ça ! C’était dans ma tête. Il fallait que ça sorte !

Contenir tout ça dans ma tête aurait provoqué pas mal de désordre dans ma tête et mon médecin n’aimait pas quand c’était le désordre dans ma tête. Alors, j’avais tout sorti et ça avait donné Spaceship.

Bref ! La motivation de Brento n’était pas là que pour une soirée. Je l’avais bien remarqué et je le lui fis avouer. Il voulait, en fait, un petit rôle dans ma série. Je ne fermais pas la porte à ça surtout qu’il avait eu le don de m’inspirer. Mais j’avais déclaré que ce n’était pas parce que Brent était mon meilleur ami qu’il allait obtenir un passe-droit. Ce n’est pas comme ça que je fonctionnais ! Brento le savait bien qu’il fut quand même assez content que je prenne sa proposition en considération.

Je serais con de ne pas le faire surtout que Brent ne manquait pas de bonnes idées.

On parla, ensuite, de nos futures conquêtes mais, aussi, de Hugh Crusher, l’un de mes acteurs fétiches. Pour moi, il n’y avait pas plus pro et moins contraignant que lui. Brento confirma que Hugh aimait creuser et se donner à fond quand il faisait quelque chose. Même une bête séance photo.

-C’est le genre à vouloir trop bien faire. Mais le résultat est toujours au rendez-vous.

Bon… Tant d’acharnement, de professionnalisme et d’oubli de soi-même le conduira sans doute à la tombe. Mais n’est-ce pas vers là que nous allons tous de toute manière ? Si ! Donc autant faire les choses bien et à fond !

Et je voulais voir si Brent était fait du même bois que Crusher. Pour ça, je l’avais mis à l’épreuve. Il releva le défi en allant aborder le Golden Triplet. Et j’eus le droit à une magistrale représentation d’un type qui, finalement, n’avait aucune formation d’acteur. A vrai dire, je n’en avais pas non plus ce qui faisait que je m’attardais que très rarement sur les CV des gens quand je les castais. Ce qui comptait, c’est ce qu’ils avaient dans le ventre.

Et Brent en avait !

Victoria s’était prise au jeu alors que Kate, elle, semblait se préoccupé de la réputation de son amie. Mais je n’en avais rien à foutre de Kate. Tout ce qui comptait, c’était le petit jeu de Brent.

Mais c’est quand il se mit à sourire de façon artificielle que je fus totalement convaincu ! De loin, on pouvait voir que Vicky semblait avoir apprécié.

Je m’étais dérobé à Kate qui avait bien failli me faire sortir de mes gongs avant de rejoindre Brent et Victoria. Mon ami semblait fier mais il le fut sans doute encore plus quand je ne passai pas par quatre chemin avouant que, son rôle, il l’avait. Ça fit s’exclamer Vicky vers qui je me tournai d’un coup.

-Est-ce que j’ai l’habitude de blaguer ?

Oui… En fait, ça m’arrivait. Mais pas là, pour la cause. Et Brent affirma qu’il tiendra le coup concernant les horaires ce qui m’arracha un sourire en coin.

-Ouais, je sais comment tu es quand tu es motivé. C’est pour ça que je n’ai pas hésité à t’engager.

Sinon, j’aurais hésité. Mais je connais Brent. Je savais que quand il s’engageait dans quelque chose, c’était pour le faire à fond.

On suivit Brent jusqu’au bar où Vicky se prit un cocktail alors que, moi, j’avais toujours le mien en main depuis tout à l’heure. J’en bus une gorgée avant de demander à Brento pourquoi il m’avait caché son talent pour l’acting. Il affirma qu’il ignorait en avoir un, de talent. Il me parla alors du frère maléfique de Datalore, Ram. Décidément, il a passé combien de temps à concevoir son personnage ? Une semaine ? Un mois ? Depuis quand ça lui trainait dans la tête que de faire partie de mon show ?

Je ricanai.

-J’ai hâte de le rencontrer ! Je sens que ces épisodes vont marquer la série, il n’y a pas de doute.

J’en étais certain !

Brento leva alors son verre pour trinquer à cette nouvelle aventure. Vicky, souriant et, apparemment, contente pour Brent, leva son verre elle aussi.

-A ta réussite dans le cinéma, Brent !

Je levai mon verre aussi pour trinquer.

-A une nouvelle aventure !

Et à tes heures de sommeil en moins, Brento !