J’étais soumis à mes propres règles… Ce qui voulait dire qu’après ma petite discussion avec Victor sur le pont du yacht de Daniele, j’avais du tout sacrifier au paraître. La nouvelle du divorce de Livia m’avait fait un choc, même si ça n’avait pas tout à fait supprimé le soulagement de la savoir en vie après sa grosse mésaventure en Afrique.

Je n’étais pas en colère… J’étais juste profondément déçu, déçu de constater que plutôt que d’essayer de me montrer qu’elle était belle et bien intelligente comme elle le prétendait, Olivia continuait à prendre des décisions stupides et uniquement dictées par ses émotions.

Soumis à mes propres règles, donc, j’avais été obligé de sourire pendant tout le reste de la soirée sur ce yacht. J’avais rejoint Maritza, nous avions papoté ci et là avec les artistes et autres grandes personnalités présentes… Pas une seule fois, je n’avais montré mes états d’âme et pas une fois, je n’avais évoqué la question qui me brûlait les lèvres avec mon épouse.

Puis, vers 2h du matin, nous avions décidé que nous en avions assez vu. On était descendu du bateau et on avait repris la Cadillac, direction Malibu… Maritza avait somnolé un peu dans la voiture et j’en avais profité pour écouter en boucle le dernier single de BleedingHeart, la voix de Hugh Crusher a.k.a VOX, un secret que j’avais en ma possession, avait le don de me faire sourire et de ne pas me faire oublier que, oui, je savais toujours plus de choses que la plupart des gens à L.A.

Une fois dans l’allée de la villa, j’avais coupé le moteur et secoué doucement Maritza pour la réveiller.

-Ritza… On est à la maison.

On entra dans la villa… J.R. était resté avec Rachel et devait dormir dans l’annexe appartenant à ma mère. Nous irions le récupérer demain matin.

En attendant, j’avais toujours une question en suspens. Je vidais mes poches dans le vide-poche de l’entrée… Clés, briquet, cigarettes, portefeuille…

Je savais être très patient, quand je voulais. De toute façon, rien ne pressait. L’information, je l’avais. Victor me l’avait donné. La leçon que je voulais donner à Olivia, elle était en route aussi, puisque Victor allait vendre la mèche à L.A.People.

J’avais donc tout mon temps pour faire le reste. Tout mon temps pour essayer de comprendre. Tout mon temps aussi pour profiter de ce moment où Maritza était comme le chat de Schrödinger car pour le moment, elle savait et ne savait pas tout à la fois.

Quand j’allais lui poser la question, je saurais si elle m’avait, quelque part, trahi ou non.

J’arrivai par derrière elle, dans le salon et l’enlaçai, mes mains nouées nonchalamment autour de sa taille. Je l’embrassai dans le cou.

-J’ai une question à te poser. Je ne m’énerverai pas, quelle que soit ta réponse.

Ce n’était pas un mensonge. Je m’étais énervé quand Victor avait lâché l’information. Mais c’était passé maintenant.

-Tu sais qu’Olivia a demandé le divorce à Julian ?

Une soirée plastique, comme je me plaisais à les surnommer.

Pourquoi ?

Parce que je devais sourire, serrer des mains et entretenir des discussions de façon superficielle alors qu’en dedans je souffrais et que je n’avais aucune envie de me trouver fasse à ces gens que je ne connaissais à peu près pas et qui avait entretenaient de moi, une opinion que Jimmy voulait bien qu’ils aient.

Tout était calculé à la mèche de cheveux près.

Rien ne dépassait.

Tout était très lisse.

Très tôt dans la soirée, Jimmy m’avait délaissé pour faire cavalier seul et je détestait ça. Il me laissait me dépêtrer dans sa propre jungle. Je me sentais comme une petite gazelle faisant face à des fauves sanguinaires qui se délectaient de la proie facile que je représentais. J’affichais mon plus beau sourire plastique quand la situation l’exigeais et je serrais des mains en étant tout ouïe à celui ou celle qui se présentait à moi. Je n’étais pas dupe, je savais que pour la majorité, je représentais une chance à saisir pour se rapprocher de Jimmy. Comme si j’étais un agent de pré sélection qui pouvait déterminer de la pertinence à être introduit auprès de mon époux, ou non.

Heureusement, dans ce genre de soirée, j’y rencontrais Samantha d’avec qui j’étais devenue très bonne amie. La femme de Daniele était celle en qui j’avais le plus confiance, celle à qui je pouvais absolument tout confier tout comme je savais qu’elle avait la même confiance en moi.

La soirée se passa donc ainsi.

Je parlais à des gens que je ne connaissais pas, je leur souriais et je serrais leur main en prenant congé d’eux. J’avais bus quelques verres de champagne, raisonnablement pour ne pas m’enivrer et devenir la page couverture du prochain L.A.People. Je m’étais abstenu de manger les petits fours servis, évitant ainsi de me retrouver avec un bout de persil coincé entre les dents.

Irréprochable en tous points.

Puis, au milieu de nuit, alors que la soirée s’essoufflait, Jimmy me retrouva et nous avions empruntés le chemin du retour. J’étai exténué et même la musique beaucoup trop agressante pour l’heure tardive ne m’avait pas empêché de somnoler. Jimmy m’avait doucement tiré de mon semi-coma lorsqu’il avait coupé le moteur de la voiture. Dans un dernier effort, je m’étais extirpée de la voiture en faisant attention à ma posture, qui sait si un paparazzi n’était pas dissimulé dans notre haie et attentait de prendre un cliché peu flatteur.

Dans la maison, j’avais retiré avec un soulagement appréciable chacune de mes chaussures à talon puis j’avais fait pareil avec mes boucles d’oreilles, mes bracelets et mon collier de perles. J’avais l’impression de perdre trois kilos rien qu’en diamants. Je m’étais diriger vers le salon avec l’envie de me servir un dernier verre, je pouvais bien me le permettre, nous n’avions rien au programme demain, pour ne pas dire plus tard dans la journée, vu l’heure. Je pourrais dormir tard et dégriser lentement.

Jimmy passa ses bras autour de ma taille en arrivant par derrière moi et m’embrassa dans le creux du cou. Je fermais les yeux et esquissais un doux sourire. Il pouvait se montrer si attendrissant quand il le voulait. Puis mes yeux s’ouvrirent avec la désagréable impression d’un piège se refermant autour de moi alors que Jimmy m’annonçait avoir une question pour moi et que, peu importait la réponse, il ne s’énerverait pas.

Il ne s’énerverait pas.

Il ferait pire que cela !

Il me détesterait en silence, il me ferait ressentir par des gestes calculés son mécontentement, il appuierait sur certains mots, il nourrirait une distance glaciale. J’avais déjà gouté à ce genre de traitement. J’analysais rapidement ma soirée essayant de voir quel faut pas et à quel moment l’avais-je fait.

- Pardon ?

Je me retournais et je regardais avec tout l’incompréhension du monde dans le regard. Il venait de m’annoncer, sous forme de question que notre fille avait demandé le divorce à Julian.

- Non… Je n’en savais rien. Qui te l’a dit ?

J’étais sous le choc.

J’avais rendue visite à Olivia après son retour d’Afrique mais elle m’avait fait comprendre qu’elle préférait demeurer seule plutôt que je ne lui tienne compagnie. Je n’avais pas fait de chichi bien que j’avais été attristée de ne pouvoir être avec elle pour en prendre soin. J’avais trouvé étrange de ne pas voir Julian dans les parages mais cette nouvelle propriété où elle passait sa convalescence était si grande que nous pouvions très bien ne pas s’être croisés.

J’avais enlacé Maritza…  Si Victor Hunter ne m’avait pas donné l’information du divorce d’Olivia, cette fin de soirée aurait probablement été toute autre. Nous aurions profité de l’absence de J.R. pour nous retrouver. J’aurais fait l’amour à Maritza comme pour lui donner sa récompense pour avoir été totalement irréprochable sur le yacht de mon ami.

Car elle saisissait maintenant presque toutes les subtilités de la jet-set et savait jouer son rôle.

Je me remémorai brièvement notre vie, quand on avait à peine vingt ans, dans l’Eastside où je vivais presque avec elle dans cet immeuble qui était désormais le repaire des Pequeñas Manos. Nous vivions simplement, alors…

Et parfois, je regrettais de ne plus vivre avec elle l’amour sincère d’alors. C’était plus facile quand moi, j’intégrais son monde. Malheureusement, en voulant officialiser notre relation par un mariage, bien des années plus tard, c’était elle qui avait dû venir se mouler dans mon monde.

Je savais que ça la rongeait, mais nous n’avions pas le choix.

Je l’embrassai dans le cou, presque comme une excuse pour tout ça.

Puis je lui posai la question qui me tourmentait.

Elle se retourna vers moi et je vis clairement dans ses yeux qu’elle ne mentait pas. Et ce avant même qu’elle me dise clairement qu’elle ignorait que notre fille allait divorcer.

Alors, la haine que me vouait Livia allait donc jusqu’à éclabousser sa mère qui n’en pouvait rien.

Je regardais Maritza dans les yeux, mes mains dans les siennes, alors qu’elle me faisait face.

-Victor Hunter me l’a dit.

Je fis la moue.

-Julian n’en a pas fait de secret dans sa famille, lui.

Je lâchai les mains de Maritza et allai vers la commode où attendait sagement une bouteille de whisky et une de gin. Je nous servis un verre de chaque. Maritza en avait besoin… Je lui tendis le verre de gin.

-Tiens… ça te fera du bien.

Je bus une petite gorgée avant d’ajouter.

-Qu’Olivia me cache ce genre de chose est de bonne guerre, j’imagine. Je peux vivre avec ça. Ce n’est pas un problème.

Je la regardai à nouveau dans les yeux.

-Mais qu’elle ne te le confie pas, à toi, sa propre mère, je trouve ça injuste de sa part.

J’étais sincère. Parce que j’avais des défauts, énormément de défauts. Mais j’aimais Maritza comme au premier jour.

Dernièrement, je ressentais que rien n’allait pour ma fille mais de là à demander le divorce, je restais sous le choc. Je m’attendais à ce que Jimmy ait des reproches à me faire pour quelque chose que j’aurais pu dire ou faire pendant la soirée au Yacht de Daniele mais ce n’était pas le cas. J’étais tellement surprise par ce qu’il venait de me dire que ma première réaction fut de lui demander par qui il avait apprit la nouvelle.

Jimmy avait eu une conversation avec Victor Hunter, le beau-frère de Julian et ce fut donc de lui qu’il avait reçu la confidence. Ça devait être récent comme séparation… Ou pas ! Le fait était qu’Olivia avait toujours été très discrète sur sa vie sentimentale que je n’avais jamais été en mesure de savoir ce qu’elle vivait.

La remarque de Jimmy sur Julian qui se confiait à sa famille alors que de toute évidence, ce n’était pas le cas de notre fille me froissa un peu. S’attendait-il vraiment à ce qu’Olivia accourt vers nous en larmes alors qu’à la moindre occasion, il ne ratait pas de l’écraser avec son petit doigt ?

- Julian est peut-être plus près de sa famille qu’Olivia ne l’est avec nous.

Je pris une gorgée du verre de gin que venait de me servir Jimmy puis je m’installais dans le divan, jambes croisées et dos droit, comme se devait de tenir une femme de mon rang. N’en demeurait pas moins qu’en dedans de moi, l’envie de courir chez ma fille et de la serrer dans mes bras en espérant qu’elle accepte de s’ouvrir et laisse aller quelques confidences me dévorait.

Jimmy remarqua que le fait qu’Olivia ne se laisse pas aller à se confier à lui était de bonne guerre et qu’il pouvait très bien vivre avec ce fait. Je le regardais non sans mourir d’envie de lui dire que ce n’était pas normal, justement. Nos enfants vivaient des choses et en tant que parents, nous devions être là pour les épauler et les écouter, pas forcément être en accord mais notre rôle était justement de soutenir et de guider du moment de leur naissance jusqu’à la fin de notre vie. C’était ça, être parent et il serait plus que temps que Jimmy ne le comprenne.

Il ajouta qu’il ne comprenait cependant pas pourquoi elle ne se confiait pas à moi, sa propre mère, allant même jusqu’à qualifier cela d’injuste. Je bus une gorgée de gin et laissais aller un petit soupire.

- Ça ne date pas d’hier, qu’elle ne se confie pas à moi et c’est probablement moi qui en suis responsable.

Je me souvenais très bien de ce fameux soir, quand Olivia avait essayé de me dire que Sylvio avait un comportement inapproprié, je n’avais pas voulu la croire, ça me semblait irréaliste. Il était disparu dans la brume maintenant et de ce que nous avions su, Enrique et moi, d’autres jeunes filles avaient tenu le même discours qu’Olivia.

- Une fois… Elle ma dit que Julian avait eu une réaction violente pendant l’une de leur dispute et qu’elle était partie dormir chez une amie, j’aurais dû questionner davantage mais elle m’a dit que c’était réglé et que tout allait mieux.

Ma pauvre fille en vivait de tous les genres depuis toujours et rien de reposant. L’Afrique avait été sans doute la goutte de trop, ce qui avait fait se renverser son vase.

- Tu sais depuis combien de temps ils sont séparés ?

Julian avait raconté à sa famille qu’Olivia avait demandé le divorce. Il était plus franc avec eux qu’Olivia ne l’était avec nous. Avec moi, je pouvais comprendre qu’elle ne se confie pas et, d’ailleurs, je n’avais pas vraiment envie qu’elle étale ses émotions devant moi. Il n’y avait rien qui l’énervait le plus qu’une pleureuse ou une femme qui jouait les pauvres victimes. Par contre, j’aurais bien voulu avoir l’information. Juste l’information brute, sans que ce que ça pouvait faire à Olivia et Julian ne m’intéresse vraiment.

Parce qu’avoir ce genre d’information me permettait d’avoir des coups d’avance à Los Angeles, c’est tout. Que ça leur fasse mal, que leur amour-propre soit blessé, m’importait très peu.

Je soupirai.

-Peut-être, mais ce genre d’information est cruciale.

Maintenant que je l’avais eue via Victor, je m’étais empressé de jouer mes prochains coups, notamment en l’autorisant à la vendre à L.A.People. Ainsi, je gardais une forme de contrôle sur les choses.

Il y avait quelque chose qui me turlupinait, par contre… Quelque chose que je trouvais injuste. J’avais toujours cru qu’Olivia se confierait à sa mère puisque moi, j’avais toujours fait comprendre que je ne voulais pas être le confident de ma fille, que ses états d’âme m’importait peu.

Tout ce qui m’intéressait, au sujet de Livia, c’était qu’elle joue le jeu de la haute société intelligemment, ce qu’elle ne faisait pas.

J’avais donc, quelque part, idéalisé la relation que pouvaient avoir Maritza et Olivia. Et je m’étais trompé, je l’apprenais aujourd’hui.

Maritza affirma être responsable du manque de confiance qu’Olivia lui portait… Je la regardai, haussant les sourcils, un peu surpris.

-Bizarre… Tu m’as toujours paru être une bonne mère. Je te vois faire avec Rosalynn et Maximo. Ils te font confiance… Pourquoi pas Livia ?

Les choses avaient peut-être été différentes dans le parcours de Livia à Tijuana. Je n’en savais rien…

Maritza m’annonça qu’un jour, Olivia lui avait rapporté que Julian avait été violent avec elle mais que Maritza ne l’avait pas plus questionnée que ça. Je ricanai.

-En même temps, connaissant Olivia, elle l’a sûrement cherché.

Et mérité.

Elle me demanda alors depuis combien de temps ils étaient séparés.

-Victor affirme que ça fait au moins un mois. Et en plus, Olivia l’a trompé avant avec Howard Stone.

Je vidai mon verre de whisky dans ma bouche.

-Elle n’est même pas capable de respecter une parole donnée. Les liens sacrés du mariage, ça ne signifie rien pour elle. Une promesse, ça ne signifie rien. Elle me déçoit. Avec Julian, elle avait l’assurance d’une bonne place dans la société et l’espoir d’un double héritage. Elle a tout balancé. Et pourquoi ?

J’écartai les bras, soupirai et les laissai retomber, montrant toute ma déception.

Ainsi donc, entre ma fille et son mari Julian, c’était terminé. J’étais surprise d’apprendre cette nouvelle de la bouche de Jimmy qui la tenait de celle de Victor Hunter. Je me faisais le triste constat que malgré toutes ces années, ma fille ne ressentait toujours pas le besoin de se confier à moi, sa mère et que je serais toujours la dernière à savoir ce qui se passait dans sa vie.

Enrique devait tout savoir lui…

Et depuis le premier jour, qui plus est.

Pour Jimmy, il ne s’agissait là que d’une information qu’il n’avait pas eu en sa possession avant bien d’autres. Ce n’était rien de professionnel, je ne voyais pas pourquoi cela le faisait tiquer mais ce n’était pas pour autant que je lui demandais d’aller plus en profondeur avec ça. Je risquais plus de me faire traiter d’idiote que d’avoir son véritable point de vue.

La manque de communication entre Olivia et moi ne datait pas d’hier et j’en étais la grande responsable. J’avais refusé de croire ma fille quand elle avait eu besoin de se confier à moi et depuis, je ne cultivais que ce que j’avais semé. Jimmy s’en avoua surprit puisqu’il disait que j’étais une bonne mère, qu’il pouvait le constater avec Rosalynn et Maximo.

Je baissais un peu les yeux en repensant à ce jour-là puis, en secouant légèrement mon verre pour en faire tourner le gin à l’intérieur, je répondis sobrement à la question de Jimmy.

- J’ai brisé sa confiance un jour où elle avait réellement besoin de moi et depuis, je n’ai jamais été en mesure de réparer cette fissure. J’en suis l’unique responsable. Tu sais, cela prend des années à bâtir une confiance et un seul mot peut la faire voler en éclat.

La seule confidence récente de Livia au sujet de sa vie de couple remontait à quelques mois à peine quand elle m’avait avoué que Julian avait eu une réaction violente pendant une querelle et qu’elle avait ressentie le besoin de s’éloigner un peu pour faire le point. Elle ne se serait jamais confiée à moi si je n’avais pas insisté, la trouvant cernée et stressée. La réponse de Jimmy à cette révélation me dit le regarder avec dégoût.

De plus en plus, mon mari prenait des airs de monstre et me faisait de plus en plus peur. Sa façon de rendre responsable notre fille pour ce qu’avait pu lui faire Julian me révulsait. Une réaction violente… C’était large d’interprétation.

- Aucune situation ne mérite une réponse violente. Julian, en homme de société et bien élevé doit savoir se contenir.

Et la réciproque était tout aussi vraie. Olivia ne devait pas, non plus, s’emporter violement. Rien ne justifiait la violence.

Jamais.

Ensuite, je demandais depuis combien de temps notre fille s’était séparée de Julian. Selon la source de Jimmy, cela ferait au moins un mois et, en prime, notre fille aurait été infidèle. Ce n’était pas glorieux comme façon de faire mais qui étais-je pour la juger ? J’avais moi-même trompé Enrique avec Jimmy. Je l’avais blessé et humilié tout comme j’avais humilié et blessé mon père qui avait refusé de me reparler par la suite. Il était mort avant que je n’ai pu espérer lui demander pardon.

Jimmy semblait avoir oublié ce passage de notre histoire en parlant des liens sacrés brisés, de promesse qui ne signifiait plus rien. Mieux valait être sourde que d’entendre tout ça !

- Tu as la mémoire courte, Jimmy. J’ai rompu mon engagement envers Enrique, j’ai brisé notre famille, j’ai humilié mon père en te rejoignant et en t’épousant.

Je n’osais pas lui retourner sa question à savoir pourquoi ?

Pour m’enfermer dans une prison dorée, pour souffrir en silence et encaisser humiliation par-dessus humiliation, pour être reléguée à rôle de poule de luxe et petite chienne savante.

- Olivia est humaine et nous n'avons pour l'instant qu'une version de l'histoire que nous ne pouvons être certain qu'elle soit fiable. Je préfère essayer de lui parler avant de l lapider sur la place public.

J’étais surpris qu’Olivia ne se soit pas confiée à sa mère. Mais Maritza, elle, trouvait ça parfaitement normal parce qu’un jour, une fois seulement, Maritza n’avait pas su l’écouter. C’était tout Livia, ça, couper les ponts pour un mot de travers, une critique… ou une vérité, comme je l’avais fait, moi, récemment.

Je ricanai encore… Dégoûté par les réactions de ma fille.

-Elle a tendance à faire des drames de rien du tout… Je ne sais pas de qui elle tient ça.

Puis, elle me parla de cette fois où Julian aurait eu une réaction violente lors d’une dispute. Mais sincèrement, de un, je pensais bien qu’Olivia pouvait très bien mentir. Et si elle ne mentait pas, c’était qu’elle avait poussé Julian à bout.

Bref, pour moi, Olivia était toujours responsable. C’était à elle de réfléchir. A elle d’être intelligente. Et elle ne faisait que le contraire. Elle ne faisait que me décevoir. Si elle avait sur prendre Julian à revers, en réfléchissant, elle aurait pu éviter cet accès de violence. Mais non… Livia ne réfléchissait pas. Jamais.

Maritza me regarda avec dégoût, mais ce regard ne me fit ni chaud, ni froid. Elle osa déclarer que rien ne devait pousser à la violence. Que Julian aurait dû se tenir.

Je la regardai droit dans les yeux, froid.

-Et c’est à vous de connaître les limites.

Par « vous » j’entendais toute la gent féminine. Plutôt que d’étaler leurs états d’âme et de jouer les victimes à longueur de temps, elles feraient bien de montrer que, de fait, elles valent quelque chose. Comme le faisaient de femmes comme Victoria Hunter ou même Jessica Hill. Elles traçaient leur chemin, leurs carrières, sans rien demander à personne. Mais il fallait croire que, des femmes comme ça, on en faisait plus. C’était pour ça, ente autre, que je les méprisais.

Quand j’en vins à dire qu’en plus du reste, Olivia avait trahi son serment, Maritza osa me renvoyer notre propre histoire. Certes, Maritza avait divorcé d’Enrique pour venir de remettre avec moi. Je la regardai avec un sourire mauvais.

-Mais c’était un acte réfléchi. Quelque chose qui allait tourner à notre avantage à tous les deux. Toi, tu y gagnais une belle place dans la société, de l’argent, une belle maison. Et moi, j’y gagnais un héritier légitime. Tu as bien joué ton coup, en te mariant avec moi. Tu signais aussi la fin de ton exil à Tijuana.

Je haussai les épaules.

-Le reste n’a pas d’importance.

Le bonheur était secondaire. Seul le pouvoir importait, ainsi que le semblant d’immortalité que je voyais en J.R.

-Olivia, elle, perd tout ça en divorçant.

Je me resservis un verre de whisky alors que Maritza qualifiait sa fille « d’humaine ». J’eus un petit rire narquois. « Humaine » voilà qui était le plus grand des défauts ! En plus, Maritza affirmait que ma source n’était pas fiable. Et qu’elle voulait lui parler avant de la lapider sur la place publique. Je me retournai, pris une gorgée de whisky et souris.

-C’est trop tard. L’information sortira dans L.A.People dès demain.

À entendre parler Jimmy, notre fille était responsable de tous les maux de la terre. Il ne s’en rendait pas compte mais plus il parlait, plus il me dégoutait. Plus il entretenait le déclin de mes sentiments pour lui pour en faire naître de tous nouveaux qu’il ne voudrait certainement pas voir prendre le dessus. Quand il demanda de manière purement rhétorique de qui Olivia pouvait tenir cette facette de faire des drames avec pas grand-chose, je le regardais avec l’envie crevante de lui dire que c’était là son côté Reed qui prenait le dessus car pour faire des drames et créer des histoires d’honneur sur une tête d’épingle, Jimmy était le Roi incontesté !

- Je me le demande bien, en effet…

Pour le reste, Jimmy ne faisait que continuer à cultiver de la bile. Peu importe ce que je dirais, Olivia pour ne pas dire ‘’nous les femmes’’ était l’unique responsable de tout ce fiasco.

Cependant, je trouvais un peu condescendant la façon avec laquelle Jimmy semblait oublier que j’avais moi-même brisé un engagement envers mon ex-mari en plus de décevoir grandement mon père. Évidement, Jimmy avait une réponse toute faite faisant en sorte que cela ne s’appliquait pas à nous.

- Si tu le dis.

Un couple est formé de deux personnes, deux personnalités, deux humains et par conséquent, le blâme ne peut être imposé sur les épaules d’une seule de ces personnes. Pour Jimmy, il n’y avait qu’Olivia de coupable. Il devrait aller trouver Julian en ce cas, lui offrir un bon verre et déblatérer sur le compte de notre fille, ça lui ferait sans doute du bien. Il pourrait aussi offrir à Julian les clé de BSC et le couché sur son testament un coup partit. De toute façon, il n’aurait jamais laissé ne serait-ce qu’un vieux bouton de manchette à notre fille tout comme je ne m’attendais pas à recevoir quelque chose moi non plus. Il était de plus en plus évident en l’entendant parlé qu’il ne m’avait fait revenir que pour lui donner l’héritier qu’il souhaitait tant.

De mon côté, je préférais attendre de parler avec Olivia avant de lui faire un procès public mais ce qu’ajouta Jimmy à ça me donna l’impression d’être le coup ultime qui brisa tout ce qui me restait d’estime envers lui.

- Tu as vendu l’information ?

Je n’avais pas besoin qu’il me le confirme pour être certaine qu’il l’avait fait. Soit en murmurant discrètement à l’oreille d’un journaliste, soit en envoyant quelqu’un d’autre faire le sale boulot à sa place. En fait, je penchais plus pour la seconde option car, tout puissant se disait-il être, Jimmy n’était rien de plus qu’un lâche.

- Très bien. Ainsi soit-il. Sur ce, je vais dormir. Bonne nuit Jimmy.

Je laissais mon verre sur la table basse et je me dirigeais vers la sortie du salon. Je n’avais vraiment plus sommeil après cette conversation. J’avais simplement envie de m’éloigner de ce monstre que j’avais épousé.