-Roh… Moriarty…

Je m’étais encore levé tard et j’avais trouvé dans ma boîte aux lettres le dernier numéro de Guitar&Pen auquel j’étais abonné. Oh, j’étais aussi abonné à L.A.People, comme beaucoup de gens qui n’osaient pas l’avouer. Mais les deux magazines étaient pratiquement indispensables pour prendre le pouls de L.A.

Or, Axel Moriarty avait fait une critique du premier vrai concert de Nameless au Dizzy Warhol… C’était une critique assez acerbe, mais je m’étais quand même attendu à pire. Moriarty avait une dent contre MTI pour une raison que j’ignorais et que mon frère Don ignorait tout autant.

Cela, dit, je n’étais pas tout à fait mécontent : si on parlait de Johnatan, c’était qu’il ne laissait pas indifférent, qu’il ne passait pas inaperçu…

Et de ça, j’étais assez fier.

Restait à voir ce que Johnatan lui-même pensais de ça et de sa prestation, maintenant qu’on avait tous dormi dessus.

Il allait être quasi midi quand j’allais arriver aux studios de MTI, vu l’heure à laquelle je m’étais levé. Alors, je décidai de passer par un food truck que je connaissais bien et achetai des burritos pour Nameless et ses musiciens de session.

Johnatan était un bosseur… Pas le genre à tourner en rond en ville à se poser des questions sur son avenir.

Non, j’avais bien compris que pour lui, l’avenir, c’était la musique, et il agissait en conséquence, dans le souci de mener à bien son rêve et celui de son défunt père.

Je saluai Donna, la réceptionniste des studios, et Margaret, la femme de ménage qui était en train de laver les vitres.

J’avais le Guitar&Pen roulé dans une main et de l’autre, mon sac avec les burritos tous chauds dedans.

Arrivé au petit studio (bien plus petit que le studio 4 de The Lightening), occupé par Nameless, je levai les yeux. La lampe était éteinte, ils n’étaient pas en train d’enregistrer, mais j’entendais de la musique quand même. J’ouvris la porte et entrai côté régie. Je souris au groupe à travers la vitre qui nous séparait puis quand ils eurent fini leur chanson, je levai mon sac en souriant et appuyai sur le bouton pour qu’ils m’entendent côté studio…

-Il est midi, les gars ! J’ai apporté des burritos.

Et la critique d’Axel, aussi, mais chaque chose en son temps. Quand le groupe repassa de mon côté, je leur fis l’accolade à chacun puis me laissai tomber dans un siège.

-Servez-vous, j’en ai pris pour tout le monde. Comment ça se passe, depuis le concert ? Vous avez eu des retours ? Vous avez des choses à dire ? Des trucs auxquels vous avez pensé ?

Le concert avait été exceptionnel de notre côté, on était HS et tout le monde a bien dormi, je suppose. Mais pas le temps de se reposer sur nos lauriers et on était déjà entrain de bosser sur l'album. On a bossé comme des dingues pour préparer le concert. J'avais demandé quel studio était libre et forcément le plus petit studio était libre. On s'installe tous ensemble et on reprend nos morceaux du concert et on les peaufine.  Scott était tendu comme un string et ça se sentait. Je le regarde et lui pose la main sur l'épaule.

Scott pourquoi tu stresses ? On n'est pas en live là, on est juste tous ensemble, seuls dans le studio.

Je ne sais pas John... J'ai vraiment peur de faire une fausse note et de tout faire planter... Je sais que bassiste, c'est un rôle important et tu me l'as rappelé, je ne veux pas tout faire foirer et j'ai du mal avec la pression, je sais à quel point tout ça est important pour toi.

Écoute Scott, ne te mets pas la pression, je m'en fous que tu te plantes tant que tu essayes, tant que tu fais de ton mieux, moi ça me va.

Puis Ben se lève de sa batterie et vient nous rejoindre.

Scott. Je suis là pour t'aider, la batterie est la basse travail ensemble. Oui, on porte le groupe sur nos épaules, mais tu n'es pas seul, je suis là et puis, si tu suis Johnatan ça ira, après tout, il fait de la basse aussi.

Ben a raison, il est aussi là pour t'aider. Lâche-toi et tu verras, tout ira bien.

Lance lui soupire.

Si tu ne te sens pas capable de nous suivre, tu peux toujours t'en aller. Si tu n'as pas les épaules, je ne vois pas pourquoi tu as signé avec MTI. Si t'arrives pas à supporter la pression, tu n'arriveras à rien !

Scott baisse la tête, je le regarde et lui mets une tape dans le dos.

Ce que Lance veut dire, c'est que tu savais très bien ce qui allait se passer si jamais ça marchait. Et ça marche ! Moi, je veux te garder avec nous, Ben aussi et Lance, même si ça lui arracherait la gueule de t'encourager a envie aussi. Cette aventure, ce n'est pas la mienne. C'est la nôtre !

Scott relève la tête et me sourit. C'est le plus jeune de la bande et celui qui a le moins confiance en lui. Mais je vais l'aider à surmonter tout ça. On se remet à travailler et, on était tellement à fond qu'on n'avait pas vu Brent entrer, quand on eut fini, il toque à la vitre et nous montre son sac avec un grand sourire. Il nous parle dans le micro et nous fait savoir qu'il est midi. On se regarde et on sort de la pièce. On vient tous lui serrer la main un par un, puis on se sert, Brent nous demande comment ça se passe depuis notre concert. Ben s'empresse de lui répondre.

On est à fond, Brent on travaille comme des dingues, on essaye d'être productifs et John nous pousse à nous surpasser, je suis content que tu m'aies inclus dans le groupe !

Puis, c'est Lance qui vient à parler. Il répond à la seconde question de Brent qui était de savoir si on a eu des retours.


Ma copine m'a dit que c'était bien, ma mère m'a dit qu'il fallait qu'on ce décide du style qu'on joue et mon père m'a dit que Scott devait un peu plus se bouger le cul sur scène et se lâcher !

Scott baisse la tête, et je le vois faire. Je lui pose une main sur l'épaule. Et Brent nous demande si on a quelque chose à dire. Je voulais parler, mais Scott m'a devancé.

Il va falloir que je travaille ma présence sur scène... Mais je ne suis pas sûr d'être capable de plus. Brent, tu penses que j'ai ma place avec les autres ? J'ai l'impression de ne pas avoir les épaules... Mais John me dit que si.

Je souris à Scott, mais je vais laisser Brent lui répondre, je lui avais déjà dit ce que j'en pensais, mais je veux l'avis de notre manager. Puis Brent vient à nous demander si on a des idées et étrangement les autres ne disent rien, donc je regarde Brent et je prends la parole.

Je pense que pour pimenter tout ça, il nous faudrait quelqu'un en plus, Brent. J'aimerais quelqu'un au clavier, de préférence une femme. J'ai quelques inspirations de musique un peu nordique et il est vrai que ça pourrait complètement changer de ce que les autres groupes font. Peut-être incorporer ça pour le second album. Parce que sinon, ça nous obligerait à jeter tout ce qu'on a fait à la poubelle. Et je pense que faire un premier album avec plusieurs styles pourrait marquer le coup, tu sais, les jeunes qui débutent et qui ne savent pas trop où ils vont tout ça. Et la paf au second album, on fait un style en particulier et ça montrera une certaine évolution. T'en penses quoi ?

Je commence à manger mon burrito en attendant la réponse de Brent.

J’avais apporté à mes gars de quoi manger… Parce que je savais d’expérience que les artistes qui bossaient beaucoup avaient tendance à oublier de se sustenter pour se consacrer uniquement à leur musique. Seulement, selon moi, on ne pouvait rien faire de bon le ventre vide.

Et puis ça me faisait plaisir, tout simplement.

Ils me rejoignirent et me serrèrent tous la main avant de se servir. Je les laissai faire, me laissant tomber sur une chaise avant de demander un peu leurs retours à froid. Ce fut Ben qui ouvrit la bouche le premier pour me dire qu’ils se donnaient à fond. Et aussi qu’il était content d’avoir rejoint le groupe.

Je souris.

-Oh… Donc vous vous considérez comme un groupe alors ? Pas comme Nameless & Co ? C’ets bon à savoir.

S’ils s’entendaient bien au point de former un groupe, c’était tout bon pour moi.

-Vous avez eu une bonne alchimie sur scène alors je n’y vois pas d’inconvénient.

Je me penchai en avant et tendis le bras pour attraper un burritos que j’entrepris de déballer tout en continuant à les écouter. Lance, lui, avait eu des retours différents. Je réfléchis.

-Ta mère a peut-être raison. Votre style éclectique est quelque chose qui revient souvent et pas spécialement positivement. Personnellement, ça ne me dérange pas, vous avez encore le temps de vous trouver. Mais effectivement, il vous faudrait ce qu’on pourrait appeler un « style signature ».

Comme Roadtramp ou The Lightening, par exemple, qu’on reconnaissait automatiquement dès les premières notes.

Apparemment, ils doutaient aussi un peu de leur présence sur scène… Surtout Scott, le plus jeune, qui avait tendance à baisser les yeux comme s’il avait vraiment honte. Pourtant, il n’avait pas à douter de la prestation qu’il avait donnée au Dizzy… Je cherchai son regard, le trouvai et ça le força à relever les yeux.

-Oui, je pense que tu as ta place. Tu étais un peu raide sur scène au début, mais c’est normal. L’aisance viendra avec l’expérience. Rome ne s’est pas faite en un jour.

Puis enfin, Johnatan parla pour me donner sa vision de l’avenir. Il voulait quelqu’un pour jouer du clavier… Une femme.

Je rigolai.

-Homme ou femme, le principal sera d’avoir quelqu’un qui sait jouer et qui a du talent, je pense.

Mais tout ça, disait-il, serait pour le prochain album. Je rigolai. J’étais ravi de le voir plein d’ambition et d’idées, mais il fallait y aller une chose à la fois.

-On va déjà en faire un puis on verra. Mais oui, je pense qu’effectivement, vous pourriez montrer un peu tout votre panel artistique sur ce premier album. Puis affirmer plus votre identité dans le prochain.

Je mordis dans mon burritos avant d’ajouter :

-Tout dépendra un peu des retours qu’il y aura sur ce premier album. Mais c’est bien que tu anticipes. Ça prouve que tu sais vers quoi tu veux aller. Tiens, prends le… le Guitar&Pen que j’ai apporté. Il y a un article qui vous concerne. Page 12.

Spoiler:

On était entrain de répéter dans notre coin et on était entrain de se mettre d'accord sur quoi faire pour la suite, quand Brent entre dans la pièce avec les Burritos pour midi. Il était déjà midi, on n'a pas vu l'heure passer, du coup, on sort pour discuter avec Brent qui nous pose pas mal de questions par rapport au concert et la suite. Il posa pas mal de questions et on répondait chacun à notre tour. Ben commença par parler du fait d'être un groupe. Cela semblait plaire à Brent, puis vient au tour de Lance de prendre la parole sur notre style musical, Brent semblait aimer le fait qu'on fasse un peu tout et rien, mais il est vrai que de mon côté ça ne m'allait pas, mais pour un premier album, on avait cette chance de pouvoir faire ça. Puis vient au tour de Scott qui parle du fait de ne pas être sûr d'être le bon bassiste, mais Brent confirme ce que je lui ai dit. Puis, c'est à moi et évidemment, je ne pouvais pas m'empêcher de parler du futur et de mes envies. Brent me fait signe de me calmer, il n'a pas tort et je le regarde en rigolant, il me donne le journal de Guitar&Pen. On se mit tous à le lire, Ben lui souriait, semblant rire de la critique. Tandis que Lance lui grimace, il me regarde.

Je te l'avais dit ! On va partout et nulle part et ça ne plait pas à la critique !

Puis Scott intervient.

C'est ma faute, je le savais ! Je suis désolé, John, vraiment.

Je les regarde tous les deux à tour de rôle en soufflant.

Vous avez fini tous les deux ? Ce n'est pas un bout de torchon écrit par un mec au pif qui doit nous faire croire qu'on est mauvais ou ce genre de choses. Vous avez vu le public ? Ils ont tous adoré... Sauf un type au fond de la salle, mais lui, je l'emmerde personnellement. Par contre, ce que je n'aime pas, c'est la critique sur toi, Brent ! On va lui montrer qu'on ira tous ensemble au sommet, c'est moi qui te le dis ! Pas vrai, les gars.

Scott se lève et ferme le poing déterminé. C'est Jean qui rit, Jean qui pleure ce type.

Tu as raison, John, on va lui montrer ! On va tous leur montrer !

Lance vient à côté de moi et passe sa main sur mon épaule.

Pour une fois, je suis d'accord, on va emmener Nameless et Brent sur le toît du monde !

Puis vient au tour de Ben de venir derrière moi.

On va faire des musiques tellement incroyables que BSC va couler !

Je les regarde en riant.

Avant de vouloir faire couler BSC faut déjà faire notre premier album et nos premiers concerts ! N'allons pas trop vite !

Lance me tape sur l'épaule en riant.

Dit le mec qui veut déjà faire un deuxième album avant d'avoir fini le premier !

On rigole tous en attendant Brent.

Nameless et son groupe partaient un peu dans tous les sens, et pas seulement musicalement. Amusé, je pris le temps de tempérer les ardeurs des uns, de rassurer les autres. Bref, je faisais mon job de manager. J’étais ouvert à toutes leurs idées car loin de moi l’idée de les limiter.

Par contre, il était de mon devoir de les canaliser un peu, ce qui était complètement différent que de les limiter. Ils étaient jeunes et plein de fougue et j’adorais ça, mais il fallait parfois prendre certaines décisions et laisser le reste mariner un peu plus longtemps.

Tout en mangeant mon burritos, je les invitai à prendre connaissance de l’article de Guitar&Pen qui était paru sur eux. Je les observai lire, continuant à manger.

Et leurs réactions ne se firent pas attendre. Encore une fois, ça partait un peu dans tous les sens. Lance se sentais conforté dans son idées que leur éclectisme ne plaisait pas à la critique. Tandis que Scott, lui, semblait affligé.

En leader, Johnatan intervint pour calmer les deux autres. Mais je grimaçai un peu quand il fustigea Moriarty. Ce n’était pas en disant que le magazine était un torchon et que la parole d’Axel ne valait rien que ça allait régler les choses.

-Oh… Doucement, Johnatan. Certes, le public a adoré ce que vous avez fait et c’est le plus important. Et certes, Axel Moriarty à tendance à être anti-MTI. Mais Guitar&Pen n’est pas un torchon, c’est le magazine musical le plus respecté à L.A. et ce qu’écrit Moriarty a une certaine importance, ici.

Je regardai Johnatan dans les yeux.

-Je te mets en garde car ton attitude envers la critique pourrait te faire passer pour hautain et imbu de toi-même alors que je sais que ce n’est pas du tout ce que tu es.

Un peu comme quand il avait ignoré Victor au Dizzy, juste après le concert.

-Tu dois apprendre à accepter d’abord, puis à répondre intelligemment à la critique. Et ce n’est ni en ignorant, ni en insultant les gens que tu vas te faire respecter.

Je souris.

-Après, c’est sûr que c’est sur scène que vous ferez vos preuves. C’est encore la meilleure façon de répondre.

Johnatan avait aussi dit qu’il n’aimait pas ce qu’Axel avait écrit sur moi… Ça me faisait chaud au cœur, mais ce n’était pas là-dessus que le groupe devait se focaliser.

-Et ne fais pas attention à ce qu’on écrit sur moi. J’ai l’habitude et je sais me défendre.

Depuis le temps que j’étais dans le business…

Ils étaient tous avides de faire leurs preuves. Ils étaient motivés.

-Je vois que vous avez une bonne cohésion de groupe. Vous voulez garder comme nom Nameless?… Je serais d’avis de garder ce nom parce que votre concert au Dizzy fait parler les gens…

Je souris, désignant le Guitar&Pen qui avait été mis de côté.

-Bonne ou mauvaise critique, votre concert n’est pas passé inaperçu. Et c’est ça l’important ! Peu importe comment on parle de vous, tant qu’on parle de vous. Après, votre public vous suivra de lui-même.

Je regardai Johnatan.

-Bon, tu m’as parlé de musique nordique… Mais je ne vois pas ce que tu entends par là. Est-ce que ça ressemble à The Warriors ? Tu peux me montrer ?

Brent me fait comprendre qu'il ne fallait pas que je sois trop agressif envers les critiques, mais qu'il ne fallait pas que je les ignore non plus. Je le regarde et hausse-les épaules tout en finissant mon burrito.

Tu as raison, Brent, je n'ai pas réfléchi, je suis désolé... Il faut essayer de prendre ça comme une critique constructive. Et puis, il est sûr que si tout le monde le lit, j'ai intérêt à faire attention à mes paroles. Enfin, on a intérêt parce que je ne pense pas que je sois le seul qui va apparaitre sur le magazine ! Je ne sais pas comment répondre aux critiques négatives. J'ai peur de répondre soit à côté de la plaque, soit d'être trop agressif. Je les ai toujours ignorées, les critiques négatives...

Scott me regarde.

Je pense que tu ne devrais pas te poser trop de questions. Que tu sois toi-même. Et pas un autre mec.

Lance me regarde et me sourit.

Il n'a pas tort, John, il ne faut pas te prendre la tête, tu te prends déjà la tête avec le reste du groupe. Alors, pour une fois, ne te prends pas la tête.

Puis Ben vient en rajouter.

Au pire, demande à Brent, il a sûrement de bons conseils pour toi.

Je regarde Brent et lui souris.

Tu ferais quoi toi, Brent ?

Je lui rends le magazine.  

Je comprenais la réaction de Johnatan face à la critique. C’était nouveau pour lui et comme, en plus, il venait d’arriver en ville il ne savait pas qui, ici, avait de l’influence ou non. Qui les gens croiraient ou non. Oh, je ne doutais pas qu’il apprendrait vite, mais en attendant, c’était mon rôle de le guider. Or, je ne voulais pas qu’avec sa tendance à ignorer les critiques négatives, les gens pensent qu’il se croyait bien au-dessus de la critique. Moi, je savais que ce n’était pas le cas.

Et il m’expliqua qu’effectivement, il ne savait pas gérer les critiques négatives. Qu’il avait tendance à les ignorer, probablement pour n pas avoir à les affronter.

Je lui souris, compréhensif.

-D’accord, je vois, ne t’en fais pas, je suis là aussi pour travailler là-dessus avec toi. Mais sache qu’on apprend bien plus et plus vite des critiques négatives que des positives.

Les critiques positives faisaient du bien, c’était gratifiant, mais ça poussait à rester sur ses acquis alors que les critiques négatives amenaient à se dépasser !

Les autres réagirent, Scott en disant que Johnatan devait rester lui-même, ce qu’approuva Lance, tandis que Ben disait de me demander conseil.

J’étais ravi d’être là pour ça. Et apparemment, ça inquiétait tellement Johnatan, cette histoire de critique, qu’il en zappa ma demande de me montrer ce qu’il faisait comme « musique nordique »… J’allais d’abord essayer de le rassurer.

-D’abord, face à une critique négative, il ne faut pas t’emballer. Et il faut bien l’écouter pour être sûr de ne pas la comprendre de travers.

Je souris, posai ce qu’il restait de mon burritos, et repris le magazine que Johnatan me tendait.

-Ensuite, Scott à raison. On ne se connait pas depuis longtemps toi et moi mais, si je ne me trompe, tu es un garçon sincère et simple. Alors reste sincère et simple.

Je me grattai la tempe, réfléchissant.

-Si un journaliste, ou quelqu’un d’autre, te demande un jour pourquoi Nameless semble ne pas savoir choisir son style… Réponds tout simplement la vérité ! Que vous êtes un tout jeune groupe, et que vous apprenez encore à vous connaître et à peaufiner votre musique et votre style, tout simplement.

Je regardai Johnatan dans les yeux.

-C’est la vérité, non ? Et ça, personne ne pourra vous le reprocher.

On discutait tous ensemble, Brent me regarde, compréhensif, c'est vrai que je n'ai pas l'habitude de ça. Il me confirme que les critiques négatives nous aident à progresser plus vite.

Je comprends, je comprends. J'ai évité ça toute ma vie alors que j'aurais pu progresser encore plus. Je vais m'y mettre tout de suite alors !

Scott et Lance me donnent quelques conseils. Je les regarde en souriant.

Merci les gars. C'est vraiment cool de votre part. Je suis bien content de vous avoir avec moi !

Scott à le visage qui s'illumine pendant que Lance lui reste avec son visage fermer.

Puis Brent me sourit et me dit que malgré le fait qu'on se connaissent il y a peu de temps, il me dit que je suis quelqu'un de simple et simple. Je le regarde et lui rends son sourire.

Je ne sais pas. Je ne peux pas me juger moi-même, je ne pourrai pas être objectif.

Puis Brent me donne quelques conseils par rapport aux interviews et il n'a pas tort. Je dois juste être honnête.

Tu as raison, il ne faut absolument pas que je me prenne la tête.

Puis Scott vient me taper sur l'épaule.

Brent t'a posé une question au fait ! Tu as complètement ignoré sa question !

Je le regarde et souris.

Ah oui, c'est vrai ! Euh concernant le style qu'on voudrait adopter, ce ne serait pas vraiment comme The Warriors ! Je voudrais essayer des choses différentes. Je te montrerai quand j'aurai commencé à écrire. Mais t'inquiète, j'ai quelques idées derrière la tête.

Je lui souris et les autres se mettent derrière moi en souriant.

L’avantage avec Johnatan, pour lui comme pour moi, c’était qu’il était capable de se remettre en question et qu’il était à l’écoute des conseils. J’étais persuadé que cette attitude l’aiderait à avancer, s’il arrivait à ne pas s’emballer sur les gens au moindre mot négatif. Il y aurait toujours des gens pour aimer sa musique, mais aussi pour la détester… Tout simplement parce que les goûts et les couleurs, hein…

Il remercia ses musiciens d’être auprès de lui. Et en effet, ils étaient eux aussi de bon conseil, comme quand Scott lui dit de rester lui-même. Un sens dans lequel j’abondai en lui disant d’être simple et sincère, bref, je ne faisais que répéter ce qu’avait dit Scott, mais exemple à l’appui.

Johnatan affirma qu’il ne pouvait pas se juger lui-même. Je rigolai.

-Crois-moi, l’introspection se fait toute seule avec le temps. Un jour, tu regarderas derrière toi le chemin parcouru et tu pourras t’auto-évaluer.

Je hochai la tête quand il affirma qu’il ne fallait pas qu’il se prenne la tête.

-Voilà… Et ne pas prendre les mauvaises critiques trop personnellement. Juste assez pour avancer.

Scott, qui n’avait pas perdu le nord, rappela à Johnatan la question que je lui avais posée à propos de sa musique « nordique ». J’étais curieux d’en savoir plus…

Johnatan déclara que ce ne serait pas comme The Warriors (qui était le premier groupe que les mots « musique nordique » avaient évoqué dans esprit, allez savoir pourquoi)… Mais il n’avait encore rien à me montrer parce qu’il fallait encore qu’il écrive tout ça.

Je souris.

-Je te fais confiance… J’imagine que c’est vers ce style de musique que tu veux aller.

Je repris mon burritos et l’achevai… Puis je pris une feuille de papier qui était pliée à l’arrière de mon jeans que je tendis à Johnatan.

-Je vous ai planifié des dates pour de prochains petits concerts. Vous ferez le tour des clubs et des scènes de L.A. pour commencer… Histoire de vous faire connaître.

Je me levai…

-Bon, si vous n’avez plus rien  me dire ou à me demander… Je peux rester là et vous regarder jouer un moment ?

Brent me donnait quelques conseils pour apprendre à gérer les médias. S'il y a bien un truc que je n'ai jamais fait, c'était bien ça. Puis Scott me rappelle que Brent m'avait posé une question, qu'est-ce que j'appelle par musique nordique. Je le regarde et je lui dis que je n'ai pas commencé à écrire, il me fait confiance et me dit qu'il m'accorde sa confiance. Je lui souris.

Fais-moi confiance, j'ai quelques idées, il faut juste que je bosse dessus. Mais pour l'instant, on va déjà finir le premier album !

Puis, il me regarde et me tend un bout de papiers. Je le déplie et je lis. Brent nous a préparé un paquet de concerts et je lui souris avant de regarder les autres.

Les gars, on va avoir du boulot !

Je les regarde en riant. Puis Brent me dit que si on avait plus de question il voudrait nous écouter. Je lui souris pendant que les gars vont se préparer.

Oui pas de soucis ! On a même un morceau juste en acoustique, on l'a nommé "Nameless" tous simplement.

Je le regarde en souriant puis je rejoins les autres et on joue notre morceau.

Johnatan n’était pas encore prêt à me montrer sa « musique nordique ». Il fallait que je lui laisse le temps d’écrire. Mais apparemment, c’était surtout sur son premier album, qu’il planchait ! Je souris. On ne pouvait pas le reprocher d’être hyper motivé !

Apparemment, le concert qu’ils avaient donné au Dizzy Warhol leur avait donné confiance… Mieux valait cela que l’inverse et ça n’avait pas l’air d’être l’inspiration qui manquait à mon jeune protégé.

-Oh mais je te fais confiance. Je n’ai pas été déçu de ce que j’ai entendu jusqu’ici donc… Continue… Ou continuez, puisque, si j’ai bien compris, vous êtes un groupe, maintenant.

C’était bien qu’ils s’entendent bien au pont d’envisager de ne pas se séparer et pour plusieurs raisons. Déjà, ça éviterait des changements de musiciens qui pouvaient risquer de rendre les prestations de Nameless inégales… Et ça permettrait à Ben, Scott et Lance de se spécialiser dans le style de Johnatan, quel qu’il soit au final.

Puis un groupe est toujours plus facile à promouvoir qu’un artiste solo.

Johnatan prit la feuille avec les dates que je lui tendais et je fus rassuré de voir son visage s’illuminer et pas l’inverse. Le nombre de prestations à faire ne semblait pas lui faire peur. En même temps, le contraire aurait été étonnant, venant de quelqu’un qui souhaitait vivre de sa musique.

-Du boulot, oui… Mais je pense que vous allez surtout beaucoup vous amuser.

C’était le principal, dans le fond.

Je demandai alors si je pouvais rester un peu pour les entendre jouer et personne n’y vis d’inconvénient. C’était même plutôt le contraire. Ces petits gars aimaient avoir un public, même si celui-ci se limitait à ma seule personne.

Johnatan m’expliqua quelle serait la chanson qu’ils allaient jouer. Nameless, une chanson acoustique.

Ils passèrent tous côté studio proprement dit alors que je mis un casque pour les écouter côté régie, pour avoir le meilleur son possible.

Et ce que j’entendis valait le détour !

Quand ils eurent fini, j’allumai le micro…

-Parfait, continuez comme ça. C’est encore une chanson dans un autre style que ce que tu as proposé jusque-là, mais puisque c’est assumé et que tu veux un album qui va un peu dans tous les sens, ce n’est pas dérangeant.

Je regardai ma montre.

-Il faut que je vous laisse. J’ai rendez-vous avec Don qui veut justement que je lui parle de vous. Il est curieux à votre sujet. Mais continuez de bosser, c’est très bien. On se voit plus tard ! Merde, je vais encore être en retard...

Brent m'a demandé de lui montrer ce que j'entendais par "musique nordique". Malheureusement, je n'ai encore rien écrit. On va déjà finir le premier album avant de passer à la suite. Mais je lui ai dit de me faire confiance, je savais ce que je faisais et je suis bien inspirée. J'ai commencé à composer assez tôt et sur plusieurs instruments, bon, c'était horrible à l'époque, mais il fallait bien commencer quelque part. Et puis j'avais les autres pour m'aider, donc ça me facilite la tâche.

J'allais te dire que je n'étais pas le seul à bosser.

Je ris, mais Scott vient rajouter derrière mes mots.

Tu fais une grosse partie du travail tous de même, c'est plus à toi que devrait revenir les honneurs que nous !

Je regarde Scott et lui souris.

Je ne suis pas d'accord avec toi, on travaille tous ensemble, c'est normal que vous alliez les honneurs vous aussi !

Scott me sourit puis Brent me donne un papier avec toutes les dates pour les prochains concerts. Je lui souris, j'étais content de faire tous ces concerts, c'est positif, c'est qu'on avance dans la bonne direction. Je lui dis que ce serait beaucoup de taff, il me regarde en souriant et me rassure, on devrait aussi beaucoup s'amuser. Je le regarde avec un grand sourire.

Oui, c'est sûr, mais il y a aussi du boulot, on n'a pas intérêt à faire les cons !

J'ai vraiment envie qu'on continue sur cette lancée. Puis je regarde Brent taquin.

Ah et Victor n'est pas obligé de venir, pas la peine qu'il se force, hein ?

Je le regarde avec un sourire en coin, il est vrai que si c'est pour encore vomir sur ce que l'on fait, ce n'est pas la peine, il peut rester cher lui ! Puis Brent nous demande s'il peut rester un peu pour écouter. On le regarde en souriant, on avait tous envie de lui montrer notre travail, normal, c'est notre manager. Et on lui joue notre dernier morceau "Nameless" un morceau acoustique et tranquille. Dans la suite du reste de l'album quoi, un morceau qui n'a rien à voir avec les autres ! D'ailleurs, il adore. Je le regarde en souriant.

Au nom de tout le groupe, je te remercie Brent, c'est toujours agréable de voir que tu aimes ce que l'on fait même quand on prend encore des risques à jouer autres choses.

Puis, il regarde sa montre et nous dit qu'il avait rendez-vous avec le grand patron et qu'il veut parler de nous. Il nous encourage à continuer et qu'on se verrait plus tard, et qu'il allait être en retards. On le regarde tout en rigolant.

Pas de soucis, Brent, à plus et dépêche-toi, tu vas te faire taper dessus !

On lui fait un signe de la main et on finit par reprendre le travail.