Si Johnatan avait superbement commencé sa course, ça se termina en catastrophe. Ok, le coureur Ferrari avait fait un sale coup de pute. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser que si le musicien avait tenu les promesses qu’il avait faite à Julian et moi de ne pas prendre de risque, s’il avait écouté le technicien qui lui avait dit de garder sa belle cinquième place, je ne serais pas en train de courir sur la piste après Julian ! De quoi me faire faire une crise cardiaque, nom de Dieu !

Quand on arriva près de la voiture, on fut d’abord retenu par le staff de la piste qui ne nous laissa pas approcher trop près. Tout ce que je voulais savoir, c’était si Johnatan s’en sortait indemne.

Mais au départ, personne ne savait trop ce qu’il en était. La voiture était démolie, par contre et je vis Julian blêmir en même temps que je l’entendis jurer.

Quelques secondes (ou était-ce des minutes ?) plus tard, le commissaire affirma que Johnatan allait bien. Mais quand je me mis sur la pointe des pieds pour essayer de voir le cockpit de la voiture, je constatai qu’il n’était même plus dedans !

Il était où ? Dans l’ambulance ?

Non non… Monsieur était suffisamment en forme, apparemment, pour aller chercher des noises au coureur qui l’avait embouti…

Et il disait qu’il n’était pas bagarreur…

Je soupirai, à la fois de soulagement et un peu de dépit face à la réaction de mon poulain. Julian, lui, était prêt à aller aussi frapper le coureur Ferrari… Je posai une main ferme sur l’épaule de Julian.

-Personne ne frappera personne. Ça ne sert à rien. Ça n’attire que des ennuis.

Et j’ai assez à nettoyer derrière Shran quand ça lui arrive !

Le seul qui méritait d’être atomisé, c’était Johnatan qui n’avait pas gardé sa foutue cinquième place et qui n’avait pas tenu ses promesses ! Même si je savais que c’était la frayeur qu’il m’avait faite qui me faisait penser ça.

Julian, lui, était passé de la colère à la tristesse pour sa voiture qui était détruite. Je savais que c’était le seul modèle sur lequel il avait passé des heures au point, au moins en partie, d’y sacrifier son mariage.

-Tu la répareras… Ou tu feras un modèle plus performant, Julian. Viens, on va essayer de retrouver l’autre casse-cou…

En espérant qu’il n’ait frappé personne entre temps, sinon, je serais doublement fâché. Et c’était rare quand j’étais fâché. Mais là !

Mais non, on retrouva Johnatan paisiblement en train de discuter avec Eleanor qui était encore un peu blême. Je pointai mon protégé d’un index rageur.

-Toi ! Ne me fais plus jamais une frayeur pareille !

Puis, m’approchant alors que Julian envoyait un de ses employés signaler chez Ferrari qu’il portait plainte contre eux, je me mis à regarder Johnatan sous toutes les coutures.

-Tu es sûr que tu n’as rien, hein ? Pas de mal de tête, dans le cou ou autres ?

Je regardai Eleanor.

-Et toi ? Ça va ? Ou ton cœur est aussi chamboulé que le mien ?

Julian revint ensuite vers nous. Il aurait pu être furax contre Johnatan qui avait fait les mauvais choix… mais il le félicita quand même pour sa course.

Je fis la moue.

-Mouais… n’empêche que si tu avais tenu ta cinquième place comme demandé, j’aurais pas frôlé la crise cardiaque et Julian aurait toujours sa voiture. Pourquoi tu as fait le choix d’essayer de gagner alors qu’on t’avait dit que ce n’était pas nécessaire ?

Après être sorti de la voiture j'étais parti pour aller fracasser la tronche du pilote de la Ferrari, mais l'ingénieur de Julian m'interpelle pour voir comment j'allais et pour discuter de ma performance, je lui dis que ça va, mais que j'ai des comptes à régler, il m'intercepte et m'empêche de faire une autre connerie, j'en ai assez fait pour aujourd'hui, je pense, il me montre le public qui en masse achète des produits dériver de Hughes Motor cela me fit ouvrir les yeux, en effet, j'avais beau avoir fait le spectacle pas dans le sens que je voulais, mais je l'avais fait quand même, je me dis que ce serait sacrément con de tous gâcher, je me résigne à l'idée d'aller fracasser le pilote adverse et je me dirige plutôt vers Eleanor pour vérifier que tous va bien. Elle me répond qu'elle a eu peur pour moi et qu'elle a eu du chagrin pour la voiture de Julian, mon visage se ferme et je soupire.

Pardon de t'avoir fait peur... Et oui... ça me fait mal de voir la voiture dans l'état dans lequel, elle est... S'il ne m'avait pas poussé... Je crois que la famille de Julian va m'en vouloir pour les vingt prochaines générations...

Puis, elle me demande si je n'avais pas vu Brent et Julian. Je la regarde en haussant les épaules.

J'étais tellement en colère que je suis parti sans réfléchir jusqu'ici et je croyais qu'ils étaient avec toi.

Au même moment, je vous Julian, suivi de Brent qui me pointe du doigt avec rage. Je ne l'avais jamais vue dans cet état, je vais passer un mauvais quart-d' heure, je regarde Eleanor.

Je crois que je vais prendre cher...

Et Brent se met à me regarder sous toutes les coutures en me demandant si ça allait. Je le regarde en soupirant.

Maintenant que l'adrénaline est en train de descendre, je sens une gêne à la cheville gauche, mais j'arrive à tenir dessus, donc je n'ai rien à casser, peut-être un hématome, je pense...

Puis Julian nous rejoint, il me regarde vraiment déconfit. Il me dit qu'il voulait sa voiture entière. Je le regarde vraiment désoler.

Je... Je sais, Julian... Je suis... Vraiment désoler...

Je viens poser ma main sur l'épaule de Julian quand il me dit que cet enfoirer n'aurait pas dû me pousser, mais que la victoire ne valait pas le coup. Il me dit qu'il ne sait pas s'il pourra récupérer grand-chose.

Je pense que le châssis n'a pas été touché. Il n'y a que la carrosserie qui a pris, j'ai essayé de prendre le mur de face pour ne pas tout niquer... J'espère que j'ai bien fais...

Je soupire et Brent me demande pourquoi je n'ai pas simplement voulu rester à la cinquième place.

Mais Brent... Imagine, Hughes Motor a failli battre Ferrari, dès sa première participation. J'allais plus vite que tout le monde, je ne devais pas rester derrière. Et puis, l'autre con n'aurait pas fait sa manœuvre antisportive, la voiture serait entière... Je suis vraiment désolé, mais j'ai fait comme je fais dans tout ce que je fais, je suis allé à fond ! J'ai fait mon maximum.

Je regarde tout le monde presque avec les larmes dans les yeux.

La belle course de changea en un cauchemar sur roues quand une voiture concurrente sembla vouloir sortir Jonathan de la piste. Je m’en cachais le visage entre mes mains, terrorisées par ce qui pouvait arriver. C’était la première course à laquelle j’assistais, je ne savais pas quels étaient les risques bien que je me doutais qu’à vive allure, l’impact pouvait être fatal.

Heureusement, Jonathan s’en sortit en un morceau, du moins c’est ce qu’il me semblait puisqu’il se dirigea vers moi d’un pas lourd et rapide. Je pouvais deviner qu’il était sous le coup du stress et de la colère. Il me demanda, une fois près de moi si tout allait bien de mon côté. Cela aurait été plutôt à moi de lui poser la question en premier mais je lui répondis que je m’étais inquiété pour lui en plus d’être triste pour la voiture de Julian dans laquelle il avait investi beaucoup de temps.

J’esquissais un petit sourire compatissant quand Jonathan soupira que la famille de Julian allait lui en vouloir et que ce sentiment se partagerait de génération en génération.

- Mais non, ne dis pas ça. C’est un choc mais tout le monde sera d’accord que, ce qui compte, c’est que tu ne sois pas blessé.

Il ne me semblait pas être blessé mais il avait certainement été ébranlé parce qu’il n’avait même pas vu Brent et Julian qui s’étaient précipités vers lui après l’impact. Son explication tenait la route, plus que sa conduite…

- Ah oui, forcément, tu devais avoir la tête pleine de pensées. Tu veux que je te trouve de l’eau ou… je sais pas trop en fait ce qui pourrait te requinquer.

Mais comme Julian et Brent étaient de retour aux paddocks et qu’ils n’étaient pas là pour trinquer, je préférais me reculer un peu et les laisser parler entre eux de la situation. Julian était préoccupé par l’état de sa voiture,  moi aussi,  être à sa place. Brent balança à Jonathan un avertissement sur un ton que je définissais mal mais qui se traduisait par le fait qu’il avait eu très peur, avant de pratiquement le virer sans dessus dessous pour s’assurer qu’il n’était pas blessé, et qu’il ne trouverait rien, pas même une toute petite égratignure.

- Oh, oui, quand même un peu.

Beaucoup, même !

Jamais je n’aurais cru qu’une course automobile pouvait être autant féroce !

Maintenant qu’il était rassuré, Brent voulait faire la lumière sur toute cette histoire, essayé de comprendre pourquoi Jonathan n’avait pas suivi la consigne de ne prendre aucun risque inutile. C’est vrai qu’avec le recul, ce n’était pas nécessaire d’autant disputer la première place, surtout avec le résultat que nous avions. J’écoutais l’explication de Jonathan sans rien comprendre en quoi battre Ferrari était prestigieux. Je fronçais un peu des sourcils en l’entendant dire que si l’autre pilote n’avait pas fait sa manœuvre, la voiture de Julian serait entière. Oui mais… La consigne était tout de même de ne pas prendre de risque inutile donc que l’autre pilote ait voulu jouer au con, il aurait joué tout seul si Jonathan n’avait pas mordu à l’hameçon. Ceci dit, nous referions le monde avec des si, à quoi bon s’acharner sur quelqu’un qui a voulu bien faire ?

- Euh… Et Ferrari ? C’est qui ou c’est quoi ?

Johnatan allait bien. C’est ce que les cris du public tendait à nous faire penser en tout cas. Le commissaire du circuit confirma déclarant qu’il allait sûrement aller casser la figure du pilote Ferrari. Sincèrement ? J’en avais envie aussi ! Quel intérêt de faire une telle manœuvre hormis celle de mettre Johnatan en danger ? Rien ! Pas à une course sans enjeux.

J’étais triste et énervé et Brent posa sa main sur mon épaule pour me dire que personne n’allait frapper personne. Que tout ça ne servait à rien. Je soupirai serrant les poing avant d’hocher de la tête pour confirmer les dires de Brent. Je savais qu’il avait raison. Frapper m’avait toujours valu des ennuis aussi loin que je me rappelle mais il m’arrivait de, parfois, perdre pieds.

Maintenant qu’il semblait claire que Johnatan n’avait rien de grave, je déplorai les dégâts qu’avaient eu ma voiture. Ce que le commissaire m’avait dit ne me disait rien de bon et ça me brisait un peu le cœur vu le temps que j’avais investi dans ce modèle. C’était comme mon bébé. Et je n’étais pas certain de pouvoir récupérer grand-chose. Brent disait que j’allais la réparer et la rendre encore meilleur mais ses paroles me donnaient l’effet d’un petit pensement sur une hémorragie…

-Ce n’est pas aussi simple que ça… J’y avais investi beaucoup de temps…

Avec le lancement de ma marque, je savais que je ne pourrais plus investir autant de temps sur un seul modèle. Pas seul en tout cas.

J’hochai de la tête quand Brent voulu qu’on retrouve son protégé. On revint vers les paddocks où Johnatan, bien vivant, discutait avec Eleanor. Brent ne tarda pas à lui faire part de l’angoisse qu’il avait ressenti. Brent était du genre très calme mais il lui arrivait de s’inquiéter et quand c’était le cas, il pouvait perdre ses moyens. C’était rare mais ça arrivait.

De mon côté, j’envoyais un de mes employés signaler à Ferrari que j’allais porter plainte contre leur pilote. Je ne voulais pas laisser passer ce qu’il avait fait. Je comptais lui faire payer ça ! Et si je dois investir un tas d’argent dans une procédure judiciaire, j’allais le faire. Je préférais obtenir justice que de garder mon argent pour moi.

De loin, je pouvais voir Brent inspecter Johnatan sous toutes ses coutures et j’entendis qu’il avait un peu mal à la cheville. Rien d’irréparable. C’était déjà ça.

Je revins vers eux alors qu’Eleanor aussi avait été un peu secouée parce ce qu’elle avait vu. Mais c’est vers Johnatan que je me tournai pour lui dire que le but, théoriquement, était de ramener la voiture entière. Il s’excusa. Il était aussi assez chamboulé. J’hochai de la tête montrant que j’acceptais ces excuses. Je comprenais bien qu’il avait voulu bien faire et ça en dépit de mes consignes.

Quant à la voiture, il était plus optimiste que le commissaire concernant son état. Je soupirai.

-J’espère pouvoir en récupérer quelque chose… Je n’ai pas encore pu l’approcher et constater moi-même les dégâts.

Brent, lui, se demandait pourquoi Johnatan n’avait pas respecté les consignes. Le chanteur s’expliqua disant que la possibilité de pouvoir battre Ferrari était très tentante. Est-ce que j’aurais fait pareil si j’avais été au volant ? Fort probable. Et je voyais bien que tout ça touchait Johnatan. Je soupirai et j’allais répliquer quand Eleanor s’interrogea sur qui ou quoi était Ferrari. Elle avait avoué ne pas s’y connaitre en automobile. Je pouvais voir que c’était bel et bien la vérité. Je me tournai vers ma demi-sœur.

-C’est une marque de voiture. La marque de la voiture qui a foutu Johnatan dans le décor. C’est une marque prestigieuse et ça depuis des décennies. En gros, on est des amateurs comparer à eux. Les battre ça aurait été quelque chose de grand.

Mais pas raisonnable. Je me tournai à nouveau vers Johnatan. J’étais toujours tendu mais j’en voulais surtout à l’autre pilote. Pas à lui.

-Ce qui est fait est fait… On est deuxième. Les gens retiendront ça… J’espère… Et Ferrari va payer !

Dans le sens littéral !

-Sans toi, Johnatan, on aurait même pas su concourir alors merci quand même pour ça.

Je me tournai vers Brent.

-Tout le monde est vivant… Je vais me concentrer là-dessus.

Et sur le fait que, finalement, on avait pas mal brillé, aujourd’hui même si, avec tout ça, j’étais, maintenant, complètement vidé.

Je pouvais avoir l’air furieux, alors que j’avais de nouveau Johnatan dans mon champ de vision et que je le pointais du doigt en lui ordonnant de ne plus jamais me foutre une trouille pareille. Mais en fait, je n’étais pas fâché. Comme je le disais tout haut et ne m’en cachai donc pas, j’avais eu une peur bleue en voyant la voiture aller dans le décor.

C’était donc la peur et non la colère qui parlait. Pas que j’avais peur de perdre un poulain, non, ça allait bien au-delà de ça ! Le jeune homme avait toute sa vie devant lui et je n’avais pas envie qui lui arrive quelque chose, quoi que ce soit.

En bref, je tenais à lui. On ne se connaissait pas depuis longtemps, pourtant, mais je m’y étais attaché.

Je le regardai sous toutes les coutures, mais il ne semblait rien avoir de grave même s’il affirma avoir mal à la cheville…

Je soupirai de soulagement.

-Si ce n’est que ça, ça va. Je ne sais pas comment tu as vu le crash de derrière le volant, mais vu de l’extérieur, j’ai vraiment eu peur pour ta vie !

Eleanor aussi avait eu la trouille. Je m’approchai d’elle, pris son visage entre mes mains et l’embrassai sur le front.

-C’est ok.. tout va bien… Tout le monde va bien.

Sauf la voiture dont les deux garçons s’étaient mis à parler. Je comprenais la tristesse de Julian qui avait passé des heures, des jours, des mois sur cette bagnole. Et en quelques minutes de course, tout son travail avait été détruit. Tout ça à cause d’un coureur qui avait fait un coup de pute à la voiture de Hughes Motors…

Selon Johnatan, tout n’était pas perdu pour la voiture, mais de toute façon, Julian comptait bien faire cracher des thunes à Ferrari.

Moi, j’avais demandé à Johnatan pourquoi il ne s’était pas tenu aux consignes qu’il avait. Mais voilà, au volant, il s’était senti pousser des ailes… Il avait entrevu la gloire sur la ligne d’arrivée… Je soupirai et passai une main dans mes cheveux blancs.

-Ok… Je vois… Je vais pas critiquer, j’aurais et ton âge et j’aurais été à ta place, j’aurais sûrement tenté le coup aussi. Mais tu m’as fait peur, nom de Dieu ! Te donner à fond, ok ! Mais faire de la musique avec tout ton cœur n’implique pas de risquer ta vie comme derrière le volant d’une voiture de course !

Je souris un peu, compatissant à un Johnatan qui avait les larmes aux yeux, presque.

-Allez, calme-toi, reprends-toi, tu es en vie, c’est tout ce qui compte.

Pour moi, parce que pour Julian, l’état dans lequel était sa bagnole était quand même râlant. Et en parlant du coureur qui avait mis mon protégé dans le décor, Eleanor se demandait ce qu’était Ferrari, ce que Julian lui expliqua. Et finalement, Julian arriva à relativiser en se disant qu’avec tout ça, sa voiture avait quand même obtenu la deuxième place… Ou presque.

Et puis Johnatan avait permis à la voiture de rouler quand même. Et personne n’était mort, ce qui était un bon point.

J’enfouis mes mains dans les poches de mon jeans et souris.

-Bon… Et si on allait se chercher quelque chose à manger, hein ? Et ouvrir un peu nos oreilles pour voir ce qui se dit sur Hughes Motors ? et trouver un endroit où s’asseoir pour ne pas que Johnatan force sur sa cheville.