Hollywood… C’était le quartier dans lequel mon protégé, Johnatan Silverwood, avait décidé de s’installer. Et je devais dire que c’était un très bon choix. Il était au cœur de l’action artistique, contrairement à moi qui habitais sur Downtown et était plutôt dans le centre des affaires… Les loyers étaient corrects, la population variée…

Bref, c’était un chouette coin.

Mais je n’avais pas encore vu l’appartement proprement dit de l’artiste masqué. Il voulait absolument me le montrer, fier comme un paon qu’il était d’avoir désormais son endroit à lui.

C’était sûr que c’était clairement mieux que le motel !

J’étais content pour lui et je me réjouissais de voir ce qu’il avait choisi comme appartement. Je savais que ça pouvait en dire long sur quelqu’un, l’endroit où on vivait.

Prenez moi, par exemple. A 50 ans, je vivais dans un petit appartement à Downtown. Quartier des affaires, donc, ce qui donnait un indice sur ma profession. Un appartement, donc pas de famille… Et une décoration qui trahissait le célibataire endurci mais assez accueillant tout de même pour des conquêtes d’un soir.

La belle vie, quoi !

Je parquai ma voiture non loin de l’adresse que m’avait indiquée Johnatan.

Rien que le bâtiment était très beau, d’un rose pastel avec une architecture accueillante. Des petits auvents verts aux fenêtres…

C’était vraiment pas mal.

Je me présentai à l’entrée du bâtiment et parcourus les noms à côté des sonnettes. Silverwood. J’appuyai sur le bouton et attendis que mon protégé me déverrouille la porte.

Pour une fois que j’allais le voir en dehors du studio… C’était à marquer d’une pierre blanche !

Enfin ! Enfin, j'ai mon appartement. J'ai réussi à avoir enfin mon appartement. Et pour fêter ça, j'avais invité Brent. J'ai préparé ce qu'il fallait.

J'ai acheté une bouteille de Martini et une bouteille de Ricard avec des gâteaux apéros. J'avais préparé la petite table que j'avais dans la cuisine. Les deux verres et deux assiettes avec des bols remplis de gâteaux apéros. Quand j'eus fini de tout installer, je me pose devant la télé et je change de chaines. Soudain, je tombe sur une course de CART.

Je découvre ce sport et en vrai, c'est sympa. Ils tournent en rond pendant des heures, mais il y a des gros cartons. Soudain, j'entends la sonnette de l'appartement, j'ouvre la porte et vois Brent.

Salut Brent, comment vas-tu ? Je t'en prie entre !

Je souris et l'invite à s'asseoir sur le canapé.

Tout va bien ?

Il ne fallut pas longtemps avant que la porte de l’appartement de Johnatan s’ouvre. Je vis directement sur le visage de mon protégé qu’il était très fier et ravi de m’accueillir dans son antre ! Et il avait bien raison d’être fier ! Jusqu’ici, son parcours angelenos se passait comme sur des roulettes ! Il avait été repéré, avait fait un concert plutôt réussi et avait sorti un album…

Bon, de temps en temps, il fallait que je le garde sur la bonne piste, que je le conseille, mais je savais que c’était la fougue de la jeunesse qui lui faisait parfois dire des choses qui dépassaient largement sa pensée, plus une difficulté à s’exprimer en dehors de ses chansons.

Mais ce qui était tout à l’honneur de Johnatan, c’était qu’il ne rejetait jamais les conseils, les écoutant attentivement et essayant de les mettre en pratique du mieux possible.

Bref, tout ça pour dire que c’était très agréable de travailler avec lui.

Et j’étais tout content pour lui qu’il se soit trouvé un endroit à lui.

-Salut, Johnatan ! Je vais très bien, merci.

Il m’invita à entrer et je découvris un modeste appartement, mais très bien entretenu et probablement récemment rénové.

Je regardai autour de moi et sifflai d’admiration.

-Et bien, je vois que tu as du goût. C’est vraiment sympa, chez toi !

Il m’invita à m’installer sur le canapé. Il avait tout prévu ! Gâteaux apéro et je remarquai vite la bouteille de Martini, ma boisson préférée !

-On peut dire que tu sais recevoir ! Tu as même pensé au Martini ! Je suis flatté !

Je pris un gâteau apéro et le fourrai dans ma bouche. Je n’allais pas me gêner ! Si Johnatan avait posé ça là, c’était pour qu’ils soient mangés !

-Tu n’as pas eu trop de mal pour trouver cet appartement ? Apparemment, il n’y a même pas de travaux à faire dans celui-ci… Tu as de la chance !

Je n'ai pas mis longtemps avant d'ouvrir à Brent. J'étais fière de lui montrer mon appartement parce que sans lui, ce serait impossible de l'avoir, alors je voulais le remercier à ma manière. J'avais tout préparé. Gâteau, apéros et même une bouteille de Martini pour Brent ! J'étais entrain de regarder la course de CART de Long Beach qui avait eu lieu une semaine après le crash que j'ai eu avec la voiture de Julian.

J'invite Brent à s'installer et je baisse le son de la télé pour qu'on s'entend, et je range l'assiette que j'avais mis sur la table basse. Je ne m'en servais absolument pas comme d'un volant, ce n'est pas vrai !

Brent regarde l'appartement en me disant que j'ai du goût.

Merci Brent ! C'est simple, mais j'aime bien, et il y a quelque chose de spécial dans cet appartement, regarde.

Je me lève et viens vers mon dressing pour tirer sur une petite poignée cachée dans le faux fond qui ouvre sur une pièce cachée avec toutes mes affaires pour être Nameless.

Mon secret est bien gardé comme ça !

Je lui souris avant de retourner m'asseoir. Il me dit que je sais recevoir les gens.

Oh, tu sais, avant, j'étais barman ! Alors mettre les cacahuètes et les gâteaux apéros dans des bols et servir les verres des clients fidèles, ça me connait ! Et vu que je sais que tu aimes le Martini !

Je lui souris et lui serre un verre de Martini et je me sers un Ricard. Il me demande si j'avais eu du mal à trouver cet appartement et que j'avais de la chance de ne pas avoir de travaux !

Non ça a été  j'ai fait le tour et j'ai vu une annonce, j'ai appelé et quand j'ai dit que je bossais chez MTI ça a été facile. Et puis c'était un appartement qui avait une petite mamie comme propriétaire, donc je suppose que l'agence qui a racheté l'appartement a arnaqué cette pauvre vieille dame...

Dans le petit salon de Johnatan, la télévision était allumée et diffusait une course de CART. Les minuscules voitures filaient à toute vitesse et rien que le temps que je pose mes fesses sur le canapé, il y avait eu un accident entre deux véhicules. Johnatan baissa le son de la télé et je me mis à admirer son petit appartement.

C’était cosy, sans prétention et fonctionnel. Tout ce qu’il fallait à un jeune qui s’installait dans une ville très loin de chez lui.

Il rangea une assiette vide qui trainait sur la table basse pour une raison inconnue avant de revenir vers moi pour me montrer quelque chose.

Je haussai un sourcil curieux. Puis il m’invita à regarder vers ce qui était un petit dressing. Dans le fond de celui-ci, il dévoila une sorte de cache dans laquelle était soigneusement rangée sa tenue de scène, avec son masque et sa robe de bure.

Je rigolai.

-Je suis presque prêt à parier que c’est cette petite cachette qui t’a séduit. Mais c’est vrai, c’est une bonne idée de mettre ton costume là.

Je lui souris.

-Tu vis l’expérience Nameless jusqu’au bout. J’admire cela, chez toi.

Après, il ne fallait pas qu’il se perde en grandissant en notoriété, mais pour ça, au pire, j’étais là. Si je le voyais perdre pied, je pensais pouvoir intervenir à temps. Je n’avais pas envie que Nameless vive la même expérience que Sniper ou que Hugh Crusher. D’ailleurs, je trouvais particulièrement bon tant pour Hugh que pour Johnatan, qu’ils soient amis… Hugh pouvait profiter du tout jeune optimisme de Johnatan et Hugh pouvait partager son expérience avec Johnatan et lui éviter quelques pièges de la jet-set et de la célébrité.

En tout cas, Johnatan était un très bon hôte ! Il avait tout prévu ! De quoi grignoter et boire ! Il savait mettre ses invités à l’aise. Il me servit d’ailleurs un verre tout en expliquant qu’en tant qu’ancien barman, il avait, en quelque sorte, l’habitude.

Je levai mon verre à sa santé.

-Merci en tout cas ! Et à ton nouvel appartement alors ! Que tu y vives le plus heureux possible.

Je pris une gorgée de Martini avant de reposer mon verre sur la petite table. Je voulais savoir un peu comment il était tombé sur cette petite perle mais apparemment, ça avait été facile et peut-être au détriment d’une pauvre vieille dame.

-Bah, le monde est comme ça. Parfois, les choses se font au détriment des autres. Mais tu n’y peux rien ! Tu as bien fait de sauter sur l’occasion.

Je regardai encore autour de moi et souris.

-C’est moins bordélique que chez moi. J’ai un appartement de vieux célibataire… J’ai tendance à laisser tout trainer et Hugh n’arrête pas de ranger derrière moi.

Je rigolai.

-Un comble parce qu’il y a quelques années, j’ai eu un petit rôle d’androïde dans Spaceship qui, lui, était très ordonné et discipliné.

Alors que j'avais invité Brent à rentrer dans mon appartement, il y avait un crash à la télé. Je regarde et grimace parce que je ne l'ai pas vue et je ne sais pas si c'était grave ou pas. Je range l'assiette que j'avais laissée sur la table.

Je faisais la course avec eux dans le canapé, j'ai pris le premier truc qui ressemble à un volant !

Je regarde Brent en riant avant de la ranger. Puis je lui présente la pièce cachée derrière le dressing. Il rigole et me dit que c'est l'argument qui m'a fait prendre cet appartement. Je hausse les épaules et regarde le plafond.

Peut-être en effet !

Je ris et il me dit qu'il admire le fait que je vive l'expérience Nameless jusqu'au bout !

Si je veux que le personnage ressemble à quelque chose, je dois le vivre pour qu'il soit tout de même un minimum humain !

Je lui souris, puis on vient à parler du fait que je savais recevoir les gens. Je lui dis que ce sont mes réflexes de barman qui reviennent. Je lui sers son verre de Martini et mon verre de Ricard et on trinque.

Santé et à mon appartement ! Et notre collaboration très fructueuse, je l'espère !

Je lui souris, puis on en vient aux questions basiques. Comment j'ai eu l'appartement tout ça. Je lui explique la situation et lui dis que mes propriétaires avaient surement arnaqué la dame qui avait cet appartement. Il me dit que le monde est comme ça.

Je suis trop sentimental, surement.

Il regarde partout et me dis que c'est moins le bordel que chez lui.

J'ai l'appartement depuis peu ! Et puis j'ai un rencard ce soir, alors j'ai intérêt à ce que ce soit propre !

Puis, il me parle de son rôle dans "Spaceship". Je le regarde avec de grands yeux.

T'as fait du cinéma toi ? Je n'aurais pas cru !

Si je n’avais pas compris ce que faisais l’assiette vide et propre sur la petite table du salon, Johnatan ne fut aucunement gêné de m’en expliquer la présence. Il avait voulu faire la course avec les carts qui passaient à la télé et avait attrapé le premier truc qui ressemblait à un volant. L’imaginer me fit éclater de rire.

-Ah ok ! D’accord ! J’aurais bien voulu voir ça !

Ça devait être hilarant ! Mais surtout, ça me rappelais que Johnatan sortait, quelque part, à peine de l’enfance, malgré qu’elle en ait déjà vécu, des choses. Entre la mort de ses parents presque coup sur coup et son voyage jusqu’à L.A. qui l’avait déraciné, on aurait pu croire que Johnatan y aurait laissé un peu de sa joie de vivre, de sa jeunesse… Et j’étais ravi de voir que ce n’était pas du tout le cas !

Il me montra fièrement la cachette de Nameless et il avoua que, peut-être, cette particularité de son nouvel habitat l’avait séduit.

Une chose était sûre : Nameless était un personnage vivant, qui avait une âme. Johnatan arrivait à faire cela, et je pensais que ce n’était pas donné à tout le monde.

-Ce que je trouve pas mal c’est que, quelque part, Nameless a une existence en dehors de la scène. Il est une partie de toi, secrète, mais bien vivante…

Je fis la moue, trouvant que je n’arrivais pas bien à exprimer ce que je pensais.

-Je ne trouve pas les mots juste. Mais en gros, Nameless est plus qu’un masque, c’est un personnage abouti. Rien que son origine, le lien avec ton père, en fait quelque chose d’unique.

Johnatan nous servi alors un verre à chacun et on trinqua… Lui ajouta un toast à notre collaboration. Je souris.

-Je ferai tout mon possible, en tout cas.

Il me raconta un peu l’histoire de son appartement qui, malheureusement, avait vu une vieille dame se faire probablement arnaquer… J’étais un peu fataliste, parfois, mais je voyais aussi l’avantage qu’avait pu en tirer mon protégé. Johnatan, lui, apparemment, s’en venait un peu mal pour la dame en question. Il disait être trop sentimental.

-Ou je ne le suis pas assez… C’est probablement ce qui fait de toi un artiste et pas moi.

Je trouvais son appartement très bien rangé et il déclara que non seulement il n’était pas là depuis longtemps (j’en conclus qu’il estimait donc ne pas encore avoir eu le temps de foutre le bordel) mais il avait également un rencard !

Mon visage s’illumina.

-Ah ah ! Enfin ! Et elle est comment ?

Cette histoire d’appartement bien rangé m’avait amené à faire une comparaison avec mon personnage de Datalore dans Spaceship… Et Johnatan s’étonna que j’ai pu faire un peu de cinéma.

-Faire du cinéma c’est beaucoup dire, tout comme je n’ai pas la prétention de me qualifier d’acteur. C’était en 1970… j’ai participé à quatre épisodes de Spaceship. je jouais un androïde qui avait l’ambition de devenir humain…

Je haussai les épaules.

-Mais bon.. Etant le meilleur ami de Stephen Shran qui était le réalisateur de la série, c’était un peu facile. J’étais pistonné.

Je regardai vers l’écran de la télévision où les petits bolides continuaient de tourner.

-Je te montrerai sur VHS un ou l’autre épisode, à l’occasion, si tu veux. J’étais encore jeune et beau, à ce moment-là…

J’eus un petit rire et repris une gorgée de Martini.

J'explique à Brent pourquoi il y avait une assiette sur la table. Et il semblerait que ça l'amuse et qu'il aurait aimé voir !

Effectivement, tu aurais pu rigoler, parce qu'à mon avis, c'était vraiment ridicule !

Je ris, puis je fini par montrer à Brent la cachette de Nameless. Et j'avoue à Brent que cette particularité qui m'a fait choisir cet appartement. Et il me dit qu'il est content de voir que Nameless n'est pas juste un personnage, mais qu'il est humain lui aussi.

Disons que je pense que pour que Nameless marche, je dois le rendre humain pour communiquer avec le public, et en plus, il y à toute l'histoire avec mon père, ça m'aide pas mal, j'avoue.

Je sers les verres et trinque à mon appartement et la collaboration entre nous.

On est bien parti en tout cas !


Je parle aussi du fait que l'apparemment à dû être volé à une vieille dame et je dis à Brent que je suis peut-être trop sensible. Mais Brent me dit qu'il ne l'est peut-être pas assez.

Puis, on vient à discuter de l'état de l'appartement. Je lui dis que ça ne fait pas assez longtemps que je suis là pour avoir mis mon bordel et qu'en plus Julia venait ce soir.

C'est une petite blonde qui a joué dans Galactic War. Elle s'appelle Julia. Hugh m'a dit que ce n'était pas fou, mais bon, je vais voir !

Je ris, puis Brent vient à me dire qu'il a été acteur. Il à participer à quatre épisodes de Spaceship. Et qu'il avait été pistonné. Il avait une VHS à me montrer.

Je veux bien voir ça, ça pourrait être sympa ! Et si jamais, j'ai bien envie de faire du cinéma avec Nameless si ça peut intéresser quelqu'un !

On ne sait jamais, après tout !

-Bah, le ridicule ne tue pas, t’inquiète…

Tant qu’il s’amusait, hein ? Il ne faisait de mal à personne, après tout. Et je préférais être le manager d’un jeune gars qui savait s’amuser que d’un jeune gars qui avait la mentalité d’un homme de 80 ans. Qu’il reste un gamin le plus longtemps possible ! Qu’il prenne son pied dans la vie ! C’était tout ce que je lui souhaitais.

On en revint à Nameless, le personnage de Johnatan. Il tenait à ce que le musicien et chanteur masqué ait un contact avec son public malgré, justement, ce masque qui pouvait sembler mettre une distance entre lui et son public.

-Pour t’avoir vu en live, je sais que ton pari est déjà réussi. Même masqué, tu arrives à transmettre des émotions… Donc…

On trinqua avant de parler un peu de son appartement, puisque c’était la star du jour… Et tout ça nous amena à parler de l’ordre ambiant qui n’était pas tout à fait un hasard. Car aujourd’hui, Johnatan n’avait pas prévu que ma visite ! Il avait un rencard !

Je voulus donc, en gros curieux que j’étais, en savoir plus ! Et il m’annonça que c’était une jeune actrice de Galactic Wars ! J’étazis content pour lui et mon visage était lumineux à l’idée que son univers s’ouvre un peu.

-Aaah c’est donc Hugh qui t’a rencardé ! C’est bien, c’est comme ça qu’il faut faire ! Sortir, faire la fête et rencontrer un maximum de gens. Non seulement, tu vivras des aventures, mais en plus, tu vas finir par te faire un carnet d’adresses qui, artistiquement, pourrait t’être précieux !

Je frottai mon menton.

-J’ai vu les premiers épisodes de Galactic Wars et comme Hugh, je ne peux pas vraiment être objectif à ce sujet, étant un pro-Spaceship… Cela dit, je vois qui est ta Julia, je pense. Julia Griffin ? Elle est blonde en vrai ? Dans Galactic Wars ils l’ont maquillée en vert et elle a des cheveux noirs. Elle joue une esclave alien.

En parlant de ça, j’en vins à dévoiler ma brève expérience au sein de Spaceship et ça emballait Johnatan de voir un peu ce que j’avais fait.

-Je te montrerai ça à l’occasion. Les vieux épisodes de Spaceship repassent aussi de temps en temps à la télé…

Je souris.

-Et qui sait, concernant Nameless. Tu es encore très peu connu, mais avec le temps et si tout va bien, peut-être que des réalisateurs s’intéresseront à ton personnage. Ou qu’on te proposera de jouer des parties live dans des films.

Je pris une gorgée de Martini.

-On est à L.A., tout peut arriver, tout est possible. Mon seul conseil c’est « saute sur les occasions, mais ne te prend pas la tête à essayer de forcer les choses. ».

Brent me dit que le ridicule ne tue pas. En effet, piloter une voiture depuis mon canapé avec une assiette, ça pourrait être ridicule et drôle, mais ça ne devrait pas me tuer, en effet !

Tu as raison, il faut que je m'amuse, en effet.

On en vient à parler de Nameless. Et Brent me dit que ce que je veux faire avec Nameless marche, puisque malgré le masque, j'ai réussi à communiquer avec le public.

Certes, c'est pas facile, mais si tu me dis que ça marche bien, alors je te crois !

On trinque et on parle de l'appartement. Je lui dis que je n'ai pas eu le temps de mettre le bordel depuis le temps que je suis ici. Et que Julia venais aussi me voir le soir.

Ouai Hugh m'a amené au bar et j'ai réussi à amener la chose gentiment, mais ça n'a pas été facile. Mais bon, il semblerait que je m'en sois bien sorti ! Et je t'avoue que j'avais l'impression de ne pas être à ma place à cette soirée et encore plus quand j'ai menti sur ma carrière. J'ai dit que j'étais musicien de session et que j'avais échouer les tests pour entrer dans Nameless !

Je préfère dire la vérité à Brent, on ne sait jamais si ça devait pour une raison ou une autre lui remonter aux oreilles. Puis, il commence à me parler de Galactic War. Il ne peut pas être objectif, ce que je peux comprendre, il a joué dans Spaceship donc vu que les deux séries se ressemblent sur pas mal de points.

Oui Julia est une belle blonde. Après, le rôle n'a pas trop d'importance à mes yeux tant qu'elle s'amuse et qu'elle prend de l'expérience, c'est tout bénéfique pour elle.

Puis il vient à me parler de Spaceship et il me propose de regarder de vieux épisodes où il joue dedans.

[b] Yep je suis sûr que tu te débrouillais bien ! Et pour Nameless je vais voir les opportunités, mais je veux bien être acteur. C'est surement différent de jouer un rôle que de faire de la musique.

Tous les deux installés dans le petit salon, la conversation allait bon train. On parlait de tout, de rien, de l’importance de s’amuser et de Nameless qui semblait correspondre tout à fait à l’idée que Johnatan s’en faisait en le créant.

Mais ! Il y avait encore mieux ! Puisque Johnatan m’annonça que ce soir, il allait recevoir la visite d’une jeune actrice nommée Julia. Je savais que Johnatan doutait de ses capacités à séduire, qu’il se trouvait trop maladroit pour draguer.

Ce que je découvrais aussi, c’était que Johnatan commençait à sortir dans le milieu de la jet-set et du monde culturel de L.A. Je trouvais ça vraiment bien ! Hugh l’avait aidé à faire ses premiers pas dans ce monde.

Cependant, il ne s’y sentait pas encore à l’aise. Il disait avoir eu l’impression de ne pas être à sa place à cette fête où il ne s’en était pourtant pas si mal tiré.

-Oh, tu sais, tu mettras peut-être du temps avant de te sentir chez toi dans la jet-set… Et peut-être même que tu ne t’y sentiras jamais chez toi.

Je haussai les épaules.

-Personnellement, la jet-set m’amuse. Je ne pense pas ressembler à des gens comme Jimmy Reed ou Daniele Ricci qui, eux, sont nés dedans. J’ai toujours été, avec Stephen Shran, une sorte d’outsider… Et je pense que je le resterai toujours.

Johnatan m’avait dit qu’il s’était inventé une carrière qui n’était pas tout à fait la sienne, dans le souci de protégé le secret de Nameless.

Je souris.

-Tu fais bien de me le dire, on ne sait jamais que je doive un jour sortir un mensonge pour protéger ton secret… Autant que nos versions soient les mêmes.

Quant à Julia Griffin, la jeune femme qu’il avait rencontrée et qu’il devait revoir aujourd’hui, elle jouait dans Galactic Wars et je réussi à la reséituer, même si apparemment, Maxwell, le réalisateur, l’avait complètement métamorphosée en alien esclave verte et sexy.

-Quand on est acteur et qu’on débute, crois-moi, tous les rôles sont bons à prendre. Le tout est d’être vu le plus souvent possible à l’écran.

Johnatan ne me cacha pas qu’il aurait aimé faire du cinéma… Masqué, si je comprenais bien. Peut-être que des occasions s’offriraient à lui, mais je lui conseillai de ne pas courir après.

-C’est bien d’avoir des rêves et des projets, je ne te bloquerai jamais. Mais crois-moi, fait ta musique et probablement que le reste arrivera tout seul si ça doit arriver. Mais effectivement, être acteur, c’est encore un autre exercice que de performer sur scène.

Je bus une gorgée de Martini.

-Tu auras peut-être l’occasion de t’y essayer… Mais je pense quand même que ton truc, ce n’est pas l’acting. Ton truc, c’est la musique.

Vu qu’il n’en était qu’au balbutiement de sa carrière, je préférais le canaliser, le faire se concentrer sur une seule chose plutôt que de le laisser s’éparpiller.

On était installé et on discutait de tout et rien. De moi, de Nameless de la jet-set, enfin toutes ces choses que je vis en ce moment, quoi ! D'ailleurs, je lui ai dit que je ne me sentais pas à ma place. Et il me dit que je vais m'y faire un jour. Ou peut-être jamais. Il me dit que lui s'amuses et qu'il est un genre d'outsider là-dedans. Je lui souris.

Moi aussi, alors je suis un outsider ! Je ne suis absolument pas née là-dedans, loin de là !

Puis je viens à lui parler du mensonge que j'avais inventé au sujet de ma carrière. Ce serait dommage que Brent gâche tout parce que j'ai oublié de lui dire ce que j'ai raconté. D'ailleurs, il me dit que je fais bien de lui dire !

C'est pour éviter tous les soucis que je t'en parle ! On ne sait jamais.

Je préfère couvrir mes arrières. Puis, on vient à parler de Julia. Il me dit que quand on est acteur, on prend tous les rôles pour être au maximum à l'écran.

Je comprends le truc. Après, j'espère que ça va lui réussir plutôt qu'au contraire la faire régresser et qu'on se souvienne juste qu'elle a fait des films ou des séries pas folles.

Tout comme j'espère qu'on se souviendra des bons albums plutôt que des mauvais si j'ai le malheur d'en faire. Je parle aussi à Brent du fait que l'acting pourrait m'intéresser. Il me freine et me dit de me concentrer plutôt sur la musique.

On est sur la même longueur d'onde alors ! Je veux juste te faire savoir que si tu as une offre pour faire de l'acting ça me branche !

Je bois une gorgée de mon Ricard en souriant.

Johnatan m’avoua que, pour avoir fait un petit tour avec Hugh chez Jessica Hill, il ne s’était pas vraiment senti chez lui au sein de la jet-set. Je lui déclarai alors que moi-même, après 30 ans à parcourir cette même jet-set en long et en large, je restais un outsider… Toujours là mais sans vraiment adhérer à tout, connaissant les règles mais n’en respectant que la moitié.

Johnatan, lui, déclara ne pas être né dans ce monde-là.

-Je l’avais bien compris, ça. Et crois-moi, ce n’est pas forcément un désavantage. Moi, j’avoue être quand même dedans depuis longtemps… Mais ce qui m’a aidé, c’est de ne jamais avoir eu une grande renommée….

Je pensai alors à Livia, qui avait signé récemment avec moi et qui avait sorti depuis son premier album sous le label MTI.

Je pinçai les lèvres, un peu stressé, et en même temps excité, à l’idée de la notoriété que j’allais acquérir pour être le manager de la jeune femme.

-Ça risque de changer incessamment sous peu avec la signature de Livia et je croise les doigts pour savoir gérer.

Une chose était sûre : je n’allais pas changer. Je vivrais toujours et appréhenderais toujours les choses de la même façon. Je n’allais pas prendre la grosse tête tout simplement parce que ce n’était pas dans mon caractère.

Johnatan, lui, me raconta sa ruse pour garder l’anonymat de Nameless. C’était bien qu’il me le dise comme ça on serait sur la même longueur d’onde si jamais on se mettait à me poser des questions sur le jeune homme. Il m’avait déjà dit que peut-être un jour, il dévoilerait son identité sous le masque, mais ce n’était pas pour maintenant et j’étais bien d’accord avec l’idée !

Qu’il laisse le mystère Nameless grandir… Qu’il laisse les gens se familiariser avec sa musique et le nombre de ses fans grandir. Plus tard, on verrait bien. De toute façon, le choix reviendrait à Johnatan et rien qu’à lui. Parce que c’était son projet, je n’étais là que pour l’aider. Pas pour décider à sa place.

Outre tout ça, Johnatan avait un rencard avec Julian Griffin, une jeune actrice de Galactic Wars ce qui nous amena à parler acting et de la difficulté pour des acteurs débutants à obtenir des rôles… Ce qui les poussait à prendre tout ce qui venait, bon ou mauvais, juste pour avoir du temps à l’écran et se faire connaître. Johnatan souhaitait à la jeune femme de réussir et je souris.

-Tu devrais lui dire à elle ce que tu viens de me dire. Ça te fera gagner des points. La gentillesse est toujours payante, j’en sais quelque chose.

Au-delà de ça, Johnatan souhaitait lui-même toucher à l’acting. Je ne voulais pas l’en empêcher, mais mon rôle de manager consistait aussi à le faire se concentrer sur une chose à la fois. Il n’était pas rare que des chanteurs et musiciens aient des projets cinéma, mais ça n’arrivait, en générale, que quand ils avaient déjà acquis une certaine notoriété… Comme par exemple Livia, chanteuse de renommée internationale, qui s’était récemment lancé un petit défi cinéma dans un film sans grande prétention.

Johnatan n’en était pas encore là.

-Si on me fait des propositions cinéma pour Nameless, je te le ferai savoir, promis.

Je finis mon premier verre de Martini.

-Je reveux bien un verre, s'il te plait. Ah, au fait… Pour le claviériste que tu souhaites avoir sur ton prochain album, on prendra probablement un musicien de session de MTI. Par contre, pour le chœur féminin que tu voulais, je pense que ce serait intéressant de passer une annonce dans les magazines pour essayer de découvrir de nouvelles voix…

Je souris.

-Qui sait aussi si quelqu’un de déjà renommé de tenterait pas le coup… Qu’est-ce que tu en penses ?

On discutait avec Brent de la jet-set. Je lui disais que je n'étais pas née là-dedans et que je ne me sentais pas à l'aise. Il me répond que ce n'est pas un désavantage et que lui y est depuis longtemps, mais qu'il n'a jamais eu une grande renommée. Je le regarde et souris quand il me dit que maintenant que Livia a signé avec lui, chez MTI ça allait peut-être changer.

J'avoue que si tu pouvais attendre que ce soit moi qui te rende célèbre, ça me plairait plus que si c'était elle. Mais bon, si ce n'est pas le cas, tant pis. Tant que tu ne me délaisse pas, moi ça me va !

Moi, c'est surtout ça qui me terrifiait ! Perdre mon deuxième papa, ce serait horrible, je ne sais pas si je tiendrai le coup cette fois-ci. Puis je viens à lui parler du mensonge que j'avais inventé pour garder le secret de Nameless. Et il me dit que j'ai bien fait de lui dire. Puis, on vient à parler de Julia. Je fais des compliments et Brent me fis rire quand il me dit que je ferais mieux de lui dire à elle plutôt qu'à lui.

C'est déjà fait, tu crois quoi ? J'ai quand même les bases.

Puis je viens lui exposer mes envies de cinéma. Il me dit de me concentrer sur la musique, mais que s'il a une proposition, il m'en parlerait.

Moi ça me va. Heureusement que je suis avec toi... Monsieur Evans ne me laisserait pas autant de liberté, il me l'a bien dit.

Brent finit son verre et m'en redemande un. Je lui sers et il me parle de la suite de Nameless. Pour le claviériste il me dit qu'on passera par MTI. Mais que pour les chœurs il serait surement interessant de passer par un magazine.

Oh toi, t'as une idée en tête, non ?

Je lui souris.

Je fus un peu surpris quand, en parlant de Livia, Johnatan m’avoua qu’il aurait eu plus envie que ma propre renommée soit liée à la sienne. Voilà qui aurait pu encore passer un peu pour de la prétention, mais non… En le laissant s’expliquer plus avant, je me rendis compte que ce dont il avait peur, c’est que je le délaisse au profit de Livia.

Je souris.

-Ne t’en fais surtout pas. C’est justement de toi et Eleanor que je vais m’occuper. De Livia aussi, bien sûr, mais elle connait déjà un peu le business, elle a moins besoin d’être « maternée » que vous.

Je rigolai…

-Et dans ma bouche, « materner » n’est pas péjoratif. Ça exprime surtout le sentiment protecteur que j’ai envers mes artistes, surtout ceux qui débarquent et qui ont tout à apprendre.

Il me parla alors de Julia Griffin avec qui il avait rendez-vous ici même ce soir… Et je rigolai encore quand il déclara que, les compliments que je lui disais de donner à la jeune femme, il lui avait déjà dit.

-Parfait alors ! Tu n’as plus qu’à continuer sur ta lancée !

Parlant ensuite de projet, Johantan manifesta de la curiosité pour le cinéma. Peut-être parce qu’il était sur le point, si tout allait bien, d’entamer une relation avec une actrice. Je ne voulais pas lui couper les ailes, mais je ne voulais pas non plus qu’il s’approche trop du soleil comme l’avait fait Icare.

Il déclara alors, assez satisfait, que Timmy Evans ne lui aurait pas laissé autant de liberté. Je haussai les épaules, avec sur le visage une moue comique.

-On a pas la même façon de travailler. Mais je ne dirais pas que je suis meilleur, loin de là. Evans est strict, mais il faut se rendre à l’évidence que ça fonctionne.

Même si pour l’instant, il était dans une période creuse avec The Burning Fire et que BleedingHeart était allé voir chez BSC si l’herbe était plus verte.

Tant qu’on en était à parler plus ou moins boulot, j’expliquai à Johnatan comment je comptais faire pour réaliser ses désirs concernant son prochain album au maximum. Pour le claviériste, je faisais confiance aux musiciens expérimentés de chez MTI…

Pour les chœurs, par contre, j’étais tenté de faire autrement. Johnatan eu alors un sourire espiègle qui attira le mien alors qu’il me resservait un Martini.

-Une idée ? Pas vraiment. Juste une approche un peu différente de l’approche classique. Je me dis que si on passe une annonce, on aura plus de chance de tomber sur quelqu’un de plus original que ce que MTI a à nous proposer. Voire même sur une surprise ! Qui sait si une star ou l’autre ne voudra pas tenter le coup ?

Je me penchai un peu plus vers lui.

-C’est bien un chœur féminin, que tu veux ? On est bien d’accord ? Que je sache quoi mettre dans l’annonce.

Je voyais que Brent était surpris quand je lui dis que j'espérai que je le rendrai célèbre. Mais quand je lui dis que c'était parce que j'avais peur que Livia me prenne Brent et que je me retrouve seul. Mais il me rassure en me disant qu'il va nous materner, toi et Eleanor. Il me dit que quand il parle de nous materner, ce n'est pas péjoratif, mais juste le sentiment qu'il exprime quand il nous protège et ce genre de choses.

Je vois l'idée. Pardon si je suis passé pour un prétentieux. C'est juste que je ne veux pas perdre mon second papa, tu vois ?

Puis, on vient à parler de Julia. Je lui disais tout le bien que je pensais d'elle et le fait que j'espérais qu'elle réussit sa carrière, je fais rire Brent et ce dernier me dit que c'est plus à elle que je dois faire le compliment et pas à lui. Et quand je lui dis que c'est déjà fait, il m'encourage à continuer. Puis derrière, j'enchaine avec l'idée de faire un peu de cinéma. Brent me tenait un peu en me disant que je devais me concentrer sur la musique et que s'il avait des propositions pour Nameless au cinéma, il me le fera savoir. Je lui dis que j'étais content de l'avoir comme manager plutôt que Evans parce que lui m'aurait surement complètement freiné.

Moi je pense que tu as eu moins de chances que lui, c'est tout, tu mérites toi aussi de réussir.

Et je suis sincère quand je dis ça. En effet, pour moi, Brent mériterait d'être célèbre. Bref, ont fini par parler boulot et il me dit que pour le claviériste, il me dit que les artistes de MTI en sont capables. Mais que pour les cœurs, il fallait mettre une annonce dans un journal. Je lui dis qu'il à surement une idée derrière la tête, mais que non. Il pense juste trouver quelqu'un de plus original. Et après, il me demande si c'est une voix de femme que je cherche.

Je vois. Tu penses que personne ne va essayer de découvrir qui est Nameless ? Tu vas encore me dire que je suis parano, mais tant pis ! Et oui, j'aurais une préférence pour une voix de femme !

Je ris en me grattant l'arrière du crâne.

En fait… Johnatan avait peur. Il était vrai que quand il avait signé, il était devenu mon protégé le plus prometteur Mais après, avec l’arrivée de Livia et Eleanor, il avait dû se mettre à partager, même si je m’occupais quand même plus de lui que des deux autres qui avaient déjà un petit bagage dans le monde du spectacle.

Sauf que Johnatan s’exprimait tellement mal que ce qu’il pouvait dire pouvait passer pour de la prétention. Mais non, ce n’en était pas et il s’en excusa, déclarant qu’il avait peur de perdre son deuxième père.

Je lui souris, à la fois bienveillant et un peu ému.

-C’est un honneur d’être considéré comme tel. Mais ne t’en fait pas, je serais toujours derrière toi. Si tu as un problème, je répondrai présent.

C’était comme ça que j’avais toujours travaillé et je ne voyais pas de raison d’en changer.

Avec tout ça, il était content qu’Evans ne soit pas son manager. Il avait l’impression que l’Anglais lui donnerait moins de liberté, notamment. Rien n’était moins sûr. Néanmoins, c’était l’idée que Johnatan s’en était fait.

Le fait était qu’en travaillant comme il le faisait, Timmy Evans, qui était dans le business depuis moins longtemps que moi, avait une plus grande renommée, qu’on l’aime ou pas.

Johnatan, lui, remettait ça sur un manque de chance. Je me frottai le menton, réfléchissant.

-Oui… Un manque de chance ou trop de prudence de ma part…

Je n’étais pas comme Daniele Ricci qui jouait la vie de ses protégés sur des coups de poker comme il l’avait fait avec The Army… Et on avait vu ce que ça avait donné. Mais bon, ça ne l’avait pas empêché de devenir célèbre.

Bref… Tout en sirotant mon Martini, j’exposai ma future stratégie à Johnatan, concernant son projet et ce qu’il voulait en faire. Il semblait pas mal d’accord avec mes idées, mais il y avait toujours la même chose qui le turlupinait… Je rigolai, secouant doucement la tête avant de lui répondre.

-Ok pour une voix féminine alors. Je saurais quoi mettre dans l’annonce.

Je regardai alors Johnatan dans les yeux.

-Et pour ce qui est de l’identité de Nameless… J’imagine que tu as bien conscience que tu ne pourras pas la cacher aux gens qui vont travailler avec toi. Il faudra bien que tu te monde à cette choriste et à ce claviériste. Tu ne pourras pas porter ton masque en permanence quand ils seront là, en studio, pour bosser…

Je passai ma langue sur mes lèvres.

-Mais, si ça peut te rassurer, quand on aura trouvé ces deux artistes pour t’accompagner, je pourrai leur faire signer une clause de confidentialité pour leur faire promettre de ne pas révéler qui tu es…

J'avais fait part à Brent de ma crainte concernant le fait de le perdre suite à la signature de Livia. Mais il me dit que si j'avais besoin de lui, il serait toujours là.

Merci beaucoup, Brent, je veux aller sur le toit du monde et je veux que tu viennes avec moi !

Ce serait la meilleure façon de le remercier. Puis ensuite on en vient à parler de Timmy Evans. Je lui dis que lui m'aurait déjà coupé les ailes concernant le cinéma. Alors que Brent lui m'encourage, mais me retient. Il me dit que c'est surement grâce à ça qu'Evans a réussi et pas lui. Je lui dis que c'est un manque de chances, mais il me dit que c'est peut-être ça ou qu'il est trop prudent.

Je pense surtout que tu nous vois comme des humains et pas des machines à frics, contrairement à d'autres.

Puis, on vient à parler de la suite pour Nameless et il me propose de prendre un claviériste de MTI et passer une annonce dans un journal pour les cœurs. Et comme d'hab, j'ai peur de dévoiler mon identité.

Disons que pour les auditions, je garde le masque, mais je le retire quand on aura choisi nos musiciens.

Puis Brent me dit qu'il pourra rajouter une clause de confidentialité.

Bonne idée, ça couvrira mes arrières !

Je souris quand Johnatan, très motivé et avec toute la fougue de sa jeunesse, annonça qu’il voulait atteindre des sommets et qu’il voulait m’emmener avec lui. Ça, ce n’était pas de la prétention ni de l’arrogance. C’était de l’ambition… De la bonne ambition. Parce que personne n’allait nulle part sans ambition.

Je levai mon verre.

-L’aventure ne fait que commencer !

Je sentais qu’avec Nameless, il y avait moyen d’aller loin. Je ne le disais pas trop à Johnatan parce que je ne voulais pas qu’il s’emballe trop. Mais c’était là mon ambition à moi. Il était un artiste complet, ne lui manquait plus que le coup de pousse technique derrière, ce qui était mon job… Ah… et aussi un recadrage de temps en temps quand il partait un peu en roue libre et disait n’importe quoi.

J’allais devoir faire attention à ça, pour le bien de Johnatan. Je ne voulais pas qu’il donne au journaliste une fausse idée de ce qu’il était simplement parce qu’il s’exprimait mieux en chanson qu’en mots.

Il me fis alors un très beau compliment en disant que je les traitais, lui et les autres artistes qui me faisaient confiance, comme des humains et que je ne voyais pas en eux un prétexte pour faire de l’argent, sans plus.

Je haussai les épaules.

-Vous êtes des humains. Et vous, artistes avez une sensibilité particulière. Alors effectivement, il faut faire très attention à vous. Vous êtes des personnes précieuses… Et votre musique est un cadeau. Je ne vois pas comment je pourrais vous traiter autrement.

Pour ce qui était du claviériste et de la choriste que Johnatan voulait voir figurer sur son second album, je discutai avec lui des derniers détails, car j’avais bien l’intention de mettre tout ça en route assez vite. Johnatan était productif, il fallait que je suive derrière pour ne pas le freiner.

Il s’en faisait pour l’identité de Nameless et je le rassurai direct. Il voulait garder son masque pour les auditions.

-Ça va de soi, c’est parfaitement logique que tu ne te dévoiles qu’à ceux que tu auras choisi.

Il voulait quand même bien la clause de confidentialité… Heureusement que j’avais l’habitude de la paranoïa et de sa gestion… Depuis les années que je fréquentais Shran.

-Ok, on fera comme ça…

On continua à boire, à manger et à parler encore un très long moment, de tout, de rien et ce fut très agréable. Puis, sans qu’on ait vu le temps passer, on sonna à la porte.

Je regardai Johantan avec de grands yeux.

-Merde ! Ça doit être Julia Griffin, non ? Je vais vous laisser en tête à tête…

Mais au moins, j’allais, au passage, la croiser et je pourrais voir à quoi elle ressemblait sans son maquillage d’alien de Galactic Wars…

Brent souris quand je lui dis que je voulais qu'on aille sur le toit du monde ensemble. Il me dit que l'aventure ne fait que commencer.

Ah ça, oui, ce n'est que le début du succès !

On trinque à nouveau. Puis je lui disais qu'il ne nous prenait pas pour des machines à fric, mais pour des humains. Brent me dit qu'on est des êtres sensibles  et que notre musique est un cadeau et qu'il ne peut pas s'occuper de nous autrement.

Je ne sais pas, les autres eux n'ont pas de pitié pour leurs artistes.

Puis, on vient à parler travail. Brent me parle des derniers détails pour le claviériste et la choriste. Je lui fais part de ma crainte concernant le fait de dévoiler mon visage, mais Brent est d'accord avec moi pour que je garde mon masque pour les auditions et une clause de confidentialité quand on aura trouvé la personne.

Moi ça me va !

Puis, on continue de parler de tout et de rien et d'un coup, on entend la sonnette de l'appartement. Brent me dit que c'est surement Julia.

Merde ! Je n'ai pas vu l'heure ! Au pires restes un peu avec nous si tu veux ! On regardera Galactic Wars après !

Je lui souris, me lève et ouvre la porte.

Salut Julia ! Je t'en prie entre !

Je la fais rentrer, elle était habillée dans une belle robe noire avec des talons haut tout aussi noir que la robe et un sac à main beige, je lui fais la bise puis elle se tourne en direction du salon.

Attend, mais c'est... Brent Hughes ? Tu ne m'avais pas dit qu'il était ici !

Je la regarde en me grattant l'arrière du crâne.

Je l'ai invité pour voir l'appartement, et puis on n'a pas vu l'heure et voilà !

Elle me regarde en rigolant, puis se rapproche de Brent.

Je suis Julia Griffin enchantée, monsieur Hughes !

La petite blonde garde son grand sourire.

Je devais dire que je passais un moment très agréable avec le jeune Silverwood… Dans la sécurité de son nouvel appartement, il me semblait plus détendu, moins sur ses gardes. C’était très bien de s’être inventé un personnage comme Nameless, mais évidemment, la peur d’être démasqué allait de pair avec ça. Mais avec le temps, j’avais bon espoir qu’il apprenne à relativiser. Après quelques concerts et deux ou trois événements, il allait voir que tout allait bien se passer et que personne ne chercherait à lui arracher son masque, littéralement ou au sens figuré, avant qu’il n’ait décidé lui-même de se dévoiler… Si toutefois, c’était son but à long terme.

Il me complimenta sur ma façon de travailler et je lui déclarai que, pour moi, il n’y en avait pas d’autre. J’étais là pour les aider, les protéger et leur montrer la voie sans la leur imposer pour autant…

Bref, avec tout ça, le temps commença à filer sans qu’on s’en rende compte. Ni lui, ni moi n’avions fait attention à l’heure et j’avais presque sursauté quand la sonnette avait retenti ! Merde ! J’empiétais sur son rencard, là !

Mais alors qu’il se levait, Johnatan me proposa de rester un peu avec eux, il ajouta qu’ils allaient regarder Galactic Wars…

Je souris.

-Je ne voudrais pas m’imposer ! Non, je vais y aller. Je vais rester juste le temps de dire bonjour à Julia, histoire de ne pas partir comme un voleur et puis…

Mon sourire se fit espiègle.

-Je te laisserai continuer ce que tu as initié avec elle.

Je lui fis un clin d’œil complice.

Il fait alors entrer la jeune femme dans l’appartement. Elle était très élégamment vêtue, ce qui signifiait qu’elle voulait faire une belle impression à Johnatan. Je me levai à mon tour quand elle entre dans le salon et je lui tendis la main quand elle s’exclama.

-Bonsoir… Je vois que vous me connaissez… Je suis un ami de Johnatan. Je l’aide à trouver sa place chez MTI.

C’était un peu un mensonge… Et en même temps, non… En tout cas, ça suivait la trame de l’histoire inventée par Johnatan pour protéger Nameless. Elle se présenta à son tour.

-Je sais qui vous êtes. Je vous souhaite que Galactic Wars soit un tremplin pour votre carrière.

Je m’étirai et passai mes mains dans mes cheveux.

-Bon, les jeunes, je vous laisse. Merci pour l’apéro, Johnatan. Et dès demain, je me penche sur ce dont on a parlé…

Je souris à tous les deux.

-Amusez-vous bien !

On passait vraiment un super moment avec Brent, enfin, il semblerait, puisqu'il n'est pas encore parti. J'étais bien plus détendu qu'à l'extérieur, je suis dans mon cocon et je me sens en sécurité. Et je pense que Brent le ressent. On discutait de tout et rien jusqu'à ce que la sonnette de l'appartement retenti. Merde, c'est Julia qui arrive ! Pas grave, je dis à Brent qu'il peut rester s'il le souhaite, mais il préfère partir et me laisser seul avec Julia. Il me fait un clin d'œil.

Se serait exceptionnel de conclure ce soir !

Je lui souris et ouvre la porte à Julia. Elle entra et fut surprise de voir Brent.

Vous êtes le nouveau manager de Livia, évidemment que tout le monde vous connaît ! Et puis vous êtes aussi le manager de ce nouveau groupe Nameless ! En tout cas, c'est gentil de votre part d'aider Johnatan à se faire une place, j'aimerais avoir quelqu'un comme ça à mes côtés aussi !

Elle ce présente à Brent qui la connaît déjà.

Je suis flatté. J'espère que ce rôle sera mon tremplin ! J'ai envie, comme Johnatan de vivre de ma passion !

Je souris puis Brent nous salut !

Merci d'être venu, Brent, profite bien de ta soirée. Et pas de soucis, ne te précipite pas, on a le temps !

Je lui souris et Julia me regarde.

Tant de mystère ! Je ne te demanderai pas ce que c'est, je veux me laisser la surprise !

Je lui souris puis Brent nous souhaite de bien nous amuser !

Au revoir monsieur Hughes !

A bientôt Brent !