<< Première partie

Cette artiste, c’était Livia. Je l’avais fait appelée par un roadie qui était, au passage aller chercher d’autres groupies. Quand je sortis de la loge il s’en alla voir le reste de The Lightening pour voir s’il pouvait faire entrer quelques filles. Ils allient pouvoir en profiter. Ils le méritaient. On avait géré ce soir.

Les filles en questions étaient apprêtée pour la cause. Je savais que bien des groupies utilisaient pas mal de stratagèmes pour finir dans les loges des artistes. C’était un petit jeu qui convenait à tout le monde qui n’était pas sans me rappeler le jour où j’étais tombé amoureux d’une groupie. Une de mes quelques relations qui avaient échouées.

Savannah, Ruby, April… Tant d’échecs. Mais, ce soir, j’étais libre de tout ça. Ma rupture brutale avec April avait été difficile à avaler mais j’avais fini par la digérer. Grâce à Cash. Grâce à Shiri. Grâce à Liam. Grâce à The Lightening. Grâce à la musique.

-Livia attends devant ta loge, Billy.

J’hochai de la tête me dirigeant vers ma loge qui se situait un peu plus loin dans les coulisses. Livia était là mais il y avait aussi d’autres filles choisies par les roadies pour moi. Des blondes… Des brunes… Des rousses… Il y en avait six en dehors de Livia. Mais c’était elle à qui je voulais parler en priorité.

J’ignorai, donc, les autres pour me placer devant la jeune artiste.

-Livia… Bienvenue chez MTI.

Elle avait récemment changé de maison de disques. J’avais appris ça quand son album était sorti. Je savais que c’était une bonne prise pour la maison de disques. Moi toutes ces choses là n’avaient pas d’importance. Ce qui comptait, c’est la musique. Les managers et le business avait toujours été un casse-tête inutile pour ma part.

-Entre… Uniquement toi. J’ai envie de discuter.

Je n’avais pas même pris la peine de savoir si elle était accompagné de l’une de ces autres filles ou non. Je ne voulais qu’elle de toute façon.

Je la fis entrer et fermai la porte derrière nous. Ici aussi il y avait du champagne. Je l’ouvris avant de boire un coup à la bouteille et de tendre la bouteille à Livia.

-Pour ton entrée chez MTI et pour la réussite de mon concert. Ça fait pas mal de choses à fêter.

J’esquissai un petit sourire.

-Le concert… Tu as aimé ?

Depuis même avant mon départ pour l’Afrique, je n’avais fait que prendre de grandes décisions, poser de gros gestes aux conséquences non négligeables. J’avais fait un gros ménage dans ma vie et dans ma tête. Le concert de ce soir prenait donc un peu les allures d’une récompense après autant de remaniement sentimental, professionnel, émotionnel et physique.

Jess et moi avions danser et chanter.

Nous avions bu aussi.

Un peu.

Mon amie s’était fait inscrire un numéro de téléphone sur le bras par un mec qu’elle ne connaissait même pas. Un truc à se raconter et à raconter encore dans quelques semaines. Peut-être qu’elle lui donnerait une chance, nous n’en avions pas discuté, elle et moi puisque nous avions été abordés par Jake Snyder et sa petite amie, deux perles d’humains, ça ne faisait aucun doute.

Psi le spectacle s’était terminé, malheureusement. J’en aurais pris encore et encore, j’aurais très bien pus rester là toute la nuit à chanter et danser, m’étourdir dans l’univers particulier et unique de The Lightening. Comme tous les autres amassés au Hollywood Bowl Jess et moi avions prit le chemin du retour mais un roadie du groupe nous arrêta pour nous demander de le suivre. Billy Lighter nous demandait. Avec Jess, nous échangions un regard interrogateur et complice et avions changer de direction, suivant le roadie qui marchait vite, sachant où aller.

Il y avait du monde en coulisse, rien de surprenant puisqu’il y avait tant à y faire. Plusieurs filles attendaient, je les appelaient les appâts à couilles. Même à mes propres concerts, il y avaient ce genres de filles voulant se rapprocher d’une musicien, d’un roadie, juste pour le fun, pour le petit frisson qui frôlait l’interdit. Était-ce que Billy avait envie de faire de moi et Jess ?

Il frapperait un nœud, si tel était le cas !

Puis il arriva, le ténébreux et caractériel chanteur et me souhaita la bienvenu chez MTI avant de m’inviter à entrer.

Moi.

Rien que moi.

Je me retournais vers Jess, confuse. Mon amie balaya mes interrogations d’un geste de la main me disant que de toute façon, elle avait un coup de fil à passer. Je me rappelais le gars, le numéro inscrit sur sa main et je la regardais tourner des talons et s’en aller. J’entrais alors à la suite de Billy qui referma la porte derrière nous.

- En effet, les choses bougent dernièrement.

Et pas qu’un peu !

Billy avait fait sauter le bouchon de la bouteille de champagne et en avait bu une grande gorgée avant de me la tendre, m’invita à me désaltérer à mon tour, ce que je fis.

Affichant un petit sourire en coin, il me demanda si j’avais aimé le concert.

- Du début jusqu’à la toute fin. Je l’ai aimé et savouré en entier.

Je ne pouvais pas lui mentir, le concert avait été excellent et de mon point de vue, sans aucune faille.

Quand je m’étais approché de ma loge, j’avais repéré Livia qui attendait en compagnie d’autres groupies. Pour l’instant, c’était elle que je voulais voir et aucune autre. Je savais que les autres filles trouveront leurs bonheurs en compagnie des autres membres de The Lightening. Je n’avais aucun doute là-dessus.

J’avais, donc, demandé à ce que seule Livia entre dans ma loge ce qui rendit la jeune femme un rien confuse. Elle se tourna vers une autre fille qui semblait l’accompagner. Une jeune blonde que j’avais l’impression d’avoir déjà vu quelque part sans arriver à mettre le doigt sur un nom. Mais cette dernière ne sembla pas se formaliser d’être retenue derrière la porte de ma loge. Apparemment, elle avait un coup de fils à passer. Elle finit par s’en aller alors que je fis entrer Olivia dans ma loge laissant certaines autres groupies un peu jalouses. D’autres m’avaient semblées résignées d’avance était donné qu’elles avaient bel et bien repérée la jeune chanteuse.

Une fois à l’intérieur de ma loge, je sortis le champagne clamant qu’il y avait pas mal de choses à fêter dont l’entrée de Livia chez MTI. Bien que, pour moi, toutes les maisons de disques se valaient, ça signifiait tout de même que, désormais, on sera amené à se voir souvent ne serait-ce que dans les studios.

Elle confirma disant que les choses bougeaient dernièrement. J’hochai de la tête.

-J’ai vu ça.

L.A.People rapportait tout ça de façon certainement très déformée bien que je n’ignorais pas le fait que dans chaque article se trouvait, au moins, un infime part de vérité. Nous, les gens célèbres, étions tous victimes de ça.

J’avais bu une gorgée de champagne et j’avais tendu la bouteille à Livia qui but elle-même un coup. C’est là que je demandai ce que Livia avait pensé du concert. Elle disait avoir aimé.

-Merci. On y a mit toute notre énergie. C’est une bonne préparation pour la tournée à venir. Je veux que tous les concerts de la tournée soient aussi bon que celui-là.

Je savais que c’était une tâche compliquée. Le moindre petit grain de sable dans le mécanisme pouvait faire merder un concert. Je l’avais bien vu à Saint-Louis.

Je vins reprendre la bouteille à Livia pour nous servir des verres pour qu’elle puisse boire plus facilement. Je le lui tendis avant de boire deux grosses gorgée à mon propre verre m’appuyant contre un meuble de ma loge qui était la plus grande de toutes les loges du Hollywood Bowl.

-J’ai écouté ton dernier album. Il est très bon aussi. Il est un peu différent de ce que tu as fais jusqu’ici mais c’est justement ça que j’ai apprécié. Ta capacité à utiliser les nouvelles techniques. C’est ce que je fais aussi.

Et qui déplait à Cash qui aime les choses plus classiques. J’esquissai un petit sourire.

-Il y a même une chanson à mon nom. Même si je sais qu’elle ne m’est pas destinée, en l’écoutant, ça m’a fait quand même tout drôle.

Je rigolai un peu. J’étais réellement de bonne humeur.

-J’imagine qu’après ce qu’il s’est passé en Afrique, tu ne vas pas partir en tournée tout de suite, n’est-ce pas ?

Billy Lighter avait demandé à me voir seule, dans sa loge.

Pourquoi ?

Je n’en avais aucune idée et je trouvais ça quelque peu étrange. Ça m’avait aussi fait un petit pincement de voir Jess s’en retourner seule bien que mon amie m’avait rassurée en disant qu’elle avait un coup de fil à passer. Ça m’avait fait un peu sourire, je savais que j’aurais un compte rendu détaillé dès demain matin.

Dans la loge, Billy avait fait sauter le bouchon du champagne et m’en avait offert une gorgée au goulot après en avoir lui-même bu une, sous prétexte qu’il y avait beaucoup de choses à fêter. Je ne savais pas de son côté, peut-être faisait-il référence à son concert de ce soir qui avait été une réussite, mais de mon côté, il y avait effectivement beaucoup de nouveauté.

Billy disait qu’il avait remarqué les changements opérés de mon côté. Je n’aurais pas cru que Billy Lighter était le genre à lire la presse à scandale et encore moins à s’intéresser à ce qui pouvait se passer dans ma vie. Nous n’avions jamais été en contact, nous n’avions pas grand-chose en commun, du moins c’était mon impression pour le moment, et je n’étais pas celle qui faisait le plus de vague malgré ce qu’Amon Sørensen s’évertuait à laisser croire.

Le concert de ce soir avait été excellent de la première chanson à la toute dernière. C’est ce que je confiais à Billy qui m’avait posé la question. Ma réponse sembla le satisfaire alors qu’il expliqua que lui et son groupe y avaient mit toute leur énergie et qu’il s’agissait d’une bonne préparation pour la tournée.

- En reproduisant la même recette que ce soir, ça ne fait aucun doute que la tournée brillera d’excellence.

Ils avaient offerts tout ce que les fans pouvaient demander et plus encore. Tenir ce rythme ne serait peut-être pas évident mais pourquoi pas ? Pourquoi imaginer autre chose ?

Billy trouva des verres, y vida du champagne et m’en offrit un verre.

- Merci

La conversation se dirigea sur mon dernier album qui avait plus à Billy. Il en avait de bons commentaires de quoi me réjouir, évidement. Savoir qu’un chanteur de sa trempe avait aimé mon album ne pouvait que me flatter. Quand il mentionna ma chanson qui portait son nom, ça me fit sourire et peut-être aussi un peu rougir. Je ne lui avais pas donné ce titre en son honneur mais ça lui avait tout de même fait tout drôle, qu’il disait.

- Billy est un nom commun au pays, je crois que c’est pour cela que je lui ai donné ce titre.

L’entendre et le voir rire était charmant.

- Je suis prête à repartir, demain matin même. Mais j’ai des projets en suspends depuis un bon moment. C’est là-dessus que j’ai envie de mettre mon énergie dans l’immédiat.

Un nouvel album signifiait une large tournée de promotion, une tournée possiblement. Je ne voulais rien écarter mais certains de mes projets, personnels et professionnels attendaient depuis un moment déjà et je jugeais que le temps était venu de m’y attarder.

- La votre est pour bientôt, non ? L’effervescence du début est incomparable à rien d’autre. Ce genre d’excitation… J’en perds mes mots ! Tu dois être emballé d’autant plus que le bruit court que ce sera Shiri votre première partie sur la route ? Elle a été excellente.

Cette fille avait énormément de talent et de prestance. Elle avait prouvé ce soir qu’elle appartenait à l’élite et qu’elle n’était pas une étoile filante.

Livia avait apprécié le concert du début à la fin. Je voyais bien dans son ton et dans son regard qu’elle était sincère et qu’elle ne disait pas ça uniquement pour flatté mon égo parce qu’elle était actuellement dans ma loge. Elle confirma que si on était chaque fois aussi bon que ce soit, notre tournée sera excellente. J’hochai de la tête.

-Effectivement. Même si je sais qu’il sera difficile de tenir un tel niveau de forme sur la longueur.

Et de stabilité. C’était surtout ça qui pouvait changer du jour au lendemain. J’en étais conscient ce soir. J’étais conscient de tout ce soir. Je voyais les choses très clairement.

Je versai le champagne dans deux verres et en offrit un à Livia. Le fait est que je connaissais peu ou quasi pas la jeune femme. Je ne connaissais que sa musique et que ce que les médias en disaient. Je savais qu’elle était la fille de Jimmy Reed et de la femme actuelle de Reed, Maritza. D’après les médias, c’est parce qu’elle était en froid avec son père qu’elle avait changé de maison de disques mais qui sait si cela est vraiment la vérité ? Je me méfiais de tout ce que disait la presse. En dehors de ça et du fait que la jeune femme avait, récemment, failli perdre la vie en Afrique et qu’elle était récemment divorcée de l’héritier de MTI, Julian Hughes, je ne savais pas qui était réellement Livia.

Mais j’allais peut-être en apprendre plus aujourd’hui.

Je complimentai, ainsi, son dernier album que j’avais apprécié. Je fis une remarque sur la chanson qui portait mon nom mais j’appris, par Livia, qu’elle avait utilisé ce nom car il était assez commun. Preuve que la chanson n’était pas destiné à quelqu’un en particulier. Quoi que…

-Je vois… Donc, la chanson n’était pas pour une personne précise, c’est bien ça ? Ou bien ça l’était mais tu as caché son identité par un nom commun ?

Dans tous les cas, c’était intéressant. J’avais l’art d’écrire mes chansons sur mes expériences et ressentis. Je peinais à croire qu’on puisse écrire une chanson sans sentiment derrière. Alors, j’imaginais que cette chanson était bien pour quelqu’un. Ou l’était, en tout cas.

Je me fis curieux sur l’avenir de Livia et, particulièrement sur si elle comptait repartir en tournée. Visiblement, son voyage en Afrique ne la freinais pas à repartir sur les routes. Mais elle disait avoir des projets ici avant de repartir.

-Je crois que le tout est de faire ce que tu aimes faire au moment où tu veux le faire. Le soucis est toujours le public. Il finit toujours par nous réclamer et s’impatienter. Ce sont eux qui font nos carrières mais le fait est qu’ils en demande toujours plus et toujours plus vite.

J’avais une relation ambivalente avec le public. Je détestais leur violence et leur impatience. Mais le fait est que, sans eux, The Lightening ne pourrais vivre uniquement que de la musique.

C’était un fait ! Tout artiste était dépendant de son public.

Livia me renvoya alors ma propre question. Elle parla de Shiri. J’esquissai un sourire.

-C’est moi qui ait proposé à Shiri d’être notre première partie. C’est une amie à moi. Elle a beaucoup de talent et a prouvé ce soir qu’elle pouvait assurer parfaitement notre première partie. Le public de The Lightening n’est pas toujours facile. Mais Shiri a bien géré. J’ai confiance pour la suite.

Je marquai une pause pour boire une gorgée de champagne.

-Mais oui, notre tournée est pour bientôt. Le groupe attends ça depuis longtemps.

Ils attendaient que je sois prêt.

Je l’étais.

Je fixai alors Livia droit dans les yeux. Je voulais la cerner. Je voulais comprendre son schéma de pensée. Je voulais savoir à quoi j’avais affaire.

-Mais dis-moi… Pourquoi avoir choisi MTI ? Et pourquoi Brent Hughes ? Ce n’est pas le plus grand nom de la boîte… Après Daniele Ricci, ça va te faire du changement…

C’est autour d’une bouteille de champagne partagée que Billy et moi avions une conversation. Il voulait connaitre mon avis sur le concert de ce soir et je le lui donnais avec toute la sincérité que je pouvais. Le concert avait été excellent et laissait rêver d’une tournée du même acabit. Billy croyait tout de même qu’il serait difficile de tenir le rythme aussi longtemps et je ne pouvais pas nier qu’effectivement, venait un moment dans une tournée où le corps peine à suivre malgré toute la bonne volonté. Je n’allais pas lui faire une leçon de discipline, je n’aimais pas qu’on me fasse la leçon, je n’allais pas la lui faire.

- Vous verrez en cours de route. Il y a toujours moyen de modifier l’ordre des chansons pour changer le rythme une peu.

Ça ne ferait pas des miracles mais pour avoir changer l’ordre de mes chansons lors de ma dernière tournée pour me permettre de reprendre mon souffle entre deux morceaux plus rythmés, ça aidait… un peu.

Billy m’offrit un verre après que nous en eûmes bu au goulot. Il s’intéressait à mon dernier album, surtout à la chanson portant son nom. Elle ne lui était pas destinée mais si cela lui plaisait de le croire, je n’allais pas l’en empêcher. En fait, pour la rythmique, le nom Billy se glissait bien et était assez commun dans notre pays.

- Je n’ai pas de Billy caché dans ma vie. En avoir un me ferait peut-être du bien, remarque ! Mais non, ma chanson n’est rien de plus que le fruit de mon imagination.

Quant à mon avenir sur lequel Billy s’intéressait maintenant, je ne fermais aucune porte bien que je désirais vouloir terminer quelques projets qui mijotaient depuis un bon moment déjà.  Pour Billy, il s’agissait de faire ce que j’aimai faire quand j’avais envie de le faire mais que le public pouvait parfois se montrer impatient ce qui engendrait un cercle vicieux. Plus nous les faisions attendre, plus ils étaient en droit d’être exigeants.

- Sans eux nous sommes rien.

C’était une réflexion que je faisais à haute voix.

Une réflexion que je me faisais souvent depuis le tout début.

Je lui retournais sa question sur leur prochaine tournée et sur Shiri qui allait en assurer la première partie. Elle était capable de porter le public à bout de bras, elle en avait fait la preuve ce soir ce qui n’était pas sans me rappeler ma propre expérience lorsque j’avais fait la première partie de Roadtramp.

Billy me confia qu’il avait lui-même demandé à Shiri de se produire en première partie, qu’ils étaient amis et qu’elle pouvait assurément gagner les fans de The Lightening.

- Avec le talent qu’elle a, je ne suis pas inquiète pour elle. C’est un très bon choix que tu as fait. Tu as du flair et il en faut dans ce métier !

La tournée de The Lightening était pour bientôt selon ce que me confirma Billy, Restait à voir la grande annonce pour savoir où et quand nous achèterons nos billets.

La curiosité de Billy ne s’arrêtait pas aux significations de mes chansons. Il voulait savoir pourquoi j’avais choisi MTI et pourquoi j’avais signé avec Brent Hughes qui, selon ses dites, n’était pas un manager de la trempe de Daniele Ricci. Il était vrai que je quittais un manager flamboyant avec de gros noms sous son aile pour un manager qui n’avait pas la même visibilité.

- Je connais Brent depuis un moment déjà et je me suis toujours très bien entendu avec lui. J’aime sa vision des choses et sa façon de travailler. En quittant Daniele, je me voyais mal aller cogner à la porte de sa femme.  

Je bus une gorgée de mon verre de champagne, je savourais les bulles puis je poursuivis ma pensée.

- Small is beautiful, comme on dit. Je serai bien chez MTI avec Brent et j’ai confiance en l’avenir.

Tenir toute une tournée n’avait rien d’évident. C’était un challenge. Livia déclara alors qu’il y avait moyen de changer l’ordre des chansons pour changer un peu de rythme. Je fis la moue. Je n’étais pas partisan du changement d’ordre des setlist. L’ordre était, pour notre part, minutieusement choisi. Et si il nous arrivait d’inclure l’un ou l’autre chanson en plus, on ne changeait jamais l’ordre.

-L’ordre est minutieusement choisi. Je vois le concert comme une grande pièce et pas comme des chansons mises les unes après les autres. Je n’aime pas changer cet ordre. Ça offre moins de marge d’erreur aussi d’avoir une setlist qui ne change pas ou très peu.

C’était ainsi que je fonctionnais. Une setlist pour une tournée. Nos fans savaient que c’était ainsi. C’est dans la façon de les performer qui variait, inévitablement, d’un concert à l’autre qui rendait chacun de nos concerts uniques. Du moins, on faisait en sorte que chaque concert soit unique.

Je savais que chaque artiste avait sa façon de faire. Ici, c’était la méthode de The Lightening.

Nos vers servis, c’est de l’album de Livia que je parlai et de la chanson qui portait mon nom. La jeune Livia n’avait personne en vue qui était la représentation de ce Billy. La chanson était, donc, uniquement le fruit de son imagination. Peut-être de ce qu’elle voudrait ? Je n’en savais rien. Je n’étais pas dans sa vie privée. Même si nos chansons laissait entrevoir, parfois, un petit bout de notre vie privée.

-Qui sait… Peut-être que tu trouveras un « Billy » un jour ?

J’haussai des épaules. Mes histoires d’amours avaient toutes mal tournées. Je n’étais, donc, pas certain de voir aller plus loin sur ce sujet-là. L’amour pouvait être salvateur tout autant que destructeur. Une chose est sûre, j’ai aimé chacune des femmes avec qui j’ai été en couple. Trop diront certains.

Livia avait des projets pour les prochaines semaines. Des choses qu’elle voulait faire avant la tournée. On parla, ensuite, du public et nous étions d’accord que, sans eux, nous ne serions rien.

On était dépendant d’eux. Que ça nous plaise ou non.

Livia avait parlé de Shiri. Apparemment, elle appréciait la musique de mon amie. Elle l’appréciait même beaucoup. J’affirmai que c’était moi qui avait proposé à Shiri d’être notre première partie. J’aimais sa musique et j’avais un bon feeling avec elle. Deux conditions indispensable pour être notre première partie. J’aimais mettre en avant des choses que j’aimais. Livia approuvait mon choix.

-C’est une question de feeling. J’aime mettre des choses que j’aime bien pour nos premières parties. Je sais que c’est une vitrine pour les artistes qui se lancent.

Dans le monde de la musique, il y avait beaucoup de monde et peu d’élus.

Je me fis alors plus curieux sur les choix de Livia pour MTI et Brent Hughes. Elle affirma connaitre Brent depuis un moment et qu’elle s’entendait bien avec. D’où son choix, donc. Apparemment, son divorce n’avait rien changer à ses relations avec la famille Hughes.

-Bien choisir son manager est important. Ce sont des gens qu’on doit se coltiner tout le temps… Mais sans eux, on n’irait pas loin non plus.

Hélas, je dirais. Mais faire sa propre promotion, faire la paperasse, booker des concerts, préparer des tournée et, en plus, faire de la musique, gérer les journalistes, c’était deux métier à temps plein. Impossible à faire sans merder quelque part. Surtout que bien des artistes détestaient tous les « à côtés ».

Apparemment, n’aurait pas dit « non » à Samantha mais après avoir quitté Daniele Ricci, elle se voyait mal aller voir la femme de se dernier. Je ricanai un peu.

-Ça aurait été très malvenu, en effet. Je doute que Ricci l’aurait bien pris.

Les managers avaient leur fierté. Surtout les managers comme Ricci. Moi, j’étais du genre à aller voir ailleurs quand ça n’allait pas avec Lenny. Je l’avais fait à plusieurs reprises. Cash détestait ça. Il trouvait qu’on devait beaucoup à Lenny. Avec le temps et les échecs j’en étais venu à me dire qu’il avait raison. C’était Lenny, au départ, qui nous avait donné notre chance. Sans lui The Lightening serait encore à crever de faim et à se produire dans des petits bars… Puis, bien qu’entre Lenny et moi, ça n’allait pas toujours, je devais avouer qu’il ferait tout pour The Lightening. C’est une chose que l’expérience m’avait appris : ne pas mordre la main qui t’as nourri.

Actuellement, je n’avais pas à me plaindre de notre management. Lenny et Samantha faisaient une bonne équipe. Cash et moi y trouvons notre compte. Un compromis. C’était ce que c’était.

Bref, Livia avait confiance en MTI, en Brent et en l’avenir.

-C’est tout ce qui compte, finalement. La notoriété du manager n’est pas importante. Ce qui compte c’est la relation entre le protégé et le manager. Avoir un manager avec plus de notoriété est même parfois un défaut.

Parce qu’ils prenaient trop de place.

J’achevai mon verre pour m’en resservir.

-Tu as dis avoir des projets… Lesquelles ?

Quand je sentais la redondance me gagner en tournée, il m’arrivait de remanier l’ordre de mes chansons pour créer un rythme différent et casser un peu la routine. Si cela fonctionnait pour moi, cela ne voulait pas dire que ce serait le cas pour The Lightening. Nous avions tous nos façons de faire, nos moyens de tenir bon. Billy répliqua à ma suggestion que l’ordre des chansons était minutieusement établi et qu’en changer reviendrait à risquer de faire des erreurs.

- Je comprends ton point de vue. Ce n’était qu’une suggestion, vous savez mieux que moi comment gérer votre spectacle.

De toute façon, jamais je n’aurais l’idée de dire a qui que ce soit comment faire son job. À chacun sa façon de faire.

Billy nous avait servie chacun un verre de champagne après que nous en avions eu bus au goulot. Il s’intéressa à mon dernier album, particulièrement à ma chanson portant son nom. J’aurais bien aimé lui confier avoir mon propre Billy à qui je destinais mes paroles mais ce n’était pas le cas. La chanson dans son entièreté sortait tout droit de mon imagination.

- Je ne ferme aucune porte. Qui sait ce que l’avenir me réserve ?

J’allais peut-être le rencontrer, mon Billy, qui sait ?  Maintenant que j’étais divorcée, je n’avais aucune attache et sans prétendre que j’aspirais à une vie de butinage, je désirais vivre ma vie et explorer toutes les possibilités.

Shiri avait eu beaucoup de chance de faire la première partie de The Lightening ce soir et de le rester pour toute la durée de la tournée. Billy avait vu en elle ce que beaucoup n’avait pas voulu voir à la sortie de son album. Il disait fonctionner au feeling ce que je ne pouvais que saluer.

- Je fonctionne également beaucoup au feeling. Là-dessus, nous ne pouvons que nous entendre et nous comprendre.

La conversation se dirigea sur ma nouvelle association avec MTI plus particulièrement avec Brent Hughes, mon nouveau manager. Contrairement à ce que les langues sales pouvaient colporter, j’étais en très bon terme avec mon ex-beau-père qui fut très heureux de m’accueillir dans sa maison de disque et son frère Brent était en mesure de faire la part des choses et ainsi travailler avec moi. J’espérais qu’avec le temps, j’aurais une belle relation amicale avec Julian.

- J’ai eue une très, vraiment très belle expérience avec Daniele mais avec Brent, je me rapproche de ce que j’avais et j’aimais avec Jack Perry. C’est le genre de relation dont j’ai besoin pour avancer

Puis chez MTI les managers avec qui j’aurais pu avoir envie de travailler ne pleuvait pas. Il aurait été mal avisé que je cogne à la porte de Samantha. Brent avait été et demeurait mon premier meilleur choix dans cette maison de disque.

- Il a déjà eu du mal à avaler mes raisons, prétextant que j’aurais pu lui en parler avant. Comme si cela aurait pu changer les choses ! Il n’a aucun pouvoir sur Jimmy Reed puis de toute façon, mon intention était de me dissocier complètement de lui alors, en parler ou non avec Daniele n’aurait strictement rien changé à l’issue de mon contrat.

Couper les ponts avec Reed était la seule option possible pour que je puisse vivre ma vie sainement.

Billy voulait en savoir davantage sur les projets que j’avais dit avoir. Je pouvais bien lui en parler un peu, ce n’était pas non plus un secret d’état.

- J’ai acheté un immense domaine à la sortie de la ville et je suis en train de rénover une vieille grange pour la transformer en genre de salle de spectacle privée. Enfin, ce n’est pas encore bien défini mais j’aimerais que des artistes qui tentent de percer ou qui commencent puissent venir s’y produire devant une foule de gens triés sur le volet. J’aimerais aussi qu’on puisse y tester du nouveau matériel. C’est mon plus gros projet sur le rond pour l’instant sinon il y a mon premier film dont le tournage tire à sa fin.

Avec la sortie de mon dernier album et la tournée de promotion qui allait l’englober, je ne manquais pas d’occupation.

Livia et The Lightening avait une approche différente de la setlist. J’imagine que c’était le cas pour chaque groupe. Chacun avait sa façon de faire. Moi, je n’aimais pas changer l’ordre car il était minutieusement choisi pour que le spectacle ait l’air d’un tout et non pas d’une suite de chansons. Livia, elle, aimait changer l’ordre pour couper la monotonie.

On avait un peu parlé de son album. Je l’avais apprécié et je n’avais pas pu m’empêcher de parler du fameux Billy de sa chanson. J’appris que c’était une invention venue tout droit de l’imagination de Livia. Elle n’avait personne dans sa vie… Ni dans son viseur. Même si elle ne fermait pas la porte à en avoir un, un jour. J’avais déjà remarqué que l’amour ne se commandait pas.

-C’est parfois difficile de fermer une porte quand on tombe amoureux. On ne peut pas toujours choisir.

Quand je tombais amoureux, je ne le choisissais pas. J’étais totalement emprisonné par ce sentiment que je ne pouvais contrer. Ça avait été le cas avec chacune de mes petites amies. Il était très difficile de résister aux émotions fortes, quelles qu’elles soient.

Livia ne tarda pas à me dire qu’elle avait apprécié Shiri. J’expliquai que c’était moi qui avait décidé d’en faire notre première partie car j’avais un bon feeling autant musical que personnel avec la jeune femme. On avait passé de bons moments ensemble. Elle était, en partie, responsable de mon humeur actuelle. Celle qui me donnait la force de monter sur scène à l’heure. C’était ça et le fait que The Lightening était, à nouveau, en totale symbiose. C’est cette symbiose qui aidait à combattre nos démons.

Livia affirma qu’elle agissait aussi au feeling. J’hochai de la tête.

-Le feeling est important dans l’art. Il n’y a pas d’art sans feeling.

C’était mon avis et ça semblait aussi être celui de Livia.

Je me fis alors plus curieux sur les choix de Livia. Ceux qui l’avaient conduit chez MTI et chez Brent Hughes, le frère du patron de la boite. Apparemment, Livia avait un bon rapport avec Brent et une grande confiance en lui. D’où ce choix qui, dit comme ça, faisait sens. Elle ne l’avait pas choisi pour sa notoriété mais pour le lien qu’elle avait avec lui. Un choix bien différent de celui qu’elle avait fait avant en passant de Perry à Ricci. Elle affirma d’ailleurs qu’avec Brent, elle se rapproche de ce qu’elle avait avec Perry.

-Je vois. J’imagine que le tout est que tu t’y retrouves.

Elle semblait sûre de son choix. De toute façon, d’autres portes lui étaient naturellement fermées comme celle de Samantha Ricci, la femme de l’ex-manager de Livia. Tout comme l’entièreté des managers de BSC étant donné que c’était ça qui avait conduit Livia à quitter Ricci : BSC. Livia me confirma que ce que la presse a dit à ce sujet était vrai. C’est bien un différent entre elle et son père qui est à l’origine de ce changement. J’ignorais quels étaient leurs différends. C’était des histoires de famille.

Ce que je comprenais, c’est que Ricci n’avait pas encaisser les raisons de Livia car elle ne lui en avait pas parlé avec. Ce que je comprenais c’est que Ricci ignorait les griefs entre Livia et son père… Ou du moins que ça conduirait la jeune femme à quitter la maison de disques. Mais Livia disait que si elle lui en avait parlé, ça n’aurait rien changé car Ricci n’avait aucun pouvoir sur Jimmy. Je les savais meilleurs amis mais je ne me mêlais jamais à eux alors j’ignorais comment ils fonctionnaient. Je réfléchis un peu.

-Ça n’aurait rien changé à l’issue du contrat… Mais peut-être que ça l’aurait aider à passer la pilule.

J’haussai des épaules. Je ne faisais que supposer. Je n’avais pas assez d’informations pour en être sûr. Lenny n’aimait pas non plus que je le mette sur le fait accompli. Personne n’aime vraiment ça en réalité. Si, demain, Cash venait à me dire qu’il quitte le groupe sans m’avoir mis en garde avant en m’expliquant ses raisons ou, du moins, en me montrant son mécontentement, je le prendrais mal aussi.

-Mais c’est du passé. Maintenant tu es chez MTI. J’imagine que Ricci s’en remettra.

Les managers finissent toujours par nous remplacer. C’est ce que j’avais compris dans le business de la musique. Pour être immortel, il faut y mettre du nôtre, sinon, on finit par être remplacé.

La place de personne n’est garantie.

Je me fis, alors, curieux sur les futures projets de Livia. Ceux dont elle m’avait brièvement parlé un peu plus tôt dans la conversation. Elle me parla alors de son domaine mais, aussi, d’une vieille grange qu’elle était en train de rénover en salle de spectacle privé. Je plissai les yeux pour mieux l’entendre et écouter comment elle entrevoyait ce projet. Elle voulait que des articles émergents puissent se produire devant une foule tirées sur le volet. En dehors de ça, elle était en plein tournage d’un film. Le cinéma, pour ma part, ne m’avait jamais attiré. Comme acteur, je veux dire. J’avais eu des propositions que j’avais refusées. Cash s’y était essayé, lui, dans la sitcom de Robin North et Sloan Perry.

-Beaucoup d’artistes de la musique s’essayent au cinéma. Moi, je me vois mal me faire diriger toute la journée par un réalisateur. Je préfère être mon propre maitre. C’est déjà bien assez. Sur un plateau de cinéma j’aurais l’impression d’être bridé constamment. Mais je suis curieux de voir ce film.

Mais c’est sur son premiers projet que je m’attardais.

-Pour ton projet, tu veux un public tiré sur le volet, c’est ça ? Il y aura qui comme type de personnes ? Sur quel base se fera ce tri ? J’imagine que c’est pour faire la promotion des nouveaux artistes alors j’imagine que ça sera sur des gens du monde de la musique ?

Mon cœur était à prendre mais je n’étais pas pressée de l’offrir. Howard était trop présent dans ma tête et, inévitablement dans mon cœur, pour que je veuille m’engager. Même avec lui, je n’étais pas prête. C’était compliqué mais existe-t-il une seule histoire de cœur qui ne l’est pas ? J’affirmais donc à Billy que je ne fermais aucune porte à ce qu’un jour, mon chemin croise celui d’un Billy.

- Je crois aussi que l’on ne choisit pas de qui l’on tombe amoureux.

Puis l’amour est un cadeau de la vie.

Écouter ses impressions et ses sentiments étaient une façon de faire que Billy et moi partagions. C’est comme cela qu’il en était venu à choisir Shiri pour faire sa première partie. Un défi relevé haut la main par la jeune femme, à mon humble avis bien que je n’avais pas peur de prétendre que mon avis était partagé par la grande majorité des gens présents ici ce soir.

Ainsi, comme le disait Billy, il n’y avait pas d’art sans feeling.

Je levais mon verre à cette affirmation et j’en bus une gorgée.

C’est sur ma nouvelle association professionnelle que l’on échangea ensuite alors que mon changement de maison de disque semblait l’intéresser. J’espérais retrouver avec Brent Hughes, le même genre de relation que je partageais avec Jack Perry. Ça ne serait jamais pareil mais quelque chose de semblable, de plus chaleureux et de moins calculé.

- L’avenir nous dira si mon paris risqué sera profitable.

J’avais effectué ce changement professionnel majeur dans le but de bien couper les ponts avec Jimmy Reed, le grand gourou de BSC. Ça n’avait pas plus à Daniele Ricci, avec raison. Il avait laisser entendre que j’aurais pu le lui en parler avant de prendre ma décision mais à quoi bon ? Il n’aurait jamais pu s’interposer entre Reed et moi, il aurait toujours été plus enclin à prêcher pour son meilleur ami plutôt que de satisfaire son artiste. Billy croyait que cela aurait peut-être permis à mon ancien manager de mieux avaler la pilule. Certes, cela aurait peut-être aidé mais ce qui était fait était fait et je l’assumais entièrement.

- Il s’en remettra. Il n’a pas besoin de moi pour briller, de toute façon.

J’en révélais davantage à Billy concernant mes projets en cours. De ceux-là il y avait mon film et ma grange que je transformais en salle de spectacle. Cela prenait beaucoup de mon temps et de mon énergie mais plus ça avançait, plus j’étais excitée et impatiente de voir comment les choses continueraient d’évoluer.

Billy ne se voyait pas acteur, il préférait être maître de sa personne plutôt que de se faire diriger par un réalisateur. Je pouvais comprendre, ce n’était pas toujours évident de rendre avec justesse une .motion tout en bougeant de façon à ce que la caméra capte nos mouvements.

- J’étais très nerveuse au début, sur le plateau et je m’y suis présentée le premier jour avec beaucoup d’appréhension mais plus les jours passent,  mieux je m’y sens. J’ai gagné en confiance. En tous les cas, j’ai très hâte de voir le résultat.

J’en avais vu des petits bouts, rien de final mais assez pour prétendre que ça ne serait pas gênant de défendre ce film quand viendrait le temps de le faire.

Pour ce qui était de ma grange, j’avais beaucoup à réfléchir encore et à discuter avec mes actuels associés dans ce projet.

- Parce que la grange est situé su mon domaine, là où je vis, je songeais à des gens déjà dans le milieu, des artistes et peut-être quelque fois des gens du public qui auraient gagner leur place à un concours. Ce sont des idées sur lesquelles nous élaborons encore, tout n’est pas encore réglé au quart de tour. Puis, oui, comme tu le dis, ça serait pour les aider à se lancer, faire un peu de promotion sans prétention, se faire connaître par les gens dans le milieu de façon sympathique et informelle. Puis pourquoi pas aussi permettre à des artistes établis d’essayer leur nouveau matériel ?

La grange avait énormément de potentiel, les possibilités de ce que nous pouvions y faire était immenses !

- Viens y faire un tour si tu veux. Tu verras ce que l’endroit t’inspire.

L’amour ne se commandait pas. Livia semblait d’accord avec ça. Ce qui pouvait se commander, par contre, c’était la direction d’une carrière. Or, Livia avait récemment décidé de changer de maison de disques. Elle était passé de BSC et Daniele Ricci à MTI et Brent Hughes. Deux choses totalement différentes. Limites opposées même. Un changement de direction qu’elle assumait. Elle semblait convaincu d’avoir fait le bon choix en prenant Brent Hughes mais disait que seul l’avenir pourra confirmer ses convictions. J’hochai de la tête.

Si Livia avait changé de maison de disques c’était parce qu’elle ne s’entendait plus avec son père, Jimmy Reed, le patron de la boite. Un choix qui semblait avoir contrarié Daniele Ricci. Ce que je comprenais c’était surtout parce que Livia ne lui en avait pas parlé avec qu’il était contrarié. Ça pouvait se comprendre. Mais, comme tout manager, il s’en remettra. C’est ce que Livia pensait aussi. Il disait qu’il n’avait pas besoin d’elle pour briller. Car c’est ce que Ricci aimait. Briller. Certain manager préféraient l’ombre comme Timmy Evans… Chacun avait ses priorités et ambitions.

-C’est sûr. Les gens comme Ricci trouvent toujours un moyen de briller…

Et il brillait depuis tellement longtemps qu’il faisait partie du décor. Donc, je ne pense pas qu’il avait vraiment à s’en faire. Bien que tout ça pourrait avoir égratigné son ego et sa confiance en ses protégés.

Livia me parla un peu de ses projets. Celui de sa salle de spectacle mais, aussi, celui du film dont elle était actrice. J’affirmai ne pas spécialement être attiré par une expérience dans l’acting. Ce qui m’animait c’était faire de la musique. Rien d’autre. La jeune femme affirma qu’elle avait été nerveuse du début du tournage mais que, maintenant, elle se sentait plus en confiance.

-J’imagine que la confiance vient plus on pratique.

Un peu comme dans le reste. L’acting n’est pas différent à ce niveau. Bien que je sais que tout le monde ne peut pas faire acteur. C’est un métier qui s’apprends aussi à force de pratique.

Ce fut surtout sur son projet de salle de spectacle que je la questionnai. J’essayais de voir un peu mieux comment elle voyait se projet. Je l’écoutais m’expliquer que le public serait essentiellement des gens du milieu, des artistes mais, aussi, des gens lambda gagnant d’un concours. Mais tout ça n’était pas encore totalement défini. Ça serait une petite vitrine pour les artistes émergents. C’est comme ça qu’elle le voyait. Ça serait aussi un lieu pour les artistes confirmer pour venir tester du nouveau matériel.

-C’est un beau projet. Ça demandera du travail. Trouver les artistes émergeants… Se faire un maximum de liens dans le milieu de la musique et les garder pour faire venir des gens pour voir les artistes.

Un travail de promoteur, en gros. Même si je me doutais que Livia avait déjà des liens dans la musique. Elle connaissait d’autres artistes avec qui elle avait partager la scène ou fréquenter, ne serait-ce qu’aux studios de BSC. Mais aussi, prochainement, chez MTI. Bref, un bon boulot de relation publique. Mais peut-être qu’elle a des gens pour l’y aider. Elle avait parlé d’un « nous » après tout.

-Ce n’est pas un boulot pour moi en tout cas. Ce que j’aime c’est faire de la musique.

Organiser des choses et tout ça, ce n’était pas pour moi. J’étais déjà assez bouffer par les tournées et tout le reste que pour commencer d’autres projets.

Elle me proposait de venir faire un tour. Preuve qu’elle était déjà en quête de relation. Je réfléchis quelques instants avant d’hocher de la tête.

-Je passerais voir.

Ça ne me coutais rien d’aller voir. Ainsi, je pourrais voir la qualité de l’endroit et entrevoir comment les choses pourraient se dérouler lors d’un petit concert dans cette salle de spectacle.

Je nous servis un autre verre de champagne et levai mon verre. J’esquissai un sourire.

-Trinquons à tous nos projets. En espérant que les astres restent alignés comme ils l’étaient ce soir.