Je sortais juste du tribunal et la journée était déjà bien avancée. Il était aux environs de 17 :00… On avait pas eu de chance, Shran et moi… Nos avocats non plus, d’ailleurs. Parce qu’on était tombés sur le gros Dorsley… le genre de juge qu’il fallait grassement payer par des pots-de-vin pour avoir sa clémence. Or, ni Shran ni moi n’avions les moyens de l’acheter… Et en plus, ce n’était pas notre genre de tricher de la sorte.

Le problème, c’était que ce cher juge Dorsley étant un républicain pur souche, le fait que Shran et moi soyons tous les deux liés à Spaceship, cette série qu’il qualifiait de « communiste » et hautement « subversive », on avait pris cher.

Du coup, pour me changer les idées après le verdict rendu, je m’étais rendu directement chez Johnatan. J’avais deux ou trois infos pour lui, mais j’avais surtout besoin de me changer les idées. Et j’étais sûr que le jeune artiste me proposerait un verre ou deux.

Il était au courant, Johnatan, bien évidemment, de notre connerie, à Shran et moi, qui nous avait menés devant le tribunal. Et j’étais quand même pas super fier dans le sens où… ok, c’était marrant… Mais ce n’était quand même pas le bon exemple à montrer à des jeunes comme mon protégé.

Cela dit, je le savais assez intelligent pour savoir faire la part des choses.

Je me rendis donc à son appartement, encore tout endimanché… C’était Sonya Shran, la mère de Stephen, qui m’avais loué mon costume pour le procès et qui avait réussi à dompter mes cheveux.

Il n’y avait rien à faire… Stephen et moi avions beau avoir passé ou être proche de passer la barre des 50 ans, on avait toujours besoin d’être materné, un petit peu. Moi par Sonya et Shran par Enora.

Enora qui allait nous dire que les peines sévères qu’on avait reçues étaient probablement plus que méritées.

Je sonnai donc à la porte de l’appartement de Johnatan et attendis gentiment qu’il vienne m’ouvrir. Il savait que le procès avait lieu aujourd’hui parce que je le lui avais dit…

Quelle journée... C'était une journée mi-figue, mi-raisin. Julia est restée à la maison aujourd'hui, mais pas par plaisir. Stephen et Brent avaient fait les cons et ils se sont retrouvés au tribunal parce qu'ils ont fini sur le plateau de Galactic War.

Brent m'avait appelé d'ailleurs quand l'affaire est apparue dans la presse. Je n'avais pas demandé plus d'explications sur le coup, j'étais au studio ce jour-là et parce que tout ça était arrivé peu avant la disparition de Samantha Ricci et d'Eleanor Harris. Tout s'enchainait bien trop vite à mon goût. Enfin, du coup, Julia était en repos forcé et moi... Je n'avais pas la tête à faire de la musique, j'avais trop peur que Brent finisse en prison tout comme Stephen. Alors j'avais attendu toute la journée. Ça faisait longtemps que je n'avais pas autant fumé. Au point où Julia m'a volé mon paquet pour que j'arrête.

J'avais peur que tous s'arrête. On était aller chercher de quoi boire au cas où Brent en avait envie.

Bref Julia était sous la douche, il était aux environs de 17 h 00. D'un coup, j'entends la sonnette de la porte, je me rapproche de cette dernière et l'ouvre.

Salut Brent. Entre, je pense que ce n'est pas la peine de te demander si ça va vu la tête que tu tires.

Je le laisse entrer en souriant et l'invite à s'asseoir sur le canapé.

Je reviens vite fait avant qu'il y ait un accident...

Je me lève et ouvre légèrement la porte de la salle de bain.

T'as pris tes vêtements ou tu les as encore oubliés dans la chambre ? Ce n'est pas que je veux pas partager, hein, mais j'aimerais que Brent te voie habiller.

Julia avait cette habitude étrange d'aller à la salle de bain sans ces vêtements et de traverser l'appartement nue pour aller s'habiller dans la chambre.

Mince, il est déjà là ? Apporte-moi mes vêtements, je me dépêche !

Je roule des yeux avant d'aller chercher les vêtements de Julia dans la chambre et lui lance dans la salle de bain avant de me rasseoir à coter de Brent.

Excuse-moi, Julia pense à beaucoup de choses, mais pas à ces vêtements quand elle va prendre sa douche...

Je me racle la gorge.

Alors le verdict ?

J'avais acheté une bouteille de Martini que j'ouvre, je serre le verre à Brent pendant que je me fais mon petit Ricard en attendant sa réponse.

Johnatan était venu directement m’ouvrir à peine avait-il entendu la sonnette. Je le gratifiai d’un sourire un peu honteux parce que je n’étais vraiment pas fier de ce qu’on avait fait Shran et moi et que ce n’était certainement pas l’exemple que je voulais lui donner… Oh ! Des conneries, il en ferait ! Il était jeune et, comme nous, sur le coup, il trouverait peut-être ça drôle et sincèrement, je ne lui en voudrais pas pour ce genre de petite frasque (surtout si ça pouvait se terminer AVANT que les coups de poings se perdent) !

Mais de là à lui montrer la voie pour le faire, non, ce n’était pas mon but…

Bref, j’entrai en lui tapotant amicalement sur l’épaule. Il disait que c’était même pas la peine de demander comme ça allait vu la tête que je tirais.

-Salut Johnatan… Ça aurait pu être pire… J’espère que je ne vous dérange pas.

Parce que Julia devait être là aussi vu que comme il y avait le procès, il n’y avait pas de tournage de Spaceship.

Il m’invita à m’asseoir dans son divan, ce que je fis sans broncher. Je n’avais pourtant pas fait grand-chose durant cette journée à part écouter Victor essayer de faire plier le juge Dorsley. Mais j’avais l’impression d’être vidé… Je n’étais pas habitué à subir tant de stress, en fait. J’étais plutôt calme mais…

…Mais là, la situation ne s’y prêtait pas.

Enfin, maintenant, le verdict était rendu, c’était plié. C’était terminé. Je n’avais plus trop à m’en faire.

Je fronçai les sourcils d’incompréhension en regardant Johnatan qui me parlait d’accident.

-Un accident ?

Il disparut quelques secondes et j’eus la clé de mon mystère quand il revint au salon. Et pour la première fois de la journée, je souris avant de me mettre à rire vraiment en me frottant les yeux en imaginant Julia débarquer nue…

Bah ça ne devait pas être un spectacle déplaisant mais bon… J’étais un peu vieux pour elle.

-Ah ok, d’accord… Oui, tu as bien fait de lui rapporter ses vêtements.

Johnatan me demanda alors quel était le verdict…

-Bah… On s’en tire… Je trouve la sanction un peu sévère mais bon, on a pas eu de chance, on est tombé sur un des juges les plus républicains de L.A. alors autant te dire qu’il ne porte pas les gens comme Shran et moi dans son cœur.

Johnatan m’avait servi un Martini que je pris en main.

-Merci, c’est vraiment gentil.

J’en pris une gorgée avant de continuer en reposant mon verre sur la table. Verre que je regardais presque comme si j’évitais le regard de mon protégé.

-Je dois 50 000$ d’indemnité à Maxwell et j’aurais une jolie petite ligne dans mon casier judiciaire pour « intrusion ». Shran, lui, doit payer 60 000$ pour la charge d’intrusion, plus 40 000$ et 6 mois avec sursis pour les coups et blessures… Il doit aussi aller à des sorte de cours ou une thérapie, j’ai pas bien compris, pour la gestion de la violence…

Je ris un peu jaune avant d’ajouter en me frottant les yeux.

-Je crois que c’est encore ça qui l’emmerde le plus… La thérapie…

Je m'étais dépêché d'ouvrir à Brent, je ne voulais pas qu'il reste dehors trop longtemps, il avait déjà eu une journée de merde, je ne voulais pas le faire poireauter dehors.

Je le salue avec un grand sourire, car ça va mieux avec un sourire quand on a eu une journée de merde. Il me dit que ça aurait pu être pire, mais il a peur de nous déranger.

Mais non, Brent. Ne t'en fais pas, j'attendais que tu passes ou que tu me téléphones pour me dire ce qui s'est passer.

Je l'invite à s'asseoir dans le divan, ce qu'il fait sans rien dire. Je me lève un peu en catastrophe pour aller donner les vêtements de Julia afin qu'elle ne se retrouve pas nue devant Brent et moi. J'entends d'ailleurs Brent rire, ce qui me fait sourire. D'ailleurs, il me dit que j'ai bien fait.

Puis je lui demande le verdict tout en lui servant son Martini. Il me dit qu'il trouve la sanction sévère. Mais ils sont tombés sur le pire juge possible, un républicain pur et dur. Je le regarde.

Le genre de mec qui voudrait me foutre dehors parce que je suis étranger c'est ça ?

Il prend une gorgée tout en fixant son verre comme s'il évitait mon regard.  Il doit 50 000$ à Maxwell et une ligne dans son casier judiciaire.

Un vrai connard, en effet, payer si cher parce que tu t'es pointé sur le studio de ce con de Maxwell.

Je ne peux pas l'encadrer, surtout depuis le jour ou j'ai appris ce qu'il avait fait à Julia. Mais celui qui a pris le plus chère, c'est Stephen. 60 000$ plus 40 000$ et 6 mois avec sursis pour coup et blessure. Et il va devoir suivre une thérapie pour contrôler sa violence. Soudain, Julia arrive pour nous rejoindre en glissant une assiette de cookies.

Salut Brent... J'espère que ce n'est pas à cause de moi que Stephen a frappé Maxwell...

Elle fait la bise à Brent avant de s'asseoir à côté de moi, je la prends dans mes bras.

Mais non, ce n'est pas à cause de toi, ne t'en fais pas.

Je lui caresse la joue.

J'ai fait plein de cookies, Brent, prend en autant que tu veux, il y en a pour une armée !

Elle lui sourit.

Ils n'ont pas compris que Stephen ne pouvait juste pas encadrer Maxwell et qu'à la moindre occasion, il allait le frapper ? Moi je n'aurais pas envoyé Stephen en thérapie... J'aurais fait un ordre d'éloignement ou ce genre de truc. Pour éviter tous soucis.

Julia me regarde.

Je ne sais pas ce qui est mieux, John.

Le grand sourire de Johnatan quand il vint m’ouvrir me mis du baume au cœur et me redonna un peu d’énergie. Le plus dur était passé, la vie continuait, après tout !

Je ne les dérangeais pas. Apparemment, mon protégé attendait justement que je donne des nouvelles. Il était vraiment adorable dans le sens où il se tracassait toujours pour les autres. Il m’invita à m’installer dans son divan, ce que je fis, le temps qu’il aille prévenir Julia que sortir à poil maintenant n’était pas forcément une bonne idée.

Puis il me servit un Martini en me demandant ce qu’il s’était passé et combien on avait pris. Sincèrement, je trouvais la sanction sévère, tant pour moi que pour Shran. Mais on avait vraiment pas eu de bol avec le juge.

Johnatan, qui n’était pas d’ici et ne connaissais peut-être pas encore les revers de la politique locale savait apparemment déjà bien ce qu’était un républicain. Je souris à sa réflexion.

-Oui… C’est plus ou moins ça. Même si toi, tu risques un peu moins de te faire virer qu’un noir ou un latino parce que tu as la bonne couleur… Si tu vois ce que je veux dire…

Parce que Johnatan était pas vraiment bronzé… Il pouvait passer pour américain pour autant qu’il n’ouvrait pas la bouche, sinon, son léger accent le trahissait.

Je souris.

-En plus, tes papiers sont en règle donc, ne te tracasse pas pour ça.

Oui parce que même les personnes les plus racistes du pays, comme Victor par exemple, ne pouvaient rien faire contre des papiers en règle.

Je déballai alors la peine dont j’avais écopé pour mon intrusion sur le plateau de Galactic Wars. Cela choqua Johnatan qui traita Maxwell de con (je savais qu’il ne le portait pas dans son cœur à cause de la façon dont il avait traité Julia)… Je fis une moue de réflexion en me grattant la tempe.

-C’est vrai que ça fait beaucoup… L’avocat de Maxwell a prôné qu’en sabotant la scène qu’ils étaient en train de tourner, ça avait augmenté les frais de production.

Je haussai les épaules.

-Ce qui est faux parce qu’ils auraient quand même dû la refaire… Donc ça n’aurait rien changé, mais le juge a retenu cet argument quand même. Du coup, je taxe à mort.

Julia arriva alors, habillée et armée de cookies qu’elle posa sur la table. Je me redressai un peu, le temps de lui faire la bise puis me rassis et pris un cookie. Comme Johnatan, je la rassurai au sujet duquel Shran avait balancé son poing dans la figure de Maxwell.

-Salut, Julia ! Non, ne t’en fait pas, ça n’a rien à voir avec toi… C’est une vieille histoire…

Je regardai mon cookie dans une main et mon Martini dans l’autre alors que Julia disait qu’elle en avait encore plein, des cookies. Je souris.

-Alors je ne vais pas me priver !

Je pris une bouchée de cookie avant de prendre une gorgée de Martini… Le mélange n’était pas si mauvais.

Johnatan, lui, demanda pourquoi le juge n’avait pas retenu le fait que Shran ne pouvait pas encadrer Maxwell…

-C’est un argument qui n’aurait pas tenu… Tout simplement parce que ce n’est pas parce que tu ne sais pas piffer quelqu’un que tu as le droit de le frapper. De plus, Maxwell n’a jamais demandé à ce qu’on s’introduise sur son plateau, donc… Oui, on est en faute sur tous les points, je le reconnais… Mais c’est cher payé quand même.

Johnatan déclara qu’il n’aurait pas envoyé Shran en thérapie. Je rigolai brièvement.

-Moi si. Que ça l’emmerde ou non. Limite, c’est la peine que je trouve la plus logique dans l’histoire. Et sincèrement, j’espère que ça lui fera du bien. Même s’il va râler à tous les coups.

Je repris une bouchée de cookie qui était vraiment délicieux.

-Mmm ! Au fait, Johnatan, parlant de Shran… Il a pratiquement fini l’écriture de son film. Il te l’enverra dès que ce sera totalement fini pour que tu t’inspires pour la B.O.

Brent ne voulait pas nous déranger, et je le rassurais, il ne nous dérangeait pas. Justement, je n'attendais qu'un appel ou une visite de sa part aujourd'hui, et je voyais que ça lui faisait plaisir. Il à toujours été là pour moi quand ça n'allait pas, alors maintenant, c'est à moi de lui rendre ça

Je suis allé prévenir Julia que Brent était arrivé et plutôt que de la voir arriver nue, j'ai préféré anticiper, puis je lui sers son Martini pendant qu'il me raconte ces malheurs.

Quand il me disait qu'ils avaient pris cher, il m'explique qu'ils sont tombés sur le pire juge qu'il pouvait tomber. Un républicain qui n'est pas fan de Stephen et de Brent. Je lui disais que c'était le genre de mec qui voulait me mettre dehors parce que je suis étranger.  Il me disait que oui, même si j'ai la "bonne" couleur de peau, et que mes papiers sont en règle.

Mon père m'a toujours dit que si tu es étranger et que tu rapportes de l'argent, les républicains te laissent tranquille. Je ne sais pas si c'est vrai.

Puis Brent me parle de la peine qu'il avait pris, je trouvais que c'était énorme surtout pour ce qu'il avait fait et j'en profite pour dire ce que je pense de Maxwell, ce qui s'est passer avec Julia m'est resté en travers de la gorge.

Brent me dit que l'avocat de Maxwell a prôné qu'ils ont ruiné la scène et que ça allait couter encore plus cher. Je me gratte l'arrière du crâne.

Comment ça peut couter plus cher de refaire une scène ? Je n'arrive pas à comprendre.

Puis Julia arrive. Elle pensait que Stephen a frappé Maxwell à cause de ce qui s'est passé avec elle. Mais Brent va dans mon sens en lui disant que non, ce n'est pas de sa faute.

J'espère que ça ne va pas trop perturber tout le monde... Madame Lee devait être furieuse après vous !

Puis, elle disait à Brent de se servir en cookies, car elle en avait fait pleins.

Et moi, innocent que je suis, je demande pourquoi le juge n'a pas pris en compte que Stephen et Maxwell ne peuvent pas se voir.

Tu es trop naïf Johnatan !

Merci Julia... Et Brent me dit que ça ne méritait pas de frapper Maxwell et qu'en plus, ce dernier n'avait rien demandé, mais il trouvait que c'était cher payer. Et derrière, je dis que je n'aurai pas envoyé Stephen en thérapie. Mais Brent lui était au contraire pour.

Il en a si besoin que ça ? Je ne le connais pas assez, mais je ne trouve pas que ce soit le type le plus énervé que j'ai croisé... Mais si tu penses que ça lui fera du bien, c'est ton meilleur ami, tu le connais mieux que moi.

Puis Brent me dit que Stephen avait presque fini l'écriture, il me l'enverra pour que je travaille sur la bande son, et Julia me coupe l'herbe sous le pied.

Tu as une idée de quoi ça parle ?

Je regarde Julia en souriant en coin.

Non, Shran et moi n’avions pas eu de chance avec le juge Dorsley qui ne pouvait pas voir les progressistes comme nous en peinture. Un bon vieux républicain pure souche. Johnatan demanda si c’était le genre à mettre les étrangers comme lui dehors. Oui et non… Parce que ça ne se voyait pas au premier abord que Johnatan était étranger.

Le jeune homme déclara alors que son père lui avait dit que si tu étais étranger et que tu rapportais de l’argent, ils te laissaient tranquille.

-Je pense que ton père a raison dans la majorité des cas. Mais il ne faut pas non plus pousser le bouchon trop loin en étant, par exemple : étranger, artiste et homosexuel sans papiers… Là ça devient un peu trop pour eux, même si tu rapportes de l’argent… C’est là qu’il vaut mieux avoir ses papiers en ordre.

Je pensais notamment à Hugh qui cumulait toutes ces « tares »… Fort heureusement, lui aussi avait ses papiers en règle. Normalement il était intouchable.

Normalement.

J’expliquai les peine que nous avions eues et quelque chose interpella Johnatan : comment les coûts de production pouvaient augmenter s’il fallait refaire une scène. Je lui souris.

-Shran te l’expliquerait mieux que moi mais il faut savoir que chaque minute passée sur un plateau de cinéma se paye. Déjà rien que la location du studio, l’électricité, les techniciens et les acteurs qu’il faut payer, les bandes magnétiques, le maquillage s’il faut faire des retouches. Plus il faut refaire de scènes, plus il y a de l’argent qui part. Alors qu’une scène tournée en une prise est hyper rentable.

Je haussai les épaules.

-Tout ça coûte beaucoup d’argent. D’ailleurs, c’est un peu le même principe quand tu es en studio avec Nameless et que vous enregistrez, cela coûte aussi à la maison de disque. C’est d’ailleurs ce pourquoi il y a des maisons de disque, à moins d’être un artiste pété de thunes, la plupart des musiciens ne sauraient pas s’autofinancer tellement cela coûte cher. C’est donc MTI qui paye tout ça en espérant couvrir ses frais et faire des bénéfices avec les ventes une fois l’album produit.

Je rigolai.

-Vous, vous ne vous en rendez pas compte, vous faites votre musique et tout. C’est mon job de m’occuper du reste.

Je pris une gorgée de Martini. Je rassurai Julia, qui nous avait rejoints, quant au fait qu’elle n’y était pour rien dans ce qu’il s’était passé cette fameuse nuit. Elle espérait que ça n’allait pas trop perturber les choses et ajouta que « madame Lee » devait être furieuse… Je pinçai les lèvres pour retenir un sourire. Ce n’était pas marrant pourtant, mais c’était plus fort que moi, parce que dans le fond, je savais que tout ça s’arrangerait sans problème.

-« Furieuse » est un euphémisme. Si elle avait pu nous crucifier, elle l’aurait fait. Mais je ne pense pas que ça va perturber quoi que ce soit. On va payer nos amendes, Shran va aller à sa thérapie et tout ça sera vite oublié.

A moins qu’on s’en vante encore lors de convention Spaceship ce qui serait loin d’être étonnant.

En parlant de thérapie, Johnatan, qui pensait que haïr quelqu’un donnait le droit de démolir ce quelqu’un, ce à quoi Julia lui répondit qu’il était bien naïf, se demanda pourquoi moi, je n’étais pas contre le fait que Shran suive une thérapie.

-Oh oui, il en a besoin… Tu as déjà oublié l’article où on parle du fait qu’il a tiré sur un journaliste à la chevrotine ? Crois-moi, ce n’était pas son premier rodéo. Il a déjà failli perdre Spaceship à tout jamais à cause de ses accès de violence…

Je fis tourner mon verre de Martini sur la table, pensif…

-Oui, Shran est très nerveux. Trop nerveux. Je pense que la thérapie peut vraiment lui apporter quelque chose.

Pour parler de quelque chose de plus positif, j’évoquai le fait que Shran avait pratiquement terminé l’écriture de son script qu’il enverrait à Johnatan dès que possible pour qu’il le lise et s’en inspire pour la B.O.

Tout de suite curieuse, et à raison, Julia voulut savoir de quoi ça parlait.

-Cela parle de la vie dans la jet-set… Surtout de ses mauvais côtés, je pense, comme les dérives d’Hollywood… Sur ce dernier point, Shran sait de quoi il parle, on a bien failli en être victimes une fois. Heureusement que Charles Reed était dans le coin !

Le jeune homme innocent que je suis n'arrive pas à comprendre comment ça se fait que refaire une scène coute cher. Alors, je pose la question. Et Brent me dit qu'il faut payer l'électricité, les techniciens, la location du studio, ce genre de choses qui coutent cher. Il me dit que c'est comme Nameless, quand on enregistre en studio, c'est le même problème. Il me dit que l'on s'en rend pas compte. Et la première question qui me passe par la tête.

Et... ça va ? On est rentable ?

C'est vraiment la seule question qui me traverse la tête.

Puis, quand Julia arrive pour dire bonjour à Brent, elle demande si c'est à cause de ce qui s'est passé entre Stephen et Maxwell. Mais non, ce n'est pas sa faute, et Julia semble inquiète du fait que ça puisse perturber tout le plateau de tournage. Et que madame Lee devait être furieuse. Brent dit qu'elle aurait pu les crucifier, elle l'aurait fait. Et là, je prends un papier et un crayon et écrit.

Ça me donne des idées pour un prochain texte, merci Brent !

Brent disait qu'ils allaient payer et que Stephen va faire sa thérapie. Puis Brent me dit que Stephen a besoin de faire une thérapie, j'ai oublié l'article qui a été fait sur le fait que Stephen avait tirer sur un journaliste.

Je croyais que c'était une connerie ça.

Puis Julia me regarde.

Nan, il est très gentil, mais c'est vrai que parfois il est tendu, très tendu.

Je regarde Julia.

Pourquoi il ne fait pas de la boxe ou ce genre de choses ? Ça lui ferait du bien.

Puis, pour parler d'un truc plus sympa, Brent me dit que Stephen a presque fini le script du film. Et Julia, curieuse comme elle est, demanda de quoi ça parle.

Hummm je vois, on va voir ce qu'il a prévu et je vais essayer de lui faire quelque chose de sympa.

Julia me sourit.

Je suis sur que tu vas être capable de nous surprendre encore !

Alors que j’expliquais à Johnatan pourquoi on devait payer autant d’indemnités à Maxwell pour la scène qu’on avait sabotée, je le sentis soudain… Pas vraiment inquiet, mais au moins curieux. Il me demanda si ça allait, si Nameless était rentable. Je lui souris.

-Bien sûr ! Sinon, MTI n’investirait pas dans votre deuxième album. Avec l’argent des ventes du premier, on a assez pour rentrer dans nos frais et en plus vous payer ce qu’on vous doit à chacun.

Je tendis la main pour tapoter l’épaule de Johnatan.

-Donc, pas de tracas ! Continuez comme ça.

Julia, elle, pensait que ça pouvait être de sa faute que Shran ait frappé Maxwell, mais ça n’avait en fait rien à voir. Je la rassurai et elle enchaîna en parlant d’Enora qui n’avait pas dû être très contente. C’était le moins qu’on puisse dire ! Et quand je parlai de son envie de nous crucifier, Johnatan prit un papier et un crayon sous mon regard curieux et pris des notes.

Il disait que ça l’inspirait et ça me fit rigoler.

-Ah ! Bon et bien tant mieux ! Je dirai à Enora qu’elle t’inspire avec ses méthodes de torture…

Johnatan avait dit que lui, contrairement au juge, il n’aurait pas envoyé Shran en gestion de la violence. Mais moi oui. C’était peut-être le seul truc auquel je l’aurais condamné, d’ailleurs. Ça ne pouvait lui faire que du bien. Je rappelai à Johnatan l’article de Sørensen et il s’exclama parce qu’il pensait que c’était en fait une connerie, une invention de Sørensen.

Je soupirai.

-Ça aurait pu, mais non… Shran a réellement tiré en visant exprès à côté, mais n’empêche qu’un accident est quand même foutrement vite arrivé !

Je souris vaguement et repris mon verre de Martini en main.

-On dit souvent que Sørensen est un menteur. Mais ce n’est qu’en partie vrai. Il base toujours tout ce qu’il écrit sur quelque chose de vrai… Il exagère plus qu’il ne ment, en fait, en générale.

Je regardai Johnatan.

-Mais toi, tu as eu l’air d’avoir un bon feeling avec lui à la dédicace. Essaye que ça reste comme ça. S’il t’apprécie un peu, il racontera moins de conneries sur toi.

Julia, qui tournait avec Shran, déclara que mon ami était en général tendu, très tendu…

-C’est le moins qu’on puisse dire.

Johnatan proposa alors que Shran fasse de la boxe. C’était vrai que ça aurait été une bonne idée si Shran n’avait pas été épileptique. Parce que sa maladie ne lui permettait pas de faire des sports violents. Je me mordis la lèvre, parce que je ne pouvais pas dévoiler à Johnatan le « secret » de Shran qui tenait à ce que personne ne soit au courant de sa condition.

-C’est un très bon conseil, je lui en parlerai…

Ça me faisait un peu mal de mentir à Johnatan, même par omission, mais c’était comme ça.

Puis je parlai un peu du film que Shran avait presque fini d’écrire. Johnatan était prêt à réfléchir sérieusement à ce projet et Julia croyait en lui.

-Je pense en effet qu’il y a moyen de faire quelque chose de bien. En plus, il te laisse carte blanche, profites-en, parce que ça n’arrive pas souvent.

Je haussai les épaules.

-Bon, après, faudra voir ce qu’il pensera du résultat mais si Shran t’a proposé ça, c’est qu’il aime ta musique.

Quand Brent m'explique pourquoi ça coute cher de refaire une scène, je m'inquiète du fait de savoir si Nameless est rentable ou non. Il me tapote l'épaule en me disant que tout allait bien et qu'on était rentable. Il fallait continuer comme ça.

On va faire encore mieux pour être plus rentable alors !

Puis Julia arrive, elle demande si c'est à cause de ce qui s'est passé avec Maxwell que Stephen lui a mis son poing sur la tronche ou non. Mais Brent et moi, on la rassure, non, ce n'est pas sa faute. Et Julia disait qu'Enora devait être furieuse, Brent lui disait qu'elle aurait pu les crucifier, lui et Stephen, elle l'aurait fait. Ce qui me donne une idée, je la note d'ailleurs de suite pour ne pas l'oublier, ce qui fait rire Brent qui me dit qu'il va faire part à Enora du fait qu'elle m'inspire avec ces techniques de torture.

Tu peux ! Elle connait Johnatan, et Nameless, elle pense qu'on est deux personnes différentes !

Je ne lui ai rien dit !

Julia me sourit.

Puis, on parle du fait que Stephen devait aller faire une thérapie. Moi, je n'aurais pas fait ça. Mais Brent et Julia semblent être d'accord sur le fait que c'était une bonne idée. Perso je ne le connais pas assez pour juger. Et Brent me rappelle qu'il a tiré sur un journaliste quand même. Moi, je croyais que c'étaient des conneries, mais non, c'était bien réel.

C'est normal que je sois le seul à être surpris ?

Julia me regarde en rigolant.

Oui, tu travail pas avec donc tu ne peux pas te rendre compte, je ne suis pas surprise.

Brent m'explique que Sørensen racontait des choses qu'il exagérait, mais c'était vrai. Mais d'après lui, il m'aime bien et racontera moins de conneries sur moi.

C'est vrai qu'il a plutôt été agréable avec moi, ce qui m'a surpris, mais je vais essayer de faire en sorte que ça continue.

Pour calmer Stephen, je propose qu'il fasse de la boxe ou quelque chose comme ça. Je voyais que Brent et Julia semblaient ennuyés, mais Brent me disait qu'il allait lui en parler.

Je... J'ai dit une bêtise ? Il a déjà essayé et ça n'a pas bien marcher ?

Julia regarde Brent et lui fais un clin d'œil discret que je ne vois pas.

Oui, c'est ça, sa, c'est pas bien passé, il me semble ça l'énervait encore plus, alors il a arrêté et il cherche quelque chose pour se détendre. La thérapie va l'aider, j'en suis sûr !

Julia me sourit. Puis, on vient à parler du film que Stephen va faire. Je disais que j'allais faire quelque chose de sympa. Julia, elle me disait qu'elle était sûr que ça allait bien se passer et qu'elle croyait en moi. Et Brent me rappelle qu'il m'a laissé carte blanche et donc il aime ma musique.

Je vais faire de mon mieux pour le convaincre. Pour l'instant j'ai du coup préparé le second album en attendant, tout le monde bosse dur. Et l'idée de faire de la musique pour le film de Stephen leur fait envie, enfin, je n'en ai pas parlé à Tarah encore.

Johnatan était motivé pour devenir encore plus rentable avec Nameless. Je rigolai parce que dit comme ça, c’était comme si le groupe n’était qu’une machine à faire du fric. Alors que pour moi, c’était bien plus que ça. Mais je comprenais ce que Johnatan voulait dire.

-C’est bien ! Bonne mentalité ! Même s’il n’y a pas que les sous qui comptent, il faut quand même se dire que sans sous, on ira pas bien loin.

J’avais semblait-il, sans le vouloir, inspiré à Johnatan quelque chose en disant qu’Enora, quand elle avait appris ce qu’on avait fait, avait été tellement furieuse qu’elle nous aurait bien cloués sur la porte du studio. Ça m’amusait et j’avais envie de le dire à Enora. Mais il ne fallait pas que je m’emmêle les pinceaux en disant que c’était Johnatan et pas Nameless qu’elle inspirait parce que la productrice pensait qu’ils étaient deux personnes différentes.

-Ok. Elle inspire Nameless. Je ferai attention à ce que je dis.

Parfois, ce n’était pas toujours facile pour moi de me rappeler quoi savait pour l’identité de Nameless et qui ne savait pas. J’avais toujours eu une excellente mémoire, mais pas pour ce genre de chose.

Quant à la thérapie que devait suivre Stephen, Johnatan, qui ne le connaissait finalement que très peu, ne comprenait pas pourquoi tant Julia que moi, on pensait que ça ne pouvait pas lui faire de mal. Que du contraire ! Il était perturbé d’être le seul surpris. Julia lui dit que c’était parce qu’il ne bossait pas avec Shran et moi, je lui rappelai qu’il avait quand même tiré vers Sørensen.

Mais évidemment, s’il pensait que tout ce qu’écrivait Sørensen était un ramassis de conneries, ce n’était pas étonnant qu’il pense que Shran était un gentil petit agneau. Je lui expliquai donc comment fonctionnait le journaliste qui ne mentait réellement que rarement, quand il ne se passait vraiment rien. Mais que pour le reste, il ne faisait qu’exagérer ou romancer des faits réels.

Je me frottai les yeux.

-Parfois, il n’a même pas besoin d’exagérer, d’ailleurs. Il s’en passe tellement, des trucs, à L.A. Parfois même des choses auxquelles son imagination débordante n’aurait pas pensé.

Heureusement, Nameless, avec Sørensen, avait eu plutôt un bon feeling. Le jeune homme comptait faire en sorte que ça continue.

-Bonne stratégie. Il vaut mieux l’avoir avec toi que contre toi.

Toujours dans le but de bien faire, Johnatan proposa que Shran fasse de la boxe pour se défouler. Ça aurait été un excellent conseil si mon ami n’avait pas été épileptique. Malheureusement, je ne pouvais pas être franc sur ce point avec mon protégé, ce qui me gênait un peu. Et je n’étais apparemment pas seul dans le cas parce que je savais que Julia savait. Mais elle avait signé avec Shran une clause de confidentialité sur ce point. Si elle le trahissait, elle était virée.

-Mais non, tu n’as rien dit de mal, Johnatan.

Elle trouva une entourloupe à servir à Johnatan, avec un clin d’œil complice pour moi, comme quoi la boxe n’avait pas convenu à Shran et qu’il avait arrêté.

-peut-être qu’ils lui donneront d’autres trucs en thérapie, on verra bien.

Pour parler d’autre chose, je choisis de me pencher sur le projet de B.O. que Shran avait proposé à Nameless. Je leur donnai les grandes lignes du scénario et rappelai à Johnatan qu’il avait carte blanche. Son groupe semblait motivé et ils comblaient l’attente du scénario en travaillant sur leur prochain album.

Il n’y avait que Tarah qui n’était pas encore au courant pour la B.O.

Mon visage s’illumina d’amusement.

-Elle sera ravie, je pense, de travailler sur cette B.O. Pour elle, ce sera l’occasion de faire un pied de nez à Shran en étant lié à l’un de ses projets en passant par la petite porte.

Je rigolai…

-Cette gamine a absolument quelque chose à prouver à son oncle et je pense que vous allez lui en donner l’occasion.

J'avais fait part à Brent de ma motivation quant à l'idée de faire plus d'argent grâce à Nameless.

Certes il n'y à pas que l'argent, mais sans ça, rien ne marche pour nous. Ni pour vous d'ailleurs, et puis pour les décors, les feux d'artifices, ce genre de choses quand on fera de grandes scènes, alors il faut de l'argent !

Puis quand Julia arrive et qu'elle demande si elle était responsable de tous ces ennuis ou non, Brent et moi, on la rassure. Puis, du coup, elle en vient à dire qu'Enora Lee devait être furieuse, Brent lui dit que si elle avait pu les crucifier, lui et Stephen, elle l'aurait fait, ce qui me donne une idée pour un morceau. Je précise à Brent qu'elle inspire Nameless. Puis Julia intervient.

On devrait peut-être lui dire non ? Je veux dire elle sait qu'on sort ensemble et que John connaît Stephen, pourquoi ne pas lui dire que ce sont les deux mêmes personnes ?

Je regarde Brent en haussant les épaules ne sachant pas quoi répondre.

Puis on parle de Stephen et des articles de Sørensen, Brent m'explique comment Sørensen fonctionne. Il romance et exagère ce qu'il raconte, mais il ne raconte que rarement des conneries. Mais Brent trouve que l'on s'entend bien, lui et moi, et qu'il n'a pas l'air de vouloir me poser de problèmes.

Il ne m'a pas posé de soucis, alors il n'y a pas de raisons que je l'ennuie. ⁣⁣

Je souris. Puis on parle de Stephen, j'ai l'impression d'avoir dis une connerie en proposant à Stephen d'aller faire de la boxe, mais il semble qu'il ait déjà essayé et que ça ne s'est pas bien passé.

Tant mieux, je n'ai pas envie de dire des conneries. Et j'espère qu'ils lui trouveront une solution. Et j'espère que ça lui fasse du bien.

Puis, on vient à parler de la B.O du prochain film de Stephen. Il n'y avait que Tarah qui n'étais pas au courant.

Je vais essayer de faire en sorte qu'on l'entende bien ! Tarah va pouvoir prouver à Stephen ce qu'elle à à lui prouver !

J'ai vraiment hâte de voir ce que Stephen va dire !

Comme je le lui disais, Johnatan avait bien conscience que l’argent était important pour que son groupe puisse évoluer et, éventuellement, voire grand. Il répéta donc plus ou moins ce que je venais de dire, mais en esquissant un peu ce qu’il voulait pour les grandes scènes que j’étais sûr qu’un jour, ils feraient.

Je lui souris.

-Je pense que c’est un rêve très accessible. Vous travaillez dur, votre album fait que vous gagnez chaque jour de nouveaux fans. La presse n’a plus ou moins que des bons mots pour vous.

Je souris encore plus grand.

-Alors oui, tu as le droit de rêver.

Au détour de notre conversation, on parla d’Enora Lee… Enora Lee qui prenait encore Nameless et Johnatan pour deux personnes différentes. Julia demanda alors si on ne pourrait pas lui dire la vérité sur Nameless.

Je haussai les épaules et désignai Johnatan de la main.

-C’est lui le maître de son secret. Ce n’est pas à moi de décider de ça.

Si Johnatan voulait le dire à Enora, je ne voyais pas d’inconvénient. Mais je ne voulais le forcer à rien. C’était à lui de garder et polir son mythe. A lui de savoir qui il voulait mettre dans la confidence ou non.

-Tout ce que je sais, c’est qu’elle sait garder un secret.

Elle gardait bien celui de Shran, tout comme moi. Alors il n’y avait pas de raison qu’elle ne garde pas celui de Johnatan s’il lui disait qu’il était Nameless.

On parla  ensuite un peu de la presse puisque Johnatan n’avait pas l’impression que Shran était aussi violent qu’on semblait le dire. Et par extension, on ne pouvait pas parler feuille de chou sans parler de Sørensen dont j’expliquai le fonctionnement à Johnatan qui, encore récemment arrivé à L.A., ne pouvait pas comprendre toutes les subtilités des liens entre les stars, la presse, la jet-set, tout ça…

Lui, fort heureusement, semblait avoir tapé dans l’œil du pire journaliste people de L.A., ce qui était une bonne chose.

En gros, Johnatan partait du principe que si Sørensen lui foutait la paix, il lui foutrait la paix aussi.

-Le mieux, c’est que ça reste comme ça. Après, imaginons que dans le pire de cas, il t’arriverait de faire une connerie, parce que je suis bien placé pour savoir que ça arrive à tout le monde, il se pourrait qu’il n’ait pas le choix d’en parler dans L.A.People… Même s’il t’aime bien.

Je haussai les épaules.

-Mais là, tu ne pourras t’en vouloir qu’à toi-même comme moi là maintenant tout de suite… Je m’en veux parce que dernièrement, j’étais dans le top niveau notoriété… Et là je fais une connerie et paf ! Je redescends… Je ne peux pas en vouloir aux journalistes, seulement à moi-même. Tu comprends ce que je veux dire ?

J’expliquais ça à Johnatan parce que je savais qu’il pouvait parfois vite s’énerver. Mais il fallait qu’il puisse faire la différence entre des situations qu’il aurait provoquées et des paroles injustes à son encontre.

Quant à Shran, en plus des amendes et des journalistes qui s’en donnaient à cœur joie, il avait sa thérapie à suivre. Et en entendant ce que Julia et moi on disait sur le caractère de mon meilleur ami, il sembla comprendre qu’une telle thérapie était peut-être bien nécessaire… A défaut de pouvoir faire de la boxe.

-Mais oui, je suis sûr que ça va aller.

Point positif, ce même Shran avait presque fini la rédaction de son film pour lequel il voulait une B.O. made in Nameless. Johnatan semblait plus que motivé. Son groupe était déjà au courant, sauf Tarah. Mais je n’avais aucun doute que la nouvelle allait plaire à la jeune fille qui essayait désespérément d’attirer l’attention de son oncle sur son talent. Moi, je savais que Shran voulait la tenir loin de la jet-set pour la protéger…

Seulement, sincèrement, je trouvais ça un peu injuste pour Tarah qui était bourrée de talent. D’autant plus qu’elle était née dans la jet-set, alors les efforts de Shran étaient un peu vains… Comment voulait-il qu’elle devienne une personne juste lambda ? Et pourquoi ?

Je souris à Johnatan.

-Super, Tarah va être heureuse, tu vas voir.

Je terminai mon Martini et avalai le reste de mon cookie.

-Je vais vous laissez, si vous n’avez rien d’autre dont vous voulez me parler. Merci pour le verre, l’accueil, les cookies et tout. On se revoit bientôt, de toute façon… Je peux reprendre quelques cookies pour Hugh ?

Je fais part de mes ambitions à Brent concernant Nameless. Je voyais les choses en grand, de la pyrotechnie, des effets de lumières, ça me fait rêver ! Et Brent me rassure, je peux rêver ! On travaille dur pour que ça arrive, alors d'après lui, ça arrivera.

Puis, on vient à dévier sur Enora, Julia semblait partager entre l'idée de dévoiler qui j'étais ou non à Enora, et Brent lui disait que j'étais le seul qui pouvait décider. D'après lui, elle sait garder un secret.

Bon, ben, si tu le dis Brent, je te fais confiance, après faites comme vous voulez pour lui dire !

Puis, on vient à parler de la près, du cas de Stephen et de Sørensen. Je pars du principe que s'il me laisse tranquille, je fais de même. Et Brent semble satisfait de ce que j'ai fait.

C'est sûr que si je fais le con, il ne pourra pas me défendre, mais je n'ai aucun souci avec ça ! Mais je vais essayer de ne pas faire de conneries.

Je fais de mon mieux. Puis, on vient à parler de Stephen, je suggère de faire de la boxe pour qu'il ce détende. Mais il en a déjà fait et ça, ce n'est pas bien passé, mais je suis sûr qu'ils vont lui trouver quelque chose.

Puis, on parle de la B.O que Stephen veut pour son prochain film, il à presque fini. Et en plus, ça allait permettre à Tarah de montrer son talent à Stephen, lui qui refuse de lui laisser la chance de le montrer.

Puis Brent finit son martini et il demande à prendre des cookies pour Hugh si on à plus rien à dire.

Bien sûr, prend en tant que tu veux ! Il y en a pour les fous et les dingues !

Elle sourit et je regarde Brent.

Je pense que c'est tout bon de mon côté ! Et fait attention à toi, ne refait pas de conneries, enfin pour l'instant !

Je lui souris.

Bien sûr que j’ai confiance en Nameless et leurs rêves ! Je serais un très mauvais manager dans le cas inverse ! Et je pensais bien que Johnatan et ses gars se donnaient tous les moyens de pouvoirs rêver à de grandes scènes !

Quant au secret de l’identité de Nameless, Johnatan était apparemment prêt à le dévoiler à Enora Lee. De toute façon, Enora n’était pas non plus née de la dernière pluie et à force de voir le jeune homme en ma compagnie, elle allait finir par faire 1+1 toute seule.

Tout ce que je pouvais garantir à Johnatan, c’était qu’Enora savait garder un secret. Il était donc d’accord pour qu’on lui dise. Je lui souris.

-Qui sait, tu auras peut-être l’occasion de lui dire toi-même. Mais si ça vient dans une de nos conversations avant, au moins, je sais que je n’ai plus à lui faire de secret là-dessus.

Pour ce qui était de la presse, Johnatan semblait bien comprendre ce que je lui racontais comme quoi, même si Sørensen l’avait à la bonne, il avait un job à faire et ne pourrait pas taire certaines choses juste sous prétexte qu’il l’aimait bien.

Je hochai donc la tête, satisfait de la mentalité de mon protégé sur la chose.

Là-dessus, j’allais laisser les jeunes tranquilles. Je n’avais plus envie que d’une chose : arriver chez moi, me débarrasser de ce costume dans lequel j’avais l’impression d’être ridicule pour me remettre en jeans et en simple t-shirt…

Ah… Et passer une main dans mes cheveux pour les décoiffer… Pauvre Sonya, elle avait mis tellement de cœur à me coiffer…

-Merci pour les cookies, Julia. Hugh sera content !

Je pris donc une boîte qu’elle me donna pour y mettre les biscuits. Johnatan n’avait rien à ajouter, si ce n’était me dire avec humour de ne pas faire de connerie.

Je rigolai.

-Oui, ne t’inquiète pas… J’ai été bien refroidi là pour le coup. Je vais me tenir tranquille un moment.

Je quittai l’appartement des deux jeunes artistes le cœur un peu plus léger d’avoir pu parler des événements d’aujourd’hui.