On venait de vivre la cérémonie la plus ennuyeuse du monde à la Saint Timothy’s Catholic Church de Beverly Hills… On aurait limite dit un enterrement alors que c’était bien le mariage de mon frère avec Marina Troi qu’on était censé célébré.

Par trois fois, j’avais failli piqué du nez tellement tout ça été à mourir d’ennuis ! Pourtant, j’avais tout le temps de me reposer, dernièrement ! La tournée de promotion de Lost In The Dark était terminée mais, en bon Stephen Shran que j’étais, j’étais incapable de ne pas noter sur papier tous les scénarios qui me passaient par la tête et Dieu sait que j’en avais ! Dont celui pour un série sur lequel je travaille depuis plus d’un an maintenant. Un projet ambitieux que je voulais faire prendre vie le plus rapidement possible.

Donc… C’était bien l’ennui qui m’avait fait piqué du nez… Il faut dire que mon frère avait opté pour la plus classique des cérémonies avec chants religieux et discours bateau des mariés. Tout ça devant une église pleine à craquée… Il faut dire que mon frère de Marina en avait des connaissance… Dont moi et Brento… Moi parce que j’étais le frère de Stanley et Brento parce qu’il bossait pour MTI et qu’il était le frère de Don. L’ainé de mon meilleur ami étant le témoin de mon frère. Il faut dire que si jamais un jour je me marie, je n’allais pas non plus choisir Stanley comme témoin mais bien Brent alors je n’en voulais aucunement à Stanley pour ne pas m’avoir choisi.

Ça m’arrangeait, en fait !

Bref, ça avait été une cérémonie ennuyeuse et, après celle-ci, on avait tous migré à Malibu dans la villa de mon frère et de Marina… C’était une grande propriété et le jardin avait été aménagé pour accueillir la fiesta ainsi que le living. Il y avait une scène où des artistes de MTI allait pouvoir montrer leur talent. Mon frère m’avait déjà dit que j’avais interdiction formelle d’y monter pour, je cite, « faire mon intéressant ». C’était une demande explicite de Marina.

Je m’étais déjà emparé d’un cocktail chargé d’alcool alors que j’étais appuyé contre un arbre à côté de Brent alors que Marina grimpa sur scène pour annoncer que la fête pouvait commencer.

-Elle a déjà commencé Marina, j’ai déjà mon verre ! Et heureusement parce que, jusqu'ici, je m'endormais...

C’est ce que je lançais très fort alors que tout le monde s’était tu pour écouter ma belle-sœur causer… Je la vis faire une petite moue mais elle ignora ma remarque pour continuer à parler et à demander à tout le monde de s’amuser jusqu’au bout de la nuit…

Une fois qu’elle descendit de la scène, je soupirai. Tout le monde avait repris ses conversation et je me tournai vers Brent.

-J’espère que la fête sera moins ennuyeuse que la cérémonie… Parce que, bon Dieu, j’ai failli mourir d’ennui… Le prêtre avait une voix qui m’endormait… Pourquoi Stanley n’a pas fait une cérémonie plus courte ? Une heure… C’est affreusement long !

Stanley aimait fait les choses dans les formes… Un peu trop à mon goût. Et, surtout, il était tellement coincé que tout ce qu’il faisait était d’un ennui mortel !

-Parce que ton frère n’a jamais su s’amuser… Il tient ça de son père…

Je me retournai reconnaissant parfaitement la voix moqueuse qui s’était élevée derrière nous. C’était ma mère… Sonya Shran… Un peu moins de la soixantaine, petite mais largement bien conservée… On pouvait me revoir dans certains de ses traits bien que j’étais le portrait craché de mon propre père. Elle était venue seule à ce mariage mon paternel n’étant pas en bon terme avec Stanley et ça depuis de nombreuses années.

-Salut M’an…

Elle me sourit mais c’est vers Brento qu’elle se tourna afin de replacer ses cheveux. Elle avait une certaine obsession pour la coiffure du Brent… Elle voulait absolument les dompter peu importe la longueurs qu’ils avaient. Un travail impossible, bien sûr.

-Mon petit Brent. Toujours aussi indisciplinés, tes cheveux. Comment vas-tu ? Toujours pas trouvé une jolie jeune fille ? Je suis sûr que tu vas pouvoir trouver chaussure à ton pieds, ce soir. Qui ne voudrait pas d’un gentil jeune homme comme toi, après tout ?

Je levai les yeux au ciel… Ma mère… Son but étant de nous caser, moi et Brent. Chaque fois qu’elle nous voyait c’était pour nous demander où on en était niveau relation amoureuse. Pour elle, c’était bien étonnant que Stanley ait trouvé chaussure à son pieds avant Brent ! Elle était complètement folle de Brent. Elle le traitait comme son propre fils… Tout comme, entre moi et Stanley, il était évident que j’étais son favori.

Le mariage de Marina Troi et Stanley Montgomery… Il aurait fallu s’y attendre, que ces deux coincés se mettent ensemble. Mais en soit, j’étais heureux pour eux. Et aussi heureux pour moi, car j’étais invité à la fête et à la cérémonie !

Mon frère m’avait dit :

-Stanley t’invite pour faire plaisir à Stephen. On compte sur toi pour l’empêcher de faire des conneries… on peut compter sur toi ?

« Bien sûr », que je lui avais répondu, sans un petit sourire en coin. Ce à quoi Don avait soupiré et quand il s’était retourné, j’avais clairement vu qu’il croisait les doigts dans son dos.

Don était le témoin de Stanley lors d’une cérémonie qui dont il était prévu qu’elle dure une heure tout entière. Qu’est-ce qu’on pouvait bien faire pendant une heure à l’église à l’occasion d’un mariage ? Piquer un somme ? Comme Shran semblait vouloir le faire ?

D’ailleurs, chaque fois que sa tête partait vers l’avant, parfois avec un petit ronflement, je plaçais mon doigt devant son visage et que lui envoyais un petit coup dans son petit nez en trompette, le faisant se redresser en sursaut.

Trois fois, il avait failli s’endormir ! Et je lui avais chuchoté :

-Ne me laisse pas seul avec les prières !

Je n’étais pas croyant. Je respectais toutes les religions et pensait que chacun était tout à fait libre de vivre sa foi comme il l’entendait… Mais du coup, je ne connaissais pas les prières et encore moins les chants alors je faisais juste semblant en remuant les lèvres.

Ce calvaire passé, on se rendit à la villa de Stanley sur Malibu. La fête pouvait commencer ! D’ailleurs, la première chose qu’on fit fut de se ruer sur le bar pour être dans les premiers à pouvoir étancher notre soif.

Ah… Et je n’ai pas parlé de ma tenue… Heu… Le seul beau costume que j’avais, je l’avais porté au mariage de mon frère avec Kate Julian. Et depuis, je reportais toujours le moment d’aller le porter au nettoyage à sec… Du coup, je m’étais retrouvé sans rien à me mettre pour le mariage de Stanley… je portais donc mon jeans le plus correct, une chemise kaki et un pardessus matelassé bleu et rouge…

Quand Don m’avait vu arriver… vous auriez dû voir sa tête !

Bref, on s’était trouvé un beau petit coin dans le jardin, sous un arbre pour nous protéger du soleil qui commençait à décliner, avec un cocktail à la couleur douteuse pour Shran et un Martini pour moi.

Marina ouvrit alors les festivités en faisant une annonce au micro, sur la scène qui nous était formellement interdite d’accès.

Et Shran ne sut pas s’empêcher de faire un commentaire bien fort, pour être sûr d’être entendu… J’étais là soi-disant pour l’empêcher de faire des conneries, mais je ne pouvais pas l’empêcher de parler. Alors je levai mon verre vers Marina et lançai tout aussi fort.

-A la santé des mariés !

Marina descendit de scène non sans nous fusiller du regard et Shran soupira en espérant que la fête serait plus amusante que la cérémonie.

-Il y a des chances. De toute façon, il ne tient qu’à nous. Même si ça manque de Victoria Hunter.

Mais elle était chez BSC, alors…

Je haussai les épaules quand Shran se demanda pourquoi la cérémonie n’avait pas été plus courte. Mais la réponse nous vint de derrière nous… De la part de Sonya Shran qui fondit directement sur mes cheveux qu’elle essaya de dompter. Mes cheveux la rendaient complètement folle.

-J’ai mis du gel, pourtant…

Oui ! J’étais coiffé ! Autant que faire se pouvait ! Mais je la laissais faire. Parce que j’adorais Sonya Shran. Elle se souciait de moi plus que ma propre mère. Je ris à ses questions sur les femmes…

-Je vais très bien… Merci… Et pour ce qui est des femmes, j’ai eu un tas de conquêtes ces derniers temps, mais aucune ne vous arrive à la cheville, Sonya.

Shran roulait des yeux, ce qui me fit rigoler. Je passai un bras autour de ses épaules puis pris un air dépité à l’attention de Sonya.

-Nos frères nous ont interdit de mettre l’ambiance… Vous y croyez, à ça ?

Rien de tel qu’un cocktail à la couleur douteuse pour se rebooster un peu après une cérémonie d’un ennui mortel où Brent n’avait pas arrêté de me réveiller par des coups dans mon pauvre nez qui, aux dernières nouvelles, ne lui avait rien fait ! Il n’avait pas voulu que je le laisse seule avec d’interminables prières… Sauf que je n’arrivais pas à m’empêcher de m’endormir ! Je n’y pouvais rien !

Bref, je me remettais de ça alors que la fête ne faisais que commencer… Enfin, j’espérais qu’il y aura bien une fête ! Parce qu’avec Stanley et Marina, rien n’était moins sûr ! Quoi qu’il en soit, Brent et moi s’étions déjà mis dans un coin attendant que l’ambiance arrive. Mais tout ce qui arriva, finalement, sur scène, c’était Marina qui annonça le début des festivités…

Je ne pus m’empêcher de faire un commentaire lancé tellement fort que personne ne pus ne pas l’entendre. Ça agaça Marina, bien entendu… Il faut dire qu’entre Marina et moi ce n’était pas le grand amour. Elle ne m’avait toujours pas pardonné ma petite chanson sur ses seins que j’avais chanté devant tout le monde il y a un an d’ici.

Il faut dire que Marina était très prude et c’est encore pire depuis qu’elle était en couple avec Stanley… Ils font bien la paire tous les deux…

Brent ajouta son grain de sel souhaitant la santé aux mariés avant que Marina ne descende de scène en nous foudroyant du regard. Je crois que si elle avait pu ne pas nous invité, elle l’aurait fait mais Stanley avait dû m’inviter pour le politiquement correcte. Pas que mon frère me détestait, hein ! Il n’aimait juste pas la façon de me comporter aux fêtes…

Ça tombe bien, je n’aime pas la sienne !

Je n’avais pu m’empêcher de soupirer me demandant si la fête allait être aussi ennuyeuse que la cérémonie. D’après Brent, il y avait des chances ce qui me fit faire une moue plus prononcée encore. Il disait que ça ne tenait qu’à nous de nous amuser même si, d’après lui, ça manquait de Victoria Hunter… Mouais… Lui avait de la chance d’arrive très souvent à s’attirer plus que les bonnes grâces de Vicky. Moi, chaque fois, ça n’avait pas marcher et je ne comprends toujours pas pourquoi.

-Mouais… Victoria… Ta favorite du Golden Triplet… Moi, c’est de Jessica que je trouve que ça manque !

Ma favorite à moi ! Il faut dire que je passe beaucoup de temps avec Jessica. Elle a été l’une des stars des deux films que j’ai réalisé jusqu’ici. Et j’avais été mandaté pour faire un second opus à Love In L.A., donc j’allais, encore travailler avec Jessica bientôt. Fallait juste que je ponde un scénario aussi bon que le premier.

Mais ici, du Golden Triplet, nous n’avions que Kate Julian, la femme de Don Hughes… Autant dire qu’on était carrément perdant, là… Je n’aimais pas Kate Julian.

Je fis encore un commentaire sur la cérémonie et la réponse à ma question vint de ma mère qui s’était approchée de nous. Directement, c’est vers Brent qu’elle alla pour essayer de dompter ses cheveux. Etonnant qu’elle n’ait fait aucun commentaire sur la tenue de Brent, hein ! Même moi, j’avais fait plus d’effort. J’avais mis un beau pantalon et une chemise foncée. Je savais que Stanley aurait voulu que je mette un costard mais c’était chiant de faire la fête en costard. C’est ce que je lui avais dit quand il m’avait vu arrivé à la cérémonie tout à l’heure. Mais Brent, lui, était habillé pour aller se faire un road-trip… Pas pour aller à un mariage.

Ma mère s’attardait, donc, sur la chevelure indomptable de mon meilleur ami qui affirma avoir mis du gel.

-Même le gel ne semble pas pouvoir dompter cette magnifique chevelure.

Ma mère était à la fois admirative et désespérée devant la rébellion des cheveux de Brent…

Elle s’inquiéta aussi de l’éternel célibat de mon meilleur ami qui disait aller bien mais ne pas trouver la moindre conquête à la hauteur de ma mère. Ça le fit rire d’un petit rire flatté alors que, moi, je fis la moue.

-Hey ! Ma mère est prise, tu sais, Brent. Alors, doucement, hein.

Par mon père, pour la cause… Même si je savais que Brent n’avait pas de vue sur ma mère… Quoi que...

-Mon petit Brent, je suis certaine qu’une jolie jeune fille finira par faire fondre ton petit cœur de célibataire endurci.

Oh, ça rien n’est moins sûr, Maman ! D’ailleurs, je ricanai avant que Brent ne passe son bras autour de mes épaules pour révéler à notre mère que Stanley nous avait interdit de mettre l’ambiance. Ma mère fit une petite moue.

-C’est bien dommage mais ce n’est pas étonnant. Stanley aime que tout soit fait sans aucun accro. Je me suis toujours dit qu’il ferait un bon politicien mais il a été plus malin que ça. Il ressemble tellement à son père… Parfois, je me demande ce que j’ai fait pour que mes fils ressemblent autant à leur père respectif.  

Elle se planta devant moi et commença alors à remettre le col de ma chemise convenablement.

-Tu n’as pas repassé cette chemise, mon petit Stevie… Ton père verrais ça, il te tuerais. Heureusement, j’ai laissé ce râleur à la maison.

Je roulai des yeux.

-Je n’ai pas le temps de repasser… Je bosse 25h/24, je te rappelle.

Elle soupira, désespérée avant de nous regarder tous les deux.

-Et l’ambiance, vous compter quand même la mettre ou vous aller rester sagement ici dans votre coin ? Vous n’aller même pas essayer de draguer votre potentielle future femme ? C’est une jeune célibataire, la jeune et jolie Enora Lee… Une amie de Marina… Qui a attrapé le bouquet. Elle est charmante. Vous devriez tenter votre coup.

Elle nous regarda l’un et l’autre avec un petit sourire. Il était clair que je tenais de ma mère ma propensions à faire la fête et à… Foutre la merde…

-Si on met l’ambiance, Stanley va nous foutre dehors… Et je ne connais aucune Enora Lee… Si c’est une amie de Marina, elle est sûrement coincée aussi.

Je grommelai ça. Stanley me l’avait certifié hier encore au téléphone que je devais être le plus discret possible sinon il me foutait dehors sans ménagement.

Nous étions bien tranquilles, sirotant nos cocktails en attendant que la fête se mette vraiment à commencer. Marina, sur la scène, avait été obligée d’annoncer que ça commençait… C’était dire si les choses allaient lentement. Pour commencer, ils feraient bien de mettre la musique plus fort ! Parce que là, on se serait cru dans un ascenseur.

Shran soupirai en désespérant déjà de trouver de l’amusement lors de cette fête en l’honneur des jeunes mariés. Pour moi, ça manquait cruellement de Victoria Hunter qui était pratiquement persona non grata dans cette soirée bourrée de représentants de MTI… C’était limite de la ségrégation ! Moi, je préférais quand les rivaux se mélangeaient, ça donnait toujours des histoires intéressantes.

Shran, lui, regrettait l’absence de Jessica Hill qui était son actrice fétiche là où Hugh Crusher était son pendant masculin. Il avait connu la gloire avec Love In L.A. et il allait d’ailleurs bientôt remettre ça.

-Si Jessica avait été là, tu aurais parlé boulot toute la soirée, ça n’aurait pas été mieux !

Le connaissant, il aurait été capable de lui faire réciter des répliques de son prochain film en plein milieu de la réception de son frère.

Du Golden Triplet, ne restait donc que Kate Julian… Ou Kate Hughes, en l’occurrence, même si pour ses activités professionnelles, Kate gardait son nom de jeune fille.

Je pris une gorgée de Martini juste avant que la mère de mon meilleur ami ne se pointe. Sonya était une petite femme de presque la soixantaine, mais qui avait un jour été une beauté un peu atypique… Qui s’était, avec les années, transformée en véritable charme.

Mais elle, ce qu’elle aimait et détestait à la fois chez moi, c’était mes indomptables cheveux. J’étais obligé de les porter plus ou moins longs, parce qu’autrement, ils rebiquaient de partout. Elle me faisait rire et le contact de ses mains sur ma tête était agréable. Je ressentais… de la sécurité. Comme quand j’étais petit et que ma mère passait ses mains dans mes cheveux.

Sonya s’inquiéta de savoir si j’étais toujours célibataire et, comme je lui avouai que c’était le cas, comment ça se faisait. Je blaguai alors en disant qu’aucune femme ne lui arrivait à la cheville, ce qui la fit rire et provoqua une moue boudeuse chez Shran. Il disait que sa mère était prise et j’eus un sourire espiègle.

-Comme si ça m’avait déjà empêché de faire quoi que ce soit…

J’avais déjà eu des aventures d’un soir avec des femmes mariées. Parfois en connaissance de cause, parfois pas.

Mais Sonya, elle, ne désespérait pas sur mon cas. Elle était certaine qu’un jour, je trouverais chaussure à mon pied.

Cependant, là n’était pas notre problème immédiat. Autant Shran que moi, on se sentait bridés par nos frères qui nous avaient ordonné de bien nous comporter. Sonya disait que c’était parce que Stanley était psychorigide et qu’l ressemblait à son père, comme Shran.

Je retirai mon bras des épaules de Shran et regardai mon ami, dont la mère était en train de rafistoler le col, de haut en bas, puis Sonya de la même manière.

-Vous vous ressemblez quand même, vous deux. Physiquement parlant… Petits, bruns… Mais c’est vrai que question de râler, tu es tout ton père, Shran.

Mon ami était un impulsif notoire… Et d’une discipline militaire qu’il tenait affectivement de son père, mais aussi, de sa propre courte expérience à l’armée. Cela me fit penser à mon frère, Geordi, qui était actuellement au Vietnam. Je soupirai… Comme j’aurais aimé qu’il soit là !

Je rigolai quand Shran déclara à sa mère qu’il n’avait pas le temps de repasser ses vêtements à cause des heures qu’il faisait.

-Et le reste du temps, on le passe à sortir à gauche et à droite alors effectivement, il n’a pas le temps.

Sonya nous demanda alors, sur un air réprobateur, si on allait se contenter de nous apitoyer sur notre sort ou si on allait enfin chercher l’éclate là où elle pouvait se trouver. Elle parla d’une certaine Enora Lee, ce qui me fit soulever un sourcil curieux et intéressé. Shran, lui, disait qu’on allait se faire virer si on tentait quoi que ce soit et qu’une amie de Marina ne valait probablement pas le coup.

Je lui fis signe de se taire, d’attendre d’en savoir plus.

-Attends, attends… pas de conclusions hâtives. Kate Julian est l’amie de Victoria et elles n’ont rien en commun, pour ne citer qu’un exemple.

Sonya arborait un sourire qui la faisait ressembler à mon ami comme deux gouttes d’eau.

-Qui est Enora Lee ? Qu’est-ce qu’elle fait et comment ça se fait qu’on en a jamais entendu parler ?

Si Brent voulait que Vicky soit là, moi, j’aurais bien voulu que Jessica soit là. Mais mon meilleur ami disait que si mon actrice fétiche avait été invitée par mon frère, elle et moi aurions parlé boulot toute la soirée. Je fis la moue… Ouais… J’avais parfois trop tendance à parler boulot. Mais je savais quand m’amuser aussi !

-On n’aurait pas fait QUE ça, tu sais…

On aurait fait d’autres choses aussi… Quoi que Brent aurait peut-être, encore une fois, remporté la palme, hein !

Mais bon… Victoria n’était pas là… Pas plus que Jessica qui n’était pas dans les bonnes grâces de ma chère belle-sœur. Restait Kate Julian mais elle était aussi méchante que mariée.

La seule femme qui finit par venir nous parler ne fut, finalement, nulle autre que ma mère. Elle déplorait, visiblement, tout autant que nous le mariage bien trop conventionnel de Stanley et ne tarda pas à s’adresser à Brent voulait autant le recoiffer que le caser. Mais mon meilleur ami affirma qu’aucune autre femme n’arrivait à la cheville de ma mère ce qui me fit lâcher un commentaire pour remettre Brent à sa place. Non mais ! Il n’avait pas le droit de draguer ma mère ! Elle est mariée, en plus !

Mais Brent rétorqua que le mariage de ses conquêtes ne l’avait jamais empêché d’en faire, justement, une conquête. Je fis la moue grommelant :

-Ouais mais c’est ma mère là… Le principe de l’amitié veut que tu ne touches pas à ma mère.

Mon principe de l’amitié.

Tout le faisait bien marrer, ma mère qui devait être flattée d’avoir de tels compliments d’un type bien plus jeune qu’elle ! Je savais qu’elle adorait ça !

Brent avoua alors que nos frères nous avaient empêché de trop nous montrer aujourd’hui ce qui risquait de compromettre nos chances de nous amuser vraiment. Mais tout ça n’étonnait pas ma mère qui connaissait Stanley comme si elle l’avait fait (chose qu’elle avait réellement fait, en fait). Mon frère était le type le plus coincé de l’univers et Marina n’était pas mieux…

Maman rafistola alors mon col non sans dire à quel point elle avait fait deux enfants qui étaient le portrait craché de leur père respectif. Sauf que Brent voyait quelques ressemblances physique entre moi et ma mère. Ma mère soupira.

-C’est vrai, mon petit Brent. Mais, comme tu le dis, du reste, Stevie est tout son père. Inflexible, râleur et à cheval sur ses principes. C’est la même chose pour Stanley… Il coincé, snob et un rien manipulateur tout comme son bourge de père !

Nul besoin de vous dire qu’entre ma mère et le père de Stanley, ce n’était plus du tout le grand amour. Que du contraire… Il était ici, d’ailleurs mais j’étais certain qu’elle et lui allait s’éviter comme si l’autre avait la peste.

Bref… Ma mère regrettait que je n’avais pas repassé ma chemise mais le fait est que je n’en avais pas le temps car je bossais. Brent affirma que, le reste du temps, on faisait la fête, donc, effectivement, je n’avais pas le temps de repasser. Voilà ! J’ai d’autres choses à faire.

Ma mère ne semblait pas approuver le fait qu’on s’apitoie sur le fait que Stanley nous avait, en quelque sorte, interdit de nous amuser vraiment. Elle semblait encline à nous pousser au vice. Je la reconnaissait bien là… Ah et à nous caser aussi ! C’était son obsession… Sauf que l’idée même d’aller tenter de draguer une amie de Marina ne me plaisait pas du tout. On avait des amis à notre image, non ? Non… Pas nécessairement comme l’affirma Brent qui fit la comparaison entre Victoria et Kate qui n’étaient pas du tout pareille. Je fis la moue.

-Mouais… Mais je suis certain que Marina sélectionne ses amies comme elle sélectionne son mari. C’est bien le genre…

Ma mère voyait bien qu’elle avait attiré l’attention de Brent et je savais que, du coup, elle n’allait pas nous lâcher avec cette Enora Lee… Surtout que Brent demanda plus de renseignement. Ce qui me fit, encore, rouler des yeux.

-On s’en fiche !

Visiblement, non. On ne s’en fiche pas. Le sourire de ma mère se fit plus malicieux.

-Si vous ne connaissez pas Enora c’est parce qu’elle est plutôt discrète. Pourtant, c’est la fille de Gene et Laura Lee. Les deux acteurs.

Deux acteurs très connus ! Ils avaient joués dans de grands films. Je savais qu’ils avaient une fille mais j’ignorais qu’elle s’appelait Enora… Je n’avais jamais vu Enora Lee à une foutue fête de la jet-set.

-Elle a fait des études de cinéma à New York et y à vécu un petit temps. Elle est récemment revenue à Los Angeles et vient de lancer sa boîte de production de films. Elle semble être une femme très intelligente. Marina et elle se connaissent depuis l’enfance.

Mais mais… Comment elle sait tout ça, ma mère, hein ?! Elle connait toute la biographie de cette fille que moi, je ne connaissais même pas !

-Comment tu sais tout ça, toi ?!

Ma mère afficha un sourire espiègle.

-Parce que j’ai discuté avec elle avant qu’on n’entre dans l’église pour cette cérémonie ennuyeuse. Elle est arrivée tôt et moi aussi. J’ai pu faire connaissance et lui parler de vous. J’ai dit à quel point tu étais gentil, Brent et, toi, Stevie, j’ai dit que tu avais, en tête, un tas de projets de film et qu’elle gagnerait à te connaitre. J’ai maximisé mes chances de l’avoir comme belle-fille en faisant votre publicité à tous les deux. Ne me remercier pas surtout.

Non mais ! De quoi je me mêle ! Maximiser ses chances d’avoir Enora Lee comme belle-fille ? Mais… Ouais parce que, si Brent se met avec Enora Lee, ma mère la considèrera comme sa belle-fille, hein. Parfois, je me demande si Brent n’est pas plus le fils de ma mère que Stanley !

-M’an… Tu exagères. Brent et moi on aime être célibataire ! N’est-ce pas Brent ?!

Ma mère fit la moue pas spécialement contente de ma réflexion.

-Tu es incapable de remercier les gens, Stevie… Je ne t’ai pas élevé ainsi !

Je cachai mon sourire amusé derrière une gorgée de Martini quand Shran affirma que si Jessica avait été là, ils n’auraient pas fait QUE parler boulot. Le fait était que j’imaginais tout à fait bien mon ami continuer à parler film et scénario en plein ébat…

J’étais à deux doigts de lui faire la réflexion, pesant le pour et le contre et évaluant si cette assertion me vaudrait un rire ou une tape à l’arrière de la tête quand Sonya Shran nous interrompit. Petit bout de femme enjoué au caractère aimable mais bien trempé, elle était vraiment d’une compagnie agréable et j’étais content de la voir.

Je ne tardai pas à jouer un faux flirt avec elle étant donné qu’elle cherchait à me caser autant que son fils. Elle sembla flattée, mais Shran, lui, n’était pas d’accord avec ce petit jeu… C’était qu’il y croyait vraiment, hein ! Il déclara d’ailleurs qu’il ne voulait pas que je touche à sa mère. Principe de l’amitié, disait-il.

Je rigolai.

-Je croyais que le principe de l’amitié, c’était justement le partage.

En réalité, Shran partageait déjà, parce que Sonya me considérait carrément comme le frère de son fils. Elle avait d’ailleurs de meilleurs mots pour moi qu’elle n’en avait pour Stanley qu’elle disait snob et manipulateur. Bien que si je comprenais bien, ces reproches visaient surtout le père de Stanley que j’avais vu trainer çà et là…

Quant à Shran, elle le disait inflexible et râleur mais aussi…

-A cheval sur les principes, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais parfois, c’est une qualité. Je sais que je peux faire confiance à Stephen, en tout temps.

Sonya, après avoir essayé de me recoiffer en vain, s’attela à une autre tâche tout aussi vaine : remettre le col de Shran convenablement. Elle lui reprocha de ne pas avoir repassé sa chemise, mais le fait étéait qu’on avait beaucoup trop de choses à faire pour s’occuper du ménage et du repassage… Enfin… Shran avait beaucoup de choses à faire.

Elle nous parla alors d’une certaine Enora Lee, nous vantant sa jeunesse et sa beauté, toujours dans l’optique de caser au moins un de nous deux. Mais son nom ne nous disait rien et pour Shran, le fait qu’elle soit une amie de Marina était déjà un gros défaut.

Je n’étais pas d’accord avec ça et je lui prouvai par A+B que des amies pouvaient être très différentes comme c’était le cas pour le Golden Triplet… Je voulais, donc, en savoir plus ! Je vis Shran rouler des yeux mais je n’en avais que faire ! Je voyais là une occasion de nous amuser.

-Tu vas faire quoi ? Rester près de ton arbre alors ? Hors de question.

Sonya, elle ne fut alors pas avare en informations. Enora était en fait la fille des acteurs Gene et Laura Lee, deux acteurs très connus qui avaient vu la naissance du cinéma parlant, à l’époque. J’ouvris de grands yeux et ma mâchoire inférieure s’affaissa.

-Et on ne la connait pas ? C’est pas discrète qu’elle a été, c’est carrément en mode furtif !

Enora, donc, avait étudié et vécu à New York et avait désormais une petite boîte de production de films.

Je me tournai vers Shran.

-Ce serait bénéfique de la connaître pour toi, Shran !

Lui qui était dans le cinéma et toujours à la recherche de financement, avoir Enora dans son carnet d’adresse ne pouvait être qu’un avantage.

-Vous pourriez vous entraider.

Mais une autre question se posait et  elle sorti de la bouche de mon ami. Comment Sonya savait-elle tout ça alors qu’on ne visualisait même pas qui était Enora ? En fait, Sonya avait pris les devants et parlé avec Enora en faisant notre publicité… Je rigolai en rougissant.

-Et ben merde alors… Heu… Merci…

Mon ami, lui, ne remercia pas sa mère de nous avoir mâché le travail. Il disait qu’on aimait être célibataire. Je hochai la tête.

-Très juste… Nous aimons être célibataire… Mais je pense qu’Enora Lee est probablement quelqu’un d’intéressant même en dehors de l’optique de la pousser dans notre lit…

Sonya fit une moue réprobatrice et je me hâtai d’ajouter…

-…ou de lui passer la bague au doigt…

Je me tournai carrément vers Shran.

-Une productrice, Shran ! Imagine les conversations qu’on va pouvoir avoir avec elle !

Je me mordis la lèvre quand le souvenir traumatisant de Lilian Wright me revins en tête.

-Et si elle est jeune et jolie, on ne risque rien de mal… Si ?

Je regardai tout autour de nous, les invités qui vaquaient à leurs occupations dans le jardin. Sonya capta ce que je cherchai et se mit à côté de moi pour guider discrètement mon regard. Un regard qui tomba sur la fameuse Enora… Elle était près du bar, apparemment seule, un verre presque vide en main.

Je vidai le reste de mon Martini cul sec.

-Achève ton cocktail, Shran… On va au bar en rechercher.

Je ne lui laissai pas le choix, l’emmenant avec moi. Une fois au bar, je nous recommandai la même chose que ce qu’on avait déjà pris, puis, pris un air extrêmement enjoué.

-Tiens ! Enora Lee ! Quel bonheur de vous voir ici ! Peut-on vous commander quelque chose ?

Je fis la moue quand Brent affirma qu’il pensait que le principe de l’amitié était le partage. Mouais ! Mais pas de là à ce que mon meilleur ami devienne mon beau-père, hein ! Non merci !

-Tout ne se partage pas !

De toute façon, ma mère est trop vieille pour Brent même si, j’avoue, qu’elle est bien conservée. Puis, je savais que ma mère le considérait comme un fils et que, en réalité, je faisais des mises en garde pour rien. Je savais que Brent blaguait…

Ma mère fit un remarque me concernant et concernant Stanley comme quoi on était chacun les portrait craché de notre père à chacun. Elle ne balança que nos défauts bien sûr… Quoi qu’être à cheval sur ses principes n’était pas, pour moi, un défaut. Ni pour Brent, d’ailleurs qui voyait en ça la preuve qu’il pouvait me faire confiance. En tant qu’ami j’étais extrêmement loyal. Jamais je ne dirais un mauvais mots sur Brent dans son dos à quelqu’un. Jamais. Et je savais qu’il en était de même pour lui.

-Et moi, je sais que je peux faire confiance à Brent. Sinon, on ne serait pas ami.

Ma mère esquissa un petit sourire. Je savais que si elle aimait tellement Brent c’est, justement, parce qu’elle savait qu’elle pouvait compter sur lui pour prendre soin de moi. Elle savait, aussi, que si je n’avais pas Brent, je n’aurais pas grand-chose d’autre étant donné que je suis extrêmement exigeant en matière d’amis.

-Tu es un ange, mon petit Brent. Stevie a de la chance de t’avoir trouvé. Je dois au moins rendre ça à Stanley.

Oh ! Un compliment pour Stanley ! Miracle ! Je ricanai un peu. Il est vrai que sans Stanley, je ne vois pas bien comment Brent et moi on se serait rencontré. A vrai dire, sans Stanley, je ne sais pas trop où j’en serais aujourd’hui… Et cette foutue dette, j’avais l’impression que je la lui devrais à vie. En tout cas, je pouvais compter sur Stanley pour me la rappeler de temps en temps.

Après avoir tenté de remettre mon col comme il faut, ma mère nous parla alors d’Enora Lee, une femme qu’on ne connaissait pas du tout Brent et moi. Je voyais claire dans la manœuvre de ma mère… Elle voulait nous caser avec cette Lee… Mais le fait même qu’elle soit l’amie de Marina me semblait déjà être une bonne raison pour l’éliminer d’une quelconque liste de prétendante au titre de « Madame Shran ». Sauf que Brent, lui, était emballé à l’idée d’aller rencontré Enora clamant que le fait qu’elle soit amie avec Marina ne voulait en rien dire qu’elle était comme Marina. Il ne voulait, en tout cas, pas qu’on reste ici collé à ce foutu arbre. Je fis la moue mais ne rétorquai rien parce que Brent n’avait pas tort… J’allais me faire chier à râler ici contre cet arbre.

C’est là que ma mère déballa tout ce qu’elle savait sur Enora Lee. Elle avait fait une enquête digne d’un agent du FBI ! Et Brent et moi apprenions, donc, qu’Enora Lee était, en fait, la fille de deux acteurs très célèbres. A se demander comment on était pas au courant ! Brent fit d’ailleurs une remarque à ce sujet.

-Elle a dû éviter toutes les fêtes pour arriver à un tel résultat ! N’est-ce pas une preuve qu’elle est, probablement, très coincée ?

Ouais ! Elle devait détester les fêtes pour ne jamais s’y pointer et, donc, échapper à notre radar. Mais, en réalité, on n’avait pas rencontré Enora Lee parce qu’elle avait passé ces dernières années à New York. Ce n’est que récemment qu’elle était revenue à Los Angeles afin d’y lancer sa boîte de production. Evidemment, Brent saisi l’occasion pour mettre en avant le fait que ça serait bénéfique pour moi que de connaitre Enora Lee… Je levai un sourcil en regardant Brent. Je me rappelle précisément comment ça s’était terminé la dernière fois qu’il m’a dit que ça serait bénéfique pour moi de connaitre une productrice. J’en cauchemardais encore parfois la nuit de la vieille Wright.

-Bénéfique ? Tu crois ? C’est une productrice… Je me méfie des producteurs…

J’avais fait deux films jusqu’ici, en tant que réalisateur… Et je peux vous dire que ma relation avec les différents producteurs avait qui j’avais eu affaire n’était pas au beau fixe ! S’ils voulaient bien donner un deuxième opus à Love In L.A. c’est parce que le premier leur avait rapporté gros pas parce qu’ils appréciaient bosser avec moi !

Moi, ce que je me demandais, c’était comment ma mère en savait autant sur Enora ! Elle répondit qu’elle avait prit le temps de discuter avec la jeune femme avant d’entrer dans l’église tout à l’heure. Et, elle avait pris, aussi, le temps de faire notre pub ! Rien que ça ! Ma mère est vraiment incorrigible ! Et si Brent rigolait, ce n’était pas mon cas ! Il remercia même ma mère ce que je ne fis pas clamant que Brent et moi aimions être célibataire !

Il confirma mais mis en avant le fait que ça pourrait être bien de connaitre Enora même en dehors de l’optique d’une bonne partie de jambes en l’air ce qui lui valut un regard extrêmement désapprobateur de ma mère. Intimidé, Brento modifia sa phrase ajoutant un « ou » qui ramena un sourire en coin sur le visage de Maman. Je roulai des yeux… Ma mère avait le don de savoir mettre mon pauvre ami dans ses petits souliers.

Bref… Brent semblait emballé à l’idée de se soumettre à la proposition de ma mère d’aller faire connaissance avec Enora et il tenta de me convaincre en utilisant la meilleur des armes : avec Enora Lee, je pourrais parler boulot ! Puis… Elle était jeune et jolie… D’après ma mère, hein ! Il avait oublié d’ajouter ça ! Nous on ignorait à quoi elle ressemblait !

Je n’aimais pas céder… Surtout pas devant ma mère et pour son bon plaisir à elle. Je n’aimais pas la laisser gagner aussi facilement.

-Les producteurs n’y connaissent rien en réalisation. Ce qu’ils voient c’est le dollars ! Je doute d’avoir quelque chose à dire à Enora Lee. Et rien n’indique qu’elle est vraiment jolie. Puis, la dernière fois qu’on est allé voir un productrice, ça c’est très mal passé !

Même si ça n’allait sans doute pas finir de la même façon avec Enora Lee étant donné qu’elle n’avait pas l’âge de Wright.

Ma mère n’ajouta rien vous savez pourquoi ? Parce qu’elle avait bien vu qu’elle avait convaincu Brent et que c’était suffisant. La preuve, il but cul sec son Martini avant de me sommer d’achever mon cocktail pour aller en chercher un autre. Je fronçais des sourcils.

-Et pourquoi je me presserais, hein ?!

C’est ce que je lançais avant que Brent ne m’emmène vers le bar.

-Hey ! Et si j’ai pas envie d’y aller, hein ?!

Je ne mettais que très peu de force dans ma contestation… Pourquoi ? Parce que Brent était déterminé et que je n’avais aucune envie de passer les prochaines minutes seuls près de l’arbre avec comme seul compagnie ma mère… Cette dernière nous regarda nous éloigner avec un sourire satisfait aux lèvres.

Une fois devant le bar, j’achevai mon cocktail d’un traite avant que Brent n’engage la conversation avec Enora Lee. N’ayant pas vu le regard discret de ma mère quelques minutes plus tôt, je fus surpris que Brent sache exactement que cette fille était Enora.

J’étais pris de court mais, en bon acteur que j’étais, je réussis à rapidement m’adapter à la situation alors qu’Enora souriait à mon meilleur ami avant de glisser son regard sur moi et de revenir à Brent.

-Avec plaisir. Je voudrais une coupe de champagne, s’il vous plait. Brent Hughes, c’est ça ? On m’a énormément parlé de vous. Il parait que vous êtes un manager de talent et que vous êtes l’homme le plus gentil de tout l’univers. Mais… Je ne pense pas connaitre le moindre de vos groupes… Excusez-moi pour mon ignorance.

Son regard glissa sur moi.

-Et vous vous êtes Stephen Shran. On m’a aussi beaucoup parlé de vous. Vous êtes le meilleur réalisateur de la décennie et l’homme le plus loyal qui puisse exister. Mais… La presse a surtout dit que vous êtes un excentrique paranoïaque.

Elle rigola un peu alors que je le regardai, sceptique. Je ne savais pas comment prendre ce qu’elle venait de dire là autant sur Brent que sur moi !

-Contente de vous rencontrer. Votre mère, Stephen, est un sacré numéro.

Je grommelai :

-Je sais… Et il ne faut pas écouter la presse, hein ! Je ne suis pas parano !

Elle afficha un petit sourire et comme c’était Brent qui l’avait abordé, je le laissais se débrouiller pour le moment.

-Vous êtes ici pour me draguer, Brent ? Ou bien simplement pour faire connaissance ? Vous êtres le frère de Don, c’est bien ça ? Vous ne lui ressemblez pas du tout.

Tout le monde disait ça !

Aah l’amitié… Shran et moi, on en connaissait un rayon, sur le sujet. On avait même vécu un moment ensemble, quand on avait pas de sous. Alors, avec pour témoin Sonya Shran, tels des jeunes mariés devant l’autel, on réitéra nos vœux : moi, je savais Shran loyal et lui savait qu’il pouvait me faire confiance.

Voilà, tout était dit.

Et c’était bien plus important que toutes les conquêtes qu’on pourrait avoir. Les conquêtes, ça va, ça vient… L’amitié, elle, est une constante.

Sonya sembla émue par les mots qu’on avait l’un pour l’autre. Mais ce fut moi (et Stanley), qu’elle complimenta.

-J’ai de la chance d’avoir Stephen moi aussi. La vie serait bien moins amusante sans lui.

Bref, avec tout ça, Sonya n’avait quand même pas abandonné l’idée de nous caser. Ou au moins un de nous. Et pour cela, elle avait choisi son élue : Enora Lee. Une femme qu’on ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam même si ses parents étaient hyper connus dans le monde du cinéma.

Shran se méfiait du choix de sa mère. Non seulement parce que Enora était une amie de Marina, mais aussi parce qu’on ne l’avait rencontrée à aucune des fêtes auxquelles ont avait participé jusqu’ici. Mais ce dernier point s’expliqua assez vite avec le lot d’informations qu’avait recueillies Sonya. Enora avait en fait vécu à New York était son retour à L.A. était récent.

J’eus une moue approbatrice.

-Plus intelligente que coincée, apparemment, Shran. Ce n’est pas donné à tout le monde de faire des études à New York. Ni d’avoir sa propre boîte de production.

Seulement… oui, c’était vrai que Shran avait tendance à se méfier des producteurs pour plusieurs raisons. Outre l’épisode Wright, il était forcé de travailler avec… Et parfois, les producteurs imposaient des vues artistiques. Et ça, je savais que ça mettait mon ami hors de lui.

-Je sais, mais ils sont pourtant indispensable, Shran. Et qui sait, elle est peut-être plus ouverte que les vieux producteurs qu’on connait… Un peu de sang neuf, c’est pas mal.

Cependant, Shran n’en démordait pas, crachant son venin sur les producteurs qui n’y connaissaient rien en réalisation et qui ne juraient que par l’argent. Du coup, il ne voulait même pas adresser la parole à Enora Lee.

Je ne lui laissai donc pas le choix, le trainant presque jusqu’au bar où Sonya m’avait discrètement désigné Enora qui, effectivement, était une jeune et jolie femme.

-Mais si, tu as envie d’y aller !

Arrivé au bar, il descendit donc docilement son cocktail pour s’en faire servir un autre pendant que j’initiais la conversation avec la jeune productrice. Mais si je l’avais repérée, elle m’avait repéré aussi, m’identifiant juste après avoir demandé un verre de champagne.

Surpris qu’elle m’ait remis si facilement, je lui tendis la main pour qu’elle la serre.

-Oui, Brent… C’est bien ça.

Elle déclara alors qu’on lui avait parlé de moi… Et en bien… J’eus un regard vers Sonya qui nous regardait depuis notre fameux arbre et elle me fit un grand sourire et un petit signe de la main. Je reportai mon attention sur Enora.

-Ces compliments sont peut-être un peu exagérés, mais il y a de l’idée. Si j’étais vraiment un manager de talent, vous connaîtriez mes groupes. Malheureusement, ma renommée s’arrête à L.A.

Son regard glissa alors vers mon ami à qui elle servi le même menu : les compliments made in Sonya Shran. Mais elle nuança en parlant de la presse et ça, j’étais sûr que ça ne venait pas de la mère de mon ami. Je ris avec Enora… Shran, lui grommelait dans sa barbe qu’il ne fallait pas écouter la presse.

J’eus alors un sourire en coin.

-Mon ami a donc attiré votre attention via la presse ? Il est ce qu’il est, certes, mais sa mère n’exagère pas vraiment en disant que c’est un réalisateur hors pair.

Je portai mon Martini à mes lèvres et faillis m’étrangler avec quand, sans détour, Enora demanda si j’étais là pour la draguer. Je toussai un peu avant de répondre.

-Heu… Oui… Non… je ne ressemble pas à mon frère et… Si on est venus vers vous, c’est que vous nous intriguez. Alors oui, faire connaissance serait pas mal…

J’eus un sourire charmeur.

-Pour le reste… Rien ne se fera de toute façon sans votre consentement plein et entier.

Ma mère pouvait constater, chaque fois qu’elle nous voyait, Brent et moi, que notre amitié est indestructible. Si j’avais de la chance d’avoir rencontré Brent, il en allait de même pour lui qui aurait trouvé la vie moins amusante sans moi. C’est claire que j’avais l’art de mettre du piment dans sa vie parfois trop calme.

Ma mère était en mode mission, aujourd’hui. Et sa mission du jour était de nous caser, Brent et moi. Elle avait déjà trouvé la fille pour ça en la personne d’Enora Lee… Une productrice qui avait fait ses études à New York et qui était amie avec Marina. Une fille d’acteurs célèbres… Pour moi, bien des choses dans le discours de ma mère me faisait dire qu’Enora Lee était coincée mais Brent, lui, pensait qu’elle était plus intelligente que coincée étant donné qu’Enora Lee avait fait des études et avait ouvert sa propre boite de production. Je ricanai.

-C’est toujours plus facile quand tes parents sont des acteurs célèbres. Tout le monde sait ça. L’argent n’est sûrement pas un problème pour Enora Lee.

Brent et moi, on avait trimé pour arriver là où on est actuellement. On avait crevé de faim et tout. Je doutais que ça soit le cas d’Enora Lee. Ses parents ont dû faire en sorte de lui ouvrir quelques portes. Quand il s’agissait des enfants de stars, j’avais l’art de faire l’amalgame et les mettre tous dans le même paquet. Enora n’échappa pas à cette généralité de ma part.

Je restais fermé à l’idée d’aller faire connaissance avec Enora Lee pour le grand désespoir de ma mère qui voyait en Brent son seul allié pour me faire plié. Le fait est que je me méfiais des producteurs. Pour moi, ils n’avaient en tête que le fric. Brent mit en avant le fait qu’ils étaient, aussi, indispensable… Il ajouta qu’Enora, étant plus jeune, serait peut-être plus ouverte d’esprit que les vieux producteurs avec qui j’avais eu affaire jusqu’ici.

-Mouais… Rien n’est moins sûr…

Bref ! Je n’avais pas envie d’y aller. Mais Brento ne me laissa pas le choix m’entrainant avec lui vers le bar clamant que, si, j’avais bel et bien envie d’y aller.

Mais non !

Je le suis juste parce que je ne veux pas finir seul près d’un arbre avec ma mère ! C’est tout !

On arriva au bar et j’achevai mon cocktail pour en reprendre un autre alors que Brent était docilement entré dans le plan de ma mère en abordant Enora Lee. Ok ! J’avoue ! Elle est très jolie ! Elle est totalement mon type et, pour une fois, elle n’était pas plus grande que moi.

Je ne dis rien laissant Enora Lee montrer que ma mère avait bien fait son job en mettant en avant nos qualités. Elle réussit, donc, à nous replacer sans mal alors que Brent confirma qu’il était bien Brent Hughes. Il joua la carte de la modestie clamant que sa notoriété s’arrêtait à Los Angeles. Enora afficha un petit sourire en coin.

-C’est déjà pas mal !

Ce fut à mon tour de voir ce que ma mère avait bien pu dire sur moi. Que des compliments encore une fois mais la presse n’était pas entièrement du même avis que celle qui m’avait mis au monde. Je réfutais les allégations des médias clamant que je n’étais aucunement paranoïaque ! Brent lui mit en avant que j’étais un réalisateur hors pair.

-Et ma mère n’exagère pas non plus sur le fait que Brent est un excellent manager !

Un compliment pour un autre. C’est toujours comme ça que sa fonctionnait. Enora, elle, avait toujours son petit sourire.

-Mais, je n’en doute pas. Pour ce qui est de vous, Stephen, je n’ai pas vraiment été fan de Love In L.A.… La seule chose qui rend le film un peu original c’est le jeu de Hugh Crusher et sa façon unique de gérer le rôle masculin principal. Par contre… Je suis totalement fan de Lost In The Dark. Même si ça manque de sang… On voit que la censure est passée par là.

Quoi ? Une femme qui préfère mon film d’horreur à mon film romantique ? Enora Lee serait une alien ?? Je levai un sourcil avant de grommeler.

-Le CSA, ouais… J’ai été obligé de couper des scènes…

Enora esquissa un petit sourire en coin.

-C’est ce qui arrive quand on choisit mal ses producteurs…

Je fis une moue boudeuse…

-Comme si j'avais le choix...

Je ne savais pas comment prendre les remarques d’Enora Lee et ça commençait à me taper sur les nerfs. Ok ! Il n’en faut pas beaucoup pour me taper sur les nerfs.

Enora se recentra, alors, sur Brent lui demandant franchement s’il était là pour la draguer ou pour faire connaissance. Mon ami fut pris de court alors que je fronçais les sourcils analysant la personnalité d’Enora. Je ne savais pas si j’aimais son culot ou si je haïssais ça !

Brent disait que, effectivement, il ne ressemblait pas à Don mais que si on était venu la voir c’était pour faire connaissant car elle nous intriguait. Je marmonnai.

-Car elle t’intriguait, toi !

Il balança alors son sourire charmeur me faisant rouler des yeux alors qu’il disait que le reste se fera uniquement si Enora Lee le voulait… Mouais ! Cause pour toi !

-Et uniquement avec Brento… Moi, je ne me tape pas de productrices. Aussi jolies soient-elles !

Elle se tourna vers moi faisant une petite moue. Une moue que, même si je ne le savais pas encore, allait devenir une expression que j’allais voir bien souvent sur le visage d’Enora.

-Ça tombe bien, je ne me tape pas de réalisateur ! Aussi mignon soient-ils ! Je les trouve souvent trop imbu de leur talent.

Hey ! Mais c’est qu’elle a de la réplique. Je fis une moue boudeuse alors qu’elle afficha un sourire en regardant Brent.

-N’allons pas trop vite en besogne, Brent. Faire connaissance, ça me va. Et ça me tirera de mon ennui. Hormis Marina, je ne connais presque personne ici en dehors de ce que j’ai pu lire sur eux dans la presse. Je me demande même pourquoi j’ai accepté l’invitation… J’ai bien parlé avec votre belle-sœur, Kate Julian mais… Excusez-moi mon langage, mais c’est une véritable connasse.

Je pris un air surpris et choqué devant la langage d’Enora. Ok, je m’y attendais pas à celle-là ! Je sifflai d'admiration devant les mots d'Enora sur Kate. Je devais avouer que, pour la première fois de cette foutue conversation, j'étais entièrement d'accord avec elle. Kate Julian est, effectivement, une véritable connasse.

Stephen était très sceptique concernant Enora Lee et, sans même l’avoir encore rencontrée, il s’en faisait déjà une idée qui était tout sauf positive. Pour lui, comme elle était productrice, elle n’avait aucun talent, ne pensait qu’à l’argent et, comble de tout, elle était certainement pistonnée par ses parents qui étaient de célèbres acteurs.

J’étais moins prompt à juger avant de voir qui était vraiment Enora Lee… Et même si Shran rechignait, j’allais le traîner jusqu’à elle ! Parce que je ne voulais pas finir cette soirée à rouler des pelles à un arbre !

Je le forçai donc à aller à la rencontre de la productrice qui, vue de près, était très jolie, avec un regard intelligent mais ce que je ne savais pas encore, c’était qu’elle avait une force de caractère capable de rivaliser avec celle de Shran !

Il s’avéra qu’Enora Lee, grâce à Sonya, en savait autant sur nous que nous en savions désormais sur elle grâce à la même Sonya Shran. Elle nous complimenta d’abord, récitant les compliments de la mère de Stephen…

Et y ajoutant sa petite touche qui signifiait qu’elle n’était pas tout à fait prête à prendre tout ce que Sonya lui avait dit pour argent comptant. J’étais donc un bon manager, sauf qu’on ne connaissait pas mes groupes. Quant à Shran, il était un excellent réalisateur, mais avec un caractère de cochon paranoïaque.

J’avouai donc que je n’étais pas un si grand manager que ça, mais elle trouvait que L.A., c’était déjà pas mal.

-Merci… Un jour, je ferai mieux.

J’envoyais des fleurs à mon ami et lui m’en renvoya en retour. Et Enora ne perdait pas son petit sourire qui me faisait penser que notre petit manège l’amusait au plus haut point. Elle s’intéressa alors aux films de mon ami. Et là, elle nous surpris tous les deux, ayant préféré Lost In The Dark à Love in L.A.…

Enora était donc une femme pleine de surprises.

-Je n’ai encore rencontré personne qui ait préféré Lost In The Dark à Love In L.A.… Personnellement, je les ai appréciés au même niveau.

J’eus un sourire espiègle et un regard en coin pour Shran aors qu’ils râlaient tous les deux sur le CSA.

-Donc… Vous savez ce que la presse raconte sur Shran… Vous semblez connaître ses films… Vous êtes donc intéressée par ce qu’il fait, je me trompe ? Il a attiré votre attention bien avant notre rencontre aujourd’hui…

Et là, Enora me pris de court, demandant platement si j’avais l’intention de la draguer… C’était un peu l’idée, même si plus on parlait, plus elle me semblait intéressante à d’autres niveaux. Je voyais en elle un gros potentiel de conversations intéressantes.

J’avouai donc qu’elle m’intriguait… Enfin, qu’elle NOUS intriguait, ce qui ne plus pas à Shran qui affirma qu’il ne se tapait pas les productrices.

-Peut-être pas… Mais tu as besoin de producteurs… Je sais que tu as sur un gros truc… Sur une énorme idée, même si tu n’en parles que très peu.

Je savais que c’était un projet de science-fiction pour le petit écran. Mais ce que je savais s’arrêtait plus ou moins là. Mon but était de tendre la perche à Enora pour qu’elle essaye de lui tirer les vers du nez… Pour qu’elle soit intriguée à son tour.  

N’empêche, Shran l’avait dit jolie, et Enora le trouvait mignon… Et là, je me dis que cette femme n’était pas pour moi.

Elle était pour Shran. Je le sentais. Je le voyais dans les yeux verts de mon ami qu’elle avait réussi à l’impressionner.

-Ok pour faire connaissance. Vous avez tout mon respect, Enora. Et si vous avez besoin de guide à L.A., vous êtes tombée sur les bonnes personnes.

On connaissait pas mal de monde à force de participer à tout ce qui se faisait en ville. N’empêche qu’elle avoua ne pas se sentir comme un poisson dans l’eau à cette fête… Elle avait apparemment parlé à Kate qui s’était dévoilée sous son jour le plus horrible.

-Kate fait partie des gens à éviter… Et en tant que productrice, je vous conseillerais également d’éviter ce misogyne de Jimmy Reed. Il n’y a rien de bon à tirer de ces deux-là…

Je fis la moue, réfléchissant.

-En fait… Je pense que Shran est la personne la plus intéressante pour vous, dans toute cette assemblée. Vos métiers se complètent… Et il a la tête pleine d’idées.

A cause de Brent et de ma mère, j’étais, désormais, face à Enora Lee… Productrice et amie de Marina… Deux raisons qui m’auraient fait l’éviter comme la peste si je n’avais pas eu un ami aussi enthousiaste à tomber dans tous les pièges que nous tendent la vie !

Et la voilà, donc, la Enora qui nous montra que ma mère avait bien parlé de nous en long et en large. En bien, bien sûr mais un peu trop à mon goût. Brent se fit plus modeste que la description que ma mère avait fait de lui clamant qu’il n’était connu pour son travail qu’à Los Angeles, ce qui était déjà pas mal pour Enora Lee… Il rétorqua que, un jour, il fera mieux. Moi, j’en étais certain. Un jour, Brent aura un groupe qui l’amènera à surpasser Ricci !

Lui et moi, on s’envoya des fleurs. On avait l’habitude de faire ça. Dans le monde où on avait mis les pieds, si on ne s’entraidait pas, lui et moi, on ne risquait pas d’avancer très fort. On se serrait les coudes en valorisant le travail de l’autre.

Parlant de travail, Enora Lee avait plutôt été attentive au mien. Contrairement à la plupart des gens, elle disait avoir moyennement aimé mon premier film en tant que réalisateur mais elle avait adoré mon film d’horreur. Brent fut tout aussi surpris que moi avant d’affirmé que, lui, avait aimé les deux de la même façon. Enora afficha un petit sourire espiègle.

-Les gens ne savent pas apprécier l’horreur à sa juste valeur… Voilà pourquoi ils aiment mieux Love In L.A..

Mais Enora trouvait que mon film manquait de sang. Il y en avait à la base mais le CSA était passé par là. Pour Enora, c’est simplement moi qui n’avait pas engagé les bons producteurs. Sauf que c’est dans l’autre sens que ça marche ! C’est les foutus producteurs qui m’ont engagés ! Je n’ai pas encore le luxe du choix, hein !

Brent mit en avant que le fait qu’Enora s’était intéressée à mon travail. Je plissai les yeux me demandant si le petit manège de Brent était pour satisfaire ma mère ou bien pour m’avoir des opportunités dans le cinéma. Ou les deux, hein ! Le connaissant, c’était sûrement les deux. Enora sourit.

-Je suis productrice, Brent. Je m’intéresse à beaucoup de réalisateur. C’est mon travail de voir ceux dont les projets pourraient m’intéressés. Et, dernièrement, c’est difficile de passer à côté de celui qui a réalisé Love In L.A. tellement le film a fait fureur. Donc, je suis limite obligé de ne pas passer à côté de Shran…

Je fis la moue.

-Limite obligé… Waw ! Mais bon ! Vous êtes une toute nouvelle productrice… Je doute que, tout comme moi, vous ayez le choix, hein ! Il faut bien vous lancer et, pour ça, il va falloir prendre des réalisateurs que vous aimez moyennement parce que les meilleurs ne voudront sans doute pas faire confiance à une jeune qui débute.

J’esquissai un sourire légèrement provocateur ce qui m’attira la petite moue d’Enora Lee. Elle rétorqua alors tout simplement.

-C’est vrai. Mais c’est pas pour ça que je dois prendre n’importe qui non plus.

N’importe qui ?! Je ne sais pas si ça m’était destiné ou non ! C’est bien ça le pire !

Enora se tourna alors vers Brent demandant platement s’il comptait la draguer. Ce n’était pas exclu dans le chef de mon meilleur ami qui déclara qu’Enora nous intriguait. Je corrigeais disant qu’Enora intriguait seulement Brento. Pas moi ! Il lança alors que j’avais besoin de producteur et je fronçais fort les sourcils quand il parla du projet que j’avais en tête.

-Chut ! Si je n’en parle pas c’est pour ne pas qu’on me vole mes idées tant que je n’ai pas tout écrit, ok ?! Je ne veux pas en parler à la première productrice venue, Brent !

Mon idée était celle d’une série ! Tout était plutôt clair dans ma tête et j’étais en train d’écrire le scénario actuellement. Mais j’en parlais peu de peur que des gens en manquent de bonnes idées ne viennent me faucher les mienne.

Je vis une lueur d’intérêt naitre dans les yeux d’Enora Lee. Mais je ne comptais rien lui dire ! Absolument rien ! Jamais !

-Une énorme idée ? C’est intéressant, ça…

On en revint à la drague et je déclarai ne pas me taper de productrices même si elles étaient jolies. Mais Enora avait de la réplique et clama qu’elle ne se tapait pas de réalisateur même s’ils étaient mignons.

Mignon ? C’est bien la première fois qu’on me le dit aussi platement.

Mais ça ne me déstabilisa pas alors que Enora accepta de faire connaissance mais sans penser à plus pour l’instant. Brent salua ça et se proposa pour qu’on soit son guide à Los Angeles.

-Il veut bien être votre guide. Pas moi !

Enora me fit une petit moue avant que cette moue ne se transforme en sourire quand elle reposa son regard sur Brent.

-Merci beaucoup, Brent. Je retiens que vous vous dévouer pour me réapprendre comment vivre ici.

Elle déclara alors ne pas spécialement aimer les fêtes et avoir rencontré, jusqu’ici et en dehors de ma mère, uniquement Kate Julian qu’elle n’hésita pas à traiter de connasse me rendant, quelque peu, admiratif de son franc parlé. Brent déclara alors qu’il valait mieux éviter Kate… Mais des gens comme Jimmy Reed aussi. J’hochai de la tête confirmant ce que venait de dire Brent.

-Reed est un véritable connard !

Enora sourit.

-Le fils de Charles Reed ? J’ai lu des choses sur lui dans la presse. Et, je confirme, ça a l’air d’être un véritable connard.

Elle venait de dire ça exactement de la même manière que moi… En gros, elle venait de sciemment m’imiter m’arrachant une petite moue.

Brent ajouta alors que j’étais la personne la plus intéressante pour Enora. Je me tournai d’un coup vers lui affichant un regard qui disait : « T’es fous où quoi ? ». Tout ça fit bien rire Enora.

-Ah oui ? C’est ce que vous pensez ? J’aimerais surtout savoir quelles sont ses idées… Surtout l’idée top secrète. Celle qu’il a peur de se faire voler parce qu’il est, apparemment, bel et bien parano.

Je m’exclamai :

-Je ne suis pas parano ! Et je ne vois pas pourquoi je vous parlerais de mon idée sans savoir ce que vous valez comme productrice.

Elle soutins mon regard prenant un ton déterminé.

-C’est un défi ? Bien ! Venez au studios 5 à San Fernando Valley. Vous me verrez à l’œuvre. Si je vous convainc alors, vous me parlerez de votre idée. Si vous ne venez pas, je considèrerais que vous ne valez pas mieux que la plupart des gens de la jet-set en jugeant les gens uniquement par des préjugés.

J’entrouvris la bouche devant tant de provocation. Je finis par la refermé, tout aussi déterminé que Lee.

-Deal ! Je viendrais. Mais, attention, je suis exigent !

Elle esquissa un sourire qui montrant qu’elle était prête à relever le défi. Après quoi, elle se tourna vers Brent.

-Sonya à raison… Il a de la chance de vous avoir comme ami. Et maintenant, Brent… Comment on fait pour s’amuser à ce genre de fête ?

Enora Lee savait pertinemment quel était le travail de Shran. Elle savait de quoi elle parlait en disant qu’elle aimait moins Love In L.A. que  Lost In The Dark… Et si elle s’intéressait aux œuvres de mon ami, je me disais qu’elle pouvait très bien s’intéresser à Shran lui-même. C’était sa chance ! Tout du moins, je le pensais !

Enora Lee disait que les gens ne savaient pas apprécier l’horreur à sa juste valeur…

-Je suis assez d’accord. Mais en même temps, le cinéma d’horreur est un genre à part entière. Ça ne peut pas plaire à tout le monde. Love In L.A. est beaucoup plus abordable par le grand public.

Mais quand je fis remarquer à Enora qu’elle en savait bien plus sur Shran que ce que Sonya ne lui en avait dit, elle se défendit en brandissant une forme de déformation professionnelle.

Je souris.

-Je suis content de voir que vous aimez ce qu’il fait.

Je regardai Shran.

-Sans compter que des idées, tu en as !

Shran, lui, était un peu choqué du fait qu’Enroa dise qu’elle était obligée de ne pas passer à côté de ce qu’il faisait. Et mon ami lui rétorqua qu’en tant que jeune productrice, elle n’avait pas plus le choix que lui de prendre ce qui venait.

Moi, je restais positif.

-Je pense que vous gagneriez à vous connaître un peu mieux. Peut-être que ce sera une collaboration fructueuse.

Elle disait qu’elle ne prendrait pas n’importe qui sous prétexte qu’elle était jeune…

J’eus un sourire malicieux.

-Croyez-moi, Enora. Shran n’est pas n’importe qui.

Du coup, parler de l’idée monumentale dont Shran me cachait encore la plus grande partie était tentant. Même si je ne savais pas de quoi il en retournait, je voulais titiller la curiosité d’Enora. Sauf que ce parano de Shran ne voulait rien lâcher sur le projet sur lequel il travaillait.

Mais j’avais gagné. Enora était curieuse.

Cependant, aucun des deux ne voulait coucher avec l’autre.

Pour l’instant. Mais à force de se balancer des politesses, je les voyais bien entrer dans une relation d’amour-haine qui conviendrait parfaitement à mon ami.

La meilleure façon qu’ils se voient suffisamment pour développer cette relation, c’était de voir encore et encore Enora. Je nous proposai donc comme guide… Shran reformula que JE serais le guide. Mais je savais que si je passais du temps avec Enora, Shran serait forcé de faire de même s’il voulait passer du temps avec moi.

Là-dessus, le courroux d’Enora se porta sur ma belle-sœur, Kate. Elle avait bien compris que la femme de Don était quelqu’un à éviter comme la peste. Je la mis dès lors en garde aussi contre Jimmy Reed qui n’allait sûrement pas supporter l’idée qu’une jeune femme puisse avoir sa propre boîte de production.

Mais apparemment, elle avait déjà entendu parler de Jimmy Reed.

Bon, je ne tardai pas à vendre les mérites de mon ami… Et comme je l’avais bien compris, l’idée dont Shran ne voulait pas parler l’intriguait. Et Shran se défendit d’être parano.

-Mmm… Un peu quand même.

Et mon visage s’illumina quand Enora donna rendez-vous à Shran au studio 5… Les choses étaient lancées. Si ces deux-là ne finissaient pas ensemble à un moment donné, je ne savais pas ce qu’il leur fallait. Le deal fut accepté par mon ami…

-Je vous souhaite bien du plaisir !

Bon, trêve de plaisanterie ! Enora voulait savoir comment s’amuser ! Et juste au moment où j’allais leur proposer d’aller danser, la musique se coupa. Mon attention se porta alors directement sur la scène avec un air sceptique.

-Pourquoi ils éteignent la musique ?

Kate fit alors irruption sur la scène, avec son air perpétuellement hautain.

-Elle ne va pas chanter, quand même ?!

Ça allait être l’horreur si elle essayait.

Kate s’approcha du micro et le sourire qu’elle arbora alors avait quelque chose de dérangeant. C’était le sourire d’une impératrice conquérante.

-Bonsoir à tous… Don et moi avons une annonce à vous faire. Nous attendons notre premier enfant.

Ma mâchoire inférieure s’affaissa, me laissant bouche bée… Je bus mon nouveau Martini cul sec.

-Seigneur… Je vais devenir tonton…

-Vous avez raison.

C’est ce que lança Enora à Brent quand il déclara que Love In L.A. avait eu plus de succès que mon second film parce qu’il était destiné à un public plus large que le cinéma d’horreur. Moi, je ne cherchais pas à toucher un public en particulier quand je faisais un film. J’avais simplement des histoires en tête et il fallait qu’elles sortent, peu importe la taille du public concerné.

Brent ne cessait de souligner le fait qu’Enora en savait bien beaucoup sur mon travail. Elle déclara que c’était de son devoir de tout savoir sur les réalisateurs du coin étant donné qu’elle était productrice. Mais Brent se disait content qu’elle aime ce que je faisais. Moi, elle me donnait l’impression de chercher la petite bête pour trouver une critique à faire comme le fait qu’il n’y avait pas assez de sang dans mon foutu film d’horreur. Mon ami affirma que j’avais des idées.

-Trop. J’en ai trop.

Parfois, je n’arrivais pas à dormir tellement les idées affluaient.

Je tentai alors de remettre la petite Enora Lee à sa place clamant qu’elle ne pouvait pas se permettre de faire la fine bouche au niveau des réalisateurs étant donné qu’elle venait à peine de lancer sa boite. Brent, en bon médiateur, disait qu’on gagnerait tout les deux à mieux se connaitre. Autant Enora que moi, on se tourna vers lui affichant, tous les deux, une petite moue.

-Ça c’est encore à voir…

C’est ce que lança Enora peu avant que je ne lance.

-J’en doute !

Et à Enora de dire que ce n’était pas parce qu’elle débutait qu’elle devait prendre n’importe qui. C’est une insulte ça, non ? Je me sentais visé, en tout cas et à Brent de confirmer que je n’étais pas n’importe qui.

-En deux films, je pense avoir prouvé que, en effet, je ne suis pas n’importe qui !

Ouais… Avec ces deux films qui marchaient bien mon ego avait grossi aussi.

Enora fit une petite moue.

-Je sais qu’il n’est pas n’importe qui… J’ai entendu qu’il faisait, aussi, beaucoup de bruit.

Là, je pouvais entendre qu’elle devait avoir déjà causé avec quelques autres producteurs… De ceux qui avaient déjà travaillé avec moi. Ce qui me fit grommeler un peu.

Quand Brent évoqua l’idée que j’avais en tête, je montrai bien que je ne comptais pas en parler à n’importe qui. Après quoi, j’échangeai un peu avec la productrice entrant dans une sorte de « retour de politesse ». Quand je la piquai, elle me piquai en retour et inversement.

Je crois que Brent n’aurait pas été là, ce petit manège aurait pu durer de longues heures.

Mais il était là ce qui permit à Enora de se centrer sur lui et d’accepter son offre de pouvoir redécouvrir L.A. avec mon meilleur ami. Ce dernier lui cita quelques personnes à éviter dans le jet-set comme cet enfoiré de Jimmy Reed.

Mais Brent avait réussi à attisé la curiosité d’Enora pour ma fameuse idée mais je me gardai bien, encore une fois, de lui dire de quoi il en retournai non sans me défendre d’être parano. Sauf que Brent n’en était pas si certain, de ça. Je le foudroyai du regard.

-Non ! Je ne le suis pas du tout !

C’est là qu’Enora me donna rendez-vous… Pas un rendez-vous galant, hein ! Un rendez-vous professionnel dans le studio 5 de San Fernando Valley. Elle voulait prouvé qu’elle était une productrice digne de ce nom.

J’acceptai et Brent en semblait ravi !

Ce que je ne savais pas encore c’est que cet échange était le tout début de l’aventure Spaceship. Et que, quelque part, je devais tout ça à ma mère et Brent…

Enora changea de sujet se demandant bien, désormais, comment elle allait pouvoir s’amuser à cette fête. J’allais répondre quand la musique s’éteignis brutalement.

Je fronçai les sourcils.

-Marina se plaignait sûrement que ça allait trop fort, la connaissant ! Putain, s’il n’y a plus de musique, je sens que je vais me casser pour aller faire la fête ailleurs !

J’avais fait acte de présence. Je pouvais très bien me barrer si je le voulais.

Sauf que la musique s’était éteinte parce que Kate avait décidée de grimper sur scène. Je levai un sourcil alors que Brent s’exclama espérant que Kate n’allait pas pousser la chansonnette.

-Si elle a le droit de chanter sur scène et pas moi, je vais faire un foutu scandale !

Enora, elle, regardait, aussi, la scène d’un air perplexe. Sauf que, sur scène, Kate ne se mit pas à chanter mais elle annonça à tout le monde qu’elle et Don attendaient leur premier enfant. Enfin, son premier à elle, hein ! Don a déjà un enfant ! Carrie Hughes !

Brent était choqué et se rendait compte que, de ce fait, il allait être tonton.

-Pour la seconde fois…

Enora sourit à Brent.

-Félicitation ! Tonton Brent, ça sonne bien !

Pour ma part, je fis une tête d’enterrement et tapotais avec compassion sur le dos de Brent.

-Toutes mes condoléances, mon ami… L’enfant de Kate… Il va être difficile à vivre, celui-là. J’espère qu’il tiendra de Don…

Kate, elle, resta sur scène à recevoir les applaudissements. Je me demande bien pourquoi c’est elle qui est venue annoncer ça et pas Don… C’est Don le meilleur ami de Stanley, non ?

Marina était montée sur scène pour rejoindre Kate et la prendre dans ses bras. Je roulai des yeux avant de crier très fort pour que tout le monde entendre.

-Hey ! On veut de l’ambiance, hein ! Tu vas montrer tes seins, Marina ?!

Enora failli s’étrangler avec son champagne tellement elle avait été prise de court et qu’elle se retenait, maintenant, de rire. Marina, elle, fit sa tête des mauvais jours alors que c’est Kate qui vint à la rescousse en parlant au micro.

-Brent ! Tu as un job ! Fait-le ! Tu sais pourquoi tu as été invité ! Si tu ne fais pas ton job, c’est moi qui m’en occupe et je m'occuperais de toi aussi !

Son ton été autoritaire. Je me tournai vers mon ami en levant un sourcil.

-Un job ? Quel job ?

Il n’était pas là parce qu’il était le frère de Don ?

Je me tournai vers la scène et criait.

-Vas-y, je t’attends, Kate ! J’ai pas peur de toi !

Elle roula des yeux et sembla assez agacée que j’ai mis un voile d’ombre sur son annonce, là. Tellement agacé qu’elle descendit de scène sur un pas qui montrait qu’elle était un colère. Ça sentait mauvais pour notre matricule, ça…

Je sentais que, même s’ils étaient en train de se lancer piques sur piques, le courant passait, d’une certaine façon, entre Enora Lee et Shran. Plus ils échangeaient et plus j’avais la nette impression que ces deux-là étaient fait pour s’entendre, d’une certaine manière. C’était assez difficile à expliquer. Mais je le sentais dans mes tripes.

Quelque chose allait sortir de là… Sauf que je ne savais pas si ce serait un gosse ou un film.

Sauf que quand je leur fis remarquer qu’ils avaient, en quelque sorte, besoin l’un de l’autre, ils se tournèrent tous les deux vers moi d’un même mouvement pour me dire le contraire. J’eus le réflexe de reculer d’un pas tellement ils me fusillaient du regard… Avant de rire timidement.

-D’accord… ok… Si vous le dites.

Sauf que j’étais toujours persuadé du contraire.

Shran pris le fait qu’Enora le traite de « n’importe qui » très mal et je déclarai quand même que mon ami n’était pas n’importe qui. Il avait deux films à son actif et, comme il venait de le dire un peu plus tôt, il avait des idées, trop d’idées.

Et encore une fois, Enora me prouva que ça faisait un moment qu’elle s’intéressait à Shran… Il n’y avait pas que Sonya qui lui avait parlé de mon ami… Et ça me confortait dans mon idée que les chemins de ces deux-là ne se croisaient pas pour rien.

Elle savait qu’il pouvait faire beaucoup de bruit… Elle savait qu’il était parano, ce dont il s’empressa de se défendre alors qu’il l’était bel et bien.

N’empêche qu’ils se donnèrent rendez-vous dans le studio 5 à San Fernando Valley. Ce que je ne savais pas, c’était que, pour mon ai, tout ça était le début d’une aventure qui allait s’étaler sur des années, avec ses hauts et ses bas.

-Si vous avez besoin d’un arbitre, je suis votre homme !

Ma façon à moi de m’inviter dans leur rendez-vous… Mais ils pouvaient tout aussi bien me remballer.

Ce fut à ce moment-là que, brutalement, la musique fut éteinte ! A ma grande surprise et à la colère de Shran qui déclara que si c’était comme ça, il allait aller faire la fête ailleurs.

-Je viendrai avec toi. Et vous, Enora ?

Kate Julian… Enfin Hughes, je m’y ferai jamais… Monta alors sur scène. Et ça mit Shran deux fois plus en colère vu que nous, on avait même pas le droit de chanter !

Mais Kate n’était pas là pour chanter. A la place, elle annonça qu’elle était enceinte. Je ne savais pas comment prendre la nouvelle. J’étais content pour Don, content aussi d’être une nouvelle fois tonton, mais ça liait mon frère encore plus à Kate… Un divorce était toujours plus difficile avec un enfant dans l’affaire. Or, j’aurais bien aimé que mon frère ouvre un jour les yeux sur le fait que son épouse était une foutue psychopathe.

Tout ce que je réussi à souffler, c’était que j’allais être tonton… Shran affirma que c’était déjà la deuxième fois. En réalité, c’était la troisième mais j’étais le seul, avec Don, à le savoir.

-Oui, mais quand Carrie est née, j’étais encore un gosse… C’est différent, là…

Tout comme ça avait été différent avec Eleanor puisque ça n’avait rien d’officiel.

Enora me félicita avec un grand sourire tandis que Shran me donnait ses condoléances.

-J’espère aussi qu’il tiendra de Don… C’est dans ce genre de moment que j’aimerais que Geordi soit là…

Mais mon frère était au Vietnam. Loin d’ici. En fait, j’avais tout le temps envie qu’il soit là… Mais encore plus dans ce genre de situation.

Marina monta alors sur scène pour serrer Kate dans ses bras. Une manifestation d’émotions qui me paraissait plus qu’artificielle. On était peut-être à un mariage privé, mais il fallait se rendre à l’évidence : tout le monde ici était attaché de près ou de loin à la jet-set et le paraître avait une grande importance.

Shran lança alors très fort un commentaire qui failli faire s’étrangler Enora de rire et… Ben moi aussi, j’éclatai de rire.

-Quand je te disais qu’Enora ne serait pas comme Marina.

Parce qu’elle se marrait plutôt que de défendre son amie d’enfance, apparemment.

Alors, Kate reprit violemment le micro… Pour me menacer si je ne faisais pas ce pour quoi j’avais été invité, c’est-à-dire tenir Shran. J’étais encore écroulé de rire quand je répondis à Shran.

-Ils voulaient éviter ce genre d’incident en m’invitant…

Shran en rajouta alors une couche… Et Kate descendis de la scène d’un pas déterminé… J’arrêtai de rire, sachant très bien de quoi elle était capable. J’attrapai Shran par le bras.

-Bon… Si on allait faire la fête ailleurs? Je crois qu’on nous as assez vu ici…

Puis, regardant Enora.

-Venez avec nous, si vous voulez vraiment vous amuser.

Notre conversation avec Enora Lee se solda par un rendez-vous aux studios de cinéma où Enora était en train de produire un film. Elle semblait vouloir me montrer qu’elle n’était pas une productrice de pacotille. Et moi, j’étais déterminé à lui montrer que mon exigence était grande !

Brent se dévoua pour faire l’arbitre… Connaissant Brent, c’était une façon pour lui de s’inviter. Il voulait voir ce qui allait ressortir de ce rendez-vous. Je fis la moue.

-Pas de distraction sur un lieu de travail, Brento ! C’est du sérieux ce rendez-vous !

J’avais pris mon air le plus sérieux, d’ailleurs, pour dire ça. Je savais que quand Brent était là, j’étais rapidement distrait. Or, je voulais montrer à Enora Lee que je ne rigolais pas en ce qui concernait la production d’un film.

On s’était mit d’accord et, d’un seul coup, la musique se coupa ce qui provoqua notre courroux à moi et Brent. C’était déjà une fête bien ennuyeuse alors ça allait être encore pire maintenant qu’il n’y avait plus de musique… Je déclarai alors que s’ils ne comptaient pas remettre un peu d’ambiance, j’allais aller faire la fête ailleurs ! Tant pis pour Stanley ! J’avais déjà fait acte de présence à sa cérémonie alors il pouvait bien accepter que je parte prématurément ! Brent était prêt à se barrer aussi et invita Enora à notre petit groupe. Mais ! Il allait arrêter de vouloir nous coller à Enora Lee ?! On dirait ma mère !

Enora sourit faisant mine de réfléchir.

-Peut-être… Je dois y réfléchir…

Mais la musique avait été éteinte uniquement pour que Kate Julian puisse dire à qui voulait bien l’entendre qu’elle et Don attendaient un enfant. Un neveu de plus pour Brent qui était déjà l’oncle de Carrie. Ce que j’affirmai, d’ailleurs, tout haut mais Brento disait que ce n’était pas la même chose étant donné que la différence d’âge entre lui et Carrie n’était pas énorme. Certes… Moi-même je n’avais que 6 ans de plus que Carrie… Tout ça venait de la grande différence d’âge entre Don et Brent qui avaient plus de 10 ans d’écart.

-Mouais… C’est différent… Je te l’accorde…

Moi, je n’avais pas de neveux. Enfin… Du moins pas encore… Vu que j’étais quand même au mariage de mon frère là. Et je les voyais bien avoir des gosses c’est bien ça le pire…

Bref… Si Enora félicita Brent, moi, je lui fis mes condoléances. Brent espérait que l’enfant de Kate et son frère tiendra de Don. Il affirma alors qu’il aurait bien voulu que Geordi, son autre frère, soit là à cet instant. Je savais que Brent était plus proche de Geordi que de Don… Je savais que son absence lui pesait. Ainsi, je ne pus m’empêcher de mettre ma main sur l’épaule de Brent et de dire sur un ton compatissant :

-Je sais…

Les échos concernant la guerre qui se passait au Vietnam m’avait rendu profondément anti-guerre. Moi qui venait, pourtant, d’une famille de militaires. Mais voir autant de familles brisées, d’un côté ou de l’autre, me révoltait. Et je ne pouvais m’empêcher de penser que si je n’avais pas joué les casse-cou à 19 ans, j’aurais été là-bas avec Geordi et jamais je n’aurais rencontré Brent. Et même si tout ça m’avait laissé avec des séquelles à vie, je n’échangera ce foutu destin pour rien au monde.

Sur scène, on put voir une démonstration digne de la jet-set alors que Marina vint montrer toute sa joie et son bonheur en venant enlacer Kate… C’est là que je décidai de mettre mon grain de sel rappelant, tout haut et très fort, mon envie de voir les seins de Marina ce qui fit rire autant Enora que Brent qui déclara que l’amie de Marina n’était, définitivement, pas aussi coincé qu’elle…

Je ne dis rien. Je savais que c’était une énième tentative de Brent de me faire la pub d’Enora !

Bref, tout ça ne plus pas à Marina… Ni même à Kate qui agressa Brent pour la cause. Visiblement, Brento n’avait pas été invité pour rien et, pour cause, il était là pour éviter que ce genre d’incident arrive. Je levai un sourcil avant de ricaner un peu :

-Ils t’ont donné une mission impossible là !

Kate était furieuse et je fis en sorte qu’elle le soit encore plus. Mais quand elle descendit de scène pour aller droit vers nous, je savais qu’il était l’heure de lever le camp. Kate est une furie ! Elle allait nous faire passer une sale quart d’heure ! Et autant Brent que moi, on le savait au point où mon ami me pris par le bras pour qu’on aille faire la fête ailleurs.

Courage, fuyons comme on dit !

-Ouais ! On en a largement assez vu !

Brent invita Enora à nous suivre et, après quelques secondes d’hésitation, elle sourit.

-Je viens !

Et je lançai très fort.

-Merci, Stan ! Ce fut un plaisir mais l’heure est venu de briser l’ennui et de se barre d’ici ! Adieu tout le monde !

Et on se barre avant que Kate n’ait le temps de nous botter le cul !