Jouer dans un film de Christopher North, c’est comme gagner à la loterie…

C’est ça qu’il m’avait dit, mon agent, alors que j’avais décroché le rôle de William James dans le film Peace Hero après avoir passé deux ans de totale disette ratant casting sur casting tout en crevant de faim en squattant chez Brento.

North n’est pas vieux du tout mais c’est déjà un réalisateur de talent. Chacun de ses films étaient, à chaque fois, salué par la critique et je devais avouer que j’étais souvent touché par les thèmes qu’il abordait. Alors quand j’ai eu la nouvelle comme quoi j’étais repris, j’avais pensé comme mon agent : Stephen, tu viens de gagner à la loterie.

Sauf que, dés les premiers jours de tournages, j’avais vite déchanté.

Les causes étaient multiples… Déjà, je vivais mon rôle à fond me disant que si je merdais, je pourrais, cette fois, faire une croix sur une suite à ma carrière qui avait vraiment du mal à se lancer. Et quand je vivais mon rôle à fond, j’étais parfois extrêmement irritable et je n’hésitais pas, parfois, à un peu trop l’ouvrir… L’autre soucis était que, dans cet état d’esprit, j’étais un peu trop perfectionniste et que j’avais fait recommencer pas mal de scènes parce que je ne me trouvais pas assez bon et que je m’arrêtai chaque fois que je ne me trouvais pas bon. Je savais que ça énervait Christopher mais il avait un tel self-control qu’il ne faisait que gentiment me rappeler à l’ordre.

Mais mon propre état d’esprit n’était pas la seule chose qui faisait que je ne prenais aucun plaisir à jouer un rôle qui, pourtant, me tenait vraiment à coeur. L’autre donnée perturbatrice n’était autre qu’Hank North. C’était un nouveau venu pistonné, et je le trouvais assez moyen. Mais le pire était, sans conteste, son caractère. Il gueulait souvent quand les choses le contrariait, il était extrêmement stressé et j’étais rapidement devenu la source principale de sa contrariété et, lui, la mienne. Il n’aimait, sans doute, pas que je sabote certaines scènes par soucis du détail… Ou alors, il n’aimait pas que je l’ouvre. Ou que je râle sur les acteurs qui se pointaient, parfois, en retard à certaines scènes. Quant à moi, sincèrement, je le trouvais arrogant… Sans doute parce que, sous la coupe de son frère, il se croyait en terrain conquis ! A moins que ça ne soit qu’une impression de ma part ? Je n’en savais rien mais ça m’irritait quoi qu’il en soit.

Bref, entre nous, ça faisait des étincelles… Des grosses étincelles qui, si Christopher n’était pas là, auraient déjà allumé un gros feu.

On en était au quantième jour de tournage ? Dixième ? Il en restait plein ! Le scénario était lourd émotionnellement lui aussi ce qui augmentait mon état de stress… Sans compter que, hormis Hugh Crusher, je n’étais arrivé à me lier à personne. J’étais isolé et, soyons honnête, je ne faisais rien pour qu’il en soit autrement.

En d’autre terme, ce tournage était la chance de ma vie… Mais le fait est que j’étais malheureux et que je n’y prenais aucun plaisir.

Et j’en étais déjà à un tel état d’énervement et de stress que, cet après-midi, dans ma caravane que je squattais seul après chaque scène pour m’éloigner d’Hank, je finis par m’écrouler secoué par une crise qui me pendait au nez depuis la matin… En tombant, je m’étais cogné l’arrière de la tête. Rien de grave à première vue. Ça saignait un peu mais mes cheveux cachaient le désastre…

Sauf que, après ça, j’étais un peu sonné et je n’étais pas en état de sortir tout de suite alors même qu’il était l’heure que je rejoignes les autres pour filmer, avec Hank, une scène où William, mon personnage, apprends que Georgie, le personnage d’Hank, a tricher au test médical en vue de se faire réformer de l’armée pour éviter d’être envoyé au Vietnam. Une scène qui secouait pas mal de choses en moi étant donné mon propre parcours.

Je n’étais jamais en retard pour un scène. JAMAIS ! Mais là, j’étais assis au sol contre un des meubles de ma caravane à reprendre mes esprits… Le cast ainsi que Christopher North ignorait que j’étais épileptique… Pourquoi ? Parce que mon nouvel agent l’ignorait parce que je ne lui avais rien dit. Et comme mon traitement marchait bien depuis un environs un an, je pensais que ça ne valait pas la peine de le dire.

C’était sans compter sur ce foutu stress !

Les minutes passèrent et je commençais à être sérieusement en retard. Au point où, finalement, j’entendis toquer à la porte de ma caravane.

-Shran… C’est l’heure. Tout le monde t’attends ! Dépêche-toi !

Je reconnu la voix de Willa, une maquilleuse probablement envoyée ici par Christopher. Mes mains tremblaient… Je secouai ma tête. Il fallait que je me reprenne.

-Ouais ! J’arrive ! Deux secondes ! Je me mettais en condition !

Je me relevai retrouvant mon équilibre avant de grimacer alors que je venais de frotter l’arrière de ma tête. Le sang ne semblait plus couler. C’était déjà ça. Je réarrangeai un peu mes cheveux.

Je finis par sortir de ma caravane croisant le regard de Willa qui plissa des yeux en me regardant.

-Attends… Je vais vite refaire en vitesse ton maquillage. Tu transpires tellement qu’il a coulé.

Elle retoucha mon maquillage avant que je ne rejoigne le plateau où, visiblement, tout le monde m’attendait… J’étais certain que j’allais me le faire dire. J’avais, pendant dix jours, rouspéter sur les acteurs en retard et là, c’était moi qui l’était. Christopher ne semblait pas vraiment content mais qu’importe.

-Je suis là… Pas besoin de me regarder comme ça… Je me disais que j’avais le temps vu que tout le monde est toujours en retard ici…

Ok… J’essayais de cacher le désastre et ça me mettait sur la défensive au point où je lançais des choses que je ne pensais pas totalement et qui était, je le savais, complètement déplacées… De quoi, très certainement, ne pas plaire à Hank vers qui je m’étais dirigé vu que c’était avec lui que je devais tourner cette fameuse scène tout en m’allumant une cigarette car j’en avais vraiment besoin !

J’avais cru que ce tournage serait une expérience géniale, avec des gens géniaux… C’était ce que Christopher m’avait vendu, en tout cas.

Et ça aurait pu l’être, vraiment, s’il n’y avait pas eu UN élément perturbateur Stephen Shran, un soi-disant acteur quasiment inconnu qui essayait désespérément de percer. Il était petit, sec et nerveux. Rien de bon pour moi qui, si je n’étais pas si petit que ça, était aussi extrêmement nerveux.

Il n’avait pas fallu deux jours pour que les étincelles fusent entre nous. Shran arrêtait des scènes pour un oui ou pour un non… Pour un seul putain de mot qui dérivait du script écrit par Stopher. Il voulait vraiment qu’on fasse du mot à mot.

Puis ce qui m’énervait aussi, c’était que s’il était nouveau dans le milieu, il ne faisait pas pour autant profil bas ! Il gueulait sur les acteurs qui arrivaient en retard pour tourner, il allait même jusqu’à donner des ordres !

Et plusieurs fois, je lui avais déjà lâché de en serrant les dents :

-Mais pour qui tu te prends ?!

Il n’était rien, il n’était personne ! Pas encore, en tout cas !

Enfin bref, du coup, le tournage était loin d’être un long fleuve tranquille et celui qui était peut-être le plus à plaindre dans l’histoire, c’était ce pauvre Hugh Crusher qui n’osait même pas péter un mot quand il sentait que la tension montait entre Shran et moi. Mais on était tellement pris dans notre colère tous les deux que parfois, en tout cas moi, on en venait à oublier qu’il existait.

J’étais donc extrêmement stressé, Shran aussi et Christopher commençait à être tendu aussi parce qu’il ne cessait de devoir éteindre les incendies qu’on allumait à tout bout de champ.

Du coup, quand on ne tournait pas, Shran et moi faisions tout pour nous éviter, ce qui n’aidait pas vraiment notre jeu d’acteur. Pourtant, Dieu sait que tant Stephen que moi, nous étions à fond dans nos rôles.

Mais nous devions jouer des amis et il était clair qu’en dehors de nos personnages, amis était tout ce que nous n’étions pas.

-Tu es prêt, Hank ?

Je me tournai vers mon frère, terminant une cigarette.

-Ouais… Mais si Shran te fait encore couper parce qu’on dit un mot pour un autre, je te jure que je vais l’éclater.

Christopher soupira en secouant la tête, désespéré.

-Je sais… Mais toi, tu devrais être plus cool avec lui. Il veut bien faire, trop bien faire peut-être mais il n’a pas de mauvaises intentions.

Je ricanai.

-Il a au moins l’intention de me rendre cinglé.

Je regardai ma montre.

-Il est où ?

Christopher haussa les épaules.

-Je ne sais pas… heu... Willa ? Tu peux aller chercher Stephen Shran, s’il te plait ?

La maquilleuse s’exécuta et elle ne revint que 10 minutes plus tard, avec un Shran qui s’amena, les cheveux légèrement ébouriffés et eu l’audace atroce de lancer une remarque comme quoi il pensait bien qu’il pouvait se permettre d’être en retard vu que tout le monde l’était.

Je répliquai direct, à chaud.

-Oh donc Monsieur a décidé qu’il valait mieux que les autres parce qu’il est plus professionnel ?!

Il s’amena face à moi et s’alluma une cigarette, tranquille, alors que je me mettais à trembler d’énervement, me faisant serrer les poings.

-T’es le premier à critiquer ! Mais qui tu es, hein ?! Personne ! Je te l’ai déjà dit et je te le répète ! Si tu es ici, c’est parce que Christopher t’a donné une chance.

Je secouai la tête, dépassé.

-Et tu te comportes comme si tu étais le seul véritable acteur ici alors que c’est tout le contraire !

J’avais mal au crâne et j’étais encore pas mal confus. Je savais que cet état allait encore durer mais je n’avais d’autres choix que de rejoindre le plateau. On était au dixième jour et ce foutu film commençait à sérieusement tourner au cauchemar.

Willa retoucha mon maquillage qui avait coulé. J’avais moi-même remis mes cheveux mais ils restaient désespérément décoiffés. J’avais l’impression d’être Brent ! Brent chez qui j’allais encore rentré complètement vidé et complètement fâché tout à l’heure. J’allais encore pester des heures contre Hank avant de trouver le sommeil, si j’arrivais à le trouver.

Je finis par rejoindre le plateau où, évidemment, certaines personnes me regardaient de travers. J’étais en retard et j’allais me faire passer pour un vrai connard à cause de ça étant donné que j’avais passé dix jours à faire des remarques à chaque personne qui était en retard. Alors, je décidai de donner une bonne raison à tout le monde de me faire passer pour un connard en lançant que je me disais que je pouvais prendre mon temps vu que tout le monde était toujours en retard ici.

Je ne savais pas que ça allait encore allumé un feu tout ça. En fait, si… Je le savais. Mais c’était sans doute mieux que de me faire questionner sur les raisons de ce retard.

Et, pour cause, Hank ne tarda pas à répliquer pensant que je me prenait pour meilleur que les autres. Il faut dire que ce que je venais de dire ne pouvait pas être interprété autrement. J’haussai des épaules tirant nerveusement sur ma cigarette.

-Je n’en peux rien si ce foutu cast est toujours en retard !

North était énervé. Normal, un rien l’énervait ! Il suffisait que je recommence une scène pour qu’il s’énerve ! Il suffisait que je dise un truc qui ne lui plaisait pas pour que Monsieur Hank North l’ouvre. Il me tapait sur les nerfs depuis le premier jour !

Il déclara que je n’étais personne et ça, ça eut le don de m’énerver. Et lui, il était quoi, hein ? Le frère de Christopher North ! Rien de plus ! Moi, j’ai déjà trois films à mon actif ! Lui, zéro ! Alors qu’il la ferme, hein !

Il n’y alla pas de main morte clamant que, si j’étais ici c’est parce que Christopher m’avait donné ma chance. Ça donnait l’impression que Christopher était venu me voir pour me donner un ticket en or pour participer à son film tel un Dieu avec ses ouailles. Les choses ne s’était pas passées comme ça. Pas pour moi !

Mais Hank n’en resta pas là ! Il clama que je me comportais comme si j’étais le seul véritable acteur ici. Mon regard, encore un peu vide mais pas moins teinté de colère, vrilla celui d’Hank.

-Je suis toujours plus acteur que toi ! C’est ton premier film, non ? Et on entend quasi que toi sur ce foutu plateau ! Tu sais Hank, j’ai trimé pour en arriver ici ! Si Christopher m’a donné ma chance, comme tu dis, c’est parce que je suis passé par tout un processus de casting. J’ai bosser comme un malade pour être bon à l’audition. Je l’ai gagné, ma place, ici. Et toi ? Tu peux en dire autant ? J’en doute ! T’es un foutu pistonné, c’est tout ! Ta place, on te l’a sûrement donnée !

C’est comme ça que je voyais les choses. Je doutais qu’Hank North n’avait pas eu droit à un passe-droit. S’il prétend le contraire, j’aurais bien du mal à le croire.

-Donc, ouais ! Je suis sans doute plus pro que toi parce que je sais ce que c’est que de bosser pour obtenir un résultat. Moi, les rôles ne me tombent pas du ciel !

Ouais… J’avais un peu la haine vis-à-vis de ça. Et si jusqu’ici je m’étais retenu de dire tout ce que j’avais sur le cœur, je venais là de le dire sans détour.

Stephen était en retard. Mais ce n’était pas tant ce fait-là qui me mis hors de moi, mais la réflexion qu’il fit comme quoi de toute façon tout le monde était tout le temps en retard ! Donc c’était notre faute et pas la sienne ! Putain ! Mais quel enfoiré !

Je sortis de mes gonds directement, comme un diable hors de sa boîte. Il fumait, face à moi et l’odeur de sa fumée me donnait envie de m’en griller une à moi aussi et de lui crever les yeux avec le bout incandescent.

Il répéta que tout le monde était tout le temps en retard. Moi, j’avais imaginé que les contretemps étaient quelque chose de normal. C’était mon premier vrai film, je n’avais pas encore vraiment d’expérience et je trouvais que les exigences de Shran étaient exagérées !

-Il y a des choses qui prennent du temps ! Des imprévus ! C’est comme ça, Shran !

Je le vrillai du regard.

-Si t’es pas content, tu n’as qu’à aller voir ailleurs !

S’il quittait le film, quel soulagement ce serait ! On trouverait bien quelqu’un d’autre pour jouer le rôle de William. Quelqu’un qui n’avait pas un caractère de merde.

Beaucoup de gens se posent la question de savoir s’ils se supporteraient s’ils se retrouvaient face à eux-mêmes. Et en fait, c’était un peu ce que j’étais en train de vivre avec Shran. Car, ne nous en déplaise, on avait beaucoup de points communs. Nous étions nerveux, à fleur de peau et pas sur une réflexion à la con quand quelque chose ne nous allait pas.

Et une chose était sûre : je ne me supporterais pas moi-même.

Je lui gueulai qu’il n’était pas le seul véritable acteur ici alors qu’il se comportait comme tel. Et il haussa le ton à son tour. Ça allait certainement finir à celui qui allait gueuler le plus fort !

Il clama qu’il était quand même plus expérimenté que moi qui n’en étais qu’à mon premier film. Qu’il avait trimé pour avoir ce rôle alors que moi, il m’avait été offert. Que j’étais un foutu pistonné. C’était vrai… C’était atrocement vrai.

-Ça ne veut pas dire que je suis moins bon que toi ! Je joue depuis tout petit pour Christopher ! J’ai grandi en jouant la comédie !

J’approchai d’un pas et le chopai par les cheveux à l’arrière de son crâne. Il était plus petit que moi et je tirai. De mon autre main, j'attrapai sa cigarette et la jetai au loin.

-Hank !

Mais je n’entendis pas mon frère, j’étais trop furax ! Je crachai à la gueule de Shran :

-Tu a peut-être bossé pour en arriver là… Mais moi, mon vieux, j’ai un don. Un vrai don !

J’étais jeune, j’étais prétentieux et sûr de mon coup. Mes doigts glissèrent sur les cheveux de Shran et je perdis prise. Il avait les cheveux poisseux. Et quand je regardai ma main, elle était couverte de sang. J’écarquillai les yeux.

-Hank ! Qu’est-ce que tu as fait ?!

Je secouai la tête d’incompréhension… Il n’y avait pas de raison que Shran saigne !

-Mais rien ! Pourquoi tu saignes, toi ?

C’est uniquement parce que j’étais sur la défensive que j’avais déclaré que je pouvais bien être en retard vu que tout le monde l’était tout le temps. Ce qui ne manqua pas de faire réagir Hank North… Putain, j’espérais qu’il n’allait pas trop gueuler parce que j’avais déjà suffisamment mal à la tête comme ça !

Il déclara que certaines choses prenaient du temps. Qu’il y avait des imprévus. Comme si bébé North avait fait mille tournages dans sa vie. C’était sa toute première expérience d’après ce que j’en savais et il me causait comme si c’était une bonne référence alors que, en réalité, il n’en savait rien. Moi j’avais trois autres films à mon compteur et j’avais, du coup, d’autres références que lui !

-Et ben, il y en a bien souvent des imprévus !

C’est ce que je lançai avant qu’Hank ne dise que, si je n’étais pas content, je pouvais toujours aller voir ailleurs. Je ricanai à cette réflexion. Il croyait quoi, lui ? Que je pouvais me casser comme ça ? Si je faisais ça, je n’aurais plus aucune chance d’avoir un rôle ! Sans compter que j’avais besoin de l’argent du cachet du film… J’en avais vraiment marre de crever de faim et je ne pouvais pas continuer à vivre au crochet de Brent.

-Parce que tu crois que je peux me permettre ça ?!

Je doutais qu’Hank North comprenne ce que c’était de trimer pour obtenir des choses. Et c’est ce que je lui dis après qu’il m’ait fait monter dans les tours en disant que je n’étais pas le seul acteur ici comme si lui avait une vaste expérience à me mettre sous le nez ! Je me demandais si Hank North moufterais autant s’il n’était pas en terrain conquis…

J’affirmai être plus pro que lui pour la simple et bonne raison que j’avais plus d’expérience que lui et que, contrairement à bébé North, j’avais travaillé pour en arriver là où je suis. Christopher ne m’avait pas fait une fleur, je m’étais battu pour obtenir ce rôle ! Contrairement à Hank qui, j’en étais sûr, l’avait eu sur un plateau.

C’est tout ça que je lui envoyai à la gueule sans filtre aucun !

Et ça eut le don d’énerver Hank qui ne tarda pas à dire que ça ne voulait pas dire qu’il était moins bon que moi. Vous savez quoi ? Il l’est ! Je l’ai vu jouer pendant dix jours et je peux vous dire qu’il a encore bien des choses à apprendre. Mais Hank North semble croire que de jouer la comédie à la maison devant son frère et ses parents suffisait à lui fournir une bonne expérience ! Ce n’est pas le cas !

-Tu es moins bon que moi… C’est ton premier film et ça se voit !

Son arrogance entrainait la mienne. Le fait est que ça me tuait qu’il obtienne un rôle en un claquement de doigt alors que ça faisait deux ans que je ne trouvait rien et que je peinais à aider Brento pour les factures ! Voir, après ça, des petits pistonnés comme Hank North jouer les grands acteurs sur un plateau me donnait envie de vomir !

Et j’avais très envie de vomir, d’ailleurs… Mais uniquement parce que mon mal de crâne augmentait au fur et à mesure que je m’énervais.

Mais je ne m’attendais pas à ce que mes paroles pousse Hank à attraper mes cheveux pile à l’endroit où je m’étais cogné tout à l’heure. Je criai de surprise fermant les yeux de douleur la tête penchée en arrière alors que ça tirait fort là où j’avais déjà mal. Hank me retira ma cigarette de quoi me faire voir encore plus rouge.

-Aïe ! Lâche-moi !

Il me cracha à la figure que, si j’avais travaillé pour en arriver là, lui avait un don. Un vrai don… Putain de merde, il se prend pour qui ?! Il n’a pas plus de don qu’un autre ! Comme si l’acting était quelque chose qui nous était donné à la naissance ! Certains naissent avec des prédisposition mais le travail est important aussi ! Un don qu’on ne cultive pas ou qu’on améliore pas ne sert à rien !

Mais je ne savais pas répliquer. Je gémissais de douleur demandant à ce qu’Hank me lâche !

Sa main finit par glisser alors que je sentis, à nouveau, le sang chaud couler à l’arrière de ma nuque. J’ouvris les yeux me frottant l’arrière de la tête alors qu’Hank regardait sa main maculée de mon propre sang.

Christopher s’exclama.

Hank se défendit.

Moi, je me sentais pris la main dans le sac et c’était d’autant plus désagréable. J’étais au bord de la rupture. Tout ce que j’avais envie c’était de refaire le portrait de ce foutu North !

Je m’écriais alors :

-Putain, t’es cinglé ou quoi ?! Va te faire soigner, Hank !

Crier tout ça ne m’aidait pas à redescendre. Je respirais plus fort mais ça ne me calmait pas alors que tout le monde regardait la scène et attendait que j’explique pourquoi Hank, en me tirant les cheveux, avait réussi à m’ouvrir légèrement le crâne.

-Si je saigne c’est parce que rien ne va sur ce foutu tournage ! Les caravanes sont mal configurée alors je me suis trébuché et j’ai heurté le coin d’un meuble ! Tout simplement ! Ça ne saignait plus avant que tu tires comme un malade !

J’avais largement haussé le ton mais je n’en avais pas terminé. Les mots d’Hank résonnaient dans ma tête.

-Tu n’as pas de don, Hank ! Pas plus qu’un autre ici ! T’es qu’un foutu petit pistonné ! Un gamin gâté qui n’a aucune idée de ce que c’est de bosser !

J’allais en rajouter plus mais mon mal de crâne augmenta encore. Je fermai les yeux et gémis.

-Putain ! Ça m’emmerde !

C’est ce que je lançai d’un coup avant de rouvrir les yeux et, sans crier gare, de foutre un poing en pleine figure d’Hank. Je n’avais pas pu me retenir plus longtemps. Pourtant, Dieu sait que j’avais essayé. Mais il méritait un bon retour de flamme !

Stephen râlait alors que c’était lui, cette fois, qui était en retard et pas les autres ! C’était peut-être mon premier film, mais pas celui de Christopher ! Et j’avais pu voir depuis longtemps comment un film était fait du début à la fin. Cela n’empêchait que, ouais, j’étais un novice. C’était la première fois que je participais vraiment à un film en tant qu’acteur.

Et je ne supportais pas que Shran, qui avait certes un peu plus d’expérience que moi, critique à tout bout de champ la façon de faire de mon frère ! Shran était vraiment insupportable !

Alors je lui dis que s’il n’était pas content, il n’avait qu’à aller voir ailleurs si on y était ! Je ricanai quand il répliqua, en gros, qu’il ne pouvait pas se le permettre.

-Bah alors arrête de critiquer !

Le ton montait de plus en plus entre nous et je voyais du coin de l’œil que Christopher ne savait pas comment réagir. Il me connaissait, mais il connaissait beaucoup moins Stephen. Mon frère était comme un démineur devant une bombe extrêmement complexe qu’il ne savait pas comment désamorcer.

Et le compte à rebours tournait.

D’autant plus que j’avais l’impression que Shran faisait tout pour m’énerver exprès ! Déjà qu’il ne m’en fallait pas beaucoup !

Stephen mis en avant sa maigre expérience en disant que c’était toujours mieux que moi qui commençait à peine. Mais jouer, je le faisais depuis tout petit. C’est ce que je répliquai. Je n’avais même pas conscience que je sonnais extrêmement prétentieux, voire même pratiquement comme une diva ! Et ce alors que Shran avait en partie raison : j’avais encore toutes mes preuves à faire.

Mais il m’avait mis dans un tel état d’énervement que je ne réfléchissais même plus à ce que je disais et que j’avais l’impression que tout propos était bon à lâcher pour contrer mon nouvel ennemi.

Shran cracha que j’étais moins bon que lui, que c’était mon premier film et que ça se voyait.

-Parce que tu crois que c’est avec les trois navets que t’as fait que tu es une star ? Personne ne te connait ! C’est Christopher qui te donne, aujourd’hui, l’occasion de vraiment percer alors arrête de cracher dans la soupe !

Hors de moi, j’avais fini par l’attraper par les cheveux et tirer pour lui renverser la tête en arrière. Je n’en pouvais plus de ce mec ! Christopher intervint, mais c’était plutôt l’effet poisseux que j’avais sur la main qui me fit lâcher qu’autre chose. Et en fait, j’avais la main pleine de sang.

Ce n’était pas possible que je lui ai ouvert le crâne. Pas en lui tirant les cheveux…

J’étais un peu perturbé, ce qui faisait que la vue du sang me fit redescendre un peu dans les tours à cause de l’incompréhension. Shran, lui, me dit d’aller me faire soigner.

-C’est pas moi qui saigne ! C’est toi qui doit aller te faire soigner, Shran !

Et de nouveau, il se mit à critiquer, à dire que rien n’allait sur ce tournage. Jusqu’à la configuration des caravanes. Alors je remontai dans les tours et dans le ton.

-Toi qui as déjà fait trois magnifiques films, tu devrais savoir que les caravanes dans ces studios sont TOUTES LES MEMES !

Puis il me dit que je n’avais aucun don et que j’étais pistonné. C’était vrai, et je le savais pertinemment. Sans Christopher, je ne serais nulle part.

-Je suis peut-être pistonné, mais moi, je ne mords pas la main qui me nourrit, au moins, espèce d’ingrat !

Et là, Shran m’envoya son poing en pleine figure. Si je ne saignais pas avant, c’était le cas maintenant parce qu’il m’avait éclaté la lèvre. Je fus d’abord surpris avant de voir rouge et de foncer sur Shran, l’entrainant dans une chute assez impressionnante. L’un sur l’autre, on lutta pour avoir le dessus mais ce fut finalement Shran qui se retrouva à califourchon sur moi [Echec]… Je mis mes mains en position de défense pour protéger mon visage.

Christopher arriva et avec quelques autres techniciens, ils essayèrent de nous séparer.

Stephen, si tu n’as pas d’autre choix que de rester sur ce foutu tournage alors ne critique pas ! C’est, en gros, ce que disait Hank North ! Donc, par principe que je n’ai pas le choix, je dois fermer les yeux et la fermer sur tout ? C’est n’importe quoi ! C’est bien la preuve que North n’a aucune idée de ce que c’est de ne pas avoir le choix !

Le ton monta vite et fort. Je déversai sur Hank tout ce que je pensais de lui et ce que j’avais accumulé comme colère depuis dix putain de jours ! Une colère que je devais faire taire à chaque foutue scène étant donné que, dans le script, mon personnage et celui d’Hank étaient amis. Un vrai foutu challenge que c’était que jouer William James, moi, je vous le dis !

Hank n’était qu’un petit pistonné qui ne savait pas ce que c’était que de trimer pour avoir un rôle. Il ne savait pas ce que c’était de crever de faim. Il ne savait pas ce que c’était que de se faire coincer dans la chambre d’une vieille riche tellement le fait d’avoir un rôle était important. En gros, Hank faisait partie des gens qui avait la chance d’avoir des parents dans le milieu et, de ce fait, d’avoir les opportunités qu’ils voulaient rien qu’en demandant.

Ça me tuait. Surtout qu’il ne cessait d’ouvrir la gueule comme s’il avait vingt mille tournage à son actif alors que c’était le premier. Ça aussi, je ne manquai pas de le dire ! J’avais déjà fait trois films, moi ! Mais Hank prétendait que, lui, il jouait depuis qu’il était tout petit. Comme si ça légitimisait son soi-disant talent. Il n’avait encore jamais fait ses preuves !

Et je ne tardai pas à lancer qu’il était moins bon que moi. Ce que je pensais vraiment en réalité ! Il répliqua que je n’avais pas beaucoup plus d’expérience avec trois navets. Je fronçais les sourcils. Trois navets ? C’est pas parce que le scénario n’a pas suivi que j’ai été mauvais dedans ! J’ai tout donné dans ces trois films ! Tout ! Il affirma que personne ne me connaissait ce qui était vrai. Dans la jet-set, j’étais vu comme un foutu intrus !

-Je n’ai pas dit que j’étais un star. J’ai simplement dit un fait : je suis meilleur acteur que toi !

Ça volait bas ! Tellement qu’on était pas loin de se crasher au sol ! Et c’est là qu’Hank s’attaqua physiquement à moi me tirant les cheveux là où je m’étais fait mal plus tôt. Je criai qu’il me lâcha mais c’est finalement le sang qui le fit lâcher. Il se défendit de m’avoir ouvert le crâne alors que j’affirmai qu’il devait aller se soigner ! Sauf qu’il disait que c’était moi qui devait y aller.

Il m’énerve !

-Va te faire foutre !

Ouais, ça vole de plus en plus bas. Mais je venais de me faire tirer les cheveux ! Ça m’avait fait voir complètement rouge. Je n’arrivais pas à redescendre au point où je crachais, à nouveau, mon venin n’épargnant rien ni personne. Pas même les caravanes que je jugeai responsable de ma chute. De quoi faire encore ouvrir la gueule de Hank qui affirma que toutes les caravanes des studios étaient les mêmes.

-Bah elles sont mal foutues ! La preuve ! Je saigne ! Et tu n’as rien arrangé à ça !

J’affirmai alors, encore une fois, qu’Hank n’était qu’un foutu pistonné. Il confirma mais me renvoya que, moi, j’étais ingrat. Encore une fois, il voyait son frère comme le grand pourvoyeur d’emplois de rêve !

Et ce fut trop. Je n’arrivais plus à me contrôler et je finis par envoyer mon poing dans la figure d’Hank. Il saignait aussi comme ça ! Et j’allais encore causer quand Hank me fit basculer en arrière assez violement nous envoyant tous les deux au sol. Mon dos heurta le sol assez fort pour me faire bien mal. Mais j’étais tellement énervé que je mis absolument toute mon énergie pour prendre le dessus sur ce petit enfoiré de pistonné trop gâté ! Et je réussis finissant à califourchon sur lui alors que j’étais absolument incapable de réfléchir correctement.

Il se protégea le visage mais j’envoyai tout de même mon poing le frappant violemment. Je fis ça deux fois. Puis, je sentis qu’on me tirait en arrière.

-Lâchez-moi !!

Ils étaient deux à me retenir. Deux techniciens bien plus grands que moi. Malgré tout, ils avaient du mal à me retenir tellement je forçais. Christopher et une autre technicien s’occupait de retenir Hank de revenir à la charge.

Ma tête, elle, était prête à exploser mais plus je me débattais plus je perdais en force.

-T’avais pas le droit de me tirer les cheveux, espèce d’enfoiré ! Lâchez-moi que je l’achève ! Je ne suis pas un ingrat. Je ne dois rien d’autre à Christopher que le fait de donner tout ce que j’ai à chaque scène. C’est tout !

Je ne me contrôlais. J’étais furax. Et mon cerveau fini par me calmer lui-même alors que la colère le fit disjoncté pour la seconde fois en moins d’une demi-heure. J’étais toujours debout mais mon corps se contracta et mes yeux se mirent à clignoter… Un moment où je n’avais plus conscience de rien… Jusqu’à-ce que je réussis à revenir à moi sans savoir si ça s’était vu car j’étais incapable de savoir combien de temps j’avais clignoté. Tout ce que je savais c’est qu’on me tenait toujours fermement.

Je secouai la tête. J’étais blanc, je transpirais et j’étais assez con pour penser que tout ça était passé inaperçu. Alors que c’était évident que non.

-Putain…

C’est ce que je soufflai.

-C’est bon… Lâchez-moi… Je lui ferais rien… Même s’il a pas eu assez de fessées dans sa vie…

On me lâcha… Trop vite ? Ouais… Je tombai le cul au sol. Ce tournage est un vrai cauchemar.

On était littéralement en train de s’engueuler, Shran et moi… Et je n’étais même pas sûr que tant lui que moi, on faisait vraiment attention à ce qu’on disait, le but étant de se balancer le plus de saloperies possible à la gueule à la seconde.

Et lui, avec ses trois films, qui se pensait tellement supérieur à moi ! Et pas qu’à moi ! A tout le monde ! Il n’arrêtait pas de critiquer ! Rien ne lui allait !

Il disait être meilleur acteur que moi et ça, ça m’énervait. Ce n’était pas parce que c’était mon premier film que j’étais mauvais pour autant. J’avais le jeu dans le sang et je le savais. Peut-être un peu trop d’ailleurs, sinon je la ramènerais moins. Et ça nous éviterait ce genre de joute verbale de bas étages.

Christopher n’en pouvait plus, mais il ne savait pas comment désamorcer la situation.

Alors il fit la seule chose qu’il y avait à faire : attendre que ça pète pour de bon, parce qu’une fois que ce serait fait, ni Shran, ni moi, ne serions plus en mesure de faire quoi que ce soit parce qu’on serait beaucoup trop crever.

Parce que s’énerver autant, ça bouffe une énergie de dingue !

Shran m’envoya me faire foutre avant de justifier qu’il saignait parce qu’il s’était fait mal dans sa caravane. Bien la preuve que je n’y étais pour rien ! On ouvre pas le crâne de quelqu’un en lui tirant les cheveux, que je sache.

-Tu vois ?! T’es même pas foutu de tenir sur tes deux jambes !

C’en fut trop… Beaucoup trop.

Et on fit par rouler tous les deux à terre en essayant de se faire le plus mal possible ! Mais Shran, s’il était petit, était doté d’une force que je n’aurais pas soupçonnée et je me retrouvai sous lui, à prendre des coups malgré mes tentatives pour protéger mon visage.

-Arrêtez ça ! Vous allez vous blesser ! On va devoir attendre que vos bleus disparaissent avant de tourner ! Hank, nom de Dieu !

Mais je n’entendais pas Christopher ! Je voyais rouge. Deux techniciens arrivèrent à relever Shran et à l’éloigner un peu. J’allais me relever pour me jeter à nouveau sur le petit acteur, mais Christopher et un autre m’attrapèrent fermement, je ne pouvais plus bouger.

-Tu nous dois aussi le respect, enfoiré ! Alors si tu fermais un peu ta grande gueule ?

J’essayais de me dégager en vint, jusqu’à ce que je me fige en voyant les yeux de Shran se révulser et se mettre à… Clignoter ?

-Il est possédé ou quoi ?

Putain, ça expliquerait beaucoup de choses !

Finalement, le phénomène s’arrêta et il demanda, beaucoup plus calme, ou plutôt, épuisé, à ce qu’on le lâche.

-Ouais, lâchez-moi aussi. Je frappe pas quelqu’un qui a déjà le cerveau en rade…

Parce que je ne voyais que ça, hein ! Et s’il crevait parce que j’achevais de lui niquer le cerveau, j’aurais l’air bien fin.

-Ok… Bon. Tournage terminé pour aujourd’hui. Vous rentrez chacun dans vos caravanes et si j’ai le malheur d’apprendre que ce genre d’incident arrive encore, je recaste vos personnages à tous les deux !

Ça avait l’honneur d’être clair. Je grommelai alors qu’on me relâchait…

-Bien compris.

Je plaquai tout là et sorti du plateau.

On s’insultait, on s’envoyait des remarques… Hank affirma que je ne savais pas tenir sous mes deux jambes. Ce fut une remarque de plus dans la marée de mots qu’on s’envoyait en vue de toucher l’autre en essayant de faire le plus mal possible. Et quand les mots ne suffirent plus, on passa aux mains alors que ça avait été Hank qui avait mené ça vers là en me tirant brutalement les cheveux.

Je pris le dessus sur Hank malgré mes centimètre en moins. Il faut dire que j’étais furieux et quand j’étais furieux je pouvais avoir une force insoupçonnée. C’est pour ça que je réussis à me mettre à califourchon sur Hank pour commencer à le marteler de mes poings. Tout ce que je voulais c’était décharger la colère accumulée ses dix derniers jours qui venait d’éclater aujourd’hui autant dans le chef d’Hank que dans le mien.

Christopher nous sommait d’arrêter. Il déclara que si on continuait, on allait devoir attendre que nos bleus disparaissent avant de reprendre le tournage. Mais je m’en fichais. Tout ce que je voulais, là, c’était qu’Hank la ferme et le seul moyen que j’avais trouvé c’était de le frapper jusqu’à-ce qu’il ne puisse plus parler.

Finalement, ce fut des techniciens qui nous séparèrent mais, malgré ça, je continuais à me débattre pour repartir à l’assaut. Ce fut, à nouveau, des mots qui sortirent de ma bouche alors qu’on m’empêchait de frapper, à nouveau, Hank. Ce dernier déclara que je leur devait le respect et que, de ce fait, je devais la fermer.

-Le respect, ça va dans les deux sens !

Et c’est tout ce que je pus dire avant d’être foudroyé par une crise. Moins conséquente que celle que j’avais eue dans ma caravane tout à l’heure mais tout de même assez pour que je perde le fil sans totalement perde conscience. Je n’entendais plus rien, je ne voyais plus rien mais j’étais toujours là, en quelque sorte. Je ne remarquai pas qu’Hank et d’autres avaient parfaitement vu mes yeux se révulser et clignoter à plusieurs reprise. Je n’avais pas entendu, non plus, la remarque d’Hank qui affirmait que j’étais possédé.

Je finis par reprendre conscience et je fis comme si de rien n’était. J’étais vidé et je demandais à ce qu’on me lâcha. Je n’avais, de toute façon, plus la force de sauter, à nouveau, à la gorge de North. Ce dernier demanda aussi à ce qu’on le lâche alors qu’il fit un commentaire sur mon cerveau qui me fit tiquer. Je marmonnai.

-Moi, au moins, j’ai un cerveau…

Aussi défectueux soit-il.

On me lâcha et je m’étais retrouvé le cul au sol. Je passai une main sur mon visage avant que Christopher ne suspende le tournage pour aujourd’hui. De toute façon, je n’aurais pas su tourner la moindre scène… Mais quand il nous menaça de nous recaster si jamais on en venait à nouveau à ce battre de la sorte, je fronçais les sourcils. Je risquais de tout perdre parce que je n’arrive pas à supporté ce petit pistonné.

Hank déclara qu’il avait bien compris. Je me relevai doucement et grommelai :

-Compris…

Je n’avais pas vraiment d’autre choix.

-Si c’est terminé pour aujourd’hui, je rentre chez moi.

Chez Brent… Et j’allais sans doute devoir appeler le Docteur Crawford aussi ce que je dois faire en cas de crises rapprochées. Avec un peu de chance, il me donnera des congés même si je savais que ça n’allait arrangé l’humeur de personne. Sauf que j’en avais besoin !

Et, sans en dire plus, je quittai le plateau pour rentrer chez moi.