J’avais choisi la villa Reed pour recevoir les potentiels candidats à la protection de J.R. et, par extension, un peu la mienne… Mais surtout celle de mon fils.

En effet, le rapt qu’avait commis Maritza n’avait pas arrangé ma paranoïa. Je pensais ne plus pouvoir faire confiance aux gens qui m’entouraient… parfois, quand c’était vraiment grave, j’en allais même jusqu’à soupçonner ma propre mère de malveillance alors que ce n’était pas du tout le cas et que je me rendais vite compte que c’était ridicule de penser cela.

A la limite, j’avais plus confiance en John et Isabel. Pourquoi ? Parce que je les payais et que je les payais bien. Ils avaient une bonne raison de ne pas me faire de coups bas, tout comme mes Los Diablos que je payais également. Même mon meilleur ami, je le payais !

Mais nos proches ? Nos proches, on ne peut pas s’acheter leur loyauté. Et c’était ainsi que j’avais été trahi d’abord par Livia, puis par Maritza.

Autant dire que mon capital confiance était au plus bas.

C’était pourquoi j’avais pris la décision d’engager un garde du corps, que je comptais payer grassement, pour la protection de J.R.

J’en avais trois à voir aujourd’hui… Mais les deux premiers que John fit entrer dans mon bureau ne convenaient pas. L’un n’avait pas assez d’expérience et l’autre avait beaucoup trop d’égo… Je ne voulais pas de quelqu’un qui roulait des mécaniques.

Je voulais quelqu’un qui serait là, présent mais discret. Quelqu’un qu’on verrait et dont on comprendrait directement la fonction, sans qu’il ait à faire quoi que ce soit.

Je frottai mes yeux et décrochai le téléphone de mon bureau pour un coup de fil interne à John qui se trouvait très certainement dans le hall en l’attente du dernier candidat du jour.

-John… Si le troisième est arrivé, tu peux l’envoyer dans mon bureau.

Je raccrochai et m’allumai un cigare tranquillement, attendant le dernier candidat. Si ce n’était pas encore le bon, il faudrait que je fasse un nouvel appel d’offre.

J’eus alors une drôle d’idée : j’aurais tellement aimé que Grant Fleming ait 10 ans de plus ! Lui aurait convenu !

C’est alors que la porte de mon bureau s’ouvrit, laissant apparaître John suivi par le candidat. J’attendis que mon majordome referme la porte.

Je déposai mon cigare en équilibre sur le bord du cendrier, me levai et tendis la main à l’homme qui venait d’apparaître. Il était jeune, il était grand, c’était déjà deux bons points pour lui.

-Bonjour... Zeke Sullivan, je présume ?

Je vivais depuis deux jours seul dans ma maison de San Fernando Valley. Entre Riley et moi c’était terminé. La cause : le travail. Pas le mien mais celui de Riley… Elle avait la possibilité de persévérer dans sa carrière d’actrice mais elle n’avait pas semblé très motivé à cette idée. Elle n’avait pas cherché d’agents ou d’autres projets. Mais elle n’avait pas, non plus, semblé passionné par autre chose. Elle restait la plupart du temps à la maison à flâner pendant que je faisais des missions à gauche et à droite pour l’entreprise de garde du corps pour laquelle j’avais signé il y a quelques temps.

Cette attitude ne m’aurait pas ennuyé si Riley n’était pas constamment sur la sellette à cause de son ancienne addiction à la drogue. La voir sans but et sans motivation était inquiétant et, il y a quelques jours, je lui avais demandé de faire quelque chose ne serait-ce qu’une activité… Du sport ou n’importe quoi… Mais encore une fois, elle n’avait pas paru motivée. Et moi, je ne pouvais plus partir au travail en me demandant ce qu’elle fait. Si elle replonge ou non.

Alors, je l’avais quitté. La facilité avec laquelle je l’avais fait en disait long sur le fait que je n’avais, peut-être, plus d’amour pour elle. Pas assez pour vivre en couple en tout cas.

Donc, je vivais seul et j’avais, du coup, l’intention de sortir plus. M’amuser comme je le faisais avant ma mission pour le FBI. Sauf que le lendemain de ma rupture, j’avais vu une annonce plutôt pas mal et j’avais décidé d’y postuler. C’était une offre de garde du corps pour nul autre que Jimmy Reed. J’aimais l’entreprise pour laquelle je travaillais mais c’était chaque fois des missions différentes pour des gens différentes. Si je pouvais avoir une personne fixe qui, en plus, vit à Los Angeles c’était encore mieux.

Je réussis à obtenir une entrevue et j’étais, désormais, devant la porte de la villa de Reed sur Malibu. J’avais déjà passé une entrevue avec Lola… Ce n’était, donc, pas mon premier rodéo face à une célébrité. Sans compte que j’en avais pas mal appris en une soirée chez Jessica Hill sur la vie des stars.

Ce fut un homme, qui n’était pas Jimmy Reed, qui vint m’ouvrir et m’emmena vers le bureau du magnat de BSC. Je ne connaissais de Reed que ce que la presse en disait. Ce n’était pas spécialement reluisant mais, comme pour Lola, je n’étais pas ici pour porter un jugement sur mon potentiel employeur. Je partais, de toute façon, du principe que chacun avec ses casseroles et défauts. J’en avais aussi… J’aimais l’adrénaline, par exemple.

L’homme me fit entré dans le bureau et je me retrouvais face à la tête d’un homme que je n’avais vu qu’à la télé ou sur papier glacé. Il me salua.

-Bonjour, Monsieur Reed. Oui, je suis bien Zeke Sullivan.

J’avais dit ça en lui serrant la main fermement. Personne ne voudrait d’une garde du corps mou.

Quand il m’en donna l’autorisation, je m’installai plantant mon regard dans celui du patron de BSC.

-J’ai répondu à votre offre parce que j’avais besoin de stabilité. Je travaille depuis plusieurs mois pour un agence qui m’envoie sur des missions chaque fois différentes avec des clients différents. Avoir un client attitré, c’est ce que je recherche.

Je n’avais que 25 ans. Je savais que ça pourrait refroidir Jimmy Reed. Souvent, les employeurs de ce type cherchaient des gens avec de l’expérience.

-Mon expérience peut vous paraitre maigre mais avant d’être garde du corps, j’ai eu mon service militaire et j’ai, par après, intégré l’Académie du FBI à 20 ans. J’ai été au bout de cette formation avant de changer de cap après une mission.

Je me tus. Parler de ça pouvait aller en ma défaveur mais j’avais opté pour la franchise pour cette interview.

Zeke Sullivan entra dans mon bureau. Il était grand, bien habillé sans qu’on puisse dire que son costume soit vraiment du haut de gamme… les cheveux gominés en arrière. Son style me plaisait. Ne restait qu’à l’envoyer chez le tailleur, physiquement parlant, pour lui donner un costume digne de ce nom mais en tout cas, le premier contact visuel était bon.

Ensuite, il me serra la main. Il avait une poigne ferme mais qui ne cherchait pas à prouver sa force en m’écrasant la main. Ferme et franche… Un autre bon point pour lui.

-Enchanté, asseyez-vous.

Je m’assis moi aussi et repris mon cigare au bord de mon cendrier. Je n’allais pas lui en offrir un dès notre première entrevue.

Nous démarrâmes donc la conversation comme ça… moi fumant et le candidat garde du corps me dévoilant un peu qui il était avant même que je n’ai posé une question. Ce qui ne me dérangeait aucunement, vu qu’il me mâchait le travail.

Il désirait donc de sa stabilité, ce que sa situation actuelle ne lui offrait pas.

Je tirai longuement sur mon cigare avant de lui demander :

-Pourquoi voulez-vous quelque chose de table ? Vous avez une famille à nourrir ?

Cela aurait été une bonne raison, mais il pouvait y avoir des milliers d’autres bonnes raisons.

Il avait dit que cela ne faisait que quelques mois qu’il travaillait pour une agence. Et avant que je lui pose la question, il me dévoila un peu son parcours.

Il avait fait son service militaire, ce qui, pour moi qui cherchait un garde du corps, était un point très positif. Cela voulait dire qu’il avait une certaine condition physique et aussi une connaissance de certaines tactiques.

Ensuite, il avait été au FBI.

Aïe.

Je réussis à me retenir de tiquer. Allais-je, si je l’engageais, laisser entrer le loup dans la bergerie ? Probablement pas… Jusqu’ici, j’avais toujours bien réussi à cloisonner ma vie de gangster et ma vie d’homme d’affaire.

Ce qui me faisait un peu peur, c’était ce qu’on appelait le « flair » du flic.

-Intéressant ! Ce sont des points positifs pour vous. Puis-je savoir après quel genre de mission vous avez quitté le FBI ?

Jimmy Reed m’avait accueilli et je m’étais installé dans un siège très confortable. Il fumait son cigare ce qui faisait un peu cliché du grand homme d’affaire dans son bureau immense. Mais bon, les clichés ne viennent jamais de nulle part, après tout.

Je m’étais lancé, sans vraiment attendre l’autorisation du magnat de BSC, dans une explication de ce qui m’avait motivé à postulé à ce poste. J’avais lancé avoir envie de stabilité et, directement, Reed me demanda si je voulais ça car j’avais un famille à nourrir. J’hochai négativement de la tête.

-Non. Je vis seul. Je ne parle pas nécessairement de stabilité financière. Mais plutôt une stabilité dans mon travail de tous les jours. Avoir chaque fois un client différent d’un jour à l’autre ce n’est pas spécialement confortable. Je préfèrerais m’assurer de la protection du même client à chaque fois. Je trouve que ça donne plus de sens à ce métier.

Car, inévitablement, quand on s’assurer de la sécurité de la même personne à chaque fois, on fini par le connaitre ce qui donne plus de sens à ce boulot que de passer d’un inconnu à l’autre.

J’avais, ensuite, parlé de mon parcours. J’avais évoqué mon service militaire ce qui faisait toujours bien pour une place dans un métier de la sécurité. J’avais aussi parlé de mon entrée à l’Académie du FBI et du fait que j’avais quitté l’organisation après ma première mission. Je voulais montrer, par-là, une certaine transparence. Ce métier était basé sur la confiance. Si je cachais des choses de ce genre, ça risquait d’être préjudiciable. Je ne voulais pas démarrer une collaboration pareille avec des mensonges par omissions. J’avais dire à Reed tout ce que je pouvais légalement lui dire sur mon parcours.

Il s’exclama que tout ça était intéressant. Apparemment, j’étais sur la bonne voie. Mais quand il s’intéressa un peu plus à la mission qui m’avait fait quitté le FBI.

-Je ne peux, hélas, pas donner de détails sur les missions auxquelles j’ai participé. Je suis soumis au secret là-dessus. Mais ce n’est pas tant la mission ou le FBI en lui-même qui m’a donné envie de changer de cap mais j’étais en couple à l’époque et vie au FBI ne rime pas tellement avec vie de couple, si vous voyez ce que je veux dire.

J’haussai des épaules.

-J’ai choisi la fille… Ça a durer un temps entre nous mais, désormais, nous sommes séparés. J’avais déjà changé de carrière et rien ne me donnait vraiment envie de revenir au FBI alors j’ai décidé de continué ma carrière de garde du corps qui est beaucoup plus confortable et qui peut payer aussi bien.

C’était aussi simple que ça. En fait, non, mais je n’allais pas entrer dans tous les petits détails de ma vie privée lors du premier entretien avec mon potentiel client.

-Mais si vous avez besoin d’une lettre de recommandation de la part du FBI afin de vous assurer de mes compétences, je peux en demander une.

Mon père pouvait me fournir ça.

Sullivan voulait de la stabilité et ne plus voyager d’un client à un autre tout le temps. C’était quelque chose que j’appréciais, tout comme j’appréciais le fait que l’homme n’avait ni femme, ni enfant. Je soufflai la fumée de mon cigare vers le plafond, longuement, l’écoutant, avant de le regarder à nouveau.

-Bien… Ce que j’entends dans votre discours, c’est que vous souhaiteriez une relation basée sur une certaine forme de loyauté.

Je souris.

-C’est parfait pour moi. J’aime la loyauté. Je fonctionne comme ça aussi dans mes affaires.

Daniele m’était loyal, comme ami et comme manager pour ma maison de disque… Et… la déloyauté, chez moi, se payait cher.

Et en plus, comme Sullivan vivait seul il ne serait probablement pas contre des horaires un peu bizarres.

Il m’avait parlé ensuite de son parcours. De l’armée, du FBI… L’idée qu’il ait fait partie du FBI me plaisait moins. Il me faudrait être très prudent avec ça. Même s’il avait quitté l’organisation, le flair du flic n’est pas quelque chose qui se perd avec une démission.

Je lui demandai alors ce qui lui avait fait, justement, donné sa démission.

Et devinez ce qui se cachait derrière cette carrière ruinée ?

Une femme ! Mais bien sûr !

Je ricanai, mais pas tellement méchamment. C’était plutôt un rire jaune.

-Ne jamais, JAMAIS changer quoi que ce soit pour une femme. Ce sont des traîtresses.

Je me penchai un peu en avant et le regardai droit dans les yeux.

-Je ne vous cacherez pas que je l’ai appris moi-même, à mes dépends. C’est d’ailleurs un peu pour cette raison que vous êtes assis dans ce bureau en ce moment même.

Bref, Sullivan et cette… fille… n’étaient désormais plus ensemble. Mais Zeke avait décidé de ne pas reprendre sa carrière au FBI pour autant. Il préférait être garde du corps.

-C’est vrai. Si vous travaillez pour moi, vous serez extrêmement bien payé. Vous connaissez probablement déjà ma réputation, mais si j’ai bien des défauts, celui d’être un mauvais payeur n’en est pas un.

Il disait que si je voulais une lettre de recommandation du FBI, il pouvait s’en procurer une… Je réfléchis une ou deux secondes avant de répondre…

-Ce serait bien, en effet… Cela veut dire que vous avez gardé de bons contacts avec le FBI ?

Parce que ça, il fallait absolument que je le sache. Pour savoir à quel degré de prudence je devais jouer, avec ce gars-là, si je l’engageais.

J’avais expliqué à Jimmy Reed que ce n’était pas tant la stabilité économique que je recherchais mais bien la stabilité dans mon travail au quotidien. Avoir le même client n’était pas la même chose que de passer d’un client à l’autre. C’était une toute autre approche. Et je préférais avoir le même client.

Jimmy reformula ce que je venais de dire clamant que ce que je cherchais était une relation basée sur une certaine forme de loyauté. J’hochai de la tête.

-On peut dire ça comme ça, oui.

Il semblait apprécié ça. Il disait fonctionner ainsi dans ses affaires. Je savais qu’il avait son meilleur ami dans son personnel. C’était de notoriété publique. Mais j’imagine qu’il y avait d’autres exemples si Reed disait aimer la loyauté. Une loyauté qui va dans les deux sens ? Bonne question… J’imagine que oui car son amitié avec Ricci semblait aller dans les deux sens.

J’avais parlé de mon parcours. Un passage obligé à ce genre d’interview. J’avais évoqué le FBI et parlé de mon changement de carrière pour devenir garde du corps. J’avais avancé que si j’avais changé de carrière c’est parce que je me suis mis en couple avec quelqu’un. Riley avait besoin d’aide et de soutien et en tant qu’agent du FBI c’était difficile d’être là pour elle. Sans compté que j’avais compromis ma mission pour le sortir des griffes de Ward Fleming. Je ne regrettais pas ça. En soi, j’avais probablement sauvé Riley d’une mort certaine en faisant ça. Et même si notre couple n’a pas tenu, je ne regretterais jamais avoir sauvé une vie.

Reed ricana clamant qu’il ne fallait jamais changer quoi que ce soit pour une femme. Il était, aussi, de notoriété publique de Reed était misogyne alors sa remarque ne me surpris pas du tout.

-Peut-être… Quoi qu’il en soit, je ne suis pas mécontent d’avoir changé de voie.

Le travail de garde du corps était moins contraignant qu’agent infiltré…

Jimmy Reed disait avoir appris tout ça à ses dépends concernant les femmes. J’avais lu sa mésaventure avec son ex-femme qui était, d’après ce que j’en savais, désormais en prison. Je ne savais pas ce qu’elle vivait chez elle mais enlever un enfant reste une chose totalement impardonnable. Et si elle a prit une peine aussi sévère c’est qu’il y avait, sans doute, peu de raisons. Et il semblerait que ça soit cet évènement qui ait poussé Reed à chercher un garde du corps.

-Oui, j’ai lu ce qu’il vous est arrivé dans la presse. Je suis content que vous ayez pu retrouver votre fils sain et sauf.

Car c’était ça le plus important : que l’enfant aille bien.

J’affirmai ne plus être avec ma petite amie mais j’avais décidé de rester garde du corps. C’était plus confortable et tout aussi bien payé. Je ne cachai pas ça à Reed qui confirma que je serais bien payé sous sa coupe. Il parla de sa réputation.

-Je sais de vous ce que j’ai lu dans la presse. Mais, oui, je ne doute pas que le salaire sera à la hauteur de mes attentes.

Je proposai de lui fournir une lettre de recommandation de la part du FBI pour qu’il puisse s’assurer de mes compétences. Il confirma qu’il la voulait bien et j’hochai de la tête. Il se fit alors curieux demandant si j’avais gardé de bons contacts avec le FBI.

-Mon père est un haut gradé du FBI. Donc, oui, j’ai gardé de bons contacts surtout que mon père ne peut pas s’empêcher de causer boulot. Je sais que tout ça sonne comme si j’avais été pistonné mais les sélections au FBI sont très strictes. Je peux aussi vous fournir une lettre de recommandation de la part de mon employeur actuel, si vous souhaiter une perspective plus neutre.

Je voulais mettre toutes les chances de mon côté pour obtenir ce poste.

-Et si je peux ajouter une chose : ayant travaillé pour le FBI, je sais ce qu’est le secret professionnel. Avec moi, vous n’aurez aucun risque que je dise quoi que ce soit sur votre vie à la presse. Je sais que la vie privée peut être une issue pour certaines stars mais vous pouvez compter sur la discrétion.

Zeke Sullivan était donc quelqu’un pour qui la loyauté avait de la valeur. Je trouvais que c’était un bon point pour lui. J’avais toujours fonctionné à la loyauté tant avec mes Los Diablos qu’en affaires.

-Bien… La loyauté sera toujours récompensée avec moi.

Je souris, tirai sur mon cigare et en lançai encore les volutes vers le plafond.

Je l’écoutai parler de son parcours, de son changement de vie, de sa carrière au FBI mise à mal par le fait qu’il s’était mis en couple. Erreur. C’était une erreur. Je venais moi-même de l’apprendre. Contrairement à la loyauté, j’avais appris récemment et à mes dépends que l’amour rend effectivement aveugle. C’était pour ça que j’avais marché sur mes principes en libérant Maritza de son serment de mariage, puisqu’elle me haïssait tant. Usant là de ce qu’il me restait de respect et d’amour pour elle.

Cela ne l’avait pas empêchée pour autant de prendre mon fils avec elle et de partir sans laisser d’adresse.

En ce qui concernait Sullivan, c’était sa carrière qu’il avait piétinée par amour.

Je le mis alors en garde contre la gent féminine, affirmant, fort de mon récent apprentissage, qu’il ne fallait rien leur concéder. Rien.

Malgré tout, Zeke ne regrettait pas son changement de voie. Je levai un sourcil à la fois surpris et curieux.

-Le FBI n’était donc pas fait pour vous ?

S’il préférait être garde du corps, je pouvais comprendre. Les deux métiers étaient bien différents. Un garde du corps ne doit pas taper de rapports interminables ou se lancer dans des enquêtes jusqu’à pas d’heures. En plus, un garde du corps pouvait assister aux plus grands événements organisés dans le monde, si celui qui l’employait était assez puissant pour ça.

Et c’était mon cas.

-Qu’est-ce qui vous plait dans le métier de garde du corps ? Les voyages ? Les rencontres ? Le challenge ?

Il avait lu mes déboires dans la presse, mais aussi le dénouement heureux de tout ça. Ce qu’il ne savait pas encore, c’était que si je l’engageais, son travail serait étroitement lié à cet événement.

-Merci. J.R. se porte très bien.

Il était actuellement en train de jouer à l’étage avec Isabel. J’étasi passé dans sa chambre juste avant de commencer à recevoir les candidats au poste de garde du corps.

Sullivan affirmait qu’il pouvait me fournir une lettre de recommandation du FBI. En acceptant cela, non seulement j’en saurais plus sur le flic qu’il était, mais cela laissait penser que je n’avais rien contre l’organisation. Ce qui n’était pas vrai. Je devrais me méfier du FBI.

Je demandai donc s’il avait encore de bons liens avec cette organisation. C’était le cas, son père en était même un haut gradé. Il se défendit d’emblée d’être un pistonné. Je fis un geste de la main comme quoi ce n’était pas important.

-Que ce soit vrai ou non… Je serais le plus grand des hypocrites si j’affirmais que le népotisme me dérange.

J’étais moi-même le résultat d’un népotisme plus que manifeste.

Je souris.

-La lettre du FBI me suffira, merci.

Il demanda s’il pouvait ajouter quelque chose et je lui fis signe d’y aller. Il souligna alors le secret professionnel. Que rien de ce qu’il apprendrait sur ma vie privée ne serait dévoilée par lui à la presse. Je hochai la tête, satisfait.

-Parfait. C’est un excellent point pour vous.

Il avait apparemment fini de se vendre. A moi donc de poser des questions plus précises.

-Avez-vous de bons contacts avec les enfants, monsieur Sullivan ?

La loyauté semblait être quelque chose d’important pour Jimmy Reed. En tout cas, il disait que c’était toujours récompensé avec lui. Pour l’instant, je n’avais pas de quoi remettre ça en doute.

J’avais parlé de mon parcours et de ce qui m’avait fait quitté le FBI. L’histoire était plus dramatique que ça mais je ne pouvais entrer dans les détails sans expliquer le but de ma mission et, ça, je ne pouvais tout simplement pas le faire. Alors j’en restai à gratter la surface ce qui fit ressortir la partie misogyne bien connue du magnat de BSC. J’affirmai alors ne jamais avoir regretté avoir quitté l’organisation. Pas que j’étais mauvais. J’avais les qualités pour être un bon agent du FBI mais j’avais pu voir toutes les contrariétés de ce genre de vie. Reed ne tarda pas à me questionner là-dessus.

-Oui. Sans doute que ce n’était pas fait pour moi. Pas que j’étais mauvais. J’étais un bon agent. Mais ce n’était pas ce genre de vie que je voulais, tout simplement. Le métier de garde du corps contient tout ce que j’aimais dans mon métier d’agent sans ce que j’appréciais moins.

Être garde du corps était bien différent. Sur certains points c’était beaucoup moins contraignant et, soyons honnêtes, moins stressant qu’agent infiltré. Quant on est agent infiltré on se doit de jouer constamment un rôle. J’étais doué pour ça mais ça ne voulait pas dire que j’aimais ça.

Reed se fit alors curieux me demandant ce que j’aimais dans le métier de garde du corps. Il émit plusieurs possibilités.

-Les trois. Particulièrement les rencontres, probablement. Je dois avouer que côtoyer des gens comme vous donne du piments dans une vie. J’ai déjà eu l’occasion de rencontrer quelques célébrités. Les voyages aussi. Je suis né et j’ai grandi à Los Angeles mais j’ai vécu mon adolescence à Quantico… Pas vraiment un endroit de rêve. Voir du pays, ça me plait.

Quant aux challenge. Ouais, il y en avait… Mais ce n’était pas tant ce que je cherchais le plus sinon, je serais resté au FBI.

J’étais revenu sur l’évènement qui avait fait que Jimmy semblait méfiant aux sujets des femmes. Je savais, comme tout bon lecteur de presse, que son ex-femme avait enlevé son fils. Ce dernier avait, heureusement, été retrouvé sain et sauf. Je déclarai être content de ce fait. Jimmy Reed me remercia confirmant que son fils allait bien. J’hochai de la tête. C’était une bonne chose.

Reed m’avait demandé si j’avais encore de bons liens avec le FBI. Je ne cachai pas que mon père y travaillait comme haut gradé. Je me défendis d’être pistonné même si… En soi, je ne pouvais nier que le fait que mon père soit haut gradé avait joué dans le fait que ma procédure d’intégration soit si rapide… Mais ça importait peu pour moi car je connaissais ma valeur. Je savais que ma place était mérité. Bien que Reed, lui, se fichait du népotisme. Ça ne le dérangeait pas… C’est clair qu’en tant qu’hériter de BSC, il aurait, effectivement, passé pour un hypocrite.

-C’est vrai…

Je n’en dis pas plus sur le sujet surtout que Reed disait que la lettre du FBI lui suffira. Est-ce que ça voulait dire qu’il était, déjà, en partie convaincu ? Rien n’était moins sûr.

-Je vous la fournirais au plus vite.

J’affirmai, ensuite, après avoir reçu l’autorisation de Reed de m’exprimer que j’étais du genre à savoir garde tout ce que je voyais pour moi. Ainsi, il n’aura pas à se demander si chacune de ses actions allaient paraitre dans la presse. Il semblait apprécier ça.

Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il me demande si j’avais un bon contact avec les enfants… C’était stupide de ne pas s’y attendre… Reed avait un fils. Il se demandait sûrement si j’avais un bon feeling avec eux pour voir si je pourrais facilement interagir avec son héritier. Mais je ne pensais pas que ça serait aussi crucial… Quoi qu’il en soit, je fus, encore une fois, franc.

-A vrai dire, dans ma vie, j’ai eu très peu de contact avec des enfants… Je n’en ai pas et je n’ai pas non plus de frères et sœurs. Tout ce que j’ai comme expérience c’est celle que j’ai eu avec certains de mes cousins et cousines plus jeunes. Et ça c’est toujours bien passé avec eux.

Je me permis alors de clarifier les choses.

-Vous demandez ça car la mission s’étend à votre fils, c’est bien ça ? Je pense pouvoir m’en sortir avec un enfant en bas âge. Je sais m’adapter.

Enfin... Tant qu'il ne fallait pas faire nounou en même temps, quoi...

Je posais des questions à Zeke Sullivan pour essayer de cerner quel genre de garde du corps il serait. Parce que cela voudrait dire, s’il était engagé, que je passerais pas mal de temps avec lui, de même que J.R. Alors autant prendre quelqu’un dont j’appréciais le tempérament.

L’ancien agent du FBI, jusque-là, me plaisait bien. Parce qu’il était réellement intéressé par le métier de garde du corps qui, comme il me l’expliqua, réunissait tous les avantages de son ancien poste, sans les inconvénients. Je hochai la tête à cela, plutôt satisfait, tout en tapant nonchalamment la cendre de mon cigare dans le cendrier.

-Une belle reconversion pour vous alors. Je cherche quelqu’un qui aime ce qu’il fait, cela à l’air d’être votre cas.

Je ne voulais pas d’un garde du corps blasé. Parce qu’un garde du corps blasé baisse sa garde et ça ou rien, ça reviendrait au même.  

Je lui demandai ce qui, pour lui, rendait le métier attrayant et il valida tous les exemples que j’avais donnés. Mais c’était les rencontres et les voyages qui l’intéressaient particulièrement.

Je souris bien grand.

-Alors vous serez servi et introduit aux plus grands de ce monde. Si vous êtes engagé, je compte sur vous pour vous impliquer au maximum. Pour être une présence discrète mais que personne n peux oublier. Vous voyez ce que je veux dire ?

Je voulus juste en savoir un peu plus sur ses rapports avec le FBI et compris assez vite qu’il ne pourrait jamais réellement y avoir de scission entre lui et l’organisation car son père y était haut gradé. Est-ce que ça me dérangeait ? Non. Pas vraiment. Peut-être même le contraire. Cela me rappellerait qu’il faut que je sois toujours sur mes gardes et que je procède avec la plus grande discrétion pour tout ce qui toucherait aux Los Diablos.

Ce serait une façon de ne jamais oublié de me protéger moi-même. Car si je pouvais cacher ça à mon propre garde du corps, cela voudrais dire que ce serait encore plus invisible pour d’autres personnes moins proches.

Je le rassurai donc sur le népotisme et tout ça et il me fournirait une lettre de recommandation au plus vite.

Là-dessus, j’entrai un peu plus dans le vif du sujet en lui demandant s’il avait un bon contact avec les enfants. Il s’avéra qu’il avait très peu d’expérience dans le domaine hormis quelques vagues souvenirs avec des cousins plus jeunes.

Une étincelle de détermination passa dans mon regard.

-Oui, la mission s’étend à mon fils. Il a été enlevé une fois… Et je ne me fais jamais avoir deux fois.

Je tirai longuement sur mon cigare.

-Je ne vous demanderai pas de changer ses couches, de le nourrir ou de jouer avec lui. J’ai déjà quelqu’un pour ça. Isabel, que vous rencontrerez si, au terme de cette journée d’entretiens, je retiens votre candidature.

Je marquai une pause et appuyai mon regard dans le tien.

-Non, ce que je voudrais c’est quelqu’un capable de nouer un lien de confiance avec J.R. Qu’il puisse vous faire presque aveuglément confiance et qu’il comprenne que vous êtes là pour le protéger. Est-ce que vous comprenez ce que j’attends de vous ?

J’avais montré à Reed que j’aimais mon boulot de garde du corps. C’était le cas et jusqu’ici, je n’avais pas regretté mon changement de carrière. Ça semblait plaire au magnat de BSC que je faisais ce job parce que je l’aimais et pas uniquement parce qu’il me rapportait.

J’avais expliqué ce que j’aimais dans ce job. J’avais mis en avant les voyages mais, aussi, les rencontre que j’allais pouvoir faire à travers ce job. J’y avais pris goût après la petite fête qu’on avait passé, Riley et moi, chez Jessica Hill. Si Riley m’avait semblé peu emballé à l’idée de rencontrer des gens comme ça, moi, j’avais beaucoup aimé ça. Et je crois que j’allais encore plus apprécier ça maintenant que je suis, à nouveau, célibataire.

Reed confirma que j’allais être introduit au grands de ce monde. Je n’étais pas du genre à les mettre sur un pied d’estale. Je savais que les stars restaient des humains comme les autres mais je trouvais quand même ça assez fun. Jimmy Reed voulait même que je m’implique au maximum afin d’être une présence discrète tout en étant inoubliable.

-Oui, je vois ce que vous voulez dire. C’est un équilibre pas facile à avoir mais je mettrais tout en œuvre pour y arriver.

J’avais la chance d’être grand et d’avoir une certaine présence. Ça pourrait m’aider à obtenir l’équilibre que voulait Reed… Même si tout ça allait me venir avec l’expérience.

J’avais brièvement parlé de mon père et de liens que j’avais encore, du coup, avec le FBI. Après quoi, Reed me demanda si j’avais un bon contact avec les enfants. Si la question me surpris d’un premier abord, je me rappelai bien vite que Jimmy Reed avait un fils et que, de ce fait, c’est bien à cause de lui que le magnat de BSC m’avait posé une telle question.

J’avais expliqué avoir eu très peu de contact avec les enfants. Pas parce que je ne les aimais pas mais parce que j’étais enfant unique et je n’avais pas d’enfants moi-même. Ce n’est pas pour ça que je n’aimais pas ces petites créatures, hein. Ils étaient plutôt funs, je trouve.

Je demandai, donc, si ma mission allait s’élargir à l’enfant et Reed confirma mettant en avant qu’il ne voulait plus que son fils soit victime d’un enlèvement. J’hochai de la tête.

-Je peux totalement comprendre ça.

J’aurais un fils et on me l’aurait enlevé une fois, j’aurais tout fait pour que ça ne se reproduise pas.

Il me rassura quand il expliqua que mon rôle ne sera pas de jouer les nounous. Apparemment, il avait déjà quelqu’un pour remplir ce rôle-là. Une femme appelée Isabel. J’hochai de la tête mais je ne dis rien laissant Reed continuer de m’expliquer ce qu’il attendait de moi vis-à-vis de son fils. Ce qu’il voulait c’est que je puisse avoir un lien de confiance avec lui et que le petit comprenne que j’étais là pour le protéger. En gros, je devais faire en sorte qu’il se sente en sécurité quand je suis avec lui.

-Oui, je comprends ce que vous attendez. Vous voulez qu’il puisse se reposer sur moi sans avoir le moindre doute sur mes capacités. Qu’il se sente en sécurité quand je suis avec lui. Si vous m’engager je ferais en sorte que ça soit le cas. Et comme votre fils est encore jeune, je pense pouvoir développer un beau lien avec lui.

Car si j’étais engagé, je deviendrais son premier garde du corps… En espérant que ça ne soit pas le genre de gosse gâté qui vous mène la vie dure… Sinon, là, les choses allaient bien vite se compliqué mais j’aurais le temps de voir venir ça.

-Est-ce que ce travail auprès de vous et de votre fils demande un déménagement de ma part ? J’habite San Fernando Valley… Mais si les horaires demande à ce que je sois constamment là à partir de votre réveil et de celui de votre fils jusqu’à votre coucher, il serait bien que j’envisage d’habiter sur Malibu… Je demande car j’ai déjà auditionné pour un job auprès de Peyton Stone et elle avait ce genre de demande. Ça ne me dérange pas mais c’est uniquement pour pouvoir me projeter au mieux dans ce que vous attendez de moi.

En gros, je voulais savoir si c’était un job 24h/24 ou un job plus classique.

Il semblait que Sullivan et moi nous comprenions mieux qu’avec tous les gars que j’avais déjà reçus ici pour le même poste. Il voyait ce que je voulais comme équilibre. Quelqu’un qui soit là, et dont on comprenait la fonction directement sans que ce soit agressif ou trop imposant. Il pensait pouvoir arriver à cet équilibre.

Je souris.

-Très bien. Vous seriez comme un ange-gardien, si vous voulez une description plus imagée.

Après encore quelques questions, je lui expliquai que ce que je voulais, c’était qu’en plus de me protéger moi, il protège aussi J.R. Je ne lui cachai pas que c’était parce que je ne voulais pas qu’un enlèvement se reproduise. J’avais suffisamment stressé la première fois. Inutile de remettre ça. On ne m’y prendrait plus.

Zeke comprenait tout à fait, ce qui me satisfaisait. Une chose que j’aimais bien chez lui, c’était qu’il semblait très sincère dans tout ce qu’il disait. Il semblait aussi très humble mais savoir ce qu’il avait à faire.

Bref, jusqu’ici, je lui voyais beaucoup de qualités. En réalité, le seul défaut que je lui voyais était son lien avec le FBI mais en était-ce réellement un ? Parce que si j’arrivais à jouer encore mieux mon double-jeu, le fait que j’engage un ancien du FBI qui était encore en lien avec l’organisation me mettait encore plus au-dessus de tous soupçons d’activités illégales…

Je lui expliquai donc, ce que j’attendais de lui avec J.R. et il reformula…

Je souris.

-Voilà, c’est exactement ça. Un lien basé sur la confiance. Vous pourrez même devenir son ami, cela ne me dérange pas. Tout comme cela ne me dérange pas que vous ne le laissiez pas vous danser sur la tête. N’oubliez pas que c’est un Reed.

Ce que je souhaitais, en fait, c’était que J.R. développe le même genre de lien que Daniele avait forgé avec Erik, son majordome.

Il me posa alors une question. Est-ce qu’il devait déménager ? Car il habitait à San Fernando Valley et il serait mieux à Malibu si je lui demandais du 24h/24…

Je frottai mon menton.

-Dans un premier temps, non… Je ne pensais pas à un emploi 24h/24… La villa est suffisamment sécurisée et, avec Maritza en prison et Livia bien loin à New York, le danger ne saurait plus venir de l’intérieur.

Je réfléchi encore quelques secondes.

-Vous me seriez surtout utile lorsque nous devons sortir… Si vous pouvez être présent quand je vous appelle dans les ¾ d’heure, c’est bon pour moi. A vous de voir si vous voulez déménager, sachant cela. Et cela vous laissera un peu de temps à vous pour d’autres missions pour vous faire un peu d’argent en plus.

Je frottai mon menton.

-Mais, si c’est une véritable stabilité que vous cherchez, je pourrais vous employer 24h/24… Dans les deux cas, le salaire que vous recevriez serait le même. Je suis prêt à payer cher pour ma tranquillité d’esprit.

Jimmy Reed voyait mon job comme étant celui d’un ange-gardien. C’était une image assez poétique mais je voyais ce qu’il voulait dire par là. J’allais devoir trouver le bon équilibre si je venais à travailler pour lui.

Ma mission n’allait pas seulement se focaliser sur Reed… Il voulait aussi que je protège son fils. Le magnat de BSC dont le fils avait, récemment, été enlevé par sa propre mère, redoutait que l’enfant soit, à nouveau, enlevé. Je pouvais comprendre son inquiétude. Je n’avais pas d’enfant mais je pouvais facilement imaginé l’angoisse que ça doit représenté de se le faire enlever et ça même si le kidnappeur est la mère du petit…

Donc, j’allais aussi devoir veiller sur l’héritier du trône. Être une sorte de présence rassurante pour lui sans pour autant devenir sa nounou. Je reformulai ce que Reed attendait de moi à ce niveau et il confirma que ce qu’il voulait c’était que j’établisse un lien de confiance entre moi et le petit. Voir même devenir son ami… Il ajouta que je pourrais aussi faire en sorte que le gamin ne me marche pas sur la tête. J’esquissai un sourire.

-D’accord. De toute façon, je ne comptais pas me laisser marcher dessus par un enfant de deux ans… Même si j’imagine que c’est plus compliqué que de repousser des gros baraqués de plus de 100 kilos.

Les enfants, d’après ce que j’en sais, peuvent se montrer très autoritaires quand ils le veulent. Et j’imagine que le fils de Reed, en tant que petit privilégié, sera du genre à penser qu’il est le roi de son univers.

-Je m’appliquerais à créé se lien si je viens à être engagé.

Je me permis alors de demander s’il fallait que je déménage pour être au plus près des Reed. Savoir si ce job demandait un investissement 24h sur 24 ou non. Reed affirma que, dans un premier temps, ça ne sera pas le cas. Il avait foi en la sécurité de sa villa et ne craignait plus une attaque de sa femme ou même de sa fille. Je ne savais pas bien ce qu’il s’était passé entre les membres de la famille Reed… Ce n’était pas mes affaires en soi… Et la justice avait déjà classé le cas Maritza donnant raison au père de l’enfant.

C’était surtout pour sortir que Reed avait besoin de moi et il me laissait ¾ d’heures pour me pointé ici. C’est faisable de là où j’habitais et ça m’arrangeait. J’aimais ma maison et, même si Jimmy allait bien me payer, je préférais utilisé l’argent à autre chose qu’à une maison sur Malibu où les loyers étaient chers. Même si Reed était prêt à m’engager 24h sur 24.

-Je pense que, dans un premier temps, ne venir que quand vous avez besoin de moi est le plus confortable. Après si jamais les trajets sont trop contraignant ou mettent en péril le bien de la mission, je pense qu’une embauche 24h sur 24 sera une bonne solution. Même si, au final, c’est vous le boss. Ce travail me plait alors je ne veux pas imposer trop de conditions.

Ainsi, dans un premier temps, je pourrais garder ma maison sur San Fernando Valley.

-Après tout, c’est votre tranquillité d’esprit qui passe en premier.

Restait à voir si Reed avait encore des questions. S’il voulait encore me tester ou non.

Je rigolai quand Zeke Sullivan affirma qu’il n’était pas question qu’il se laisse marcher dessus par un enfant de deux ans. Il avait bien raison. Je voulais que mon fils apprenne que tout ne nous tombait pas tout chaud dans la bouche.

Mais qu’il fallait parfois jouer d’intelligence pour que ça arrive.

-C’est parfait ! Vous me plaisez bien, Monsieur Sullivan.

Il promit également qu’il ferait en sorte de créer le lien que je voulais entre lui et J.R. Un lien de confiance, que J.R. se sente en sécurité à ses côtés.

Je pris la pile de dossiers des candidats au poste et le tapai une fois sur la table pour remettre toutes les feuilles au même niveau. J’avais bien l’impression que je venais de trouver l’homme de la situation. Mais je ne voulais pas lui montrer trop vite qu’il avait gagné le poste à au moins 90%.

-Bien… Nous devrions pouvoir nous entendre… Si vous êtes engagé.

Il me demanda alors s’il était nécessaire pour lui de déménager et, en gros, je lui laissai le choix, lui expliquant tout de même comment je voyais les choses dans un premier temps.

Il était d’accord pour essayer la version où il ferait les trajets quand j’aurais besoin de lui.

-Bien… Je vous fournirai un bipeur, comme ça je pourrai vous contacter où que vous soyez. Vous ne serez pas obliger de rester en standby chez vous en attendant mon appel.

Il faisait passer ma tranquillité d’esprit en premier et c’était exactement ce que je voulais.

Je lui souris, ouvris un tiroir de mon bureau et déposai un bipeur devant lui.

-Ce n’est pas tout à fait la preuve de votre engagement, mais presque…

Je marquai une pause, le regardant dans les yeux.

-Considérez-vous à partir de maintenant comme étant à l’essai. Un essai qui s’étalera sur un mois. Au bout de ce mois, je vous direz si vous êtes officiellement engagé ou non.

Je me levai et lui tendis la main par-dessus mon bureau.

-N’oubliez pas votre lettre de recommandation. Sinon, nous en avons fini pour aujourd’hui. Merci pour votre candidature.

J’allais bien avoir l’une ou l’autre sortie avec J.R. dans pas longtemps. Ce serait l’occasion de voir cet ancien du FBI à l’œuvre.

J’avais mis en avant le fait que je ne comptais pas me faire marcher dessus par l’héritier de l’empire BSC. Et ça convenait à Jimmy Reed qui affirma que je lui plaisais bien. Est-ce que ça voulait dire que j’étais proche de me faire engager ? Rien n’était moins sûr… Peut-être que Reed avait dit ça à d’autres candidats… Parfois, on pense qu’un entretien s’est bien passé jusqu’à-ce qu’on reçoive une lettre polie qui vous certifie qu’un autre candidat à été choisi à votre place…

Donc, je ne me réjouis pas trop vite continuant de défendre mes qualités de garde du corps en disant que je comptais noué un lien de complicité avec l’enfant… En espérant que celui-ci ne soit pas complètement imbuvable…

Il affirma qu’on devrait bien s’entendre si j’étais engagé. J’hochai de la tête pour le confirmer. A vrai dire, je ne le connaissais pas assez pour en être certain mais loin de moi l’idée de lui faire laisser penser que ça ne puisse pas être le cas.

Il m’avait, ensuite, laissé le choix sur le comment je souhaitais être engagé. Soit un engagement 24h sur 24 ou bien quelque chose de plus classique. J’optai, dans un premier temps, pour la deuxième solution. Je préférais commencer les choses ainsi. Il accepta déclarant qu’il me fournira un bipeur pour me contacter même quand je n’étais pas chez moi.

-Ça me convient parfaitement.

Ça sera bien plus pratique et me permettra d’avoir une certaine liberté. Je ne serais pas obligé de rester constamment chez moi pour ne pas rater un appel de Reed.

Je mis en avant que ce qui comptait, finalement, c’était la tranquillité d’esprit de Reed. C’est là qu’il sortit un bipeur d’un tiroir me surprenant en disant que, si ça ne représentait pas une preuve d’engagement, ça signifiait qu’il me mettait à l’essais. Je crois que ma surprise s’est vue sur mon visage. Je ne m’attendais pas à une réponse aussi rapide du magnat de BSC. Je pris en main le bipeur.

-D’accord. Je ferais en sorte d’être à la hauteur durant cette période d’essais.

Quand il se leva, je fis de même serrant sa main. Il me rappela que je lui devais encore une lettre de recommandation.

-Je vous la ferais parvenir au plus vite ! Merci, Monsieur Reed.

Il ne me restait plus qu’à faire mes preuves et à prouver à Reed que son flaire ne l’avait pas trompé et que j’étais bel et bien le bon garde du corps pour ce poste que je savais, d’avance, très lucratif qui m’ouvrira une porte vers un monde qui, je le savais depuis la fête chez Jessica Hill, me fascinait plus que je ne voulais bien l’avouer.