J’avais squatté chez Shran pendant trois jours… Les trois jours qui avaient séparé la mort d’Eleanor de ses funérailles. Don avait fait ce qu’il voulait faire : payer tous les frais pour l’événement et ouvert sa villa aux proches d’Eleanor en deuil.

Et ça avait été un très bel enterrement, si toutefois le terme pouvait s’appliquer à quelque chose d’aussi triste. J’avais pris mon frère dans mes bras et m’étais excusé pour mes mots, au téléphone, prononcés sous le coup du choc. Mais il ne m’en voulait pas. Il ne m’en avait jamais voulu. Il comprenait que j’aie pu réagir comme ça.

Et encore, il ne connaissait pas toute l’histoire !

Lucy et lui avaient aussi échangé quelques mots lors de l’office. Je pensais bien qu’elle lui était reconnaissante d’avoir rendu l’au revoir à Eleanor digne de la jeune femme qu’elle avait été.

Bref, beaucoup de tensions s’étaient apaisées ce jour-là… Et j’avais trouvé ça bien pour la mémoire de la jeune artiste.

Shane avait fait un discours très émouvant, notamment, juste avant d’aller se noyer dans l’alcool. J’avais discuté avec lui, j’avais un peu bu avec lui aussi. Je lui avais demandé s’il voulait continuer l’aventure Nelligan seul, auquel cas, je voulais bien rester son manager. Mais il avait décliné, disant que la musique, pour lui, c’était terminé… Il avait trouvé une âme sœur en Eleanor qu’il pensait ne plus jamais retrouver.

J’avais conclu en disant que s’il voulait un jour reprendre, ma porte lui serait toujours ouverte.

Avec cet enterrement, j’avais réussi à mettre Eleanor derrière, sans pour autant l’oublier. En bref, j’avais fait un deuil sain et m’étais senti assez fort pour retourner dans mon appartement que je trouvai parfaitement propre et rangé, avec un Hugh tout inquiet de savoir si j’allais bien. Je l’avais rassuré.

Puis la vie avait repris son cours, normalement.

Et j’avais un truc assez important sur le feu : Maxwell avait déposé sa plainte officielle et j’allais être convoqué pour une audition au poste de police. Il me fallait donc un avocat… Or, n’ayant jamais eu ce genre de problème avant, je ne connaissais qu’un seul avocat : Victor Hunter.

Bon… C’était vraiment pas de gaieté de cœur que j’allais lui demander l’aumône, hein… Il ne représentait pas vraiment mes valeurs… Mais il était tellement bon ! Shran, lui, avait jeté son dévolu sur Dan Anderson, un autre avocat plus en phase avec ses valeurs. Mais je ne savais pas ce qu’il valait…

Alors que je savais que Victor se battrait pour moi corps et âme, pas parce qu’il m’aimait bien ou me respectait, mais juste pour me prouver combien il était le meilleur.

Je sonnai donc à la porte de sa villa, qu’il partageait avec ma nièce, Carrie.

Ce fut elle qui m’ouvrit et je lui servi un beau sourire.

-Salut, Carrie ! Je suis content de te voir ! Mais c’est pour… pour Victor, que je viens, en fait.

Eleanor Harris était morte et enterrée désormais. Carrie avait hésité longtemps mais avait fini par ne pas allé à l’enterrement. Elle disait qu’elle ne se trouvait pas suffisamment légitime pour ça. Elle avait peur de paraitre comme une intruse parmi les gens proches de la petite brebis. Il faut dire que Carrie n’avait vu qu’une seul fois Eleanor lors d’un souper avorté par la jeune femme qui n’avait pas su encaisser quelques petites questions sur l’argent.

Donc, pas d’enterrement et, désormais, le chapitre « parasite pouvant me prendre l’héritage de Don » était refermé pour moi. Les morts ça ne récupère aucun héritage et c’est bien ça l’avantage de la chose. Mais il semblerait que le chapitre ne soit pas refermé pour tout le monde…

-Tu imagines… Une vie peut s’arrêtée comme ça… Sans raison… Juste à cause d’une petite maladresse…

C’est Carrie qui venait de lancer ça alors que ça faisait bien dix minutes qu’elle avait le regard dans le vide et plus sur son bouquin qu’elle était en train de lire dans le fauteuil du salon. Elle parlait de la mort d’Eleanor, bien sûr… De quoi d’autre ? Ça la travaillait cette histoire, décidément !

Je levai un sourcil levant mon regard du dossier que j’étais en train de lire et de relire. C’était celui de Thomas Fleming, l’un de mes clients qui avait décidé, encore une fois, de me donner du travail en refaisant le portrait d’un co-détenu… Mon but, sur cette affaire, était de faire en sorte que Fleming ne se prenne pas quelques années de plus de prison. Ça serait bête, hein, d’avoir deux ans de prisons supplémentaire sur sa peine à perpétuité. Très bête… Bref, c’était un dossier ennuyeux sans grand challenge et ça enjeu… Mais la conversation de Carrie n’était pas plus intéressante.

-Sans raison ? Tu as lu Amon ? Elle sortait avec Ward Fleming…

Je montrai du doigt le dossier que j’étais en train de lire dans le fauteuil non loin de celui de Carrie.

-Si elle voulait rester en vie, il fallait prendre un autre parti, hein !

Carrie fit la moue avant de pousser un profond soupire. Elle hocha de la tête avant de se replongé dans son livre.

Ne me demandez pas comment Eleanor Harris avait fini avec un type comme Ward Fleming… Quoi que… Elle semblait vraiment toute fragile et influençable. Une proie facile pour un psychopathe comme Fleming. Car ce type avait beau avoir été blanchi, j’avais quand même eu son rapport psychologique quand je défendais Sky lors de son divorce et c’était très loin d’être brillant.

J’allais me replonger dans mon dossier ennuyeux quand la sonnette retenti. Carrie se leva du fauteuil et, curieux, je la suivis. Elle se déplaça jusqu’à la porte d’entrée alors que moi, je restai dans l’encadrement de la porte entre la salle à manger et le hall d’entrée. Et qui était derrière la porte ? Brent Hughes, Mesdames et Messieurs !

Le visage de Carrie s’illumina.

-Bonjour, Brent ! Je suis contente de te voir aussi.

Elle lui fis la bise alors que Brent, lui, était là pour moi. Ah oui ? Je me demande bien pourquoi ! EN fait, non, j’avais bien ma petite idée sur le pourquoi Brent voulait me voir et ça m’arracha un sourire d’avance. J’avais lu, dans L.A.People, ses petites frasques avec Shran sur le plateau de Maxwell. Ce dernier avait laissé entendre que tout ça aurait des suites. Je suppose qu’il devait, entre temps, avoir donné suite d’où la présence de Brent ici pour venir me voir.

-Salut Brent ! Alors comme ça on a besoin de moi ? Entre voyons !

Carrie le fit entrer. Elle aussi avait lu L.A.People, donc, elle devait aussi se douter les raisons de pourquoi Brent voulait me voir moi.

-Tu as besoin de mes services d’avocat, c’est ça ? Si c’est le cas, suis-moi dans mon bureau.

On pouvait entendre dans ma voix que je jubilais à l’avance. J’avais eu besoin de Brent il y a peu et il en avait profité pour me faire m’excuser à Shran. Désormais, il semblerait que les rôles soient inversés et ça me faisait bien plaisir !

Je me déplaçais vers mon bureau embarquant, au passage, le dossier de Thomas Fleming qui trainait dans le fauteuil. Une fois dans mon bureau, je déposai le dossier dessus avant de m’asseoir.

-Installe-toi ! Maxwell a porté plainte, c’est ça ? Quelles sont les charges ?

J’avais un petit sourire aux lèvres.

 Le visage de Carrie s’illumina quand elle me vit, mais je ne pus lui répondre que par un maigre sourire un peu honteux. Elle me fit la bise et ce fut là que Victor, tout fringant, entra en scène. Probablement curieux, il se tenait en retrait derrière Carrie.

Amon Sørensen ne nous avait pas loupés, dans L.A.People alors je me doutais que Victor savait que j’avais au moins fait quelque chose dont je n’étais pas très fier. Et comme le journaliste n’avait pas manqué de dire que le réalisateur ne laisserait pas passer cet affront sans réagir…

Et bien, ce n’était pas bien difficile pour Victor de faire les calculs.

-Salut, Victor…

Ils me firent entrer et alors que je suivais Victor jusqu’à son bureau, je l’entendais déjà jubiler. C’était ce que Shran n’avait pas voulu entendre et maintenant, je comprenais pourquoi…

Il n’y a rien de plus désagréable qu’un Victor Hunter heureux à vos dépends.

-Tes services d’avocat… Oui… C’est ça…

Et plus j’avançais, moins j’étais fier. Peut-être que j’aurais dû prendre le même avocat que Shran… ça aurait peut-être été moins efficace, mais je n’aurais pas perdu la face devant mon neveu par alliance.

De plus, je l’avais fait s’excuser à Shran il n’y avait pas très longtemps de ça… Et il allait sûrement en profiter pour se venger.

Victor prit un dossier au passage, mais ce ne fut qu’une fois qu’il le posa alors qu’on entrait dans son bureau que je vis qu’il s’agissait du dossier de Thomas Fleming, qui était le père d’Edward Fleming, qui était le petit ami d’Eleanor et était présent lors de sa chute… Une information que je n’avais pas eue tout de suite. Sur le peu de temps où j’avais travaillé avec Eleanor, elle ne m’avait jamais parlé d’Edward Fleming.

Je savais qu’il avait été accusé de bien des choses puis blanchi… Mais… S’il y avait eu du vrai dans ces accusations ?

Est-ce qu’il l’avait balancée du haut de la falaise ?

Je secouai la tête alors que la question de Victor me vint comme de très loin.

-Hein ? Quoi ?... Ah… Oui… Oui, Maxwell a porté plainte.

Je frottai mes yeux d’une main en enfonçant profondément mes globes oculaires dans mes orbites.

-Je suis accusé d’intrusion et d’espionnage ou quelque chose comme ça… Peut-être aussi de sabotage si le magistrat estime que de ruiner une scène déjà nulle est un crime…

Je fis la moue en regardant Victor dans les yeux.

-Tu peux arrêter de sourire, s’il te plait ? C’est pas drôle…

Je voyais bien que Brento, d’habitude si souriant, était, aujourd’hui, tout penaud. Il faut dire que s’il voulait me voir moi, ça voulait dire que Maxwell avait fini par porter plainte pour ce que j’avais lu dans L.A.People. Parce qu’il ne viendrait pas me voir uniquement moi juste pour le plaisir, hein ! Je ne suis pas stupide.

Je l’entrainai vers mon bureau alors qu’il confirma qu’il venait voir l’avocat que j’étais. Je jubilais et ça devait sans doute se voir.  Loin de moi l’idée de le cacher, de toute façon ! Brento m’avait choisi en conscience de cause, non ? Qu’il assume, maintenant !

J’avais embarqué le dossier de Tom que j’avais déposé sur mon bureau avant de m’installer et de laisser Brent s’installer. Il ne semblait vraiment pas dans son assiette. Je savais qu’il venait, récemment, de perdre Eleanor qui faisait partie de ses protégés. Il devait sans doute accuser le choc mais loin de moi l’idée de le ménager pour autant, hein ! J’étais avocat, après tout, pas psy.

Fier que j’étais, je demandai à Brent quelles étaient les charges mais mon oncle par alliance était bien distrait. Il se reprit confirmant que Maxwell avait bel et bien porté plainte. Je ricanai un peu.

-C’était à prévoir, hein ! Tu crois sincèrement qu’il aurait raté une occasion de foutre Shran dans la merde ? Non. Ils sont rivaux depuis des lustres ! Leur bisbrouille ne date pas de Galactic Wars

Mais je n’apprenais rien à Brent. Il sait très bien qui sont les ennemis de son meilleur ami. Bien que ça fait beaucoup de gens à retenir d’après ce que j’en sais. Shran est loin d’être la figure la plus appréciée de la jet-set.

Pour moi, la manœuvre de Shran et Brent était stupide. C’était donner le bâton à Maxwell pour les battre. Je suis certain que Maxwell est très heureux que le duo ait fait une pareille connerie.

Brent se frotta les yeux alors que je souriais toujours. Il me parla des charges d’intrusion et d’espionnage. Il y avait aussi une charge de sabotage mais que Brent ne semblait pas d’accord avec ça disant que saboter une scène déjà ruinée n’était pas du sabotage. J’allais répliqué mais il me demanda d’arrêter de sourire. J’écartais la bras en signe d’impuissance :

-Comment veux-tu que je ne souris pas, Brent ? Avoue que la situation est assez drôle. Il y a un moment tu as voulu me faire payer un service en me faisant m’excuser à Shran pour une connerie. Ça t’a bien fait plaisir de pouvoir utiliser mon petit malheur pour satisfaire ton meilleur ami ! C’est normal que maintenant que c’est toi qui a besoin de moi, j’ai envie de rire !

Et je devais avouer vraiment apprécier cette situation. Brent dont le casier est clean venait de dépasser les bornes et il était dans ses petits souliers ! C’était tellement rare de voir des gens dont rien ne semble ébranler dans un tel état !

-Mais tu as de la chance, Brent. Tu as sonné à la bonne porte. Je suis le meilleur avocat de la ville et je vais me faire un plaisir de te le prouver !

Et je pouvais en conclure que Shran avait pris un autre avocat. Sinon, il serait ici, lui aussi. Mais ce n’était pas étonnant qu’il ait refusé de ramper à mes pieds pour que je le défende.

-Sache que, pour le sabotage, mettre en avant que la scène était déjà nulle, ça ne fonctionnera pas vu que l’art ne se discute pas, hein ! Mais le mieux c’est que tu me racontes ce qu'il s’est passé. Qui a eu l’idée d’aller sur le plateau de Galactic Wars ? Comment les choses se sont déroulées ? Tu es bien sûr qu’il n’y a que trois charges ? Sabotage, intrusion et espionnage ? L’espionnage ça sera facile à faire tomber.

Il me fallait toutes les informations.

Comme l’avait bien deviné Shran, Victor jubilait… Son seul sourire me semblait faire plus de bruit qu’un grand éclat de rire. Je n’étais pas fier… D’autant que j’étais encore un peu en train d’accuser le coup de la mort d’Eleanor. Mais il était trop tard pour reculer maintenant.

Et au final, si tout ça pouvait amuser quelqu’un… bah… Ainsi soit-il…

Victor déclara que le dépôt de plainte par Maxwell était à prévoir qu’il n’attendait qu’un seul faux pas de la part de Shran pour l’enfoncer…

Je fis la moue.

-Oui… Je sais… On a pas vraiment été intelligents sur ce coup-là…

Une fois dans le bureau, je m’étais affalé sur la chaise, frottant fort mes yeux. Et Victor qui souriait comme un enfant le jour de Noël…

Non, finalement, je ne trouvais pas ça si drôle que ça. Et son sourire me minait mon moral qui n’était déjà pas spécialement au beau fixe même si j’essayais de faire bonne figure.

Alors quand je demandai à Victor d’arrêter de sourire, il me renvoya à cette fois où, il n’y avait pas si longtemps, je l’avais fait s’excuser à Shran avant d’accepter de l’aider. Du coup, il trouvait que c’était bien fait pour me tronche.

Et c’était vrai qu’il avait un peu raison. Si j’avais été à sa place, j’aurais probablement été content aussi…

Mais bon…

-Oui bon ok… Prends ça comme un juste retour des choses si tu veux. Sauf que moi, je n’ai fait de mal à personne hormis Maxwell qui, de mon avis, exagère largement les choses.

Je soupirai.

-Tout ce que je veux, c’est que tu donnes le meilleur de toi-même pour me sortir de cette impasse… Parce que je sais que tu peux le faire. C’est pour ça que je suis venu te voir.

Je me détendis un peu quand il affirma que j’avais frappé à la bonne porte. C’était rassurant.

-Merci.

Je lui avais décrit les charges qui pesaient sur moi. Pas celles qui pesaient sur Shran qui étaient les mêmes, sauf qu’il avait coups et blessures volontaires en plus. Alors, Victor sembla se concentrer. Selon lui, le fait que la scène était nulle ne comptait pas. Il voulut que je lui raconte ce qu’il s’était passé…

Heureusement, même si j’avais été vraiment bourré ce soir-là, je n’avais pas de trou noir.

-Ben en fait… ça s’est fait sur un coup de tête. On avait beaucoup bu pour essayer de noyer la semaine un peu merdique qu’on avait eue, Shran et moi… Enfin bref. A un moment, Shran m’a proposé d’aller dire « bonjour » à Maxwell sur son plateau parce qu’ils tournaient de nuit.

Je pinçai les lèvres.

-Une fois sur place, on aurait pu juste regarder et passer inaperçus parce qu’on est entrés par une porte dérobée. Le truc c’est que… J’ai repérer le projecteur de l’écran du vaisseau, je ne sais pas si tu vois comment ça se présente. Enfin soit, on a décidé d’apparaître sur l’écran et de parler comme si on était nos personnage de Spaceship qui envoyaient un message au vaisseau de Maxwell…

Je passai ma langue sur mes lèvres.

-Eeeet…. On les a peut-être un peu traités de xénophobes…

Que Maxwell ait déposé plainte était à prévoir. Brent et Shran lui avaient donné le bâton pour se faire battre. C’est ce que je ne manquai pas de dire à mon cher oncle par alliance qui confirma que lui et son communiste de meilleur ami n’avaient pas été intelligent sur ce coup-là. Je ricanai.

-C’est un fait !

Je ne manquais pas de montrer à Brent que je jubilais de le voir ainsi venir me demander de l’aide. Lui était tout penaud et j’avoue ne jamais l’avoir vu dans un tel état. Pas de doute qu’il regrettait, au moins en partie, ce qu’il avait fait sur le plateau de tournage de Maxwell. Il s’en mordait les doigts, maintenant et, moi ça me faisait plutôt rire ! Un sourire qui ne lui plaisait pas au point où il me demanda d’arrêter. Je refusai de le faire mettant en avant qu’il n’y a pas si longtemps que ça, il avait profité de l’aide que je lui avais moi-même demandé et qu’il avait aimé ça ! Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas l’octroyé le même plaisir !

Il dû s’avouer vaincu, sur le coup ! Même s’il disait que, lui, n’avait fait de mal à personne sauf, peut-être, à Maxwell.

-D’après L.A.People des coups se sont quand même perdu, je me trompe ? Alors pour l’exagération, on verra quand j’aurais toutes les cartes en main, Brent.

D’après ce que j’avais lu c’était Shran qui était responsable des coups. C’est clair que je voyais mal Brent faire du mal à une mouche, hein ! Mais bon, j’aimais lui mettre un petit coup de pression vu qu’il semblait penser que, contrairement à moi, il n’avait fait de mal à personne.

Il disait que tout ce qu’il voulait c’était que je le sorte dans laquelle il s’était mis tout seul comme un grand. C’est pour ça qu’il m’avait choisi moi. Je lui confirmai qu’il avait frappé à la bonne porte et il me remercia. Oh que j’aimais le voir aux abois comme ça. C’était assez jouissif.

Je lui posai alors quelques questions pour savoir ce qu’il s’était réellement passé. Brent savait que c’était inutile de mentir à son avocat. Je le savais assez intelligent pour, du coup, me dire la vérité. De toute façon, je connaissais assez Brent pour savoir que mentir était très loin d’être son premier réflexe.

Il affirma que tout ça s’était fait sur un coup de tête mais que c’est Shran qui avait proposé d’aller « dire bonjour » à Maxwell. Un bon point pour Brent ! Ça m’arracha un petit sourire avant qu’il ne m’explique que, une fois sur place, c’est bien Brent qui a eut l’idée de saboter la scène. Enfin… L’idée n’était pas tellement de la saboter mais de faire un genre de blague qui, pour Maxwell, devait passer pour une blague de mauvais goûts. Le couple Shran/Brent était allé jusqu’à traiter tout ce beau monde de xénophobe.

L’histoire me fit pouffer de rire. Je pris le temps de me reprendre avant d’esquisser un petit sourire en coin.

-Xénophobe ? Toi et l’autre Shran, vous avez vite fait des xénophobe, hein ! Mais bon, je comprends que Maxwell voit votre intrusion communiste dans sa scène comme du sabotage. Mais tu as de la chance. C’est un sabotage très léger. Il n’y a pas de destruction de matériel… Juste une scène à refaire.

Du gâteau pour moi.

-Quant à l’espionnage, je pourrais facilement faire tomber la charge. Vous étiez bourrés, non ? Je ne vois pas trop comment vous auriez espionné efficacement dans de telles conditions… L’intrusion c’est autre chose mais…

Mais j’avais une meilleure solution. Une bien meilleure qui permettra à Brento de garder son casier bien plus vierge que la Vierge Marie.

-Je pourrais aussi demander à Maxwell de ne pas te poursuivre et d’accepter un accord financier. Tu payes, il retire sa plainte contre toi… Fin de l’histoire. Ton casier reste vierge et je ferais en sorte que la somme à payer soit largement inférieure à ce que tu risques en justice sans comptés les frais liés à tout ça. Maxwell m’aime bien, c’est l’avantage. Tout ce que tu auras à faire, sans doute, c’est de ne pas aller témoigner quand il poursuivra Shran. Parce que je doute qu’il accepte un tel accord avec Shran surtout s’il y a la charge de coups et blessures. Mais toi, il y a des chances qu’il accepte. C’est l’autre communiste que Maxwell a constamment dans son viseur. Alors ? Qu’est-ce que tu en dis.

Je lui proposai quand même d’éviter littéralement un procès et les frais qui en découlent. Ce n’était pas rien.

Oui, Shran et moi n’avions pas été très intelligent… C’était un fait, comme le disait si bien Victor… Je pinçai les lèvres et ajoutai quand même.

-Mais c’était quand même marrant, avant que Maxwell ne l’ouvre pour provoquer délibérément Shran.

D’ailleurs, L.A.People, sous l’impulsion du réalisateur de Galactic Wars, avait parlé des ocups qui s’étaient perdu. Du coup, Victor n’était pas encore près à croire que Maxwell avait tant exagéré que ça.

-Oui… Il y a eu un coup de poing de Shran sur Maxwell… Mais c’est tout, si on ne compte pas qu’Alicia Ford nous a frappés tous les deux avant.

J’y tenais, à ça. Bon, ok, Shran avait quand même pété la pommette de Maxwell. Mais je trouverais injuste que les baffes d’Alicia ne soient même pas mentionnées. Un coup restait un coup. J’aurais voulu voir les réactions des gens si la situation avait été inversée et que ça aurait été moi, par exemple, qui mette une baffe en pleine figure de l’actrice.

M’est avis que ça ne serait pas passé comme une lettre à la poste.

Victor me demanda de lui expliquer ce qu’il s’était passé et je me pliai docilement à l’exercice. Je racontai la vérité…

Et ça fit pouffer Victor de rire. Je retrouvai une forme de sourire et écartai les bras.

-Tu vois que c’est marrant ! Pas de quoi en faire un drame !

Victor trouvait qu’on faisait vite des xénophobes. Je le regardai d’un air torve. Je savais qu’il regardait Galactic Wars avec plus de plaisir que Spaceship qui devait lui faire faire des bonds dans son salon. Mais il fallait se rendre à l’évidence : pour Maxwell, tous les aliens de sa série étaient mauvais !

Mais bon, le principal était que le sabotage ne serait probablement pas retenu.

-Non, on a pas cassé de matériel… On a rien touché, en fait. On s’est juste mis devant une caméra qui a projeté notre image sur un écran, c’est tout.

Il pouvait aussi faire sauter l’espionnage parce que les espions n’espionnent pas avec un litre et demi de Martini dans l’estomac. Je haussai les sourcils, un peu surpris.

-J’avais jamais entendu dire qu’être bourré pouvait être une circonstance atténuante, mais tant mieux !

Restait donc l’intrusion puisque moi, je n’avais pas été poursuivi pour coups et blessures contrairement à Shran. Victor m’expliqua donc que je pouvais très facilement m’en sortir sans même mettre un pied au tribunal. Je payerais un dédommagement à Maxwell et ça s’arrêterait là…

Je frottai mon menton, pensif.

-Mais Shran, lui, il sera obligé d’aller au tribunal, non ?

Je le regardai droit dans les yeux.

-S’il y va, je veux y aller aussi. On l’a faite à deux, cette connerie…

Brent alla quand même jusqu’à dire que, si ce qu’il avait fait avec l’autre communiste, n’était pas très intelligent, c’était quand même marrant. Enfin, jusqu’à-ce que Maxwell provoque Shran… Je levai un sourcil.

-Qui a provoqué en premier ? Le Shran qui est entré sur un zone interdite aux Brent et Shran ou bien Maxwell qui était sur son territoire et n’emmerdait personne ? Il aurait fait quoi, le Shran, si les rôles avaient été inversés ?

Bonne question, n’est-ce pas ? Surtout que je me mis en avant qu’il y avait eu des coups qui s’étaient perdus. C’était ce que L.A.People avait rapporté. Brent confirma pour le coup mais mis en avant qu’Alicia Ford les avait aussi frappé tous les deux. Je levai un sourcil avant de plisser les yeux. Est-ce que j’étais incapable de penser qu’une femme pouvait frapper un homme et lui faire mal ? Non ! Je connais Kate Julian… Mais je n’étais pas du genre à utilisé ça pour me victimiser ça faisait homme faible, quand même, hein ! Mais on dirait que Brent s’en fiche de passer pour un homme faible.

-Tu veux porter plainte contre Alicia Ford pour coups et blessures ? Si c’est le cas, je risques bien d’engranger ma première défaite depuis un moment. Tu n’as pas une marque et Alicia est une femme… C’est une affaire difficile à défendre, ça, Brent… Même pour le meilleur avocat de la ville…

Je dis ça en affichant un petit sourire en coin.

-Quant à Maxwell, je ne sais pas s’il a des preuves de son coup… Il en a ? Il a chargé Shran pour coups et blessures ?

Parce que, si ce n’était pas le cas alors ça ne servait à rien de s’attarder là-dessus. Par contre, s’il y avait bien eu coups et blessures… Et bien ça sera l’affaire de Shran ! Je suis l’avocat de Brent, pas de Shran.

Bon ! Je devais avoir un peu plus de renseignements, hein, pour défendre mon client. Il se mit alors à me raconter l’histoire. Et quand il eut terminé, je ne pus m’empêcher de pouffer de rire. Un rire qui fit dire à Brent que, même moi, je trouvais ça marrant. Je me calmai un peu avant de lancer :

-Peut-être. N’empêche que Maxwell en a quand même fait un drame et que ça pourrait bien te valoir des lignes dans ton casier. Apparemment, lui, ça ne l’a pas fait rire.

Bon ! Pour ce qui était du sabotage, je pourrais peut-être arrivé à faire tomber la charge surtout que Brent confirma qu’il n’avait pas cassé de matériel.

-Parfait ! C’est déjà ça de bon pour toi.

Pour l’espionnage, j’avais de quoi largement faire tomber la charge parce qu’elle me semblait totalement sortie de nulle part. J’avais mis en avant l’état d’ébriété de Brent pour justifier que l’espionnage n’avait pas de sens et ce dernier de me dire qu’il ignorait qu’être bourré pouvait être une circonstance atténuant. Je fixai Brent.

-Ça n’en est pas une en règle général. C’est même une circonstance aggravante. Mais pour espionner, il faut un plan, être discret et chercher à ne pas se faire prendre. Il y a quelque chose de prémédité dans l’espionnage. Or, le fait que vous voyez bourrés et que vous ayez bien montré à tout le monde que vous étiez là montre que vous n’étiez pas là pour espionner. Ou alors, vous êtes les pires espions du monde entier !

L’intrusion, dans le cas de Brent, restait le point le plus noir, finalement… Alors, ce que je pouvais faire, c’était proposer à Maxwell de laisser tomber les charges et de faire un accord à l’amiable contre un dédommagement financier. Pour Brent, il acceptera. C’était la meilleure solution pour mon client. Mais quand il me demanda si Shran sera obligé d’aller au tribunal, j’haussai des épaules.

-Probablement. Je doute que Maxwell accepte un arrangement à l’amiable pour son pire ennemi. Il veut sans doute le voir se faire descendre au tribunal et dans la presse. Mais c’est toi que je défends, Brent… Pas Shran. Il n’est pas ici que je sache.

Oh que j’aurais bien voulu qu’il vienne me quémander de l’aide, tiens ! J’aurais encore plus jubilé que je ne l’avais fait pour Brent ! Mais Shran avait, visiblement, préféré aller voir ailleurs…

Mais comme son meilleur ami allait certainement devoir passer par la case tribunal, Brent voulait y aller aussi. Je le regardai d’un air torve. Putain d’amitié stupide !

-Si Shran saute d’un pont, tu sautes aussi, Brent ?

Je plissai des yeux. Il veut aller au tribunal ? Bien !

-Ça te coutera bien plus cher. Tu en as conscience ? Déjà parce que je suis cher et, aussi, à cause de tous les frais de justice et de la possible condamnation que tu auras. Mais si tu veux qu’on y aille, ainsi soit-il… Ça me fera plus d’argent. Mais il faudra que tu me laisses te défendre comme je pense que c’est le mieux, d’accord ? Je ne veux pas que tu te suicides pour permettre à Shran une peine moins lourde. Si je vois que tu me fais ce genre de coup ou que tu refuse mes tactiques, tu n’auras qu’à te trouver un autre avocat. Tu es venus pour que je te défende au mieux c’est ce que je vais faire. On est sur la même longueur d’onde ?

Car si je pouvais faire passer Brent pour le suiveur qui n’avait pas conscience que le studio de Maxwell n’est pas un moulin où l’on peut entrer et sortir comme un veut j’allais le faire ! Et s’il faut, pour ça, que je dise que Shran ne lui a pas notifié ce fait que, lui, était bien au courant, j’allais le faire aussi ! C’est Brent, mon client, pas Shran. Et j’allais me faire un plaisir de montrer à Shran et son avocat que c’est moi le meilleur.

-Si tu fais ce que je dis, il y a des chances que tu sois blanchis de tout. Ce ne sont pas des accusations bien lourdes de toute façon alors tu n’as pas à trop t’en faire.

Je me tortillai un peu sur ma chaise quand Victor me demanda qui avait provoqué le premier en me mettant le nez dans mon caca  parce que cette histoire de provocation pouvait remonter à notre intrusion, qui était une provocation en soi…

Il demanda ce que Shran aurait fait si les rôles avaient été inversés et je pinçai les lèvres.

-Heu… je préfère ne pas y penser…

Mais il avait raison, le petit blondinet… ça n’aurait pas été beau à voir.

Quant à charger Alicia pour coups et blessures à cause des baffes qu’elle nous avait mis, c’était apparemment un peu comme se battre contre des moulins à vent. Même pour Victor, c’était pratiquement impossible à défendre.

Je fis la moue.

-Bah c’est pas très juste, tout ça… Si moi, j’avais frappé Alicia, même une claque qui ne lui aurait laissé aucune marque, j’aurais été descendu en justice… Tu parles d’égalité !

Je soupirai ensuite.

-Oui, Maxwell a chargé Shran de coups et blessures et si je me rappelle bien, il y avait plusieurs caméras autour de nous puisqu’ils étaient en train de tourner. Donc il a sûrement des preuves vidéo… En plus du protocole médical qu’il a donné à la police pour sa pommette cassée.

J’avais raconté toute l’histoire à Victor ensuite, sans mentir. Et à la fin, je ne pus quand même pas m’empêcher de faire remarquer que tout ça était quand même marrant ! Si tout le monde l’avait pris à la rigolade, ça aurait été cool, même, à raconter. Et puis personne n’aurait frappé personne.

Mais comme le disait Victor, ça n’avait pas fait rire Maxwell.

Je frottai mon visage à deux mains.

-C’est le moins qu’on puisse dire…

Par contre, ni Shran ni moi ne nous en étions pris au matériel de Maxwell. Victor disait que c’était un bon point pour moi.

-On est un peu cons parfois, mais on est pas méchants à ce point-là.

Pour mon avocat, le fait d’avoir été en état d’ébriété était ce qui allait nous faire sauter l’accusation d’espionnage et il m’expliqua pourquoi… En effet, on aurait été de bien piètres espions.

-Bon, ben c’est déjà ça.

Victor voulait qu’on essaye d’arranger ça à l’amiable vu que les accusations qui pesaient contre moi restaient minimes. Mais je ne voulais pas faire ça si Shran allait au tribunal, ce dont Victor était sûr. Alors, je ne voulais pas échapper à des responsabilités que je partageais avec lui.

Victor me posa alors une question : Si Shran sautait d’un pont, est-ce que je sautais aussi ?

Je haussai les épaules.

-J’espère que je n’aurai jamais à me poser cette question.

Comme je voulais donc aller jusqu’au bout sans choisir la facilité, Victor me prévins que tout ça allait me coûter cher…

-L’argent n’est pas vraiment un problème… mais je te vois venir… Tu vas charger Shran pour me sauver moi ? Parce que si le truc le plus grave que j’ai, c’est une ligne dans mon casier pour intrusion, je la veux bien, cette ligne…

J’eus un vague sourire, mais je n’étais pas si fier que ça quand même.

-C’est ça, l’amitié, Victor… Cette connerie, on l’a fait à deux. Alors on affrontera les conséquences à deux.

Je le regardai dans les yeux.

-Mais tu es un excellent avocat. J’ai confiance en toi. Je sais que tu pourras me tirer de là… Si quelqu’un peut me blanchir de tout, c’est toi… Shran ne voulait pas venir vers toi par fierté, mais moi, je sais que c’est la meilleur façon de m’en sortir alors…

Ouais ! C’est bien ce qu’il me semblait, Brent ! Si les rôles avaient été inversés, Shran se serait, aussi, fait un plaisir de charger Maxwell et il n’aurait pas pris ça pour une blague ! C’est un fait ! Le connaissant, il aurait peut-être même fait pire !

Tel l’homme faible qu’il était, Brent s’était plaint des coups donné par Alicia Ford. Des gifles si j’avais bien compris la chose. Pour moi, contre-attaquer en chargeant Ford avec ça était perdu d’avance. Alicia est une femme… Aucun juge ne va prendre tout ça au sérieux. Ça révoltait Brent qui disait que s’il avait, lui, frappé Alicia, il aurait été descendu en justice. Quand il me sortit le discours sur l’égalité, je levai un sourcil.

-Voyons, Brent ! Les femmes ont depuis longtemps su jouer du fait qu’on les places dans une position de faiblesse… L’égalité, crois-moi, ne les arrangeraient aucunement. Pour ça que les choses sont très bien ainsi pour tout le monde.

La stricte égalité ne les arrangeraient pas… Elles en voudraient plus. Les choses sont, du coup, très bien ainsi. Mais Brent n’a qu’à aller dire ça à Shran qui, lui, voit les choses autrement dans sa vision utopique et communiste du future.

-Puis tu fais 1m80 et tu es largement plus musclée que Ford, hein ! Ça va faire con au tribunal si tu pleurniche pour quelques baffes !

Alicia était très grande. Elle faisait aussi 1m80 mais c’était une brindille, hein !

Maxwell, de son côté, avait bien chargé Shran de coups et blessures. Il avait même des preuves caméras sans compté que, visiblement, Shran lui avait cassé la pommettes.

-Je plains l’avocat de ton pote, hein ! Théoriquement, en justice, rien ne justifie vraiment un acte de violence. On peut mettre en avant des circonstances atténuantes, certes, mais il va taxer, le Shran. Je le sais, je viens de sortir d’un procès pour coups et blessures.

Le mien, s’il faut le préciser…

Bon ! Brento m’avait fait une résumé de ce qu’il s’était passé et si ça m’avait fait me marrer un coup, Maxwell, lui, ça ne l’avait aucunement fait rire. Ça semblait désespérer Brent, d’ailleurs. Un Brent qui n’avait rien cassé ce qui était une bonne chose. Il déclara que lui et Shran étaient parfois un peu con mais qu’ils n’étaient pas méchant à ce point-là. Je ricanai.

-Seulement « un peu »... ?

Très con, parfois, je dirais !

Je déclarai pouvoir faire facilement sauter l’accusation d’espionnage ce qui rassura Brent. Il faut dire que ça aurait été les pires espions de la planète s’ils avaient réellement été là pour ça. M’est d’avis que cette accusation était là simplement pour donner plus de relief à la plainte de Maxwell. Preuve que le but du réalisateur était surtout de faire bien chier le duo Shrent. Ouais ! C’est comme ça que je les appelle ! Ça sonne bien, non ?

Je proposai alors à Brent de passer par un accord à l’amiable mais il refusa pour excès de loyauté. C’était à en pleurer au point où je demandai s’il sauterait d’un pont si Stephen Shran le faisait… Et vous savez quoi ?! Bah, il ne contesta pas se disant plutôt qu’il espérait ne pas à avoir se poser la question. C’est absolument désespérément et je pris un air extrêmement sceptique.

-Je prends cette réflexion pour un foutu « oui », Brent !

Et c’est sans doute ça qui me mit lui mettre les points sur les « i ». S’il me voulait comme avocat il avait intérêt à se laisser défendre et à suivre tout ce que j’allais lui dire de faire. Je ne voulais pas qu’il sabote mon travail pour permettre à Shran de mieux s’en sortir ! Et, me voyant venir, Brento rétorqua qu’il ne voulait pas que je charge Shran pour le sortir de la merde, lui.

-Je ne vais pas charger exprès Shran pour te sauver toi ! Mais je ne vais pas m’évertuer à le sauver lui si je peux t’avoir la peine la plus réduite. Ainsi si je te vois essayer de le défendre à la barre et de t’oublier toi ou te foutre dedans pour qu’il puisse avoir une peine plus réduite, je te jure que je t’empêcherais de témoigner plus avant. Si tu voulais que je sauve Shran aussi, tu n’avais qu’à convaincre le petit communiste de me prendre comme avocat ! Il a son avocat. Il fera son boulot d’avocat et je ferais le mien. Pour sûr, si c’est un bon avocat, il aura exactement la même tactique que moi. Laisse les pro faire leur boulot, Brent !

Il me demande de l’aide, je ferais mon boulot à ma façon ! Point barre !

Brent me fit alors une petite leçon sur l’amitié en disant qu’ils avaient fait une connerie à deux et que, de ce fait, ils affronteront les conséquences à deux. Je levai un sourcil.

-Mouais… Mais vous n’avez, visiblement, pas la même vision de comment procéder pour vous en sortir.

Vu qu’ils n’avaient pas le même avocat.

Brent me caressa alors dans le sens du poil ventant mes mérites en tant qu’avocat. Il disait que si Shran n’avait pas voulu de moi c’était pas fierté ce qui m’arracha un ricanement.

-Des deux tu as toujours été le plus censé ! C’est le moins qu’on puisse dire. Ses idées arrêtées, à Shran, ça le tuera.

J’esquissai un petit sourire.

-Mais, oui ! Tu as fait le bon choix ! Je suis excellent ! Tu n’as pas à t’en faire ! Ça sera vite régler et tu pourras en rire d’ici quelques semaines. Maxwell va m’en vouloir mais c’est le jeu !

Et c’est lui qui avait voulu jouer !

Je tendis alors ma main vers Brent, un grand sourire aux lèvres, pour sceller notre accord.

Selon Victor, essayer de me défendre, ou plutôt de défendre Shran, en disant qu’Alicia nous avait frappés en premier, n’était pas une bonne tactique. D’abord, parce que nous ne vivions pas encore dans le monde égalitaire de Spaceship et ensuite, parce que je faisais 1m80 et que j’aurais l’air ridicule de me plaindre.

Je fronçai les sourcils.

-Mais un coup est un coup, non ?

Apparemment non.

Victor plaignait l’avocat de Shran à cause de l’accusation de coups et blessures. Oui, c’était la charge la plus lourde et celle qui faisait le plus tache sur un casier. Je passai une main sur mon visage.

-Faut dire que ça lui pendait au nez depuis un moment, à s’énerver toujours comme ça…

Là, j’étais un peu réaliste, pour le coup… Et je n’osai même pas rappeler à Victor que Shran avait récemment tiré sur Amon Sørensen. Bon, il l’avait raté exprès, mais un accident aurait pu vite arriver, avec une arme dans l’histoire.

Selon Victor, Shran allait taxer, pour ça.

-Peut-être… ou peut-être pas si son avocat est bon…

Je l’espérais sincèrement. Et ça taclait légèrement Victor puisque par-là, j’insinuais que l’avocat de mon ami était peut-être meilleur que Victor. De quoi, je l’espérais, lui faire donner le meilleur de lui-même.

Racontant notre histoire, j’avouai qu’on était un peu cons, mais pas méchant. On avait rien cassé et la scène qu’on avait sabotée pouvait facilement être retournée… Je fis la moue quand Victor demanda si on était « seulement un peu » cons…

-Bon, ok, on peut être très con. Mais je le répète : jamais méchants.

Quant à savoir si je me jetterais d’un pont à la suite de Shran… Heu… Ben je n’en savais rien mais Victor prenait ça pour un « oui » et je ne pus me retenir de lui servir un de mes sourires à la Ram.

Victor me prévint alors que je n’avais pas intérêt, si je voulais qu’il reste mon avocat, à jouer les kamikazes pour sauver Shran. Je le laissai faire son laïus jusqu’à la fin avant de lever les mains en signe d’apaisement.

-Ne t’en fais pas, je ne ferai pas ça pour la simple et bonne raison que Shran m’en voudrait parce que si je le fais, il m’en devra une et ça va l’empêcher de dormir jusqu’à ce qu’il ait payé sa dette.

Je ne manquai quand même pas de dire à Victor que l’amitié était quelque chose d’important et que de nous retrouver au tribunal face aux accusations de Maxwell renforçait encore ce sentiment comme quoi à deux, on était plus fort. Mais Victor souligna que puisqu’on avait pas choisi le même avocat, on avait pas la même vision de la façon de s’en sortir au mieux.

-C’est vrai. On est pas toujours d’accord. Mais prendre deux avocats différents augmente nos chances de nous en sortir aussi, je pense.

Je caressai un peu Victor dans le sens du poil, même si ce que je disais, je le pensais. Il pouvait être un véritable connard, mais dans son boulot, il était un des meilleurs.

Et ça le gonfla d’orgueil comme cette grenouille dans le poème où elle gonfle tellement qu’elle finit par exploser.

Et ce fut avec cette image en tête que je me levai pour serrer la main de Victor.