Je suis né dans la misère. Mon père était un alcoolique, mort d’une cirrhose du foie alors que ma mère était enceinte. Suite à ce décès ma mère ne réussit pas à garder la maison avec son salaire de misère et un enfant à charge. Alors elle est devenue SDF et me faisait mendier alors que j’avais à peine 4 ans.
Non mais, vous croyez vraiment à mon histoire, là ?! Vous pouvez ranger les mouchoirs, ils ne vous serviront plus à rien… En réalité, je suis né dans une des familles les plus riches et les plus respectées de Chicago. Mon père était sénateur républicain au Sénat de l’état de l’Illinois. Il avait de l’ambition et rêvait de devenir président du Sénat. Il m’adorait, tout comme mes grands-parents qui me vouaient un culte. C’est donc dans les hautes sphères que j’ai grandis. Dès mon plus jeune âge j’étais balancé d’une réception à l’autre accroché à la main de ma maman qui, il fallait le dire, était là pour faire bonne figure et montrer qu’on était une famille unie. La famille est une valeur importante pour tous les américains et donc une famille unie représentait un atout électoral. Elle est très gentille ma mère, toujours à faire ce que mon père lui disait de faire. Son principal boulot lors des réceptions était de devoir sourire, complimenter et se taire. Mon père, lui, était un hypocrite prêt à tout et un véritable tyran. Il aimait ma mère, c’est vrai, mais il aimait aussi ses maitresses. Ses relations extra-conjugales étaient un secret de polichinelle chez nous mais personne n’osait en parler. Ah, ce puritanisme, que voulez-vous…
De mon côté, je n’avais pas à me plaindre. J’avais une éducation digne de ce nom et était plutôt bon élève. Mais là où j’apprenais le mieux c’était sur le terrain, à toutes ses réceptions où se ressemblaient les politiques, les dignitaires et j’en passe. J’y ai appris la complaisance, le mensonge, l’hypocrisie. En gros, toutes les qualités requises pour devenir un homme de pouvoir. Plus je grandissais plus j’apprenais et plus j’apprenais plus je me disais que jamais je ne deviendrais politiciens. Pas que je trouvais ça horrible ou immoral, non… Je n’en avais juste pas envie… Hormis cet apprentissage, c’est aussi l’endroit où je pouvais rencontrer des gens… Des filles, des garçons que j’aimais séduire pour une petite aventure de quelques heures à l’abri des regards, avec coke et musique rock. C’était le côté le plus amusant, transformer ces fêtes de faux-cul en escapades sex, drogue et rock n’roll dans une des chambres vides des lieux de réceptions… Evidemment, tout ça était fait dans le dos de mon père qui n’aurait pas accepté ce qu’il considérait comme un vice. Lui, il me destinait au mariage avec la fille de son meilleure ami, lui aussi sénateur. Une grande brune maigrichonne. Trop peu pour moi.
A l’âge de 21 ans et quelques semaines avant mon mariage, je décidai de dire à mon père que je déménageais en Californie. Pourquoi en Californie ? Parce qu’il faisait beau et qu’il y avait des démocrates. Trop de démocrates pour que mon père ait la force de venir me chercher jusque –là. Il n’a pas aimé ma décision… Mais il m’aimait trop pour être en conflit avec moi et il espérait qu’après ce petit voyage je revienne devenir le politicien qu’il désirait que je devienne. Je le lui laissais croire. L’espoir fait vivre après tout. Et puis j’étais son seul héritier le pauvre il fallait qu’il espère. Le seul qui pouvait lui faire oublier sa sœur partie pour le pays des hippies. Il m’en parlait souvent de sa sœur et pourtant je ne l’avais jamais rencontré….
C’est donc en Californie que j’ai débarqué. Un jeune comme moi remplis de qualité et très bon en écriture, Guitar&Pen n’a pas résisté. A moins que ce soit mon nom qui ait joué dans leur décision de m’engager. Rapidement, je suis devenue une vraie terreur pour les artistes. J’étais le genre à leur faire croire que j’aimais ce qu’ils faisaient en interview puis je leur sortais un critique acerbe dans le magazine de la semaine suivante. Mes collègues de Guitar&Pen me détestaient mais leur haine ne suffisait pas à me faire virer par la rédaction. Au contraire, mes articles ramenaient des lecteurs car ça donnait du caractère au magazine. Un peu de haine amène toujours des gens. Demandez aux journalistes de L.A.People… Pour ce qui est de ma vie de débauche, elle est mon petit secret !
Rock On