Depuis combien de temps Erik voulait nous voir ensemble ? Je ne saurais le dire. J’avais regretté l’espace d’un instant que mon majordome n’ait pas été plus explicite – ça aurait été plus simple, non ? Maria avait sa petite théorie.

-Peut-être, dis-je en soupirant.

Peut-être que si Erik avait forcé la chose plus tôt ça n’aurait pas marche – qui sait ? On ne le saura de toute façon jamais. On vivait maintenant dans cette situation bizarre où Maria était en couple avec Howard et où j’étais l’amant de Maria. On m’aurait dit ça il y a un an je ne l’aurais pas cru. D’après Maria c’était ça la vie – on s’est rendu compte de nos sentiments à ce moment-ci pour une raison pour l’instant inconnue. J’avais passé ma vie à penser que tout arrivait dans mon sens parce que j’influençais les choses à ma manière – et parce que j’étais Daniele Ricci -, j’avais du mal à croire à un destin qui décide qu’une chose arrive à un moment précis pour quelque chose.

-Je ne sais pas… C’est peut-être ça mais c’est peut-être autre chose aussi. En tout cas, on est bien dans cette situation là et on va devoir faire avec, dis-je en soupirant à nouveau.

On avait mangé les pâtes – Maria les avait même dévorée ! – et je nous avais débarrassés du plateau pour ne garder que nos verres de vin rempli. Maria avait retrouvé des couleurs – elle était plus jolie avec les joues plus roses. Elle avait aimé le plat d’Erik mais je continuais à penser qu’elle devait manger comme il faut et économiser sur autre chose que sur la nourriture. Pour Maria, il n’y avait pas d’autres solutions – et c’était dommage.

-Manger ne devrait être un luxe pour personne, dis-je en soupirant. Surtout pas pour toi.

C’était les dettes d’Howard, c’est lui qui devrait se crever de faim et nourrir sa petite amie !

Maria restait très optimiste et croyait en l’album de son petit-ami. Ça m’avait rappelé l’article de Guitar&Pen que j’avais lu hier qui semait le doute sur The Burning Fire – de l’Axel Moriarty en plein, quoi. Autrefois, je crois que j’aurais ri de voir The Burning Fire dans le doute et couler petit à petit – c’était le groupe de Timmy, mon rival – mais maintenant tout était plus compliqué.

-Je suis sûr que l’album marchera…, dis-je pour rassurer Maria. The Burning Fire est une valeur sûre même dans sa version actuelle quoi qu’en pense Moriarty…

Je ne savais pas si Maria avait vu cet article – et en parlé n’était peut-être pas une bonne idée mais c’était trop tard.

-J’espère que ton merdeux y met du sien pour le finir vite, rajoutais-je en soupirant ne croyant pas une seule seconde à la volonté d’Howard.

Je voulais qu’il le finisse vite parce que Maria avait dit que tout changera quand Howard n’aurait plus de dettes. Je m’étais mis sur le flanc pour pouvoir caresser le ventre de Maria de mes doigts – m’étant débarrassé de mon verre vide.

Peut-être que je devrais en parler à Jimmy – ou pas…

@ Billy Lighter

On n’avait pas le choix – Maria avait raison. On devait se faire à cette situation. Vivre notre relation à l’abri des regards – vivre caché… J’avais déjà fait ça avait Barbara et l’histoire se répétait aujourd’hui.

Autre point noir, les privations de Maria était extrême – beaucoup trop extrême. Je savais qu’elle faisait ça pour pouvoir avoir le moins de dépenses possible mais la voir si faible faisait mal. Surtout que Maria avait la vague impression que les dettes d’Howard ne se limitaient pas à Reed – elle pensait qu’il pouvait très bien lui en cacher d’autre. Je ne pouvais pas confirmer ça – ni l’infirmer connaissant le petit merdeux. En tout cas, Maria n’était pas déterminer à arrêter de se priver.

-Probablement… C’est d’Howard qu’on parle. Il y a de forte chance qu’il doive de l’argent à d’autres personnes, dis-je en soupirant.

Ce n’était pas rassurant mais c’était honnête. Ce qui signifiait que Maria et son merdeux n’étaient pas sorti de l’auberge – et par extension, moi non plus… L’espoir de Maria – et le mien, du coup… - résidait dans l’album de The Burning Fire. C’était la première fois que je voulais qu’un album du groupe de Timmy Evans marche – pour Maria uniquement. Maria appréciait le geste et n’était pas passé à côté de l’article déplaisant de Moriarty – comme tous ces articles…

-Il y a vraiment que les abrutis qui pourraient croire que tu fréquentes Jimmy, dis-je en rigolant.

Il n’y a aussi que les abrutis qui croient à ce qui est mis dans L.A.People – et il y en avait.

J’avais entrepris de caresser délicatement le ventre de Maria – tout en discutant. J’avais envie qu’Howard se bouge le cul de combler ses dettes pour qu’il ne soit plus que de l’histoire ancienne – putain, qu’est-ce que j’avais envie qu’il ne soit rien. Sauf qu’il était quelque chose et – comble de tout – il aimait Maria. Elle en était quasi certaine. J’avais arrêté mes caresses et j’avais soupiré. Je m’étais remis sur le dos – mains derrière la tête – à regarder le plafond.

-Il t’aime…, répétais-je en soupirant. Et toi ? Tu l’aime ?

C’était la bonne question – un peu débile aussi, si elle était avec lui c’est qu’elle devait l’aimer.

-Autant que lui, je veux dire, rajoutais-je en tournant la tête vers elle.

La bonne question était plutôt : autant que tu ne m’aimes moi – mais je n’avais même pas osé la poser.

@ Billy Lighter

Les dettes du petit merdeux ne s’étendaient sûrement pas à celles qu’il devait à Jimmy – connaissant Howard, c’était sûr. Maria en était consciente et pensait que tant qu’elle ne trouverait pas les autres dettes du merdeux, ils ne s’en sortiraient jamais – ce qui n’était pas faux…

-Je suppose qu’elles ressortiront elles aussi tôt au tard, dis-je en soupirant.

Il fallait se rendre à l’évidence, le petit merdeux ne pourrait pas tout cacher éternellement. Est-ce que je devais dire à Maria pour la drogue ? Ce n’était sûrement pas une bonne idée de le faire maintenant.

On avait dérivé sur les articles – et plus précisément celui qui concernait Maria et Jimmy, deux personnes que j’appréciais. Maria disait que la presse people voulait la montrer comme quelqu’un de vénal. La presse voulait toujours montrer ce qu’ils voulaient – et comme il le voulait. Ce n’était pas nouveau.

-Oui, c’est drôle… Ils font ce qu’ils veulent de nous et ne notre image. Le mieux c’est de ne pas y faire attention, dis-je en souriant. Même quand tout est vrai…

C’était toujours pire quand c’était vrai – je l’avais appris à mes dépends. Maria – elle – avait eu un avant-goût de ce qui l’attendait si elle devait une manager connue – ce qui était déjà en partie le cas à cause de moi. Cet article avec Jimmy n’était que le début. Elle m’avait rappelé les anciennes rumeurs qui nous concernaient – elle et moi.

-Eux aussi ils avaient vu ! Sauf qu’ils nous l’ont dit mais qu’on n’a toujours dit que c’était des conneries, dis-je en rigolant.

Erik, la presse, tant de gens qui nous voyaient ensemble. Si la presse voyait ce qui c’était passé aujourd’hui, ils seraient heureux.

-On ferait presque dire la vérité à L.A.People, dis-je en souriant.

Je voulais leur faire dire la vérité – et qu’il le sache – mais ce n’était pas encore possible parce qu’il y avait Howard. Le petit merdeux aimait Maria – elle en était certaine. Je m’étais détaché d’elle pour regarder le plafond. Lui et moi on aimait la même fille – on était donc des rivaux. La question était de savoir si Maria aimait Howard autant que, lui, l’aimait. Elle ne savait pas. Je l’avais regardé. Elle ne savait pas lui dire qu’elle l’aimait – et elle culpabilisait pour ça.

Elle s’était levée pour se rhabiller.

-Maria…, soupirais-je.

Ma question avait dû raviver des choses qu’il ne fallait pas.

-Tu es sûrement la femme qui lui faut…, dis-je en la regardant remettre ses vêtements.

Sauf qu’elle était aussi celle qu'il me fallait.

-Ne pars pas comme ça… Je n’aurais pas dû poser cette question, dis-je sincèrement désolé et en me mettant assis sur le lit.

Bravo, Ricci… Bien joué…

@ Billy Lighter

L.A.People avait longtemps dit que je couchais avec secrétaire. S’ils savaient où on était et ce qu’on avait fait aujourd’hui, ils s’en frotteraient les mains – et pas un peu ! Ça me faisait penser qu’il ne fallait absolument pas qu’ils le sachent – ça risquait de poser problème à Maria. Elle avait confirmé qu’il ne fallait rien leur dire, ce n’était pas bon pour leur ego – ce n’était surtout pas bon pour elle et Howard, et pour sa réputation en général. Je ne pouvais simplement pas exposer Maria de cette façon.

-Ils ne sauront rien. Rien ne sort de cette villa… Sauf quand il y a des fêtes, dis-je en riant un peu.

Il n’y avait que moi, Erik et Maria – que des gens de confiance – ici, aujourd’hui. Rien ne se saura.

J’avais posé la question de trop – et je m’en étais rendu compte trop tard. Je n’aurais jamais du reparler du merdeux et des sentiments qu’elle avait pour lui – c’était un sujet sensible. Elle ne savait pas si elle l’aimait autant que lui pouvait l’aimer et elle s’en sentait coupable. Putain, Ricci, t’es vraiment con parfois… Elle avait commencé à se rhabiller. Je m’étais excusé à moitié – je ne voulais pas qu’elle parte, pas comme ça.

Elle m’avait regardé – avec une tristesse dans le regard – et avait approuvé mes paroles. Elle était prête à se sacrifier pour le bonheur du merdeux.

-Maria… Tu n’es pas stupide…, dis-je en soupirant.

Puis, elle est partie – sans rien ajouter. Je me suis passé la main sur la figure en soupirant.

-Fait chier !, m’exclamais-je, m’en voulant à moi-même.

Putain, parfois on pouvait faire des dégâts avec rien. Une question et ça avait fini comme ça. Je n’aurais rien dit, elle serait peut-être encore ici dans mes bras. Je m’étais laissé tomber en arrière pour me recouché sur le lit. Maria s’en voulait – et je m’en voulais de l’avoir fait culpabilisé… Il n’y avait que le merdeux ne s’en voulait pas – parfois, l’ignorance fait bien les choses…

Là-dessus, j’avais tendu le bras vers la bouteille de vin. Seul – à nouveau – je n’avais plus que ça.

@ Billy Lighter