22 putains de chandelles. Ils avaient osé mettre les 22 putains de chandelles sur mon gâteau d’anniversaire ! Un bustier rose à la crème vanillé dont le bustier était en fait une ganache red velvet. Et voilà qu’en plus, ils avaient poussé l’audace à mettre deux feux de Bengale là ou mes mamelons ressortaient du bustier plus vrai que nature.

- Joyeux anniversaire Sonne !
- 22 ans mais déjà, la plus célèbre pin up que j’ai vu danser dans ce club !
Oh, que d’honneur pensais-je. Un an à peine après ma majorité et on me glorifiait déjà du titre honorifique de la plus talentueuse dans l’art de faire tourner mes nippies dans les champagne room du Golden Nipple Club. La claaaaaaaasse ! Viny coupait mon superbe gâteau et en distribuait des parts au travers du staff trop gourmand. La majorité devait en être déjà à l’heure rush de sucre, je parle plutôt de celui qu’on trouve dans des petits sachets. Discrets. Cher.

Mais j’y pense, me suis-je présenté ? Surement pas. Pardonnez mon manque de savoir vivre. Je ne suis qu’une effeuilleuse sans cervelle qui a sifflé plus de biberon de Brandy dans sa vie qu’elle a têté le sein de sa propre mère. Alors, me voici. Sonne. Pas comme dans « Hey, ça sonne à la porte! », mais comme dans soleil en Allemand. Mes parents avaient un certain sens de la poésie. Ma mère avait été une grande actrice sur les planches à Broadway, mais, je ne me souviens pas de son nom. Elle est probablement le fruit d’un fantasme entretenu par mon père. Si ça se trouve c’était une pute. Quant à mon père, toujours sur la route avec sa guitare et son pseudo band. Ils avaient eu leur heure de gloire à une certaine époque. Mais une vie de sexe, drogue et rock n’roll laisse des traces, forcément. Je me souviens qu’à cinq ans, je ramassais les vomissures aux coins de ses lèvres alors que les autres gamines de mon âge jouaient à la poupée.
À quinze ans, j’en ai eu marre. Paumée et déjà accro à la cocaïne, j’ai pliée bagage et je suis partie de ce bled pourrit qu’est l’Illinois. Je me suis retrouvé, je ne sais trop comment, en plein cœur de L.A. a mendié pour ma pitance. Jusqu’à cette fameuse nuit ou… j’ai rencontré cet homme. Intimidant, star (déchue?) du rock… Sale et manipulateur. Je me suis vite retrouvé dans un monde cousu de fils de guitare, où l’alcool coulait à flot et ou on déjeunait aux rails de coke.
Un soir, je devais avoir… dix-sept en a tout casser, je suis rentré et je l’ai trouvé… couché dans une marre de sang en plein milieu de notre salon. J’ai eu peur, j’ai eu la nausée. Quand j’y repense, j’en ai encore des étourdissements. En pleine crise de panique j’ai rassemblé ce que j’ai pu et je me suis enfuie. Va savoir pourquoi, j’avais l’impression que ceux qui avaient fait ça allait revenir.
C’est Viny qui m’a trouvé. Recroquevillé derrière des sacs à ordures, trempée jusqu’aux os par l’orage. Il m’a recouverte de sa veste xxl et m’a conduite à l’intérieur du bar. Il y avait ces filles. Belles et sexy qui se trémoussaient en bustier et talons haut pour ces messieurs, pénards et peu pressés de rentrer chez eux. Je me souviens qu’il m’a offert un choix. J’étais assise en face de lui, dans son bureau sombre et malodorant. Il posa un verre de vodka double devant moi et il me dit :
- Soit tu pars et tu fais le trottoir comme toutes les filles paumées dans ton genre, ou alors, tu bois ce verre et tu grimpe sur la scène. J’ai du flair pour dégoter des filles. Tu en es une. Une des leurs. Je le sens. Je te veux.
Et me voici, soufflant mes 22 bougies sur mon gâteau bustier alors que, moi-même, je porte ce soir mon plus beau costume burlesque. Ainsi va ma vie.

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