Ward jouait littéralement avec nous…

Nell avait téléphoné chez lui, inquiète qu’elle était que celui-ci n’autorise plus Grant à venir faire du bénévolat à Saint John’s… Moi-même, je ne savais pas s’il laissait encore le petit aller travailler chez BSC ou non…

Mais seulement, Ward n’avait pas voulu répondre à Nell au téléphone. Il voulait la voir, en personne, pour en parler. Moi qui étais à côté d’elle pendant l’appel, j’avais fait la moue, ma clope en bouche, le voyant venir. Il allait encore jouer avec les sentiments de Nell et je n’aimais pas ça.

On avait demandé à parler à Grant au téléphone mais Ward avait répondu qu’il était sorti avec Sky et Heaven. Donc, même le petit n’aurait pas su nous dire pour son travail chez BSC, ni s’il comptait encore venir à Saint John’s…

Donc Nell allait être obligée de rencontrer Ward.

C’est là que je lui avais pris le téléphone des mains.

-Très bien, Edward ! Tu veux jouer à ça ? Ok ! Tu rencontreras Nell ! Mais pas seule ! Je serai là, et on se verra au Canter’s Deli pour discuter. Demain, 13h.

Puis j’avais raccroché et croisé les bras dans mon fauteuil en fulminant et en fumant comme un dragon.

J’avais suivi les conseils de mes amis, Conrad et Katy. Ne pas voir Ward seul. Mais le Canter’s Deli était vraiment une sécurité pour nous. Un endroit public, la plupart du temps très prisé quelle que soit l’heure de la journée.

Il ne pourrait pas faire preuve de violence envers nous et je ne pourrais pas faire preuve de violence envers lui. Tout ce qu’il pourrait faire, ce serait distiller son venin et jouer les manipulateur comme il aimait si bien le faire.

J’avais eu mal au ventre à partir du coup de fil, jusqu’à la rencontre… Ou alors peut-être que je buvais trop de café et fumais trop de cigarettes, j’en savais rien. Mais j’étais nerveux, très nerveux et je ne dormis pratiquement pas de la nuit.

Le lendemain, à l’heure de partir pour le Canter’s Deli, j’embrassai Nell et gardai son visage entre mes mains.

-Tu es prête ? N’oublie pas, ne te laisse pas attendrir par ses paroles. Comme je t’ai dit, on travaille sur lui au boulot et, même si je ne peux pas te dire quoi, on le soupçonne de choses vraiment horribles.

Je l’embrassai sur le front, puis on fut partis.

Au Canter’s, on fut accueillis par une gentille jeune femme qui nous plaça, à notre demande, au centre de la salle, pour qu’on soit bien à la vue de tout le monde.

Une fois installé, sans attendre Ward, on se commanda à boire. Je pris une bière, histoire de me détendre un peu… Mais en fait, j’étais tendu comme un string.

-Putain, il faut que je garde mon calme.

@ Billy Lighter

L’absence de Grant avait laissé un vide immense dans notre maison et nos vies. Jordan, bien que toujours triste, avait reprit du poil de la bête et était retourné au travail alors que moi, je chassais l’ennui en me rendant tous les jours à la Mission offrir de mon temps. Le samedi matin venu, je m’étais attendu à voir Grant se pointer puisqu’il avait pris l’habitude de venir avec moi les samedis mais malheureusement, aujourd’hui, ça ne fut pas le cas.

Quand Jordan était rentré après sa journée au commissariat, je lui avais raconté que Grant n’était pas venu et j’avais décidé ensuite de passer un coup de fil chez Ward pour savoir pourquoi le petit n’était pas venu. Évidement, et j’aurais dû m’y attendre, Ward refusa de m’expliquer au téléphone, préférant le faire de vive voix. Je m’en étais mordu la lèvre tout en croisant le regard de Jordan, ne sachant pas quoi répondre alors je demandais si je pouvais parler à Grant plutôt mais essuyant encore un refus, Jordan attrapa le combiné et demanda alors à ce qu’on se rencontre tous les trois.

Je soupirais en réalisant qu’encore une fois, j’allais me retrouver coincée entre mon passé et mon avenir.

L’heure de la rencontre arriva trop vite à mon goût et, avant de partir, Jordan m’embrassa avant de me rappeler d’être prudente.

- Je sais… Je… Tu sais je ne fais pas exprès.

J’aurais préféré que Jordan demande à Duncan ou bien à Leia de l’accompagner parce que je ne sentais pas que c’était une bonne idée que de me joindre à la rencontre même si je mourrais d’envie d’avoir des nouvelles de Grant et qui sait si le petit ne sera pas là, lui aussi. Je pourrais le revoir et le serrer très fort dans mes bras ! Je rêvais en couleur, Ward n’allait pas nous faire le plaisir que de se faire accompagner par Grant.

Comme toujours, la salle à manger du Canter’s Deli était pleine mais ont pu tout de même avoir une table en plein centre. C’était mieux qu’une banquette quelque par le long des murs. Ainsi, tout le monde allait pouvoir nous voir sans savoir qu’il nous verrait. C’était stratégique et beaucoup plus prudent.

Avant que n’arrive Ward, on se commanda à boire. Je demandais un thé et Jordan une bière, en espérant que ça le calme mais il était beaucoup trop nerveux pour que cela ne fonctionne moindrement.

- Ça va aller, mon amour. Respire… Oh ! Le voilà…

J’attrapais la main de Jordan sur la table et la serra tout en le regardant avec tendresse alors que Ward se faisait indiquer où nous étions placer avant de nous rejoindre. Je redoutais déjà que le ton ne monte et que finalement, cette conversation ne mène nulle part. Il fallait impérativement trouver un terrain d’entente, vivre sans Grant était trop difficile. Je gardais espoir que Ward, s’il nourrissait réellement de la sympathie pour moi, se montre réceptif à notre demande.

@ Billy Lighter

Avoir un gamin en plus dans la maison ne changeait pas grand-chose à ma vie. Grant savait se débrouiller seul et, le reste du temps, Sky s’en occupait. Après tout, c’était surtout elle qui avait voulu l’avoir à la maison, donc, c’était logique qu’elle s’en occupe.

Moi, je continuais à mener mon gang rendant la vie des Los Diablos de plus en plus impossible tout en restant dans les clous de mon deal avec Jimmy Reed qui consistait à ne pas faire de mal à sa famille ET à ne pas faire de mal aux enfants… Je me demandais ce qu’il allait rajouter comme condition à notre prochaine rencontre, le petit minet de Malibu…

Mais ce samedi soir alors que je prenais un peu de repos, j’eus un coup de fils de Nell. Est-ce que je m’attendais à ça ? A moitié. Je ne savais juste pas quand. Mais je me doutais que s’il devait il y avoir communication entre Jordan et moi, ça risquait de passer par Nell. Et j’avais eu raison.

Mais sa question ne concernait pas Keller mais bien Grant et Saint John. Elle se demandait pourquoi le gamin n’était pas venu à la mission aujourd’hui et s’il comptait y revenir un jour. Le gamin m’avait vaguement parlé de Saint-John mais il n’avait pas dit vouloir y aller. Pas à moi en tout cas. Il m’avait parlé de la boxe et de BSC, surtout. Et il allait toujours chez les deux. Même chez BSC où je comptais utiliser le gosse comme espion. Bien que Jimmy Reed semblait avoir vu clair dans ce jeu-là ce qui avait frustré Grant. Et moi un peu aussi… N’empêche qu’il n’avait pas viré le gamin ce qui était une victoire en soi.

Donc Saint-John… J’aurais pu répondre à Nell et lui dire tout au téléphone. Mais j’avais bien envie de la voir en vrai. De lui montrer encore une fois que Jordan se méprend sur ma personne. Et, peut-être, à terme faire en sorte qu’elle plaque le flic. J’étais responsable de la descente aux enfers de Keller et je ne comptais pas m’arrêter en si bon chemin.

Mais la voix de Nell se transforma d’un coup en celle de Jordan Keller. J’entendais de la colère dans la voix du flic qui eut l’audace de m’appeler Edward. Je tiquai. Il était lâche au point de m’appeler comme ça uniquement par téléphone… En face, c’était clair qu’il n’oserait jamais faire ça.

Bref, il voulait qu’on se voit demain 13h au Canter’s Deli. Lui et Nell. Bien ! Ça m’arrangeait ! J’allais pouvoir le voir fulminer et devoir se retenir d’exploser car il ne pourrait simplement pas s’énerver trop fort devant tous les gens du Canter’s Deli.

-Ok. Demain 13h. Et je m’appelle Ward, Keller.

Il raccrocha ne laissant pas de choix à Nell, visiblement.

Le lendemain, je m’étais, donc, rendu au Canter’s Deli seul. J’étais entré dans le restaurant pour voir que, comme chaque temps de midi, il était rempli. Je devais avouer que discuter dans cet environnement bruyant allait être emmerdant mais j’allais faire avec.

Un serveur me montra la table où j’étais attendu et où Jordan était là aux côtés de sa belle. Je dis au serveur de m’apporter un whisky et j’allais m’asseoir face à Jordan et Nell.

-Salut, Keller.

Jordan avait l’air tendu. Très tendu. J’imaginais qu’il ne faudrait pas longtemps avant qu’il n’enfume encore plus l’endroit avec l’un de ses cigarettes. J’esquissai un sourire.

-Salut, Nell.

On m’apporta mon whisky et je bus une gorgée.

-Alors ? Qu’est-ce que vous voulez ? Savoir pourquoi Grant n’est pas venu à Saint-John ? Parce qu’il ne me l’a pas demandé tout simplement. J’imagine qu’il était sans doute crevé par la semaine qu’il a passé chez nous. Entre l’école, la boxe et BSC… C’était toutes les activités qu’il avait quand il était chez vous… Avec la psy en plus si je ne m’abuse… Vous savez qu’il doit souffler parfois, le gamin ?

En fait, je m’en fichais qu’il ait des journées remplies. Ça m’arrangeait. Je fixai Keller.

-D'ailleurs, je ne savais pas que tu acceptais le travail des enfants, Keller... J'avoue que ça m'a surpris d'apprendre que Grant travaillait pour le boss de BSC...

Il allait certainement passer son temps à souligner à quel point je suis quelqu'un de mauvais alors je ne vais pas me priver de souligner les quelques trucs douteux qu'il y avait dans sa propre vie.

@ Billy Lighter

Nell m’assura qu’elle ne faisait pas exprès de se laisser bercer par les paroles de Ward Fleming. C’était bien pour ça que je comptais venir avec elle pour cette rencontre avec le criminel. Je l’embrassai encore et lui souris en remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

-Tu es trop gentille pour ce monde, ma belle.

Une fois au Canter’s Deli, un mélange d’angoisse et de colère me prit… De frustration aussi… Heureusement que le restaurant était plein ! Sinon j’allais me démonter et démonter la face de Ward avec.

On se commanda à boire et je pris une longue gorgée de bière. Nell avait été plus sage et s’était commandé un thé. Elle semblait calme, mais je savais que dans le fond, elle était aussi stressée de moi, voire plus.

Puis on nourrissait aussi tous les deux un certain espoir, celui que Ward ne se pointe pas seul mais emmène le petit avec lui. Ce serait une bonne surprise et un bon point pour Ward… ça aurait le don de me calmer, en tout cas.

J’allais aller fouiller dans ma poche pour y trouver mon paquet de cigarettes quand Nell m’attrapa la main et la serra. Ward venait d’arriver. Nell voulait que je respire, je pris une grande inspiration en suivant des yeux le criminel qui venait vers nous avec toute l’assurance du monde.

Et sans Grant…

Je déglutis puis respirai encore, serrant en retour la main de Nell.

Et Ward s’assit sur la banquette face à nous tout en nous saluant.

-Salut, Edward.

Je savais qu’il détestait ça. Ok, c’était un peu puéril de ma part.

Mais je me détendis un peu quand il entra directement dans le vif du sujet… Même si ses mots me firent mal et ils devaient faire encore plus mal à Nell. Grant n’avait pas demandé à aller à la mission… Ward remettait ça sur le fait que le petit était peut-être crevé entre l’école, la boxe et BSC…

Je pinçai les lèvres.

-Il a peut-être oublié… Tout simplement… Il a pas réalisé que c’était aujourd’hui. Lui en as-tu seulement parlé ?

Je pris finalement mon paquet de cigarette et en allumai une, devant m’y reprendre à plusieurs fois pour faire aller mon briquet parce que je tremblais de colère et de frustration.

Puis Ward me lança une pique sur le travail des enfants. Je soufflai doucement une longue bouffée de fumée.

-Grant travaillait là au début en réparation des dégâts qu’il avait faits. Puis il a aimé ça alors je n’ai pas voulu lui retirer ça. J’ai moi-même commencé à travailler très tôt. Ça forge le caractère et ça apprend le sens des responsabilités. Et en plus, Grant se fait un peu d’argent de poche pour ses comics. Je ne vois pas ce qu’il y a de mal à ça. On ne l’a pas forcé.

@ Billy Lighter

Jordan, après m’avoir pris le combiné du téléphone des mains, avait arrangé un tête-à-tête avec Ward Fleming au Canter’s Deli et il avait raccroché. Nous aurions donc nos réponses demain, du moins je l’espérais mais vu la tension entre Ward et Jordan, je pouvais déjà anticiper que cela ne se ferait pas facilement.

J’avais fait de mon mieux pour ne pas m’imaginer trop de scénarios catastrophes mais ce n’était pas facile et j’étais donc autant anxieuse et nerveuse que pour l’être Jordan alors que nous prenions place à une table en plein centre du restaurant, le jour de la rencontre. Je me répétais que rien de fâcheux ne pourrait arriver puisque l’endroit était bondé, c’était mon côté ‘’verre à moitié plein’’ qui me faisait penser ça.

Ward arriva peu après nous et dès qu’il fut installé, entra dans le vif du sujet avant même que nous puissions se saluer correctement ou poser des questions, comme s’il s’était préparé à l’avance à nous clouer le bec.

- Oui… Comme le dit… Comme Jordan le dit… Grant a peut-être oublié…

Je bégayais, mal à l’aise que j’étais, assise sur ma chaise entre eux deux.

Grant aimait bien venir à la mission avec moi mais peut-être qu’il n’y avait simplement pas pensé parce que c’était toujours moi qui le lui rappelais quand il vivait avec nous. Il rechignait toujours de devoir se lever ‘’ trop tôt’’ qu’il disait mais une fois sur place, il semblait être dans son élément et tous les autres bénévoles l’aimaient bien eux aussi.

Jordan lui, tremblait de colère et eu même du mal à allumer sa cigarette avec son briquet. Ward avait l’avantage psychologique et il le savait. Il en profitait même pour piquer Jordan sur le fait que Grant travaillait.

- Il n’y a rien de mal à travailler, soufflais-je comme si je me faisais gronder.

Je laissais Jordan expliquer que Grant travaillait pour la maison de disque parce qu’il y avait fait du vandalisme et qu’au bout du compte, Grant avait dit qu’il aimait bien y travailler alors nous n’avions pas cru utile de mettre un terme à cette activité rémunérée.

- Grant aime beaucoup se sentir utile et c’est bien pour lui, ça lui donne un peu d’autonomie. Mais… Hey !

Je m’étais exclamée vivement, chose que je ne faisais jamais ou très rarement, puis je me redressais sur la chaise avant de regarder Ward dans les yeux.

- Grant me manque autant qu’il manque à Jordan, tu sais ! Et tu as gagné, Ward. Tu as gagné la garde et c’est douloureux de ne plus le voir. Je ne pensais pas que c’était possible qu’un jour tu puisses volontairement me blesser.

Jordan et moi ne demandions pas la lune, juste de pouvoir voire Grant et savoir que e petit était libre de venir nous rendre visite quand bon lui semblait. Dans cette querelle d’adulte, il ne fallait pas que l’enfant devienne une manière de blesser l’autre. J’en avais les larmes aux yeux et cette discussion ne faisait que commencer.

- Tout ce que nous voulons, c’est de pouvoir le voir et qu’il puisse venir s’il en a envie.

@ Billy Lighter

Edward… C’est comme ça que Jordan avait décidé de donner le ton de notre conversation. Il avait la provocation facile certainement à cause de sa colère et de sa frustration. Il ne gérait rien. Ça se voyait et s’en était délectable.

Je penchai légèrement la tête sur le côté fixant Jordan. En un regard je pensais bien avoir fait passé le message. Un message qui était : « je m’appelle Ward ».

Mais je n’étais pas ici pour m’attarder sur les petites provocations de Keller mais bien pour pouvoir me délecter de sa colère. Je savais qu’il souhaitait que je meurs ou, au moins, que je finisse en prison mais il n’avait pas les moyens de faire l’un ou l’autre.

Alors, j’entamai la conversation. Ils voulaient me parler pour savoir pourquoi Grant n’était pas venu à la mission ce samedi. J’avais simplement répondu qu’il n’avait pas demandé et que, vu son emploi du temps de la semaine, ce n’était pas étonnant que le gosse veuille souffler un peu le samedi. Je n’allais pas obligé Grant à faire du foutu bénévolat.

Jordan répliqua alors que le petit avait dû oublier avant de remettre limite la faute sur moi en demandant si je lui en avait seulement parlé. Je levai un sourcil.

-Non. Si le petit veut faire quelque chose, il peut me le demander. Je ne vais pas le pousser à remplir encore plus son emploi du temps.

Mais mes paroles ou, plutôt, le fait que Grant n’ait pas réclamé d’aller à Saint-John, semblait toucher réellement Nell. Elle bafouillai que Grant avait peut-être oublié. Je la fixai.

-Sans doute…

Ou il s’en fichait réellement. Je n’en savais rien et je n’en avais que faire, en réalité.

Keller s’alluma une cigarette alors que je tournai la conversation sur le travail des enfants. Grant bossait pour BSC et, si ça m’arrangeait quelque part, j’utilisais ça pour montrer que Keller n’avait pas que des bons côtés. Mais c’est Nell qui souffla en premier qu’il n’y avait aucun mal à travailler.

-Je ne crois pas que la loi serait d’accord avec toi dans le cas d’un enfant de  10 ans.

Et Keller s’efforça de se justifier. Il parla du fait que, à la base, le gamin travaillait pour réparer les dégâts fait à la tour de Reed. Et que, par la suite, Grant voulait y retourner quand même. Qu’il se faisait de l’argent de poche.

-Alors j’espère qu’aucun cinglé ne voudra venir assassiner Reed… Parce que je doute qu’un enfant de 10 ans fasse le poids. Tu as pensé à ça, Keller, quand tu as permis à Grant de devenir garde du corps d’un homme d’affaire puissant ?

Pourtant, des gens qui voulaient assassiner Reed, il y en avait et j’en faisais partie. Et un enfant de 10 ans ne fait absolument pas le poids contre moi. Grant n’a pas d’arme quand il travaille chez BSC et je l’ai vu surveillé quasi seul un parking.

Nell soutenait les dires de Jordan avant de s’exclamer. Je la fixai penchant légèrement la tête sur le côté alors que c’était rare quand la voix de Nell s’élève au-dessus de la mêlée.

Elle disait que Grant leur manquait. Que c’était douloureux de ne plus voir le gamin. Et elle ajouta qu’elle n’aurait jamais pensé que je puisse volontairement la blessé. En quoi je l’ai blessé, déjà ? En ne permettant pas que Grant les vois. Mais je n’ai rien empêché.

-Je n’ai pas interdit à Grant de venir vous voir. Il peut venir vous voir et vous pouvez le voir. Et je ne t’ai pas volontairement blessé, Nell. Sauf si tu pense que de récupéré la garde de mon fils est une façon de te blesser. C’est pourtant la logique des choses.

Je fixai, ensuite, Keller.

-Je ne séquestre pas le gamin. Il peut aller aux activités qu’il veut et voir qui il veut. Il se sent même plus libre qu’avant à vrai dire.

Je dis ça sur un ton désinvolte avant de reprendre :

-Pourquoi tu es à ce point énervé, Keller ? La défaite est si difficile à encaisser ? J’ai pourtant utilisé la voie légale…

Et c’était ça qui était d’autant plus délectable.

@ Billy Lighter

Ward, après que je l’eus salué, me lança un regard qui me signifia bien qu’il n’avait pas aimé que je l’aie encore appelé par son prénom de baptême.

On entra directement dans le vif du sujet et Nell et moi, on espérait que Grant ait juste oublié qu’il pouvait se rendre à la mission pour voir Nell et pour aider les gens. Ward leva un sourcil et réduit à néant tous nos espoirs. Grant pouvait demander à Ward quand il voulait faire quelque chose et il ne voulait pas charger encore plus l’emploi du temps de Grant.

-Et pourquoi tu fais tout pour qu’on ne puisse pas lui parler au téléphone ? Chaque fois qu’on essaye, tu as toujours une excuse.

Mais Ward m’attaqua sur le fait que Grant travaillait, que ce n’était pas normal. Je lui expliquai les raison du travail de Grant chez BSC et pourquoi je l’avais autorisé à continuer quand il en avait exprimé le désir. Pour moi, il n’y avait rien de mal à faire ses petites missions de surveillance. De mon point de vue, il ne faisait que vérifier les badges et les rendez-vous des gens et il disait être très bon à ça.

Nell ajouta qu’il n’y avait rien de mal à travailler, appuyant dans mon sens. J’eus du mal à allumer ma cigarette mais fut soulagé quand j’en pris la première bouffée…

Mais Ward disait que la loi ne serait peut-être pas d’accord avec moi…

Je haussai les épaules.

-Ça revient au même que de tondre des pelouses ou faire des emplettes pour les petits vieux du quartier…

Et Nell haussa un peu le ton en disant que Grant aimait se sentir utile et avoir son autonomie. Je hochai la tête, l’approuvant.

J’ouvris de grands yeux quand Ward mit en avant les soi-disant dangers auxquels s’exposait Grant en travaillant pour Reed. J’eus un ricanement sinistre.

-Tout le monde n’est pas comme toi, Ward… Grant travaille dans un endroit déjà hyper sécurisé par des caméras et tout. Et qui voudrait s’en prendre à Reed, hein ? C’est un homme d’affaires, pas un criminel. Il n’y a que toi que tout le monde veut buter…

Puis Nell pris la parole en disant que Grant nous manquait et qu’elle ne pensait pas que Ward pouvait vouloir lui faire de la peine volontairement. Je posai ma main sur celle de Nell, clope en bouche.

Mais Ward se défendit, disant que c’était naturel qu’il ait la garde de son fils, que ce n’était pas une façon de blesser Nell. Je soupirai…

-Viens dire que ça ne t’éclatait pas de nous l’avoir retiré. J’ai vu ton sourire mauvais au tribunal.

Il me demanda alors pourquoi j’étais si énervé, qu’il avait gagné la garde de Grant par la voie légale.

-Je suis énervé parce que c’est injuste. Si tu avais passé l’évaluation psy, jamais tu n’aurais eu la garde de Grant.

Je me penchai légèrement en avant et plongeai mon regard dans celui de Ward.

-Je sais ce que tu es, Ward. Tu n’es pas normal, quoi que tu en penses. Tu manipules les gens. Même Sky est manipulée jusqu’à la moelle.

J’avais dit ça sans m’énerver, sur un ton posé. Mais ma colère intérieure était d’une intensité que je n’avais jamais ressentie à ce point.

@ Billy Lighter

Le ton fut donné dès que Ward s’installa à notre table et qu’il entra dans le vif du sujet. Il n’aimait pas perdre son temps de toute évidence. C’était tant mieux, d’un côté, nous aussi avions mieux à faire que de jouer au chat et à la souris.

Pour Ward, l’horaire chargé de Grant expliquait pourquoi ce dernier n’avait pas parlé de venir me rejoindre à St-John, alors que Jordan supposa qu’on aurait pu le lui faire penser. Là encore, Ward avait une réponse toute faite et ça me fis bafouiller qu’effectivement, le petit avait peut-être tout simplement oublié. Peut-être aussi que Grant n’avait pas plus envie que ça que de passer du temps avec moi. À choisir entre Sky et moi, je me doutais que je ne pesais pas lourd dans la balance.

Je ne m’attendais cependant pas à ce que Ward nous reproche de faire travailler le petit. Dans sa bouche, c’était comme s’il supposait que nous l’exploitions. Ça renforçait son autonomie et c’est ce que je voulais dire en soufflant qu’il n’y avait pas de mal à travailler mais Ward rétorqua que ce ne serait pas l’avis de la loi ce qui fit répliquer à Jordan que ce n’était pas pire que de tondre les pelouses ou faire des emplettes pour les personnes âgées.

- Livrer des journaux…

Mais là n’était pas la question !

Nous étions là car nous avions l’impression que Ward faisait délibérément exprès de nous éjecter de la vie de Grant et ça me fit lever le ton. Je ne me reconnaissais pas en agissant ainsi mais ça avait été plus fort que moi. Ce que répondit Ward me fit le regarder dans les yeux, comme si je scrutais son âme pour voir s’il disait vrai ou s’il mentait.

- Dit comme ça… On dirait que tu suppose qu’il ne veut simplement plus nous voir.

Quant à savoir si je pensais que d’avoir récupérer la garde de son fils était un moyen de me blesser, je secourais de la tête.

- Non… C’est ton fils, c’était normal que tu demandes sa garde…

Jordan était encore amer de la façon dont les choses s’étaient passées au tribunal, l’arrogance dont avait fait preuve Ward. Je n’étais pas présente ce jour-là mais je n’avais pas de difficulté à croire Jordan quand il disait que Ward en jubilait, s’en délectait.

Je baissais le regard sur nos mains à Jordan et moi, entrelacées sur la table alors que Ward voulait savoir pourquoi Jordan était à ce point énervé. Cela me semblait évident, même que c’était un peu pour cela que nous étions ici, non ? Le fait de ne pas voir Grant, qu’il ne soit plus chez nous, sous notre garde.

Ce fut moi ensuite qui serra un peu la main de Jordan alors qu’il s’exclama qu’il savait bien à quel point Ward s’était délecté de la déconfiture de Jordan au tribunal et que s’il avait passé l’évaluation psychologique, les choses auraient été tout autrement. Je soupirais en passant ma main libre dans mes cheveux. La conversation, déjà, tournait en rond et nous n’en tirions rien de bon si nous continuions dans cette voie.

- Donc, si je reprends ce que tu disais tout à l’heure, je pourrais me présenter à la fin des classes prendre Grant, l’amener souper avec Jordan et moi et le ramener plus tard ?

@ Billy Lighter

Keller était fatiguant à voir le mal partout. Il pensait que je faisais tout pour empêcher Grant d’avoir Jordan ou Nell au téléphone. Il disait que j’avais tout le temps une excuse. Je levai un sourcil.

-Je n’en peux rien s’il a des journées encore plus remplie que les miennes…

Chaque « excuse » que je trouvais était réelle. Grant était rarement à l’appartement. Il avait ses activités et, à chaque temps mort, il sortait avec Sky et Heaven. Sky ayant de moins en moins de garde, elle avait plein de temps pour le gamin.

Je cherchai, ensuite, à mettre Jordan mal à l’aise vis-à-vis du fait que le gamin travaillait. En réalité, je m’en fichais complètement qu’un gamin de 10 ans bossait. Surtout que ça pourrait m’avantager d’une certaine façon. Mais je savais que les questions de morales tourmentaient constamment Keller.

Et il se défendit malgré que je mis en avant que la loi ne serait pas d’accord avec tout ça. Je doutais sincèrement qu’une entreprise puisse engager un enfant de 10 ans pour faire un travail de garde du corps. Même si Jordan s’efforçait à comparer ça à tondre la pelouse et Nell à livrer les journaux. Je levai un sourcil les regardant l’un et l’autre.

-Grant ne livre pas les journaux, il est garde du corps de Jimmy Reed. Il surveille le parking… Ce n’est pas vraiment le même genre de job.

Et j’ajoutai que ça pouvait même être dangereux. Qu’un cinglé pouvait grimper dans cette tour, supprimer l’enfant avant de supprimer Jimmy Reed. Croyez-moi, c’est tout à fait possible ! Mais ça ne l’était pas pour Jordan Keller qui me donna l’impression d’être l’homme le plus naïf de l’univers pendant quelques secondes.

Je penchai légèrement la tête sur le côté affichant un sourire en coin quand il mit en avant la sécurité de BSC ET le fait que Reed était un homme d’affaire, pas un criminel.

S’il savait…

S’il savait que Jimmy Reed était le chef des Los Diablos et est donc responsable d’une partie de la criminalité à Los Angeles.

S’il savait que Jimmy Reed avait massacré sans remords la Casa Nuova.

Mais il ne savait rien. Il voyait les choses en blanc et en noir. Jimmy Reed est un homme d’affaire, il vit dans la lumière… Alors, il n’est pas un criminel. Alors que, moi, j’avais un casier et mon père était Thomas Fleming alors, assurément, j’étais un psychopathe.

La réalité est bien plus complexe que ça.

Mon sourire était toujours là.

-Hyper sécurisé ? Tellement qu’un enfant a pu casser un vitre et foutre le feu à une cage d’escalier… Quant à Reed… Être un homme d’affaire ne veut pas dire qu’il est tout blanc, Keller. Et je suis sûr qu’un tas de femme aimerais le tuer vu comment la presse le décrit comme un misogyne fini. Ne soit pas naïf Keller. Le monde n’est pas tout noir ou tout blanc.

Puis, ce fut à Nell de me surprendre alors que haussa le ton en disant que Grant leur manquait et qu’elle avait l’impression que je lui faisais mal volontairement. Je me défendis et ma défense sembla faire encore plus mal à Nell qui, sous l’influence de Keller, ressemblait désormais plus à une fille fragile qu’à la femme que j’avais rencontré dans l’Eastside il y a quelques années d’ici.

-Je ne dis pas qu’il ne veut plus vous voir… Il n’en a juste pas exprimé le besoin.

Et je me demandais si elle me reprochait d’avoir cherché à obtenir la garde de MON fils. Elle déclara que non. Que j’en avais le droit.

Mais ce fut désormais à Keller de s’énerver de mon comportement au tribunal. Je le fixai droit dans les yeux.

-Bien sûr que j’étais content ! Tu as profité de ce procès pour essayer de me faire passer pour le pire monstre de cette ville. Ce que je ne suis pas. Alors, oui, j’étais content de voir qu’il y a une foutue justice dans cette ville. Que tes paroles sans fondement ne soient pas prise au sérieux, pour une fois !

Je soulignai l’énervement de Keller qui, lui, rétorqua que si j’avais passé l’évaluation psy, je n’aurais jamais eu la garde.

-Pourquoi ? Parce que tu as décrété que je suis un psychopathe ? Tu semble bien sûr de toi. Tu n’y connais rien en psychologie. Tu n’es qu’un flic.

Il disait qu’il savait qui j’étais. Que je n’étais qu’un manipulateur et que Sky était manipulée. Son énervement avait disparu quand il lança ces phrases. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Tu ne sais rien de moi. Tu ne sais rien de Sky. Juge ce que tu connais, Keller. N’enfonce pas les autres parce que tu es frustrés d’avoir perdu un enfant qui n’est pas à toi.

Les échanges devenaient musclé et Nell essaya d’apaiser la situation en demandant si elle pouvait venir prendre Grant à la fin des classes pour l’amener souper chez eux. Je la fixai.

-Si tu me préviens avant ou si tu préviens Sky, oui. Mais préviens… Parce que s’il ne rentre pas et que vous n’avez pas prévenu, j’appelles les flics pour tentative d’enlèvement. Mais si vous prévenez, oui. Et si le gamin le veut aussi, ça va de soi.

Je fixai le couple.

-J’ai dis au tribunal que je permettrais à Jordan de voir Grant. Je tiens ma promesse. C’est vous qui vous faites des idées. Et, sincèrement, j’en ai marre de me faire juger chaque fois que Keller est dans le coin.

Je fixai Keller.

-Tu crois que c’est bon pour Grant qu’on n’enterre pas la hache de guerre ?

@ Billy Lighter

Je fis la moue quand Ward dit que le petit avait des journées encore plus remplies que les siennes… Puis je ricanai.

-C’est si prenant, comptable au Wild ?

Je doutais qu’il le soit, même si le patron dudit Wild avait confirmé au tribunal. Dans l’Eatside et à South L.A., Ward était craint… Il pouvait faire pression sur n’importe qui. Il suffisait d’ouvrir un peu les oreilles et d’écouter ce que les habitants avaient à dire. Même la vieille Madame June, qui n’avait peur de rien ni personne, ne parlait de Ward qu’à contrecœur.

Quant au travail de Grant, je ne voyais pas ce qu’il y avait de mal à ça. Ça lui faisait une expérience et comme le disait Nell, à son âge, d’autre livraient des journaux. Mais Ward soutenait que ce n’était pas le même genre de job mais il n’était pas fâché que son fils fasse ça, il souriait…

Je tirai longuement sur ma clope en l’écoutant dire que si Grant avait réussi à vandaliser la tour, c’était que ce n’était pas si sécurisé que ça. Et il me reprocha de faire du manichéisme !

Je me penchai un peu en avant, le regardant dans les yeux et lui dis sur un ton de défi.

-Et bien si tu n’es pas d’accord que Grant fasse ce job, empêche-le de le faire ! C’est toi, son père, après tout, comme tu te plais si bien à le dire.

C’était vrai, quoi ! S’il trouvait que le job du petit était dangereux, il n’avait qu’à remettre sa démission à Jimmy Reed. Tout ça n’était plus en mon pouvoir.

Quant à Nell, elle disait que Ward parlait comme si Grant ne voulait plus nous voir. Je déglutis.

Ward, lui, expliqua que le petit n’en avait simplement pas exprimé le besoin.

-Je ne peux pas croire ça… Il voulait une garde partagée…

Mon ton était vraiment redescendu et c’était avec de la peine dans la voix que je parlais, tout pour faire jubiler Ward. Mais je ne pouvais m’en empêcher.

Et le sourire de Ward au tribunal, c’était parce qu’il était content. Content que je ne sois pas pris au sérieux. Pour une fois.

-Pour une fois ??? Combien de fois tu es passé entre les mailles du filet, Ward ?!

Et il disait que je n’y connaissais rien en psychologie, que je n’étais qu’un flic.

-Et tu sais que les flics ont du flair. Je sais cerner les gens… Et surtout, j’écoute les murmures de L.A.

Ce à quoi il répondit que je ne savais rien de lui. Heureusement que ma main était dans celle de Nell sinon mon poing serait déjà parti pour s’écraser sur la face de ce foutu psychopathe.

Nell choisit alors ce bon moment pour en revenir à nos moutons. Notre but en venant ici était de pouvoir voir Grant et elle demanda la permission. Qu’on obtint de Ward à condition de prévenir sinon il irait déclarer un enlèvement. Il disait qu’il tenait ainsi sa promesse.

-D’accord, on fait comme ça… On lui rappellera la Mission et on verra s’il a vraiment oublié ou s’il ne veut vraiment plus y aller.

Je me levai et pris mon portefeuille dans ma poche arrière pour en sortir quelques dollars, de quoi payer nos consommations. Je n’avais pas faim.

Et c’est là que Ward me demanda si je pensais que c’était bon pour Grant qu’on n’enterre pas la hache de guerre. Je le regardai dans les yeux.

-Je suis flic. Tu es un criminel. On jouera toujours au chat et à la souris. Viens, Nell.

@ Billy Lighter

Grant avait des journées très occupées. C’est ce que répondit Ward pour expliquer le fait que le petit n’avait pas manifesté l’envie de me rejoindre à la mission. Je pouvais comprendre qu’avec l’école, son travail chez BSC et probablement de nouvelles activités avec sa petite sœur, il avait la tête bien remplie et qu’il avait oublié. Cependant, cela ouvrit une porte sur le débat d’un emploi à dix ans. Je ne voyais pas ce qu’il pouvait y avoir de mal là-dedans. Plusieurs gamins de cet âge passaient les journaux le matin, tondaient des gazons ou aidaient les personnes âgées contre quelques billets. Surveiller une porte ce n’était pas très demandant et Grant semblait bien aimer.

L’échange ensuite ressemblait un peu au jeu de celui qui aura la meilleure pique. Je me sentais coincée entre Jordan et Ward, je ne me sentais pas du tout à l’aise mais Grant me manquait et j’estimais que j’avais droit d’avoir un semblant de réponse mais de la façon dont Ward présentait les choses, c’était comme si Grant ne voulait tout simplement plus nous voir. Je baissais le regard, triste de l’entendre dire qu’il n’en avait tout simplement pas exprimé l’envie de nous passer un coup de fil. Évidement, ça fit réagir Jordan qui refusait de le croire puisque Grant avait exprimé plus d’une fois vouloir une garde partagée.

- Je suis heureuse s’il se plaît chez toi et qu’il n’a pas le temps de s’ennuyer. C’est signe qu’il est bien mais… Ça n’en demeure pas moins difficile pour nous qu’il ne soit plus là. Je crois que tu peux le comprendre, tu es humain, tu as un cœur.

Il aimait sa femme et sa fille, il serait dans le même état que nous s’il était privé d’elles du jour au lendemain.

Puis Jordan et Ward revinrent sur le procès sur comment cela c’était déroulé et la satisfaction que Ward en avait tiré de sortir de là avec la garde de Grant et, à force, Jordan serrait de plus en plus fort ma main et je craignais que ça ne finisse par une table renverser et une bataille musclée. Je jugeais donc le moment opportun d’intervenir pour calmer les esprits.

- Évidement que je préviendrai avant. Je ne veux pas créer davantage de conflit qu’il y en a en ce moment. Tout ce que je veux c’est de pouvoir passer du bon temps avec Grant. Là-dessus, nous sommes d’accord, je crois…

Je me sentis un rien soulagé d’entendre Ward accepté ma requête mais il dû se sentir obligé de donner un coup de pied dans la fourmilière car il ajouta une mise en garde qui fit rager instantanément Jordan qui se leva et jeta des billets sur la table. Je n’eu d’autre choix que de me lever avec lui alors qu’il mettait fin à la rencontre en signifiant à Ward que jamais la hache ne pourra s’enterrer entre eux, en dépit que ce serait bien pour Grant que tous nous mettions de l’eau dans notre vin.

- Je te passe un coup de fil demain alors.

Ainsi il était prévenu de mes intentions mais quelque part au fond de moi, je doutais qu’il ne dise que demain, Grant ne pourrait pas parce qu’il avait un entrainement de boxe, parce qu’il devait étudier un examen ou parce qu’il travaillait chez BSC. Ward serait trop heureux de nous refuser une visite en utilisant l’excuse du travail.

Jordan et moi quittions le restaurant et je n’étais qu’à moitié rassurée. Pour la première dois depuis que je le connaissais, Ward ne m’avait pas convaincue de ses bonnes intentions.  

@ Billy Lighter

Décidément, Jordan cherchait absolument la faille dans chacune de mes phrases. Même quand je dis simplement que Grant avait un emploi du temps plus chargé de le mien en sous-entendant que j’en avais déjà un pas mal, il questionna ironiquement sur mon emploi de comptable au Wild. Je levai un sourcil.

-Tu crois qu’être comptable consiste à se tourner les pouces, Keller ? On voit que tu n’as jamais compter quoi que ce soit hormis des donuts dans une boîte.

Je faisais, en partie, un travail de comptable pour mon gang et, sincèrement, c’est ce qui me prenait le plus de temps et me cassait le plus la tête.

Je le piquai ensuite sur le travail des enfants. Je savais que Reed en était friand mais je n’aurais jamais imaginé que Keller approuverait. Mais lui voyait ça comme un autre boulot comme le fait de vendre des journaux. Mais Keller retourna la situation à son avantage en disant que je n’avais qu’à l’empêcher d’aller travailler pour Reed vu que j’avais, désormais, la responsabilité du gosse. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Il y a pris goût… Par ta faute. Or, je ne veux pas qu’il soit malheureux malgré que je n’approuve pas. Sauf si je me rend compte que ça devient vraiment dangereux. Dans ce cas, il n’ira plus.

Mais ce qui tourmentait Nell, c’était de savoir si le petit avait encore envie de les voir et je répliquais qu’il n’en avait, jusqu’ici, rien demandé. C’était vrai. Je n’inventais rien. Mais Jordan n’y croyait pas parce que Grant avait demandé une garde partagée. J’haussai des épaules avant que Nell n’ajoute que tout ça était très difficile pour eux. Elle était certaine que je pouvais comprendre car j’avais un cœur.

En avait-je un ? Oui. J’en avais un. Sinon, je ne vivrais pas. Parce qu’un cœur, finalement, ça ne sert qu’à ça. Mais Nell ne pensait pas à ça de façon biologique mais émotionnelle.

-Je comprends. Mais je ne peux pas obliger Grant a faire des choses dont il n’a pas envie.

Jordan parla, ensuite, de mon comportement au tribunal. Je déclarai alors que, ouais, j’avais savouré ma victoire justement parce que, pour une fois, on écoutait pas les dires de Jordan qui, sans preuve, me condamnait. S’il en avait vraiment, des preuves de ce que j’avais fait, il n’aurait jamais voulu que Nell soit dans la même pièce que moi.

Et il s’indigna mettant en avant toutes les fois où j’étais passé entre les mailles du filet. Je le fixai droit dans les yeux.

-J’ai été condamné pour mes crimes, Keller. Tous mes crimes.

Il n’avait qu’à lire mon casier judicaire. Quant au fait que je sois un psychopathe ou non, je déclarai que Keller n’était pas psy et il mit en avant le flair des flics. Je rigolai un peu.

-Les murmures de L.A…. Le flair des flics… Tout ça est très scientifique…

En gros, Keller avouait ne se baser que sur des ouïe dire et des impressions.

Mais Nell mit fin à notre petite guerre en demandant si elle pouvait venir chercher Grant, de temps en temps, après les cours. Je n’y voyais pas d’inconvénient disant qu’ils devaient simplement me prévenir.

Sinon, j’appelais les flics.

Jordan approuva. Nell aussi qui assura qu’elle préviendra à l’avance. Elle voulait simplement passer du temps avec Grant. Décidément, ce gosse avait du succès. Pourtant, il causait peu et quand il le faisait c’était pour étaler son insolence. Plus jeune, j’étais comme ça aussi. En pire. Et croyez-moi qu’absolument personne ne m’aimait. Surtout ma mère.

-Alors, on est d’accord là-dessus.

Mais ce fut trop pour Jordan qui, apparemment, n’avait plus envie de rester. Il se leva et paya les consommations alors que je restais assis à déguster mon whisky. C’est là que je déclarai que, pour le bien de Grant, il serait mieux d’enterrer la hache de guerre.

Mais le flic ne voulait pas. J’esquissai un sourire en coin.

-Si tu le dis…

Reste à voir qui est le chat et qui est la souris dans l’histoire…

Nell ajouta qu’elle passera un coup de fil demain. J’hochai de la tête.

-A demain, alors, Nell.

Et ils s’en allèrent tous les deux alors que, moi, j’achevai mon whisky avant de lever, à mon tour, le camp.

@ Billy Lighter