Ça y est… J’y étais… Le Snow White Detox Center. Un grand centre de désintoxication qui avait vu passé des stars comme Evan Kurt et Daniele Ricci. Un lieu où j’étais maintenant prisonnier le temps que mon addiction à la cocaïne ne disparaisse. Et ça pour le bien de mon couple. Le bien de mes enfants à venir… Le bien de ce qui restait de mon honneur…

Parce que, depuis que Sonne savait pour mes vices, je subissais humiliations sur humiliations. Ce séjour en centre en était une de plus.

Ma mère avait été mise au courant de mon entrée en désintox’. Et elle m’avait téléphoné en pleure pour me dire que la drogue était une mauvaise chose et que je prenais la bonne décision. Ma mère qui consommait tout autant que moi et avec la prestance et la discrétion des gens de la haute… Hypocrisie typique. Mon père, lui, m’avait donné ses encouragements et il espérant que j’en ressorte grandi. Mes parents ne changeront jamais…

Aujourd’hui, alors que j’étais bien installé dans ma « nouvelle maison », j’avais un travail à faire. Une interview de nulle autre qu’Eddy Cort, le chanteur de Roadtramp. Les périodes des fêtes arrivaient à grands pas et il n’avait pas été question que je prenne un véritable congé au travail. En fait, j’avais passé un deal avec mon patron en lui demandant la permission d’écrire mes articles au centre et de faire mes interviews par téléphone. Il avait accepté avec joie. Il faut dire que depuis que Jimmy Reed avait plaidé mon cas, mon patron ne me refusait plus rien.

L'avantage de ce centre, c'est que c'était un centre de luxe que seul les personnes avec un bon revenu pouvaient se payer. Ce qui faisait que j'avais le droit à une chambre individuelle avec téléphone, lit, armoire, bureau. Tout ce qu'il me fallait pour travailler convenablement. Je devais juste me rendre aux différentes activités et autres sessions de parole qui étaient, elles, obligatoires. Sans compter les repas... C'est dans cette chambre que je me trouvait pour pouvoir passer tranquillement mon coup de fil.

Ma victime du jour était donc Cort dont le groupe venait de sortir un album que j’avais pu écouter avant d’entrer ici. Mes questions étaient prêtes et j’avais, au préalable, prévenu Cort qu’il devait se trouver devant son téléphone aujourd’hui à 11h du matin. C’est à cette heure-là que j’avais décroché le combiné.

J'entendis deux sonneries jusqu’à entendre la voix de Cort de l’autre côté du fil.

-Allo, Cort. C’est Axel Moriarty. Tu es prêt pour l’interview ?

Je n’aimais pas forcément faire mes interviews par téléphone mais je n’avais pas vraiment le choix…

@ Billy Lighter

J’étais bercé par le son de mes propres ronflements… et c’était génial. L’album venait de sortir et on commençait à se hisser joyeusement dans le haut des charts après seulement quelques jours. On nous entendait sur toutes les radios, Daniele était ravis, on était heureux et on commençait maintenant à bosser sur la tournée. Comme pour l’album, on souhaitait que le concert ait une forme de logique, ce qui impliquait non seulement de faire une set-list avec un ordre précis pour les chansons, mais aussi de savoir comment jouer sur le décor, les éléments pyrotechniques, etc.

Mais en attendant, on jouissait d’un repos bien mérité… Et j’étais extrêmement bien là, sur le matelas posé à même le sol dans une chambre qui nous était réservé, pour moi et Zo, chez Clepto. Zoey était endormie sur moi, aussi nue que moi et elle dormait aussi bien que moi.

J’en avais même complètement oublié qu’Axel Moriarty devait me sonner pour une interview par téléphone.

Alors je fis un bond quand la sonnerie dudit téléphone retentit juste à côté de moi, puisqu’il était lui aussi posé à terre… Peut-être que si l’album et la tournée marchaient bien, faudrait qu’on pense à s’installer dans une sorte de « chez nous »… Ou tout du moins, acheter deux ou trois meubles, ce serait pas du luxe.

Je dus m’y reprendre à plusieurs fois en tâtonnant avant de trouver le foutu cornet du téléphone. Et quand j’y arrivai, ce fut avec un soupir de soulagement alors que Zoey, couchée sur moi, marmonnait des insultes à l’égard de l’enfoiré qui sonnait à cette heure-ci.

Je plongeai une main dans ses cheveux et la caressait doucement pour la rendormir tandis que je répondais d’une voix pâteuse au téléphone.

-Heu… Allô ?

C’était Moriarty… De fait, je l’avais complètement oublié celui-là. Je refermai les yeux, lâchai le cornet du téléphone contre mon épaule pour pouvoir entendre Moriarty et pouvoir quand même reposer ma main au creux du bas du dos de Zoey qui gémit, mais de satisfaction, cette fois.

-Salut Axel Moriarty… Heu… Mouais… Je suis prêt…

Je baillai…

-Aussi prêt que je ne pourrai jamais l’être…

J’étais endormi, mais après avoir cuvé toute la nuit, j’avais probablement l’esprit bien plus clair maintenant que je ne l’aurais après quelques heures d’éveil et quelques bières dans le coco.

@ Billy Lighter

C’était le calme plat dans ma chambre individuelle. Elle n’était pas bien décorée, mais j’imagine que j’allais pouvoir y mettre ma touche personnelle au fur et à mesure des jours et de mes envies.

En tout cas, ce silence était propice au coup de fil que j’allais passer à Eddy. Couché sur mon lit, j’avais, sur mes cuisses, un carnet où étaient écrites mes questions. J’étais prêt à passer Cort à la casserole. Même si, étant donné qu’il était chez BSC, le terme « passer à la casserole » n’était qu’une façon de parler.

Je composai le numéro de Cort et, après quelques sonneries, il finit par décrocher. Sa voix semblait endormie. L’aurais-je réveillé ? Un rictus s’afficha sur mon visage. Les rockstars étaient rarement des lève-tôt.

Le chanteur de Roatramp déclara être prêt avant qu’un bâillement ne vienne parasiter la conversation. Je me retenais de rire un peu devant tant de motivation de la part du guitariste.

-Bien ! On va commencer tout de suite alors.

Je posai mon regard sur la première question. J’allais essayer de faire parler un maximum Cort pour essayer d’avoir des trucs intéressants à raconter aux lecteurs de Guitar&Pen.

-Mets-toi à l’aise. On en a pour un petit moment.

Il devait surtout rester attentif. Je n’aimais pas spécialement interviewer par téléphone parce que je ne pouvais pas voir les expressions des gens que j’interroge. Or, il est possible de trouver des failles chez quelqu’un rien qu’en regardant ses mimiques.

-Cela faisait un moment que les fans attendaient l’album de Roadtramp si bien que, dès sa sortie, il a été un succès immédiat ! Comment expliquez-vous cette longue attente ? Et quel est votre avis sur ce très grand succès ?

J’entrai tout de suite dans le vif du sujet. Roadtramp s’était fait attendre, un peu comme Sonne à mon mariage… A croire que c’était l’effet Ricci.

@ Billy Lighter

Zoey s’était vite rendormie, sa respiration était de nouveau profonde et calme. Cela ne m’empêchait pas de jouer d’une main dans ses cheveux, le cornet du téléphone calé contre mon oreille pour entendre Moriarty. Puis je gardais les yeux fermés, ce qui n’était pas forcément intelligent parce que je risquais de me rendormir mais bon, on verra bien.

Le journaliste me conseillait de me mettre à l’aise et je rigolai doucement, parlant un peu plus bas au téléphone pour ne pas réveiller Zoey.

-Je crois que j’aurais du mal d’être plus à l’aise et plus confortablement installé que maintenant.

J’écoutai ensuite aussi attentivement qu’il m’était possible la première question du journaliste. Et celle-ci me laissa perplexe. Il parlait de Sanitarium qui était un succès mais voulait que j’explique ce qui avait valu cette longue attente.

-Heu… Y a eu tant que ça à attendre ?

Je fis la moue, réfléchissant, les yeux toujours fermés et essayant de remettre mes idées en place. Pour finir, je me rendis compte que c’était plus facile de réfléchir tout haut.

-Le single Seek’n’Destroy c’était l’an dernier…

Je frottai mes yeux avant de replonger ma main dans les cheveux de ma petite-amie.

-Puis y a eu le live qu’est sorti cette année… Puis Sanitarium maintenant…  Ça fait deux album en 1982.

Ouais, je sais compter, c’est dingue ça, hein !

Finalement, je souris.

-On est désolé si les gens ont trouvé ça long… et pour expliquer l’attente… bah… C’est le temps qui passe vite…

Je rigolai brièvement avant de dire :

-Puis pour le succès ben c’est génial ! Mais on croyait pas que ce serait Never Cared qui serait la chanson préférée des gens.

@ Billy Lighter

J’étais à l’aise dans mon lit… Et j’avais conseillé à Eddy de faire de même. Mais il semblerait que ça soit déjà le cas. C’est parfait !

J’envoyai la première question à Eddy. Le succès de l’album tout fraichement sorti était déjà visible. Les gens s’arrachaient le premier album studio du groupe de BSC. Ça devait faire plaisir à Jimmy Reed. Et ça me réjouissait de l’imaginer content. Je parlai aussi du temps d’attente, chose que ne comprenais pas Cort qui se demandait s’il y avait eu tant d’attente. Il récapitula les dernières sorties de son groupe. Roadtramp avait bel et bien sorti un album cette année. Un album live. Je savais que c’était une stratégie, probablement, orchestrée par Ricci. En effet, les chansons de l’album live provenaient des chansons de Roadtramp performées lors de la tournée The Lightening/Roadtramp. De quoi ravir les fans sans passer par la case studio. C’était intelligent.

-Effectivement. Je parlais du temps d’attente entre deux albums studio. Les gens aiment les albums studios.

Un album live et un album studio étaient différents. Ce n’était pas la même ambiance. Mais Cort n’avait pas tort en soulignant une double sortie en 82. Une au début et une à la fin de l’année.

Il expliqua le temps d’attente par le temps qui passe vite. Je rigolai un peu. L’humour de Cort pouvait être un bon point pour lui et pour son groupe même si j’avais l’impression que ce n’était pas conscient.

Il était content du succès de son album. Mais ne pensait pas que Never Cared soit la chanson la plus populaire.

-Parfois la réaction des fans est imprévisible.

Je souris. On ne savait jamais, à l’avance, quelle chanson allait être un tube sauf si on était un expert de la musique.

-En parlant du tube Never Cared, cette chanson a des allures de balade, chose qu’on n’avait pas entendu dans l’album live de ton groupe. D’autres chanson comme Mama est aussi une chanson bien plus calme. Peux-tu expliquer ce qui a conduit Roadtramp à adopter ce style plus soft ?

Les quelques balades présentes montre une autre facette du groupe… Et son un vrai régal à l’écoute.

@ Billy Lighter

C’était pas facile de faire une interview en étant aussi confortablement installé, en fait. Et sans pouvoir voir le journaliste aussi… J’étais tellement bien là où j’étais que j’avais plus envie de me rendormir qu’autre chose… Et pourtant, fallait que je me concentre sur les questions d’Axel. Je préférais quand même qu’il le fasse par téléphone parce que ça aurait été un peu tôt, comme heure, pour aller se taper jusque chez Guitar&Pen…

Alors je faisais de mon mieux. Axel avait commencé en demandant pourquoi il y avait eu tant de temps entre les deux albums. Mais pour moi, il n’y avait même pas eu un an… The Lightening était plus lent que nous, non ?

Mais Moriarty précisa qu’il parlait du temps entre deux albums studios… que les gens aimaient les albums studios.

-Ah…

Un petit ronflement m’échappa avant que je n’ajoute :

-Mais on les a quand même écrites et jouées, les chansons du live…

Je voyais pas trop la différence… Sauf pour ce qui était de la façon dont ça avait été enregistré. C’était pas comme si on avait fait qu’enregistrer des chansons live qui étaient déjà sur un album studio…

Mais bon, c’était pas grave. Je m’excusai quand même pour l’attente, disant que le temps passait vite, ce qui était on ne pouvait plus vrai de mon point de vue. J’avais l’impression qu’il y avait encore deux semaines, ceux qui à l’école se croyaient « cool » se foutaient de notre gueule parce qu’on faisait de la musique. Mais non, y avait déjà bien quatre ou cinq ans de ça.

Pour ce qui était du succès, j’étais surtout impressionné par le fait que les gens préfèrent Never Cared à The Metallization par exemple… Et Axel enchaîna là-dessus. J’embrassai brièvement la tête de Zoey pendant que j’écoutais sa question.  

-Heu… C’était pas forcément prévu que ces deux chansons se retrouvent un jour sur un album de Roadtramp… C’est juste des chansons que j’ai écrites…

Je baillai avant de continuer…

-Never Cared je l’ai écrite l’an dernier déjà… Pour ma petite-amie…

Je souris et embrassai encore une fois doucement le front de Zoey qui dormait.

-Et Mama c’est parce que ma mère est décédée y a pas longtemps… Et ça m’est venu alors… Fallait que je la chante. Quand Daniele l’a entendue, il l’a voulue sur l’album…

J’avais fait le deuil de ma mère, entre temps, je n’allais plus me remettre à pleurer dès que j’en parlais même si c’était toujours pas joyeux d’en parler… Mais bon… Je finis par rigoler en repensant à une chose…

-Il a fallu que je réécoute ce qui avait été enregistré ce jour-là pour pouvoir la refaire parce que je me rappelais plus du tout ce que j’avais fait… La tristesse et tout, tu comprends ?

Je marquai une pause avant de continuer…

-C’est pas vraiment un nouveau « style » plus « soft »… C’est juste une autre facette de Raodtramp… Et si tu écoutes les paroles, c’est pas si soft que ça. La musique l’est… C’est là tout le talent de Clepto et des autres musiciens… Ils gèrent.

@ Billy Lighter

J’avais été un peu vache en disant qu’il y avait eu beaucoup de temps entre les deux albums de Roadtramp. Mais c’était histoire de rappeler à Daniele Ricci qu’un album live avait été un coup de marketing un peu gros qui lui permettait d’allier sortie d’album et tournée sans passer par la case enregistrement. C’était un coup de génie, d’après certain. Moi, je trouvais que c’était utiliser la facilité.

Et j’expliquai, simplement, à Cort, qui n’avait pas l’air spécialement bien réveillé, que les gens aimaient les albums studios. Il ajouta qu’ils avaient quand même écrit et chanté les chansons live.

-Certes…

Ce n’était pas faux. Il s’en sortait plutôt bien. Surtout qu’il s’excusa quand même pour l’attente en accusant le temps qui passe. Il avait beaucoup d’humour, Cort.

Le chanteur était étonné que Never Cared soit la chanson tube de leur album. Il me permit, avec ça, d’enchainer sur le nouveau style de Roadtramp. Le groupe avait diversifié sa musique depuis l’album live, ce qui attirait pas mal de questionnement chez moi et chez les experts. Cort avoua que les deux chansons plus « soft » n’était pas prévue au programme mais qu’elles avaient fini, quand même, par figurer sur l’album. Elles étaient des œuvres d’Eddy.

Il expliqua ce qui l’avait inspiré nous montrant tout son cœur. Même si pour la seconde, ça avait l’air d’être Daniele Ricci qui la voulait sur l’album. Comme quoi le manager décidait plus de truc qu’on ne pouvait le croire. Lui qui disait toujours qu’il ne s’occupait que du côté business et qu’il laissait la musique aux artistes, ces semi-révélations de Cort pouvait venir contredire certaines déclarations de Ricci… Mais est-ce que j’avais vraiment envie d’appuyer là-dessus ou, au contraire, de l’atténuer ? Après tout, Jimmy m’en voudrait si je descendais son ami… Je ne devais pas oublié mon allégeance à BSC. Enfin, à Reed, plutôt.

-Toutes mes condoléances pour votre mère.

Mais Eddy ne semblait pas forcément touché par qu’il rigola avant de reprendre et expliquer la conception même de la chanson Mama. Une chanson qu’il avait dû réécouter parce qu’il ne s’en rappelait plus à cause de la tristesse. Il croyait vraiment que j’allais gober ça ?

-Oui, bien sûr… La tristesse…

Cette phrase était très ironique et je ne m’en cachais pas. S’il avait oublié, c’est parce qu’il était bourré ou shooté comme la plupart des artistes.

Il finit par répondre précisément à ma question en expliquant que tout ça était une autre facette de Roadtramp. Il se débrouillait bien. Encore mieux qu’à notre première rencontre il y a plus d’un an.

-En effet, certains thèmes sont même très durs, même si tout semble être une métaphore. Quelles ont été vos inspirations pour ces paroles ? Est-ce que ça vient de grand sujet de société ou d’expériences personnelles ?

J’écrivais tout en parlant et écoutant un Cort fraichement réveillé.

@ Billy Lighter

J’essayais de répondre aux questions du journaliste de Guitar&Pen dans la mesure du possible étant donné que j’étais à peine éveillé. Je sentais bien la critique dans les premières questions d’Axel mais… je ne le prenais pas mal. C’était Axel et il était réputé pour ça… Ça faisait partie du jeu, en quelque sorte.

Mes réponses semblaient le satisfaire et de toute façon, fallait bien qu’il fasse avec parce que c’était les seules réponses que j’avais à lui offrir. Je voyais pas pourquoi je mentirais, t’façon.

Je lui avouai être étonné que Never Cared et Mama remportent un si grand succès. C’étaient pourtant deux chansons qui n’étaient pas destinées à être sur l’album parce qu’elles étaient très personnelles. Mais Never Cared, les autres l’adoraient et la voulaient sur l’album et Mama c’était Daniele qui l’avait voulu sur l’album alors.

Axel me donna ses condoléances.

-Oh merci…

Je n’avais aucune idée de ce qu’on répondait aux condoléances, mais je supposais qu’un « merci » était la bonne réponse…

Mais j’avais enchaîné en rigolant, mon deuil étant fait, pour dire que Mama il avait fallu que je puisse la réécouter pour la refaire. Axel, à l’autre bout du fil, prit un air ironique mais bon…

Il demanda ensuite quelles avaient été nos inspirations pour les paroles et les thèmes de nos chansons. Ça, c’était facile à répondre comme question parce que Daniele me l’avait déjà demandé.

-Heu… plus des expériences personnelles. Apocalypse est une chanson inspirée directement de l’émeute de St-Louis… Heu… Master, de la jet-set qu’on fréquente un peu avec Daniele… Heu… Y a quoi encore comme chansons… ?

Je frottai mes yeux et soupirai, réfléchissant…

-Ah ouais y a Wake me ! c’est un petit clin d’œil à The Army qu’on aime tous…

Je rigolai.

-Et ouais y a Sanitarium … Parce que le monde est jamais qu’un putain d’asile de cinglés, finalement…

@ Billy Lighter

Dans le feu de l’interview, j’appris le décès de la mère de Cort. Je lui présentai mes condoléances comme le voulait les bases du respect et le chanteur me remercia. Il ne semblait pas plus troublé que ça par cette perte. Ou alors il avait déjà fait son deuil, ce qui était possible aussi.

Il m’expliqua que la chanson sur sa mère, il avait dû la réécouter pour pouvoir s’en rappeler. Il remettait ça sur le compte de la tristesse. Mais je pensais bien que c’était plutôt à cause de l’alcool.

Tout ça m’amena à parler des thèmes des chansons qui étaient bien plus sombres que sur le précédent album. Roadtramp nous avait habitué à des thèmes plus festifs. Ici, c’était tout autre chose.

Cort expliqua qu’une chanson était inspirée de l’émeute de Saint-Louis. Roadtramp avait été pris au milieu de cette émeute qui s’était produit pendant le concert de The Lightening dont Roadtramp était la première partie. J’avais été là aussi, pendant l’émeute. Une émeute que je savais démarrée, en partie, par une bouteille. Celle lancée par River, mon cousin.

D’autres chansons étaient inspirées de la jet-set, de The Army et du monde en général.

-Des thèmes bien sombres, donc… Je suis sûr que les fans adoreront cette nouvelle facette de Roadtramp.

Et qui étaient inspirés directement de leur nouvelle vie de star. La jet-set, l’émeute, le monde… Tout ça était des thèmes qu’ils n’auraient pas pu aborder s’ils étaient restés à fréquenter les clubs de L.A.

-Parlant de l’émeute, cette dernière avait avorté votre première tournée… Nous savons que Roadtramp va bientôt retourner sur les routes. Etes-vous prêt ? Le souvenir de l’émeute n’était-il pas encore trop présent que pour reprendre directement la route ?

The Lightening semblait traumatisé depuis l’émeute. Si bien qu’on avait que rarement entendu parlé d’eux cette années à part pour promettre un clip qui n’était même pas encore en phase de tournage et pour changer de manager en la personne de Maria Watson. Qui, je le savais, n’était pas au mieux de sa forme non plus…

@ Billy Lighter

Je pensais bien que j’avais fait le tour des titres de Sanitarium, expliquant sommairement d’où provenait notre inspiration pour chacune des chansons. L’album avait une certaine logique et peignait, comme le résuma le journaliste, ce qu’on avait vu en tournée, comment on ressentait la célébrité qui nous tombait dessus un peu abruptement…

Axel avait même dit que c’était des thèmes sombres… Je baillai…

-D’où l’intérêt d’avoir quelques chansons comme The Metallization ou Never Cared… On a pas vraiment changé… on comprend juste plus de trucs.

Je fermai les yeux.

-J’crois…

Bercé par la voix du journaliste au téléphone, j’émis un ronflement alors que j’étais en train de me rendormir… Mais je m’entendis et sursautai, me faisant peur tout seul… Zoey protesta mollement avant de replonger dans son profond sommeil.

Je la jalousais aussi un peu… Plus d’interview avant le début de l’après-midi… Plus jamais… Surtout pas au téléphone.

-Désolé… Il est un peu tôt pour une interview.

Mes yeux étaient toujours mi-clos, mais j’avais quand même plus ou moins compris la question d’Axel Moriarty.

Est-ce qu’on était prêt pour une tournée, à cause de l’émeute, c’était ça la question du journaliste.

-Heu… Ouais… on est mêmes impatients de pouvoir repartir en tournée. On voulait refaire, pendant la période d’enregistrement, quelques concerts aux Stryge. Malheureusement, ça ne s’est pas fait parce que le Stryge n’avait pas la capacité d’accueillir tous les gens qui voudraient venir nous voir.

Je déglutis, j’avais la gorge sèche et mon ventre commençait à être barbouillé parce que mes tripes se réveillaient.

-Nous, on imaginait pas… On croyait que ce serait comme avant, quand on reviendrait de la tournée avec The Lightening. Sauf que, et je remercie tous ces gens au nom de Roadtramp de nous suivre et tout, ben notre public avait comme triplé de volume.

Je me perdais là, non ? Ah ouais, l’émeute.

-Et on a pas peur des émeutes, si c’est ça ta question… Je sais pas trop ce qui s’est passé à St-Louis, c’était très très bizarre comme ambiance… Et je sais même pas si pour cette tournée-ci, on retournera jouer là… C’était MTI qui décidait de où et quand, la première fois…

Puis, plus mollement, dans un soupire…

-Pourquoi on fait ça par téléphone ?

@ Billy Lighter

Les thèmes étaient, en effet, plus sombre. Mais Cort disait que Roadtramp n’avait pas changé pour autant. En réalité, ils avaient juste compris plus de choses. Ils avaient grandi en quelques sortes. Même s’il n’en était pas tout à fait sûr, finalement.

Je continuai mes questions entendant, à l’autre bout du fil, les ronflements d’Eddy. Je levai un sourcil me disant qu’il n’allait pas tarder à se rendormir. Et que je ferais bien de ne pas trop faire durer cette interview si je ne voulais pas me prendre un vent en cas d’endormissement de Cort.

Il s’excusa déclarant qu’il était tôt.

-Il est 11h du matin…

Ça ne me semblait pas vraiment tôt… Je trouvais même que c’était une heure très raisonnable. Mais pas pour Cort.

Bref, j’enchainai sur une question sur l’émeute et les conséquences que celle-ci avait eu sur l’appréhension que pourrait avoir Roadtramp de retourner sur les routes. Mais le chanteur ne semblait pas traumatisé. Il était pressé de retourner en tournée. Il expliqua que les concerts au Stryge était, maintenant, impossible pour son groupe étant donné leur notoriété grandissante. Il se perdit un peu en détail mais finit par revenir à ma question en disant qu’il ne savait pas trop ce qu’il s’était passé à Saint-Louis. Il ne savait même pas si sa prochaine tournée passera par cette ville. Pour résumé, il n’avait pas peur des émeutes.

-Espérons que la prochaine tournée se passera sans encombre.

Enfin, pour eux. Les journalistes, eux, préférait toujours quand il se passait des choses inédites comme une émeute. C’était leur gagne-pain, après tout.

Cort repris la parole pour me demander pourquoi on faisait ça par téléphone. Surpris par le question, je laissais passer un silence. Je n’allais pas lui dire que j’étais en désintox’. Ça ne le regardait pas.

-Parce que la salle d’interview de Guitar&Pen était déjà réservée pour la journée. Et puis, c’est plus pratique par téléphone, ça t’évite de devoir te déplacer. Je sais que les rockstars n’ont pas toujours le temps de se déplacer pour une interview.

Je n’entrai pas dans les détails. Ça ne servait à rien. Je me contentai de reprendre l’interview.

-On sait que la première partie de Roadtramp, pour la tournée, sera Olivia Cortez. Est-ce que Roadtramp a eu son mot à dire là-dessus ? Si non, que penses-tu de ce choix ? Penses-tu qu’elle pourra combler le public de Roadtramp ?

J’avais posé la question à Jimmy Reed. Je voulais, maintenant, la posé à Cort.

@ Billy Lighter

Moriarty affirma qu’il était 11 heures du matin d’un air dépité… Je savais qu’il était 11 heures du matin…

-Mais tu sais pas à quelle heure j’ai été dormir…

J’avais répondu en rigolant… Non, il savait pas… Et moi non plus d’ailleurs, vu l’état dans lequel j’étais.

Il avait continué l’interview en demandant si, avec l’émeute, on avait pas trop peur de retourner en tournée. Mais non… Parce qu’on savait que ce serait complètement différent de la tournée avec The Lightening. Daniele nous avait expliqué dernièrement, quand il nous avait annoncé qu’Olivia serait notre première partie, que comme c’était une tournée full BSC, il n’y aurait pas de rivalité entre les groupes.

En fait, lors de la première tournée, on avait pas vraiment eu de rivalité avec The Lightening. En fait, pour tout dire, on ne les avait pas vraiment vus non plus. Tout au plus, on les avait croisés. C’était surtout entre les managers que ça clashait et parfois même entre les roadies dans les bars le soir. Mais nous, on était relativement tranquille (et bourrés).

Le problème de l’émeute, c’était que ce soir-là, y avait un truc pas normal qui planait… Je savais pas quoi… Mais on l’avait clairement ressenti.

Axel espérait que la tournée se passe sans encombre et j’eus un murmure approbateur. Puis j’avais demandé au journaliste pourquoi on faisait ça par téléphone… Mais la salle d’interview de Guitar&Pen était déjà réservée pour la journée. Je rigolai quand il dit que les rockstars n’avaient pas toujours le temps de se déplacer pour une interview.

-Ouais… C’est vrai… Mais personnellement c’est plus parce que je suis une grosse larve.

Zoey, rigola doucement contre moi. Je ne savais pas depuis combien de temps elle m’écoutait, mais je souris, caressant son dos.

Axel enchaîna ensuite avec une question qui concernait Cortez. J’approuvai encore quand il dit qu’elle serait notre première partie puis entrouvris les lèvres quant à savoir si Roadtramp avait eu son mot à dire là-dessus.

-Heu… Ça nous convenait quand Daniele est venu nous le dire… Alors y a pas vraiment eu de débat. Déjà, Daniele sait ce qu’il fait, je pense… Si on a un manager, c’est pour qu’il nous guide, si on se met à contester toute ses idées, ça sert à rien d’avoir un manager…

Je réfléchis quant à savoir ce qu’on pensait de ce choix.

-Ben… J’en pense que c’est un très bon choix, puisqu’on a pas contesté. Si on peut lui permettre de partir en tournée et de se faire connaître un peu comme The Lightening nous a permis de le faire, c’est une bonne chose.

Je souris.

-Quant au public, je pense qu’elle pourrait en séduire au moins une partie ! Tu as écouté son single ? C’est du délire de faire un truc pareil à 16 ans !

Je haussai les épaules, même si Axel ne pouvait pas me voir.

-Et pour ceux à qui ça ne plairait pas, il y a toujours le bar qui est ouvert, en général, pendant la première partie… Donc… Puis je pense pas que notre public sera du genre à la huer ou à lui balancer des gobelets de bière… Ça se fait pas, le gaspillage.

@ Billy Lighter

L’heure de mon coup de fil semblait être trop tôt pour Cort. Pour moi, elle était tout à fait raisonnable. Mais il semblerait que Cort ait eu une courte nuit. Je souris. Une vraie rockstar avant l’heure ce Cort.

J’enchainai sur l’émeute et les répercussions de celle-ci sur Roadtramp. Mais le groupe semblait remis de la mésaventure de la dernière tournée. Et ils étaient prêt à remette ça pour une tournée bien plus longues puisqu’il s’agira d’une tournée mondiale, cette fois.

Mon interview fut parasitée par une question d’Eddy sur les modalités de celle-ci. Je trouvais une excuse stupide qui me permettait de justifier l’interview par téléphone. J’ajoutai que je savais que les stars n’avaient pas toujours le temps de se déplacer, ce à quoi Eddy rétorqua que, dans son cas, c’est surtout parce qu’il était une grosse larve. Je rigolai au téléphone, content, finalement, qu’il ne me pose pas plus de questions que ça. Heureusement que j’avais Eddy Cort à l’autre bout du fil et pas Billy Lighter… Lui, sa paranoïa l’aurait poussé à mener l’enquête sur ce coup de fil jusqu’au bout.

J’enchainai sur la question sur la première partie de Roadtramp. C’était confirmé que ça sera Olivia Cortez, la jeune chanteuse qui accompagnera Roadtramp en tournée. Cort confirma, en quelque sorte, qu’il n’avait pas vraiment eu leur mot à dire sur ce choix mais qu’ils étaient d’accord. Que Ricci choisisse n’ennuyait pas Roadtramp qui disait que tout ça était le travail du manager. Ils se laissaient mener par Ricci. Mais ils en étaient conscients.

Quant à la réaction de leur public, Cort disait que tout irait bien. Que ceux qui ne voulaient pas écouter auraient des bières et que les autres apprécieront Cortez. Tout allait bien dans le meilleur dès mon sur la planète Roadtramp. Et je souris me demandant si ça sera aussi facile pour Cortez. On le saura très vite, de toute façon.

-C’est vrai qu’Olivia a du talent. J’espère que cette tournée lui permettra de percer ailleurs qu’à L.A.

J’avais fait le tour des questions les plus importantes. Et la simplicité de Cort lui avait permis de bien s’en sortir. Il m’en restait une en réserve pour clôturer l’interview.

-Dernière question pour toi Cort : as-tu un commentaire à faire sur la séparation des Winter Wolves ? Est-ce que tu étais proche de ses membres ?

C’était l’autre groupe de Ricci alors autant poser la question.

@ Billy Lighter

C’était pas facile une interview par téléphone aussi tôt. Mais ça aurait été encore pire si j’avais dû me lever pour aller jusque chez Guitar&Pen, Axel avait raison. Alors autant faire ça par téléphone, même si j’avais tendance à me rendormir.

Le journaliste voulait en savoir plus sur la tournée, si on avait peur qu’il y ait encore des émeutes, par exemple. Il avait aussi voulu savoir ce qu’on pensait d’Olivia Cortez qui avait été choisie par Daniele pour faire notre première partie. Et sincèrement, je voyais pas qui il aurait pu choisir de mieux !

Même Axel trouvait qu’elle avait du talent ! Ce que je savais parce que j’avais lu ses articles sur elle. Et il était plein d’éloges pour la jeune femme.

-Ben ouais… Puis Livia est super comme fille, en plus d’avoir du mérite. On a déjà joué de la musique avec elle pour le fun et on s’est vraiment bien marré…

Je souris.

-Je crois sincèrement qu’elle pourrait plaire au public de Roadtramp… Si pas par sa musique, par sa personnalité.

Je soupirai presque de soulagement quand le journaliste annonça la dernière question. Pas qu’il m’emmerdait mais j’avais surtout peur de lui mettre un vent en m’endormant au téléphone… Une fois que ce serait fini je pourrais me rendormir. Sauf si Zoey qui se réveillait de plus en plus sûrement en décidait autrement… Auquel cas, je serais partant aussi…

Sa question portait sur le Winter Wolves et je fis la moue… C’était une question bizarre.

-Heu… Non j’ai pas trop de commentaire à faire. Je les connaissais pas ces gars-là… Faut plutôt demander ça à Livia, par exemple. Elle, elle vivait avec eux avant d’aller habiter chez son manager.

J’embrassai les lèvres de Zoey quand, les yeux fermés, elle leva son visage endormi vers moi. Puis, m’adressant au journaliste :

-T’as fini, là ? Parce qu’on me réclame…

@ Billy Lighter

Tout le monde n’avait que des éloges pour Olivia Cortez. Et Eddy Cort n’échappait pas à la règle. Il la connaissait personnellement. Ça, je le savais déjà parce que Cortez me l’avait dit quand je l’avais interviewée. En tout cas, Cort certifia que, si jamais la musique de Cortez ne plaisait pas au public de Roadtramp, sa personnalité, elle, leur plaira.

C’est vrai que la jeune fille avait un sacré caractère. J’en avais été témoin. Et, si ça risquait de lui porter préjudice en interview, ça pourra plaire à ses fans qui s’identifieront à elle.

-Nous verrons bien. On l’espère pour elle.

Je posai, ensuite, la dernière question de l’interview. Je ne voulais pas prolonger l’interview. Je risquais de ne plus avoir personne à l’autre bout du fil, sinon, tellement Cort était sur le point de se rendormir… D’ailleurs, je le sentis soulagé quand je signalais que c’était la toute dernière question.

Ma question concernait Winter Wolves. Le groupe de Ricci s’était séparé et je voulais l’avis de Cort là-dessus. Mais il n’avait rien à dire sur Winter Wolves. Il ne les connaissait pas bien contrairement à Olivia qui vivait avec eux. Ça aussi je le savais, Cortez me l’avait aussi dit.

-Ok, pas de commentaire alors…

Je souris. Pas de contacts entre les groupes de Ricci. Ça semblait clair.

Cort me demanda si j’avais fini parce qu’on le réclamait. Je n’allais pas le retenir plus longtemps. Ça allait bientôt être l’heure du repas en commun de toute façon.

-Oui, j’ai fini. Merci d’avoir été attentif jusqu’à la fin. On se reverra bientôt, Cort.

Je souris. J’aimais dire ça aux rockers que j’interviewais. Ils savent, comme ça, que je les surveille tout le temps.

Je saluai Cort et raccrochai le téléphone. Encore une belle interview qui profitera à BSC. Et à Jimmy Reed.

@ Billy Lighter