It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé]
Ross Venor Malkovich
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Sujet: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Mar 10 Avr - 0:17
It's a long way to the top ... ft. Daniele Ricci
La vieille mustang fatiguée filait à vive allure sur la route qui menait à San Fernando Valley, pas vraiment ménagée par celui qui la conduisait. La nervosité aidant, et la musique qui passait sur le lecteur de cassette n'arrangeant rien, Ross appuyait un peu trop sur l’accélérateur, peu soucieux du nuage de poussière qu'il soulevait et des policiers en embuscade qui tenaient compagnie aux serpents sur le bas côté de la route. C'était Pandora qui avait pris l'appel pendant son absence. Le secrétariat de BSC l'informait que le manager de Roadtramp, un certain Monsieur Ricci, voulait le recevoir pour un entretien suite à son annonce. Le sang de Ross n'avait fait qu'un tour. Il avait passé la soirée à arpenter les rues en quête des disquaires pour écouter les disques de ce groupe qu'ils ne pouvait pas se payer. Il devait cerner leur style, savoir ce dont ils avaient besoin, capter l'essence de leur musique. C'était peut-être la première et la dernière chance de commencer une nouvelle vie ! Il devait décrocher ce job ! Il n'avait pas d'autre choix sinon il devrait prendre une place de maçon ou de docker sur le port. Il aurait pu tenter serveur aussi, mais il n'était pas assez aimable pour avoir des contacts directs avec une clientèle. Et il était un peu trop vieux pour se prostituer.
Il y avait pensé parce qu'un jeune de son immeuble le faisait pour ramener de l'argent et acheter le lait de son gamin, la came de sa copine et probablement la sienne. D'ailleurs, cette histoire le remuait plus qu'il ne voulait l'admettre. Devait-il aller voir les flics pour signaler que ce pauvre bébé était élevé par une mère junkie et un père qui faisait le trottoir ? Les flics, Ross ne les avait pas à la bonne. Tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un uniforme lui rappelait des moments de sa vie qui lui donnaient des envie de meurtre. Pourtant fermer sa porte et faire comme s'il ne savait pas n'était pas dans sa nature non plus. Il en avait parlé avec Pandora et elle avait levé les bras d'un air impuissant et dit:
- Aide-toi, le ciel t'aidera ! Tu es pas déjà assez dans la merde, Malko ? Tu veux vendre ta guitare pour leur payer leur loyer ? Toi tu te lèves chaque matin pour trouver un travail et eux ? Eux ils sont stone dans leur paillasse ... Ils se réveillent quand le soleil se couche...
- Mais le bébé ... Il a rien demandé, lui ...
- Iola avait rien demandé non plus ... Moi je veux bien aider, mais ceux qui veulent s'aider eux-même ... Et puis, Malko, tu en as dix dans chaque bloc d'Eastside des gens comme eux ... Tu peux pas porter toute la misère du monde à bout de bras ... Tu vas y laisser ta peau ...
Elle l'appelait Malko tout comme le faisait Iola. Ces deux-là avaient rapidement été très complices. Pandora avait quelque chose de rassurant avec sa cinquantaine truculente. Un peu comme une grande sœur pour lui et une tante pour sa fille. Elle avait une sacrée grande gueule et avait flanqué à la porte son ivrogne de mari qui lui buvait toute la pension de guerre de leur fils mort au Vietnam. Elle avait préféré se débrouiller seule dans ce quartier mal famé que de rester avec quelqu'un qui ne la respectait plus. Elle disait souvent que deux misères additionnées ne donnaient rien de bon, qu'il fallait un espoir pour faire tourner la misère en chance. Brad et elle n'avaient plus d'espoir. Seule, elle l'avait cultivée, en disant, "chaque chose que tu fais aujourd'hui compte pour aujourd'hui, mais aussi pour demain, alors fais-là bien ! " Et elle le répétait à Iola qui faisait quelques devoirs extraits des anciens cahiers de Don, le fils défunt.
Ross tira une cigarette du paquet qu'il avait acheté en début de semaine. Même sur les clopes il devait se rationner. Il l'alluma et inspira une bouffée puis chanta sur la voix de Bon Scott. Il approchait de l'agglomération où était sis les locaux de BSC et pas mal d'autres studios d'enregistrements, de télévision ou même de cinéma. C'est alors qu'il vit les gyrophares dans son rétroviseur et entendit la sirène. Par réflexe, il jeta un œil au compteur... Il était quelques miles en dessus de la vitesse autorisée ... Inutile de nier.
- Et merde ! Jura-t-il en se garant sur le bas côté.
L'un des motards se gara devant la voiture et l'autre derrière. Tandis que celui de derrière venait à hauteur de la portière, l'autre appelait sur son talkie-walkie pour vérifier la plaque. Ross sortit de la poche de son jean les papiers nécessaires et les tendit à l'agent.
- Nouveau venu ici ... Vous avez un permis étranger ... Il faudrait passer aux services d'enregistrement pour faire une demande de permis de conduire américain et vous inscrire pour l'examen de contrôle. - J'en ai bien l'intention monsieur. Acquiesça Ross, dès que je pourrais payer la taxe et le cours de remise à niveau. Je me rends justement à un entretien d'embauche et j'ai pris un peu de retard avec le trafic. Je sais, je n'aurais vraiment pas du rouler aussi vite.
- Il est où cet entretien ?
- BSC, je ne sais pas trop où est la rue ...
- Ahh le studio des Roadtramp, ma femme et sa fille sont fans ... Vous êtes musicien ?
- Ingénieur du son ... oui, c'est bien pour eux que je devrais bosser ... J'ai rendez-vous avec Monsieur Ricci, leur manager ...
Le policier rendit ses papiers à Ross et fit signe à son collègue d'approcher, puis ils conversèrent entre eux. Ross sentait sa chance s'éloigner à la vitesse d'un cheval au galop.
- On va vous escorter ! Dit finalement l'agent. Un mec qui écoute AC/DC est forcément pas mauvais bougre et puis ma femme va m'étrangler si je prive son groupe fétiche de techniciens ...
Son collègue hocha la tête et lança un petit papier sur la banquette.
- Vous en serrez quitte pour six places de concert gratos à apporter au district de San Fernando quand vous nous présenterez vos papiers en règle. Vous les remettrez à l'accueil dans une enveloppe au nom des agents Baker et Poncherello.
- Merci, vous pouvez y compter ... si j'ai le job ... Bredouilla Ross.
- Et faites ce qu'il faut aussi pour votre permis de travail. Tant que vous n'avez pas obtenu la nationalité américaine vous devez en avoir un en règle. Vous avez un mois de délai, pas plus ...
- C 'est bien pour ça que je dois avoir ce job !
L'agent hocha la tête et conclut:
- Alors allons-y sans perdre de temps !
Pourquoi Ross avait-il du mal à croire ce qui était en train de lui arriver ? Il se faisait escorter par deux motards de la police californienne alors qu'il avait plus de dix chefs d'infraction à son actif, entre l'état de sa voiture, sa façon de conduire, et sa situation de migrant toujours pas en règle. Quelque chose clochait ... Mais il n'était pas tellement en position de s'arrêter sur le bord de la route pour y réfléchir.
C'est ainsi qu'il fit son entrée sur le parking de BSC et gara sa caisse surchauffée sous l’œil goguenard de quelques californiennes en mini-short et t-shirt au nombril, lesquelles ne se gênèrent pas pour le reluquer de la tête aux pieds lorsqu'il sortit de la voiture, et mater plus précisément - il en prit conscience en mettant ses lunettes de soleil bon marché - une certaine partie de son anatomie. Cela ne manqua pas de faire rire les deux flics qui, avant de démarrer en trombe, lui balancèrent pouce levé - Bonne chance mon gars !
La situation était un peu trop surréaliste pour Ross, et elle devint carrément incroyable quand il passa devant les demoiselles. Il avait l'impression de se promener nu. Et lorsqu'il franchit le seuil de BSC, il entendit des sifflets distingués dans son dos. Respirant un grand coup, il franchit la porte vitrée et se présenta à l'accueil derrière lequel trônait une secrétaire blond platine à la poitrine avantageuse.
- Bonjour, je suis Ross Malko. J'ai rendez-vous pour un entretien au sujet d'un travail ...
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Dernière édition par Ross Venor Malko le Dim 6 Mai - 12:59, édité 3 fois
Daniele Ricci
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Mar 10 Avr - 20:03
It's a long way to the top... ft. Ross Venor Malko
Les embuches qui entravaient mon chemin vers la tournée me semblaient toute dépassées. J’avais résolu mon problème de protections des miens – avec l’aide de Jim – et j’avais presque terminé de régler tous les détails de la tournée. En plus, j’avais la chance d’avoir trouvé un second souffle alors que ça faisait plusieurs mois que j’étais mort crevé – que de bons augures !
Seulement, c’était sans compter sur l’ingénieur du son de Roadtramp qui avait eu le malheur de démissionner parce qu’il déménageait sur la côte est – pour être plus proche de son fils parait-il… Putain, il avait une carrière en or et un bon salaire – avec possibilité de tourner avec le meilleur groupe de métal du monde – et, lui, il s’en allait pour être plus proche de son fils sur lequel, si j’avais bien suivi l’histoire, il n’avait qu’un droit de visite… Allez comprendre…
Ce contretemps était fâcheux et je devais me grouiller de trouver un nouvel ingénieur du son digne de ce nom. Pour ça, j’avais feuilleté divers annonces et magazines et j’avais mis – aussi – ma secrétaire sur le coup. C’est ainsi que j’étais tombé sur un annonce avec les compétences requises. Ma secrétaire avait acté le rendez-vous avec un certain Ross Malko – quelque chose dans le genre – aux studios de BSC.
C’est, donc, aux studios que j’étais à me pavaner – bouteille de whisky à la main. J’avais décidé de faire passer l’entretien à Malko ici pour pouvoir lui montrer nos – magnifiques ! – studios si jamais il réussissait à me convaincre de l’engager. -Dany !, une voix – celle de Victoria Hunter – s’était élevée juste derrière moi alors que j’allais aller rejoindre la réception du studio.
Je m’étais retourné vers Vicky qui semblait essoufflée comme jamais – elle venait de courir le marathon ou quoi ?
-Moui, Vicky… Qu’est-ce qu’il se passe ?, demandais-je avec un air perplexe devant l’essoufflement de Vicky.
-Je te cherchais dans tout le studio… Je voulais te voir pendant que tu étais encore sobre ! Tiens, c’est pour ton fils, dit-elle en sortant une boite qu’elle cachait malicieusement derrière son dos.
Loin de me la tendre, elle avait échange l’étrange boîte contre ma bouteille de whisky. La boîte était ornée d’un nœud... C’était un cadeau que m’offrait Vicky – enfin, plutôt, qu’elle offrait à Tony…
-Un cadeau ? Pour Tony ? Pourquoi donc ?, demandais-je surpris en prenant le cadeau.
Vous devriez voir la tête de Vicky après ma question – magnifiquement épic. On aurait dit qu’elle venait de voir son fils s’étrangler avec sa propre dent de lait. -Pour son anniversaire triple idiot… C’était ce mois-ci. Ses 1 an…, dit-elle choquée que je n’aie pas fait le lien.
Ah oui – effectivement. Tony avait passé le cap des 1 an, il y a quelques jours. Erik et Maria l’avaient couvert de cadeaux et mon majordome avait fait un gâteau tellement énorme qu’on n’avait pas su l’achever…
-Oh ça… Il ne fallait pas Vicky…, dis-je en haussant les épaules.
J’avais commencé à défaire le nœud – j’avais envie de savoir ce qu’il y avait dedans. Seulement, Vicky avait frappé sur ma main pour m’empêcher de déballer le présent.
-Aïe !, dis-je surpris.
-Pas touche ! C’est pour ton fils, pas pour toi ! C’est lui qui l’ouvrira !, dit-elle fermement.
Sérieusement ?! Putain, c’était quoi ces pratiques…
-Ok…, dis-je en soupirant.
Vicky était heureuse et m’avait posé un baiser sur la joue.
-Je te laisse Dany. On se voit plus tard, dit-elle avant de s’éclipser.
Voilà, j’avais les mains chargées d’un paquet que je ne pouvais même pas ouvrir – c’était bien ma vaine… Merci Vicky…
Je m’étais dirigé – cadeau en main – vers la réception où n’allait pas tarder à arriver mon rendez-vous. - Bonjour, je suis Ross Malko. J'ai rendez-vous pour un entretien au sujet d'un travail ...
Ah ben, il était déjà là, en fait… L’homme se tenait devant la réception où Katherina – c’était le nom de la jolie blonde platine – était là pour l’accueillir. Malko était dos à moi et seul Kath’ pouvait me voir dans cette position. Je lui avais fait signe que ce rendez-vous était pour moi.
-Un rendez-vous avec Monsieur Ricci, c’est bien ça ?, dit-elle à Malko avec un sourire malicieux.Il est justement derrière vous.
Quand mon – probable – futur ingénieur du son s’était retourné, j’avais écarté les bras dont l’un tenait, toujours, le cadeau de Vicky à Tony.
-Bonjour Monsieur Malko et bienvenue aux studios de chez BSC !, dis-je avec un grand sourire. Suivez-moi, on va se mettre à l’aise !
Je lui avais fait signe de me suivre et on s’était déplacé jusqu’à une salle de réunion.
-Installez-vous, dis-je une fois à l’intérieur.
Je m’étais installé en face de lui mes jambes croisées sur la table qui nous séparait. J’avais balancé le cadeau sur la table en me rendant compte que j’avais complètement oublié de reprendre ma bouteille de whisky que m’avait pris Vicky. Putain…
-Alors, Monsieur Malko. Vous voulez devenir ingénieur du son, c’est bien ça ? Avant ça parlez-moi un peu de vous…, dis-je en frottant mon nez – un tic qui me reprenait depuis que j’avais repris ma consommation de cocaïne.
Je ne connaissais encore rien de ce type mais ça n’allait pas tarder – en espérant que ça soit directement le bon.
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Jeu 12 Avr - 22:06
It's a long way to the top ... ft. Daniele Ricci
La jolie blonde gratifia Ross d'un sourire et il acquiesça lorsqu'elle mentionna Monsieur Ricci. Autant dire que le grand brun était tendu comme une corde de guitare prête à péter. Et pour arranger le tout, la secrétaire lui annonça que le dit Monsieur Ricci se tenait juste derrière lui. Il se mordit la lèvre inférieure, ce qui chez lui était signe d'une grande nervosité et sauva la face en gratifiant la secrétaire d'un clin d’œil. Puis il tourna sa grande carcasse pour se trouver devant un quadragénaire à la coupe en bataille et au regard brillant. Ross voulait croire que c'était d'intelligence, et non lié au titrage de certains breuvages ou d'autres substances, mais son expérience en la matière lui soufflait qu'il allait devoir y aller tout en finesse et veiller à repartir avec quelque chose de signé, si l'affaire se concrétisait.
Il espérait que son potentiel nouveau patron n'avait pas assisté à son arrivée pas vraiment discrète sur le parking. Mais après tout, on était à L.A., la cité de toutes les excentricités et ce genre de débarquement toutes sirènes dehors devait être le quotidien d'un manager de rock dans cette ville. L'homme lui sembla d'emblée accueillant bien qu'encombré d'un paquet. La propension des Américains à avoir quelque chose dans leurs mains avait immédiatement frappé Ross dès leur débarquement. Il ne s'agissait pas de parler des voyageurs qui avaient logiquement une valise en main, mais des piétons déambulant dans la rue. C'était, qui un chien en laisse, qui une sucette, qui une ombrelle, qui un lecteur de cassettes portatif, qui une mallette plate et noire. Les habitants de cette ville ne savaient pas vivre sans porter quelque chose.
Ross tendit maladroitement sa main droite mais la retira aussitôt. Monsieur Ricci ouvrait ses bras encombrés mais, peu habitué aux contacts tactiles avec des inconnus, Ross resta planté là comme un piquet. Heureusement l'homme paraissait chaleureux et sympathique au premier abord. Ross nota qu'il avait une haleine alcoolisée mais ne jugea pas pour autant. Lui-même n'avait pas toujours un souffle embaumant la fraise et chacun avait sa façon de gérer une journée. Le Polonais hasarda une formule de politesse.
- Bonjour Monsieur Ricci. Merci de me recevoir...
Il suivit timidement son hôte jusqu'à une salle de réunion assez cossue sur les murs de laquelle s'alignaient les disques d'or et de platine des groupes signés par le label. Impressionnant ... Les yeux du musicien brillaient d'espoir en contemplant le palmarès édifiant des poulains et vétérans de BSC. Il le savait pour avoir étudié le catalogue de BSC toute la nuit, la plupart de ces artistes avaient dix, quinze ans de moins que lui. Voire plus. Ross soupira. Qu'est ce qu'il avait manqué ? Comment se retrouvait-il là à 35 ans ? Il se replongea brièvement en arrière et les visages d'Irina et Iola s'imposèrent. Rien. Il n'avait rien manqué. Il avait juste assumé ses responsabilités et écouté son cœur. "Les rêves ne valent rien si on ne les partage pas avec ceux qu'on aime. " Cette phrase qui lui venait de son grand-père, lui-même immigré, apaisait toujours Ross.
Dans la salle de réunion, Monsieur Ricci prit ses aises et mit les pieds sur la table. Signe qu'il était le Boss ici ? Où simplement provocation inconsciente d'un individu borderline et quelque peu cynique ? Il balança le paquet sur la table et Ross espérait en son fors intérieur qu'il ne s'agissait pas d'envois d'un groupe démarchant les maisons de disques. Il sourit humblement aux propos de son interlocuteur et précisa:
- J'espère devenir un membre de BSC. Je suis déjà- Ross insista sur le "déjà"- ingénieur du son, de formation et d’expérience.
Ross hésitait à poursuivre. Il réfléchit en se triturant ses grandes mains de bassiste.
- Sauf votre respect, Monsieur, ma vie privée et moi, c'est secondaire en l'occurence. Je veux dire ... Parlez-moi plutôt de vos poulains, des musiciens que vous représentez. Ceux avec qui je dois bosser. C'est à moi de les mettre en confiance, de me mettre à leur main pour faire en sorte de servir au mieux les qualités de leur musique, mais aussi son esprit.
Ross regardait cet homme et essayait de le sonder. Habituellement, il avait souvent la bonne impression dès le départ. Mais dans le cas de Monsieur Ricci, les cartes étaient faussées. Il essayait de capter le regard de l'homme, ces yeux noisette facétieux. Une façade de clown qui dissimulait quelque chose de bien plus authentique. Ça aurait été plus simple de tomber sur un comptable technicien pragmatique. Au vu du CV, même allégé, de Ross, il l'aurait probablement engagé immédiatement. Peu d'ingénieurs étaient aussi polyvalents et à l'affût des avancées technologiques que l'était Ross. Rester à la pointe dans son pays, à cette époque, avait nécessité de nombreux voyages, un réseau professionnel et amical entretenu en Europe. Ross avait entretenu ce réseau. Par passion tout d'abord, puis par précaution. Fils de migrants, il savait plus que quiconque que le salut était parfois dans la mobilité et l'adaptation. L'essentiel était de ne pas renier ses valeurs de base. Ross en avait quelques unes qu'on pouvait essayer d'attaquer à la tronçonneuse. Elles étaient chevillées au corps du bonhomme.
- Vous avez sans doute consulté mon C.V. Tout y est. Si je suis out, inutile de perdre notre temps, dites-le moi simplement. Si je suis ce que vous recherchez, ma vie privée vous importe peu. Ce qui reste à négocier, c'est la rémunération. Soit elle inclut l'internat pour ma fille de 15 ans étant donné que je devrais m'absenter de longs mois, soit elle ne l'inclut pas et je vais tenter ma chance chez vos confrères.
Ross prit une longue inspiration et admit:
- Oui j'ai une fille de 15 ans qui entre à Fairfax sous peu. Elle est assez grande pour se gérer mais elle doit entrer en internat. Je pense qu'un ingénieur du son qualifié doit avoir un salaire permettant de faire face à ce genre d'impératif. Est-ce que je fais fausse route ? Parce que si on ne s'entend pas sur ce plan, c'est inutile que je vous explique ma façon de travailler avec un groupe ou un artiste. Ni le sur mesure que je propose.
Ross se maudissait déjà de n'être pas plus diplomate mais que pouvait-il promettre de plus ? Iola n'avait déjà plus de maman. Il était hors de question qu'il devienne un père merdique pour sacrifier à sa passion.
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Dim 15 Avr - 19:07
It's a long way to the top... ft. Ross Venor Malko
Le – peut-être – futur ingénieur du son de Roadtramp m’avait salué. Il semblait être un peu timide ou stressé mais c’était normal étant donné qu’il venait pour essayer de décrocher un job… Restait à voir s’il allait satisfaire au grand – et tout puissant ! – Daniele Ricci.
Je l’avais emmené dans la salle de réunion – en oubliant complètement que j’avais laissé ma bouteille de whisky à Vicky… La salle était toute désignée pour recevoir un entretien d’embauche – quatre murs, des chaises et une table, il ne nous fallait rien de plus… Il pouvait même admirer tous les disques d’or et de platine que BSC avait remportée – il y avait, entre autre, ceux de The Army et des Planes, deux anciens groupes à moi.
Je m’étais mis à l’aise en envoyant balader le cadeau de Vicky un peu plus loin sur la table. Les mains vides, je n’avais eu d’autres choix que de faire le constat de l’absence de whisky – et il n’y avait pas d’interphone dans cette putain de salle de réunion. C’était déprimant…
Ça commençait mal – mais inutile de perdre mes moyens pour ça. J’avais entamé l’entretien en lui demandant de parler de lui. Plus j’allais le faire parler, plus j’allais en apprendre sur lui. Déjà, son style trahissait son goût certain pour la musique – c’était un bon point. Restait à voir quel homme était ce fameux Ross Malko.
Ross espérait pouvoir faire partie de la grande famille de BSC. Il était ingénieur du son et avait de l’expérience dans le métier.
Pour l’instant, ce qu’il venait de me dire, je l’avais lu dans son CV – rien de neuf sous le soleil…
Il ne voulait pas s’étaler sur sa vie privée – ah tiens, un point sensible… Il voulait que ça soit le grand Daniele Ricci qui parle de ses poulains et du – potentiel – futur travail de Ross. Malko n’avait pas la confidence facile…
Vous savez ce qui m’a marqué le temps de ses quelques phrases ? Son accent. Ross ne venait pas d’ici – difficile de savoir précisément d’où il venait mais ce n’était pas un Américain. J’avais souri en faisant cette déduction.
Je n’avais pas encore parlé – je me retenais de le faire. J’avais pris une cigarette et j’avais commencé à fumer – à défaut d’avoir mon fidèle whisky…
Il parlait bien, il se défendait bien et ne manquait pas de confiance en lui. Il jugeait que sa vie privée m’importait peu et que seul sa façon de travailler était importante – c’était à moi d’en juger, ça... Il avait quand même dit qu’il avait une fille et qu’il souhaitait que l’internat soit inclut dans son salaire – voilà un père de famille très prévoyant ! Très exigeant aussi, ce qui m’avait fait fortement sourire. Pour résumer, Ross savait ce qu’il voulait et il essayait de bien me le faire comprendre.
-Vous n’êtes pas en manque d’exigences, Monsieur Ross, dis-je avec un sourire en coin. Les rémunérations de BSC incluent une possibilité d’internat pour vos gosses pendant la durée de la tournée. Vous pouvez être en paix avec ce point.
Je pouvais – aisément – deviner que sa gamine de 15 ans ne devait plus avoir de mère ou bien cette dernière était partie. Sinon, elle aurait très bien pu garder sa môme pendant que Ross est en tournée.
Je ne savais pas si j’aimais bien ce type ou non – je délibérais toujours.
-Comme vous devez le savoir… Parce que tout le monde le sait… Je suis le manager de Roadtramp. C’est avec ce groupe que vous aurez à travailler pendant la tournée et en dehors de celle-ci pour les divers enregistrements, dis-je en soufflant la fumée de ma cigarette et sans avoir retiré mes pieds de la table. J’aimerais savoir, maintenant qu’on est en accord sur le point de la rémunération, comment vous compter aborder le travail avec eux ? Mais avant tout : vous venez d’où ? Malko, ça ne fait pas très Américain… A moins que je ne me trompe, demandais-je avec un sourire en coin.
J’avais reconnu un accent étranger – je voulais confirmation de ce que j’avais entendu.
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Lun 16 Avr - 1:38
It's a long way to the top ... ft. Daniele Ricci
Ross avait pris un risque en jouant la carte de la franchise. A plus d'un titre. D'entrée, il avait posé les balises indiquant la limite à ne pas franchir sur le plan de sa vie privée. S'il venait d'un pays dont la vie sociale était loin d'être aussi débridée moralement qu'aux States, il avait tout de même côtoyé quelques groupes célèbres en Europe, notamment quand il avait bossé à Hanovre avec les Rattlesnake, juste avant de prendre la fuite avec sa famille. Il savait que la notoriété dans ce milieu rimait souvent avec porosité entre le privé et le public. Si Ross concevait que son travail d'ingénieur du son, voire d'artiste, l'oblige à une certaine convivialité, disponibilité, sociabilité, en revanche, il excluait que sa vie privée soit exposée que ce soit aux médias ou à ses collègues. Fut-ce à son patron. Il toussota, le poing devant la bouche.
- Je sais qui vous êtes et j'ai beaucoup de respect pour ce que vous faites. Vous avez donné leur chance à tous ces artistes. Certains sont des légendes ... The Army, The Planes ... Des légendes que vous avez contribué à bâtir ... Ross eut un geste du bras pour désigner les disques qui ornaient le mur.
Tout en écoutant Ricci finir de développer son argumentaire, il sortit son paquet de cigarettes tout tassé .
- Je peux ? Je suppose ...
Il en extirpa une et l'alluma sans attendre de réponse.
- Je conçois que vous pouvez prendre ma demande comme une exigence présomptueuse mais puisque vous y répondez favorablement et que vous avez prévu d'inclure cette clause si nécessaire, c'est qu'elle n'est pas déraisonnable. Je suppose qu'il valait mieux partir sur de bonnes bases dès le départ afin de ne pas vous faire perdre votre temps qui est précieux.
Ross ôta sa veste en toile kaki et la posa sur le dossier de la chaise. Il faisait chaud malgré la ventilation qui brassait de l'air. Pourtant on était en février. Putain de pays et de Californie. Pas étonnant qu'il y pousse des oranges et des filles en bikini.
- Donc ... Me voilà rassuré pour l'internat ! J'ai écouté les deux albums de Roadtramp, le live et le studio. Qui aviez-vous à la production et au mastering ? Ce groupe c'est de la dynamite mais ce que j'ai entendu c'est comme si vous vouliez tirer un mortier de 40 dans un tube à feu d'artifices ! Bon sang, je sais qu'on est au pays des blondes décolorées, des palmiers et des tremblements de terre, mais leur potentiel est international. Je pense qu'ils ont d'autres envies que le créneau "sex, drugs and ... alcohol" mais qu'ils ne le savent pas encore. Revenons au rock'n'roll. Vous savez beaucoup de groupes américains sont des modèles pour l'Europe, c'est vrai. Mais eux, vos petits gars, là, ils ont capté le Saint Graal, la source du rock'n'roll et ils ont ça en eux... Quand on écoute seek and destroy ...ça vous remet les burnes en place quoi. Mais il faut qu'ils fassent le bon mix entre les origines du rock'n'roll et leurs origines à eux. Il faut qu'ils fondent leurs tripes dans le creuset et que ça fasse fusion. Et c'est là que nous intervenons. Ils ont leur idée en tête. Une idée de ce qu'ils veulent faire comme musique, de comment ça doit sonner. Ça leur appartient, c'est leur droit divin; celui du créateur sur sa création! Mais, nous, on doit leur foutre les ailes pour porter tout ça au plus haut. Vous, vous connaissez votre partition sur le bout des doigts : c'est la promo, les tournées, les contrats. Tout ça !
Ross s'était levé et arpentait la pièce nerveusement, ça y était ! Il était lancé et rien ne pourrait l'arrêter sauf si Ricci sortait un calibre d'un tiroir et lui tirait une balle.
- Mon job à moi, ou celui du type que vous allez embaucher, ce sera de servir la création sans la trahir, au contraire en la sublimant. Comment ça se passe ? Eh bien, selon moi, on doit vivre avec le groupe, bouffer avec le groupe, dormir avec le groupe. En tout cas, moi c'est comme ça que je fonctionne.
Le grand brun s'interrompit net et fronça les sourcils devant l'expression indéchiffrable du manager.
- Qu'il n'y ait pas de malentendu. Quand je dis dormir, c'est dormir. Pas baiser. On doit comprendre la genèse de leur musique pour mieux la servir et pour ça, quand je travaille sur l'enregistrement, le mastering, la production d'un album studio, je deviens le xième membre du groupe. Pas de prise de son en une semaine du genre "on se connait pas salut, tu ponds ton truc et je te le mixe et ensuite je te sors l’œuf et au revoir, à la prochaine", non pas de ça avec moi. Je suis pas une poule ! Je travaille avec des artistes, des créateurs, pas des ouvriers du disque qui doivent fournir une production annuelle. Pareil sur une tournée, je suis le membre invisible derrière les consoles et chaque avant concert fait l'objet d'une préparation concertée avec le groupe. Je suis très chiant pour les balances. Pas de réglages de dernière minute, ça se fait au minimum en milieu d'après-midi et je fais un feedback au groupe pour les derniers ajustements, environ une heure avant le concert. C'est comme ça que je bosse. Chaque salle a une façon d'épouser le son d'un groupe, ou l'inverse, et ça bon sang ça s'improvise pas. Même sur les Fest, j'aime au minimum qu'on checke le son le matin avant que les autres groupes passent ...
Le Polonais allait et venait dans la pièce en faisant de grands gestes. Il parlait avec les mains comme s'il était subitement possédé par un démon qui animait son corps et donnait à ses yeux gris un éclat particulier. La Passion selon Malko. Au moment où il mimait les musiciens en train de jouer, la blonde platine passa dans le couloir et le vit par la baie vitrée de la salle. Tandis qu'elle lui jetait un étrange regard, le grand geste emphatique du Polonais se transforma en un coucou et il lui dédia un clin d’œil malicieux. Rejetant ses cheveux en arrière, Ross se rassit et alluma une seconde cigarette après avoir écrasé la première dans le cendrier.
- Désolé, j'ai tendance à beaucoup parler d'un coup. En général je suis pourtant plutôt discret. Mais quand j'explique ... J'ai besoin de bouger ... Bref, désolé ! Engager un fou n'est peut-être pas dans vos projets. plaisanta-t-il.
Il tata la poche de la veste qu'il avait posé sur la chaise.
- Vous voulez peut-être vous faire une idée plus précise de mon travail studio et live ? Si vous aimez ce qui se passe sur le continent européen, vous avez sans doute entendu parler de deux groupes qui sont déjà passés aux States de façon un peu confidentielle mais qui montent actuellement très fort et projettent des tournées internationales ... J'ai bossé pour les deux. Rattlesnake? Ça vous dit quelque chose ? Ils ont fait une tournée mondiale qui passait par les States il y a quatre ans. J'ai participé à la production de leur album "Blackout". Vous les voulez à L.A. cet été ? Vous voulez que Roadtramp partage quelques dates avec eux ? C'est possible. J'ai des contacts. Mais je vais vous laisser écouter ce que je sais faire ?Ce que j'ai fait avec eux et d'autres. Vous avez un lecteur VHS je suppose ?
Ross sortit une cassette vidéo de la poche de sa veste en toile kaki et la fit glisser sur la table jusqu'à Daniele Ricci. Puis il tira sur sa cigarette et poursuivit après l'avoir secouée dans le cendrier en albâtre rose qui trônait au milieu de la table.
- Le second groupe dont je voudrais vous parler, si vous projetez une tournée pour Roadtramp en Europe, au Japon et en Australie, c'est Iron Throne. J'ai sonorisé leurs dates sur le sol allemand et les pays de l'Est ainsi que le Japon. J'ai gardé des contacts. C'est sur la bande. Précisa-t-il en désignant la cassette VHS. Et pour répondre à votre question, je suis de nationalité polonaise. Je viens de faire une demande de naturalisation...
Il s'interrompit un moment pour réfléchir et laisser Daniele Ricci digérer toutes ces infos. Il se demandait s'il devait lui parler de son implication artistique dans les autres groupes qui figuraient sur la suite de la bande. Le mieux était peut-être de ne pas assommer plus que ce n'était déjà fait le manager avec sa vision du métier. Il ne put s'empêcher de rajouter quand même:
- Si vous m'engagez, clairement, ils vont m'avoir sur le dos quand il s'agira du son et ce sera pour leur bien. Bien sûr, il faut que le courant passe aussi entre eux et moi. C'est pourquoi je pense que même si on devait signer un préalable aujourd'hui, l'honnêteté veut que je fasse quelques sessions d'essai avec eux avant un contrat ferme. Je vous garantis que c'est pas moi qui craquerai. J'ai le cuir dur. Mais eux ils pourraient bien me maudire plusieurs fois par jour au départ, pour au final me remercier. Je ne mâcherai pas mes mots si je trouve que l'un d'eux trahit le deal. Je ne suis pas une nounou pour grands ados, j'ai ça à la maison. Je suis un homme qui vient bosser avec des artistes. Ils veulent que leur musique sonne comme ils l'entendent dans leur tête ? C'est mon job. Mais eux aussi vont bosser dur !
Who Am I? Age: 43 ans Date de naissance: 24 juillet 1942 Localisation: Villa Ricci Birth place: Rome en Italie Je suis: le meilleur Song: Back In Black - AC/DC
Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Lun 16 Avr - 19:32
It's a long way to the top... ft. Ross Venor Malko
Un bon point – Ross savait qui j’étais. La possibilité qu’il ne me connaisse pas était minime – voire impossible pour un fan de musique – mais sait-on jamais… Il avait du respect pour moi – je préférais l’admiration mais le respect, c’était pas si mal…
J’avais achevé de parler pour lui expliquer que son exigence serait respectée quand il avait sorti une cigarette et avait – de façon rhétorique – demandé s’il pouvait la fumer. Je fumais moi-même, du coup, je n’avais aucune objection.
Seulement, la suite était digne… De Mademoiselle Psychose. Ross avait commencé à parler sans pouvoir s’arrêter. Ma question ouverte l’avait amené à s’étendre sur sa façon de travailler avec le groupe. Putain – je ne m’attendais pas à un tel déploiement de mots.
Il avait tout entendu de Roadtramp et ne tarissait pas d’éloges à leur égard. J’avais eu tôt fait de remarquer que Ross était très strict dans son travail – en plus d’être extrêmement exigeant. Était-ce un point négatif ? Pas forcément – il faut être exigeant pour faire du bon boulot. Il avait une vision très claire de son métier et savoir de quoi il parlait. Il voulait porter Roadtramp encore plus loin qu’il n’était déjà et leur faire accéder à la reconnaissance internationale – il parlait comme un manager, parfois, le Malko.
Je suivais non sans me dire que ce type rivalisait clairement avec Mademoiselle Crane – sauf que ce que disait Ross était bien plus intéressant.
L’ingénieur du son s’était mis à faire les cents dans la pièce - il allait me foutre le tournis à force… Putain, qu’est-ce que je ne donnerais pas pour une bonne bouteille de whisky ou une bonne ligne de coke – non, Ricci, retiens-toi… J’essayais de rester concentré sur chaque mot que débitait Ross. Il m’avait bien expliqué qu’il ne serait pas avec le groupe que pour le moment de l’enregistrement mais qu’il devait « vivre » avec eux – c’était comme ça qu’il voyait son métier. Roadtramp n’était pas des divas, ils étaient du genre à considérer les roadies comme leurs amis – donc, Ross était plutôt bien tombé. Son exigence était tout à son honneur, il restait à savoir si ça allait coller avec Eddy et consort…
Ross s’était réinstallé à sa place et avait entamé une autre cigarette – j’étais à ma troisième en attendant… Il s’était excusé de son débit de parole mais avait recommencé à parler tout de suite de l’ancien groupe pour lesquels il avait bossé. Je connaissais le connaissait – c’était un très bon groupe – et je l’avais confirmé à Ross pendant qu’il continuait à parler. Il m’avait même proposé l’éventualité d’avoir ces groupes sur quelques dates de Roadtramp – il montrait son utilité à tous les niveaux. Seulement, Daniele Ricci n’avait pas besoin d’intermédiaires…
Il m’avait donné la cassette où se trouvait le fruit de son travail. Il m’avait parlé d’un groupe avec lequel il avait travaillé en Europe essentiellement. Car oui, j’avais devant moi un Européen – un Polonais pour être exact, d’où l’accent. Je devrais l’engager juste pour faire enrager Daryll, tiens – ça pourrait être drôle… J’avais souris rien que d’y penser.
Ross avait terminé sa – très très très – longue tirade criblée de légère pause en estimant qu’il serait mieux de voir si ça collait avec le groupe avant d’en arriver au contrat pur et dur. Il voulait tirer le meilleur de Roadtramp mais sera d’une exigence sans borne – il ne rigolait pas…
Il semblerait que Ross avait – enfin – fini de parler.
-Waw !, dis-je en sifflant d’admiration. Vous ne manquez pas de souffle et de mots, vous…
Restait à donner mon avis sur tout ça – c’est parti Ricci !
-La cassette me sera très utile. J’y jetterais un œil après cette entrevue, dis-je en montrant la cassette que Ross m’avait passé.
J’avais retiré mes pieds de la table pour scruter un peu mieux Ross le Bavard.
-Vous semblez avoir une façon de travailler très exigeante mais très efficace. Si des groupes tels que Rattlesnake vous ont choisi, c’est sûrement que vous êtres très bons dans ce que vous faites. Je connais Rattlesnake. Ils font de la qualité et j’aime le son qu’ils produisent, dis-je en écrasant ma cigarette dans le cendrier qu’il y avait entre nous.
Ross parlait beaucoup mais il était sûrement très bon – restait à savoir si ça allait coller avec les gars de Roadtramp chose que je ne pouvais pas savoir… -Roadtramp est un groupe qui aime passer du temps avec les roadies. C’est une grande famille. Ils partagent des bières et font la fête ensemble autant qu’ils travaillent ensemble. Je suppose que ça représente un peu la façon dont vous voulez « vivre » avec eux, dis-je en m’allumant une autre cigarette. Reste à savoir si ça va coller entre vous Eddy et consort. Je ne suis pas encore expert en relations humains, donc je ne saurais pas le dire, rajoutais-je avec un sourire en coin. Tout comme je ne saurais pas dire si votre façon de travailler collera à la leur. Moi, je suis manager. Tout ce que je veux, c’est qu’ils me sortent de la qualité et que vous fassiez en sorte que le son rende bien. De l’efficacité, c’est ce que je veux.
Ça il semblait savoir le faire – me restait à le confirmer en regardant la cassette mais j’avais déjà entendu les Rattlesnake et c’était du bon son.
-Maintenant, j’ai besoin d’un ingénieur son… Pas d’un entremetteur. Si j’ai envie d’avoir Rattlesnake sur un concert de Roadtramp, je m’en chargerais sans mal. Je suis Daniele Ricci, dis-je avec toujours ce même sourire en coin. Et ne vous en faites pas pour Roadtramp. C’est des bosseurs. Ils vivent pour leur musique. Vous n’avez pas à vous en faire pour ça. Ce sont des pros.
Ils descendent des bières aussi bien qu’ils composent – n’était-ce pas merveilleux ?
-Je pense que je peux vous mettre à l’essai avec eux pour voir si le courant passe. Vous êtes le seul ingénieur du son valable dans le coin et la tournée approche, donc, vous me semblez tout désigné pour le poste, dis-je en soufflant la fumée de ma cigarette. Vous voulez peut-être voir les studios ? A moins que vous ne préfériez encore parler ?, dis-je sur un ton taquin. On a qu’à faire le tour en se buvant un whisky, ça vous dit ? On pourra aborder les autres questions en chemin, rajoutais-je avec toujours le même sourire. Vous avez déjà travaillé dans des studios aussi grands que ceux de BSC ?
C’était les meilleurs studios qui soient – à la pointe de la technologie.
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Mar 17 Avr - 17:12
It's a long way to the top ... ft. Daniele Ricci
Daniele Ricci l'avait écouté durant plusieurs minutes sans aucune interruption et très franchement, cela pouvait être un bon comme un mauvais signe. Soit il était en train de s'endormir bercé par la jactance du grand brun, soit il était littéralement fasciné par sa façon d'expliquer sa passion pour son métier, son enthousiasme pour Roadtramp et la musique en général. En fait, non. C'était ni l'un ni l'autre. Sans en avoir l'air, tandis que Ross débitait quinze mots à la seconde, tout en gesticulant et déambulant, tout ça bien entendu pour masquer la tension et le trac qui l'habitaient, il avait observé le type qui se grillait cigarette sur cigarette, se frottait le nez nerveusement, mettait ses pieds sur la table puis les retirait brusquement, se penchait en avant ... Tout ça il l'avait bien vu et mis dans un coin de sa tête. Il commençait à comprendre vaguement que le manager était lui-même un rien nerveux et fébrile. En revanche, savoir ce qu'il pensait de lui avant qu'il daigne l'exprimer s'avéra impossible. C'était comme si Ricci était là, dans la pièce avec lui, mais que ses préoccupations allaient par intermittence vers d'autres impératifs. Quand il daigna enfin réagir à son exposé un rien longuet et emphatique, Malko comprit que Ricci faisait partie des gens qui ont toujours une réaction inattendue. Première réaction: un sifflement et une onomatopée euh ... admiratifs ? Ou alors ce mec était extrêmement ironique ?
Malko décida de répondre sur le même ton:
- Merci de m'avoir écouté jusqu'au bout sans dormir ! Pour les mots et le souffle, j'ai été chanteur et auteur compositeur, ça aide ! Vous en savez quelque chose. Vous êtes chanteur aussi, non ? Ajouta-t-il en riant.
Le manager précisa qu'il préférait regarder la cassette tranquillement après l'entrevue, ce que le Polonais comprenait parfaitement. Il aurait fait de même s'il avait été à la place de Ricci. Il aurait préféré regarder l’enregistrement seul, afin de pouvoir se repasser certains détails importants. Ross espérait toutefois qu'il en prendrait soin et ne la balancerait pas comme il avait jeté le paquet qu'il tenait dans ses mains au début de l'entrevue. Paquet qui d'ailleurs -après observation plus attentive- était affublé d'un gros nœud et donc probablement un cadeau d'admirateurs pour lui. Ricci semblait faire peu de cas des attentions de ses fans. Ross n'avait pas de copie de cette VHS, ni les moyens de la faire dupliquer avant de la lui remettre. C'était un souvenir et il y tenait. Il n'avait pas envie de la retrouver en miettes, d'autant que Monsieur Ricci semblait parfois en proie à une tension interne qui faisait tiquer Malko. Même si le Polonais n'aimait pas faire des raccourcis - ça se voyait d'ailleurs dans sa façon de s'exprimer, hein, et de tout disséquer - il se demandait quand même à quoi carburait son interlocuteur. A bien le regarder, il n'avait pas spécialement l'air serein et au meilleur de sa forme. L'haleine alcoolisée repérée au début de l'entretien ? Le manque lié à l'alcool semblait insuffisant pour expliquer cette exubérance alternée de vide expressif. Pendant son monologue Ross n'avait pas été sans remarquer, l'air parfois absent du manager alors qu'au début, dans le hall, il lui avait paru hyperactif. Il avait même pensé que Ricci allait lui donner l’accolade quand il avait ouvert les bras. Puis cette façon de mettre les pieds sur la table ... "Ok on est à L.A. mec ! Tout est un grand show ici !" s'était dit Ross intérieurement. Mais quand même, ce type, au demeurant sympathique, était d'une désinvolture désarmante.
Bien sûr le Polonais avait reçu une éducation tellement stricte qu'il lui en fallait probablement peu pour être choqué dans les interactions sociales de base. Pourtant il n'était pas le dernier à déconner et délirer ... et à provoquer dans l'extrême, mais sur scène ou dans des contextes très particuliers. Par exemple le fait de montrer leurs fesses aux miliciens durant les concerts lorsqu'il tournait avec Zagiel, de déchirer des bibles ou des livres rouges ou encore d'uriner sur les véhicules militaires placés autour des lieux de concert ne lui posait aucune problème. En revanche, à la ville, Malko était du genre à aider les petites vieilles à traverser, à ne pas supporter qu'on manque de respect aux femmes et à punir sévèrement sa fille lorsqu'elle disait des gros mots ou ne rangeait pas sa chambre. Mettre les pieds sur la table devant un inconnu était inconcevable chez les Malkovitch et aurait valu à Iola une semaine de corvée de ménage supplémentaire. Ross chassa de son esprit cette pensée dérangeante, quoique amusante, de Monsieur Ricci avec un plumeau à la main... D'ailleurs, heureusement, il avait fini par les enlever ... ses pieds.
Peut-être bien qu'en fait, Daniele Ricci était en représentation permanente et que là en le recevant, il lui faisait son show. Une façon de se mettre en scène pour mieux faire baisser la garde de son interlocuteur et le jauger. Ou alors c'était vraiment lui. Sa façon d'être, brute de décoffrage. Ce type était peut-être d'une désinvolture absolument naturelle ou en train de le tester. Impossible de savoir ! Il valait mieux donc, rester dans le sérieux, le professionnalisme et la retenue.
Malko croisa les bras et hocha la tête en écoutant le manager donner son avis sur son exposé. Au fil de ce qu'il apprenait, les sourcils du Polonais se fronçaient et il se contentait de ponctuer les phrases de Ricci d'un "han! han!" songeur. Autant le grand brun avait été prolixe verbalement au début de l'entretien, autant il revenait maintenant à ce qu'il savait faire le mieux : écouter. C'est ainsi qu'il se borna à dire, lorsque Ricci leur expliqua que Roadtramp était une grande famille qui passait du temps, travaillait et buvait des bières ensemble.
- Il faut voir ... effectivement ...
Même s'il en tirait ses propres conclusions, il les gardait pour lui. " Ouais alors les bières ce sera certainement pas avant d'entrer en studio avec moi, et pas non plus avant le concert et ni les soirs où on n'a pas de jour off derrière. Faut pas déconner avec le respect du public et de ses partenaires. En revanche se prendre une cuite pour fêter un disque d'or, la fin d'une tournée ou quelques jours de vacances, j'y vois pas d'objection."
S'il y avait bien un sujet où Malko était en phase avec le manager, c'était le fait qu'il soit nécessaire de faire un essai avec les premiers concernés. Si ça ne collait pas entre lui et les musiciens, toute collaboration serait contre productive.
- Le son rendra bien, vous pouvez être tranquille ! Il mettra en valeur l'état d'esprit du groupe, ses qualités créatives et techniques sans pour autant les dénaturer. Mais, on est d'accord, il faut qu'on voit si on est sur la même longueur d'onde eux et moi ... Répondit sobrement Malko.
Il aurait bien grillé une troisième cigarette mais il ne lui en restait que quatre dans le paquet pour finir la semaine. Il avait tiré ses deux quotidiennes durant l'entretien mais il en avait eu besoin. Maintenant il devait se modérer. Sous de rares aspects, être pauvre n'était pas mauvais pour la santé. Sauf que là, en entendant ce que Ricci lui disait à présent, il avait envie d'allumer les quatre en même temps. Il se contenta d'en prendre une seule. Il avait besoin de ce job et d'une certaine façon, il semblait avoir une chance de le décrocher. Donc il mit son amour propre dans sa poche et un mouchoir par dessus comme disaient les Français.
- Un entreme ... quoi ? Murmura-t-il. Il y a maldonne, je ne joue pas les entremetteurs pour les groupes. Chacun son job. Les Rattlesnake et leur manager sont des amis. Mais si vous avez le numéro de Jurgen, inutile que je vous le file, en effet. Idem pour Bob Templeton qui coache les Iron Throne, il figure aussi dans l'annuaire professionnel.
Ross tira sur sa cigarette et répondit au sourire en coin de Ricci par un sourire songeur.
- Ça me ferait plaisir de les revoir et de tourner avec eux sur quelques dates ... Cela dit, il est probable que leur Tour soit déjà bouclé sur le papier à cette heure. Vous arriverez à les convaincre sans mal de glisser une ou deux dates de plus, j'en doute pas.
La conversation revint fort heureusement au sujet principal: Roadtramp. Ricci défendait ses poulains, ce qui était le minimum pour un manager. En revanche les notions de travail et de professionnalisme étaient variables d'un individu à l'autre et rien ne valait la prise directe pour évaluer les capacités de travail et le perfectionnisme de quelqu'un. Malko opina de la tête avec enthousiasme.
- Si ce sont des bosseurs et des pro alors ils seront servis avec moi.
" C'est ce qu'on verra mon gars ! Je me ferai ma petite idée par moi-même. En tout cas, les pieds sur la table de mixage, il faudra pas trop y compter, ni une bière entre chaque prise." songea-t-il la mine sévère.
Ça faisait toujours plaisir d'apprendre qu'on était pris à l'essai par défaut parce qu'on était le seul "valable dans le coin". Ce mec avait le don de motiver les troupes ! Ross avait envie de lui répondre "ouais je sais pousser quelques manettes sur une console, j'ai déjà sonorisé les surprise party de ma fille" sauf que Iola n'avait encore jamais fait de surprise party. Aussi Ross se contenta de dire:
- Allez! Faites donc ça ! Mettez -moi à l'essai !
Pour un peu, Ricci lui soufflait sa fumée dans la gueule. Où était passé le type sympa du début ? Instable le monsieur ? Où alors il n'avait pas apprécié que Ross étale son carnet d'adresse et lui propose d'en profiter. Toujours est-il que le Polonais n'allait pas entrer dans une concurrence pour savoir qui avait la plus longue. Ricci et lui devaient bosser ensemble au succès de Roadtramp. Ça supposait une certaine maturité. Une abnégation aussi... Ross était prêt à parier que sur ce coup, il devrait en avoir pour deux. La modestie n'était pas ce qui sautait aux yeux quand on écoutait Daniele Ricci parler.
Bon, le ton semblait se détendre à la perspective de visiter les studios et de descendre un verre de whisky. Après tout, peut-être que Ricci n'était pas mauvais bougre. Il était juste ... californien. Avec tout ce que cela supposait au niveau de la modération et de l'ego. Et puis cette manie de jouer avec son nez ... Il venait de subir une rhinoplastie récemment ?
- Avec plaisir ! Pour la visite et le verre ! Répondit Malko. Puis il hocha négativement la tête à sa question au sujet de la taille des studios. Non non, vous savez, en Europe on a tout plus petit que vous ...
Ross ne put s'empêcher d'afficher un sourire radieux et candide tandis que les deux hommes se levaient. Il surplombait de vingt bons centimètres le dessus du crâne de Ricci et sa coupe déstructurée . Tandis qu'il s'avançait vers la porte, il se permit de glisser:
- Au fait, n'oubliez pas la cassette ... et votre paquet ...
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Daniele Ricci
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Ven 20 Avr - 20:40
It's a long way to the top... ft. Ross Venor Malko
Deuxième bon point – il savait que j’étais chanteur. Malko était, peut-être, un bavard mais il savait des choses sur ceux qu’il rencontrait et j’aimais ça. Il n’était pas non plus sur une touche d’auto-dérision.
-Oui, j’en sais quelque chose, dis-je en répondant à son rire par un sourire.
Je parlais aussi beaucoup et pas spécialement lentement – pardonnez l’Italien que je suis. Seulement, Ross rivalisait largement avec moi aujourd’hui, c’était impressionnant.
J’avais expliqué à Ross que Roadtramp était un groupe pro et avenant. Eddy Cort était un type qui aimait partager avec les gens avec qui il travaillait et ça restait un gamin dans l’âme – non, un gamin tout court, en fait… Seulement, Malko ne pouvait en être certain que quand il sera entré en contact avec le groupe, ce qui restait logique. Pour le son, il restait sûr de ses capacités – j’aimais les gens sûrs d’eux.
J’avais précisé – sans pincette – que j’avais besoin d’un ingénieur du son et pas d’un entremetteur. J’étais Daniele Ricci, je faisais la pluie et le bon temps chez BSC – et je n’aimais pas qu’on fasse mon job à ma place en me proposant des groupes à mettre sur mes tournées. Je savais que l’intention de Ross n’était pas de se prendre pour ce qu’il n’était pas – mais j’étais irritable à souhait quand j’étais en manque. Ross s’était – en quelque sorte – excusé et avait sorti la carte de la nostalgie. Les groupes pour lesquels il avait travaillé comptaient beaucoup lui. Sa tentative était essentiellement là pour essayer de pouvoir les revoir en tournée.
-Je suis Daniele Ricci. J’y arriverais sans mal, dis-je avec un petit sourire. On devrait pouvoir les avoir sur quelques dates sans mal lors d’une prochaine tournée. Voir celle-ci, même si tout est déjà bouclé… Je ne suis pas à un miracle près.
Notre première partie était déjà désignée – c’était Olivia Cortez. Je pouvais – peut-être – ajouter une date dans le tas pour y inviter les Rattlesnake. Roadtramp ne serait pas contre, ils aiment faire des concerts et rencontrer d’autres groupes.
J’en étais revenu à mon groupe tout en fumant cigarettes sur cigarettes. Je n’avais plus fumé autant de cigarettes d’affilées depuis la tournée où j’avais essayé de me sevrer de l’alcool. Ross voulait être mis à l’essai pour voir tout le professionnalisme dont pouvait faire preuve Roadtramp ? J’allais le mettre à l’essai. Il ne fallait pas trainer pour trouver un ingénieur du son et Ross me semblait largement assez compétent que pour être le remplaçant que je cherchais – il s’était suffisamment bien vendu pour ça.
J’avais proposé à Ross de visiter les studios et de boire un verre – j’avais besoin de bouger et de boire ! Il avait accepté pour mon plus grand bonheur.
-Parfait !, dis-je en souriant et en me levant de mon siège.
J’étais certain que Ross n’avait jamais vu un aussi grand studio – mon flair ne m’avait pas trompé, c’est bien le cas. L’Europe natale de Ross était un continent cartésien où on faisait tout en petit – tout le contraire de l’Amérique.
-Je sais, dis-je avec un grand sourire. Je suis Européen. C’est parce que tout est petit là-bas que je suis venu ici.
Parce qu’il fallait bien faire les choses en grand pour que Daniele Ricci se plaise – c’est pour ça que j’étais comme un poisson dans l’eau à L.A. Bien que Rome me manquait souvent un peu – surtout la bouffe !
Je m’étais dirigé vers la porte mais Ross m’avait rappelé que j’avais oublié d’embarquer la cassette et le cadeau de Vicky pour Tony. -Ah oui, juste…, dis-je en reprenant le paquet et la cassette.
Mon nez me démangeait encore mais avec tout ça en main difficile de se le frotter. J’étais sorti de la pièce suivi de Ross.
-D’abord le whisky !, dis-je en souriant et un peu nerveux parce que le manque se faisait bien trop sentir.
J’étais entré dans la salle de repos où venaient – de temps en temps – certains roadies. Il y avait une armoire où était marqué sur la porte « Proprety Of Daniele Ricci ». Je déposé le paquet et la cassette sur la table et avait ouvert l’armoire pour sortir une bouteille pleine de whisky et un verre. Il n’y avait que du whisky dans cette armoire – absolument rien d’autre, c’était ma réserve personnelle. J’avais servi un verre à Ross et j’avais rangé la cassette et le paquet dans mon armoire. Ainsi, j’aurais les mains vides – enfin presque étant donné que j’avais embarqué la bouteille de whisky.
-Maintenant qu’on a de quoi s’hydrater, on va pouvoir voir le studio !, dis-je sur un ton enthousiaste.
Je nous avais conduit jusqu’au studio du côté des platines. J’avais ouvert la porte – le studio était vide, c’était celui où enregistrait habituellement Roadtramp et ils étaient en congé aujourd’hui.
Tout le matériel était dernier cri – n’était-ce pas merveilleux ?
-Qu’est-ce que vous en pensez ? Vous pouvez tester un peu tout si vous voulez. Faites à votre aise, dis-je en prenant place dans un siège et en commençant à descendre la bouteille.
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Sam 21 Avr - 21:10
It's a long way to the top ... ft. Daniele Ricci
Daniele Ricci paraissait soudain tout ragaillardi à la perspective de montrer les studios à Malko et également de boire un verre de whisky ou deux. D'ailleurs peut-être dans un ordre différent. Le Polonais n'allait pas s'en plaindre même s'il avait eu l'impression de faire un numéro d'équilibriste tout au long de l'entretien avec le manager. Ross devait nourrir sa famille et reconstruire une vie pour sa fille. Si c'était en faisant quelque chose qui lui plaisait, ce n'en serait que mieux. La musique lui manquait, tenir une basse ou s'asseoir à un piano, grattouiller sa guitare, même s'il ne se considérait pas comme un virtuose de cet instrument ne lui était pas arrivé depuis une éternité semblait-il. Mais il ne voulait pas non plus vendre son âme au diable et devenir un valet ou une marionnette du truculent italien. Irina n'aurait pas voulu qu'il se trahisse pour avoir un travail. Plutôt travailler comme maçon qu'en désaccord avec ses propres valeurs. Mais il avait quand même hâte d'essayer. Ça pouvait fonctionner, il en était certain. Il fallait simplement qu'il mette un petit peu de whisky dans sa vodka. Ross brassait tout ça dans sa tête tandis qu'il arpentait les couloirs des Studios BSC en suivant Monsieur Ricci.
Se retrouver derrière une console aussi lui manquait. Et la façon dont il avait dû lâcher Rattlesnake avant la finalisation du mastering lui avait laissé un goût amer d'inachevé. Bien sûr la majorité du boulot sur le son de cet album, c'est lui qui l'avait effectué, les prises, le mixage. Mais Kurt avait eu des soucis de voix et il avait dû faire un break. Sur ces entre-faits Ross et sa famille devaient fuir loin de l'Europe. Les gars de Rattlesnake avaient été géniaux. Ils étaient prêts à le reprendre pour parachever le mastering une fois que les choses se seraient tassées. Ils avaient discuté de la possibilité pour lui de venir une semaine à Cologne pour finir le job. Seulement, les choses ne s'étaient pas passées comme prévu. Pas du tout.
En théorie, et c'est ce qui apparut dans les médias, l’État de Siège décrété par Jaruzelski en décembre 1981 n'aurait dû faire aucune victime. Lech Wałęsa, n'oubliant pas que la précédente répression organisée par le Général dix ans plus tôt avait fait 42 morts, avait fait en sorte que les syndicalistes restent dans une stricte légalité durant les manifestations et même durant les arrestations et internements. Tous s'étaient laissés faire sans opposer de violence. Il n'y eut pas de victimes "officielles". On ne pouvait pas tirer sur des gens qui se laissaient arrêter sans aucune résistance devant les caméras du Monde entier qui couvraient les événements. En revanche, on pouvait tirer en rase campagne dans le dos de ceux qui avaient choisi la fuite pour conserver leur liberté. Aux frontières, il y avait eu plusieurs fuyards abattus.
Quand Ross avait appris que sa femme était sur la liste des condamnés à l'internement, il avait paniqué, lâché son boulot en Allemagne et était rentré précipitamment à Cracovie. Il l'avait contraint à fuir avec lui et leur fille. Irina fit partie de ces victimes passées sous silence. Une vague de rage monta en lui à ressasser tous ces souvenirs et à penser qu'elle serait encore en vie, peut-être internée, mais vivante s'il l'avait écoutée ... Parce qu'elle voulait rester ... elle.
Lorsque Jurgen avait réussi à le recontacter en février 1982, grâce à sa sœur, il avait eu au téléphone un homme brisé, n'ayant plus aucune envie de remettre les pieds en Europe. L'album s'était fini sans lui bien que le groupe ait même déplacé son enregistrement en France pour rassurer Ross, l'Allemagne étant jugée trop près de la Pologne géographiquement. Il s'était avéré le plus vendu du groupe et un succès planétaire. Pour Malko il symbolisait un sacrifice maudit. Un échec personnel marqué par le sang. Si tu étais resté, si tu étais resté... Tu l'aurais fini ce satané album et elle serait encore en vie ! Irina aurait voulu qu'il fasse quelque chose de sa vie et aussi de celle de leur fille. Alors, s'il pouvait arriver au bout de quelque chose avec RoadTramp et tout recommencer, il n'allait pas s'en priver. C'est ce qu'ELLE voulait. Il en était sûr !
Daniele Ricci le ramena à la réalité en posant un verre plein d'un liquide ambré sur la table de cette pièce confortable où il l'avait conduit.
- Ahh merci ! dit-il en prenant le verre.
Finalement, il avait bien besoin d'un remontant et il prit plus de plaisir à déguster le whisky qu'il ne l'aurait cru au départ. Il se permit de regarder l'étiquette de la bouteille que Ricci ne semblait pas vouloir lâcher.
- Du 18 ans d'âge, pure malt... Il peut être bon ... Alors comme ça vous êtes Italien ... Beau pays, avec d'excellents vins ...
En sirotant son verre, il prit conscience qu'il avait suivi le manager dans une sorte d'état second. Il avait entendu ce que Ricci lui disait, vu le manager ouvrir l'armoire remplie de bouteilles et la refermer après y avoir mis la cassette. Mais dans le même temps, il était comme dans un état second. Une sorte d'état de choc. Sans y penser, il leva son verre et dit:
- Je vous remercie Monsieur Ricci de me donner ma chance. Vous n'aurez pas à le regretter. Je vous montre quand vous voulez ce que je vaux derrière une table de mixage. Mais avant tout... Il leva son verre et regardant le plafond et murmura. Je lève mon verre à ... à toi ma chérie ! Ne t'inquiète pas ... On va y arriver !
Bon, c'était glauque vu de l'extérieur. Ce grand type qui parlait tout seul en trinquant avec le plafond. Ces monologues flippants avaient commencé le 15 décembre 1981. Malko devait se ressaisir. Il se ressaisit ! Il hocha la tête en suivant Ricci, non sans avoir remarqué avec amusement la grande pancarte sur l'armoire. "Ça doit picoler sévère dans le coin"songea-t-il. Au moins sa cassette était à l'abri dans le coffre au trésor de Ricci. Malko décida que c'était bon signe. Ça voulait dire que le manager considérait sa cassette comme importante. Il l'avait rangée avec SON whisky. Il suivit son hôte, et peut-être futur patron, le cœur battant, très conscient que beaucoup d'ingénieurs du son auraient tué pour être à sa place. Mais rien ne l'avait préparé à ce qu'il découvrit derrière la porte.
- Putain ! Mais c'est génial ! Heu ... pardon ... C'était parti tout seul et avec l'accent à couper au couteau, ça pouvait paraître étrange où comique à un Californien. Le manager s'était déjà installé dans un fauteuil et lui proposait de tester ... "Tu parles que je vais tester !" pensa Malko en s'intallant dans le fauteuil derrière les consoles.
- Hé si vous me chantiez quelque chose pour que je vous montre un peu ce que j'ai dans les mains ? Regardez ce piano ! On dirait qu'il vous tend les bras !
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Lun 23 Avr - 18:14
It's a long way to the top... ft. Ross Venor Malko
Le whisky – il n’y a que ça de vrai ! Personne ne pourra faire dire le contraire au grand Daniele Ricci. J’étais content que notre future nouvelle recrue accepte le verre que je lui avais proposé – c’était toujours mieux de boire à deux comme le faisait souvent remarquer Antonio quand il lui arrivait de me parler… A moins que ce n’était à Erik qu’il parlait, le vieux…
Quoi qu’il en soit, Ross était armé de son verre et moi de ma bouteille. Il n’y avait pas mieux pour démarrer la visite des studios – vastes et modernes – de BSC. J’avais visité plusieurs studios pendant ma carrière – lors de tournées, notamment – et aucun n’était aussi bien que ceux qu’on avait, ici, chez BSC. Normal – j’étais Daniele Ricci, je méritais le meilleur endroit de travail au monde !
Ross était moins prolixe que lors de l’entretien. Il avait trouvé le juste milieu. Il s’était mis à parler whisky et Italie – il savait me prendre par les sentiments. Je pourrais disserter des heures sur les deux sujets. -Il est très bon. Vous verrez, dis-je en souriant. Et oui, je suis Italien. Romain pour être précis. Nous faisons les meilleurs vins du monde n’en déplaise aux Français, rajoutais-je en grand patriote. Mais le meilleur alcool au monde reste le whisky n’en déplaise à tout le monde.
Ross avait levé son verre – peut-être voulait-il trinquer ? Il m’avait remercié ce qui était très flatteur et avait – juste après – porté un toast à « sa chérie ». Je ne savais pas s’il parlait de sa femme ou de quelqu’un d’autre mais j’avais rarement vu des gens trinquer comme ça. Peut-être était-ce un hommage à quelqu’un qui était mort – je n’étais pas bien sûr de vouloir entrer dans le sujet pour le découvrir.
Ce qui comptait c’était l’instant présent – la passé, c’est le passé. Ça avait toujours été ma ligne de conduite.
J’avais rangé tout ce qui m’encombrait dans l’armoire et nous étions allés dans l’un des studios – il allait voir où allait tous l’argent de BSC. Je laissais à Ross le soin de se rincer l’œil devant tout ce – magnifique ! – matériel. Je le regardais s’exclamer pendant que je buvais allègrement ma bouteille. Il s’était excusé de s’être emballé et d’avoir lâché des jurons.
-Oh vous pouvez dire « putain ». Ma petite amie n’est pas dans le coin, dis-je en ayant une pensée pour Maria qui était à la maison – elle qui détestait tant les gros mots. En tournée, vous verrez que je ne manquerais pas de le dire quelques fois.
Je lui avais laissé le loisir de tester le matériel – il pourra ainsi juger de l’énorme honneur qu’il avait de pouvoir travailler pour moi. Seulement, Ross savait me caresser dans le sens du poil et m’avait proposé de me mettre en scène et de jouer du piano pour qu’il puisse me montrer ce qu’il savait faire.
Ça c’est du win-win à la Ricci que j’adorais – ce type montait dans mon estime !
-Très bonne idée, Monsieur Malko. J’aime votre façon de penser, dis-je en me levant toujours ma bouteille en main.
J’étais passé de l’autre côté où m’attendait le piano. Je m’étais installé et j’avais posé ma bouteille de whisky sur l’instrument. J’avais – d’abord – fait deux ou trois notes dans le vide. Après un regard à Malko et quand tout était prêt, je m’étais mis à jouer l’une des chansons de mon album.
Ma voix n’était pas la même que sur l’album – elle semblait plus fatiguée – mais l’émotion qui s’en dégageait était différente. La chanson, en elle-même, prenait – dans ma tête – une tout autre signification.
Je m’étais laissé emporter. J’avais joué et chanté jusqu’à la dernière note.
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Dim 29 Avr - 1:30
It's a long way to the top ... ft. Daniele Ricci
Malko avait préféré acquiescer à l'éloge que faisait Ricci au sujet du whisky. D'abord parce que c'était vrai que le sien était bon. Ensuite parce que l'ingénieur appréciait cet alcool même si la vodka, la polonaise de préférence, avait sa faveur. Enfin parce que il sentait que c'était un terrain sensible chez son potentiel patron. Il en était même certain. Point besoin n'était de sortir d'Oxford pour le déduire quand on avait vu le "coffre au trésor" du manager. Quant aux vins italiens, Malko les appréciait également, ayant eu l'occasion de les découvrir lors d'une tournée avec Devils' Heritage dont le chanteur en était un amateur éclairé. Il appréciait tout autant les vins français et allemands mais préférait ne pas en faire état avant d'être embauché. Peut-être même qu'après il initierait son boss aux Bourgognes charpentés et subtils ou aux blancs secs ou liquoreux des terres rhénanes. Il y avait moyen de faire la fête avec ce type tant qu'on savait l'aborder et lui rapporter notoriété et argent. Un diction disait qu'on ne pouvait faire boire un âne qui n'a pas soif, mais Daniele Ricci n'avait rien d'un âne et Malko pressentait qu'il avait souvent soif. Le Polonais était prêt à parier que l'Italien ne refuserait pas un blind test alcoolique ou viticole rien que pour relever le défi et s'éclater. Il n'était pas loin de penser que tout était dans la subtilité avec ce genre de type.
Probable que son avis sur le manager ferait hurler de rire le premier venu, mais pas ceux qui avaient percé à jour Monsieur Ricci. Il en faisait tellement dans la démesure qu'on ne voyait que ça au premier abord. Et Malko lui-même avait bien failli tomber dans le panneau. En réalité l'art de Ricci, c'était peut-être bien de faire diversion avec son bagou pendant qu'il vous disséquait avec ses pinces cérébrales. On pensait "quelle grande gueule, ce type! " et on oubliait de fermer la sienne. Malko avait failli se griller. Mais il s'était ressaisi, bien que n'ayant nullement l'intention de s'aplatir devant lui, ni de cirer son cul, ou lécher ses chaussures, ou quelque chose d'approchant. Malko n'en pensait pas moins, mais en disait moins. Et c'était mieux pour lui. D'ailleurs, il y avait pire comme sacrifice que de boire un bon verre de whisky avec son futur patron, même s'il portait la mégalomanie comme un mexicain le sombrero, c'est à dire XXL.
En plus le type l'autorisait à jurer, ce qui était un soulagement pour le Polonais. Il devait reconnaître qu'il avait cette sale manie de lâcher gros mots et jurons quand quelqu'un salopait le travail. C'était la phase la moins virulente du Malko en éruption. La suivante étant une colère blanche. Oui, blanche, comme un russe blanc. Le grand brun devenait livide, mâchoires contractées, et c'était le signal qu'il valait mieux prendre la tangente ou rectifier le tir avant de se prendre une tirade bien salée dans plusieurs langues, comme ce foutu diable parlait pas moins de dix-huit langues qu'il saupoudrait d'un agrément de quelques mots en polonais très très crus. L'extrême stade était un coup de pied au derrière, dans le tibia ou les couilles, cette dernière variante scellant en général la fin de sa collaboration avec le coupable à moins qu'il ne le supplie de reprendre le travail. Ce n'était arrivé qu'une fois avec un poseur suédois de hair metal qui arrivait rond comme une queue de pelle à chaque session. Il était incapable d'aligner trois couplets en chantant juste et retardait tout le planning du mastering alors que ses potes avaient bien bossé. Ces types étant trop gentils pour le secouer et leur manager étant une lavette, Malko avait dû hurler ses jurons sur Monsieur Brushing laqué, lui expédier son 46 dans le fion et l'enfermer 24 heures dans le cagibi du studio pour qu'il décuve. L'album s'était bien vendu sur le marché européen, mieux que le premier qu'ils avaient enregistré avec un autre producteur et dont le mixage n'avait aucune homogénéité sur le plan de la voix, le pire côtoyant le meilleur.
Malko pressentait que Ricci n'avait rien d'une lavette, même s'il épongeait pas mal, et qu'ils seraient deux à jurer si quelqu'un faisait de la merde alors que tout le monde donnait le meilleur. Quelque part, il trouvait une sorte de réconfort à l'idée de travailler avec quelqu'un qui avait un caractère aussi merdique que le sien. Ricci devait prendre son boulot très à cœur, tout comme lui. Après tout, il ne serait pas arrivé à ce niveau de notoriété s'il avait été une brêle dans son domaine. A L.A. les réputations se faisaient vite mais se défaisaient encore plus vite. Dans le milieu de la musique c'était encore plus vrai, et cela qu'on soit en Amérique ou en Europe. Malko les imaginait déjà travaillant main dans la main, prêts à jurer de concert sur tout péril se mettant en travers de l'ascension des petits gars.
C'est dans cet état d'esprit qu'il s'était calé dans le fauteuil à roulettes et glissé derrière les consoles démentielles du studio de BSC. Le manager était aussi un artiste. Un autre point commun entre eux, mais que Malko préférait le taire parce qu'il avait perdu la flamme depuis plus d'un an et qu'il avait avant tout besoin d'un travail et d'oublier certains souvenirs qui étaient liés à la scène et à Elle. Il avait d'ailleurs répondu avec un petit rire emprunt de tristesse et de nostalgie à la boutade de l'italien au sujet de sa fiancée. - Ahh elle n'aime pas que vous juriez ? Les femmes sont toutes différentes, et tellement imprévisibles ... La mienne jurait autant que moi, sinon plus. Et elle avait un revers de la main ... Ma mâchoire s'en souvient encore... En Europe vous savez ... Elles cognent aussi dur que nous ...
Mais Ricci avait sauté sur sa proposition de l'enregistrer avec une joie touchante. Malko n'en montrait rien mais il lui semblait que le type était encore plus en manque d'autre chose que d'alcool ou toute autre substance. Ce qui lui manquait le plus, c'était peut-être bien de chanter ... Comme il pouvait le comprendre ! Lui au moins ne semblait pas éteint artistiquement parlant. L'ingé son ouvrit les moniteurs et régla les canaux tandis que Ricci allait prendre place derrière le piano avec sa bouteille dont il semblait être inséparable. Le Polonais sélectionna le mode 16 pistes pour le moment. C'était largement suffisant pour enregistrer un chanteur s'accompagnant au piano. Les 32 pistes qui s'offraient outrageusement à ses doigts étaient une tentation terrible et un avant goût de ce qui l'attendait. Que n'aurait-il pas fait de Zagiel avec des moyens pareils ?
Le manager le regarda et Malko opina de la tête pour lui signifier qu'il pouvait y aller. Les magnétos tournaient et l'ingé observait les aiguilles des différentes fréquences osciller tandis que les premières notes de piano s'égrenaient. Cet enfoiré avait plutôt un bon jeu, un peu soft et jazzy, tout en souplesse. Pas du tout arrogant. Les oreilles du Polonais se dressaient et lui semblaient grandir démesurément jusqu'à occuper toute la régie. Puis la voix de Ricci sortit de sa gorge et s'éleva dans le studio. Une voix qui disait les abus auxquels on la soumettait mais exprimait aussi bien des émotions, enfouies sous un humus de dérision et de bravade. Une voix chaude, portant une fêlure qui lui donnait une couleur émouvante. Magnifique. Mais la fêlure n'était que la partie visible d'une fragilité bien dissimulée derrière les murs que l'Italien avait savamment élevés. Ross conservait une expression concentrée en glissant de quelques millimètres les curseurs qui régissaient les pistes du piano. Aussitôt la voix se dégagea mieux des notes de l'instrument, comme portée en avant, le piano n'étant qu'au service de la performance vocale. Les petites accroches rocailleuses, imperceptibles pour le néophyte, prirent plus de relief, le velours du timbre se magnifia, les hésitations, les respirations de Ricci devinrent autant de révélateurs qui donnaient encore plus de force au texte.
Malko abaissa deux curseurs et réduisit le bruit de la captation. Il regarda la position des micros dans le studio et s'aperçut un peu tard que les deux latéraux derrière Ricci étaient un peu bas, mais qui devait s'en soucier ? Les rehausser aurait pu être utile à un interprète avec un souffle court ou une voix faible. Celle de l'artiste assis au piano avait une puissance qui partait du ventre tout en ne s'interdisant pas des élans de tête. Un juste équilibre qui lui permettait de passer d'une octave à l'autre assez facilement. Malko écoutait et savourait la mélodie qui s'élevait à travers les enceintes. Il perçut néanmoins une fatigue, et entendit la façon dont Ricci ménageait ses transitions sans les pousser dans les aigus. Le chanteur ne s’entretenait pas autant qu'il l'aurait dû et faisait le minimum en se reposant sur d'indécentes facilités. Bien que le minimum fut déjà sublime d'un certain point de vue, l'absolutisme du perfectionniste Malkovitch lui fit hausser un sourcil sitôt que la dernière note tomba. L'ingénieur du son attendit silencieusement que Daniele Ricci le rejoigne en régie pour écouter l'enregistrement qu'il avait fait de sa magnifique interprétation. Il garda pour lui les deux questions qui lui brulaient les lèvres. Il était encore trop tôt.
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Lun 30 Avr - 20:46
It's a long way to the top... ft. Ross Venor Malko
Les jurons allaient fuser en tournée – j’étais le premier à en dire des centaines par jour en deux langues possibles. Ross n’avait pas à s’en faire pour ça. Maria n’allait pas être là pour me rappeler à l’ordre… Bien que j’aurais préféré qu’elle soit là quitte à ce qu’elle me rappelle à l’ordre… Ma petite amie allait me manquer pendant ces nombreux mois de tournée.
Malko avait dit que toutes les femmes étaient différentes – mais que les Européennes savaient ce que c’était que d’utiliser leurs mains pour frapper.
-Oh oui, je suis au courant, dis-je en ricanant un peu.
En Italie, les femmes avaient du caractère – bien plus que la plupart des hommes. Ça me rappelait le jour où celle qui allait être plus tard la femme de Luigi Conti m’avait envoyé un poing en pleine figure un jour où j’avais tenté de l’embrasser – elle sortait déjà avec Luigi à l’époque et on devait avoir pas moins de 17 ans. Putain – cette femme était une garce mais j’admirais son caractère.
Penser à Luigi Conti et – surtout – à sa femme m’avait fait comme un pincement au cœur mais j’étais passé au-dessus avec le Saint Whisky.
De toute façon, j’allais pouvoir utiliser toutes ces émotions dans mon interprétation de me propre chanson – issue de mon unique album. Malko voulait me montrer ce qu’il savait faire et, pour ça, il lui fallait de la matière. Je m’étais collé à la tâche en prenant place derrière le piano et en offrant au futur ingénieur du son de Roadtramp ma meilleure interprétation de ma chanson.
Je m’entrainais peu à la musique – j’étais manager avant tout. Seulement, j’avais la chance d’avoir des facilités vocales héritée de ma mère – parait-il… Je ne réfléchissais pas quand je chantais. Je me laissais porter par ce que j’avais écrit et qui prenait un sens nouveau aujourd’hui. Ainsi mes propres paroles m’avaient amenées à faire une performance unique parce que j’étais vraiment devenu l’homme que je décrivais dans ma propre chanson – j’étais encore plus proche de lui que le jour même où j’avais écrit ces mots.
Seulement, il n’y avait pas que ça. Je prenais aussi – peu à peu – conscience de quelque chose... J’aimais Tony et je ne pouvais rien faire contre ça… La dernière fois que je m’en étais rendu compte, j’étais shooté – je n’avais pas cette excuse aujourd’hui… Ma dernière dose remontait à bien trop d’heures…
Quand j’avais joué la dernière note, j’avais dû boire quelques gorgées de whisky avant de pouvoir me lever – émotions obliges… J’étais revenu près de Malko pour voir le résultat de son travail. -Allez-y ! Faites-moi écouter…, dis-je d’une voix encore rauque d’émotion.
Il m’avait fait écouter le résultat de son travail. J’avais fermé les yeux pour apprécier chaque note. Putain, Malko avait fait du sacré bon travail ! Il avait mis en valeur ma voix sans pour autant relégué le piano au second rang – ça sonnait harmonieux et ça sentait le travail réfléchit et bien fait. Mieux que tout son discours en entretien, Malko venait de me convaincre en me montrant ce qu’il savait faire. J’étais époustouflé par le travail qu’il venait de réaliser. C’est comme s’il avait capté l’émotion et ce que je voulais transmettre et qu’il l’avait magnifié – du grand art !
J’avais ouvert les yeux à la fin de l’écoute.
-Waw !, dis-je d’abord dans un souffle.
Je regrettais de ne pas avoir eu Malko comme ingénieur du son sur mon album – il aurait pu être encore meilleur avec ce son-là.
-Vous êtes officiellement engagé, Monsieur Malko !, dis-je en souriant. Vous venez de me prouver que vous êtes un ingénieur son de qualité et que vous savez comprendre la musique.
Il nous restait une inconnue – sa capacité à s’entendre avec Roadtramp et inversement. Il sera temps de voir ça en temps voulu.
Je laissais le temps à Malko de digérer cette information – réjouissante, j’en suis sûr – et de me poser ses éventuelles questions.
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Mar 1 Mai - 22:00
It's a long way to the top ... ft. Daniele Ricci
Lorsqu'il vit Ricci revenir en régie, Malko comprit qu'il avait vu ou plutôt senti juste. Le type était tout tourneboulé, le regard plus brillant que de raison. Cette chanson avait sans doute un sens caché profond pour l'Italien. Lequel Italien demanda d'une voix toute nouée à écouter son enregistrement. L'ingé son avait calé la bande et bascula le bouton de défilement. La prise passa par les moniteurs et le son du piano, puis la voix de Daniele Ricci, s'élevèrent dans l'espace confiné de la régie. Malko fut surpris lui-même par la beauté du résultat. Il était presque certain d'avoir fait les bons gestes pour donner vie à tous ces sentiments contenus dans les vibrations des cordes vocales italiennes, mais on n'était jamais certain avant d'avoir écouté. Là, c'était juste sublime et même si Malko avait conscience qu'il avait travaillé sur de l'or avec la voix du crooner italien, il était quand même assez fier de son job. Daniele Ricci fermait les yeux et le Polonais se demandait s'il n'allait pas verser sa petite larme. Lui-même se sentait un peu flancher et les guiboles en coton de tant d'émotions.
Il faut dire que depuis quelques temps, c'était devenu tendu de tous les côtés sur le plan survie à la maison. Malko avait même craqué comme une fillette devant Duncan, la seule personne qui ressemblait à un ami pour lui à L.A., hormis Pandora, mais il voyait plus cette femme comme une grande sœur. Duncan Keller, chanteur du groupe Bleeding heart était un type généreux et tellement optimiste qu'il avait dû être totalement désarçonné par cet accès de désespoir, surtout que je ne lui avais jamais laissé entrevoir que le côté battant de ma personnalité et puis la stature de bucheron ne laissait pas présager un cœur de gosse, forcément. Un peu comme le Ricci exubérant et mégalo ne laissait en rien deviner le coeur fatigué mais toujours palpitant sous l'arrogance.
Les émotions de la semaine se mélangeaient à celle qui suintaient de l'italien. Ross avait toujours été une éponge à émotions, et il avait du apprendre à s'en prémunir. Sentir avant eux parfois, ce qu'on inspirait inconsciemment aux gens était une saleté de don qui s'apparentait plus à une malédiction. La plupart des gens niant et criant à la paranoïa où à l'interprétation. Là où Malko savait très bien qu'il ne faisait qu collecter une série de faits et de signes qui convergeaient vers la même résolution : "il est jaloux","elle ne peut pas me blairer". Les protagonistes de ces perceptions avaient beau nier et afficher des gueules d'innocents faux-culs, lui savait très bien ce qui tournait dans leur cerveau ou ce qu'ils se chuchotaient à l'oreille à son sujet. Avec l'âge et la maturité, il avait juste appris à leur balancer sans faiblir ce qu'il avait démasqué de leur manège et à tracer ensuite sa route en faisant abstraction de leur agitation. La vie de Malko était plus riche à l'intérieur, quand il ne leur laissait pas avoir prise sur lui à l'extérieur. Les traitements successifs lui avaient appris à gérer ça. Il y a des gens qui n'aiment pas être sortis de leur zone de confort et d'autres qui n'attendent que cela. Malko avait une façon d'aimer les gens bien à lui. Il les poussait à vivre totalement. C'est ce que disait Irina.
Daniele Ricci rouvrit les yeux et parla. Les mots qu'il prononça firent rougir Malko. Mais il prit conscience aussi du fait qu'avant qu'il prononce ces mots, il ne voyait plus, en Daniele Ricci, le manager, mais l'artiste. - J'avais un sacré bon talent à mixer aussi ! Vous m'avez pas mal aidé, Monsieur Ricci. Répondit Malko en lui tapant sur l'épaule .
L'ingé son, rembobina la bande puis chargea une bande vierge dans l'enregistreur couplé et fit une copie. Puis retirant la bobine, il la tendit à Ricci.
- Allez, emmenez ça chez vous et écoutez-le avec votre fiancée. C'est cadeau, aux frais de BSC. Je peux me le permettre maintenant, puisque je suis engagé à l'essai.
Ross éteignit les moniteurs et la console et croisa les bras sur son torse en se calant dans le fauteuil à roulettes pour mieux contempler ce qui ferait partie d'un de ses lieux de travail. Puis il revint à celui qui était maintenant son patron au moins à l'essai.
- Merci de me laisser ma chance, Monsieur Ricci. Bon, j'ai trois questions ! La première est : quand est-ce que vous écrivez un nouvel album, qu'on bosse ensemble ? La seconde: quand est-ce que vous me présentez à Roadtramp ? Et enfin, la dernière : Où dois-je signer et est-ce qu'on peut finir cette putain d'excellente bouteille de whisky ? Ou est-ce que je peux vous en offrir une autre ?
HRP:
Merci Daniele, pour ce rp vraiment haut en couleur et émotions ! J'ai savouré chaque lecture et chaque écriture de ce rp. Un autre va suivre rapidement si tu es d'accord
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé] Ven 4 Mai - 20:38
It's a long way to the top... ft. Ross Venor Malko
Je venais d’écouter le travail de Malko – qui était du sacré bon travail. Je l’avais écouté pensant bien que je m’étais, peut-être, trop dévoilé… C’était pour ça que j’étais manager et pas artiste – parce que l’artiste contribuait à détruire mon image de manager. J’étais Daniele Ricci, je devais être infaillible. Ce que j’avais livré à Ross n’était pas l’image que je voulais donner.
Ce que j’avais livré n’avait pas été calculé et ça se voyait à l’émotion qui se dégageait – un peu trop – de moi. Tout ça pourquoi ? Parce qu’on m’avait amené sur le pas du ma villa une faiblesse bien trop visible... Maintenant, cette faiblesse envahissait jusqu’à mon âme – la preuve avec ce que je venais de faire devant un parfait inconnu.
Putain, Ricci – faut que tu te reprennes !
Quand j’avais rouvert les yeux, c’était pour féliciter Malko et acter l’engagement. Il avait flatté mon ego au passage – j’en étais ravi ! J’aimais qu’on me complimente ! C’était mon péché mignon.
-Je sais, dis-je avec un petit sourire.
Malko s’était mis à faire une copie de ce qu’il venait de faire pendant que je sirotais – pour ne pas dire « lampais » - le contenu de ma bouteille. Putain, il n’y avait vraiment rien de mieux que du whisky pour tout faire passer ! Plus que la coke, ça mettait mon cerveau dans un état de grâce sans équivalant.
Malko m’avait tendu la bobine pour que je puisse l’écouter chez moi aux frais de BSC – oui, vous avez bien lu « tendu ». J’avais grimacé… La règle numéro 5, Malko allait devoir l’intégrer.
-Je… N’aime pas qu’on me tende des trucs, dis-je en montrant la table où Malko pouvait déposer la bobine pour que je la prenne ensuite.
J’avais fait un signe de remerciement pour la chanson. Aux frais de BSC bien que tout ce qui était ici m’appartenait – tout ce qui appartient à Jim m’appartenait, c’était ça être ami, non ?
J’avais demandé à Ross s’il avait des questions et elles étaient sorties toutes les trois à la suite. Mako était un grand enthousiaste apparemment et nous voyait déjà bosser ensemble. Seulement, ce n’est pas demain la vieille que Ricci sortira un nouvel album – j’aimais le premier parce qu’il est unique et que c’était mon petit joker magique qui avait permis à ma petite amie actuelle de se remettre sur les rails financièrement quand elle était avec le petit merdeux.
-Il n’y aura pas de nouvel album pour moi mais je peux vous assurez qu’avec mes artistes vous aurez pas mal de travail, dis-je avec un grand sourire. Pour Roadtramp, c’est quand vous voulez. Le plus tôt sera le mieux ! Quant à la bouteille de whisky, dis-je en soulevant la mienne – qui était presque vide - en souriant. Je pense que vous pouvez m’en offrir une autre parce qu’on n’en aura pas assez pour partager.
Le whisky – c’était notre prochaine étape pour finir cet entretien en beauté !
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Sujet: Re: It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé]
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It's a long way to the top ... {pv Daniele Ricci} [terminé]