Qu’avait pensé Julian de la présence d’Howard sur notre divan du salon la nuit dernière ? Je n’en avais aucune idée ! À mon réveil, il n’y avait aucune trace du passage de mon époux dans notre lit ni ailleurs dans la maison. Howard était toujours vivant et profondément endormi, un filet de bave s’écoulant de sa bouche entrouverte. Avoir eu mon appareil photo, j’aurais immortalisé la pose pour la postérité.

Sur la pointe des pieds, je me préparais. Howard semblait tellement bien que je ne voulais pas le réveiller surtout qu’il devait avoir besoin de sommeil avec tout ce qu’il traversait en plus de ses jeunes enfants. Ça faisait beaucoup en un seul temps sur les épaules d’un même homme. Être dans ses souliers, je crois que je me serais écroulée bien avant et qu’encore aujourd’hui, je serais roulée en petite boule sous une table à pleurer toutes les larmes de mon corps.

Ce matin, je voulais aller en studio, travailler sur quelques idées que j’avais en tête. Je ne pensais pas boucler un troisième album avant mon départ pour l’Afrique, loin de là mais j’avais plusieurs compositions que je voulais enregistrer et conserver pour plus tard. C’était une bonne façon de voir si mes idées fonctionnaient. Mes idées s’entendaient mieux en musique que sur papier.

Je savais aussi que Daniele devait passer aux studios ce qui m’arrangeait, ainsi, je n’aurais pas besoin de me rendre à son bureau pour le rencontrer et lui parler du projet qu’on m’avait proposé à moi directement plutôt qu’en passant par mon manager. Ça avait grandement piqué ma curiosité et, évidemment, mon intérêt.

Les studios étaient tranquilles en ce début de journée. Fallait-il croire que la grande majorité des artistes cuvaient leur soirée de la veille ? C’était bien possible tout comme je pouvais facilement croire qu’il devait y avoir encore des gens là-bas, endormit contre la scène sur la plage ou sur le pont du yacht avec une bouée de secours en guise d’oreiller. Cette image me fit sourire jusqu’à ce que je me demande si Julian était l’un d’eux. Ça me fit tout drôle de constater qu’au fond, il ne me manquait pas, du moins, pas au point de remuer toute la ville pour le retrouver. Bien sûr, je m’en faisais pour lui, un peu mais je me disais qu’il était un grand garçon et qu’il savait ce qu’il faisait. Est-ce que mes sentiments pour lui, à force de déception et de compromis, se transformaient pour passer de l’amour fou à une amitié profonde ?

La question, bien que difficile, se posait.

Peut-être que mon voyage en Afrique allait permettre de remettre les choses en perspectives et qu’à mon retour, je retrouverais l’amour de ma vie.

- Daniele !?

Le bruit d’une porte qu’on ouvrait me sortit de mes songes et je levais la tête, constatant par le fait même que j’étais rester longtemps perdue dans ma tête et que je n’avais pas du tout travailler comme je comptais le faire à mon arrivée en studio ce matin. Le temps m’avait glissé entre les doigts comme le sable d’un sablier.

C’était bien Daniele qui arrivait et, soit il maitrisait mieux que quiconque l’art de se relever d’une fête comme une fleur, soit ses nombreuses années à boire ne lui faisaient plus un seul plis sur son foie. Je me gardais bien de le questionner sur la fête, n’ayant pas envie plus que ça de me faire rappeler que je n’étais pas monté sur scène hier et qu’en plus, je l’avais quitté très tôt pour ne pas dire pratiquement au début.

- Ça va ? Pas trop mal aux cheveux ?

Ma fête avait été une vraie montagne russe d’émotions. Entre Stone, Sniper et Sonne – j’avais eu mon lot d’émotions positives et négatives. Le matin venu, je me rappelais clairement de tout ça et un peu moins de la fin de soirée quand l’alcool que j’avais dans le sang avait commencé à largement faire son effet. Ainsi, je ne savais pas si Sammy avait parlé à Sonne le soir-même où si elle préférait attendre que ma secrétaire soit sobre… J’imaginais qu’elle allait plutôt attendre vu l’importance de la décision que devait prendre Sonne.

J’espérais toujours qu’elle allait me choisir moi – c’était plus fort que moi.

Quoi qu’il en soit, je m’étais réveillé, dans une des cabines de mon yacht, avec une gueule de bois d’enfer. J’avais viré Victor Hunter qui avait investi – sans aucune autorisation – la dernière cabine qui n’avait pas été réservée et où il dormait en compagnie de Gina Vitali, la fille d’un capo de la Famille de Los Angeles. Une sale mauvaise idée de sa part mais qui suis-je pour le juger, hein ? Bref, je l’avais viré et lui avais rappelé qu’il devait réservé avant de s’installer et qu’il en allait de même pour Gina.

Après ce petit nettoyage, j’étais parti de la fête. Les convives restant – ceux qui ont dormis dans le yacht ou sur la plage comme cette bille de Kyle Davis – devaient partir avant l’arrivée de l’équipe de nettoyage à 14h30. En gros, ils avaient le temps mais, moi, Ricci The Best, je n’avais pas le temps car L.A. m’attendait.

Je m’étais rendu aux studios. Pourquoi ? Peut-être dans l’espoir d’y voir Sniper ou bien Livia… Sniper pour savoir si sa petite révolution était là pour soutenir Stone ou bien par pur mimétisme et Livia pour savoir pourquoi elle avait subitement disparu de ma fête sans même monté sur scène pour faire une chanson.

Arrivé là-bas avec, toujours, cette énorme gueule de bois, j’avais demandé à la réceptionniste si l’un des mes poulains était là et j’eus la confirmation que Livia était bel et bien ici.

A la bonne heure !

Je m’étais rendu vers son studio et j’avais ouvert la porte me retrouvant face à Livia à sa grande stupéfaction.

-Bonjour, Livia, dis-je avec un petit sourire alors que, malgré la fête d’hier, elle était quand même au boulot le lendemain.

Elle demanda si j’allais bien. Je m’étais avancé un peu plus dans la pièce pour m’asseoir sur un ampli.

-Je vais très bien ! Ce n’est pas le cas de tout le monde. J’ai retrouvé quelques cadavres sur le plage, dis-je avec un petit sourire pour montrer que je blaguais.

Quoi que je n’avais pas vérifié si Kyle vivait toujours…

-Ricci de Best sort toujours en pleine forme de ce genre de fête, tu sais, rajoutais-je avec un petit sourire fier.

Par contre, elle, elle s’était vaporisée de ma fête. Et c’est bien ça l’objet de ma première question.

-Et toi ? Tu as l’air en forme aussi… Tu es partie tôt ? Parce que, après le petit concert de Stone, je ne t’ai plus vu. J’ai croisé plusieurs fois Julian mais pas toi… Tu n’as pas apprécié la fête ?, demandais-je curieux de savoir ce qu’il en était.

J’avais vu juste en pensant que ce devait être Daniele qui entrait dans mon studio. Je n’avais pas besoin de roadies, j’aurais été très surprise que Julian vienne m’y rejoindre étant donné que je ne savais même pas s’il était rentré dormir à la maison la nuit dernière, je me doutais qu’après s’être réveillé, Howard avait dû rentrer chez lui retrouver ses enfants et David et mon père n’avait pas l’habitude de se pointer sans raison et vu les insultes qu’il m’avait gratuitement offerte, je voyais mal ce qu’il pouvait encore avoir à me dire. Jamais de la vie Jimmy viendrait s’excuser et s’il le faisait, il trouverait une façon détourner d’en remettre une couche pour au final, me faire encore une fois sentir comme le caillou gênant dans sa chaussure.

Daniele avait bonne mine, pas éméché, pas de teint vert, frais comme une rose. Pour boire autant sans en subir les conséquences après si peu d’heures de sommeil, il devait avoir plus de whisky qui coulait dans ses veines, que de sang ! De toute évidence, il se portait bien mais je lui demandais quand même, par politesse, une bonne manière qui me venait de ma mère, il allait sans dire.

Je ricanais doucement quand il mentionna avoir retrouvé quelques cadavres sur la plage. Vu comment l’alcool coulait hier, je n’étais pas surprise de ça. La scène était facilement imaginable et, si ça se trouvait, peut-être que Julian était l’un d’eux bien que ce n’était pas son habitude de se saouler jusqu’à en perdre connaissance.

- J’imagine la scène ! C’est une façon de dire que la fête fu un succès, je suppose.

Daniele se venta de toujours se sortir n pleine forme de ce genre de fête, que pouvais-je dire d’autre que ce que je voyais était la vérité ?

- Effectivement ! Tu dois être en forme qu’une grande majorité de tes invités.  

J’avais quand même pu pas mal hier. Quelques gorgées dans une première bouteille avec Howard avant sa prestation, plusieurs gorgées encore au bar, un verre de champagne à mon arrivée, pour moi, ça faisait beaucoup. Je n’avais pas la descente des Stone et Ricci de ce monde et j’étais même encore bien loin de m’en approcher.

Daniele souligna que j’étais partie tôt hier ce que je confirmais d’un hochement de tête. Je n’allais pas lui mentir, de toute façon,  c’était inscrit dans le ciel qu’un finirait pas m’en parler. Malheureusement, il était révolu le temps où tout ce que je faisais passait inaperçu.

- Effectivement, je suis partie après la prestation de Stone. Ce n’est rien contre ta fête mais je ne me sentais pas très bien et pour tout te dire, plus je m’éloignais de là où se trouvait Jimmy, mieux je respirais.

Je fermais mon cahier dans lequel j’étais entrain d’écrire des idées puis je le repoussais pour ensuite ouvrir mon sac et en sortir l’enveloppe que j’avais reçue à mon domicile. La tenant entre mes mains, je la fixais avant de la mettre sur la table et la pousser vers Daniele pour qu’il en prenne connaissance.

- On m’a envoyé ça avant-hier. J’aimerais bien que l’on en discute, tous les deux si tu as le temps, évidement.

Je me gardais bien d’ajouter que je ne voulais pas non plus passer pour encore moins intelligente que je ne l’étais en étant incapable de prendre des décisions pas moi-même.

J’avais trouvé Livia déjà au travail dans son studio. J’étais entré car Daniele Ricci entrait où il le désirait sans autorisation et ma protégée avait déclara que j’avais l’air d’aller bien malgré les circonstances. Les circonstances étant ma – merveilleuse, magnifique et très réussie – fête de la veille. J’allais bien car j’avais de l’expérience en la matière. Je savais comment faire pour ne pas paraitre misérable le lendemain bien que mon mal de crâne était tout de même bien présent.

J’avais expliqué avoir retrouvé des cadavres sur la plage. C’était une exagération bien sûr – enfin, je l’espérais en tout cas, je n’avais pas vérifié si chaque corps émettait des signes de vie. Livia prenait ça comme une façon pour moi de dire que ma fête était réussie.

-Exactement, dis-je avec un petit sourire. C’était un très grand succès. Je dois juste renforcer la sécurité à l’avenir afin que des demi-portions comme Ian Hunter ne puisse pas entrer.

C’était une manie de Hunter que de venir à mes fêtes avant l’âge requis ! Mais j’allais remédier ça à l’avenir – et Ian Hunter n’aura qu’à se brosser pour essayer d’entrer.

Sans compter Stone mais je préférais ne pas parler de Stone à Livia.

Livia constata que j’étais plus en forme que la grande majorité des invités. C’est vrai que certains étaient dans un état misérable ce matin.

-Je ne te le fais pas dire, dis-je assez fier.

Par contre, après la prestation de Stone, je n’avais pas vu Livia parmi les convives. Ce fait, je ne pouvais pas ne pas en parler et j’amenais la conversation précisément là. Elle confirma être partie après que le petit merdeux ait quitté la scène. Pas que la fête ne soit pas au goût de la jeune femme mais c’était plutôt à cause de Jim qu’elle avait décidé de s’en aller en plantant là Julian Hughes. A moins que Hughes ne soit aussi en cause – c’était assurément possible.

Ayant été témoin de la conversation de Jim avait sa fille, je voyais de quoi elle parlait.

-Parce qu’il n’a pas approuvé tes choix et qu’il l’a dit à la façon « Jimmy Reed » ?, dis-je en sachant très bien que Jim pouvait se montrer très dur et insultant quand il le voulait. Tu sais, Livia… Le principe est de s’en foutre de ce que tes parents pensent. Mon père a souvent pensé que je faisais des choses stupides parce que ça bousculait son petit monde ou parce qu’il n’aurait pas fait les choses de la même façon. On était rarement sur la même longueur d’onde. Qu’est-ce que ça change ? Je fais quand même ce que je veux. Ce n’est pas lui qui vit ma vie. Ça fait bien longtemps que j’ai arrêté d’essayer d’avoir son approbation ou même de penser qu’il sera toujours heureux de ce que je fais.

Je faisais la même chose avec Tony. Je n’approuvais pas son amour pour le ballon rond – mais il s’en foutait, il continuait quand même. Au fond, ça ne veut pas dire que je ne l’aime pas. Ça faisait bien longtemps que j’avais compris que, ce gamin, j’y tenais.

-Les pères ont parfois du mal à savoir apprécier quand leur progéniture prends un chemin qu’ils ne valident pas. Sûrement parce qu’ils ont peur de ce qui pourrait arrivé à leur enfant… Jim est peut-être très rude mais je sais qu’il t’aime. S'il ne t'aimait pas il ne t'aurais jamais reconnue, confirmais-je assez sûr de ce que j’avançais.

Il a simplement une drôle de façon de le montrer. Peut-être qu’il en va de même pour mon père aussi et, de ce fait, nous n’avions plus aucun contact.

Livia avait – apparemment – quelque chose à me montrer. Elle me sortit une enveloppe et me la donna. Je l’ouvris écoutant Livia me dire qu’il fallait discuter du contenu de la lettre.

-Je suis ton manager. Avoir du temps pour discuter c’est mon job, dis-je avec un petit sourire.

Je me mis à lire la lettre. Ça parlait d’un projet de film où Livia aura un rôle. Un premier pas vers une plus grande célébrité et diversité. Livia n’est pas la première chanteuse à qui on fait se genre de proposition. Il n’y a pas si longtemps, Victoria Hunter avait eu la même chance.

-Et bien ! On dirait que tu tapes dans l’œil de plus en plus de monde, dis-je avec un petit sourire. Un film, ce n’est pas rien ! Ça augmentera ta visibilité. Qu’est-ce que tu en penses, toi ?

Daniele possédait l’art et la manière de se relever d’une fête couronnée de succès et arrosée à souhait, sans sembler éméché ne serait-ce qu’un tout petit peu. C’était probablement ces nombreuses années de pratique qu’il encaissait derrière sa cravate. Il disait ne plus compter les cadavres laissés sur la plage ce qui, en un sens, pouvait signifier que la fête avait été un grand succès.

- Ah oui ? Il y a eu une défaillance dans la sécurité? , lui demandais-je avec un petit sourire moqueur.

Je savais qu’il n’avait pas apprécié l’initiative d’Howard, il n’avait pas besoin de m’en parler pour que je le devine cependant, je n’avais pas su que Ian V. Hunter s’était aussi permis de jouer les incrustes.

- Ian était là ? Peut-être qu’il était là parce que sa mère y était, elle n’avait peut-être pas de baby-sitter, me moquais-je.

Il aurait été surprenant que mon manager, à qui rien n’échappait, ne me parle pas du fait que j’ai quitté la fête très tôt, laissant seul mon époux. Je ne lui cachais pas être partie parce que je ne supportais plus d’être au même endroit que Jimmy et Daniele, sans grande surprise, alla à la défense de son ami tout en me donnant une leçon sur comment je devais gérer ma relation avec mes parents en traçant un parallèle avec sa propre relation avec son père.

- Honnêtement, je n’en ai rien à foutre qu’il accepte ou non mes choix mais tout puissant puisse-t-il être, ça ne lui donne pas le droit d’être irrespectueux quand vient le temps de partager son opinion. Ce qu’il fait c’est écraser les autres avec le bout de son petit doigt parce que ça l’amuse d’imposer sa supériorité, il a eu un orgasme, j’en suis certaine !

Si j’avais été un homme, son discours aurait été tout autrement, ça ne faisait aucun doute.

Daniele continua en disant qu’il était certain que mon père m’aimait malgré ce qu’il pouvait dire, la preuve étant qu’il m’avait reconnue et ça, ça me fit rire et pas qu’un peu.

- Arrête ! Il m’a reconnue parce que Sørensen lui a forcé la main avec son article ! À partir du moment où Sørensen à mit sous le nez de tout le monde l’évidence, il n’y avait plus moyen de duper personne.

Arrêtons de se mettre la tête dans le sable !

Quoi qu’on puisse en dire, Daniele et moi ne serions jamais du même avis au sujet de Jimmy et puisque je n’étais pas près de voir se pointer le jour où il présenterait ses excuses, nous étions mieux de changer de sujet.

Je laissais sur la table l’enveloppe que j’avais reçu chez moi et laissais Daniele en prendre connaissance. Moi, j’étais excitée par ce projet et j’avais envie de sauter sur l’occasion mais je devais en parler avec mon manager, le seul bien placé pour me conseiller.

- Je suis très intéressée, j’ai envie de dire oui tout de suite mais en même temps, puisque ce sont eux qui sont venus vers moi, je me disais que de me laisser désirer ne ferait pas de mal, en tous les cas, pas très longtemps. Tu penses pouvoir faire entrer un horaire de tournage dans mon agenda ? Je n’ai pas envie de laisser tomber quoi que ce soit. C’est plutôt là que je m’inquiète.

-Moui… Il semblerait, dis-je confirmant la faille de sécurité. Mais c’est à ça que serve les premières fois. A voir ce qui ne fonctionne pas pour être mieux préparé la prochaine fois.

Et Ian Hunter ainsi qu’Howard Stone pourront se brosser pour entrer la prochaine fois !

Quant à Ian, Livia émit l’hypothèse que ça soit sa mère qui l’ait fait entrer. Victoria n’en serait pas à son premier coup d’essais du genre. Elle a déjà fait entrer Ian à une fête à ma villa il y a quelques années d’ici alors que le gamin était encore presque en couche culotte. Comme si un gamin avait sa place à une fête entre adulte ! Mais les Hunter semblait se foutre complètement des règles établies.

-Oui, Ian était là. Mais je doute qu’il soit venu à cause d’un problème de babysitting. Il ne vit même plus avec Victoria depuis que Tobby Cooper habite avec Vicky, dis-je avec un petit sourire en coin. Je crois que le gamin s’est invité tout seul. C’est une mode dans cette famille de libertins finis de se foutre de mes règlements.

Quoi qu’il en soit, la prochaine fois, il n’aura aucune chance d’entrer.

Livia, elle, n’était pas restée à la fête. En cause : son père. Tout du moins, il faisait partie du problème. Elle n’avait pas apprécié les paroles de Jim. Je pouvais le comprendre – je n’étais pas totalement inhumain. Je tentai d’expliquer le point de vue de Jim que je connaissais depuis des années. Je fis aussi le parallèle avec mon propre père pour montrer qu’une relation parent-enfant n’était pas toujours idyllique. Mais c’était l’irrespect que Livia avait du mal à accepter. Moui – il est vrai que Jim a l’habitude d’écraser les autres.

-Moui, tu marques un point. Il pourrait éviter d’écraser les autres, dis-je pensif. C’est totalement inutile.

Mais j’étais pourtant persuadé que Jim aimait sa fille. Il y avait des indices qui ne trompaient pas. Mais elle n’était pas aussi certaine que moi. Elle était sûre que jamais Jim ne l’aurait reconnue si Sørensen ne lui avait pas forcé la main. Certes. Mais c’était nier d’autres indices flagrants.

-Peut-être, dis-je en fixant Livia. Mais je suis sûr que si Jim n’avait aucun amour pour toi ou ne te considèrerait pas, il ne serait jamais venu te chercher en personne quand Ward te retenait captive. Il aurait pu envoyer ses sbires mais, non, il est venu lui-même. Jim peut-être un enfoiré mais, t’aimer, il t’aime…

Sans doute qu’il ne le montre pas comme un enfant voudrait le voir de la part d’un de ses parents. C’était évident. Jim ne savait pas s’y prendre pour ça et moi non plus. Sans doute parce que c’était la même choses pour nos pères.

Seulement, Livia avait d’autres choses à faire que de me parler de Jim. Elle avait reçut une lettre. Je l’avais lue comprenant qu’il était question d’un début dans le monde du cinéma. Je devais avouer que c’était une belle opportunités pour que Livia gagne encore plus en notoriété. Je savais – aussi – que ça pouvait comporter quelques pièges. Si elle était mauvaise actrice, les gens le souligneront.

A voir ce que Livia en pensait. Elle était intéressée mais voulait se laisser désirer. Ah tiens ! Cela me fit sourire. Quant à l’agenda. Moui – je saurais caser ça quelque part.

-Si tu penses pouvoir gérer tout ça avec tes études, je pense que ça pourra rentrer dans le calendrier. Un tournage est aussi prenant qu’une tournée mais tu as l’avantage, pour le tournage, de ne pas devoir voyager. Donc ! C’est tout à fait faisable, dis-je confiant vis-à-vis de ça. Puis, un tournage prends moins de temps qu’une tournée. Environs trois mois. Enfin, tout dépends des réalisateurs…

Quant à se faire désirer.

-Les stars peuvent se faire désirer. Tu es assurément une star de la musique, dis-je avec un petit sourire.

J’avais travaillé à ce qu’elle le devienne bien que son talent avait fait une bonne partie du job. Mais il ne s'agissait pas entièrement d'un projet musical.

-Mais ce jeu peut-être dangereux. Ils pourront se dire que si tu traines c’est que tu n’es aucunement motivée et ils iront voir ailleurs. C’est un risque. A toi de voir si c’est un risque utile… Si tu veux vraiment faire ce projet, je serais toi, je ne jouerais pas avec le feu, dis-je afin de lui faire passer le message qu’il fallait choisir le bon moment pour jouer les stars qui se font désirées.

Elle pourrait le faire sur des projets qui l’intéresse moins ou quand elle aura déjà plus d’expérience dans des projets auxquels elle n’a pas encore touché.

-Une autre question se pose : est-ce que tu penses avoir du talent pour l’acting ? Parce que ce n’est pas du tout pareil que de chanter, dis-je afin de voir si le risque d’avoir un flop était grand ou si, au contraire, on pouvait faire un jackpot.

Sincèrement, je ne saurais le dire. Je n’avais jamais vu la gamine jouer.

Il y avait eu une défaillance dans le système de sécurité de la fête c’est ce qui avait permis à Howard et Ian de s’infiltrer. Ça me fit sourire un peu parce que si Howard était parvenu à entrer sur le site, c’est moi qui lui avais pavé le chemin jusqu’à la scène en attirant l’attention de la sécurité complètement à l’opposé.

- Alors la prochaine fois, pas de mauvaises surprises.

Concernant Ian, je pensais qu’il devait être venu avec sa mère faute de quelqu’un pour passer la soirée avec lui à la maison et ainsi, le surveiller. Daniele m’apprit alors que ce n’était pas le cas puisque Ian ne vivait plus avec sa mère depuis que celle-ci était en couple avec Tobby Cooper.

- Donc, Ian, ne voulant pas vivre avec sa mère et son amoureux, s’invite à une fête où se trouve sa mère et son amoureux. C’est tout à fait Ian, de faire ça !

Le fait que j’ai quitté la fête assez tôt n’avait pas échappé à Daniele qui voulait bien savoir pourquoi. Je ne lui cachais pas l’avoir fait parce que j’avais ressenti le besoin de m’éloigner de mon père, que ses paroles avaient été de trop. Je ne m’attendais pas à ce que mon manager prenne mon partit contre mon père, étant les meilleurs copains, cela m’aurait grandement surpris, mais qu’il tente d’excuser en expliquant que cela faisait partie de la personnalité de Jimmy, en plus de me tracer un parallèle avec sa propre relation avec son père, me donna de l’urticaire !

- Ça prends beaucoup de temps pour gagner la confiance de quelqu’un et une seule seconde pour la perdre totalement. C’est exactement ce qu’il a fait en cherchant à me blesser pour me faire passer un message.

Je préférais laisser tomber tout lien avec Jimmy plutôt que de continuer d’encaisser en souriant parce que c’est ce qu’il attendait de moi. Il élèvera J.R. pour en faire une copie conforme de lui s’il en avait envie, moi je quittais le navire !

- Non, Jimmy est une enfoiré qui pense savoir aimé mais qui ne sais pas comment aimer. En ce qui me concerne, c’est terminé. Il trouva une autre marionnette pour ses plans d’avenir.

Parlant d’avenir, ça tombait plutôt bien que Daniele soit de passage aux studios puisque je voulais justement lui parler d’une offre qu’on m’avait fait parvenir directement chez moi et qui était des plus intéressantes. Je laissais le temps à Daniele de prendre connaissance de la lettre puis s’exclama que cela allait me donner beaucoup de visibilité. Mon inquiétude à moi résidait dans l’accumulation de projets et ma crainte de me retrouver avec un agenda surchargé, déjà qu’il l’était pas mal.

- Je pense pouvoir gérer tout ça, au pire, je prendrai une session de congé ou je diminuerai ma charge de cours. Cela ne serait pas dramatique.

Il y avait des avantages dans ce genre de projet comme le fait qu’il se faisait ici même à Los Angeles et donc, je n’aurais pas à voyager hors du pays comme cela serait le cas avec une tournée et qu’un tournage était aussi moins long à boucler qu’une série de concerts.

Je voulais me faire désirer un peu, puisque c’était le studio de cinéma qui était venu à moi et non le contraire. Daniele pensait que je pouvais le faire mais ce n’était pas sans risque. J’en étais consciente mais je ne voulais pas me précipiter et signer un contrat sans avoir bien peser les pours et les contres.

- Je ne les ferai pas attendre trop longtemps, mais puisque tu es mon manager, ne devrais-tu pas entrer toi, en contact avec eux en mon nom pour avoir tous les détails et commencer la négociation ? J’aurais été plus à l’aise s’ils avaient prit contact avec toi en premier.

Au prix que l’on payait nos managers, ce serait la moindre des choses que de passer par eux pour nous rejoindre nous, les artistes, non ?

- Ma seule expérience pour l’acting remonte à Fairfax, quand j’ai tenue le rôle de Juliette et j’ai adoré ça ! Brooke disait que j’avais vraiment beaucoup de talent. J’ai conscience qu’il y a toute une marge entre une pièce d’école et un plateau de tournage mais, pourquoi pas ? J’ai envie de le faire et je pense pouvoir m’en sortir. Au pire, ce sera une expérience à ne pas renouveler.

J’étais prête à prendre le risque, j’en avais très envie.

-Moui, la logique de Ian Hunter n’est pas très logique, dis-je avec un petit sourire alors que Livia avait relevé l’illogisme total dont avait fait preuve le rejeton de Vicky.

Quoi qu’il en soit, je n’avais pas eu le plaisir de le virer car le gamin avait réussi à ne pas trop se faire voir. Heureusement pour lui, sinon, il aurait passé un très sale quart d’heure.

J’avais plongé – ensuite – dans le différent entre Jim et sa fille. Une seule conversation avait, semble-t-il, réduit à néant une relation qui s’était laborieusement construire au fil des ans. Jim y avait été fort et semblait avoir perdu l’estime totale de sa fille. J’avais tenté de faire prendre du recul à Livia mais ça semblait être un coup dans l’eau. Il avait suffit que Jim n’approuve pas les choix de sa fille et le dise à la méthode Jim pour que tout se brise entre eux. Ça voulait sans doute signifié que leur relation – avant ça – tenait déjà à un fil. Elle déclarait que son père ne savait pas aimer. Moui – sans doute.

Au final, que Jim perde l’estime de Livia, c’était un peu son problème. J’avais simplement donné mon point de vue sur la chose parce qu’une Livia en prise avec des soucis familiaux est une Livia malheureuse et une Livia malheureuse était une Livia sans doute moins concentrée sur ses projets.

-Moui sans doute qu’il trouvera d’autres marionnettes, dis-je en haussant des épaules.

Le sujet étant clos, Livia en avait ouvert un autre. Celui de la proposition qu’on lui avait faite pour faire partie d’un projet de film. C’était intéressant et ça semblait emballer Livia. Je l’avais rassuré sur le fait que ça pouvait totalement entrer dans son calendrier. Il faudra qu’elle s’accroche – mais c’était faisable. Elle disait que, au pire, elle diminuera sa charge de cours pendant le temps du tournage.

-Oui, c’est une bonne idée, confirmais-je.

Je l’avais – par contre – mis en garde contre le fait de se faire désirer. Livia était une chanteuse reconnue mais elle n’avait encore rien prouvé en tant qu’artiste alors il sera facile pour les réalisateur de se pencher sur un autre profil si elle se fait attendre. Ça peut aussi paraitre pour de l’arrogance. Et certains réalisateurs n’aiment pas l’arrogance.

Elle déclara qu’elle ne les ferait pas attendre longtemps avant de me mettre sur le coup. Elle se demandait d’ailleurs pourquoi ce n’est pas à moi qu’on avait fait cette proposition pour elle.

-Par tactique, dis-je avec un petit sourire en coin. Les producteurs se disent sûrement que s’ils te demandent à toi d’abord et que tu es intéressée, tu me convaincra. S’ils l’avaient envoyé à moi avant, j’aurais pu ne jamais t’en parler si je n’avais pas voulu que tu le fasses.

Ils savaient ce qu’ils faisaient en procédant de la sorte. J’appelle ça la tactique Stone !

-Je prendrais contacte vu que tu sembles intéressées, concluais-je.

Mais une autre question se posait : est-ce que Livia savait jouer. Elle n’avait qu’une petit expérience en la matière et c’était lors d’une pièce scolaire. Moui – c’est loin du niveau d’Hollywood, ça. Elle en était consciente mais elle pensait pouvoir s’en sortir. Elle voulait prendre le risque.

-Au pire, si c’est un flop, les dégâts seront limités, dis-je un rien pensif. Tu n’es pas actrice à la base et tu pourras facilement faire oublié un possible flop par un bon album. Personne ne t’en tiendra réellement rigueur. J’espère seulement que tu ne seras pas face à des acteurs expérimentés qui voudront t’écraser pour montrer leur supériorité. Hollywood, ce n’est pas toujours un lieu où tout le monde est gentil. J’imagine que tu n’as encore eu aucun échos de qui d’autre jouera là-dedans ?, demandais-je au cas où.

La logique illogique de Ian m’avait fait sourire. En même temps, je comprenais un peu comment les choses devaient se bousculer dans sa tête. Quand j’avais appris que ma mère avait renoué avec Jimmy alors que ce dernier continuait de jouer au chat et à la souris avec moi m’avait perturbé pendant un temps. Ian avait la chance cependant que sa mère n’était pas tombée sur un véritable trou du cul qui chercherait vicieusement à le détruire à petit feu. Ça avait quand même fait remettre en perspective l’efficacité de la sécurité lors de la fête donné par mon manager.

Daniele voulu marcher sur un chemin que je ne voulais pas forcément emprunter avec lui pour plusieurs raisons, la principale étant que je n’avais pas devant moi que mon manager mais aussi, le meilleur ami de Jimmy. Est-ce que je pouvais totalement faire confiance à Daniele quand mes états d’âmes éclaboussaient Jimmy ? Je n’en avais aucune idée, seul l’avenir nous le dirait, ainsi, je serais fixé sur la relation à avoir avec mon manager.

Cependant, j’eu un peu l’impression que Daniele comprenait mon ressenti. Avait-il lui aussi été par le passé égratigné par l’égocentrisme surdimensionné de Jimmy ? Je n’allais pas lui poser à question, moins je parler de mon père, mieux je me portais. J’étais surtout très contente de changer de sujet et aussi d’éviter de ma sortie improvisé avec Howard Stone.

J’avais reçu une proposition pour un film, assez sérieuse pour que Daniele et moi nous y pension intelligemment. Le projet me tentait vraiment au point ou j’étais prête à ralentir mes études pour parvenir à concilier le tout.

- De toute façon, je ne vois pas d’autre façon de tout concilier.

L’idée d’abandonner mes études pour m’éloigner encore plus de Jimmy me passa par la tête et me sembla hautement séduisante, tout d’un coup. J’allais me pencher sur cette possibilité et réévaluer mes options.

Le projet était assez gros pour que je me questionne à savoir pourquoi la production avait choisi de me l’envoyer directement à moi plutôt qu’à mon manager. Daniele croyait qu’il s’agissait là d’une tactique visant à m’accrocher moi directement plutôt que de risquer un rejet systématique de la part de mon manager qui aurait vu là une surcharge de travail, un risque de visibilité ou qu’importe qu’elle autre raison de ne pas m’en parler.

- C’est pas fou. J’ose quand même croire que tu me parle de toutes les offres pertinentes que tu reçois pour moi et me laisse le loisir de l’évaluer.

Daniele était prêt à les contacter puisque j’étais intéressée. Ainsi, nous ne disions pas oui immédiatement mais nous ne les laissions pas trop attendre. C’était une bonne façon de m’assurer qu’ils allaient m’attendre.

- Merci !

Je n’avais aucune expérience devant les caméras, le stress était donc bien présent bien que je ne voulais pas trop m’en soucier pour l’instant. J’étais montée sur scène à Fairfax pour incarner Juliette et j’avais adoré cela. Je me doutais que le tournage d’un film était différent que de monter sur scène mais Daniele voyait déjà la possibilité de faire oublier ma performance, si elle était un échec, en sortant un album.

- Sortir un album est dans mes prochains à court terme. Comme tu vois, j’y travaille.

Je soulevais mon cahier de rédaction d’un doigt et le laissais retomber sur la table comme pour montrer qu’il était bien garni de nouvelles compositions. Je pourrais prévoir la sortie d’un album parallèlement à la sortie du film ce qui offrirait de la visibilité aux deux projets tout à la fois. Daniele allait se charger de planifier tout cela, il saurait mieux que moi peaufiner les dates pour obtenir les meilleurs résultats.

- Je n’ai aucune idée des autres acteurs retenu pour le film. J’ai lu le scénario et c’est le genre d’histoire pour lesquelles j’imagines des acteurs de la trempe de Hank North ou Leonard Cooper, tu vois le genre ?

D’un côté, je serais très honoré de jouer dans une production aux côtés d’un acteur tel qu’Hank North mais je serais aussi grandement intimidé que mon manque d’expérience puisse être un fardeau pour lui qui à ça dans le sang contrairement à moi qui a tout à apprendre.

- C’est bien ficelé, l’intrigue nous tient jusqu’à la toute fin, c’est à ce demandé pourquoi ils ont pensé à moi pour tenir le rôle qui donnera la réplique au personnage le plus important. C’est un truc à la James Bond !

De quoi mettre la pression !

- Tu apprendras certainement avant moi tous les détails, de toute façon. J’ai hâte de commencer !

Si Livia voulait se lancer dans ce projet cinématographique, elle allait devoir se dégager du temps. Un temps qu’elle comptait prendre sur ces études. Je devais avouer que ça m’arrangeait – je n’avais jamais caché préféré qu’elle se concentre sur sa carrière plutôt que sur ses études supérieures.

Livia s’était demandée pourquoi les producteurs du film étaient venu vers elle et non vers moi pour proposer le projet. J’avais émis une hypothèse là-dessus. Pour moi, ils avaient simplement pensé que Livia était la plus à même de me convaincre de participer à ce projet. Ils évitaient, ainsi, que je ne fasse passer cette proposition à la trappe sans que Livia ne soit jamais au courant qu’une telle offre ait existé. Ma jeune artiste espérait que je lui parlais de toutes les offres que je recevais.

-Non, dis-je sincèrement. Car si je le faisais, tu passerais tes journées à lire lesdites propositions. Des propositions pour toi, j’en reçois très souvent. Mais c’est souvent des projets peu sérieux. Des gens lambda qui veulent t’avoir pour des soirées de mariages ou d’anniversaire sans devoir payer un sou… J’ai même eu une offre de Rino Giordano pour que tu joues dans un de ses films… Mais je doute que tu veilles faire dans le porno…, rajoutais-je avec un petit sourire. Donc, je trie mais dès que quelque chose risquerait de te plaire ou bien a un certain intérêt, oui, je t’en parle. Mon boulot est de te faciliter le travail. Faire un tri en amont fait partie de ça. Mais si ça ne te plait pas, je peux t’envoyer toutes les propositions stupides, si tu veux…

Je pouvais très bien le faire. Il suffisait que je demande à Sonne de passer ces propositions à l’adresse de Livia. Mais ça en fera des paquets de courrier de fans qui veulent s’approprié un bout de Livia pour des projets insensés.

J’allais prendre contact avec les producteurs du film – assez rapidement pour éviter qu’ils ne changent d’avis. Restait à voir si Livia sera à la hauteur. Elle avait une maigre expérience et c’était dans un pièce d’étudiant – ce qui était très maigre, finalement, comme expérience. Mais ça ne signifiait pas qu’elle ne s’en sortira pas. Puis, au pire, elle saura facilement se remettre d’un flop. Surtout qu’elle affirma être en train de travailler à un nouvel album.

-A la bonne heure !, m’exclamais-je.

Ça promettait ! Livia ne décevait jamais quand il s’agissait de musique ! J’avais hâte d’entendre le ses nouvelles chansons.

Je l’avais mis en garde sur les acteurs connus qui pourraient faire partie de la production – certains pourraient s’amuser à se mettre en avant en écrasant Livia. Cette dernière n’avait aucune idée de qui participera à la production mais il semblerait que le film soit pensé pour de grands acteurs comme Hank North ou Leonard Cooper. Hank North avait bien des défauts mais je doutais qu’écraser les autres pour se mettre en avant soit l’un d’entre eux…

-Je vois, dis-je pensif. Tu verras bien. Je te conseille te prier pour que ça soit Robin North. Avec lui c’est clair qu’il n’y aura aucune mauvaise surprise.

Livia avait lu le script et il s’agissait d’un film à la James Bond. De l’action, donc ! Ça pouvait être pas si mal.

-S’ils ont pensé à toi c’est sûrement parce que ton nom attirera un jeune et large public, dis-je avec un petit sourire. Ils seront sûr que tes fans viendront voir le film. Puis, tu es une jolie femme… Au cinéma, ça joue aussi. Puis, ils ont peut-être des idées vis-à-vis de tes compétences musicales.

Je ne tarderais pas à en apprendre plus de toute façon.

-Effectivement !, dis-je en souriant. Je vais de ce pas me réserver un petit rendez-vous avec les producteurs. Sauf si tu as d’autres choses à me dire ?

Je fus surprise d’apprendre que Daniele ne me faisait pas part de toutes les offres pour moi qui tombaient sur ton bureau. J’allais répliquer mais il m’expliqua comme il procédait ce qui faisait beaucoup de sens. Il était beaucoup plus logique qu’il fasse un tri au travers toutes les propositions qui pleuvaient que de toutes me les exposer et, quand il me parla de l’offre qu’un producteur porno lui avait fait pour moi, je plissais du nez tant ça me dégoutait.

- Il n’y a aucun risque que j’accepte de faire un porno ! Aucune !

Julian me faisait déjà une scène de jalousie pour aucune raison chaque fois qu’il en avait l’occasion. Si je devais tourner dans un film pour adulte, il en ferait bien une maladie ! Je n’osais même pas penser au-delà de ce que pourrait être sa réaction, il valait mieux !

- J’avoue que, exposé comme ça, il est beaucoup plus logique que tu fasses le tri. De toute façon tu as toute ma confiance pour ça.

C’était également la raison pour laquelle j’avais préféré discuter du scénario de film reçu chez moi avec lui plutôt que de prendre directement contact avec les producteurs. Daniele avait un bon instinct qui me servait bien. Je n’avais aucune raison de croire qu’il puisse me cacher de belles propositions pour des raisons non valables.

Advenant que le film pour lequel on m’offrait un rôle soit un navet, je pourrais toujours faire oublier ce faux pas en sortant un nouvel album. Je travaillais déjà sur de nouvelles composition ce qui eu pour effet de ravir mon manager.

- Tu me connais, toujours entrain d’avancer.

Je n’étais pas du genre à m’assoir sur mon succès et regarder les fruits de mon labeur tomber dans mon panier. C’était précisément aussi pour cela que je continuais d’étudier en parallèle avec ma carrière de chanteuse et que je n’hésitais pas à m’engager avec des causes qui me tenais à cœur.

Le scénario que j’avais entre les mains était si bien écrit et ficelé que je voyais mal un acteur inconnu tenir le premier rôle. Ça avait l’étoffe d’un Hank North ou d’un Leonard Cooper ou je ne sais quel autre géant du cinéma. Je pouvais me tromper, ce n’était qu’une impression que j’avais.

- Ça me plairait bien de jouer aux côtés de Robin North. Il y a une romance parallèle avec mon personnage et celui de euh…

Songeuse, je feuilletais le scénario pour retrouver le nom du personnage, cela m’échappait, il y avait tout de même plusieurs informations à retenir et je ne l’avais lu qu’une seule fois.

- Rick, alias Le Dealer.

Je haussais des épaules en reposant le manuscrit sur la table pendant que Daniele songeait que mon jeune âge et mon public apporterait certainement un nouvel auditoire pour ce genre de film et que possiblement que mes talents en tant que chanteuse pouvaient être mit à profit pour la production.

- J’ai hâte d’en savoir plus. Tu vas les contacter dès que possible ?

J’espérais qu’il le ferait en quittant le studio, ainsi, nous serions vite fixés sur l’entièreté du projet pour lequel j’étais de plus en plus excitée. Daniele confirma qu’il allait de ce pas contacter les producteurs, à moins que j’ai besoin de discuter avec lui d’autres choses.

- Non, tout est dit. Je vais continuer de bosser sur mes compositions pour quelques heures et ensuite, j’ai du shopping de décorations de noël à faire !

Et je me gardais bien de lui dire que c’était pour décorer la villa d’Howard que j’allais faire les boutiques.

- Merci Daniele. Pour la conversation et tout.

J’avais rigolé quand Livia avait clamé que jamais elle n’acceptera de faire du porno. Je la voyais mal le faire aussi – ce n’était pas du tout le genre de la petite Cortez. C’est pour ça que je ne lui avais même pas parlé de la proposition de Rino.

-Je m’en doutais un peu, dis-je avec un petit sourire.

Livia avait compris les raisons de mon tri. Ainsi, elle semblait vouloir que je continue ainsi. Si elle avait voulu que je change de tactique, je l’aurais fait. Moins de travaille pour moi, plus pour elle ! Mais la jeune femme avait bien compris les avantages qu’elle avait à ne pas devoir trier elle-même.

-Je continuerais ainsi alors, rajoutais-je toujours avec ce même petit sourire.

Ceci étant dit, nous avions pesé le pour et le contre de cette proposition qui alléchait Livia. Il faut dire que j’aurais été à sa place, j’aurais accepté aussi. Ce n’est pas tous les jours qu’une proposition de participer à un film arrive – surtout quand on a aucune formation en acting. Ce qui était le cas de Livia. Car hormis une expérience scolaire, ce n’était pas une actrice. Mais même si elle venait à se planter, elle pourra toujours faire oublier tout ça à coup d’album étant donné qu’elle était en train d’en préparer un nouveau.

J’aimais quand mes poulains étaient productifs et – à ce niveau – Livia ne me décevait jamais.

-Toujours, oui, dis-je en souriant. C’est ça que j’aime chez toi.

Livia n’avait encore aucune idée de quels autres acteurs participeront à ce film. Mais, d’après elle, c’était une grosse production. Vu qui réalisait, ouais, je n’avais aucun doute là-dessus. Elle voyait quelques grands noms pour les rôles alors que, moi, je déclarai qu’elle ferait bien de prier pour avoir Robin North. Et, pour cause, Livia allait devoir jouer une romance avec un certain Rick.

-Robin North en dealer. Pourquoi pas?, dis-je avec un petit sourire. J’imagine qu’on ne tardera pas à savoir qui seront les autres grands noms de ce film.

Qui qu’ils soient, il faudra faire avec – car Livia semblait déterminée à aller au fond de ce projet. Elle avait hâte d’en savoir plus sur la chose.

-Je vais les contacter dès que je sortirais d’ici, dis-je en esquissant un sourire en coin.

Ceci étant dit, Livia n’avait pas d’autres choses à me dire. Elle allait continuer à bosser avant de commencer à acheter de quoi décorer sa maison pour Noël. Moi, j’avais laissé ce soin à Sammy, Erik, la mère de Sammy et les enfants.

-Bonne idée, lançais-je avant que Livia ne me remercie. Et de rien, je ne suis pas le meilleur manager de Los Angeles pour rien, rajoutais-je avant de lui faire un clin d’œil.

Sur ce, je pris congé. J’avais du pain sur la planche.