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Vous connaissez cette sensation ? Celle qui vous donne envie de vous recroqueviller dans le coin d’une pièce et de hurler comme un dément pour ne pas que votre cerveau éclate en repeignant les murs.

-David ?

Vous connaissez cette sensation ?

-David ?...

Ou c’est juste moi ?...

Diminuer la pression dans mes tempes…

Alors je me regardais, moi assis dans le fauteuil dans le cabinet du Docteur Storm, la tête tournée vers le coin de la pièce que j’avais choisis pour diminuer la pression, faire sauter les soupapes… J’avais une sale gueule, dis donc…

-David ?...

Mes yeux étaient fixés sur moi-même et j’avais l’impression que mon cri ne s’arrêterait jamais. Un cri qui me glaçait le sang et me raidissait sur le fauteuil que j’occupais, silencieux… Je me regardais hurler et je n’en avais pas moins mal la tête pour autant.

-David.

Je disparus du coin de la pièce quand enfin, la voix du Docteur attira mon attention sur lui. Je tournai la tête pour le regarder, mes mains moites serrées entre elles sur mes genoux. J’esquissai un sourire… Mon sourire je-vais-bien.

-Ouais ?

Le docteur, installé sur le fauteuil en face du mien, séparé de moi par une simple table basse sur laquelle trônait un verre d’eau qu’il m’avait offert à mon arrivée pour cette dernière évaluation de mon état de santé mentale, caressa son menton. Je pouvais entendre d’ici le crissement de sa peau contre sa barbe…

-Vous avez encore des troubles de l’attention ?

Je secouai la tête avec une petite moue de réflexion.

-Mmm… Non… Non… Parfois, vos yeux se perdent dans le vide durant nos séances, Docteur… je ne vous demande pas si vous avez des troubles de l’attention…

Je rigolai brièvement, baissant les yeux, époussetant des poussières imaginaires sur mon jeans…

-Je ne vous demande même pas si vous m’écoutez encore…

Le docteur sourit.

-Oui, d’accord. Mais ce n’est pas moi qui suis évalué, lors de nos sessions.

Je frottai mes cuisses et pinçai mes lèvres.

-Mmm… alors non… Plus de troubles de l’attention. Je rêve éveillé… Comme vous parfois. Comme tout le monde. Je suis comme tout le monde…

Le docteur plissa légèrement les yeux.

-Des visions ?

Mon regard se porta vers le coin, vide, de la pièce…

Je n’ai pas de visions…

-Plus de visions.

Je regardai à nouveau le Docteur avec mon sourire je-vais-bien. Ses yeux à lui étaient deux violeurs vicieux qui cherchaient à entrer par tous les pores de ma peau.

-Comment vous sentez-vous ?

Je balançai ma tête un peu, évaluant comment je me sentais, avec à nouveau une petite moue de réflexion…

-Mmm… Anxieux, un peu… Juste un peu…

Le docteur nota quelque chose sur son carnet.

-Pour le résultat de cette évaluation ?

Je secouai la tête négativement.

-D’aller dehors.

Ce fut pourtant là que je me retrouvai.

Dehors.

Debout avec mon sac de sport et mes quelques possessions, des vêtements, une brosse à dent et un tube de dentifrice entamé. Ah… Et une chiée de boîtes de médocs…

Derrière moi, le Hollywood Mental Health Centre, ses blocs de bétons, ses repas à heures fixes, ses activités, ses pions, son couvre-feu, ses programmes télé… et quelques amis amorphes.

Devant moi, Los Angeles et son immensité vide de sens.

@ Billy Lighter