Nous y voilà !

Le jour que j’attendais avec impatience et que j’entrevoyais en quelque sorte comme une façon symbolique de tourner la page sur les derniers évènements. Nous sommes au matin du premier jour de tournage de la fameuse et tant attendu vidéo   Be Mine! de The Lightening.  Et si je n’ai pas dormis cette nuit, ce n’est pas parce que je craignais de revivre pour une innombrable fois le fil du massacre, mais parce que je suis excitée de vivre cette première expérience à titre de manager.

Il faut une première fois à tout, n’est-ce pas ?

Et puis, pour ce qui est du massacre de la Villa Conti et tout ce qui en a découlé, je me sens un peu mieux depuis notre visite.  Savoir Maritza tiré d’affaire, bien qu’elle aussi, à ses propres démons à combattre au quotidien, à mis un léger baume sur la mort de certaines personnes. Je ne les accepte toujours pas,  mais je comprends mieux le geste de Jimmy Reed qui n’a fait rien de moins que de venger la femme de qui il est éperdument amoureux.

Le reste, c’est entre moi et le Dr. Storm que ça va se jouer. J’ai pris la décision de consulter pour m’aider à passer au travers cette période chaotique de ma vie, comprenant que certains chapitres ne sont pas tout à fait fermer, assez du moins pour que je puisse vivre vraiment en paix. Si le Dr. ne peut me prendre, on m’a assuré qu’on me trouverait une place dans l’agenda de sa collègue.

Aujourd’hui, et peut-être est-ce l’effet de The Lightening, mais je me sens vraiment bien, même que je prépare en chantonnant, sous l’œil interrogateur de Daniele qui ne m’a pas vu comme ça depuis  mon retour ici.

Je l’ai embrassé  tendrement après avoir grimpé à bord de mon taxi qui me conduisit jusqu’à l’appartement de Billy Lighter, sur Hollywood. C’est là qu’aura lieu le tournage.

J’arrive avant les principaux intéressés, je parle des membres du groupe et des deux acteurs, April Fox et Robin North.  Le staff de MTI est déjà entrain de placer le matériel nécessaire, installer l’éclairage, bref, tout mettre en place.

Je suis fébrile, difficile de le cacher, surtout que j’ai appris en arrivant que Lenny Knowles ne pourra se joindre à nous, souffrant d’une grippe intestinal.

- Nous ferons sans, alors. Et souhaitons-lui un prompt rétablissement. , ai-je simplement répondu.

Je n’irai certainement pas chercher mon illustre collègue par la peau du cou en lui disant de serrer les fesses, que ça allait passer !  Vaut mieux qu’il reste au lit plutôt que de contaminer tout le monde.

Enfin, Billy accompagné d’April et de Cash font leur arrivés et je vais les rejoindre, m’aidant de ma canne.

- Bon matin !  Oh, comment c’est excitant ! J’ai hâte de commencer, et vous ?

Mon ton est peut-être trop enjoué pour eux qui n’ont sûrement plus l’habitude de se lever aussi tôt, je dirais même que nous sommes probablement plus près de leur à laquelle ils vont au lit que celle à laquelle ils se lèvent.

- Billy, Cash, j’ai pris la liberté de faire placé le décor comme vous me l’aviez mentionné, mais j’aimerais que vous vérifiez si tout est conforme à ce que vous aviez en tête. Ensuite, nous regarderons pour les zones d’éclairages, si ça vous va et, April, nous avons installé une loge pour vous et Robin dans la petite pièce du fond, si vous voulez bien vous y rendre tout de suite.

Le décor est principalement composé, pour ne pas dire uniquement, des meubles et possessions de Billy Lighter, déjà en place mais il fallait dégager un peu l’espace pour que les caméras puissent bouger plus aisément et éviter de donner un effet d’encombrement  autour d’April et Robin.

On ne parlait plus que très rarement du massacre des Conti à la télévision. De mon point de vue, ça aurait pu passer pour un règlement de compte entre mafia comme un autre. Une histoire tragique, oui, mais qui faisait sens…

Ça aurait pu être ainsi si le nom de Samantha n’était pas sorti… Elle était la seule survivante du massacre. Un massacre qui devait lui avoir laissé des traces. Mais mon choc par rapport à cela était à un tout autre niveau… Samantha était notre manager et, déjà, le destin s’acharnait sur elle…

Déjà, la malédiction qui entourait The Lightening l’avait touchée…

C’était ça qui tournait dans ma tête depuis que j’avais entendu son nom à la télévision et dans les journaux. Uniquement ça. Le fait que Samantha payait déjà le fait d’avoir accepté l’aventure avec nous.

Et pourtant… Pourtant, elle n’avait pas abandonné pour autant. Elle était prête à démarrer le tournage maintenant que tout était en ordre.

Elle était prête à continuer avec The Lightening malgré ce qui était arrivé.

C’est ce qui la différenciait déjà de Watson et Dekkers. Elle avait pourtant vécu une horrible expérience. Une expérience qui laissera des traces parce que ce genre de chose laisse toujours des traces.

Je me préparai dans la salle de bain. Aujourd’hui, c’était le jour du tournage et j’étais à la fois tendu et emballé. Il fallait que tout soit parfait !

Quand je sortis, ce fut pour retrouver April et lui sourire. Elle était parfaite aussi. Même si notre vie de couple n’était pas toujours facile, je l’aimais. Et je savais qu’elle allait très bien se débrouiller…

En face, elle aura un acteur de renom. Samantha avait choisi Robin North pour le rôle masculin. Dans ses derniers films, il a prouvé qu’il pouvait aussi jouer des rôles plus sombres alors j’étais confiant du choix de Samantha. April semblait être revenue avec un bon sentiment des entrevues avec l’acteur.

On était, donc, prêt…

Je souris à April déclarant que c’était le grand jour et on embarqua dans ma voiture pour aller à Hollywood… Là où il y avait mon ancien appartement. C’était le meilleur endroit pour le clip… Dedans, il y avait encore toute l’énergie négative que j’avais essayé de brûler. Dedans, il y avait encore tous les souvenirs de violence qui s’y était produit. C’était seule lieu ou pouvait se tourner Be Mine.

Je pris April par la main quand on sortit de la voiture. Cash était là au pied de l’immeuble. On était là en même temps preuve de notre symbiose actuelle. J’hochai la tête pour le saluer.

-On monte ?

Quand il accepta, on grimpa à l’étage de mon ancien appartement. Je ressentais à nouveau toutes les vibrations de l’endroit et ça me fit frissonner. Je sentais en moi un sentiment contradictoire alors que l’appartement me rendait toutes les émotions négatives qui y avaient été laissée…

Je revoyais le feu et mon contractai devant cette vision.

Perdu dans celle-ci, je ne revins au monde réel que quand Samantha vint nous saluer. Elle était enthousiaste. Très enthousiaste. Je secouai la tête sortant de mes pensées alors que le coup de fouet de la bonne humeur de notre manager me rendit le sourire.

-Oui, j’ai hâte aussi.

Tout semblait déjà presque fin prêt comme le déclara Samantha qui entra directement dans le vif du sujet. Oui, il nous faudra tout vérifier.

Je me tournai vers April.

-Je te laisse aller te changer. Je vais tout vérifier… Il faut que tout soit parfait. J’espère que North ne va pas tarder.

Il n’était pas encore là. Mais je n’étais pas vraiment à cheval sur les horaires. Il viendra quand il sera prêt. Je comprenais ça.

Je regardai, ensuite, Samantha.

-Je suis content de te voir en forme…

Je n’osais pas évoquer le massacre. Je ne voulais pas l’évoquer !

Je fixai Cash.

-Allons vérifier.

Je m’avançai dans l’appartement regardant minutieusement le décor. Il était mis exactement comme on l’avait demandé… A un détail près.

-Le fauteuil… Plus à gauche… Beaucoup plus à gauche…

Il n’était pas assez à gauche. Il n’était pas mis de la façon dont je me rappelais dans mes souvenirs. Il fallait qu’il soit à l’exacte bonne place comme je le fis comprendre à un technicien qui travaillait là.

La nuit dernière fut très courte.  Je suis en proie à un mélange parfaitement dosé d’excitation et d’appréhension face au tournage de la vidéo pour la chanson Be Mine! J’ai accepté non sans craindre de ne pas être à la hauteur des attentes du groupe. Ce clip est attendu depuis déjà bien longtemps par les fans, je suis de ceux là, d’ailleurs et aujourd’hui, il est sur le point d’être concrétiser. Je  serais  affreusement déçue et couverte de honte si ma performance devait mener à de mauvaises critiques.

Puis, le matin quand j’ai ouvert les yeux, je me sentais comme le matin de Noël, comme quand j’avais  6 ou 7 ans et que ma tante avait placé les paquets sous l’arbre pendant la nuit. Elle n’a jamais su  que je savais où elle les cachait. Elle s’en achetait même un a elle-même sur lequel elle inscrivait que c’était de la part du père Noël, uniquement pour entretenir la magie du moment.  

Le plaisir que je ressens ce matin alors que je me prépare, est comparable à ce que je ressentais dans mes souvenirs d’enfant, bien que ce soit une toute autre expérience. Bien que je sache que je serai maquillé et coiffé selon  les directives découlant de la vision de The Lightening, j’applique un maquillage subtile, surtout pour cacher mes cernes dû au manque de sommeil cumulé  et je me contente de passer la brosse dans mes cheveux et, après avoir enfilé un legging noir et un hoodies tout simple, je suis prête à partir avec Billy.

Nous prenons donc la route avec Billy, jusqu’à arriver devant l’immeuble qui abrite son ancien appartement.  Cash était déjà là, appuyé contre le mur, attendant probablement que Billy arrive pour le suivre comme son ombre alors que nous grimpons les étages, moi derrière eux.

L’intérieur de l’appartement ressemble à une ruche, ni plus ni moins, avec tous les gens qui vont et viennent pour que tout soit prêt. Je cherche discrètement Robin mais il ne semble pas être déjà là. Cependant, la manager  du groupe, celle  dont le nom n’a cessé d’être mentionné à tous les bulletins de nouvelles est déjà là et, malgré les épreuves qu’elle a traversées, semble être en pleine forme.

C’est rassurant, en tous les cas, moi, ça me montre que le groupe de mon petit ami est guidée par une femme d’une force incroyable.

Je laisse Billy et Cash voir avec Mademoiselle Mancini les détails concernant la vidéo, observant par moi-même  tout ce qui m’entoure, avançant précautionneusement  comme si je marchais sur des œufs. Je ne veux nuit à personne mais je dois me faufiler pour me rendre jusque dans la petite pièce que Mancini m’a désignée afin que je puisse me changer et me préparer avant de débuter le tournage.

Deux chaises sont installées dans la pièce, devant un grand miroir. Une pour moi et l’autre, pour Robin. Une maquilleuse me demande de m’installer et, sans plus attendre, commence son travail en m’appliquant une tonne de maquillage pour éviter trop de reflet lumineux, pour que mon teint soit uniforme à l’écran, pour éviter que mes pores de peau semblent dilatés, et je ne sais plus combien d’autres raisons comme celle là tant et si bien que j’ai l’impression désagréable d’avoir un demi centimètre d’épaisseur en crème et fond de teint et tout ça, pour sembler ne pas être maquillé du tout, sauf pour un légère ombre à paupière et un rouge à lèvres plus rosé que rouge.

Ne reste plus qu’à attendre le ok de Mademoiselle Mancini et, probablement, celui de Billy et, en attendant, je reste sagement sur ma chaise, visualisant tout ce dont nous avions discuté, Billy et moi, concernant la vidéo.

J’avais pris du temps à m’endormir hier soir tellement j’étais excité à l’idée de commencer le tournage du clip le lendemain. En fait, je n’avais pas trouvé le sommeil avant qu’il ne soit 4h du matin… Je m’étais réveillé plusieurs fois pour fumer une cigarette avant de finalement trouvé le sommeil…

Le problème… C’est que je n’entendis pas le réveil sonné le matin. En fait, je crois que j’avais carrément oublié de le mettre la veille ou je l’avais mal programmé… Bref, ce qui fait que, quand j’ouvris les yeux, j’étais en retard vu qu’il était l’heure à laquelle je devais normalement être à l’ancien appartement de Billy Lighter.

Je bondis hors du lit en voyant l’heure jurant comme Hank aurait pu le faire dans la même situation. Moi qui avais stressé à mort hier parce que je voulais faire bonne impression, voilà que j’arrivais déjà à tout gâcher en me réveillant trop tard.

Je fonçai à la salle de bain pour prendre une douche le plus rapidement possible avant d’enfiler mes vêtements tout aussi vite. Il me fallait une cigarette mais je n’avais pas vraiment le temps pour ça…

Une fois mes vêtements enfilé, je ne pris même pas le temps de manger quoi que ce soit. Je sortis de mon immeuble et rejoignis ma voiture presque en courant. Je démarrai en trombe direction l’appartement de Billy où devait m’attendre tout le monde. Je détestais vraiment être en retard ! Surtout que j’avais dit à Samantha Mancini que j’étais quelqu’un de sérieux si qui on pouvait compter. Là, j’étais juste en train de prouver tous le contraire.

La chance, c’était que l’appartement de Billy ne se trouvait qu’à quelques blocs de chez moi ce qui faisait que j’y arrivai en quelques minutes. Je me garai rapidement et grimpai dans l’immeuble jusqu’à me retrouver sur le lieu de tournage un peu essoufflé. Je vis tout le monde. Il y avait Billy, Cash mais aussi Samantha. Le chanteur semblait occupé dans un coin à regard, apparemment, si tout était en ordre. Je m’approchai de Samantha l’air un peu confus.

-Je suis vraiment désolé pour le retard ! J’ai eu un problème de réveil…

L’excuse du réveil était vraiment la plus stupide qui soit mais, dans ce cas-ci, c’était la vérité. Je me grattai l’arrière de la tête avant de me rendre compte que je n’avais même pas dit « bonjour ».

-Oh pardon… Bonjour au fait… Je… Je suis content que vous ailliez bien.

La presse parlait beaucoup d’elle depuis le massacre des Conti. Apparemment, elle y avait survécu. Quand j’avais appris ça, ça m’avait choqué mais j’étais content qu’elle soit en vie. C’était horrible ce qu’elle avait vécu… Mais elle avait quand même la force et le courage de continuer à travailler malgré tout.

-Je vais aller vite me changer… Je ne veux pas vous faire attendre davantage.

Et je filer vers l’endroit qu’on m’indiqua comme étant nos loges improvisées. J’y retrouvai la très gentille April. C’était avec elle que j’allais tourner les scènes pour le clip. Elle était déjà maquillée preuve que j’avais fait attendre vraiment tout le monde.

-Bonjour April… Je suis désolé d’avoir fait attendre tout le monde. J’ai eu un problème de réveil.

Je pris mon air désolé avant de m’asseoir à côté d’April et face au miroir alors que la maquilleuse s’empressa me mettre le maquillage anti-reflet.

Pendant ce temps, je discutai un peu avec April.

-Tu es prête ? Pas trop stressée ? Moi, je dois t’avouer que ça me stress un peu. D’habitude, je ne suis pas stressé pour tourner des scènes mais ce clip, c’est quelque chose de nouveau pour moi…

Et ça n’allait pas être facile à tourner… C’était un clip violent d’après ce que j’en savais et il allait falloir jouer juste et donner la bonne intensité. Pour ça, il faudra bien avoir en tête la musique.

Il faut bien admettre que je suis peut-être un tout petit peu trop enthousiaste alors que nous plaçons les dernières touches avant de débuter le tournage de la vidéo Be Mine! de (presque) mon groupe. Le fait de ne pas avoir Knowles dans les parages est un avantage que je garde pour moi. Loin de moi la prétention de dire que je ferai mieux que mon collègues mais, puisqu’il est malade, aussi bien profiter de l’opportunité pour montrer que jepeux tirer les rennes toutes seule.
Je sais que j’en suis capable.

Tout me semble parfait mais, bien évidement, j’attends le verdict des deux principaux décideurs de The Lightening pour en être vraiment certaine.

Ils arrivent, d’ailleurs, peut de temps après et je les accueille sans freiner mon plaisir. Pourquoi je ferais-je, de toute manière ?  Moi qui a vécu des moment plus que sombre dernièrement, je crois pouvoir me permettre de passer une seule journée sans être replongé dans mes tourments.

C’est Billy qui, en premier, me salut et avec qui je conviens de revoir les derniers petits changements qu’il voudrait apporter et, alors que sa copine se dirige vers la loge, Cash passe à côté de moi, puis s’arrête pour me regarder. Il ne m’a pas habitué à beaucoup de considération mais ses mots me touchent, en fait, la façon dont il me parle, encore plus que les mots, prenant soin de bien me regarder dans les yeux.

- Merci, Cash.

Que puis-je ajouté d’autres ? Je ne saurais de toute façon être plus sincère. J’aurais été en fauteuil roulant ou alité à l’hôpital que j’aurais tout fait pour être là. Je leur ai donné ma parole, rien ne pourra m’empêcher d’aller jusqu’au bout.

April est donc partit se changer, Billy donne ses directives et Cash… il Cashette en silence dans son coin. J’en suis à prendre du recule pour regarder comment se placent les choses, concentrée sur ce que je vois quand la voix de Robin me fait sursauter, puis éclater de rire.

- Oh ! Robin ! Je suis heureuse de vous voir.

Il est en retard ?  Je regarde ma montre puis lui souris.

- C’est nous qui avons de l’avance, allez dans le fond de l’appartement, il y a une pièce pour vous et April, pour le maquillage et les vêtements.

Rien n’est encore officiellement lancé, à quoi bon lui faire une remontrance sur l’heure qu’il est surtout qu’il n’est pas si en retard que ça… N’empêche que, l’excuse du cadran… il aurait pu trouver mieux que ça. C’est tout de même très mignon, comment lui en vouloir, avec la bouille sympathique qu’il a ! J’ai bien hâte de voir comment il saura rendre toute la fougue du personnage masculin de la vidéo.

Robin et April sont dans la loge, Cash médite toujours en silence  puis Billy demande à ce que le fauteuil soit déplacé.

- Oui, effectivement, il n’est pas exactement là où vous l’aviez demandé. Mais vu l’intensité de certaine scène, ce passage-ci, en particulier, lui dis-je en lui montrant le script détaillé du clip, nous avons cru que de laisser un peu d’espace à April afin qu’elle puisse se dégager sans risque de vraiment se blesser serait une option. Nous pouvons cependant filmer la scène sous différents angles et selon l’emplacement actuel du fauteuil  et nous verrons au montage si cela affecte l’image que vous aviez en tête. Qu’en pensez-vous, Billy ?

Je ne veux pas contre dire Billy dont la vision de chaque scène a été clairement précisée, deux fois plutôt qu’une mais l’équipe et moi sommes également soucieux de la sécurité de nos acteurs. L’espace était restreins et il serait fâcheux qu’April se blesse et que le tournage soit compromis, le temps de sa guérison.

Tout était en place. Samantha était à son poste malgré tout. Il n’y avait que Lenny qui était aux abonnés absents… Mais Lenny n’était pas utile aujourd’hui. On avait déjà Samantha.

Il y avait des techniciens, des cameramen et un metteur en scène. Nous on sera là pour dicter aux acteurs ce qu’ils doivent faire. Le clip sera violent et intense. Il fallait capturer ça. Et pour voir si tout était bien capturer, il fallait qu’on Cash et moi soyons là pour juger si c’est assez intense ou non.

Et il faudra recommencer jusqu’à-ce que ça le soit.

Alors que je vérifiais si tout était en place, j’entendis la voix de Robin juste derrière. Il venait d’arriver. Il discutait avec Samantha. Il n’était pas encore prêt. Quand il le sera, on pourra commencer. Je voulais commencer rapidement pour voir les acteurs à l’œuvre et mettre en boite ce clip.

J’avais toutes les images en tête. Je pouvais même les avoir nettement maintenant que je savais qui étaient les deux acteurs qui allaient pouvoir faire prendre vie à tout ce que je voyais dans ma tête.

A tout ce que j’avais vécu.

Je vérifiais jusqu’à trouver une faille. Le fauteuil. Il était trop à droite. Il fallait qu’il soit plus à gauche. Je demandai à ce qu’il soit plus à gauche mais Samantha intervint. Je levai mon regard vers elle alors qu’elle m’expliqua le choix des techniciens de ne l’avoir pas mis totalement au bon endroit. C’était pour qu’April ne se blesse pas. Samantha proposait de filmer comme ça et de voir si ça fonctionne quand même. Je fis une moue, réfléchis quelques secondes…

-D’accord… On va laisser comme ça, on filmera, on regardera et si ça ne va pas on le mettre plus à gauche.

Je ne voulais pas non plus qu’April se blesse. Je ne voulais pas lui faire de mal.

-Il ne faut pas qu’April se blesse, de toute façon… Je n’ai pas envie de ça.

Même si artistiquement, le divan doit être plus à gauche… Si ça ne fonctionnait pas, il faudra le mettre plus à gauche et faire en sorte, en même temps, qu’April ne se blesse pas.

La perfection c’était ça…

Tout était en ordre.

-Sinon, tout es en ordre… Vous pouvez appeler les acteurs dès qu’ils seront prêts. Je veux commencer vite.

Je laissai aux gens qui nous entouraient le soin d’aller chercher les acteurs.

Je me tournai alors vers Cash.

-Cash… Ton avis sur le fauteuil ? Et sur le reste… Tout est en ordre ?

Il me fallait un avis extérieur. Et celui de Cash était le plus avisé.

Même quand je dance au club, je me maquille que très sobrement. Je n’aime pas l’idée d’avoir plusieurs couches de gras étendues sur mon visage.  J’y vois quelque chose de malsain et je préfère le look naturel.  Alors, ça ne fait pas de sens pour moi que de me soumettre à autant d’application de base, de fond de teint, de correcteur,  de poudre pour les joues, d’ombres à paupières et tout ça pour avoir l’air le plus naturelle possible.

Quand enfin on me laisse un peu tranquille, c’est pour s’attaquer à Robin qui vient d’entrer dans la chambre/loge.  Le pauvre, il semble avoir couru un marathon et, déjà en s’asseyant sur sa chaise, il s’excuse pour le retard.

- Il n’y a pas de faute. Je crois que de toute façon, elle ne pouvait pas nous maquiller les deux en même temps. dis-je en rigolant doucement.

Il n’y a qu’une maquilleuse pour nous deux donc qu’il soit arrivé un peu plus tard n’aura pas eu de conséquence, selon moi, je ne peux pas parler pour les autres.

Robin n’en est pas à ses premières armes devant la caméra, contrairement à moi mais il m’avoue être légèrement stressé puisque le monde des vidéos est nouveau pour lui.

- C’est tout nouveau pour moi aussi alors… je crève de trouille !

J’ai hâte d’être à la maison ce soir et d’y penser autrement que ce que j’appréhende maintenant.

- J’ai peur de ne pas faire les bons gestes au bon moment, de ne pas être raccord avec la musique ou bien  de me prendre les pieds dans les câbles. Il y en a partout, c’est dingue !

Je me dis qu’ils seront certainement  dissimulés pour débuter le tournage mais, l’espace est restreint avec tous les gens qu’il y a dans l’appartement pourtant quand même assez grand. Et puis ça aussi, ça me gêne… qu’ils soient tous là à nous regarder s’en mettre plein la tronche. J’ai l’habitude de danser devant des gens mais, la plus part ne nous regarde plus vraiment. Ils sont là à siroter leur bière, le regard fixer dans le vide.

- J’ai écouté la chanson en boucle, je crois que je la sais mieux que Billy, à force !

C’est bien sûr une façon de parler. Personne ne connaitrait mieux l’œuvre de The Lightening que The Lightening lui-même.

L’heure est à l’habillage, un short en jeans tout simple et une camisole blanche, que j’enfile derrière un paravent alors que la maquilleuse termine avec Robin.  Je ressors de derrière, une fois vêtu et  le laisse à son tour se changer, et vais rejoindre Billy.

- Ne m’embrasse pas ou tu risque de partir avec la moitié de mon maquillage.

Je lui souris tout en faisant de grands yeux a moitié sérieux pour lui montrer que je suis toujours là, quelque part en dessous de 15 tonnes de CoverGirl.

- Tu me trouves comment ?  C’est comment ça que tu le visualisais ?

Apparemment, non retard ne dérangeait pas Samantha ce qui me soulagea un peu. Je détestais ralentir les gens et leur laisser penser que je ne prenais pas les choses au sérieux. Parce que je prenais ce clip très au sérieux. Je voulais faire ça bien.

Je remerciai Samantha non sans pousser un soupir de soulagement avant de rejoindre April. Je m’excusai à elle aussi alors qu’elle venait d’être maquillée. Je n’aimais pas faire attendre mes partenaires de tournage pas plus que je n’aimais faire attendre les maquilleurs et autre costumiers. Mais elle disait qu’il n’y avait pas de mal parce qu’on ne pouvait de toute façon pas être maquillé en même temps. Je rigolai à mon tour.

-C’est pas faux.

Je demandai, alors, si elle était stressée lui avouant que moi, je l’étais. C’était mon premier clip même si c’était loin d’être mon premier tournage. Mais les clips, c’était complètement différent que de tourner un film. April était aussi stressée, elle avait peur de ne pas faire les bons gestes et de se prendre les pieds dans les câbles.

-J’avoue que je n’ai pas encore bien regardé dans quel environnement on va jouer… Mais j’ai peur de ne pas jouer dans le bon rythme. Je ne suis pas habitué à jouer sur de la musique. J’ai l’habitude de parler quand je joue une scène… Ici, ça sera comme jouer un film muet. Il faut arriver à faire passer l’émotion sans parler. Juste avec les gestes et le regard et ça pendant toute la durée de la chanson.

On avait les même crainte pourtant j’étais censé avoir plus d’expérience qu’elle. Pourtant, ce n’était pas forcément le cas. Après tout elle était danseuse… En fait, ce qu’on allait faire aujourd’hui était à mi-chemin entre son métier et le mien. On pourra s’entraider pour y arriver.

-Mais à nous deux, je suis sûr qu’on pourra s’entraider et y arriver.

Je souris avant de rire quand April disait qu’elle avait écouté la chanson en boucle et qu’elle la connaissait maintenant mieux que Billy.

-Je l’ai écouté plein de fois aussi. Juste pour bien l’avoir en tête.

Alors qu’on terminait mon maquillage, April alla se changer. Quand elle eut fini, elle me céda la place et s’en alla rejoindre les autres. J’enfilai mes vêtements de scène qui se résumait à un jeans troué aux genoux, un débardeur noir et une chemise à carreau ouverte. Un style à la Billy Lighter.

Je rejoignis ensuite les autres et souris en regardant un peu mieux l’endroit où on allait jouer. C’était un simple salon et, effectivement, avec toutes les caméras, il y avait pas mal de fils.

Je me tournai vers Samantha.

-On est prêt… Enfin… Je suis prêt…

Je savais que le clip allait essentiellement être moi qui brutalise April bien qu’elle va se défendre quand même.

-J’imagine qu’on va tourner plusieurs scène ou on devra se battre… Je commence en démarrant assis dans le fauteuil avec April qui vient vers moi ?

On ne nous avait que très vaguement parlé des successions des scènes alors j’attendais l’avis des deux musiciens et de Samantha.

J’explique à Billy et Cash pourquoi le fauteuil n’est pas précisément là où il le voulait. La raison est fort simple, la sécurité des acteurs d’abord et avant tout. Bien entendu,  Billy ( et Cash) demeure le dernier décideur et, il ne s’agit que de déplacer un meuble ce qui prendra que quelques secondes à faire, et non pas d’un décor en entier à repenser.

Billy, éternel indécis, commence d’abord par accepter ce que je lui soumets, ajoutant qu’il ne veut pas qu’April se blesse. C’était la seule et unique raison, autrement, ça aurait déjà été fait, avant de s’en remettre à Cash qui, lui, de toute évidence, n’en a rien a faire de ma proposition et déplace le damné fauteuil, là où il aurait dû être depuis le début.

- Bien ! Alors allons-y comme ça. Merci, Cash, d’avoir verbalisé votre opinion.

D’un geste de la tête, je fais signe aux techniciens que nous seront prêt d’une minute à l’autre et tous, se mettent en place pour  éviter qu’on ne doive attendre quand April et Robin nous rejoindrons.

Ils arrivent d’ailleurs, April en premier, suivis de Robin, ensuite. La jeune femme va se placer près de Billy et Robin à côté de moi me demandant par quoi nous allions commencer.

- Oui, pour débuter et pour s’assurer que tout soit bien raccord et aussi pour vous faciliter la tâche, il a été décidé en comité restreint, que les scènes les plus… comment dire… disons les plus douce, seront toutes tournées en premier puis qu’ensuite, nous irons dans la rudesse.

En commençant de cette manière, il sera plus simple pour Robin et April de trouver leur repaire et de nous livrer de belles scènes, nous faisant ressentir leur relation trouble, de dégager une tension sexuel palpable.

Nous pourrons ensuite, avec les membres de The Lightening, visionner les scènes tournées, bien évidement sans montage mais ça nous donnera une bonne idée du rendu final et nous verrons si certaine choses doivent être modifiées, ce que je doute, puisque Cash et son œil avisé à déclaré le tout conforme.

Je suis donc confiante et je me recule pour laisser a April et Robin tout l’espace. Je vais tout au fond de la pièce pour observer de loin, laissant l’équipe faire son travail.

La musique envahit la pièce, essentiel pour qu’ils se sentent bien ‘’dedans’’ .

Robin est installé dans le fauteuil, April s’avance vers lui et se penche… On coupe… Ils sont tous les deux maintenant assis au sol, face à face. Le caméraman les prends de différents angles et nous changeons pour capter des prises de Robin seul, puis d’April seul. Robin rend très bien toute sorte d’émotions. La colère et la rage, le chagrin et le désespoir d’amour… il est criant de vérité.

April, c’est une autre histoire.  Elle ressemble à une petite biche effrayé, jouant très bien l’amour avec intensité, la peur, jusqu’à un certain point, elle y arrive mais ce n’est pas ‘’ça’’, et pour les larmes…

- Il faudrait trouver comment la faire pleurer sans… enfin… sans la brusquer, Billy, le réalisateur ne sait plus comment lui expliquer.

Et je vois bien que la pauvre enfant fait de gros effort mais l’émotion demeure coincée en elle. Je ne doute pas que, dès qu’elle arrivera à l’exprimer, elle trouve le ton juste mais pour le moment, rien ne peut avancer tant qu’elle n’y parvient pas.

Non tout n’était pas en ordre pour Cash. Et il remit le fauteuil à la place où je l’avais imaginé à la base. L’art avant la sécurité. Moi, j’étais mitigé. Je voulais que ça rende de la façon dont je le voyais dans ma tête…

Mais je ne voulais pas qu’April ait vraiment mal…

Je voulais pouvoir encore distinguer la fiction de la réalité. Parce que ce qui arrivera au personnage d’April, je ne voulais pas que ça arrive réellement à April.

Je ne voulais pas qu’il lui arrive la même chose qu’aux autres.

Mais elle n’était pas comme les autres alors, j’étais certain que ça ne lui arrivera pas. J’allais résister jusqu’à-ce que son deuil soit entièrement fait. Jusqu’à-ce qu’elle retrouve de la joie de vivre.

Je fixai Cash fronçant les sourcils mais ne redéplaçai pas le fauteuil alors que Samantha accepta le choix de mon guitariste demandant aux techniciens de se mettre en place. Cash, lui, avait repris place dans un coin avant qu’April ne me rejoigne. Elle était fortement maquillée pour que tout rende bien à la caméra. C’était indispensable pour que le clip soit une réussite.

Je lui souris.

-Tu es belle même avec tout ce maquillage.

Elle demanda si c’est comme ça que je visualisais les choses. J’hochai la tête.

-Oui. La tenue est parfaite et correspond parfaitement à mes attentes. Le maquillage aussi.

Savannah mettait beaucoup de maquillage. D’où la raison d’en mettre autant en dehors des besoins logistiques.

-Tu seras parfaite.

Je lui souris évitant de l’embrasser même si j’en avais envie pour ne pas détruire le maquillage qu’elle avait sur sa figure.

Robin arriva à son tour. Il était temps de commencer le tournage. J’étais impatient mais j’avais de l’appréhension aussi. Je voulais que tout fonctionne. Je voulais que tout rende bien quitta à rester ici pendant des jours jusqu’à-ce que tout soit en boîte.

Samantha déclara qu’on pouvait débuter par les scènes les plus douces. J’hochai la tête. Oui. C’était mieux. Il fallait que les acteurs puissent faire monter l’émotion graduellement et vivre plus facilement le moment.

Parce que pour que ça rende bien. Il fallait le vivre.

-Oui. D’abord la douceur et après il faudra envoyer tout ce que vous avez.

Je disais ça aux deux acteurs avant de les laisser prendre place et de me mettre près de Cash pour regarder la scène se jouer devant nous.

L’histoire du clip était simple... Un homme assis dans son fauteuil attend la femme qu’il aime. Il l’attendant avec une colère infinie qui le dévore de l’intérieur. Sa petite-amie qu’il aime de toute son âme est une droguée qui se sert de sa célébrité pour faire briller la sienne. Il n’en peut plus. Il est a marre. Il va craquer. Et quand elle rentre, le sourire aux lèvres et pleine de douceur, il la regarde. Ils se toisent dans différentes positions pour que ça donne mieux sur le clip (tous les deux assis par terre, tous les deux sur le divan, elle debout à l’embrasser pour lui dire bonjour).

Puis, elle voit qu’il ne va pas bien. Mais loin de jouer la gentille fille, elle lui demande : « qu’est-ce qui ne va pas encore ? ». Une phrase qu’April sembla bien faire passer avec tout son non verbal quand elle tourna la scène devant mes yeux. Tout est tourné dans différents angles pour capter chaque émotion. La fille en a marre. Elle en a marre de lui. Elle ne l’aime pas pour ce qu’il est… Elle l’aime pour sa célébrité.

Et lui, explose ! Il commence à lui envoyer tous ses griefs. La drogue, les magazines, les potentielles tromperies. Il l’aime mais elle a dépassé les bornes.

Robin rend bien ça alors que la tension monde et que son personnage commence à faire peur à la fille. Il crache sa haine, sa frustration et sa tristesse mélangée même si il n’y a, en réalité, que le son de la musique. Mais Robin est un très bon acteur. Le choix de Samantha était excellent. Il arrivait à rendre l’émotion de la bonne façon.

Je souriais, satisfait. Jusqu’à-ce qu’April coupe l’élan de cette succession de bonne prestation…

Elle était censé montré sa peur à travers des larmes. Elle était censé montré que le déferlement de violence non-verbal mais pas encore physique lui foutait les jetons.

Parce qu’elles ne s’y attendant jamais quand la colère éclate. Jamais…

Mais April n’arrivait pas à pleurer. Il n’y avait aucune conviction, aucune émotion dans ses pleurs… Pourtant, c’était une scène importante. Une scène charnière avant que le personnage de Robin ne commence à la frapper et qu’elle commence à tenter de se défendre. Jusqu’à-ce qu’à la fin, elle finisse meurtrie par les coups alors que lui s’en ira.

Le réalisateur tentait de faire comprendre à April comment pleurer, comment faire passer l’émotion alors que je me rongeai les ongles, nerveux que j’étais.

Il fallait qu’elle y arrive !

Samantha désespérait et demanda mon aide. Je fixai April.

-Tu sais comment pleurer, April. Il suffit de te mettre en condition pour ça.

Il ne fallait pas n’importe quelles larmes. Il fallait des larmes de peur.

-Pense à ce que tu as pensé quand ta tante a été admise à l’hôpital. A la peur que tu as ressenti à ce moment-là. Pense très fort à ça.

C’était rude mais ça sera une émotion authentique. Je savais que le sujet de sa tante était délicat et je m’en voulais de la ramener à ça. Mais il fallait tirer ça d’elle pour qu’elle puisse aller rechercher l’émotion qu’il fallait.

-Pense y fort.

Je disais ça de ma voix grave et profonde en fixant April.

Je suis contente de partager l’écran avec Robin North qui, en plus d’être vraiment mignon, est l’un de mes acteurs favoris.  L’expérience n’en sera que plus intense encore, dans tous les sens du terme. J’espère surtout être à la hauteur de son talent parce que mon manque d’expérience pourrait ternir son jeu et c’est bien la dernière chose que je souhaite.

Je le laisse donc terminer de se préparer et je rejoins Billy au salon. Tout est en place, ne reste qu’à attendre le coup d’envoie.  Je souris quand Billy me dit que je suis parfaite, avec ma tenue et mon maquillage. Il fait chaud dans l’appartement, c’est dingue. J’ai peur que ça fasse couler les couches de fond de teints.

Robin nous rejoins et Samantha annonce que nous commencerons par les scènes les moins difficiles, comme convenu en réunion. Moi, en fait, je trouve ça plutôt bien de commencer en douceur. Ça nous permettra à Robin et moi de se glisser doucement dans la peau de nos personnages et de faire grimper graduellement l’intensité.

Je tourne la tête, sur Cash qui y va d’une remarque pour Samantha que je ne saisie pas.  Il faut toutes les faires, les scènes, pour obtenir un clip complet.  Je ne suis pas la manager alors je ne m’en formalise pas plus que ça mais ça sonne, à mon avis, comme du mécontentement de la part de Cash.

Les premières scènes sont faciles à jouer, bien que ça me fait bizarre d’embrasser un autre homme devant mon petit ami, même pour de l’acting. Chaque fois, quand nous finissons pour changer de position ou pour qu’un cameraman se déplace pour le prendre d’une différente façon, je ne peux m’empêcher de regarder Billy, comme si je cherchais son consentement, qu’il me fasse comprendre que tout va bien.

Nous tournons ensuite quelques scènes en solo, qui sont en fait des prises de vues de différentes manières. Mon cœur commence à battre de plus en plus vite au fur et à mesure ou nous avançons dans le planning et que les scènes deviennent un peu plus complexe.

Robin dégage bien l’émotion, ça en est saisissant.

Mais, moi…

Je devrais être terrifié, pleurer de peur mais je n’y arrive pas. On dirait que le fait d’être entourée d’autant de gens qui  calculent mes gestes et les analysent, me coince et que je n’arrive pas à exprimer plus d’émotion que Cash sait le faire. Un fromage à côté de ça est plus expressif.

Je m’en veux, parce que je vois bien que même Samantha commence à s’impatienter, elle qui fait preuve d’une patience à toute épreuve depuis le début et puis, je pense à Billy qui a tenu a ce que ce soit moi la fille de Be Mine!, je ne veux pas lui faire honte. Tout ça me bloque et mes émotions restent figées en moi.

Billy, après un moment, s’approche de moi et appuie là où ça fait mal pour faire monter la boule dans ma gorge. En fait, c’est pire que ça. C’est tout ce qui entoure ma tante. Sa maladie, les sacrifices, les rêves brisés puis, sa mort. Tout ça remonte en même temps et je me noie rapidement au travers un flot infini de larmes.  Je cherche à canaliser tout ce que je ressens, quand le réalisateur dit qu’on reprend. Tremblante, j’avance dans le salon, pour faire face à Robin qui me brutalise, enfin, pas pour vrai mais son jeu me convainc moi qu’il l’est et je lui donne le change, dans me rendre vraiment compte que je fonce vraiment sur lui, que je me décharge de tout ce que je ressens en répondant à l’agressivité de son personnage.

Je n’en ressens l’épuisement que lorsqu’on cri COUPER! et je me laisse tomber dans les bras de Robin, à bout de force.

- Je suis désolée !

L’idée de Samantha était de commencer par les scènes les plus douces pour y aller graduellement. En tant qu’acteur, c’était plus facile de faire les choses chronologiquement surtout quand l’histoire, en soi, est très courte. C’est qu’un clip, ce n’est pas pareil qu’un film d’une heure trente.

Donc, l’idée était plus que bonne même si Cash… Sembla comme tacler son manager. Je levai un sourcil. Cash ne semblait pas avoir pris part aux négociations… Est-ce que c’était ça le fameux « manque de communication » dont parlaient toujours les médias quand ils parlaient de The Lightening ? En tout cas, je n’aurais jamais imaginé que Cash Izbel puisse être aussi piquant.

Je ne fis pas de commentaire parce que je n’avais rien n’à voir dans l’organisation du clip et de The Lightening en lui-même. Moi, j’étais ici pour tourner les scènes.

Ce qu’on commença à faire avec April en commençant par les scènes les moins violentes. Ce n’était pas forcément les plus faciles parce qu’il fallait quand même dégager une émotion sans pour autant faire de grand gestes. Les scènes de violences, il y aura beaucoup plus de gestes et ça sera plus simple de montrer une émotion de rage à l’écran. Tout du moins, c’était ma vision des choses en tant qu’acteur.

On tourna plusieurs scènes solos où j’essayai avec la force de mon regard de faire passer l’émotion complexe de mon personnage. Je m’étais entrainé chez moi pour essayer de maitriser le sentiment qui l’animait tel qu’on me l’avait décrit.

April se débrouillait très bien et elle donnait de l’intensité dans chaque scène en solo ou avec moi. Je pense que Billy et Cash l’avait bien choisie. Elle bouge bien contrairement à d’autres actrices novices qui auraient peur de trop bouger. Elle le faisait bien certainement parce qu’elle était une danseuse et qu’elle maitrisait son corps.

Mais la suite fut plus compliquée… Quand on commença les scènes plus violentes, April avait du mal à exprimer des émotions plus vives comme quand elle devait pleurer alors que je la frappais. Elle restait comme figée comme si elle avait peur de ce que je faisais et que tout restait bloqué en elle.

Je comprenais… Ça ne devait pas être facile pour quelqu’un qui n’avait jamais tourné de pleurer comme ça. Mais Samantha ainsi que le réalisateur commençaient à s’impatienter ne sachant plus comment faire passer le message à April. Moi, j’essayais juste de la rassurer, de lui dire qu’à force elle allait y arriver, qu’il fallait qu’elle se reconcentre. J’allais même demander à faire une pause pour qu’elle puisse se recentrer mais Billy mis son grain de sel pour lui expliquer comment elle devait aller chercher l’émotion au fond d’elle. En pensant à un événement douloureux. A sa tante.

Mes lèvres se pincèrent. C’était rude comme technique. Que ça vienne de l’acteur lui-même, ça ne posait pas de problème mais que Billy dise comme ça, à sa petite-amie, à quel évènement elle devait penser c’était vraiment rude. Surtout que Cash en rajouta une couche en disant qu’elle devrait y arriver vu que toutes les femmes savaient pleurer sur commande. Je fronçai les sourcils regardant vers le guitariste. Il n’avait pas beaucoup parlé depuis que j’étais ici mais ces deux seules répliques ne me le montre pas sur un très bon jour.

-Les femmes sont sensibles, Cash. Et non, elles ne pleurent pas toutes sur commandes. Je connais des hommes, par contre, qui savent très bien pleurer sur commande.

Je suis un North… Je ne peux pas fermer ma gueule éternellement quand je ne suis pas d’accord.

Et quand on reprit la scène, April sembla d’un seul coup submergé par une émotion de rage et de tristesse. Elle se mit à répliquer et à pleurer toutes les larmes de son corps. La technique de Lighter semblait avoir marché.

Mais à quel prix ?

La scène fut plein d’agressivité. Et je jouai dans le jeu d’April jusqu’à-ce que le réalisateur dise « coupé ! ». Après ça, April se laissa tomber dans mes bras. Je la soutenais sentant qu’elle n’avait plus la moindre force. Cette scène avait littéralement pompé toute son énergie. Normal, elle n’avait pas joué l’émotion mais elle l’avait vécu comme savait le faire les bons acteurs. J’étais moi-même fatigué mais j’avais l’habitude de ce genre de débauche d’énergie.

Elle s’excusa. Je caressai son dos instinctivement.

-Ça va aller. Tu n’as pas à t’excuser. La scène est parfaite. Tu as tout donné et tu as sortis du grand jeu.

Je lui disais ça doucement la laissant se remettre avant de jeter un œil avec Samantha.

-Si la scène est bonne, je pense qu’il nous faut une pause… Elle vient de donner tout ce qu’elle avait.

Une pause, ça ne sera pas de trop… Ça permettra à tout ce beau monde de pouvoir regarder les scènes et voir s’il reste encore des choses à tourner ou à retourner.

Cash Izbel se révèle n’être rien de plus qu’un gamin pleurnichard qui se sent bien brave de l’ouvrir de temps en temps mais qui se dégonfle quand vient le temps de passer à l’action.  À le voir aujourd’hui dans toute sa splendeur, il me paraît qu’évident que le bois mort de The Lightening vient que de lui.

- Non, pas du tout Cash. Un comité formé du réalisateur, le scripteur et Monsieur Knowles. Des gens bien plus qualifiés que moi, et que vous, sans offense bien entendu, pour savoir comment s’y prendre pour que le tournage puisse résulter sur cette vidéo que vous attendez, si je ne m’abuse, depuis longtemps.  

Il ne m’impressionne pas, derrière ses verres fumés et ses boucles indisciplinées. Ce genre d’homme parle fort mais ce n’est que du bruit.

- Je vous remercie pour votre commentaire constructif, mais si vous avez mieux à proposer, peut-être pourriez vous aller voir directement le réalisateur et lui dire comment vous feriez mieux son boulot, autrement, je crois que nous pourrons commencer.

Peut-être ai-je l’air de prendre les choses en main. Je l’admets, quand je m’implique dans quelque chose, je ne le fais pas à moitié. Cela dit, je ne fais que mettre en place les directives que j’ai moi-même reçue et pour lesquelles, je n’ai pas eu vraiment non plus l’occasion d’argumenter. J’en suis à ma toute première expérience officielle de manager, hors bureau et ce n’est pas rien. Le tournage de la vidéo je l’ai a cœur, certes, surement moins que les membres du groupe eux-mêmes mais si ma présence le dérange et qu’il veut à ce point avoir raison en m’écrasant de remarquer puérile, il se met le doigt dans l’œil et pas qu’un peu parce que je n’ai pas l’intention de quitter le navire.

Ce petit quiproquo a déjà prit trop de temps et nos acteurs sont prêt.

Si la première partie du tournage va plutôt bien, la suite se corse devant l’incapacité d’April de rendre une seule émotion crédible. Elle est trop crispée par moment et, à d’autres, on dirait presque qu’elle se retient pour ne pas rire.

Je vois à la tête du réalisateur que sa jauge de patience se vide de plus en plus et qu’il faudra bientôt tirer une bonne prise avant de devoir reporter le tournage a demain. Et, bien évidement, Cash qui n’a aucune solution à tous les problèmes a quand même une opinion.  Le mieux que je puisse faire, c’est de l’ignorer. Entrer dans son jeu serait lui accorder trop d’importance, or, en ce moment, c’est April qui mérite mon attention. De toute manière, le jeune North se charge de lui répondre et il le fait en gentleman.

Billy va trouver April et s’entretient avec elle. Je leur laisse l’intimité nécessaire, ignorant ce qu’il lui murmure mais, ça dû être plutôt brutal vu comment la jeune femme se déchaîne ensuite. J’ai presque peur, un instant, pour Robin, qu’il ne se retrouve égratigné au visage ou qu’elle ne finisse par le mordre, dans le feu de l’action mais la fougue avec laquelle elle lui donne le change, pleurant et hurlant de douleur, ça me donne froid dans le dos. J’en remercie presque le ciel quand le réalisateur met fin à ce carnage pour lequel Robin actait, mais April… je ne saurais plus en jurer.

La pauvre est épuisée, immobile dans les bras de Robin qui suggère que nous prenions une pause, ce à quoi je ne m’opposerai certainement pas, enfin, à moins que Cash Izbel en décide autrement.

- Je crois que c’est une bonne idée, qu’en pensez-vous, Cash ?

Je m’approche de la jeune femme et lui souris tout en lui replaçant une mèche de cheveux.

- Vous avez été époustouflante, ma chère.

La pauvre, on dirait une petite brebis égarée.

Le remarque de Cash me tendit un peu. Je me figeai en le regardant s’attaquer à Samantha avant que celle-ci ne réplique et que je la regarde à son tour. Ce n’était pas le moment ! On était sur le point de commencer le clip. Il fallait bien que quelqu’un passe les informations. Il fallait bien que les gens prennent les décisions… Or, pour la vidéo, j’avais confiance au réalisateur que j’avais recommandé pour le clip.

Pour le reste… Que ça soit Samantha qui passe les infos combinées de tout le monde ne me dérangeait pas. Mais ça dérangeait Cash. Cash dont la mauvaise humeur et les tremblements me faisaient avoir des sueurs froides.

Je savais qu’un rien pouvait mettre fin à ce moment de création.

Je savais qu’un rien pouvait me faire exploser…

Je croisai les bras toujours aussi tendu essayant de ne plus regarder Cash pour me concentrer sur les deux acteurs qui commencèrent à jouer. Les scènes les plus clames furent parfaitement jouées par les deux acteurs mais quand la violence commença à grimper de plusieurs cran, April avait beaucoup de mal à garder son sérieux et à tirer d’elle les émotions qui fallait.

Le réalisateur perdait patience alors je m’étais approché d’April pour lui servir une solution à son problème. Penser à sa tante… JE savais que c’était dur et je regrettais d’en arriver là mais il fallait que le clip soit parfait… J’entendis la remarque de Cash.

Les filles savaient pleurer sur commandes… Savannah le savait…

Mais c’est Robin qui répondit à mon guitariste visiblement pas d’accord. Moi, je ne dis rien. Je voulais attendre de voir si April arrivera à tourner la scène en s’animant du sentiment qu’il fallait.

Je me remis en retrait quand le tournage repris. Je fixai April et Robin et la magie opéra. April sortit tout ce qu’elle avait d’elle. Ses pleurs et sa rage envahir la pièce en quelques secondes. Elle réplique aux attaques de Robin avec une telle force que ça me fit frissonner. Je ressentais toute la scène comme si je la vivais moi-même. Comme si j’étais à la place de Robin.

Je savais que c’était elle ! Je savais qu’elle était la fille de Be Mine. Je savais qu’elle y arriverait.

Et quand la scène prit fin et que le réalisateur nous tira de la fiction. April s’écroula dans les bras de Robin qui commença à ma réconforter demandant une pause. Je fixai l’acteur d’un regard froid. C’était à moi de la réconforter.

Samantha s’était approchée pour féliciter April et je lançai un regard à Cash.

-C’est le bon moment pour la pause.

Au cas où il dirait le contraire à la question de Samantha. Je m’approchai d’April envoyant un regard à Robin pour qu’il recule et je vins prendre ma petite-amie dans mes bras l’éloignant un peu du plateau.

-Tu as été parfaite. Tu as tout donné. La scène sera parfaite.

Je la fis s’asseoir dans un siège prenant place à côté d’elle. Je pris sa figure entre mes mains.

-Tu vois… Je savais que tu pourrais y arriver. Ce clip va être superbe. Cette scène va le sublimer.

J’en étais sûr et certain.

Après ce que m’a dit Billy, tout ce que je cumulais depuis des années, ce que je refoulais parce que je m’étais convaincue que ça ne me servais à rien d’extérioriser ce que je pouvais ressentir, tout remonte et explose.

C’est comme si quelqu’un venait de fermer les lumières sauf pour un spotlight rouge et que je me retrouvais dans son halo, face à Robin et que pour survivre, je devais le ‘’vaincre’’ parce qu’il venait de prendre les traits de tout ce que je n’ai jamais voulu faire face avant.

Il me provoque, me frappe, je riposte, je m’épuise à survivre. Peut-être que je donne des coups, ou que je les évite. Tout va vite, peut-être trop mais nous enchaînons jusqu’à l’épuisement total, jusqu’à ce que j’entende quelqu’un dire qu’on stoppais et que je me laisse aller dans les bras de mon partenaire, le temps de reprendre mon souffle, de replacer mes idées, parce que pour le moment, je suis encore sous le choc et que je n’arrive vraiment pas a refaire surface.

Je sens la caresse de Robin dans mon dos, les mots de Samantha, puis je sens Billy, avant même de le voir, je sais qu’il est là et qu’il me prend dans ses bras, m’éloignant de Robin pour me permettre de me reprendre en m’asseyant sur un siège, lui à côté de moi.

Délicatement, il me fait le regarder en prenant mon visage entre ses mains, me disant qu’il savait que je pouvais y arriver, que le clip sera parfait et moi, encore tremblante, je lui fais signe que oui d’un frêle geste de la tête.

Puis ce fut Cash qui s’approcha pour  murmurer à Billy qu’il partait. Il parle ou plutôt il râle. Je ne sais pas quelle mouche l’a (encore) piqué mais il est le cadet de mes soucis. Ce n’est pas pour lui, ni même pour The Lightening que je suis ici, mais parce que Billy me voulait moi. S’il n’en avait tenu que de Cahs, tout ceci ne serait qu’encore que spéculation et possibilités.

Alors qu’en a moi, il peut bien partir.  

Et puis quand ils ont réglés entre eux ce qu’ils avaient à régler, j’enlace Billy et cache mon visage au creux de son cou.

- Est-ce qu’il va bien? Est-ce que c’est parce que je ne joue pas comme vous le voudriez ?

Je sais, j’ai été lente a prendre le rythme. Je n’ai jamais été devant la caméra, jouer la comédie, je n’ai jamais fait ça. Pour une première expérience, je n’ai pas le projet le plus facile. Surtout qu’il me force à me poser pleins de questions dont je redoute un peu de connaitre les réponses.

- Quand nous serons à la maison, quand nous ne serons plus que toi et moi, je veux que tu me raconte, si tu peux, tout ce qu’on fait ici, comment c’est arrivé… pourquoi c’est arrivé…

Il n’y a rien de ce que nous actons Robin et moi qui ressemble à l’homme que je connais. Il n’est pas comme ça, il ne peut pas être comme ça. Il est celui qui ne me lâche pas, qui fait tout pour que je sois mieux, depuis le décès de ma tante et, ce que je comprends, ici, aujourd’hui, forcément, ça me fait peur.

Je relève la tête et, plus loin, je vois Samantha parler au réalisateur tout en prenant des notes puis elle me fait signe de la rejoindre.

- On peut voir les premières images, tu penses ? demandais-je à Billy tout en me levant.

La réplique de Cash à ce que je venais de lui dire me fit froncer les sourcils. Apparemment, il y avait des soucis de communication ou bien de pouvoir dans The Lightening mais le voir en direct était saisissant. Je n’aurais jamais imaginé que Cash était comme ça… Je le voyais comme quelqu’un qui était plutôt réservé et dans son monde. Mais pas quelqu’un à la réplique aussi acerbe.

Je dois me contenter de faire l’acteur ? Oui. C’était pour ça que j’avais été engagé et c’était comme ça sur tous les sets que j’allais. C’était le réalisateur, les producteurs et les scénaristes qui étaient les maitres du jeu. Maintenant, je n’étais pas là pour juger… Mais ce que Cash venait de dire à April ne m’avait pas vraiment plus pas plus ce qu’il m’avait dit à moi à l’instant.

Mais je ne répliquai rien pour ne pas envenimer les choses. Je me remis juste en condition alors qu’April nous sorti tout ce qu’elle avait en elle. C’était surprenant et je me suis même pris quelques vrais coups. Mais je n’allais pas arrêter April alors qu’elle nous sortait une des meilleures scènes du clip.

Quand ce fut terminé, elle s’écroula dans mes bras. Je sentais qu’elle avait tout donné et qu’elle était fatiguée. J’essayais de la consoler et de la complimenter pour ce qu’elle avait fait. Elle ne semblait plus avoir la moindre énergie.

Samantha vint aussi la réconforter alors que je venais de demander une pause qui sembla m’être accordée. Ce fut alors à Billy de nous rejoindre et le regard qu’il me lança fut sans équivoque. Apparemment, il n’aimait pas trop la proximité que j’avais avec sa petite-amie. Bon… Ok… J’ai compris…

Je me reculai un peu le laissant prendre en charge April avec laquelle il s’éloigna. Je soufflai un peu déconcerté par la tension qui régnait ici entre tout le monde… J’avais vu des sets bien moins tendus que ça…

Je vis Cash approcher le couple avant de rejoindre la sorte et de s’en aller. Je levai un sourcil avant de soupirer et de fixer Samantha.

-Et ben… C’est tendu ici…

Je constatais… Je connaissais pourtant la réputation de The Lightening. Tout le monde disait que c’était très difficile de travailler avec eux. Mais je ne pensais pas que ça le serait à ce point…

-Vous n’avez pas un travail facile…

Je bus un coup d’eau d’une bouteille qu’un technicien m’apporta. Moi qui avais idéalisé le fait de faire un clip pour un groupe, je venais de bien déchanter en voyant comment ça fonctionnait chez The Lightening.

Je souris tout de même un peu.

-Est-ce qu’on peut voir ce que ça donne en image ?

J’avais hâte de voir le résultat parce que je trouvais qu’April avait été parfaite de bout en bout.

L’attitude plus que puéril de Cash ne ternira en rien ma journée. J’ai beaucoup mieux à faire que d’entrer dans son petit jeu. Il est le seul présent ici à agir comme si tout lui était dû mais qu’il ne devait rien à personne. Bien sûr que ce clip ne serait rien sans leur créativité extraordinaire qui fait naître dans chansons absolument percutante.  Mais pour la mettre en image, il fallait des gens qui s’y connaissent, qui savent diriger à partir des directives qu’ils ont eu suite à des rencontres auxquelles je n’ai pas été conviés.

En suis-je offusquée ? Non, pas le moins du monde parce que je sais où est ma place. Je ne suis pas celle qui tire les ficelles, pas toutes en tous les cas. Je ne fais que donner les directives qu’ont me demande de donner et, sauf pour Billy qui fait preuve d’ouverture d’esprit, ça semble être un irritant incroyable.

J’ai dû me retenir de lui dire que si je n’avais pas insisté, la moitié de ce qu’ils avaient voulu pour le clip n’aurait pas été retenu pour des raisons de budget, d’assurance et j’en passe. J’ai dû attendre, faire le pied de grue, expliquer, insister, argumenter pour que le clip demeure le plus fidèle à la vision du groupe.

S’il a semblé prétendre heureux de me voir sur place en début de journée, il est clair qu’il ne souhaite plus me voir ici en ce moment mais, non, je ne quitterai pas le navire alors que nous approchons du port.

Le mieux que je puisse faire, c’est de l’ignorer et, ensuite, quand le clip sera terminé de tourner et que le montage sera fait et que nous pourrons le visionner en son intégralité, je le féliciterai pour  sa vision audacieuse qui aura fait de ce projet un succès.

En attendant, nous avons tous un travail à faire et je compte faire le mien, en allant voir comment se sent April qui s’est effondrée dans les bras de Robin avant d’être prise en charge par Billy. Je m’approche du réalisateur, autant pour me rassurer sur le déroulement du tournage que pour m’éloigner des mauvaises vibrations.  Son enthousiasme ne s’est, heureusement, pas laissé atteindre par la tension ambiante, et c’est tant mieux parce que le résultat que je suis à même de visionner en valait la peine !

Je suis si heureuse de voir les différentes prises et la qualité de l’exécution d'April et Robin pour ce clip qui n'est absolument pas le miens mais pour lequel je suis présente, que je ne me rends pas compte tout de suite que Robin s’est approché de moi et je lui souris en lui touchant l’épaule.

- Heureusement, ce n’est pas tous les jours comme ça.

Parce que, si c’était comme ça tous les jours, disons que je comprends mieux pourquoi  ils ont passé autant de manager. Ce n’est pas de nous qu’ils ont besoin mais de baby-sitters !

- Oui, bien sûr et vous verrez Robin que l’ambiance n’a pas joué sur la qualité de votre travail.

Je ne m’attends à aucun crédit pour ça. De toute façon, je n’en mérite aucun puisque je ne fait que veiller au bon déroulement. N’empêche que je suis vraiment heureuse, et malgré ce que peut en penser Cash, de vivre cette expérience.

- Le réalisateur m’a dit qu’il y avait quelques reprises mais que d’ici la fin de la journée, ce serait bouclé ! On peut donc dire que, malgré tout, ça bien été.

Je venais d’éloigner April de Robin mais aussi du plateau en entier. Elle avait tout donné dans cette scène qui était vraiment représentative de ce que j’avais vécu en vrai. Les pleurs, les coups des deux côtés, les explosions de colère… April avait su montrer tous les sentiments que je voulais voir. En voyant cette scène, je savais que le clip serait réussi rien que grâce à ça.

On s’installa sur un fauteuil plus loin alors que mes paroles visaient à complimenter ce que venait de faire April. J’avais bien choisi la fille de Be Mine et elle s’en était très bien sortie. Mon choix avait été payant et tout ce qu’on avait vécu du jour 1 à aujourd’hui concernant le clip était maintenant derrière.

The Lightening avait réussi.

April avait réussi.

On allait, enfin, pouvoir présenter le clip au monde. Je sentais un énorme soulagement plus qu’autre chose.

Cash s’approcha alors de nous et je levai le regard vers lui. Il disait qu’il s’en allait me faisant froncer les sourcils. On était sur le point de terminer et lui, il s’en allait avant la consécration ? Tout ça parce qu’il n’était pas content que notre manager donne quelques directives ? Il fallait bien que quelqu’un le fasse. Moi, c’était le côté artistique que je regardais… Si quelque chose ne m’avait pas plu, je l’aurais dit en premier. Tout c’était déroulé comme je l’imaginais alors le reste, je n’en avais que faire contrairement à mon guitariste.

Je reposai mon regard sur April tout en répondant à Cash.

-Je ne te rejoindrais pas. Je veux rester jusqu’au bout.

Justement pour dire si quelque chose ne me plaisait pas. Je voulais superviser tout. Je voulais comprendre tout. Et pour ça, il fallait que je sois présent.

Cash s’en alla alors. Je ne savais même pas s’il avait entendu ma réponse. De toute façon, mon attention était à nouveau sur April qui demanda si Cash allait bien et si sa mauvaise humeur venait de son jeu à elle.

-Non. Tu joues très bien. Cash est de mauvaise.

Il avait un problème avec Samantha. Alors que sa présence me rassurait. Elle ne nous avait pas lâchés contrairement à Lenny aujourd’hui. Si on avait eu que Lenny, le clip aurait encore dû être reporté.

Or, j’étais prêt aujourd’hui !

Je serrai April contre moi. Et ce qu’elle dit ensuite me fit la serrer un peu plus mais uniquement parce que mes muscles s’étaient contractés.

April voulait savoir… Elle voulait savoir la vraie histoire de Be Mine. Ma voix devint plus grave encore que d’habitude.

-Je te raconterais…

Il allait falloir que je réfléchisse à comment j’allais lui dire. A trouver les bons mots. A formuler les bonnes phrases…

Mon regard se posa au loin sur Samantha qui fit signe à April de la rejoindre. April se leva demandant si on pouvait voir les images. Je me levai à mon tour.

-Je ne sais pas… Je vais faire en sorte que oui parce qu’il faut que je vois les images. Que je dise si on doit rejouer entièrement des scènes ou non.

Je suis April près de Samantha et jetai un œil vers North sans lui adresser la parole avant de regarder à nouveau notre manager.

-Je vais aller voir les images et parler au réalisateur. Je veux voir les scènes déjà tournée voir si ça correspond à ce que j’ai dans la tête.

Mais d’après ce que j’avais vu de mes yeux, je pense que tout allait être conformément à ce que j’avais en tête. Je regardais April, Robin et Samantha.

-Tout le monde a fait du beau travail.

C’était mon avis sur ce que j’avais vu… Parce que si Cash croyait qu’on n’avait rien n’à dire, moi je savais que j’avais tout pouvoir ici.

Je ne suis pas certaine de comprendre ce qui vient de se passer entre Billy et Cash et pourquoi il semble si en colère mais ses raisons ne m’appartiennent pas alors vaut mieux ne pas m’en préoccuper et laisser à Billy le soin de jongler avec ça.  Je suis tout de même soulagée de savoir que je n’y suis pour rien. Mon jeu n’était certainement pas parfait et j’ai mis du temps à trouver la bonne intensité, ça aurait pu l’irrité, parce que je doute qu’il ai été sincère en disant que j’étais la bonne, l’autre jour, chez Billy.

Billy me serre contre lui, et plus fort encore quand je lui demande de vouloir me raconter vraiment ce qui s’est passé, ce qui lui aura inspiré cette chanson là. Parce que, forcément, à force de l’entendre répéter qu’il souhaite que tout soit le plus fidele possible à ce qu’il a en tête, il faut qu’il en ait les images imprimées, comme… des souvenirs.

Ça me fait peur de penser qu’il puisse un jour, avoir eu autant de violence pour quelqu’un, ça ne lui ressemble pas, du moins, pas à l’homme qu’il me montre être jour après jour.  Et puis j’ai peur aussi d’ouvrir comme une boîte de pandore et que ce qui s’y cache soit pire encore.

Je lui demande s’il croit que nous pouvons voir les premières images. J’appréhende cependant de voir ce quoi j’ai l’air à l’écran. Il parait que la caméra ajoute quinze kilos ! J’ai peur d’être grosse, qu’on voit mes bourrelets de gras et que mon double menton soit mit en évidence, surtout avec toutes ces couches de maquillages !

Quand nous approchons de Samantha qui est avec Robin et le réalisateur, nous pouvons tous regarder ce qui a été capté.  Robin est parfait ! Avec la musique, ce sera fabuleux ! Mais moi… on dirait par moment que je suis molle , mon corps, je veux dire. Je n’ai qu’une envie, c’est de courir aux toilettes et de me faire vomir !

- Il faut en reprendre, non ?

Je sais que nous avons passé une partie de la journée a faire et refaire certaine scène alors ce que nous visionnons en ce moment, c’est ce qui a été capté de mieux, de quoi me faire angoisser !

- Mes cuisses sont énormes !

On dirait que je viens de choquer Samantha vu le regard interloqué qu’elle me lance. Mais c’est vrai, faut regarder comment elles semblent pleines de gras et de cellulites !

Il y a encore quelques scènes à tourner dont une où Robin et moi devons nous embrasser. Pas qu’un tout petit baiser. Un vrai, torride, le genre qui me rend un peu (beaucoup) mal à l’aise parce qu’en plus il doit me toucher, enfin, il ne va pas me tripoter, ça bien beau être aussi fidele a ce qu’aura vécu Billy, Robin ne va pas en faire autant sur moi que Billy a dû le faire avec sa copine de l’époque !

N’empêche que ce qui me met mal c’est qu’il va sentir mon corps sous ses doigts, le gras qui se loge entre mes côtes et qui se loge sur mes hanches. Billy surveille d’un peu trop prêt mon alimentation ce qui me complique beaucoup  les choses.

On nous distribue des bouteilles d’eau avant de nous dire qu’il faut s’y remettre.

L’ensemble des scènes suivantes, sans être plus faciles émotionnellement parlant,  sont plus facile à tourner parce que la douleur  qu’a fait émerger Billy subsiste encore et que je peux y puiser ce qu’il faut pour retrouver mon intensité.  Nous en reprenons pas beaucoup, sauf pour des changements de prises de vues ou parce que je me suis prise les pieds dans le fauteuil et que j’ai chuté contre la table base.  Je vais avoir une ecchymose digne des records du monde demain et, à la blague, je dis à Robin qu’il devrait me l’autographier.

Le tournage avait été bien plus tendu que je ne l’aurais imaginé… En fait, je ne savais pas très bien à quoi je m’étais attendu. Peut-être à ce que The Lightening soit bien différent de ce que disaient les médias. Qu’ils n’étaient pas aussi spéciaux. Mais en réalité, je commençais à comprendre pourquoi le groupe avait eu autant de problèmes par le passé et pourquoi la presse en faisait ses choux gras.

Samantha déclara que ce n’était pas tous les jours comme ça ce qui me rassura un peu et me fit sourire.

-Oui, heureusement.

Apparemment, Samantha était pour au fait qu’on puisse voir les images. C’était toujours bien de voir ce que ça donnait pour voir s’il n’y avait pas des choses à changer. Même si c’est souvent le réalisateur qui décidait si une scène était à refaire ou non. S’il disait que c’était bon alors c’était bon pour moi aussi. Dans ce cas-ci, il y aura quelques reprises à faire mais qu’en fin de journée tout sera terminé. Je souris.

-Merci pour vos compliments. Ça fait plaisir. Et oui, je pense qu’on s’est bien débrouillé malgré tout.

Billy et April arrivèrent alors près de nous. Le chanteur voulait aussi voir les images et donner son avis aussi. Je le regardais sans rien dire avant de sourire quand il disait que tout le monde avait bien travaillé. J’hochai la tête confirmant ce que venait de dire le chanteur.

On finit par aller voir les images et le résultat est assez bluffant. On peut dire que l’équipe technique sait comment capter l’intensité du jeu. Avec la musique ça donnera quelques choses de très bien. April est vraiment sublime. Malgré son inexpérience, elle s’est vraiment très bien débrouillée.

Alors qu’on regardait, April disait qu’il fallait reprendre quelques scènes.

-Oui, probablement quelques-uns…

Je disais ça en souriant. C’était normal de devoir reprendre quelques scènes. Parfois ce n’était pas la faute des acteurs mais d’un cadrage qui ne donne pas aussi bien ou d’autres petits soucis du genre. Le réalisateur et Billy confirmèrent qu’il faudra en refaire pour diverses raisons. Alors qu’April déclara que ses cuisses étaient énormes. Je levai un sourcil étonné par la remarque d’April envers elle-même. Ses cuisses étaient toutes fines… Je ne savais pas quoi dire hormis :

-Non pas du tout…

Il faut dire que je ne m’attendais pas à une remarque pareille. Elle était dure envers elle-même, April.

Après avoir vu les scènes, on reprit le tournage. D’abord une scène de baiser ou April me semblait vraiment tendue au point où on a dû la refaire plusieurs fois. Je comprenais… Le baiser était intense et on tournait ça devant le petit-ami d’April. Moi, j’avais l’habitude. J’étais acteur et j’avais été acteur quand j’étais en couple aussi. Mais j’arrivais à faire la différence entre mes partenaires de tournage et ma petite-amie. Les baisers étaient différents. Ça n’était que du cinéma. Mais pour April, c’était nouveau… Encore une fois, j’essayais de la mettre à l’aise et le réalisateur fut satisfait de la dernière prise.

On enchaina avec d’autres scènes plus simples où April et moi avions exactement le bon timing et la bonne émotion. On a juste eu un petit incident à un moment quand April est tombée en se prenant les pieds dans le fauteuil. J’ai eu peur sur le coup mais elle s’était relevée blaguant même sur le fait que je pourrais lui autographier son ecchymose. Ça m’avait fait sourire même si elle avait quand même fait une méchante chute. Il faut dire que l’espace entre le fauteuil et la table était pas mal réduit.

A la fin de la journée, j’étais complètement crevé mais toutes les scènes avaient bien été tournées dans divers angles et le réalisateur était satisfait. Je poussai un soupir de soulagement avant de dire à April :

-Tu t’es vraiment bien débrouillée. Tu ferais une bonne actrice.

C’était un compliment sincère. Et si elle voulait se lancer comme actrice, je pourrais l’aider à trouver des petits projets pour débuter. De toute façon, elle va déjà avoir son lot de notoriété avec ce clip tant attendu.

Je remerciai Billy d’un hochement de tête et d’un sourire avant de m’approcher de Samantha.

-J’espère que les dernières prises vous ont convenues. En tout cas, malgré tout, j’ai vraiment aimé travailler avec vous, April, le groupe et toute l’équipe technique. C’était une expérience unique pour moi.

Le travail n’avait pas été facile. Mais on s’en était vraiment bien sorti.

Cash, sans grande surprise, quitte le plateau laissant à Billy le fardeau de la responsabilité. Ainsi, si quelque chose ne va pas, il ne pourra être blâmé. Il tirera sur sa cigarette et maugréera entre ses dents serrés que son chanteur s’est fait monter la tête par moi, ou quelque chose dans le genre.  Les absents ont toujours tords, que ça lui plaise ou non !  

Nous en sommes à visionner les premières images ce qui aurait permis justement à Cash de s’exprimer et de dire ce qui lui plait ou non et de voir avec le réalisateur les changements appropriés à apporter mais… il n’est plus là alors qu’importe ce qu’il en pense, j’imagine.

C’est donc à Robin, April et Billy dont seul l’avis de ce dernier sera vraiment prise en considération puisqu’il se trouve à être le seul représentant de The Lightening présent. Et heureusement que c’est son avis et non celui d’April parce qu’à entendre la jeune femme, toutes les scènes dans lesquelles elle apparaît devrait être refaite. Je peux comprendre que, pour une première expérience, elle nourrissait possiblement d’autres attentes. Elle devra attendre de voir le résultat final pour comprendre que les scènes sont  parfaites, à quelques exceptions près.

Je crois cependant que c’est son commentaire sur ses jambes qui m’a le plus fait sourcillé. Je ne pu m’empêcher de baisser le regard, comme tout le monde l’ayant entendu, je crois, sur ses cuisses fines et bien définies avant de la regarder et d’attendre de la voir éclater de rire mais… non elle était sérieuse.

- Ma chère, vous n’avez rien à envier à personne, croyez moi !

Je tuerais pour retrouver la fermeté de mon corps à son âge, et j’ai de la chance, pour avoir toujours pris soin de moi et de ma santé. Le jugement des femmes envers elle-même me sidèrera toujours.

C’est le moment que le réalisateur choisit pour mettre un terme aux messes basses et de relancer April et Robin dans l’arène.  Le tournage repris par une scène de baiser qu’il fallut refaire à quelques reprises puis les dernières scènes de confrontations furent tournée.  Ce que j’avais redouté qui arrive, arriva lorsqu’April se prit le pied dans le fauteuil et tomba à la renverse contre la table basse.

Heureusement, plus de peur que de mal. Elle aura probablement une belle ecchymose demain mais rien de bien vilain. N’empêche que je ne pu que regarder dans la direction de Billy sans insister pour faire passer le message. On m’avait prévenu, des gens qui œuvrent dans le métier depuis des années et je n’avais fait que transmettre le message.

Parce que c’est le rôle que j’ai aujourd’hui.

Celui de la messagère entre tout ce petit monde qui gravite autour de The Lightening aujourd’hui pour le tournage. Aucune des décisions n’ont été prises de mon propre chef, que par l’équipe de tournage choisie par MTI avec le consentement de Lenny Knowles, malheureusement retenue chez lui pour cause de maladie.

Quand ce fut  bouclé, je remerciais l’équipe puis rejoignis d’abord Robin qui s’approchait déjà de moi.

- Si le réalisateur dit que c’est dans la boîte, alors j’imagine qu’il a tout ce qu’il lui faut pour terminer le montage. Vous avez été remarquable et très professionnel.  Vous ne m’avez pas fait mentir.

De toute l’aventure, Robin aura été ma seule initiative pour laquelle je n’ai consulté personne au risque de me prendre un retour de flamme du groupe. Si j’avais su que je paierai pour les décisions des autres, je me serais impliquée d’avantage dans le processus !

- J’espère avoir l’occasion de vous croiser à nouveau ! Je communiquerai avec vous pour le visionnement  final et pour vous informer du lancement. Merci encore, Robin !

Je suis presque déçue que le tournage ait été si rapidement terminé. Ce jeune homme dégage beaucoup de sérénité qu’il fait bon d’être près de lui.

C’est vers Billy et April ensuite que je me tourne. La jeune femme, visiblement épuisée, se tient contre son petit ami à qui je m’adressais.

- J’ai été heureuse de vivre ce moment avec vous, malgré… un certain malaise, si je puis le dire ainsi. Sachez bien, Billy, qu’en aucun temps je n’ai voulu imposer quoi que ce soit. Je n’ai fait que m’en tenir au rôle qu’on m’a confié. Je regrette que Cash n’ai pas comprit cela. J’espère cependant qu’une fois la vidéo montée avec la musique et tout, vous serez  heureux et que nous pourrons mettre ça derrière nous.

Je tiens à ce groupe pour qui j’ai déjà montré les griffes alors que leur tout dernier opus obtenait des critiques mitigés avant même d’être dans les bacs.  Je crois en leur talent et en leurs idées, autrement, je ne serais pas ici aujourd’hui.