Depuis ma rencontre avec Howard Stone dans ce même studio, je me sens mieux par rapport à mon écriture et j'ai fait des progrès, tout en prenant on temps. Je veux dire, je n'ai pas envie de faire n'importe quoi juste pour avoir du rendement non plus. Après ma dernière chanson qui finalement, rend vraiment bien et capture les deux ambiances qui sont en moi, le Danemark et la Californie. Je n'ai pas encore trouvé le titre pour ma chanson. Alors, comme pour la composition, j'attends que ça vienne.

Aujourd'hui j'ai eu le sentiment que je devais aller au studio. Je pense que mes petites promenades par-ci par-là m'ont bien aidé à trouver l'inspiration pour ma deuxième chanson. Je m'installe derrière le piano, c'est un peu le mien, je n'ai pas l'impression que d'autres personnes viennent dans ce studio. J'ai commencé à y amener un peu de "moi" ici et je me sens beaucoup mieux. Il faut dire que pour un hiver, c'est encore assez chill pour moi. Serait-ce le printemps?

Je pose mes doigts sur les touches et entame quelques notes en fredonnant un peu, ça m'aide avant de poser les paroles. Je ferme les yeux, me remémore les conseils d'Howard, je respire et me lance. C'est un peu plus facile que la dernière fois, mais pas si simple non plus, j'ai toujours un peu d'anxiété, mais ça viendra que m'avais dit Stone, alors je le crois.

Ca vient et je commence à avoir les deux, paroles et mélodie, qui viennent s'entremêler pour donner le mélange parfait. Lâcher prise, ça fait du bien parfois et ça fait du bien après les événements de New York, de pouvoir décompresser. En ce sens, la Californie est beaucoup plus relax et ça fait du bien!

Je continue, je cesse de réfléchir et laisse le tout se faire de lui-même.



Je me sens vraiment bien. Ca pourrait sembler être une chanson d'amour classique. D'un côté, je n'ai pas toujours été évidente, avoir la responsabilité de mes frères n'a pas aidé… De l'autre, elle me fait penser à ces derniers aussi, on a eu des périodes difficiles ou j'avais du mal à tout gérer, mais vivre sans eux, c'était hors de question…

Une fois que j'ai fini, je me fais interrompre, encore une fois. Je me demande si l'intimité et le privé sont respectés ici. Ca m'a fait sursauté au passage.

- Il faut la refaire… je n’ai pas pu enregistrer le début.

- Comment? Je ne suis pas supposée enregistrer tout de suite.

Je ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe du coup. La voix semble familière sans l'être à la fois, c'est vraiment intriguant. Etant donné que cet homme est dans le noir, je ne le distingue pas du tout, j'avais pu distinguer Stone très brièvement, mais là je ne vois rien. Je me demande bien qui c'est, je pense que mon manager m'aurait tenu au courant si j'enregistrais non?

- Je n'arrive pas à vous voir, qui êtes-vous? Un roadie? Mr Evans ne m'a pas tenue au courant, je suis désolée…

J'hausse les épaules, tout en adressant une mou un peu désolée, et confuse aussi, à mon mystérieux interlocuteur.

L'interruption à la fin de ma chanson me fait sursauter. J'ai l'impression qu'il n'y a aucune intimité chez MTI. Y'a un bon côté, ça fait famille, ça soude, mais de l'autre côté si on veut être tout seul, apparemment il faut rester chez soi haha.

Mon interlocuteur, bien dissimulé dans la régie, me parle de la refaire car il n'a pas pu enregistrer l'entièreté de ma chanson. Seulement, je ne suis pas supposée enregistrer, ce que je lui dis. Suite à ça il me dit d'attendre et qu'il va venir, me tutoyant au passage. Okay, ainsi soit-il.

Je me suis demandée si c'était un roadie quand il s'était mis à parler, sa voix étant familière, pour moi il s'agit forcément d'une personne que j'ai dû croiser à un moment. Finalement l'homme mystère arrive et je confirme, il ne s'agit pas d'un roadie… Une nouvelle rockstar se pointe à mon studio. Il me sourit et je le lui rends.

- Non, je ne suis pas un roadie. … Je cherchais Billy Lighter... Tu n'es pas Billy Lighter.

- En effet, aux dernières nouvelles, nous sommes deux personnes différentes.

La dernière fois que j'ai vérifié, je suis une petite danoise et non une rockstar internationale. Je le regarde alors poser sa guitare et la sortir progressivement de sa housse. Je ne sais pas top à quoi m'attendre, allons-nous faire un petit boeuf à deux, une petite jam session?

-Tu n'en es pas moins une petite perle venue d'un autre monde, je me trompe?

Il sort sa guitare et se rapproche

- En effet je ne suis pas Californienne, non plus Américaine. Je viens du Danemark, plutôt différent comparé à Los Angeles.

Il me tend la main, que je prends et se présente. Oui je t'ai reconnu mais, comme pour Howard, nous sommes les mêmes personnes au fond, des artistes. Et puis si tout le monde se met à faire les fans cela doit être difficile à supporter, ils ont besoin d'un break, les studios doivent en faire partie.

- Je m'appelle Cash...Cash Izbel... Tu dois sûrement connaître...

- En effet, je connais ta musique et je sais qui tu es.

Car je ne le connais pas personnellement, donc je ne le connais pas, mais je sais qui il est, sans connaître la personne qu'il est. Ensuite il penche sa tête sur le côté, et ça me fait penser aux animaux quand ils sont intrigués vous voyez? Bref, il reprend la conversation.

-Mais toi, qui es-tu? C'est ça la question que je me pose. Ce n'est pas n'importe qui qui peut venir jouer et créer ici.

- Qui je suis? Ce n'est pas facile à dire. Je m'appelle Hilja Damgaard, mais tu peux m'appeler Måne, c'est mon nom de scène, c'est lune en Danois. Avec quelques coups de pouces et un peu de contact, j'ai signé un contrat avec Mr Evans. On risque de se croiser de temps à autres.

J'adresse un petit sourire au célèbre guitariste. Le fait que je ne dois pas être n'importe qui pour être ici, ça me flatte un peu et ça me touche aussi. C'est toujours agréable d'être approuvée en quelques sortes par ses pairs, et encore plus quand ils sont talentueux.

Je regarde la rockstar en souriant et lui confirme bien que je ne suis pas Billy Lighter. Je précise ensuite que je viens du Danemark étant donné qu'il avait deviné que je ne suis pas du coin. Est-ce vraiment difficile au fond? J'en doute haha.

- Le Danemark... Ouais... J'ai déjà vu... En tournée. C'est un public chaleureux... Bien plus que le pays où on se les gèle à mort.

- Oui c'est pas toujours évident mais on s'y habitue, je crois. Et inversement, je trouve qu'il fait plutôt chaud ici.

J'hausse les épaules en souriant alors que le guitariste s'installe petit à petit. Je vais devoir m'adapter mais je ne suis pas dans le désert, je devrais plutôt bien m'en sortir.

Je confirme alors le reconnaître. Ce n'est pas comme si Cash Izbel ressemblait à tout le monde en même temps. Il a un style très atypique. Je le vois qui câble sa guitare tout en continuant notre petite conversation.

- Ah... Et pourquoi être venue te perdre à Los Angeles... Avec ce que je viens d'entendre, tu dois avoir ton petit succès là-bas aussi... Pourquoi une Reine des glaces viendrait fondre ici?

- Los Angeles n'était pas le premier choix… C'était New York grâce à mon succès montant en Europe j'ai saisi l'occasion, mais une suite d'évènements a fait que, me voici à Los Angeles. Je ne regrette pas forcément, je pense que ça va m'apporter beaucoup, un peu de chaleur dans ma musique.

Au final j'aime beaucoup le contraste chaleur-soleil et froid-lune et je suis persuadée que cela va donner de très belles et intéressantes chansons ici. Je me sens un peu plus légère.

Je me présente brièvement et introduit mon prénom mais aussi mon nom de scène. Il a l'air de plutôt affectionner ce dernier pour mon plus grand plaisir

- Mane c'est bien. J'aime bien. .

- Merci.

Je réponds simplement, la sienne l'était, inutile de faire toute une farandole de remerciement, sachant qu'un vrai merci vaut tout autant.

-Je ne vois pas ce qu'il y a de difficile à dire là-dedans, Mane... A moins que tu ne caches plusieurs facettes. C'est ça que tu veux dire? Que veux-tu dire, Mane?

- Je pense personnellement que l'on a tous plus ou moins plusieurs facettes, surtout quand on est artiste. Donc oui. Ce que je voulais surtout dire, c'est qu'un mot ou un nom ne peut pas forcément aussi bien nous définir que nos actions. Ce n'est que mon avis.

Il joue un accord bref avec sa guitare et s'adresse à moi.

- Tu veux la recommencer? Le piano, c'est bien. La guitare, c'est mieux. Je veux bien jouer avec toi. Tu veux jouer avec moi, Mane?

- Avec plaisir Cash.

Après un petit "un, deux, trois …" les premières notes se font entendre et il est vrai qu'avec une guitare, c'est tout de même mieux. Quand bien même je sais jouer des deux, en même temps c'est tout de même compliqué.

Cash Izbel essaye sûrement de trouver s'il avait entendu mon nom quelque part, peut-être lors de leur tournée en Europe, autrement c'est très peu probable. Je ne me suis pas encore exportée à l'internationale, c'est justement le but de mon séjour américain. J'hausse les épaules, ce n'est pas bien grave s'il n'a pas entendu parler de moi au fond.

- Mais je veux savoir qui tu es toi… La Lune dans ton monde… Et dans ce monde-ci qui es-tu ou qui veux-tu être ?  

- Cela peut sembler un peu naïf, je veux juste être moi, avec mes qualités et mes défauts, ni parfait, ni imparfaite, juste Hilja. Je pense bien m'en sortir mais en même temps je n'ai pas encore fait le tour de qui je suis entièrement.

Il entame un accord et l'on se met alors à rejouer ma chanson. La partie guitare ajoute une dimensions supplémentaire, je n'ai pas encore les compétences requises pour enregistrer ce que je voudrais faire avec cet instrument. Néanmoins, je sui sûre que mon temps passé ici, à Los Angeles, me permettra d'ajouter un instrument supplémentaire. J'adore beaucoup le résultat final et tous les instruments se complètent merveilleusement bien.

- Bienvenue à Los Angeles… Tu as sans nul doute ta place ici.

- Merci beaucoup, ça me va droit au coeur.

Venant de la part d'une personne comme lui, ça me touche vraiment. J'espère trouver ma place ici. Je ne pense pas être perdante quant à mon séjour américain, bref ou long, je suis sûre que je vais beaucoup en apprendre sur le monde qui m'entour et moi-même. J'en sortirai grandie, c'est certain.

- Il va te falloir un groupe, mais tu verras, MTI a de bons musiciens de sessions pour les lives… Et si tu es multi-instrumentiste, tu vas pouvoir enregistrer tout un album à toi seule…  

- Pour le moment je ne maîtrise vraiment que le piano et la voix, je n'ai que de brèves bases en guitare et percussions, mais c'est un de mes objectifs. J'ai hâte d'entendre ces musiciens de session dans ce cas!

Puis, Cash revient sur pourquoi je suis ici et non à New York City. Et bien tiens toi prêt, je vais t'expliquer l'arrivée d'Hilja Damgaard sur le continent américain.

- Mais dis-moi, quelles sont les circonstances qui ont fait que tu n’es pas à New-York aujourd’hui ?

- Et bien je vais tenter de faire simple et bref. Mon ancien label danois était entré en contact avec un label new-yorkais afin de faire un partenariat en quelques sortes entre un artiste américain et moi-même. Je suis arrivée à New York afin de bosser avec cet artiste. Nos labels respectifs ont fait faillite et aucun autres labels sur New York et les états avoisinants, ne voulaient de moi. Trop ressemblant à ce qu'ils avaient apparemment. Je contact mon ancien manager et Freiya. Cette dernière me conseilla de venir à Los Angeles vu qu'elle connait quelque personne ici et donc me voici dans la cité des anges.

C'est plutôt bien résumé je trouve. J'hausse une nouvelle fois les épaules. C'est la vie, mais avec mes contacts j'ai réussi à rebondir. Aujourd'hui je joue avec Cash Izbel et jamais je n'aurai pensé que c'était possible au fond. On apprend de ses échecs aussi après tout, du moment que l'on sait rebondir, c'est le plus important.

Parler avec Cash est plus agréable que je ne l'aurai pensé. Ca me permet aussi d'exprimer avec des mots ce que je ressens, quand j'essaye c'est souvent assez maladroit. Là, je prends le temps, c'est tranquille, sans stress ni pression de mal dire ou mal faire.

- C’est assez louable… Même si je pense qu’on aura jamais fait le tour de nous-même avant d’être mort… Ce ne sera qu’aux portes de la mort qu’on pourra regarder en arrière et se dire : « Tout ça, tout ce que j’ai fait, dis, pas fait, pensé… Tout ça, c’est moi… Avant ce moment crucial, nous sommes seulement une part de nous-mêmes  

- Je suis entièrement d'accord, c'était ce que je voulais dire, ce n'est pas toujours évident de bien l'exprimer.

La chanson se passe et j'ai même envie que la chanson dure encore à l'instant T. C'est vraiment relaxant, ça fait longtemps que je n'ai pas ressenti un calme aussi fort en moi. Peut-être une fois lors d'un méditation tout de même, j'en ai eu une très intense dans ce sens là.

- C’est bien si tu sais tout jouer pour les enregistrements. Mais tu ne sauras pas jouer de tous les instruments en live… A moins que tu choisisses de ne t’accompagner que du piano… ça peut le faire aussi… Billy adore le piano.

- Mon piano c'est mon instrument, mais j'ai vraiment envie d'apprendre à jouer d'autres instruments maintenant que je suis ici et que j'ai le temps. Par envie et par curiosité de découvrir de nouvelles sonorités.

Je raconte mon aventure new-yorkaise à cash. L'histoire des labels et tout le tralala qui a fait que j'ai dû quitter l'East Coast

- Pfff les labels… On ne sait jamais si on peut compter sur eux. C’est pareil pour les managers. J’ai un très bon manager… Mais il se fait aider par une femme que je n’aime pas…  

- On ne peut pas aimer tout le monde, ni plaire à tout le monde. Encore heureux, ce serait bien triste autrement. Néanmoins, j'ai un bon feeling cette fois-ci. Je suis avec Timmy Evans et ça va bien se passer.

Il aborde alors le piston et ça me fait sourire. C'est quelque chose de fréquent ici et je l'ai appris … grâce à mon piston…

- Qui est Freiya ?... Qui est-ce qu’elle connaît ici ? … Ce n’est pas tout le monde qui peut signer chez MTI… Alors qui est ton piston ?

- C'est la soeur d'Amon Sørensen qui est très proche de Timmy Evans. J'avais d'abord eu un contact pour BSC rencontré au parc mais, ça ne s'est pas fait, alors Amon m'a aidé, car il croit en moi et a confiance.

J'adresse un sourire à Cash. Je suis déterminée à prouver à tous, y compris moi-même que je peux y arriver. La musique c'est ma vie, elle m'a aidé tout au long de mon existence, dans les moments difficiles et les faciles aussi.