Il n’est pas toujours facile de sortir le bar de la fille et encore moins la fille du bar, surtout quand elle y travail et y passe tellement de temps que sa vie sociale se résume à ses clients de qui elle connait presque tout, désormais, à force de leur servir leur bière tablette. C’est mon cas ce soir alors que je suis en congé et que je suis installé au comptoir du Crazy Ginger avec un cocktail à base de tequila entre mes mains et que je parle avec Tom, le nouveau serveur à l’essais.

C’est un peu fou ce soir, l’Halloween est à nos portes, on dirait que les gens sont tous sous l’effet de la pleine lune !

- C’était quand d’ailleurs, cette foutue pleine lune, Tom ?

Ou alors elle s’en vient, je n’en étais plus du tout certaine. Elle ne m’influençait pas en général la peine lune mais ces derniers temps… Mon humeur était en dents de scie, je ne dormais pas très bien, je me lançais corps et âme dans toutes sortes de projets que je ne menais jamais à bout.

Pourquoi je faisais cela ?

Ça c’était la question à cent dollars !

Depuis ma séparation avec Sonny, je cherchais un peu mon identité. Non pas que je n’en avais pas quand nous étions en couple mais je devais me redéfinir en tant que moi, faire des trucs pour moi et pas en fonction de mon couple. C’était un peu la raison pour laquelle nous avions rompu… pourquoi j’avais décidé de rompre en fait puisque la décision venait principalement de moi. J’avais fait le consta que nos vies n’allaient plus du tout dans le même sens et que j’étais rendu à un stade où je désirais des choses qu’il n’envisageait pas encore.

Mais de me retrouver seule n’était pas pour autant facile !

Rompre avec quelqu’un qu’on aime parce qu’on sait qu’un jour ou l’autre on va finir malheureux, ce n’est pas facile et ça ne se fait pas sans laisser de traces.
Alors ce soir, j’ai eu envie de me changer les idées, de voir des gens, d’essayer des trucs nouveaux et… et je me suis retrouvé au Crazy Ginger et Sonny avait raison, je suis presque mariée à ce bar ! Mais d’aller au bowling seule, ça ne me dit rien… non plus que d’aller au cinéma, même si une fois que le film apparait sur le grand écran, il est préférable de ne plus parler.  J’avais l’option d’aller à la buanderie faire ma lessive ou passer ma soirée au bar… le choix a été vite fait !

Je sirote donc mon verre en rigolant un peu des costumes d’Halloween des gens qui se sont vraiment laisser prendre au jeu. Pourtant, ce n’est pas ce soir, Halloween c’est dans…

- C’est mercredi prochain et nous sommes…

- Vendredi… c’est pour ça que les gens fêtent ce soir, tu ne crois pas ?

- Ouais… c’est vrai…

J’avais réellement perdue la notion du temps, Tom venait de me placer cette évidence sous le nez !  Alors je repris mon cocktail à base de tequila et le sirotais en regardant la salle, les gens s’y trouvant, qui avaient visiblement bien plus de plaisir que moi.  

- Finan ! , m’exclamais-je ! C’est Finan !

Tom roula des yeux en essuyant quelques verres et je sautais en bas de mon tabouret pour traverser la salle et aller saluer Finan qui venait d’entrer.

- Un bonbon  ou des ennuis ! , lui dis-je en lui tapant sur l’épaule. Il n’y a pas que moi qui ai oublié son costume, on dirait !

@ Billy Lighter

Ça avait été une sale soirée... D'abord, j'avais failli passer ma nuit au commissariat parce que Guillermo s'était endormis alors qu'il devait guetter, justement, s'il n'y avait pas de patrouille dans le coin... Résultat, j'avais du courir et mon contact aussi si bien que je n'avais pas su vendre ma cargaison tout de suite. Je n'en voulais pas à Guillermo... Ils n'avaient que 6 ans et s'il était rapide, il m’avait semblé particulièrement exténué même s’il n’était pas plus de 20h. Mais il ne me restait que lui comme effectif pour aujourd'hui et cette partie du quartier n’était pas censé être tellement fréquentée par les flics...

C’était la faute à pas de chance…

Après ça, j'avais raccompagné Guillermo et j’avais pris le risque d'aller dealer seul dans une autre rue. Dealer sans personne à la surveillance n'était pas une bonne idée mais il m'arrivait de le faire de temps à autres quand les Pequeñas Manos étaient trop fatigué comme ça semblait être le cas aujourd'hui.

Mais la chance n’était vraiment pas avec moi et il avait fallu que je tombe sur des South Panthers... J'étais là avant eu et sur mon territoire mais ils se sont dit que, seul, je ne valais pas grand-chose... Ils n'avaient pas tort…  Ils étaient quatre et m’ont volé ma cargaison après m’avoir bien fait comprendre qu'essayer de la protéger ne servait à rien...

Après ça... J’ai décidé que la soirée était foutue et il n’était que 22h30… Je n’avais plus de cargaison… Alonso allait me faire la morale demain et, comble de tout, je savais que je n’avais même plus d’alcool à la maison pour faire passer la douleur des coups que j’avais reçus et qui maculait, maintenant, ma figure.

Il faudra que j’en rachète demain…

En attendant, il me fallait un verre pour faire passer la pilule… Alors, c’est vers le Crazy Ginger que j’avais conduit… J’aurais pu aller au Stryge mais je m’étais dit que le Crazy Ginger, j’aurais peut-être l’occasion d’y voir Leia… Elle était barmaid là-bas et, avec un peu de chance, elle travaillait ce soir…

J’avais un faible pour Leia. Un faible que je n’avais jamais avoué parce que je la savais en couple avec Sonny Robson. Quand je me suis rendu compte que j’étais amoureux de Leia, elle était déjà avec Sonny… Je l’enviais comme pas possible, ce type.  

Je m’étais garé non loin du bar… Il y avait du monde et je ne compris pas, directement, pourquoi. Je sortis simplement de ma caisse avant d’entrer dans le bar pour découvrir, à l’intérieur, le pourquoi de tout ce monde.

C’était vendredi et, dans quelques jours, ça sera Halloween. Je fis très vite le lien car certains étaient déguisés pour l’occasion.

Rien que ça, ça me remit le sourire.

Mais ce qui me rendit réellement le sourire c’est quand je vis Leia arriver. Je lui souris d’un large sourire alors qu’elle  m’envoya la formule classique à s’envoyer le jour d’Halloween avant de constater qu’il n’y avait pas qu’elle qui n’avait pas de costume. Je rigolai constatant qu’elle n’était pas de service comme en témoignait le verre qu’elle avait en main.

-Ah ouais ? Tu crois ? Pourtant, j’ai une tête qui fait peur.

J’avais quelques bleus dans la figure… En réalité, je ne m’étais pas regardé dans un miroir mais vu comme j’avais mal, je savais que ça devait avoir laissé quelques marques. Et je disais ça avec le sourire pour les montrer que tous ces bleus n’étaient pas si graves, finalement… J’avais l’habitude. J’étais Los Diablos et boxeur, aussi…

J’avançai, avec elle, vers le bar tout en lui parlant :

-Il y a de l’ambiance ici. Et tu a l’air en super forme, c’est beau à voir.

Mais elle était seule. C’est ce que je constatai quand on arriva au comptoir et que je me commandai une bière.

-Tu es venue fêter Halloween sans costume ? Sonny n’est pas avec toi ? Il travaille cette nuit ?

Il était ambulancier. Je savais qu’il s’occupait, de temps en temps, des Pequeñas Manos quand l’un d’entre eux n’allait pas bien ou simplement pour leur apporter des cadeaux. Je comprenais que Leia puisse aimer un type comme lui… Ambulancier, ça fait mieux sur un CV que Los Diablos…

@ Billy Lighter

J’aurais très bien pu passer la soirée assise au bar à siroté mes verres jusqu’à ce que ce soit l’heure de partir et, me connaissant, je serais passé derrière le comptoir prendre un torchon et j’aurais donné un coup de main à ce pauvre Tom pour nettoyer l’endroit.  Au lieu de ça, le destin avait envoyé Finan, un bon ami, enfin, une très bonne connaissance puisque nous n’étions pas vraiment des amis. Il passe souvent en fin de soirée pour boire quelques bières avant de repartir faire je ne sais quoi avec je ne sais qui. Cet aspect de sa vie ne me regarde pas, sauf s’il m’en parle volontairement comme certains piliers de taverne avec les cordons de la langue un peu trop lousse après quelques bières.

Alors d’un pas léger, tenant mon cocktail d’une main, je me dirigeais vers Finan jusqu’à arriver devant lui et de le saluer comme le veut la tradition pour Halloween. Ça le fit sourire, et moi aussi.

- En effet… il t’es arrivé quoi ? Le mur à refusé de se tasser quand tu es passé ?

Je rigolais bien que je ne m’amuserais pas innocemment des malheurs des autres. Il semblait bien aller, c’était tout de même le plus important. Il m’accompagna vers le comptoir du bar et se commanda une bière avec avoir mentionné que je semblais être en forme.

Ce n’était pas faux.

J’allais honnêtement très bien même si mon petit cœur était encore fragile à la suite de ma rupture. Il fallait du temps pour guérir d’une peine d’amour, surtout quand on est encore amoureuse de l’homme avec qui on s’imaginait passer le reste de sa vie.

Je grimpais sur mon tabouret et fis signe à Tom en brandissant mon verre d’en remettre un autre puis je me tournais vers Finan qui se demandait où était Sonny.

- Je n’ai pas songé à Halloween, cette année et, non, Sonny n’est pas là parce qu’il travail le vendredi soir, enfin, sauf si son horaire de travail a été modifié dans les dernières semaines.

Cela se pouvait, ça avait déjà té le cas et ça avait complètement bousillé ma seule semaine de vacances et donc, tous nos projets.  Je ne lui en avais pas voulu, parce que je savais que ce n’était pas sa faute mais j’avais été grandement déçue et ça avait qu’ajouter une brique de plus dans le tas qui a mené à la rupture.

- Sonny et moi… c’est fini, on ne sort plus ensemble.

Je haussais des épaules pour tout complément d’information. Je n’avais pas vraiment envie de m’étendre sur le sujet, devenir une de ces clientes pathétiques qui vient pleurer sa rupture en noyant son chagrin dans l’alcool.

- Mais ça va… Nous sommes en bons termes.

Je frappais mon verre contre sa bouteille de bière qui venait de lui être servie.

- Alors buvons à mon nouveau statut de fille célibataire et fière de l’être !  Je crois que je vais en profiter pour penser plus à moi, faire des trucs qui me plaisent vraiment, et pas passer des heures assise sur une caisse de bière à regarder mon mec démonter et remonter un moteur pour a je ne sais combientième fois !

C’était une très belle et bonne résolution ! Je devais repartir de zéro et ça impliquait de changer des habitudes prises en couple pour en prendre de solitaire.

- Et toi ? Si tu me racontais un peu ce qui s’est passé avec ton visage ?

@ Billy Lighter

Voir Leia était la meilleure chose de la soirée, pour le moment. Comme quoi, je n’étais vraiment pas déçu d’avoir décidé de venir ici au lieu de rejoindre mon lit.

Et il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que, ce soir, au Crazy Ginger, on fêtait Halloween. Mais ni moi, ni Leia n’avions de costume même si je disais, en rigolant, que les bleus dans ma figure pouvaient très bien faire office de costume. Evidemment, ça me valut des questions et, sur un ton qui n’avait rien de sérieux, je répondis :

-Oui, c’est exactement ça. Les murs ne sont pas très polis de nos jours.

Elle rigolait et c’était tout ce qui comptait, finalement, alors qu’on se rendait, ensemble, au comptoire où je commandai une bière alors que Leia redemanda un cocktail. C’est là que je me mis à poser certaines questions notamment si elle était venue ici pour faire la fête et si elle était venue sans Sonny. Sonny, ce petit chanceux qui était son petit-ami. Elle répondit que, effectivement, Sonny n’était pas là parce qu’il travaillait mais la fin de sa réflexion me fit lever un sourcil… Elle parlait de ça comme si elle n’avait plus vu Sonny depuis un moment…

Bon, j’avoue que lui poser la question de savoir pourquoi elle disait ça m’avait effleuré mais Leia me devança disant que elle et Sonny ne sortaient plus ensemble.

Ok, à l’intérieur de moi, j’ai crié de joie…

Mais à l’extérieur, je me suis retenu de le faire affichant, plutôt, une mine surprise. D’ailleurs, j’étais tellement surpris et heureux, finalement, à l’intérieur de moi que je ne réussis qu’à bafouillé un :

-Je… C’est vrai ? Je suis désolé…

Visiblement, Leia n’avait pas forcément envie d’en parler. Loin de moi l’idée de lui poser des questions. Finalement, tout ce qui était intéressant c’était que Leia était à nouveau célibataire et que, donc, j’avais mes chances. C’est à ça que je pensais alors qu’elle disait qu’elle et lui étaient toujours en beau terme. Je souris un peu.

-C’est le principal… Enfin, ça veut dire que vous ne vous êtes pas séparés parce que l’un ou l’autre ne supportait plus l’autre jusqu’à se disputer avec.

Et j’avais mes chances maintenant ! C’est à ça que je souris alors qu’elle entrechoqua son verre à ma bouteille.

Sauf que…

Non, en fait…

Je n’avais aucune chance… Parce que Leia semblait apprécié fortement son nouveau statut de célibataire… Elle voulait en profiter pour penser plus à elle… Ne plus à avoir à se plier à ce que voudrait Sonny… Ou quiconque d’autre voudrait prendre sa place.

Ouais…

Donc, ma chance, ce n’était pas pour ce soir. Moi qui croyais avoir trouvé le rayon de soleil dans ma journée, et bien, il n’a pas fallu longtemps avant qu’un nuage le cache…

Décidément, ce n’est pas mon jour… Et, si je souriais, à l’intérieur, j’avais un peu mal quand même.

-Ouais ! Tu as raison. Il faut penser à soi de temps en temps. Rien de tel que le célibat pour ça. Même si… Tous les hommes ne démontent pas des moteurs, tu sais…

Je n’en démontais pas… Je démontais des gueules, de temps en temps, mais pas des moteurs. Mais bon, ce n’était pas le moment de marquer mon intérêt pour Leia. Ça, je l’avais bien compris.

Je laissai tomber mon regard sur ma bouteille avant de le relever sur Leia quand elle demanda ce qui était arrivé à mon visage.

-Oh… Heu…

Je me suis fait tabasser par des South Panthers parce que j’ai été stupide assez pour aller dealer tout seul…

-J’ai perdu mon dernier match de boxe. Ce n’est quelques bleus. Rien de bien grave. D’ici quelques jours, ça n’y paraitra plus.

Je souris.

-On ne peut pas toujours gagner, hélas…

Non, ce soir, ce n’était décidément pas le jour. J’haussai des épaules.

-De toute façon, ma figure était déjà amochée, donc, même si ça y parait encore, ça ne changera pas grand-chose.

Je disais ça en affichant un petit sourire jaune. J’avais des cicatrices sur le visage. Une sur le front et une sur la pommette gauche. Je les ais depuis 1974… Elles me rappellent constamment que JAMAIS on ne doit se faire des filles en couple… Surtout quand elles sont en couple avec le sérial killer du coin et qu’on le sait…

-Donc… Tu es célibataire… Et, du coup, tu fais ce qui te plait. Alors, ça veut dire que tu adores sortir au bar. Vu que tu y travaillais, je pensais que tu aurais choisi un autre endroit pour faire la fête. Tu n’as pas songé à aller faire la fête au Stryge ? Je te jure qu’il n’y a pas meilleur endroit pour fêter Halloween.

Je disais ça en souriant alors qu’un type, un peu plus loin sur le comptoire paya un autre verre pour Leia avant de lui faire un clin d’œil… De quoi, directement, me faire perdre mon sourire… C’était qui ce type ?

@ Billy Lighter

Finan était entré dans un mur mal poli. Bon je savais que l’histoire était tout autre, on ne pouvait pas être à ce point distrait pour entrer directement dans un mur… quoi que tout pouvait bien arriver. Mais bon, il semblait s’en être plutôt bien sortit, je ne pouvais peut-être pas en dire autant du mur en question.

Installés ensembles au comptoir du bar, je lâchais le morceau sur le pourquoi et le comment expliquant le fait que Sonny ne soit pas ici avec moi ce soir, entrain de célébrer Halloween qui était à nos portes. La raison était simple, nous avions rompu et dorénavant, il faisait les trucs qu’il voulait, quand il le voulait et c’était pareil pour moi.

- Non… non Sonny et moi n’en étions pas au point de se taper sur la gueule, loin de là… mais parfois l’amour ne suffit pas. Je suis rendu à un endroit différent dans ma vie, je ne pouvais pas lui imposer certaines choses que je désire vivre et il ne pouvait pas me les offrir sous prétexte de vouloir me faire plaisir, ce n’était pas… ça n’aurait pas été juste.

Voilà, c’était dit.

J’aimerais toujours profondément Sonny, certainement d’une toute autre manière mais je n’avais aucune raison de le détester, de lui en vouloir. C’est un mec bien et un jour il trouvera sa moitié et il sera parfaitement heureux.

Maintenant, je voulais profiter de mon célibat, de faire des choses de mon trop rare temps libre, autre que de regarder mon amoureux jouer dans le cœur des bagnoles de courses. Je pouvais tout faire, tout ce dont j’avais toujours eu envie de faire et que je ne faisais pas parce que je passais mon temps libre à trouver du temps à passer avec Sonny, à concilier nos horaires de vies divergentes.

- Je sais. Ils entrent aussi dans les murs ! lui répliquais-je en poussant du bout de mon index sur son menton en rigolant. C’était aussi  pour dire qu’en ce moment, je veux profiter de mon célibat pour faire des choses qui n’implique pas forcément une autre personne.

Après ces quelques années en couple, je ressentais le besoin de reconnecter avec moi-même et ce soir était un bon exemple de l’urgence de la situation. N’étais-je pas en congé ? Pourtant, je me trouvais bel et bien au Crazy Ginger, Sonny avait bien raison de dire que je donnais l’impression d’être mariée avec mon travail. Pourtant, le sien était plus édifiant que le mien, quand même.
Ce soir c’était un coup de pratique, j’allais remédier à la situation.

Je m’intéressais à Finan et son mur, à la véritable histoire cachée, celle d’un match de boxe perdu.

- Tu boxe ? J’aimerais bien venir à ton prochain match !

Voilà quelque chose à faire de différent… même si pour être tout à fait honnête, Sonny aurait certainement aimé que j’accepte de l’accompagner, un soir, à un match de boxe.  Puis Finn retourna la conversation sur moi et mon nouveau statut de vie non sans mettre en évidence que je me trouvais encore pourtant au Crazy Ginger.

- Je sais ! C’est dingue, non ? Je suis en congé et je viens carrément le passer au travail ! Je dois absolument élargie mes horizons !

Il y avait tout de même autre chose que ce foutu bar, surtout dans une ville comme Los Angeles qui grouille jour et nuit.  J’en étais à me faire cette réflexion quand Tom déposa devant moi un verre que je n’avais pas commandé et qu’il me pointa un homme plus loin, installé lui aussi au comptoir ce qui me fis sourciller.

- Tom, reprend ce verre… Je n’en veux pas !

Je me tournais vers Finan, faisant donc dos à l’homme qui m’avait payé ce verre et je roulais des yeux.

- Ça commence par un verre, ça fini par un jus d’orange demain matin, non merci ! Tu voudrais qu’on aille ailleurs ? Fais-moi découvrir la ville, tiens ! Ça te parle ?

@ Billy Lighter

Leia était, donc, séparée de Sonny mais en bon terme avec lui. Elle expliqua qu’ils ne voulaient pas les mêmes choses pour leur couple. Bref, ils avaient décidé de se séparé pour éviter, justement, de devenir insupportable l’un pour l’autre. J’hochai de la tête.

-Ouais, c’est mieux de perdre un petit-amie et de garder un ami plutôt que de tout perdre.

Et je devais avouer que cette séparation m’avait mis du baume au cœur. Mais ce moment de joie passa bien vite quand Leia me fit bien comprendre qu’elle voulait largement profiter de son nouveau statut de célibataire… Autant dire que j’arrivais trop tôt… Ou trop tard, c’est selon… Bref, je n’arrivais pas au bon moment pour exprimer à Leia ce que je ressentais pour elle depuis les premiers instants où on s’est rencontré pour la première fois. C’était mon petit coup de foudre Leia et beaucoup de mes amis le savaient et me charriaient avec ça en disant que je devrais me lancer…

Sauf que là, j’étais légèrement refroidi même si j’essayais de lui montrer que tout le monde ne montait et démontait pas des moteurs. Elle fit alors référence au mur qui me fit rigoler un peu avant de bien souligner qu’elle voulait profiter de son célibat. J’hochai de la tête après avoir bu une grosse gorgée de bière pour faire passer mon amertume.

-Je comprends.

Après, Leia posa des questions sur mon visage et je dis simplement que j’avais perdu un match de boxe. Et au lieu de trouver ça stupide, elle avait envie de voir un match. De quoi me faire l’aimer encore plus… Je souris.

-Avec plaisir. Je t’y emmenais. C’est le samedi soir. Tu n’auras qu’à me dire si tu es libre un samedi et on ira ensemble.

Pour moi, c’est presque comme un rencard alors mon cœur s’accéléra encore un peu alors que je parlai de son nouveau statut et du fait qu’elle était au Crazy Ginger, l’endroit où elle travaillait. Elle s’en rendit compte aussi disant qu’il était bien temps, pour elle, d’élargir ses horizon. Je souris me retenant de dire que je pourrais très bien me charger de lui ouvrir ses horizons. A la place, je dis simplement :

-Peut-être, oui. Bien que c’est pas si mal, le Crazy Ginger, au fond.

Et, alors que je me retenais d’être un peu trop entreprenant, un type, assis un peu plus loin, lui, ne manqua pas de tenter sa chance pour mon plus grand agacement. Mais Leia refusa autant le verre que les avances disant que si ça commençait comme ça, ça finissait avec un jus d’orange le lendemain. Je rigolai, assez content qu’elle ne m’ait pas lâché pour ce type. Mieux encore, elle voulait que je lui fasse découvrir la ville.

Je crois que cette soirée allait, en fin de compte, être bien plus belle que je ne l’imaginais.

-Ouais, je peux te faire visiter ! Je connais L.A. comme ma poche !

J’achevai ma bière et laissai Leia me suivre hors du Crazy Ginger.

-On peut commencer par les collines d’Hollywood. Pour moi, c’est le meilleur endroit pour voir l’entièreté de la ville.

On entra dans ma voiture et je démarrai direction Hollywood bien que je n’empêchais de s’arrêter ailleurs en chemin. J’étais tellement emballé que j’en oubliais la drogue dans la boîte à gant ainsi que le flingue qui allait avec… Une boîte à gant où se trouvaient mes cassettes.

-Au fait… Je ne te l’ai jamais demandé mais, ça fait combien de temps que tu es à L.A. ?

Si ça tombe, elle y était née… Ou ça faisait longtemps qu’elle habitait ici, comme moi. Et ça même si je savais que Leia était Irlandaise. Comme moi.

@ Billy Lighter

Mon célibat était le sujet de l’heure. Peut-être uniquement parce qu’on est habitué de me voir avec Sonny quand je ne suis pas derrière le comptoir du Crazy Ginger. Quoi qu’il en soit, et pour faire une longue histoire courte, je précisais entre autres chose que Sonny et moi étions tout de même en très bon terme, que nous ne nous étions pas laissés par manque d’amour mais par manque d’intérêt commun et que nos besoins n’étaient plus les mêmes et que j’avais bien l’intention de profiter de mon nouveau mode de vie pour prendre soin de moi, par moi-même.

Je pouvais commencer cette nouvelle tendance en allant voir un match de boxe avec Finan, un de ces quatre, avec lui ou alors quand il en disputera un mais, ces matchs avaient surtout lieu de samedi et il était rare que j’aie congé un samedi… mais ce n’était pas impossible alors je ne démontais pas tout de suite cette proposition. Nous verrions, je pouvais demander congé pourquoi pas et ça n’arrivais pas si souvent alors mon patron pouvait bien me dire oui.

- Ouais, je te dirai ça. Ça sera chouette comme sortie !

Et puis il fallait bien être honnête, je devais sortir ailleurs qu’au travail ! Mon histoire était presque pathétique, à ce niveau. Valait tout de même mieux en rire que d’en pleurer et Finan, plutôt que de se moquer de moi, fini par dire que le Crazy Ginger n’était pas si mal après tout.

- C’est même très bien ! Enfin, quand il n’y a pas de bagarre ou de descente de police…

Puis Tom m’apporta un verre que je refusais. Ce genre de tactique de flirt, je l’avais vu trop souvent parmi ma clientèle parfois désespérée de conclure pour avoir envie qu’on me la serve, surtout que je venais de dire à mon ami que je n’étais aucunement pressée de remettre le couvert ! je vis ça comme le coup de pied au cul que j’avais besoin pour sauter en bas de mon tabouret et proposer à Finan de me faire découvrir la ville.

Nul besoin de lui tordre un bras, c’était comme s’il était prêt à partir depuis de longues minutes. Il termina sa bière et je pris la facture pour moi. En fait, je dis a Tom que j’allais régler ça demain soir avec mes pourboires de la soirée et il me fit signe que tout était réglo alors je suivis Finan hors du bar jusqu’à sa voiture.

- Crois moi ou non, mais je ne suis jamais allé sur les collines d’Hollywood !

C’était donc dire que j’avais vraiment très envie d’aller y observer la vue, surtout à cette heure du soir, avec toutes les lumières, ça devait être grandiose ! En route, je regardais un petit peu tout partout dans la voiture de Finn puis me penchais vers l’avant pour ouvrir la boîte à gant, par curiosité assumée mais je stoppais mon geste quand il me demanda depuis combien de temps j’étais à Los Angeles.

- Attends que je calcul… Sept ans. Oui voilà cela fait déjà sept ans que je suis ici. J’ai quitté mon petit patelin natal d’Irlande pour m’en venir ici, j’avais 17 ans.

Le temps passe tout de même vite, quand on y songe.

Cela n’avait pas toujours été facile mais je n’avais pas de regrets. Parfois, l’Irlande me manquait mais jamais assez pour tout plaquer ici et faire mon come back là-bas.

- Et toi ?  Tout ce que je sais c’est que tu es Irlandais, nous en avons déjà parlé, on se reconnait entre nous, m’esclaffais-je, mais je ne sais absolument rien de plus.

Ça serait tout de même une grosse coïncidence s’il m’apprenait avoir vécu dans le même coin que moi, nous pourrions partager des souvenirs.

- Oh ! Finan ! Tourne ici, juste un petit détour!

Il y avait un seven eleven sur cette rue et, Halloween oblige, je devais nous prendre quelques friandises pour passer la soirée. Je descendis de la voiture et entrais faire des provisions, j’attrapais également un pack de bière, payais puis retournais dans la voiture. Je tenais fièrement notre butin pour la soirée.

- C’est Halloween bientôt… il nous fallait une dose de sucrerie sinon c’était un mauvais sort !

@ Billy Lighter

J’avais du mal à me dire que Leia allait, peut-être, un jour m’accompagner à l’un de mes matchs de boxe. Ok, elle ne le faisait pas pour sortir avec moi… Elle le faisait parce qu’elle était curieuse. Mais pour moi, c’était déjà beaucoup.

Je pense aussi qu’elle avait accepté pour sortir un peu du Crazy Ginger, endroit où elle venait autant pour travailler que pour se détendre. Je crois qu’elle venait de s’en rendre compte à l’instant et qu’au fond d’elle, elle trouvait ça triste… Alors, comme pour la rassurer, je déclarai que le Crazy Ginger, ce n’était pas si mal. Et c’était vrai. C’était l’un des meilleurs bars de la ville, de mon avis. Elle confirma disant que c’était tout de même moins bien quand il y avait une descente de police ce qui… Arrivait souvent, en fait, au Crazy Ginger. Je rigolai un peu.

-C’est vrai que c’est moins drôle dans ces cas-là.

Il faut dire que le Crazy Ginger était situé à South L.A. qui n’était pas le quartier le plus riche, loin de là et que pas mal de gens provenant des gangs venaient se saouler ici… La preuve, j’étais ici… Même si j’allais  bien plus souvent au Stryge qui était nettement plus calme de ce côté-là parce qu’il était situé sur Hollywood.

Finalement, Leia décida qu’il était temps de partir alors qu’un type essayait désespérément de la draguer d’une façon bien trop classique et, certainement, un peu lourde pour l’Irlandaise. En tout cas, son refus me redonna le sourire tout comme sa proposition de lui faire visiter la ville.

J’en crevai d’envie.

Alors, j’acceptai ne perdant pas de temps à achever ma bière alors que Leia mis nos consommations sur les pourboires. Je ne manquerais pas de lui rendre la pareille sous peu.

Je proposai, en sortant du bar, de commencer par visiter les collines d’Hollywood et Leia m’avoua n’y avoir jamais été. J’en fus surpris, en fait.

-C’est vrai ? C’est pourtant l’endroit à voir de la ville. Mais on va remédier à ça.

On entra dans ma voiture et je démarrai assez vite comme si j’avais peur que Leia ne change d’avis à la dernière seconde. Mais ce ne fut pas le cas. Je regardai la route ne voyant pas vraiment que Leia allait ouvrir ma boite à gants juste avant que je ne lui pose une question. Je connaissais Leia depuis un petit temps mais je n’avais jamais demandé depuis quand elle était à L.A.. Elle répliqua que ça faisait 7 ans seulement qu’elle était en ville. Elle était arrivée ici à 17 ans.

-Donc, tu as bien connus l’Irlande. Plus que les collines d’Hollywood en tout cas.

Je rigolai un peu me disant que, moi, je n’avais aucun souvenir de l’Irlande. D’ailleurs ça me valut des questions de la part de Leia qui se fit tout aussi curieuse que moi. Je souris.

-Je suis Irlandais, oui, mais je suis arrivé à L.A. quand j’avais 2 ans. Autant dire que je n’ai aucun souvenir de l’Irlande… On y allait de temps en temps en vacances avant que ma mère ne meurt quand j’avais 4 ans mais je ne m’en rappelle plus. Après ça, mon père était trop dévasté pour qu’on songe encore partir quelque part… Je sais qu’il me reste de la famille en Irlande… Mais… Ils n’étaient pas en bon terme avec mes parents, je pense, parce que, quand mon père est mort quand j’avais 12 ans, j’ai fini à l’orphelinat. Personne n’a voulu de moi dans ce qu’il restait de ma famille…

J’haussai des épaules.

-Du coup, et malgré qu’on m’appelle l’Irlandais à cause de mon accent, je suis plus de L.A. que d’ailleurs…

Même si mon père m’avait élevé comme un petit Irlandais, ça c’est certain…

-Mais je suis quand même né à Limerick…

Peut-être que Leia venait de là. Ce qui rendrait la soirée encore plus magique, je devais l’avouer.

Soudain, Leia me demanda de tourner. Je le fis me demandant bien ce qu’elle avait vu. Et quand elle me montra le seven eleven je souris avant de m’arrêter et de la laisser se rendre au magasin. Elle allait sans doute y chercher de quoi tenir la soirée. Et quand elle revint avec des bières et de bonbons je rigolai à sa réflexion.

-C’est vrai. Il vaut mieux éviter les mauvais sorts alors autant aller s’empiffrer de bonbons.

D’ailleurs, j’en pris déjà un avant de redémarrer. J’étais tenté par les bières mais j’allais essayer de tenir jusqu’à Hollywood. On était pas très loin de toute façon.

Je n’avais pas allumé la radio et le silence me fit me poser une question.

-C’est quoi encore ta musique favorite ? Parce que je peux mettre l’ambiance et t’en chanter une si tu veux.

Je rigolai. Je lui avais déjà dit que je savais chanter et que je savais jouer de plusieurs instruments. J’avais bien des cassettes dans la boite à gant mais, me rendant compte, maintenant, de son contenu, je préférais qu’elle évite d’y aller fourrer son nez…

@ Billy Lighter

Pourquoi ne pas partir avec Finan à la découverte de la ville ? Cette idée me plaisait, bien plus que de rester assise au bar à boire des cocktails et à me faire draguer par des types dont la tactique de flirt n’a pas dépassé le stade du verre offert pour appâter la proie.  Je suivis donc Finan jusqu’à sa voiture dans laquelle je lui parlais de moi, de mon arrivée à Los Angeles et il me parla de lui également. Son histoire était tout de même triste mais il ne semblait pas amer ou défaitiste, au contraire.  Seulement, de ce que je comprenais, il avait appris tôt à se débrouiller par lui-même. Puis, en route, je le fis arrêter à un seven eleven pour nous ravitailler en bière et bonbons. Après tout, ce n’était pas vraiment Halloween dans quelques sucreries !

De retour dans la voiture, Finan me demanda quel était mon style de musique et me proposa même de me chanter une chanson. Pourquoi pas ? Je savais déjà qu’il chantait plus que très bien.  Mais pas tout de suite, en fait, je voulais revenir sur ce qu’il m’avait dit avant que je ne sorte de la voiture pour acheter notre butin de fin de soirée.

- J’aime bien des styles mais j’aime aussi ce qui sort de l’ordinaire.  Dis, Finan, tu as dit que tu venais de Limerick ?

J’y allais souvent, avant, à Limerick parce que j’habitais la ville tout près, à peine deux kilomètres de distance c’est dire!

- J’ai grandis à Corbally ! Mais je passais quand même le plus clair de mon temps à Limerick, plusieurs de mes amies y vivaient… c’était le bon vieux temps, trainer à Dingle ou aux falaises Moher !

Cela dit, Finan n’en avait peut-être pas beaucoup de souvenir puisqu’il avait pour ainsi dire grandit ici, à Los Angeles et qu’il n’était pas retourné en Irlande.

- Tu sais, un de ces quatre, je me promets bien d’y retourner. Si jamais l’envie folle te prend de partir avec ton sac à dos et une parfaite inconnue, ce serait un projet plutôt chouette.

Je lançais ça comme ça, comme un projet plus hypothétique que de placer dans le calendrier. L’idée était là, à voir ce que nous en ferions.

Finan pus ensuite stationner sa voiture et, armé du pack de bière et du sac de bonbon nous sortions de la voiture pour aller admirer la vue du haut des collines de Hollywood. Il avait raison quand il avait dit que c’était l’endroit de la ville à voir ! Je me sentais un petit peu stupide de n’être jamais venue avant mais il fallait une première fois à tout, pas vrai ?

- Tu viens souvent trainer dans le coin ? C’est magnifique !

Je regardais la vue, les lumières de la ville devaient refléter dans mes yeux. L’endroit me semblait comme être une petite oasis à part de la ville, comme si ici, toute la frénésie de la vie en bas n’atteignait personne. Et c’était vraiment relaxant !

- Je t’imagine venir ici avec ta guitare ou…  je sais pas… mais… je te vois t’installer et composer tes chansons, t’inspirer de la vue pour créer des mélodies.

Finan avait peut-être un tout autre moyen pour composer ses chansons mais moi, ce serait le genre d’endroit que je rechercherais pour entrer dans ma bulle et me laisser aller, me vider l’esprit.  D’un autre côté, je ne savais pas si de jour, l’endroit paraissait autant féérique et je suis bien trop trouillarde pour venir toute seule après le boulot! Avec Finan ça va, je me sais en sécurité.

Je fouillais dans le sac pour en sortir un sachet de mes bonbons favoris. Ce sont de toutes petits granules presque de la poudre, et, quand on en met dans notre bouche, ça explose partout, ça craque sous la dent et, en prenant une gorgée de bière en plus, ça crée un volcan de mousse dans la bouche. Alors j’un air espiègle, je regarde Finan et lui propose de se prendre une bière.

- Mais avant de prendre une gorgée, tu dois mettre un peu de ces bonbons dans ta bouche…

@ Billy Lighter

Leia était revenue avec des bières et de bonbons. Assez pour tenir toute une soirée, ce qui n’était pas plus mal. Et alors que je lui proposai de lui chanter une chanson, elle revint sur ce que j’avais dit juste avant. Elle déclara aimer tous les styles de musique ayant un petit faible pour ce qui sortait de l’ordinaire. Je souris hochant de la tête avant qu’elle ne revienne sur Limerick.

-Oui, c’est ce que j’ai dit.

Elle déclara venir de Corbally qui était juste à côté de Limerick. Je ne savais pas pourquoi mais cette information me fit sourire d’un sourire sincère. Le monde était petit… Deux enfants de la région de Limerick avait fini par se retrouver ensemble à L.A.. Elle parla d’endroit qui était à Limerick. Des endroits que je n’avais jamais vus… Enfin, plutôt, des endroits dont je n’avais aucun souvenir parce que, nul doute que j’y étais allé entre ma naissance et mes 4 ans.

-Tu sais… J’ai toujours voulu visiter Limerick. C’est de là que je viens et, pourtant, je ne connais rien de là-bas. Absolument rien.

Je n’avais pas assez d’argent pour me permettre le voyage. En fait… Je n’ai jamais pris de vacances, pour être honnête.

Mais c’est là que Leia me fit une proposition qui me fit la regarder pendant un bref instant alors que mes yeux quittèrent la route.

-Ça sera vraiment génial ! Dès que tu y vas, appelle-moi et je viendrais avec toi. Tu pourras me faire visiter.

Partir en voyage avec Leia… C’était limite un rêve en fait. C’est comme si tout se mettait en place pour que, un jour peut-être, on finisse ensemble. Ouais, je rêvais un peu. Mais, il faut rêver, de temps en temps.

-Et tu n’es pas vraiment une parfaite inconnue.

Elle le sera, encore, un peu moins après cette soirée.

On finit par arriver sur les collines d’Hollywood et je me garai avant de sortir de la voiture. La nuit était un peu fraiche mais elle était belle. On marcha un peu alors que Leia trouvait l’endroit magnifique. Je souris.

-Oui, je viens assez souvent.

Je venais parfois avec des amis pour boire des bières ou bien seul pour me vider l’esprit. Je trouvais qu’il n’y avait pas meilleur endroit pour ça.

Leia me voyait venir ici pour composer. Je souris. J’étais déjà venu avec ma guitare mais c’était souvent avec des amis et non seul.

-Je suis déjà venu avec ma guitare mais pour mettre l’ambiance et m’amuser avec des amis. Quand je viens seul, je viens souvent pour souffler et essayer de faire le vide.

J’en avais parfois besoin… La vie de Los Diablos n’était pas toujours rose.

-En général, composer, je le fais chez moi… Je m’inspire plus souvent de ce que je lis dans les livres et de ce que je vis que de la vue de L.A..

Leia sortit alors des bonbons de son sac et me proposai de boire de la bière mais seulement après avoir mangé de ces bonbons. J’esquissai un sourire en coin.

-D’accord.

Je pris quelques bonbons et les mis en bouche avant de boire une gorgée de bière que je venais d’ouvrir. Le mélange des deux fit faire un feu d’artifice dans ma bouche tellement que je failli cracher ma bière que je finis, tout de même, par avaler non sans faire la grimace.

-Putain, c’est horrible.

Je disais ça en rigolant à moitié alors que j’avais, finalement, avaler plus de mousse qu’autre chose. Je toussai un peu parce que je rigolai en même temps que j’essayais de me remettre de ça.

Je fis passer le tout avec une autre gorgée de bière.

-Ça a failli ressortir par mon nez.

Je rigolai toujours avant de m’assoir par terre et d’inviter Leia à faire de même. Je me sortis, ensuite, une cigarette que j’allumai.

-Il m’en faudrait plus souvent des soirées comme ça… Même si, j’en passe une bonne partie au Stryge Bar comme barman ou bien sur scène. Mais…

Je me lance ? Non… Je n’osais pas…

-Mais, ici, c’est différent. Je veux dire, ça sort de l’ordinaire… Enfin, presque parce que je viens souvent ici… Enfin…

Je me perdais et souris faisant signe à Leia de ne pas faire attention à ce que je disais. Et je changeai de sujet.

-C’est aussi beau que ça l’Irlande ?

C’était sûrement très différent…

@ Billy Lighter

Nous avions en commun l’Irlande mais c’était tout, ou à peu près tout. Si nous grattions un rien le vernis, j’étais certaine que nous trouverions un tas d’autres points en communs. Contrairement à Finan, cependant, moi, j’avais eu le temps de connaître mon pays natal et de m’en faire pleins de souvenirs alors que lui, malheureusement, il y était né et l’avait quitté très jeune. Cela dit, il avait certainement un bel héritage de notre culture, comme, entre autres choses, cette croix celtique qui ne quittait jamais son cou.

Je proposais donc comme ça, sous l’impulsion, d’y retourner ensemble, un de ces quatre et de redécouvrir ce soin de pays qui nous était cher à tous les deux. J’y avais déjà songé, enfin, non pas d’y aller avec Finan mais d’y retourner, pour revoir mes parents, améliorer notre relation quelque peu hasardeuse et de retrouver un peu de moi-même que j’avais laissé là-bas. Tant qu’à entreprendre un tel pèlerinage, pourquoi ne pas y aller avec Finan pour qui un retour aux sources ne ferait pas de mal ?

Seulement, c’était très hypothétique comme projet. D’abord il fallait l’argent pour voyager, ce que je n’avais pas encore puis trouver le bon moment pour le faire serait encore plus difficile à deux, il fallait que nos horaires respectifs s’y prête.

Mais c’était dit, c’était sur la table alors, comme on dit, advienne que pourra !

Je lui fis une petite moue moqueuse quand il ajouta que je n’étais pas une parfaite inconnue. Peut-être mais bon, j’étais tout de même un petit peu plus inconnu que bonne copine. Seulement, ça, il n’en tenait qu’à nous de faire en sorte que cela change.

Avant de redécouvrir l’Irlande, Finan me faisait découvrir les collines d’Hollywood que j’avouais honteusement n’avoir jamais visité. Pourtant, ce n’était pas parce que cela n’était pas accessible, bien au contraire ! Peut-être était-ce par manque de temps ou alors, quand j’avais du temps, justement, je pensais à faire autre chose que je n’avais jamais le temps de faire… comme la lessive ou le ménage de mon appartement.

Les collines étaient un très beau coin de Los Angeles. De là, nous pouvions voir toutes les lumières de la ville briller comme des centaines de millions de petites étoiles, je trouvais ça tellement beau, voir même poétique. J’imaginais très bien Finan venir ici pour y trouver de l’inspiration. Il me confia cependant que lors qu’il y venait, c’était plutôt pour se ressourcer.

- Comme quoi, il ne faut pas absolument s’exiler en Irlande pour faire le point et se vider la tête.

Je lui proposais ensuite un petit jeu absolument stupide mais vraiment drôle, toutefois, tant qu’on a le sens de l’humour ! Je déchirais l’enveloppe des bonbons pétillants et lui expliquais qu’il devait en mettre dans sa bouche puis ensuite, prendre une gorgée de bière pour laisser la magie opérer.

Pendant qu’il s’exécutait, je me décapsulais moi-même une bière et je regardais, complètement hilare. Sa réaction valait le prix ! Ça semblait exploser et mousser dans sa bouche au point où je pensais bien que ça allait finir par lui sortir par les oreilles !

J’éclatais de rire parce qu’il me confirmation bien qu’il eût cru lui aussi que ça allait finir par ressortir, non pas par ses oreilles mais par ses narines !

- C’est un truc de dingue ! Ces petits bonbons magiques et la bière, ça va te pétiller dans la gorge encore longtemps !

Ça faisait le même effet et pire encore avec du coca !

J’acquiesçais de grands signes de têtes quand il affirma qu’il prendrait plus souvent des soirées comme celle-ci. Travailler avec la clientèle, comme barman c’était génial, les soirées se suivaient mais ne se ressemblaient jamais. Mais de fait, de sortir de ce contexte faisait réellement beaucoup de bien.

- À qui le dis tu ! Je suis bien placée pour te comprendre et être d’accord avec toi.

Je m’installais au sol, sur une roche assez large et plate et je regardais droit devant moi en buvant quelques gorgées de bière et en tirant un twizzlers du sac de friandise.

- L’Irlande c’est…

J’inspirais profondément, puis je haussais des épaules.

- C’est le centre de l’univers… il n’y a pas plus beau coin de pays au monde.

Aussi simple que ça ! Il faut partir pour le comprendre et aujourd’hui, j’avais les deux pieds bien ancrés ici à Los Angeles pour renoncer à ce que j’avais à nouveau pour y repartir pour de bon.

- Mais tu sais ce que l’on dit ? L’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Dans le fond, il faut savoir apprécier ce que l’on a et ne pas envier ce que l’on n’a pas. Ça n’empêche pas d’y penser, en revanche…

Je mordis dans mon twizzlers et tirais dessus pour en casser un bout, le regard toujours fixé sur les lumières de la ville qui semblait danser devant mes yeux.

- Je pense que je vais m’inscrire à des cours de yoga ! Ça m’avait toujours intéressé mais quand j’avais du temps libre, je voulais le passer avec Sonny, maintenant, je peux penser à moi sans avoir à me soucier d’un petit ami qui aimerait lui aussi avoir mon attention. Tu connais des endroits où ce genre d’atelier est offert ?

@ Billy Lighter

La perspective d’un possible voyage en Irlande avec Leia faisait son chemin dans ma tête alors qu’on grimpa, à pied, sur les collines d’Hollywood après avoir abandonné ma voiture un peu plus bas. Qui aurait pu croire, avec la soirée que j’avais passé, que je puisse la finir ici avec Leia O’Reily ? Pas moi, en tout cas…

Elle me disait qu’elle me voyait bien composer ici et ça me fit sourire. J’expliquai alors que, ici, c’était plutôt un endroit où je faisais le vide pas vraiment un endroit où je venais créer. Elle déclara, alors, qu’il ne fallait, du coup, pas forcément courir jusqu’en Irlande pour faire le vide. Je rigolai.

-En effet.

J’avais envie de bière… J’avais souvent envie de bière, en fait… Mais Leia ne voulait pas que j’en boive sans un petit défi juste avant. Et je relevai le défi en prenant, en bouche, ses bonbons avant de boire une grosse gorgée de bière.

Ça fit comme un volcan dans ma bouche si bien que tout failli ressortir pas mon nez. Mais ça me fit rire aussi mais certainement pas autant de Leia. Elle confirma que tout ça allait pétiller dans ma gorge encore longtemps.

-C’est horrible !

Assez horrible pour que je ne retente pas l’expérience. Je préférai m’assoir et déguster ma bière avec une cigarette disant que ça changeait quand même de d’habitude ce genre de sortie, ce qui n’était pas plus mal. Leia comprenait.

Puis, je revins sur l’Irlande. Leia y avait vécu et je voulais savoir son avis là-dessus. Je voulais savoir comment c’était. J’avais une image en tête de ce que ça pourrait être sans réellement être sûr que ça ne soit pas un simple cliché.

Et Leia disait qu’il n’y avait pas plus beau coin au monde ce qui me fit sourire. Mais elle déclara, ensuite, que l’herbe était toujours plus verte ailleurs. C’était vrai. J’ai toujours pensé que n’importe quel autre endroit était mieux que L.A. pourtant, de là où on était actuellement Leia et moi, L.A. était magnifique. Il suffisait de se poser pour voir la beauté dans les choses qu’on voit tous les jours.

-C’est vrai… Moi, j’ai toujours pensé que l’Irlande était cent fois mieux que L.A.. Mais je n’en sais rien, en fait… Même si, d’après ce que tu as dit, j’ai l’impression que c’est le cas.

Je rigolai un peu avant de tirer encore sur ma cigarette pendant que Leia disait qu’elle prendrait peut-être bien des cours de yoga maintenant qu’elle était célibataire. Je souris alors qu’elle semblait savoir si je connaissais un endroit où on fait du yoga. Je réfléchis un peu.

-Je pense que la salle de sport où je vais m’entrainer offre de temps en temps des cours de yoga.

Je lui souris.

-Tu ne veux pas plutôt te mettre à la boxe ? Je pourrais t’entrainer.

Je rigolai trouvant, finalement, mon idée ridicule.

-Non… Je dis n’importe quoi. La boxe, ce n’est pas pour les filles, après tout.

Bien que je connaissais des filles qui savaient se battre. La femme d’Alonso, elle savait frapper en tout cas. Et elle n’avait peur de rien. Mais je voyais mal Leia faire de la boxe.

-Et tu vas en profiter combien de temps de ton temps-libre de célibataire ? Je veux dire… Si tu tombes amoureuse demain, tu comptes faire une croix sur le yoga ?

C’était un peu maladroit comme question mais je voulais sonder le terrain.

@ Billy Lighter

Finan était autant joueur que moi, j’appréciais ce genre de trait dans la personnalité des gens, plutôt que ceux qui se prennent trop sérieux et qui ne savent pas rire d’eux même. Après tout, le ridicule ne tue pas ! Alors Finan accepta mon petit défit, prit quelques poppers dans sa bouche qu’il accompagna d’une gorgée de bière et laissa la magie opérée ce qui me fit instantanément rigoler.

La sensation des bonbons qui explosent et le liquide qui mousse dans la bouche et cherche a sortir de partout est ignoble !

- C’est horrible, ouais ! Mais ça devrait finir par passer… ou pas !

Je lui ébouriffais les cheveux en m’esclaffant de son air ahuri.

La discussion, ensuite, revint sur l’Irlande. Il fallait aller ailleurs pour se rendre compte que l’on est bien à la maison. Malgré ça, je n’y étais pas retourné, je préférais en rêver, m’en languir et en garder les meilleurs souvenir. Après tout, je m’étais fait une vie ici, j’avais un travail que j’adorais, un appart sympa et un petit-ami… un ex petit ami en fait. Tout ça pour dire que je ne m’étais mal planté les pieds, je n’avais pas à me plaindre.

- Peut-être que, quand tu iras en Irlande, tu te rendra compte que finalement, ce n’est pas du tout ce que j’en dis et tu seras fort déçu.

Il vivrait peut-être une forme de nostalgie, le soleil de Los Angeles lui manquera.

Tout ceci me laissait bien songeuse.

Je devais apprendre à relaxer, à cesser de trop réfléchir et ruminer le passer, même si on ne pouvait pas non plus dire que je ruminais tant que ça. Alors je me disais que je devrais peut-être envisager le yoga. Ce serait une activité différente de ce que j’ai l’habitude de faire et c’était ce dont j’avais le plus besoin : le changement !

Finan croyait qu’à la salle de sport où il allait s’entrainer, ce genre de cours était offert. Je trouvais ça chouette comme renseignement. Il proposa ensuite de m’entrainer à la boxe plutôt que de faire du yoga. Je rigolais avant de prendre une gorgée de bière puis je le regardais en réalisant qu’il était sérieux.

- Je cherchais quelque chose de zen, c’est zen, la boxe ?

Quoi que si je m’imaginais frapper de toutes mes forces dans la gueule de certaines de mes frustrations, je pourrais certainement évacuer du stress que je traine inutilement. La proposition de Finan n’était donc pas complètement dénuée de sens.

- Hey !!

Je le frappais de mon poing sur l’épaule pour me venger de ce qu’il venait de dire.

- Je ne savais pas que tu étais un petit macho en puissance !

C’était le genre de réflexion que je détestais entendre dans la bouche d’un homme, surtout que nous les femmes, savons souvent encaisser beaucoup plus et beaucoup mieux que les hommes.

Ensuite, Finan me posa une question à laquelle je n’avais pas vraiment réfléchie, à laquelle, je n’avais pas forcément de réponse. Ma rupture avec Sonny était encore récente, elle le serait encore longtemps, certainement. J’éprouvais encore beaucoup de sentiment pour mon ex, c’est normal, je me voyais passer ma vie avec lui, me marier, fonder une famille et tout ce qui venait avec.

- Je ne suis pas prête à me relancer sur le marché du célibat. J’ai encore Sonny imprimé sur mon corps et dans mon cœur alors… il n’est pas né le mec qui me fera l’oublier. Je crois que c’est vraiment plus sage que je m’investisse pour moi, sur moi plutôt que de me lancer dans une relation avec un mec que je n’aimerai jamais comme je l’aime lui.

Je n’adhérais pas à la théorie du mec de secours. Me lancer corps et âme dans une relation avec le premier venu dans le but de me guérir de ma rupture, je n’étais pas chaude à cette idée.

- Cela dit, je sais qu’on ne peut savoir quand l’amour frappera à nouveau à ma porte, ça je m’en doute mais bon, pour l’instant, cette porte est fermé à double tour, avec un cadenas, des chaines, des remparts tout autour un pont-levis… tout ça !

J’aimais bien cette image, elle me réconfortait, allez savoir pourquoi !

- Et toi, en fait ? Je ne t’ai jamais vu venir au bar avec une fille, ni même repartir avec une, il y en a pourtant parfois qui te tourne autour… Aurais-tu toi aussi mi une croix là-dessus ?

@ Billy Lighter

Je rigolai à la réflexion de Leia qui disait que, peut-être, ça allait passer sans en être sûre.

-Je devais m’en remettre, ouais.

Elle m’ébouriffa les cheveux me faisant sourire avant qu’on ne s’installe à terre et qu’on ne se remette à discuter, notamment de l’Irlande qui, de la bouche de Leia, semblait être le meilleur endroit de la Terre. Pourtant, elle vivait ici et elle affirma, du même temps, que l’herbe n’était pas plus verte ailleurs avant d’ajouter que, peut-être, j’allais détester cet endroit. J’hochai de la tête.

-Peut-être… Mais c’est les paysages de l’Irlande que j’ai en tête quand j’imagine le décor de mes chansons. De grandes plaines vallonnées. On ne trouve pas ça à L.A..

Après, on parla de yoga parce que Leia voulait en profiter pour en faire maintenant qu’elle était célibataire. Je souris demandant si elle ne préférait pas plutôt la boxe mais quand elle me demanda si la boxe, c’était zen, je rigolai un peu soufflant, du même temps, la fumée.

-Non. Pas vraiment. Mais ça défoule.

Moi j’adorais ça. Pas parce que j’aimais la violence mais parce que me battre me procurait un tas de sensation. Ça me défoulait, en somme. J’avais la même adrénaline que dans la rue mais avec la certitude de pouvoir en sortir vivant ce qui était un grand plus.

Mais je fis une réflexion disant que, tout bien réfléchis, la boxe, ce n’était pas pour les femmes. Et Leia ne me manqua pas frappant sur mon épaule en me faisant rire. Elle ne savait pas que j’étais un macho en puissance, c’est ce qu’elle disait. Je rigolai.

-Je ne le suis pas, en fait. Je sais que certaines filles savent se défendre. Mais je n’en ai encore jamais vu faire de la boxe.

Mais ça ne semblait pas être le truc de Leia qui voulait quelque chose de zen.

Et, finalement, je trouvais le courage de me lancer. Pas pour avouer ce que je ressentais pour Leia mais pour tâter le terrain. Et la réponse me fit bien plus mal que je n’aurais pu le croire. Elle aimait encore Sonny et n’avait pas encore vraiment fait le deuil de sa relation avec lui. J’aurais pu encaisser ça parce que c’était logique mais quand elle déclara qu’elle ne pouvait pas savoir quand l’amour frappera à sa porte mais que cette porte, pour l’instant, était fermée à double-tour, mon cœur se serra. Parce que ça voulait dire, en somme, qu’elle restera un moment accroché à son célibat mais que, aussi, il était clair qu’elle n’était pas amoureuse de moi. Vraiment clair. Pas pour l’instant, en tout cas.

Je tirai sur ma cigarette regardant à l’horizon alors que mon visage rieur l’était un peu moins. Et, finalement, Leia me sortit de mes pensées en me demandant ce qu’il en était pour moi. Je soufflai la fumée avant de regarder vers elle.

-Oh moi ? Heu…

Je pris le temps de réfléchir.

-Je vois beaucoup de fille. Des coups d’un soir…

Parfois même des prostituées mais je me gardai bien de le dire.

-Mais…

Mais c’est toi que j’aime, Leia.

-Mais pas le genre de fille avec qui je voudrais construire quelque chose. Enfin… Il y en a bien eu une, un jour, mais elle est morte.

J’haussai des épaules faisant signe à Leia, avant même qu’elle ne dise quoi que ce soit, de ne pas avoir pitié ou quoi que ce soit du genre.

-Mais je n’ai pas fait une croix dessus. Un jour, je trouverais une fille avec qui j’aurais envie de vivre. Il faut juste…

Je lui souris.

-Attendre le bon moment, je suppose. Enfin, plutôt, attendre de rencontrer ce genre de fille.

J’avais trouvé ce genre de fille mais ce n’était pas le bon moment.

-Mais je ne désespère pas.

L’espoir fait vivre.

@ Billy Lighter

Finan et moi avions se rêve de revoir l’Irlande, un jour. Je lui expliquais de mon mieux ce que je ressentais pour le pays qui m’avait vu naître qui était selon moi, le centre de l’univers, ni plus ni moins. Il n’avait rien de comparable à l’Irlande ce qui ne retirait rien non plus à Los Angeles ma terre d’adoption.

- C’est vrai que l’Irlande est très chevaleresque, féérique je dirais même.

Nous passions ensuite à des projets plus accessibles, comme celui que j’avais de m’inscrire à des cours de yoga mais Finan me proposa la boxe, ce qui n’était pas forcément à exclure mais je ne cherchais pas vraiment à me défouler comme à me reposer et me connecter avec moi-même puis il osa supposer que c’était parce que les filles, nous ne savions pas nous battre.

- C’est pas parce que tu n’en a pas vu qu’il y en a pas, tu sais ! Un jour, tu verras, il y en a une qui va te virer dans ton short que tu ne comprendras pas ce qui vient de se passer !

Bref, je me cherchais un passe-temps pour moi, une façon de me changer les idées, de sortir de ma zone de confort, de bouger un minimum sans non plus complètement me brûlée et faire en sorte que je ne sache plus faire mes soirées au boulot, et je pourrais même le faire à la maison si je n’avais pas envie de sortir, ça me semblais être l’activité parfaite mais Finan semblait douter de ma capacité à rester célibataire et j’avoue que cela commençais un peu à m’énerver, parce que je ne sentais pas le besoin de prouver quoi que ce soit à personne mais puisqu’il le fallait je lui expliquais le comment et le pourquoi que de me refaire un petit copain en ce moment serait la pire des idées.

Je n’étais pas prête, mes sentiments pour Sonny n’allaient pas s’efface sous prétexte que nous avions mis un terme à notre relation et je n’avais pas non plus envie de tenter le coup avec un autre homme que dans le but de vraiment effacer ce que j’avais encore dans le cœur pour mon ex petit copain, ça ne se faisait pas.

Ma réponse sembla embrumer le regard de Finan, peut-être s’était-il fait faire le coup d’être l’homme rebond. Je pouvais comprendre, ça ne devait pas être super comme situation, surtout quand on croit vraiment l’autre sincère et que l’on réalise que nous étions qu’une bouée de sauvetage.

Je lui demandais alors ce qu’il en était pour lui. Il est très bel homme et il y a souvent des filles qui lui tournent autour quand il vient faire son tour au Crazy Ginger, peut-être ne les voit-il pas ou ne veut-il pas les voir…

J’appris donc qu’en fait non, il savait prendre plusieurs prises dans ses filets mais qu’il relâchait le poisson à la mer, finalement. Des coups d’un soir… exactement ce que je ne voulais pas, je ne le jugeais cependant pas, nos valeurs divergeaient sur ce point.

- Oh… je ne le savais pas… je suis désolée… C’est récent ?

Finan en fait cherchait à s’étourdir dans les bras de plusieurs femmes parce qu’il avait probablement beaucoup de chagrin dû au décès de sa dernière petite amie, ça pouvait se comprendre. Je me sentais très mal de cette révélation, j’aurais peut-être dû trouver un autre sujet de conversation plutôt que de lui retourner sa question.

- Oui… bien sûr. Tu dois prendre ton temps, vivre ce que tu as à vivre avant de redonner une chance au grand amour. Finalement, nous sommes dans la même situation ! Il ne faut pas désespérer, ça viendra !

Je frappais ma bière sur la sienne comme pour porter souligner ce fait puis je terminais d’un trait le reste de ma bière avant de m’étirer le bras pour en prendre une autre et l’ouvrir.

Ce sujet mélodramatique passé, nous parlions ensuite d’un petit peu tout. Sa musique, mon job au bar et tous les drôles de numéros que je pouvais voir soir après soir, les histoires que tous les deux nous entendions, des confessions au coin du bar, comme je les appelais. Il y avait toujours un client qui avait grandement besoin de se confier sur un sujet ou un autre, principalement, des histoires de couchettes.

Le temps passe toujours plus vite en bonne compagnie si bien que les sujets vinrent à manquer et la bière aussi.

- Nous sommes à sec, mon commandant… plusieurs hommes morts au combat…

Nous allions devoir prendre une décision… nous retirer ou appeler du renfort, dans un cas comme dans l’autre, cela allait impliquer de changer de position.

@ Billy Lighter

Leia confirma que l’Irlande était un endroit féérique. Je souris de plus en plus convaincu que j’allais adorer cet endroit.

De l’Irlande on passa au yoga et à la boxe. Si j’avais pu avoir l’air d’un macho ça venait sûrement du fait que je n’avais jamais vu aucune fille boxer. Pourtant, je savais que les femmes savaient se défendre. J’en avais même déjà vu, dans la rue, qui avait tenu tête à des hommes qui faisait trois têtes de plus qu’elles. Alors, je ne pus que rigoler à la réflexion de Leia qui déclara qu’un jour, je verrais une fille qui fait de la boxe et qui arrivera à me battre.

-Peut-être. Qui sait… Mais elle aura du fil à retordre.

Oui parce que je n’étais pas si facile à battre. Ça faisait des années que je m’entrainais.

Finalement, je revins à Leia cherchant un signe qui ferait que j’aurais une chance avec elle… Seulement, à chaque phrase qu’elle envoyait, je voyais mes possibilités de finir avec elle diminuer. Elle aimait toujours Sonny… C’était surtout ça qui faisait qu’elle voulait rester célibataire. C’était tout à son honneur mais ça voulait aussi dire qu’elle ne partageait pas les mêmes sentiments que moi.

Du coup, c’est avec un air un peu sombre que je répondis quand elle me renvoya la question. J’expliquai que j’étais du genre à avoir des coups d’un soir. C’était vrai… C’était mon style de vie. Ça ne voulait pas dire que je ne voulais pas me caser. Tout comme j’avais déjà été amoureux mais j’expliquais que la fille en question était morte. Leia demanda si c’était récent. Je souris un peu lui montrant que je m’en étais remis. Dans la rue tu n’as pas le choix, il faut vite se remettre.

-Non… C’était il y a 3 ans.

Je n’avais que des bons souvenirs avec elle… Même si notre relation n’avait pas vraiment durée. Je me suis mis avec elle deux mois avant qu’elle ne meurt tragiquement.

Du coup, Leia conclu qu’on était dans la même situation. Mon cœur me disait de lui dire que « non »… Que moi, j’étais prêt à commencer quelque chose avec quelqu’un… Et que celle avait qui j’avais envie de démarrer ça, c’était elle.

Mais ma tête me disait d’attendre… Que ce n’était pas le bon moment. Alors je souris hochant simplement la tête.

-Je ne désespère pas.

En fait… Si un peu quand même. Mais bon. C’est comme ça… Et j’achevai aussi ma bière d’une trait en même temps qu’elle avant qu’on ne parle d’autres sujets comme la musique et le job de Leia qui voyait défiler un tas de gens haut en couleur.

On s’enfilait des bières jusqu’à-ce qu’il n’y en ait plus ce que Leia constata à sa manière ce qui me fit rire.

-Ouais…

Je m’étendis sur le sol. Il était tard… Enfin, tôt plutôt… Bref, c’était l’heure de lever le camp.

-On devrait y aller…

Je me relevai péniblement tendant la main à Leia.

-Je vais te ramener chez toi.

J’avais bu pas mal de bière mais il y avait des soirées où j’en buvais plus que ça alors, ça ne sera pas si difficile de rentrer.

@ Billy Lighter

Je ne connaissais pas grand-chose de Finan sauf pour ce qu’il pouvait me confier de temps en temps quand il venait s’échouer à m on comptoir au Crazy Ginger, c’était donc dire que je le connaissais au goutte à goutte. J’en apprenais davantage ce soir, comme je découvrais aussi ce petit côté rêveur lorsque nous parlions de l’Irlande, puis ce petit côté macho alors qu’il prétendait que les femmes ne savaient pas boxer. Un jour, il en rencontrerait une qui le clouerait au sol.

- Elle aura peut-être du fil à retordre mais elle y arrivera !, rétorquais-je plus sur le ton de l’humour que du défi.

Ensuite, et sans le savoir, je m’aventurais sur un chemin plus sombre. Pourtant, je n’avais voulu que lui retourner ses questions sur ma vie privée qui semblait tant l’intéresser. Il devait bien avoir lui aussi quelques ex petites amies et ses propres histoires. Ce que je découvris cependant me laissa muette un moment. Je regrettais de m’être montré curieuse en apprenant le décès de sa petite amie.

C’était il y a trois ans.

Il s’en passe des choses en trois ans mais ça semblait encore marquer Finan, bien qu’il prétendît s’en être remis, depuis. J’en doutais, comme une intuition, perdre son amour de la sorte ne doit pas être facile à encaisser. Si je devais perdre Sonny… enfin… je veux dire… Nous ne sommes plus ensembles mais s’il devait lui arriver quelque chose, j’aurais bien du mal à m’en remettre.

- Il ne faut pas désespérer, non ! Tu es bel homme, fort, intelligent. Tu as beaucoup a offrir à une femme, la tienne se trouve quelque part. L’amour va te tomber dessus au moment où tu t’y attendras le moins.

C’était ma philosophie, ce que je voulais croire pour moi-même bien que pour le moment, si l’amour me tombait dessus, je renverrais à l’expéditeur comme un solide revers de tennis.

Il fallait changer l’atmosphère avant qu’il ne devienne trop lourd et que les sujets trop philosophiques. Quoi de mieux que la musique comme tremplin pour nous lancer vers une conversation plus légère ?

Nous passions autant de sujet que de bière et bien vites, nous fûmes à sec, c’était triste. Finan décréta que c’était le signal pour rentrer. Il n’avait pas tort. À ce rythme, nous allions voir le lever du soleil.

- D’accord ! Allons-y !

Je pris la main que me tendait Finan pour me relever et une fois sur mes deux pieds, je ressentis un peu plus fort les effets de l’alcool, celle contenu dans les cocktails que j’avais sifflés au bar, puis des bières que nous venions de vider et la terre tournait un petit peu trop rapidement sous mes pieds.  Je me retenais donc au bras de Finan pour marcher jusqu’à sa voiture.

- Tu es en étant de conduire ? Parce que moi, non !

Je ne saurais même pas marcher en ligne droite sans me retenir au bras de Finan, ce soit être pour cela que, dès que je fut assise dans sa voiture, la tête lourde, je fini par l’appuyer contre la vitre et commettre l’erreur fatal de fermer les yeux.

Quand je les rouvris, j’étais dans mon lit, encore tout habillée, et jamais je ne compris comment j’avais fait pour arriver là !

@ Billy Lighter