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Tuer était un de mes hobbys. C’était la chose qui me procurait le plus de sensations. Et peu important la victime, finalement, je n’avais pas de préférence. Même si c’était toujours plus grisant quand j’avais une rancune contre celui que je tuais. Ou que celui que je tuais était lié à quelqu’un contre qui j’avais de la rancune. Comme quand j’ai tué Rafael. J’ai adoré tué Rafael.

Et je parlais presque ouvertement de ça à Leia. Presque parce que ça restait des demi-mots. Des idées générales. Et elle se demanda si ma liste de victimes était longue. Je ricanai.

-Je n’en sais rien. Je ne compte pas, en réalité. Je n’ai pas assez de doigts pour ça.

J’ai fait ma première victime à 14 ans… Depuis je n’avais pas compté combien j’en avais fait après. 50 ? 100 ? Probablement pas 100. C’est un chiffre bien trop exagéré. Mais j’en avais tué quelques-uns.

Je continuai de lâcher des phrases de temps à autre montrant toute ma haine envers Alonso et Quinn, entre autre. Je critiquai aussi la conduite de Leia qui me donnait envie de vomir. Mais l’Irlandaise répliquait à chaque fois… Quinn et elle devrait être en couple, ils étaient les mêmes pour ce qui était de la réplique.

-Je suis le looser de personne.

Je ne suis le looser de personne. C’est Stone qui est le looser de tout le monde. Je suis sûr que même sa femme le pense… Et je sais que sa mère le pense.

Et ça tanguait ! Elle freinait aussi trop fort… En bref, elle ne savait pas conduire. C’est ce que je lâchai, à un moment. Qu’elle ne savait pas conduire.

Mais on finit par arriver ce qui était une bonne chose. Je sortis de la voiture et titubait jusqu’à l’intérieur de l’immeuble où je refusais l’offre de cette suicidaire d’O’Reily. Mais quand j’arrivais à quatre marches de haut, je perdis totalement le contrôle. Tout tournait… J’avais un sentiment de vertige absolument insupportable. Mon cœur battait vite. Et je n’eus d’autre choix que d’exhorter Leia à m’aider.

Sinon, j’allais rester là.

Ou tomber…

Et elle le fit. Je passai mon bras autour de ses épaules et on grimpa… Marche par marche. C’est ce qu’elle disait… Marche par marche. Je ne regardais que les marches. Si je regardais ailleurs, j’allais encore figer.

Je détestais ça.

Je le détestais au point que, si je n’avais pas bu tant d’alcool, j’aurais tué quelqu’un. Juste pour décompresser.

On arriva alors à mon étage. Et quand Leia fit la remarque sur l’ascenseur, je lâchai sur un ton neutre.

-Il ne fonctionne pas… L’ascenseur ne fonctionne pas. Sinon, tu ne crois pas que je l’aurais pris ?

Mon ton était toujours agacé.

Une fois devant la porte, je fouillai dans mes poches tant bien que mal jusqu’à trouver mes clés. Je tournai la clé dans la porte pour l’ouvrir alors que Leia demandait de l’eau. J’allais répondre mais la porte s’ouvrit sur…

Sky…

Je ne fis absolument pas le rapprochement entre Sky et Leia alors que les chances qu’elles se soient déjà vue pouvaient être extrêmement élevée. Mais j’étais loin… Trop loin pour m’en inquiéter.

J’allais refusé le verre d’eau à Leia… Mais elle anticipa mes paroles en disant que je n’étais pas en état de conduire et qu’elle devait y aller.

-Salut, bébé…

C’est ce que je dis à Sky, le regard brumeux alors que Leia avait tourné les talons. J’entrai dans mon propre appartement et j’allais enchainer mais Leia revint pour reprendre son sac et s’en aller.

La porte était toujours ouverte alors je la fermai avant de me tourner vers Sky.

-Tu ne dors pas ? Il est tard, bébé. T’as besoin de te reposer.

Je ne l’entendais pas mais mes paroles étaient pâteuses.

-J’ai bus… Un de mes hommes fêtait son anniversaire.

C’était tout ce que je trouvai.

-Leia m’a raccompagné. C’est la barmaid du Crazy Ginger.  J’irais rechercher ma voiture demain.

Je disais chacun des phrases sur un ton neutre en regardant Sky.

-On devrait aller dormir.

Ouais… Sans parler des bébés…

@ Billy Lighter

Ces dernier temps, avec Ward, nos conversations ne sont pas au beau fixe.  Il en a marre de m’entendre parler de nos bébés alors que moi j’ai besoin qu’il me rassure et qu’il m’aide à passer au travers de ma grossesse parce que, si j’ai beaucoup d’expérience avec les enfants, c’est tout de même la première fois que je suis enceinte et de jumeaux, qui plus est.  Je nage dans le néant, je ne comprends pas mon corps pour la plus part du temps, j’ai envie de certaines choses et l’instant suivant, je n’en ai plus du tout envie,  ce qui complique mon humeur et celle de mon mari parce que, plus souvent qu’autrement, c’est lui qui subit…

Il fallait donc qu’on en parle, une dernière fois, pour qu’on puisse savoir vers où nous diriger, parce que moi, je n’y voyais plus clair. J’avais proposé l’option de vivre chacun dans notre espace et de se retrouver quand il en aurait envie, même si ça ne me plaisait pas du tout de me séparer de lui et, comme lui non plus n’avait pas envie de ça, nous avions donc convenu que de rester ensemble était la chose à faire mais…

Mais nous étions plus décalés que jamais.

Je devrais en principe vivre la plus belle période de ma vie, créer une vie ce n’est pas rien, c’est magnifique, c’est, la majorité du temps, le résultat d’une belle histoire d’amour et si moi j’étais euphorique de mon état, Ward traversait un véritable cauchemar. Quoi qu’il en dise, qu’il les aimait déjà, qu’il voulait que nous formions une famille, je n’étais pas dupe. Je n’avais pas besoin de sous titre pour comprendre qu’il m’endormait avec ses promesses pour ne pas me perdre mais qu’au fond de lui, il souhaitait probablement que je les perde nos bébés.  

Il m’avait dit qu’il rentrerait tard, de ne pas l’attendre. Il devait bien se douter que je l’attendrais, que je ne saurais pas dormir tant que je ne saurais pas s’il va bien ! Il m’avait promit qu’il ferait attention pour ne plus rentrer si tard, parce que de passer la nuit sans lui c’était impossible pour moi ! Je me torturais les sens, je m’emplissais la tête de suppositions absurdes, c’était peine perdu pour me calmer, je n’y arriverais pas, pas tant que je ne le verrais pas ici.

Je fus exhaussée en plein cœur de la nuit, après ma troisième tisane à la camomille, alors que je me demandais si je ne devais pas sortir et parcourir les rues aux alentours en voiture. Il était ivre mort et… pas seul. Si, normalement, j’aurais pété un câble pour le simple fait de le savoir seul avec une autre femme que moi, là, en fait, j’étais sous le choc parce que je la connaissais et qu’elle aussi me connaissait.

Le choc fut visiblement autant brutal pour Leia que pour moi, qu’elle en échappa son sac avant de bredouiller qu’elle l’avait raccompagné et de partir, sans son sac, puis de revenir, explosant le malaise puis d’à nouveau repartir, pour cette fois ne pas revenir.

Ward, de toute évidence, n’avait rien capté, il demandait juste pourquoi j’étais encore debout, que j’avais besoin de repos pour ensuite dire qu’il avait un peu but pour l’anniversaire de l’un de ces hommes et qu’il s’était fait raccompagné par la barmaid, par Leia, la belle-sœur de Jordan Keller !

- Non, bébé ! Il faut la rattraper… ou… je ne sais pas ! Mais bordel, tu ne réalise pas à quel point tu t’es mis dans la merde ? NOUS sommes dans la  merde, en fait !

Leia va aller raconter à Jordan que sa babysitter préférée est en fait la femme d’un des hommes les plus ‘’recherchés’’ ou ''suspectés'' ou dites le comme vous voulez, et qu’en prime, père de Grant Custer et…

- Putain !! , soufflais-je en m’asseyant dans le fauteuil du salon.

Il ne fallait pas que Leia parle…

@ Billy Lighter

Sky était là comme si elle avait attendu là toute la nuit. Comme un piquet, derrière la porte. Et son air inquiet fit très vite place à un choc.

Quoi encore? J'ai fait quoi? C'est les premières questions qui me passaient par la tête alors que mon esprit bourré n’arrivait pas à se rendre compte que le choc de Sky venait de la présence de Leia et pas uniquement parce que ladite Leia était une autre femme... Mais parce que Leia connaissait Sky et inversement et que les dénominateurs commun étaient Grant et Jordan...

On avait un mensonge bien rôdé. Celui où elle était Madame Lesseres et moi, Sam Lesseres. C'était le mensonge qu’on avait vendu à Grant et à Jordan... Un mensonge qui venait d’être percé au grand jour parce que Leia avait vu Sky.

Mais je ne captais rien, me contentant de lancer mensonge et banalité avec une voix pâteuse alors que Leia avait pris la poudre d'escampette.

Mais Sky, toujours choquée, disait que je venais de me mettre dans la merde. De nous mettre dans la merde. Pourquoi ? A cause de Leia. Une Leia que je devais rattraper, d’après Sky.

Il me fallut à peu près trois seconde et un « putain » de Sky pour que la pièce tombe...

Et quand elle tomba... Sans prévenir, je frappai de mon poing contre le mur.

Pourquoi?

Parce que j'avais fait une erreur de débutant.

-Putain d’abruti !

Mes paroles manquaient autant de punch que mon coup de poing.

Je me tournai vers Sky. J'avançais vers elle mais, après trois pas, je m'accrochai à un meuble pour ne pas tomber.

Je sifflai entre mes dents.

-J’arriverais pas à la rattraper. Pas comme ça...

C'était clair. Même si Leia n'avait pas eu une longueur d’avance je n'aurais pas su la rattraper.

Je me tournai vers Sky.

-Je ne peux pas la tuer...

Pas parce que je l'aimais ou autre. Non. Parce que si elle parlait à Jordan avant que je n’arrive à la tuer, j'allais réellement finir en prison.

-C’est trop tard pour ça...

Mes phrases ne sortaient pas très vite, ni même d'une façon très intelligible mais elles sortaient quand même.

-Qu'est-ce qu'on risque si elle en parle a Jordan? A part qu'il pense que tu as de mauvaises fréquentations, je ne vois pas ce qu'on risque. Les flics n'ont rien de tangible contre moi. Ils ne peuvent pas m’arrêter sur base de ma réputation.

Quant à ma relation avec Grant Custer même si Jordan pense que je connais la vérité par Sky, ça ne changera rien pour moi.

-Le seul danger est que Custer vienne ici pour me tuer.

Une idée qui me fit ricaner tellement c'était irréaliste.

Je repris mon sérieux en penchant la tête sur le côté.

-Bébé, tu aurais dû rester dans ton lit...

Elle serait restée dans son lit, Leia ne l'aurait pas vue... Mais encore une fois, Sky n'avait pas fermé l’oeil...

@ Billy Lighter

Ward ne semblait même pas comprendre l’énorme connerie qu’il venait de faire et l’impact qu’elle aurait sur nos vies. La couverture presque parfaite que je nous avais créée venait de voler en éclat parce que mon mari s’était bourré la gueule et qu’il avait perdu, en  même temps, tout moyen de réflexion.

Je le regardais, complètement dépassée parce qui venait de se produire en me disant que ça ne se pouvait pas qu’il ne comprenne pas ! Dès le début de notre relation, il m’expliquait à quel point nous devrions être prudent, ne faire confiance à personne, il m’a prise pour plus faible que je le suis de toute évidence parce que c’est lui, maintenant, qui vient de nous mettre dans les emmerdes.  Peut-être que je paniquais pour rien, Leia ne dirait peut-être rien à Jordan… Non, elle allait tout lui raconter c’était clair comme de l’eau de roche.

- Enfin, tu comprends !

Ward venait de percuter et de frapper d’un poing mou contre le mur et je plaquais une main sur mon front en baissant la tête, en signe de désespoir. Je voyais notre petit monde déjà pas très stable, s’effondrer. Puis je le regardais stupéfaite quand il lâcha d’un ton pâteux qu’il ne pouvait pas la tuer, que c’était trop tard.

- Mais tu t’entends parler ?! LA TUER !?  Bébé !!

J’aurais voulu hurler mais ça n’aurais rien changé à la situation.

- On ne tue pas les gens comme ça, surtout pas la belle-sœur d’un flic !

Ce que j’avais voulu dire par ‘’ il faut la rattraper’’, c’était plutôt de s’assurer qu’elle ne nous compromette pas, qu’elle ne révèle pas à Jordan de m’avoir vu ici ce soir, d’oublier d’être venu ici, en fait. Je ne voulais pas me séparer de Grant, j’aimais beaucoup passer du temps avec lui.

- Tu risques de perdre un peu plus de ton anonymat parce que maintenant ils ont une adresse pour venir t’emmerder.

En gros, c’est ce qu’il risquait, lui. S’il disait vrai en prétendant que les flics n’avaient pas grand-chose sur lui, chaque fois qu’ils auront un soupçon, ils viendront frapper à notre porte, ne serait-ce que pour nous emmerder et lui faire comprendre qu’ils l’ont à l’œil.

Je lui lançais un regard noir quand il ajouta que le seul véritable risque était que Grant vienne lui-même ici pour le tuer. Il se trouvait drôle ? Moi, en tous les cas, je ne riais pas.

- Grant ne ferait pas ça ! Mais il va me détester quand il va comprendre que je lui ai mentis !

Ward n’allait pas être triste pour moi, il ne pouvait pas faire cet effort de compassion, ça lui était impossible.

Je ne m’attendais pas cependant à ce qu’il tente de retourner SA bourde en me reprochant de ne pas être restée au lit quand je l’ai entendu arriver. Si je le regardais  l’instant d’avant d’un air mauvais, cette fois, j’aurais pu le crucifier d’un regard.

- T’avais qu’à pas aller te saouler au Crazy Ginger ! Tu fais vraiment chier des fois !

J’allais m’assoir dans le divan en ramenant mes jambes sous mes fesses en me disant que je ne pouvais pas vivre cette situation pour de vrai, il fallait forcément que ce soit un mauvais rêve, une mauvaise blague.  Malheureusement, non.

- Ce serait ton nouveau moyen pour me faire passer le message que les bébés ce n’étaient pas une bonne idée que je ne serais pas surprise ! J’en ai marre, bébé ! Je ne tiendrai pas jusqu’au bout !

@ Billy Lighter

Comprendre l’énorme connerie que je venais de faire m’avait simplement donné envie de frapper le mur. Pas assez fort… Si certain avaient leur force décuplé quand ils étaient saoul, ça semblait me faire l’effet totalement inverse. Mon cerveau était anesthésié même s’il percutait petit à petit les choses.

Sky, elle, avait fait les liens bien avant moi parce que la première chose qu’elle m’avait dit, c’était de rattraper Leia. Mais je ne pouvais pas. Ni même que je pouvais la tuer. C’était trop tard pour ça… Mais mon idée sembla choquer Sky au point où elle haussa le ton. Je plissai les yeux. J’avais mal à la tête quand elle haussa le ton comme ça. Du coup, je lâchai sur un ton agacé :

-Ne crie pas…

Oui, la tuer… Logique. C’était un obstacle et la tuer était, donc logique. Je ne me rendais pas compte que, pour Sky, c’était une chose proscrite. Pourtant n’avait-on pas tué Mark ? Si… Mais je ne percutais pas que Sky avait effacé ça de sa mémoire parce que je savais quel truc psychologique… Et que donc, elle ne pensait pas que le meurtre était une chose que je faisais souvent.

Très souvent.

Elle savait que j’en faisais mais uniquement pour le gang ou pour nous protéger. Mais tuer Leia était utile pour notre protection, non ?

Pas tant que ça, en fait…

J’haussai des épaules.

-On tue quand ça nous protège, non, bébé ?  Que ça soit la belle-sœur d’un flic ou non…

Elle avait très bien accepté que je tue les deux autres latinos qui étaient entrés chez nous par effraction… Alors pourquoi pas O’Reily ?

Parce que ce n’était pas si utile que ça, en réalité. Et c’est ce que je finis par comprendre et exposer à Sky. Si elle parlait à Jordan, on ne risquait pas grand-chose.

Hormis le fait qu’il saura, maintenant, où j’habitais et qu’il pourra venir sonner à la porte chaque fois que je serais suspect.

-Il suffira de ne pas ouvrir… Ils ne peuvent pas défoncer ma porte pour rien.

J’étais un criminel… Ce qui faisait que je connaissais les lois, comme tout bon criminel qui se respecte.

Du coup, le fait que Jordan sache que Sky était marié au terrible Ward Fleming ne changerait pas grand-chose pour moi hormis, peut-être, que Custer décide de venir me tuer… Mais l’idée même était stupide au point que ça me faisait ricaner.

Sky, elle, ne riait pas. Elle m’envoya en regard tellement noir que j’arrêtai de rire pour soutenir son regard en penchant légèrement la tête sur le côté. D’après elle Grant ne fera jamais ça mais il allait la détester parce qu’elle avait menti.

Et ?

-C’est si grave ? Ce gamin aurait fini par te détester parce que tu auras tes propres enfants à garder très bientôt. Alors qu’il te déteste pour un truc ou pour un autre, ça revient au même.

En fait, je m’en fichais des états d’âme de Grant Custer… Je m’en fichais aussi que la relation entre le gamin et Sky soit bousillée. Au moins, je n’aurais plus à partager avec lui.

Mais je n’étais pas assez bourré que pour dire ça tout haut.

Mon instinct me fit alors simplement remettre ma connerie sur le dos de Sky. Parce que je refusais que ça soit ma faut. C’était instinctif. Comme quand je tuais. Je tuais toujours pour une raison. Ce n’était jamais réellement ma faute.

Mais ça ne plut pas à Sky qui me foudroya littéralement du regard disant que ça ne serait pas arrivé si je ne m’étais pas saouler. Je fronçai les sourcils.

-Je n’ai pas le droit de faire la fête, c’est ça ?

Si ma voix était toujours digne du pire des bourrés, on entendait, dans le fond, un agacement certain… Et ce fut pire quand Sky disait que c’était sûrement une façon, pour moi, de lui dire que les bébés n’étaient pas une bonne idée.

Encore eux…

J’en avais marre, c’est vrai. J’en avais marre qu’ils viennent toujours s’immiscer dans les conversations.

Je m’avançai vers Sky qui était assise dans le divan. Je me mis juste face à elle avant de prendre son menton entre mes doigts pour remonter sa figure et qu’elle croise mon regard alors que je la dominais de toute ma taille.

-Non. Je ne me suis pas bourré la gueule pour te faire passer un message. Je me suis bourré la gueule parce que je fêtais l’anniversaire d’un de mes hommes, Sky…

Ma voix était moins pâteuse et plus profonde alors que mes doigts serraient son menton.

-Les bébés ne sont pas la cause de tout, ok ? Arrête de croire que tout tourne autour de ça, bébé. C’est compris ?

Je lâchai son menton d’un coup alors que je la regardais toujours.

-Parce que si tu crois que tout n’est difficile que pour toi, alors, c’est que tu ne vois pas clair. Ta grossesse m’inquiète autant qu’elle te chamboule alors, arrête de pensé que je m’en fous ou que je ne te soutiens pas, bébé. Je ne te soutiendrais pas, je me serais déjà barré comme le font tous les pères qui ne veulent pas de leur progéniture.

Mais, j’étais là non ?

-Je ne vois vraiment pas ce que tu me reproches, en plus.

Parce qu’elle me reprochait quelque chose, sinon, elle ne me regarderait pas comme ça.

@ Billy Lighter

J’étais dans tous mes états parce que je voyais tous les efforts pour préserver notre couple secret voler en éclat avec Ward, saoul comme un marin, qui s’était fait raccompagné à la maison par nulle autre que la belle-sœur de Jordan Keller, le tuteur de Grant Custer, son fils ai-je besoin de le mentionner à nouveau, et accessoirement flic.  Ça faisait beaucoup à digérer alors quand il ajouta qu’il ne pouvait pas la rattraper pour la tuer, je levais le ton, désespéré par autant de désastre en une seule et même nuit.

- Je ne cris pas… je suis juste… effrayée !!

Je lui exposais le pourquoi je considérais qu’il nous avait bien placé dans la merde mais ça ne semblait même pas l’affecter, comme s’il avait une solution pour chaque énoncé. Nous n’aurions qu’à pas ouvrir la porte si les flics venaient frapper chez nous, aussi simplement que ça.  Moi je voyais plutôt notre quiétude s’effondrer et, maintenant que les flics avaient notre adresse, n’importe qui pourrait l’obtenir.  

C’était mon raisonnement, peut-être qu’il tendait vers la paranoïa mais c’était tout de même ce que je craignais. Lui qui s’était évertué à m’enseigner l’art de la prudence et de l’auto défense, allant même jusqu’à m’entrainer à tirer avec une arme, il venait de tout bousiller après s’être bourré la gueule ! Il en était à sa seconde erreur de débutant en très peu de temps, la première, quand il était rentré et n’avait pas verrouillé la porte et que j’avais failli lui défoncer le crâne !

Je passais mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux, expliquant que sa bourde magistral compromettait aussi mon amitié avec Grant, puisque je doutais que Jordan ne réclame à nouveau mes services de babysitter quand il apprendra que je ne suis pas mariée à Sam Leserres mais au père du jeune dont il a la garde ! Et, bien sûr, Ward ne pu s’empêcher de minimiser mon ressentis.  Je crois que ça me blessais plus que tout le reste, le fais de constater que mon mari n’accordait au final, aucune considération à ce que je pouvais ressentir.

Et pour couronner ce magnifique fiasco, il se permit de rejeter la faute sur mon dos en disant que si j’étais resté au lit, Leia ne m’aurait jamais vu et que par conséquent, nous n’en serions pas là. Devais-je comprendre qu’en fait, je n’ai pas le droit de vivre dans mon propre appartement ? Si c’était ça les règles du jeu, je m’octroyais le même droit et lui renvoya sa propre balle en disant que si au contraire, il ne s’était pas saoulé la gueule, nous n’en serions pas là !

- Faire la fête ouais ! Boire, si tu veux, mais tu prends un taxi la prochaine fois !
Et puis…

- Il n’y avait pas un de tes hommes avec qui tu faisais la fête qui n’était pas  en état de conduire qui aurait pu te raccompagner, il fallait que tu demande à Leia ! Si je n’avais pas été à la maison, tu l’aurais mise dans ton lit, c’est ça ?!

Ça me semblait être une évidence !

Notre vie sexuelle était au ralentit en ce moment, parce que je ne me sentais pas assez énergique pour ça, parce que j’avais beaucoup de douleur aux ventres, parce que je n’aimais pas mon corps, nu, parce que tous pleins de petites raisons qui faisaient que Ward avait peut-être voulu me faire passer un message.

Ward se plaça devant moi, mais plutôt que de s’accroupir pour me serrer contre lui comme je m’attendais qu’il le fasse, pour me rassurer, il me fit le regarder en prenant mon menton entre ses doigts. Il serrait plutôt fort et mon regard s’embruma. C’était la première fois qu’il se montrait de la sorte avec moi, je perdais tous mes repères. Il sifflait entre ses dents que nos bébés n’étaient la le centre de tous nos maux, pourtant, dernièrement, ils étaient a la raisons de tous nos différents.

- Compris, bafouillais-je.

Il me lâche et tout de suite, je touchais mon menton, j’y passais ma main, comme pour chasser plus rapidement l’effet de ses doigts sur mon visage. Il continuait son speech prétextant qu’il ne se foutait pas de nos bébés, que si c’était le cas il serait partit comme le font ces hommes irresponsables.  Je voulu lui dire que la marge était mince entre son comportement et celui de ses hommes qui s’enfuient, que même, les hommes qui finissaient par disparaitre au moins, envoyait un message clair à la mère de leur progéniture alors que moi je restais dans la total incertitude parce que chaque fois que je voulais aborder le sujet, et pas forcément pour parler d’une inquiétude mais je serait-ce que pour lui demander son avis sur un truc que je voudrais acheter, il s’emportait ou me répondait de faire comme bon me semblais, qu’il n’avait pas le temps ou d’opinion là-dessus.

- Rien… je ne te reproche plus rien… Tu as raison et j’ai tord.

J’avais surtout peur que si je tentais de vider le sac, il fasse plus que de me serrer le menton.

@ Billy Lighter

Sky était effrayée. C’est ce qu’elle disait. Effrayé par quoi ? Tout ce que j’essayais, c’était de nous protéger. J’avais peut-être merdé, ce soir, mais si je parlais de meurtre c’était dans le simple but qu’elle, moi et nos bébés ont soit en sécurité.

Mais elle avait quand même peur. Elle n’avait pas besoin de préciser pour que je comprenne que c’était de moi qu’elle avait peur. Une peur que je savais qui allait grandir jusqu’à se ressentir dans toute la maison…

Et je savais comment ça finissait, quand les gens avaient peur. Avec ma mère, c’était pareil. Elle avait fini par avoir peur aussi… Jusqu’à empoisonné mes céréales.

Mais même si j’avais bien conscience de ça, je tenais Sky par l’amour. L’amour que je lui portais et qu’elle me portait. Ma mère, je ne l’avais jamais tenu par rien. Elle ne m’avait jamais aimé et je l’avais toujours méprisée.

Sky, c’était différent.

Même si, ce soir, elle me tapait réellement sur les nerfs. Elle avait peur que Grant lui en veuille mais je n’en avais rien n’à faire. Elle aurait bientôt nos bébés, non ? Grant n’était pas important.

Et, finalement, c’est sur elle que je remis ma propre bourde mais elle ne se laissa pas faire et disait que tout ça ne serait pas arrivé sur je n’avais pas bu autant. Je fronçais les sourcils me défendant à nouveau mais Sky répliquait encore me parlant d’un taxi avant de me soupçonner d’avoir eu l’idée de coucher avec O’Reily.

Elle se fout de moi ?

J’étais de moins en moins ivre et de plus en plus agacé.

-Aucun de mes hommes n’était en état de conduire… Et jamais je ne me serais tapé O’Reily, Sky ! Et ça pour deux raisons évidentes. Déjà parce que je t’aime et, ensuite, parce que rien que l’accent d’O’Reily me ressort de partout ! Elle m’a juste proposé de me reconduire, je n’ai pas réfléchis plus loin, fin de l’histoire !

J’en avais marre qu’elle pense que je puisse la délaisser pour une autre. J’en avais marre de sa capacité surprenante à pouvoir se dévalorisé à chaque occasion. Mais, plus que tout, j’en avais marre qu’elle ne cause que des bébés à venir comme s’il n’y avait plus que ça dans notre vie. Il n’y avait presque plus de « nous deux » à cause d’eux.

Alors, je perdis encore le contrôle prenant le menton de Sky entre mes doigts avant de serrer et lui faire comprendre, par quelques mots, que tout ne tournait pas autour de nos bébés. Je pouvais voir qu’elle était sur le point de pleurer mais j’étais trop loin que pour réagir à ça. Tout ce que je voulais entendre c’était qu’elle comprenait. Et elle comprenait.

J’hochai de la tête plutôt satisfait avant d’en rajouter en disant que je ne me foutais pas de nos bébés. Que si c’était le cas, je serais déjà parti la laissant seule dans sa merde. Mais je ne l’avais pas fait. Parce que je l’aimais.

Elle disait qu’elle ne me reprochait plus rien alors que j’avais lâché son menton. Elle disait qu’elle avait tort et moi raison. J’hochai à nouveau de la tête.

-Oui. C’est bien ça.

Et entendre ça suffit à me faire redescendre au point au je me mis à la hauteur de Sky pour passer ma main dans ses cheveux. Délicatement cette fois.

-Tout ira bien bébé. Ce qu’il s’est passé ce soir n’aura pas autant de conséquences que tu ne le crois. Je te le promets.

Je posai mes lèvres sur les siennes avant de briser le baiser.

-Je t’aime, bébé.

Je caressai sa joue avant de lui sourire un peu.

-On devrait aller dormir, maintenant. Demain, je compte rester ici, avec toi. Rien qu’avec toi.

Je me redressai et sortit mon flingue de ma veste pour le poser sur le meuble avant de retirer ma veste elle-même et de m’étirer. Je me retournai, ensuite, vers Sky.

-Tu viens, bébé ?

Je n’avais qu’une seule envie : retrouver mon lit.

@ Billy Lighter

Nous étions dans une impasse, mais il semblait que seule moi s’en rendais compte. Ward avait merdé et même quand il le réalisa, ça ne sembla pas suffisant pour le faire réagir plus que ça. Moi, au contraire, je voyais toutes les fissures se former sur notre belle petite histoire bien ficelée. La seule chose que je voyais de bien là dedans, c’était de me départir de mon nom de femme mariée Leserres, parce que de tous mes mensonges, même s’il avait été bien trouvé, j’aurais pu imaginer  mieux.

Si mois je m’inquiétais  de ce que diraient Grant et Jordan, Ward lui, me reprocha de m’être levée quand je l’avais entendu rentrer. Ça me mis en colère qu’il puisse me reproche d’aller et venir dans mon propre appartement alors, je lui retournais  le reproche en lui demandant s’il n’avait vraiment pas eu d’autres options que de demander à Leia de le reconduire… Mais il semblerait qu’aucun de ses hommes n’étaient en capacité de le reconduire à la maison et pour ce qui est du taxi… il ne me parla pas du taxi.

Cela me semblait évident que s’il avait demandé à Leia, c’est qu’il avait espoir de se la faire, autrement, le taxi aurait été mit en évidence ici, dans l’histoire !

Puis il s’emporta en rageant et en me tenant fermement par le menton que nos enfants si et nos enfants ça et que si et que ça.  J’avoue que je ressentais plus sa poigner sur mon menton que je n’entendais ses  mots et, quand il me lâcha, je me massais le visage d’une main tremblante et avec une espèce de sensation douloureuse dans le ventre qui n’avait absolument rien à voir avec ma grossesse… c’était du chagrin, de la déception, de la peur, tout un mélange qui me berçait d’une amer désillusion.

Et cette sensation persistait et m’empêchais d’apprécier ses caresses ensuite et son baiser que je ne lui rendis pas sans pour autant le repousser.

- Je t’aime aussi, bébé…

Ça n’avait été qu’un frêle murmure, ma voix coincée dans ma gorge menaçait  de se briser et je ne voulais pas m’effondrer devant lui et le voir repartir pour un tour.  Puis il se leva et retira son flingue de sa veste, et il me proposa d’aller au lit et me fit une confidence qu’il n’y a pas une heure de cela, m’aurait enchantée mais qui  me donna envie de pleurer, ce soir.

- Super… je…  j’avais envie de visionner pleins de films…

Je ne savais vraiment plus comment me comporter, quoi dire, même, la boule dans mon ventre prenait toute la place et menaçait d’exploser à chacune de mes respirations. Alors je me levais à mon tour et le suivi jusque dans notre chambre et je me cachais rapidement sous les draps, lui faisant dos, les couvertures remontées jusqu’à mon menton.

- Bonne nuit bébé !

Je ne voulais même pas me blottir contre lui, ni même lui donner la moindre petite ouverture qui lui ferait m’écarter les cuisses.  Tout ce que je voulais, c’était de m’endormir au plus vite pour me réveiller de ce cauchemar dans lequel,  mon adorable prince charmant avait été substitué par  une bête détestable.

@ Billy Lighter