C’était le début de la nuit… Et, donc, mon début de service. Pas comme barman au Stryge Bar comme ça aurait pu être le cas mais bien dans la rue où je dealais. J’avais envoyé le petit Alvaro surveillé les alentours. J’avais bien vu que la caravane de bénévoles qui donnaient à manger au SDF n’était pas loin ce qui, détournait à la fois l’attention mais pouvait, aussi, ramener un tas de témoin dans le coin.

Mais, en théorie, Alvaro devait me prévenir si jamais quelqu’un rôdait trop près de là où je vendais la came.

Et je lui faisais confiance.

-Il me faut quatre doses.

Je levai un sourcil alors que mon client, tout tremblant qu’il était, réclamait quatre doses. Quatre doses, ça coûtait cher et je savais que les gens, dans cette partie du quartier, n’avait pas vraiment l’argent pour se payer autant de doses d’un seul coup.

Surtout mon client actuel… Un SDF du nom de Johnny. S’il trainait ici c’était parce que la caravane venait souvent dans les environs. Il pouvait, ainsi, avoir un repas gratuit après avoir payé sa dose…

Sauf qu’il en voulait quatre.

-Johnny… Tu ne sauras jamais en payer quatre d’un coup. Tu sais que si tu en prends quatre et que tu n’as pas de quoi payer les quatre, tu auras une dette. Et avoir une dette envers les Los Diablos, ce n’est jamais bon.

Il hocha de la tête.

-Donne m’en quatre, Quinn ! Je ne tiendrais pas semaine avec une !

Il semblait tellement en manque qu’il était incapable de réfléchir. Je soupirai.

-Tu as combien sur toi ?

Il mains dans ses poches, fouilla un moment et en sorti quelques billets…

Des billets de 1$...

-J’ai 5$

Je me mordis la lèvre et soupirai.

-Ce n’est même pas assez pour une…

Il me fixa, tout de même déterminé.

-Donne m’en une… Je te payerais la semaine prochaine !

Je soupirai et sortis ma dose.

-Comme tu voudras. Mais je veux les 5$ que tu as.

Il sourit et hocha de la tête prenant son précieux butin et moi, mon maigre pactole sans savoir que je venais d’être vu…

@ Billy Lighter

Je venais de passer toute une journée dans l’Eastside à offrir des repas à des gens qui ne mangent malheureusement pas à leur faim. C’est triste de voir tant de personnes dans le besoin dans l’une des villes les plus glamour des États-Unis. Ici, se côtoie pauvreté et richesse et tout ça semble séparé par un trait net invisible qui semble entourer l’Eastside.  Il y a tant à faire pour aider que de leur offrir un bol de soupe avec un sandwich représente une goutte d’eau dans l’océan.

Les enfants ont besoins de meilleures chaussures, de plus de fourniture scolaire, de manger trois repas équilibrer tous les jours, de soins dentaires, la base !  Je me sens impuissante devant autant de pauvreté. Dit comme cela, on dirait une généralité. Il y a quand même des gens qui s’en tirent plutôt bien, même s’ils demeurent ici dans l’Eastside. Mais ils ne représentent qu’une infime partie de sa population.

Il est déjà bien tard et il y a encore des gens qui viennent voir s’il ne nous resterait pas un sandwich, un bout de pain ferait l’affaire. De leur répondre que nous avons tout donner me serre le cœur, alors je fouille dans mes poches, je demande à mes collègues, je supplie pour quelques dollars, et parfois, comme ce soir, j’arrive à donner quelques billets ici et là, pas grand-chose mais assez pour aller chercher un café et un donut dans un seven-eleven. Johnny avait besoin d’argent mais je ne pu que lui donner 5 dollars, c’était tout de même assez pour un burger et une frite.

- Tu vas finir par être canonisée, Sainte Eleanor, priez pour nous !

Je haussais des épaules à la remarquer de Charlot, c’est vrai que je n’hésitais pas à donner tout ce que je pouvais pour aider mon prochain. J’étais ainsi faites, ça me venait de ma mère et tout comme elle, je détestais les multinationales qui engrangent des milliers de dollars et qui, plutôt que donner à des organismes à but non lucratif comme celles qui s’occupent des sdf dans l’Eastside pour ne parler que d’eux, se paient des diner dans des restaurant hors de prix avec des bouteilles de vins qui valent plus que l’entièreté de ma garde-robe !

La vie est souvent trop injuste.

- Tu veux que je te ramène ? Je n’aime pas te savoir rentrer à pied, surtout quand le soir tombe.

- C’est gentil, mais non, merci Charlot ! Je vais aller vers Hollywood Park, j’ai gardé des cookies pour Betty. Je rentrerai en taxi ensuite.

Aunt Betty, cette vieille et adorable sans abri squatte le parc depuis de nombreuses années, je ne l’ai apprivoisé que tout récemment, malheureusement. Elle m’en voulait parce que, sans le savoir, je m’étais assise sur son amie Louise. Je ne l’avais pas vu, assise sur le banc… il faut dire que Louise est légèrement invisible ce qui n’aide pas à la voir. Je m’étais tout de même racheté avec des cookies et en venant en aide a l’un de ses pigeons qui avait le bec coincé dans une canette de bière vide.

Je saluais donc Charlot et m’en allais en me concentrant sur ma respiration. J’avais moins peur lorsque je portais mon attention sur quelque chose comme de respirer. Je faisais bien ma brave mais en dedans de moi, je n’étais pas plus brave d’un petit vers de terre. Un mignon vers de terre, quand même !

- HEY ! JOHNNY ! NON !

Je venais de voir le père de famille faire un échange avec Finan Quinn, un Los Diablos qui dealait souvent pour ne pas dire presque tout le temps dans les ruelles de l’Eastside. Bien évidemment, Johnny déguerpit, jambes à son cou alors que je courais moi-même en sa direction mais il avait détalé si rapidement que je ne pu que m’arrêté une fois arrivé devant Finan Quinn que je fusillais du regard.

- Tu sais très bien qu’il ne peut pas se le permettre !

Je tapais sur la main de Finan qui tenait l’argent de Johnny, MON argent en fait et je lâchais quelques jurons à ma façon.

- Zut de flûte ! Mais a quoi vous pensez tous le deux ?! Et puis redonne moi mon argent je refuse que ça paie de la drogue !

J’essayais d’ouvrir la main de Finan qui tenait les billets.

- Je suis sérieuse si tu ne me donne pas cet argent je vais me fâcher, pour de vrai !

@ Billy Lighter

Johnny avait sa dose et, moi, cinq malheureux dollars. Seulement, Johnny avait dit qu'il payerait la semaine prochaine. Il savait que les Los Diablos avaient l'habitude de permettre à ses clients de payer plus tard... Pourquoi? Parce que si on devait donner  une dose dès que celui en face avait l'argent, on ne vendrait pas grand-chose dans l’Eastside... Les gens, ici, étaient pauvres pour la plupart et la drogue, c'est cher.

Mais ils savaient tous ce qui arrivait quand ils ne payaient pas... Ça passait par l'intimidation... Puis des méthodes un peu plus violentes. Même si, en général, l'intimidation suffisait souvent à ce qu'ils se démènent pour trouver l'argent... Parce que dans l’Eastside, il y avait toujours moyen de se faire de l'argent. Les filles droguées que je connaissais utilisaient la prostitution... Quant aux hommes, ils pouvaient prostituer leurs petites-amies, se prostituer, rejoindre un gang ou bien, tout simplement, recourir au raquette ou au vol.

Il n'y avait rien de joli là-dedans et, très sincèrement, je doutais des capacités de Johnny à pouvoir payer la semaine prochaine...

Mais je n'étais pas son père et je devais vendre.

Une fois l'échange faite, j'entendis quelqu'un interpeller Johnny sur un ton indigné du fond de la ruelle. Je sursautai alors que Johnny détala au moment où je me retournais vers la voix...

Eleanor... La petite bénévole était là et semblait avoir tout vu.

Mais bon Dieu! Où était Alvaro! Il est censé éviter ça !

Je fixais Eleanor qui semblait furieuse alors qu'une fois à ma hauteur, elle déclara que Johnny ne pourrait pas payer. Je répondis simplement:

-Je sais...

Sans plus de commentaire alors quelle frappa sur ma main remplie de billets de 1$.

Elle jura à sa manière... Une manière qui me fit un peu sourire, j'avoue... Il n’y avait pas plus douce qu’Eleanor mais pas plus naïve aussi... Elle voulait que je lui rende l’argent qui, apparemment, lui appartenait mais je tenais mon poing bien fermé.

-Non. Tu l'as donné à Johnny et il me l'a donné. C’est, donc, l'argent des Los Diablos maintenant. Et puis, si je te le donne, ça veut dire que Johnny devra 5$ de plus la semaine prochaine…

Pas besoin de me cacher. Elle savait très bien que j'étais un Los Diablos et que je dealais.

-Et c'est à lui de savoir s'il peut se le permettre ou non. Mon job c'est juste de vendre. Si je dois regarder les comptes en banque de tous les clients avant de vendre, je ne vendrais rien de la nuit.

Je n'ouvris toujours pas mon poing et le mis hors de portée d’Eleanor pour le foutre dans ma poche.

-Quand tu lui as donné 5$, tu croyais quoi? Qu'il allait s'acheter un burger? Il tremble de manque de coke...

Oui, indirectement, je la traitais de naïve... Mais bon... Elle l’était un peu, non ? Je soupirai.

-Bien, tu connais la suite... Tu n'as rien vu et on se sépare comme si de rien n'étais.

Je préférais faire comme ça que devoir intimider les témoins. Surtout que, au fond, je l'aimais bien Eleanor. Elle essaye simplement d'aider et n'hésite pas à côtoyer les dangers de l’Eastside pour ça.

@ Billy Lighter

J’étais consternée par l’insouciance de Johnny que je venais de surprendre à acheter de la drogue à un Los Diablos. J’avais fait des pieds et des mains pour lui avoir au moins cinq billets pour qu’il puisse aller s’acheter de quoi manger et voilà qu’il préférait se prendre de la came plutôt qu’un burger.

Il y avait aussi le fait que Finan avait accepté de lui en vendre alors qu’il savait que Johnny ne serait pas capable de lui payer sa dette. Il me semble que de faire crédit ce n’est pas très bon pour le commerce surtout en sachant que la clientèle pouvait crever d’une surdose !

Je tapais sur la main de Finan, celle qui tenait l’argent que j’avais donné à Johnny mais il refusa en expliquant que je l’avais donné et que par conséquent, ce n’était plus mon argent mais celui de Johnny et que ce dernier pouvait l’utiliser comme bon lui semblait.

- Pas si tu oublie cette dose, allez, Finan ! Un peu de bonne volonté ça ne te tuera pas ! Johnny ne sait pas ce qu’il fait, il n’a pas les idées claires !

Je soupirais en jurant à nouveau, à ma manière, bien sûr, parce que Finan ne me rendrait pas l’argent et que son argumentation valait la mienne, en fait non, elle était plus solide que la mienne, moi, je vivais d’espoir et lui, nageait en pleine réalité.

- Tu ne peux pas faire d’enquête de crédit, certes mais tu pourrait quand même te servir de ton jugement et ne vendre qu’à ceux qui paies…

Lire entre les lignes, vendre aux gosses de riches qui sont nés avec la cuillère d’argent dans le bec et qui ont plus d’argent de poche par semaine que je n’en gagne en une année.

Je saurais encor pour essayer d’atteindre mon argent mais Finan esquiva avant de mettre l’argent dans sa poche.

- Oui ! Oui, je l’ai cru ! Comme toi tu l’as cru quand il t’a dit qu’il te paierait la semaine prochaine… tu penses être moins naïf que moi ?

Finan soupira et moi de même, mais pas pour les mêmes raisons.

J’espérais tellement pouvoir aider les gens avec toute ma bonne volonté et des types comme Finan venaient foutre un coup dans mon château de cartes chaque fois, c’était hyper démoralisant !

- Non, ça non ! Je ne peux pas fermer les yeux là-dessus. Je veux les aider et toi tu les enfonces, tu ruines mes efforts et tu voudrais que je te remercie ?

Je lui tournais le dos et fis quelques pas en direction opposée de celle d’où je venais, par là où c’était sauvé Johnny. Puis, je me retournais et haussais des épaules. Je ne connaissais pas beaucoup Finan mais il me semblait être un type bien, ça se ressent ces choses-là. Alors pourquoi il avait choisit de dealer, pourquoi il n’a pas choisit de faire autre chose de sa vie que d’aider les autres à détruire la leur ?

- Promets moi de laisser tranquilles les types comme Johnny, ou les prostituées et je ne dirai rien. Aide-moi à les aider, Finan ! Tu es un mec bien au fond, non ? Je le sens, moi, que ça te désole autant que moi de les voir se défoncer ! Tu peux vendre ailleurs, rien ne t’oblige à rester ici.

Je trouvais que c’était une alliance honorable.

La balle était dans son camp.

@ Billy Lighter

Je n'allais pas rendre les 5$ à Eleanor tout simplement parce qu'à partir du moment où elle l'avait donné à Johnny, ce n'était plus à elle. Et aussi parce que, si je lui rendais, je devrais réclamer 5$ supplémentaire à Johnny la prochaine fois... Mais elle disait que je pouvais bien oublier cette dose. Je levai un sourcil.

-Si j'oublie la dose de Johnny, d'autres drogués vont l'apprendre et vouloir la même chose. Tu oublies que la drogue n'est pas à moi mais au Los Diablos. Je ne peux pas donner mes doses, Eleanor.

Je ne lui rendrais donc pas l'argent pour son plus grand malheur et quand elle disait que je devais me servir de mon jugement et ne vendre qu'à ceux qui payent, j’ haussai des épaules.

-Ils finissent tous par payer, ne t'en fais pas... Même des gars comme Johnny.

Sauf Stone... Mais il se croyait intouchable avec son statut de star ce qui était en partie vrai.

Je soulignai la naïveté d’Eleanor. Une naïveté qui me faisais plus sourire qu'autre chose mais quand elle me renvoya l’ascenseur en disant que je n'étais pas moins naïf parce que j'avais cru Johnny, je soupirai en levant les yeux au ciel.

-Comme je le dis, ils finissent tous par payer... Johnny trouvera l’argent, ne t'en fais pas... Je ne suis pas naïf. Je sais ce que je fais... je ne suis pas un novice...

Je n'allais pas expliquer comment Johnny trouvera l’argent ni pourquoi il allait se démener pour le faire... J’étais sûr qu’Eleanor allait faire les liens toute seule. Elle est naïve, pas stupide.

Ie déclarait alors qu'on en reste là et quelle fasse comme si elle n'avait rien vu. Mais elle refusa. Je soupirai.

-Eleanor... Je ne veux pas que tu me remercie mais que tu fasses simplement comme si tu n'avais rien vu.

Est-ce que ça me faisait mal de voir le travail d’Eleanor réduit à néant par le mien? Un peu... Mais on est dans l’Eastside et je savais que les gens, ici, avaient du mal de changer leurs mauvaises habitudes.

Je ne les enfonce pas... Je ne les aide pas non plus... Mais je ne peux pas rendre pire ce qui est déjà perdu.

Personne n'allait changer. Ni moi, ni Johnny, ni elle. C’était comme ça.

Mais Eleanor voulait passer un deal. Que je ne vende plus aux prostituées et à des types comme Johnny soit 90% de l’Eastside. Elle voulait que je deal ailleurs. Ailleurs que l’Eastside j’imagine.

Je soupirai.

-Où? Je ne peux pas dealer à South L.A.. Si je le fais, je meurs. Quant aux quartiers de riche, mon chef ne m'enverra pas là-bas parce que, contrairement à ce que tu sembles croire, les riches sont encore plus mauvais payeurs. On en a un dans nos clients et il ne paye jamais... Donc... Je ne peux pas accéder à ta demande. Je deal dans l’Eastside et dans l’Eastside il y a une majorité de types comme Johnny et de prostituées...

Je soupirai.

-Je pourrais te dire oui et te mentir mais tu me verras quand même dealer demain alors j'imagine que je ne ferais que reculer l’échéance du moment où tu vas me balancer.

Mais je n'avais pas du tout envie d’aller faire un tour en cellule.

-Ecoute, si tu ne me balançais pas... Je peux t'offrir un verre pour me faire pardonner.

Je souris. Et le mordis la lèvre quand je vis des lumières bleus. Elles n'étaient pas pour moi mais avoir Eleanor devant moi et les flics pas loin, ça ne annonçais rien de bon.

@ Billy Lighter

Finan devait faire preuve de bon sens et accepter d’oublier la dose qu’il venait de vendre à Johnny, pour permettre à ce dernier de souffler un peu. De toute façon, mes cinq dollars étaient loin de payer sa dette, c’était presque comme si Johnny s’était foutu de la gueule de Finan. Mais ce dernier ne voyait pas les choses ainsi, prétextant que s’il faisait ça, les autres junkies demanderaient la même chose et qu’au final, il ne serait pas plus avancé.

- Ce n’es certainement pas moi qui vais aller leur dire ce que tu as fait pour Johnny…

C’était encore une autre tentative mais vaine, comme la précédente.

- Ils finissent tous par payer… de leur vie, tu veux dire !  Tu sais aussi bien que moi qu’ils en meurent pour la plus part, justement parce qu’ils n’auront pas payés et qu’un Los Diablos plus cinglé que toi aura décidé que c’était terminé !

Je perdais mon temps a essayer de le convaincre, de toute évidence.

- Je ne suis pas novice non plus ! J’en ai vu sortir des ruelles les pieds devant, l’aiguille dans le bras !

Ça arrivait toutes les semaines, plusieurs fois. Ils tombaient comme des mouches et bientôt, il n’y aurait plus assez de narine pour sniffer toute cette merde et Finan, il fera quoi ? Il ira vendre ailleurs, même si pour là, il refuse de bouger de l’Eastside.

- Un dealer de moins dans les rues, c’est une vie que je sauve, vois le comme ça !

Los Angeles était assez grande que pour aller ailleurs… même si concrètement, ça ne faisait que déplacer le problème dans un autre secteur. Finalement, je ne faisais que changer le bobo d’endroit, ce qui n’était pas mieux mais, ailleurs, ils avaient plus de ressources, plus de moyens, mais ça aussi Finan ne voulait pas le croire, ce serait comme boire du vinaigre que de me donner raison.

- Alors pourquoi tu continu de vendre puisque tes clients sont de si mauvais payeurs ? Tu pourrais changer de vocation, m’aider, par exemple, ça serait bien plus constructif.

Je ne voyais pas du tout Finan enfiler un tablier et se mettre à brasser des chaudrons de soupes, malheureusement, nous avions bien besoin de volontaire comme lui mais sa famille de criminelle, ses Los Diablos lui avait complétement lessivé le cerveau pour l’endoctriner et lui faire croire que c’était bien ce qu’il faisait.

Derrière moi, des gyrophares de polices clignotaient, je ne les avais pas appelés, ils étaient la pour une toute autre raison mais je n’avais que quelques pas à faire pour dénoncer Finan qui venait de me proposer un verre en échange de mon silence.

- J’ai vraiment cru que tu pouvais être quelqu’un de bien… mais tu ne me laisse pas le choix !

Il ne pouvait pas m’acheter avec un verre, pas quand l’enjeu était tablé sur mes valeurs et mes convictions. Alors je reculais puis lui tournais complètement le dos et interpelais les policiers.

- Hey ! S’il-vous-plait ! J’ai besoin d’aide !

@ Billy Lighter

Eleanor m’assura qu’elle n’ira pas crier sur tous les toits que j’aurais fait une dose gratuite à Johnny si jamais je lui faisais grâce de le faire. Je soupirai.

-Tu ne le diras peut-être pas mais les junkies sont des grandes gueules. Johnny le dira et, demain, tout l’Eastside le saura…

Et quand j’expliquai qu’ils finissaient tous pas payé, Eleanor me dit que c’était de leur vie qu’ils le payent. Je roulai des yeux. C’était mal connaitre les Los Diablos… Enfin… C’était mal connaitre les Los Diablos depuis que Ward avait rejoint la Casa Nuova…

-On ne tue pas les clients… Les intimidations suffisent… Et des cinglés, il n’y en a plus depuis que Ward n’est plus un Los Diablos.

Il y avait encore des têtes brûlées mais tous suivaient les ordres d’Alonso.

-Un client mort, c’est pire qu’un client qui paye en retard…

Mais elle mit aussi en avant les overdoses et je soupirai encore alors qu’elle tentait de me convaincre que tout ce que je faisais était mal. Je le savais. Mais si ce n’était pas moi, ça sera un autre. La vente de drogue de l’Eastside ne s’arrêta pas si j’arrête.

-Je sais… Mais si ce n’est pas les Los Diablos qui leur vendent la drogue alors ça sera un autre. Ils mourront d’overdose quand même.

Elle déclara alors qu’un dealer en moins dans les rues étaient une vie de sauver. Je le regardai en soupirant encore.

-Ce n’est pas aussi simple que ça… Un camé finira toujours par trouver un dealer.

Je le croyais fermement. Ce n’est pas les dealers qui attiraient le camé. C’est le camé qui cherchait le dealer.

Bref, je démontais tous les arguments d’Eleanor… Et je ne le faisais pas avec le sourire. Pourtant, je n’étais pas sur une provocation. J’aimais bien ça… Mais pas quand c’était une fille comme Eleanor qui, finalement, essayait de rendre l’Eastside meilleure.

Mais le travail était trop grand pour un petit bout de femme comme elle.

Elle me proposait alors de changer de vocation. De l’aider elle… Mais ce n’était pas pour moi.

-Je ne peux pas arrêter tout comme ça pour faire du bénévolat, Eleanor…

Mon refus était catégorique et je tentai de gagner son silence en échange d’un verre. C’était vain… Et après un commentaire bien placé qui, je ne sais pas pourquoi, me fit un pincement au cœur, elle interpella les flics.

J’aurais pu l’arrêter… L’assommer… Mais je ne voulais pas lui faire de mal.

La voiture de flics s’arrêta. J’étais mal barré…

J’avais deux options : la fuite ou coopérer… La second me vaudrait à passer la nuit en cellule parce que j’avais encore des doses sur moi…

Fuir pourrait revenir au même résultat s’ils arrivaient à me rattraper et comme ils avaient une voiture, je risquais de me faire rattraper.

Je fixai Eleanor.

-Merci… Je pensais aller finir ma soirée au Stryge… Mais c’est raté.

Je dis ça sur un ton amer.

-Mais avec un peu de chance, ça sera les inspecteurs Greenly et Keller. Je les aime bien eux.

Ils m’avaient déjà foutu en cellule mais aimaient causer musique. Ils m’étaient sympathiques et Conrad était Irlandais.

Mais ce ne fut pas Keller et Greenly… Mais Jackson et Lewis. Deux jeunes qui avaient été engagé il y a deux ans environs et qui, en prime d’être raciste, n’étaient pas des tendres. Ils viennent du Midwest alors il faut les pardonner…

Je fis la moue en les voyant sortir... Et fixai Eleanor.

-Ouais… Tout compte fait, je vais courir.

Je me mis à détaler alors que Jackson cria et se mis à courir après moi pendant que Lewis interrogeai Eleanor. Pas de chance pour moi, Jackson était un rapide et était plus grand que moi… Il ne tarda pas à me rattraper pour me foutre à terre.

-Je t’ai eu sale Irlandais…

Ouais… Je sens que le reste de la nuit va être longue.

Je ne me débattais pas mais il appuyai quand même fort sur mon dos le temps de me menotter avant de me fouiller pour trouver le reste de la came que je devais vendre.

-J’ai trouvé le pactole. Tu viens avec nous Quinn.

Il ricanait et me fit me relever. Il me ramena près d’Eleanor et son collègue.

-On l’embarque.

C’est ce que dit Lewis avant que je ne rajoute :

-Super… Je vais passer la nuit avec les flics les plus stupides de Los Angeles.

Je savais que ce n’était pas intelligent de dire ça et Jackson me fila un coup de poing dans le ventre qui me coupa le souffle. Je toussai un peu avant qu’ils ne m’embarquent sous le regard d’Eleanor.

@ Billy Lighter

De toute évidence, Finan et moi étions aux antipodes et jamais nous ne serions capables de s’entendre sur ce qu’il serait bien de faire ou de ne pas faire. Je ne lui en voulais pas pour ça, cependant, je ne comprenais pas. C’était comme cela que je fonctionnais. Je ne détestais pas les gens qui n’avaient pas la même vision que moi, je pouvais vivre avec sans l’accepter, moi, je savais ce que je devais faire.

Moi, je voulais sauver les gens, les aider jusqu’à mon dernier souffle, donner tout ce que j’avais et même au-delà. Finan, il les enfonçait dans la déchéance en continuant de leur vendre de la drogue même si ses clients ne pouvaient pas se le permettre. Qu’ils en meurent, ça lui était complètement égal. Il se défendait en disant que si de toute façon, ce n’était pas lui qui leur en vendait, ce serait quelqu’un d’autre.

- Ils ne trouveront pas toujours si plus personne n’en vend !

Ça c’était très bisounours comme vision, je savais très bien que personne, du jour au lendemain, freinerait le marché le plus lucratif de l’histoire de l’humanité. Ça et la prostitution, c’était impossible de tout freiner ça, à mon plus grand regret.  Cela ne m’empêcha pas de proposer à Finan de sortir du cercle vicieux en entrant plutôt dans celui de l’entraide. Il serait bon là-dedans, je le sentais ! C’était inscrit dans le ciel qu’il refuserait ma proposition, seulement, il n’apporta aucun argument contre.

- Si, tu peux. Si tu le voulais, vraiment… je veux dire, tu le pourrais !

Ensuite, et bien ensuite il proposa de faire comme si de rien était en m’invitant même pour un verre et ça eu le don de me mettre en colère, comme si mon intégrité s’achetait avec un verre! Il allait en falloir beaucoup plus que ça pour ne serait-ce que me faire la remettre en question, et ça n’allait certainement pas venir de Finan Quinn ! Alors je reculais et interpelais les flics qui ne mirent pas plus d’une demie seconde pour réagir.

- Arrête, tu vas me faire pleurer !

Il aurait pu éviter ça !

Moi aussi… je l’admets…

Finan couru en direction opposé, pourchassé par les flics qui l’attrapèrent en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire.  Je regardais la scène, triste. Je ne pouvais pas me réjouir de ce que je voyais, j’aurais sincèrement voulu que Finan fasse un meilleur choix et… peut-être que j’aurais pu prendre une toute autre décision.

- HEY !!

L’un des flics venaient de donner un coup de poing dans le ventre de Finan ! Et ça, c’était inacceptable ! Ils venaient d’utiliser leur badge pour se donner un droit qu’ils n’avaient pas et je ne tolérais pas plus ce genre d’injustice !

- Vous venez de le frapper alors qu’il coopérait ! Vous abusez de votre autorité pour vous en prendre à un individu ! Je porterai plainte à votre supérieur ! J’irai devant le maire… le sénateur de la Californie s’il le faut !

Ils me regardaient comme si j’étais un clown à ressort qui venait de sortir de sa boite puis ils firent entrer Finan dans la voiture, en se marrant et grimpèrent eux aussi dans la bagnole avant de partir, me laissant là, complètement choquée.

Je m’étais rendue au poste, toute seule et j’avais parlé haut et fort, au risque de me faire jeter en cellule moi aussi mais ça m’était égale, je combattais une injustice. Peut-être en avaient-ils eu marre de m’entendre parler du code d’éthique ou qu’ils se sont dit que ça ne valait pas la peine de garder Finan plus longtemps, mais après quand même cinq heures à argumenter avec eux, ils le libérèrent. Quand je le vis arriver, je me sentais soudainement toute minuscule et un peu stupide. Finalement, le verre aurait été bienvenue, avec le recul.

- Salut…  Tu m’en veux beaucoup ?   Bien sûr qu’il devait m’en vouloir! Tu sais, je leur ai cri dans les oreilles hein… ils n’avaient pas le droit de te frapper… je leur ai bien fait savoir ce que j’en pensais, même s’ils en ont rien à foutre…

@ Billy Lighter

Eleanor vivait dans son mode utopiste où plus personne ne vendrait de drogue. Elle était certaine que si tout le monde arrêterait de vendre, plus personne n’achèterait. Peut-être… Mais je doutais que ça soit possible que plus personne, dans ce monde, n’arrête de vendre de la drogue. Ça rapportait… Et il y avait, dans ce monde, des gens sans aucun scrupule. Des gens qui, contrairement à Eleanor, n’en avait que faire que ceux à qui ils vendent crèvent le lendemain. J’en connais des gens comme ça et ça ne sert à rien de vouloir les changer.

Donc, dans cet optique-là, que je vende ou non ne changerait rien.

Mais Eleanor était persuadé que je pourrais faire autre chose. Que je pourrais aider, tout comme elle. Elle en était même convaincue. Sauf que je ne pouvais pas. J’étais un Los Diablos. Je ne regrettais pas de l’être. Je n’avais aucune envie de quitter le gagne pour faire de la soupe pour des gens comme Johnny. Ma fidélité envers les Los Diablos que je considérais comme ma famille était bien plus grande que mon envie d’aider des SDF et de paraitre meilleur que je ne l’étais aux yeux d’Eleanor.

Du coup… Ben, elle interpella les flics… Sans remords qu’elle était Eleanor. Et si je fanfaronnais au départ en croyant tomber sur des flics que j’appréciais (ouais, il y avait des flics que j’appréciais) et bien, j’ai fini par fuir quand j’ai remarqué à qui j’aurais affaire.

Mais ma fuite ne dura pas longtemps tellement Jackson courrait vite. Il me plaqua au sol, me menotta mais je ne pus faire autrement que de lâcher un commentaire qui me valut un coup de poing dans le ventre.

Eleanor fut choquée au point qu’elle le fit savoir disant qu’ils n’avaient pas le droit. Non… C’est vrai… Ils ne pouvaient pas faire ça. Mais certains flics étaient comme ça et j’en avais l’habitude. En fait, là où j’étais blasé, Eleanor ne l’était pas. Mais elle me fit sourire quand elle prit ma défense disant qu’elle porterait plainte et qu’elle irait même jusqu’à voir le sénateur de Californie.

La connaissant… Elle en serait capable.

Je n’eus pas vraiment le temps de répondre à son acte d’héroïsme que je ne fis embarquer après que les flics se soient moqués d’elle.

La suite… Bah, je fus emmené au commissariat en mis en cellule. On m’avait retiré mon portefeuille et ils avaient pris l’argent liquide parce que, pour eux, c’était l’argent de la drogue. Mes doses ont aussi été confisquées et je dûs, comme le disais la procédure, enlever mes lacets au cas où… Je me suiciderais avec ? Je ne savais pas trop mais c’était la procédure. Ils prirent aussi ma croix celtique… Ça je ne savais pas si c’était la procédure ou une simple envie de me faire chier.

Une fois une cellule, je soupirai me couchant sur ma couchette. C’était littéralement impossible de dormir ici avec Jackson et Lewis qui tapaient à la machine à écrire leur rapport tout en faisant des commentaires désobligeants sur moi et l’autre type en garde à vue qui faisait partie de la Confrérie Aryenne et qui était là pour une bagarre de rue avec un South Panthers qui, si je l’avais bien compris, n’était pas ici parce qu’il était à l’hosto.

Ils faisaient tous des commentaires et, ben… J’y allais aussi des miens, tiens, tant qu’on y était. Et vous savez quoi ? Lewis et Jackson s’entendaient très bien avec le dénommé Bishop… Bah voyons. J’aurais un peu dû m’en douter…

J’avais expliqué par A+B à Jackson et Lewis que j’étais bien plus Angelenos qu’eux mais ils ne cessaient de dire que je n’avais rien d’Américain. Pourtant, j’étais bien plus Angelenos qu’eux. Ils étaient ici depuis 2 ans et moi depuis que j’avais 2 ans. Eux ce n’était que des petits enfoirés du Midwest qui n’avaient rien de Californiens.

Mais ils ne voulaient rien entendre disant que les gens comme moi rendaient l’Amérique faible.

Bishop était d’accord…

Je pensais que le calvaire aller durer encore quelques heures mais le flic de l’accueil descendis nous voir pour dire à Jackson et Lewis de me sortir de là parce qu’il en avait marre d’entendre une fille gueuler après ma libération et mettre en avant le code éthique non sans les menacer de porter plainte.

Je me mis assis sur ma couchette affichant un grand sourire. J’imaginais que la fille en question était Eleanor.

On me sortit de là, on me rendit mes lacets, mon portefeuille et ma croix et après avoir remis mes lacets, je sortis pour rejoindre Eleanor qui m’attendait. Je ne lui souris pas. J’étais crevé, en fait… J’avais faim et soif aussi…

Je remis ma croix alors qu’elle demandait si je lui en voulais… Un peu, oui. Mais elle déclara qu’elle avait crié sur eux et qu’ils n’avaient pas le droit de me frapper. Je rigolai d’un rire un peu fatigué.

-Il parait… Le flic qui est descendus avait l’air dépassé. Mais, tu sais, j’ai déjà vu pire qu’un petit coup de poing dans le ventre.

Bien pire et pas de la part de flics. Les flics ça allaient encore. Certains étaient rude et en profitaient mais il y avait pire dans la rue qu’eux.

Je fixai Eleanor.

-Je t’en veux un peu… Ils m’ont fauché mes revenus en liquide la semaine en plus de ce que j’avais gagné aujourd’hui pour le gang. Et j’ai passé cinq heures horribles entouré de deux flics qui viennent du Midwest et d’un type en garde à vue qui venait dans la Confrérie Aryenne…

Je me tournai entièrement vers Eleanor.

-Mais je peux peut-être te pardonner… Si tu me paye un Irish Coffee dans un pub Irlandais. Je crois qu’il me faut bien ça pour me réveiller un peu.

J’esquissai un petit sourire.

-Surtout que je n’ai plus la moindre thune. Ce qu’il me reste sur mon compte, c’est juste assez pour payer le loyer de mon foutu taudis…

Je gagnais bien plus en argent liquide mais ma réserve était chez moi.

-Alors, ça te tente ? Si tu dis non, je vais devoir marcher jusqu’à ma bagnole et elle est loin du commissariat…

Je lui souris un peu.

@ Billy Lighter

Je ne m’étais pas laissé impressionné par les menaces de me retrouver en cellule pour insubordination ou quoi que ce soit d’autre qu’on me disait pour me faire taire. Je clamais haut et fort en faisant les cents pas devant l’accueil du commissariat de police que je ne me tairais pas, que je n’avais pas peur d’eux non plus que de faire toutes les démarches nécessaires pour rendre justice à Finan qui avait été victime de brutalité policière ! Ils m’avaient ris au nez en me tendant le cornet du téléphone et en me proposant de composer pour moi le numéro du Los Angeles News pour que je raconte moi-même comment les policiers avaient coffré un dealer de drogue et ça n’avait fait que me mettre encore plus en colère et parler plus vite et plus fort !

Bref, ils m’avaient bien fait perdre mon temps et ma salive avant de quitter le poste d’accueil et d’aller -enfin- chercher Finan ! Ce dernier ne semblait pas avoir trop souffert de sa courte incarcération mais il ne sautait pas de joie non plus. Je me tenais à l’écart le temps qu’il récupère ses effets personnels, l’argent et ses doses en moins ce qui pour moi représentais tout de même un petit plus.

Je le regardais remettre sa chaine puis mettre quelques trucs dans ses poches tout en lui expliquant que j’avais tout fait pour le défendre, je ne mentais pas quand je disais que je défendais toutes les injustices et il en avait subi une… par ma faute ce qui représentait un échec et de ça, je n’en étais pas fière.

- C’était un coup de poing de trop…

Et à a question, s’il m’en voulait, il répondit par l’affirmative et il essaya de se victimiser un rien de plus en parlant de l’argent que de lui avais fait perdre. Mais il me fit éclater de rire, alors que je lui tenais la porte pour qu’il passe devant et que nous sortions enfin du commissariat.

- Je te signal que tu avais mes derniers billets et qu’ils sont maintenant entre les mains des policiers alors… je suis autant faucher que toi.

Je ne pouvais pas l’inviter à prendre un café dans un pub Irlandais comme il l’avait demandé mais je pouvais lui en préparer un à ma façon chez moi.

- Cela dit, j’ai tout ce qu’il faut chez moi pour préparer un Nell Coffee, tu verra c’est délicieux… je l’espère !

Je n’avais aucune idée de la concoction que je pouvais lui faire mais je trouverais certainement quelque chose pour rendre spécial une banale tasse de café. La voiture de Finan était loin du commissariat et, tout compte fait, nous avions une bonne marche à faire pour se rendre chez moi mais ça ne m’effrayait pas, la nuit était agréable et avec Finan, je ne craignais rien, pas vrai ? Et puis ce n’est pas comme si nous avions vraiment le choix. Nous étions faucher comme les blés tous les deux!

En chemin, nous parlions beaucoup, probablement moi plus que lui, je pouvais être une vraie pipelette quand je le voulais, je ne m’en rendais pas tout le temps compte. Je marchais en équilibre sur le béton du trottoir, me tenant d’une main sur l’épaule de Finan, c’était la seule façon d’être à la même hauteur que lui.

- C’est là ! , dis-je en pointant l’immeuble dans lequel je vivais.

Je fouillais dans mes poches pour en sortir ma clé une fois devant la porte de mon appartement. Je vivais au premier étage, je n’en avais jamais été autant heureuse mais nous venions tout de même de faire une très longue promenade et je n’aurais peut-être pas eu la forcer de grimper d’interminables escaliers.

- Ne fais pas trop attention au bordel et… quelque part, il devrait y avoir un chat, il aime se cacher sous les coussin alors si tu entends une protestation en t’asseyant, c’est normal !

Et moi, j’allais à la cuisine remplir la cafetière et sortir deux mug puis je fouillais dans le réfrigérateur et y trouvais une bouteille de whisky et de la crème chantilly.  Finalement, ils n’allaient pas être plate, mes Nell Coffee! Je roulais les bords des mugs légèrement mouillés dans le sucre puis je visais une bonne dose, une très généreuse dose même de whisky dans les tasses avant d’y ajouter le café et d’y ajouter la chantilly.

- Tadam !! Ils sont beaux, non ?

Je déposais mon cabaret sur lequel j’avais poser mes bugs remplit à ras-le-bord sur la table basse de mon tout petit salon et laissais Finan se servir.

- Tu sais…  Je m’en veux de t’avoir mis dans l’embarras ce soir. Ce n’était pas forcément contre toi. J’ai réagi, un peu comme tu aurais en voyant un South Panters sur ton territoire.

Je ne pouvais pas éternellement demander pardon pour avoir agit en suivant mes principes, je ne m’en voulais pas d’avoir essayer de mettre de l’ordre dans l’Eastside. Cela dit, je m’en voulais de la façon dont les choses s’étaient déroulées, Finan était quelqu’un de bien au fond, coincé dans un mauvais filon, mais quelqu’un de bien tout de même.  Je pris une gorgée de mon super café puis je grimaçais. Il était très chaleureux, ce café, il ne m’en faudrait pas beaucoup des comme ça pour complètement m’enivrer.

Le coup de poing avait révolté Eleanor au point où elle avait fait un scandale suffisant pour que je sorte bien avant la fin de ma garde à vue. Je devais avouer que j’étais un rien soulagé. Il n’y avait rien d’agréable à être en garde à vue surtout avec des flics pareils comme chien de garde.

Je rejoignis Eleanor qui semblait chercher à savoir si je lui en voulais. Je ne lui cachai pas que je lui en voulais un peu. Je pensais passer une toute autre soirée. Heureusement que je n’avais pas de concert prévu au Stryge, sinon, j’aurais eu la haine. Je n’avais jamais raté de concert pour une garde à vue mais le jour où sa arrivera, je crois que ça sera moi qui ferait un scandale dans le commissariat.

En ce qui concernait le coup de poing, elle trouvait que s’en était un de trop. J’haussai des épaules. Oui, sans doute. Mais bon, c’était comme ça. Les choses n’allaient pas changer en un jour même avec toutes les Eleanor du monde…

Je me plaignais un peu de l’argent que j’avais perdu et Eleanor éclata de rire alors que je sortis du commissariat avec elle. Je fis la moue… Ce n’était pas tellement drôle. J’avais perdu pas mal d’argent et je ne roulais pas sur l’or…

Sauf qu’elle non plus et elle me fit remarquer que les 5$ que j’avais perdus avec le reste étaient les siens.

Ouais… Je devais l’avouer… Elle marquait un point. Donc, ni elle, ni moi, ne pourra nous payer un Irish Coffee. C’était bien ma vaine. Je soupirai.

-Et ben, on fait une belle équipe, tous les deux... On est tous les deux fauchés…

Ça signifiait que j’allais devoir rentrer chez moi pour aller chercher de l’argent et puis retourner au pub… Seul, bien sûr, dans cette configuration.

Mais Eleanor en décida autrement. Je ne savais pas si c’était la culpabilité qui l’avait poussé à m’inviter chez elle mais ça me fit sourire.

-Va pour le Nell Coffee alors.

Nell… Ça semblait être son surnom. Alors, j’allais l’appeler comme ça à partir de maintenant. C’était plus court.

Ma voiture était loin et Nell n’en avait visiblement pas alors on marcha jusqu’à chez elle.

Elle marchait sur le béton du trottoir pour être à ma hauteur et se tenait de temps en temps sur mon épaule pour ne pas perdre l’équilibre. Et elle parlait… Parlait… Parlait… C’était un vrai moulin à parole et ça me faisait rire alors qu’on arpentait les rues qui, à cette heure, étaient encore sombre.

Finalement, elle pointa un bâtiment déclarant que c’était chez elle. On grimpa au premier étage avant d’entrer dans son appartement. Il était plus beau que le mien ce qui n’était pas fort difficile. Je souris avant qu’elle me dise qu’il y avait un chat qui se cachait certainement quelque part et que c’était normal si j’entendais protester en m’asseyant.

-Oh, le bordel, j’ai l’habitude. C’est pire chez moi. Et je ferais attention au chat.

Pendant que Nell s’en alla faire le café, je m’installai dans le fauteuil en poussant un soupir de soulagement. On avait pas mal marché et après mal nuit, j’étais mort crevé. Je m’affalai un peu regardant autour de moi. Nell semblait vivre toute seule ici, ce qui m’étonnait. Moi, je l’avais toujours imaginé en couple… Mais non, elle vivait seule avec un chat, apparemment.

Elle revint avec les deux cafés et je souris alors qu’elle semblait fier de son œuvre. Je sifflai.

-Waw, pas mal. Ils sont encore plus garnis qu’au pub.

J’en pris un et ne tardai pas à boire. Elle y était pas allée de main morte sur le whisky. J’esquissai un sourire.

-Et ils sont plus chargés qu’au pub aussi.

Je rigolai un peu avant que Nell ne revienne sur la soirée en expliquant son geste. Elle s’en voulait un peu mais elle avait agi comme elle pensait devoir agir.

-Ouais… Tu as pensé bien faire, je sais. Et je dois avouer que j’admire ton cran. C’est rare qu’un témoin appelle les flics. Ils ont peur en général, ce qui nous arrange…

Mais Nell était tellement sûre de ses convictions qu’elle n’avait peur de rien.

Elle but une gorgée de son café et sa grimace me fit rire.

-Je te l’avais dit. Tu l’as bien chargé.

Même si ça ne m’empêchais pas de descendre le café comme si c’était du petit lait.

-Par contre, je suis assez étonné. Je t’avais imaginé en couple avec un type engagé comme toi. Tu vois, le genre bohème qui, comme toi, file de la soupe aux SDF et qui, en même temps, fait des études de médecine pour partir avec médecin sans frontière dès qu’il aura son diplôme et qui te prendra dans ses bagages.

Ouais, c’était très précis mais c’est ce que j’imaginais.

-Mais non… Tu vis seul et ça te dérange pas d’inviter un Los Diablos à prendre le café.

Je rigolai un peu buvant encore une grosse gorgée.

-Mais, dis-moi, tu fais quoi dans la vie au fait ? A part le bénévolat… Parce que j’imagine que ce n’est pas le bénévolat qui paye les factures.

Non, le bénévolat ça ne paye que la conscience, en fait…

@ Billy Lighter

Puisque j’avais vidé mes poches et offert à Johnny mes cinq derniers billets, je ne pouvais malheureusement pas me racheter auprès de Finan en lui offrant un Irish Coffee dans un pub, cependant, j’avais peut-être une solution de rechange qu’il accepta.

- Chouette !

Il fallait marcher jusque chez moi mais à deux et en bavardant, le trajet sembla moins long et moins effrayant. Je faisais ma brave mais je n’aimais jamais marcher tard le soir et la nuit, seule pour rentrer chez moi après une manif ou un rassemblement bénévole. Dans ce temps-là, je faisais des décomptes dans ma tête ou je comptais mes pas mais en tous les cas, je calculais, à l’envers ou à l’endroit. Ça me permettait de focusser sur autre chose que ma peur d’avoir peur.

Avec Finan, je ne craignais rien.

Une fois chez moi, dans mon tout petit bocal un peu bordélique, je lui proposais de s’assoir le temps que je nous concocte un café spécial Nell en m’inspirant des vrais Irish coffee et ça tombait plutôt bien puisque j’avais une bouteille de whisky ouverte que pour en respirer l’odeur alors, nous n’allions pas manquer de carburant, c’était déjà ça !

- Ce n’est qu’un tout petit chaton, encore. Je l’ai trouvé près de la buanderie au coin de la rue.

Je lui cherchais d’ailleurs toujours un nom.

Selon Finan, mes cafés étaient plus garnis qu’au pub où il a l’habitude d’aller en boire. Forcément, ça me fit afficher un air fier. E plus chargés aussi, c’est ce que je pu moi-même constater en prenant ma première gorgée, moi qui n’ai pas l’habitude de boire, la preuve, cette bouteille de whisky range dans mon réfrigérateur depuis je ne sais combien de temps et qui n’avait été ouverte que par curiosité.

Je profitais que nous étions dans un environnement plus tranquille et sécurisant, du moins pour moi, pour revenir sur mes actions de ce soir. Je n’avais pas demandé l’aide de la police pour me venger de lui, mais parce qu’au fond de moi, j’avais cru que c’était la chose à faire. J’avais suivi mes principes tout comme lui aurait suivit les siens s’il n’avait pas été intercepté par la police.

- Au moins, tu ne m’en veux pas trop…

Et peut-être même plus du tout.

Je grimaçais en buvant mon propre café, non pas que je ne le trouvais pas bon mais parce qu’il donnait chaud et brûlait la gorge parce que j’avais eu la main lourde en visant le whisky. C’était peut-être même un whisky au café.

- Je ne savais pas comment doser les proportions alors j’y suis aller à l’œil…

Il faut un Mississipi pour égaler une once d’alcool et peut-être qu’en fait j’ai calculé trop de Mississipi.

Finan s’intéressa à ma vie privée ensuite et ça me fit légèrement rougir, à moins que ce ne fut à cause du whisky.

- Et bien, je l’étais. Mais justement, nos moyens d’actions divergeaient trop… Il était du genre à aller saboter de la machinerie industrielle pour faire capoter un plan de construction d’une nouvelle usine ou de s’enchainer aux arbres.

M’enchainer a un arbre, j’aurais pu le faire mais saboter des camions et risquer des vies humaines, je ne trouvais pas ça gratifiant. Ce n’était pas le genre de choses qui me rejoignais, user d’une forme de violence pour se faire entendre c’était hors de mes principes.

- Et donc je vis seule, oui, avec un chaton et je n’ai pas peur d’inviter un Los Diablos chez moi parce qu’en fait avant d’être un Los Diablos, tu es Finan Quinn, pas vrai ?

Je ne le définissais pas par le gang auquel il était relié mais par l’humain qu’il est d’abord et avant tout. Je ne partage pas certaines de ses valeurs mais nous devions certainement en avoir en communs.

- Et bien… Je chante… j’aimerais chanter… j’ai eu quelques rôles dans des pièces de théâtres et des musicale mais rien encore de grande envergure. Sinon en ce moment je cumule des petits boulots ici et là, comme secrétaire entre autres, rien de bien extraordinaire… juste… des jobs qui paient le loyer.

Je ne voulais pas passer pour une prétentieuse qui attendait patiemment qu’on la remarque et vivre la gloire éternelle. Je savais que ça ne fonctionnait pas comme ça. Il fallait aussi avoir des contacts et ça… je n’en avais pas vraiment.

- Et toi ? Je sais que tu travail de temps en temps au Stryge mais sinon, tu fais quoi de tes dix doigts ?

Et c’est la que la petite boule de poil se pointa le bout du museau et grimpa sur les cuisses de Finan.

- Irish ! Je vais l’appelé Irish !

Je levais ma tasse pour porter un toast à cette nouvelle révélation et j’en bus de très longues gorgées. Si bien que ma tasse était presque vide et que j’allais devoir la remplir à nouveau. Aussi bien dans ce cas ramener que la bouteille de whisky ça sera plus simple et j’avais assez marché pour ce soir.

@ Billy Lighter

Je découvris l'appartement de Nell en même temps que j'appris qu'elle avait un chat. Un chaton pour être exacte. Je laissai traîner mon regard avant que Nell ne revienne avec tout ce qu'il me fallait : un café bourré de whisky. Et il était bien chargé... Encore plus qu'au pub ce qui, pour moi, était une bonne chose. J’aimais quand c'était bien chargé surtout après une soirée pareille.

Nell cherchait à savoir si je lui en voulais tout en justifiant son acte. Je comprenais d'une certaine façon et elle sembla rassurée que je ne lui en veuille pas trop. Je me retiens de dire que je n'en voulais jamais longtemps aux jolies filles mais me contentai, finalement, d’un sourire.

Après avoir bu une gorge de son propre café, elle grimaça remarquant qu’elle y était allée fort sur le whisky. Elle déplorait alors son incapacité à doser. Je rigolai un peu.

-De mon avis, il est parfaitement dosé.

Pour moi, en tout cas mais je n'étais pas un petit buveur.

Je finis par parler d'elle disant que je ne l'aurais jamais imaginé célibataire avec un chat mais en couple avec un genre d’activiste comme elle. Elle avoua avoir eu ce genre de type comme ex mais il était trop extrême pour elle. Je ricanai un peu.

-Ouais je vois bien le genre...

Donc elle vivait bien seule avec un chaton et n'avais pas peur d'inviter un Los Diablos. Pourquoi? Parce que Nell avait cette capacité de voir au-delà du Los Diablos que j'étais. Je souris sincèrement. Chaque Los Diablos avait sa réputation plus ou moins surévaluée. Par exemple, beaucoup avaient peur d’Alonso parce qu'il intimidait les mauvais payeurs et était chef de gang alors qu’Alonso a bien plus de sens moral qu'on ne l’imagine. Quant à moi, j'étais vu comme un pacificateur plus que comme quelqu'un de belliqueux même si je n'hésitais pas à utiliser la violence quand il le fallait. Et… Ce n’était pas totalement faux mais les choses étaient bien plus complexes que ça…

-J’avoue que les gens ont plus souvent tendance à voir le Los Diablos avant de voir mes autres facettes. Ça me change un peu.

Elle expliqua ensuite qu'elle chantait et ça illumina mon visage. Je chantais moi aussi et je n'aurais jamais imaginé que Nell faisait de même en dehors des petits boulots qu'elle avait.

-Tu chante? Genial ! Tu es pleine de surprise dit donc. Si ça tombe, un jour, tu pourras vivre de ça.

Je l’espérais pour elle.

Elle me renvoya alors la question et je souris.

-Et bien, je chante aussi et je suis musicien. Je fais pas mal d'instrument différent. Guitare, basse, batterie, flute et j'en passe. Une bonne partie de mon argent passe là-dedans. Je fais de temps el temps des concerts au Stryge.

Un fois ma phrase terminée, une petite boule de poil grimpa sur mes genoux ce qui provoqua l’exclamation de Nell qui voulait, du coup, l'appeler Irish.
J’éclatai de rire en caressant le petit chat.

-Bonne idée, tu auras un souvenir de moi comme ça.

Après ça.... Ben disons qu'on a continué à discuter de tout en descendant le whisky. J'ai raconté des anecdotes de mes années en orphelinat cherchant chaque fois mes plus drôle et... Et je ne me rappelle plus du reste à vrai dire à part qu'on a bus, bus et encore bus pendant… Je ne sais même pas combien de temps avant que… Ben qu’on ne s’endorme je suppose…


Je ne sais pas vraiment ce qui me fit émerger... Peut-être le mal de tête que j’avais. Mais je finis par émerger doucement de mes songes clignant quelque fois des yeux.

J'étais dans un lit... Pas seul... J’étais avec Nell qui dormait dans mes bras.

Ok…

Je secouais la tête constatant qu’elle était aussi nue que moi.

Et je ne me rappelais de rien... Même si je pouvais facilement déduire ce qui avait fini par de passer, le fait était que j’aurais voulu m’en rappeler si ce que je pensais qu’il s’est produit s’est bien produit...

Je regardai vers le réveil... Il était 13h... Heureusement que personne ne m'attendait nulle part.

Je sentais Nell remuer un peu et elle finit par ouvrir légèrement les yeux. Je lui souris et soufflai un petit :

-Hey...

Pour la saluer...

Malgré la cuite, elle était toujours belle. Mais je n'osais, pour l'instant, pas vraiment caresser sa joue certainement à cause du manque de souvenirs de comment les choses s’étaient passées.

-Je crois qu'on a pris une cuite. Enfin, moi en tout cas...

Je lui parlais doucement.

-Tu te rappelle de... Comment a on a fini là...?

Ça ne me choquait pas... Mais je ne savais pas comment allait réagir Nell.

@ Billy Lighter

Finan aurait pu croire que je voulais le saouler parce que mon café était vraiment bien chargé mais pour ma défense, c’était la première fois que j’en faisais un alcoolisé et que je n’avais aucune idée des proportions.  D’un autre côté, il avait eu mieux que son Irish Coffee donc aussi bien dire qu’il était gagnant. Puis je préférais moi boire ça à la maison pour pouvoir discuter plus librement, sans avoir à chuchoter ou pire, se crier dans les oreilles pour couvrir le son de la musique et s’entendre parler.

D’être chez moi plutôt que dans un pub, permettait aussi de parler plus intimement de nos vies privées. En début de soirée je n’aurais pas imaginé en arriver là mais je n’avais aucun souci à en parler. Je lui confiais donc être séparé de mon dernier petit copain parce que, bien que nous partagions les mêmes idéaux, je n’étais pas en accord avec les moyens qu’il employait.  J’en dévoilais également un petit peu plus sur moi en confiant chanter, du moins, je tentais ma chance sur cette avenue chaque fois que l’occasion se présentait, malheureusement, elle ne passait pas souvent dans le coin.

- J’aimerais bien aussi. Je continu de rêver… tant que ça ne coûte rien de le faire !

Dans le monde d’aujourd’hui, rêver était bien la seule chose qui ne coûtait rien !

Finan chantait aussi ce qui me fit afficher un air surprit.

Agréablement surprise.

- Ah oui ? Il faudrait bien faire un truc ensemble un de ces quatre, ce serait chouette !

Je m’avançais un peu… Nous avions sans doute un style très divergeant mais qui sait ? Il y a toujours moyen de trouver des solutions !

- Je viendrai te voir un jour au Stryge, si tu veux.

Peut-être que l’idée déduisait Finan mais il n’eu pas le temps de me donner sa réponse qu’il fut sauvagement attaqué par mon petit chaton qui… sauta sur ses cuisses pour s’y pelotonner, ronronner et s’y endormir. Ce moment de tendresse entre ma petite boule de poil et le Los Diablos au cœur tendre me décida sur le nom que porterait mon chat.

Mes paupières papillonnaient mais je n’avais ni la force et encore moins le courage d’ouvrir les yeux mais j’entendis une respiration qui n’était pas la mienne puis j’entendis les battements d’un cœur sous mon oreille. Un torse me servait d’oreiller. Devais-je ouvrir les yeux?

- Mmmh, marmonnais-je avant de prendre mon courage a deux mains et d’ouvrir un œil… puis l’autre.

Lentement, parce qu’elle me donnait l’impression de peser une tonne et parce que j’avais la désagréable impression qu’elle tournait. Je parvins tout de même à me redresse un tout petit peu, juste assez pour surplomber Finan et lui sourire. De toute évidence, nous avions couchés ensemble, et, après un petit moment de réflexion, certaines bribes de notre nuit ensemble me revenaient doucement.

- Nous l’avons partagés cette cuite.

Je posais une main sur mon front parce qu’il me donnait l’impression d’être fissuré puis je me recouchais, mais la tête sur mon oreiller, allongée sur mon flanc et je regardais Finan.

- Je me souviens que tu m’as dit que j’étais plus belle qu’un couché de soleil en Irlande… c’est certains que si tu as usé d’une stratégie aussi malicieuse que ça, je ne pouvais que succomber !

J’éclatai de rire mais j’arrêtais abruptement parce que je me donnais moi-même des crampes au cerveau.

- Ce qui est dommage, c’est qu’il semble que ni toi ni moi n’avons de souvenir de la nuit dernière. `

Sous les draps, je caressais sa jambe avec mon pied, je remontais de sa cheville jusqu’à son mollet avant de pianoter du bout de mes doigts sur son torse et, malgré que ma tête semblât attachée à un bloc de béton, je me hissais sur lui et l’embrassais au risque de me faire repousser.

@ Billy Lighter

En me réveillant, j’eus quelques souvenirs de la nuit dernière. Comme celui où Nell m’avait avoué être chanteuse et où j’avais accepté, avec un grand sourire qu’elle vienne voir l’un de mes concerts au Stryge. Je me rappelle aussi qu’elle avait proposé qu’on fasse un truc artistique ensemble et que j’avais accepté aussi, pressé, finalement, de voir comment Nell chantait.

Et… Peut-être même qu’elle me l’avait montré mais, en me réveillant, si ce souvenir existait, il avait bel et bien disparu… Tout comme ce qu’il s’est passé après tout ça et qui me semblait évident. On avait couché ensemble. C’était plus que clair et je râlais un peu de ne pas m’en rappeler.

J’avais largement abusé du whisky pour ne plus avoir de souvenirs comme ça.

J’émergeai en me disant tout ça qu’alors que la chaleur du corps de Nell ne me donnait aucunement envie de partir d’ici. J’étais bien là… Et j’avais comme l’impression que je devais en profiter avant que Nell ne se réveille et ne me dise un truc du genre : « on aurait jamais dû faire ça ». Moi, je ne le regrettais pas. Mon simple regret était de ne pas en avoir de souvenir

Et Nell se réveilla. Tout doucement qu’elle le fit alors que, d’une voix encore un peu endormie et éraillée par l’alcool, je la saluai.

Elle se redressa un peu alors que je constatai que j’avais pris une cuite. Une cuite qu’elle avait prise aussi. Je rigolai un peu.

-Je te l’avais dit qu’il était trop chargé.

Je disais ça sur le ton de l’humour sachant très bien que ce n’était sûrement pas l’Irish Coffee qui nous avait mis dans cet état mais ce qu’on avait vu après.

Elle se recoucha et je tournai la tête vers elle alors que c’est tout son corps qui était tourné vers moi. Elle me donna l’un de ses souvenirs. Celui où je lui avais dit qu’elle était plus belle qu’un coucher de soleil en Irlande et que c’était le genre de chose qui la faisait succomber. Je rigolai à nouveau un peu. Je n’avais pourtant jamais vu de coucher de soleil en Irlande mais mon compliment était certainement sincère parce que, pour moi et même si je n’en avais jamais vu, les couchers de soleil en Irlande étaient les plus beau au monde.

-Tu es bien la première qui est sensible à ce genre de compliment…

Je disais ça en souriant. Mais c’était vrai. Des filles que j’avais draguées en tout cas.

Elle éclata de rire et je souris avant qu’elle ne s’arrête visiblement à cause de son mal de tête que je partageais. Sauf que j’en avais bien trop l’habitude.

Mais on ne partageait pas que ça. On partageait le fait qu’on trouvait dommage de ne pas se rappeler de la nuit. Je n’aurais jamais imaginé ça d’une fille comme Nell… Pourtant, elle était vraiment pleine de surprises.

Je souris.

-On est deux à trouver ça dommage.

Mais elle était visiblement prête à raviver nos souvenirs alors que mon cœur se mis à battre un peu plus vite quand son pieds remonta jusqu’à mon mollet et que ses doigts virent toucher mon torse. Je la dévorai du regard avant qu’elle ne se hisse sur moi pour m’embrasser.

C’était un baiser tendre que je lui rendis redécouvrant ses lèvres dont j’avais oublié la saveur. La tendresse fit place à plus d’envie alors que je bisai le baiser pour l’embrasser à nouveau mais avec plus de fougue massant sa langue de la mienne. Pendant ce temps, ma main parcourait son corps m’attardant sur ses fesses alors que nos corps nus frissonnaient.

Je laissai durer ce moment où on s’embrassait frôlaient nos sexes l’un à l’autre avant que je ne fasse basculer doucement Nell sur le dos pour la surplomber.

-Tu sais comment me rafraichir la mémoire.

Je l’embrassai à nouveau caressant sa poitrine d’une main avant de descendre mes lèvres dans son cou et puis sur ses seins que je suçai alors que ma main caressait son intimité avec de plus en plus de ferveur. Je faisais durer mes baisers et mes caresses écoutant ses gémissements avant de revenir prendre ses lèvres mon sexe flirtant de plus en plus avec le sien alors que je lui soufflai que j’avais envie d’elle.

@ Billy Lighter

De toute évidence, Finan et moi avions abusé du whisky et cela nous avait conduit directement dans mon lit. J’aurais aimé en avoir un souvenir franc, pas simplement l’apprendre parce que je me suis réveillée toute nue et dans ses bras. C’était dommage parce que je dois bien avouer de ne pas être insensible à ses charmes, malgré nos divergences d’opinions.

- Tu as aussi dit qu’il était parfaitement dosé !

J’aurais bien rigolé si je n’avais pas autant mal à la tête.

Tout comme Finan, je ne me souvenais pas de grand-chose de notre soirée, cependant, j’avais une bride de plus que lui. Il m’avait fait un compliment absolument mignon et force était d’admettre que ça avait fonctionné.

- Oh ! Alors je ne suis pas la seule à qui tu dis ça ? Je devrais te pousser en bas de mon lit !

Je n’avais pas l’intention de le pousser en bas du lit, au contraire. Je me sentais plutôt bien, si on passait par-dessus des effets de l’alcool, bien évidement.

C’était dommage, ni lui ni moi ne nous souvenions de ce qui c’était passé. Si ça se trouve, on s’est endormis avant même de faire l’amour. Nous ne le saurons jamais vraiment, mais, pourquoi ne pas se faire un nouveau et vrai souvenir ? Je le caressais avec mon pied, de sa cheville jusqu’à son mollet puis sur ton torse avec ma main avant de me hisser sur lui et de l’embrasser.

Finan m’enveloppa tout de suite de ses bras fort et accentua notre baiser, le rendant plus grivois et sensuel alors que ses mains habillent coulaient dans mon dos, jusqu’à mes fesses.  J’avais envie de le chevaucher mais Finan nous bascula sur le matelas, provoquant mon rire, je passais mes bras autour de son cou avant qu’il ne se dérobe pour aller embrasser ma poitrine et reprendre ses caresses, entre mes cuisses cette fois.

- Et toi, comment me faire perdre la tête !

Je fermais les yeux, mordant ma lèvre inférieure tout en poussant quelques gémissements de plaisir. Je cherchais aussi à caresser Finan partout où j’arrivais à l’atteindre. C’était tellement bon qu’à un moment, je ne pu me retenir et je le pris en main puis le guidais en moi. Je l’enlaçais de mes bras, de mes jambes et cambrais des hanches pour le laisser aller et venir amplement.

- Finan !!

Je m’accrochais à lui, le tenant fermement sur ses biceps, y enfonçant mes ongles peut-être même. Puis je délaissais mon étreinte avec mes jambes pour venir planter mes talons dans le matelas, j’étais si près de l’orgasme, tout ce que je pouvais faire c’était de gémir et d’espérer ne pas tomber en bas du lit parce qu’en nous pivotant sur le matelas, il nous avait allongés très près du bord. Ça serait un peu maladroit de terminer ainsi…
Mais ce ne fut pas le cas.

J’exaltais de plaisir en criant fort son nom, assez fort pour que le voisin de l’appartement voisin frappe dans le mur nous exhortant de faire moins de bruit. Je plaquais une main sur ma bouche en rigolant.

- C’est embarrassant ça !

Mais c’était surtout très drôle.

Je renouais mes étreintes pour garder Finan au plus près de moi. Je n’étais pas prête à le laisser aller tout de suite… Je voulais le garder encore un petit peu pour moi toute seule. Enfin, pour moi et pour Irish qui avait décidément adopté Finan. Mon petit chaton avait choisi ce moment pour faire irruption dans ma chambre, sauter sur le lit et grimper sur le dos de Finan.

- Irish… t’es sérieux, là ?

@ Billy Lighter

C'était vrai. Son Irish Coffee était parfaitement dosé. C'est certainement le whisky qu'on avait bu tout seul par après qui avait été mal dosé au point qu'on ne se rappelait que très peu de la nuit.

Dommage... Je ne cessais de me dire que j'aurais voulu en avoir quelque souvenir. Tout comme j'aurais voulu me rappeler du moment où j'ai fait ce fameux compliment à Nell qui semblait l'avoir fait craquer contrairement à d’autres filles. Et elle s indigna un peu quand elle apprit qu’elle n'était pas la première fille à qui j'avais fait ce genre de compliment. Je rigolai un peu.

-Oh tu vas vraiment me balancer en bas du lit ?

Non. Ce n'était pas son intention. Son intention était plutôt de nous rappeler la nuit comme elle me le fit comprendre de quelques caresses. Caresses qui furent bien vite accompagnées de baisers avant que je ne décide de prendre le dessus en provoquant le rire de Nell. Je découvrais (redécouvrait?) sa poitrine ainsi que son intimité alors qu’elle disait, d'une certaine façon, que je savais comment lui faire perdre la tête. Je rigolai un peu profitant d'elle et de ses gémissements qui me faisaient frissonner.

Jusqu'à ce qu’elle me guide en elle et que je commence des vas-et-vient doux que j’agrémentais de baisers de temps en temps pour profiter de la chaleur de ses lèvres. Mais, bien vite, mes mouvements s’accentuèrent ainsi que mes gémissements et les cris de Nell qui remplirent la pièce. Ses ongles se plantaient dans la peau de mon bras mais le plaisir était bien plus fort que la douleur alors que je butais au fond d'elle jusqu'à l'orgasme. Entre temps, les voisins avaient manifesté leur profond désaccord et ça fit rire Nell autant que moi alors que je restai dans la même position parce que Nell m’étreignait et que je n'avais, de toute façon, pas envie de bouger tout de suite.

-Moi je trouve ça plus drôle qu’embarrassant.

Je rigolai un peu et j'allais embrasser Nell mais Irish sauta sur mon dos à ce moment-là provoquant une petite réaction de la part de Nell.

Je rigolai à nouveau.

-Les voisins et le chat n'approuvent visiblement pas.

Je réussi à attraper délicatement Irish et le mit sur le matelas sur mon coussin avant de surplomber Nell et l'embrasser. Apres ça je pris place à ses côtés reprenant Irish pour le mettre sur le matelas au-dessus de nos têtes.

Je me mis sur le flanc embrassant encore Nell avant de glisser ma figure dans son cou et de marmonner.

-J’ai pas envie de partir...

Pas du tout envie.

Je posai un baiser dans son cou avant de la regarder. Je soupirai.

-Je peux peut-être prendre un congé...

Je rigolai un peu.

-On dirait que tu as trouvé le moyen pour que je ne deale pas.

C'était une touche d'humour. Je n'allais pas arrêter de dealer pour autant mais l'envie de rester avec Nell le reste de la journée était grande. Je fis une moue.

-Même si... Tu as peut-être des choses à faire. Je voudrais pas m'imposer.

Tout en parlant, je faisais des dessins du bout de mes doigts sur son bras.

@ Billy Lighter

Mes voisins n’avaient pas apprécié notre concert a capella, pourtant, ce n’était pas faute d’y avoir mis du cœur ! Je trouvais la situation embarrassante quoi que cocasse. C’était d’ailleurs ce qu’en pensait Finan, mais il n’aurait pas à les voir près de la boîte aux lettres le matin ! Je rigolais, cependant, parce que pour dire la vérité, je m’en foutais un peu de l’opinion de mes voisins.

Ce fut ensuite au tour de mon chaton, nouvellement baptisé Irish, de se manifester en sautant d’abord sur le lit pour ensuite grimper sur le dos de Finan.

- Ouais, je vois bien ça… mais tant pis pour eux, nous n’avons pas besoin de leur bénédiction.

Délicatement, Finan attrapa Irish et le déplaça pour pouvoir s’allonger sur son flanc, à mes côtés et je fis de même, pour le regarder, l’enlacer et lui rendre les baisers qu’il m’offrait si délicatement. Nous vivions un moment un petit peu dingue, ou plutôt c’était une normalité s’inscrivant dans la lignée de ce que nous avions vécus dans les dernières heures.

- Je n’ai pas envie que tu partes…

C’était la vérité.

Nous étions bien là, à se câliner tout en combattant le mal de tête de la plus belle des façons. En prime, nous avions Irish pour donner des coups de pattes dans nos cheveux en pétard. Je temps en temps, Irish envoyait une mèche de mes cheveux dans mon visage et je plissais du nez avant de souffler dessus pour la faire voler plus loin. Ça ne m’empêchait pas de regarder Finan, de lui caresser la joue doucement du bout des doigts.

- Un jour de congé ne peut pas faire de tord…

Le moment était parfait.

Jusqu’à ce que Finan confit que j’avais trouvé le bon moyen pour l’empêcher de dealer. Je sentais bien qu’il n’était pas sérieux, son ton était plaisantin, mais ce fut comme un retour beaucoup trop abrupt à la réalité. J’avais déjà donné dans une relation toxique ou j’avais cru pouvoir changer mon ancien petit ami mais j’avais été plus blessée qu’autre chose.

- En fait… c’est un peu bête mais… oui. J’ai des trucs à faire…  Mais pas tout de suite, nous ne sommes pas encore dans l’urgence…

Je ne voulais pas non plus le foutre à la porte.

Pourquoi avait-il fallu qu’il ramène ça sur le tapis… ou plutôt dans le lit. Vendre de la drogue était à ce point important pour lui pour qu’il ne puisse s’empêcher d’y songer ?

Je me sentais vraiment triste, soudainement, alors qu’il n’y avait pas cinq minutes, je me sentais flotter sur un petit nuage, et dans les bras de Finan en prime.

- Ce qu’on vient de faire, et cette nuit aussi… c’était quoi pour toi ?

Une erreur de jugement, peut-être bien.

Ce n’était pas non plus une demande en mariage, je ne suis pas stupide, non plus désespérée au point de m’accrocher au premier mec qui me mettra dans son lit… dans mon lit dans ce cas-ci mais je n’avais pas non plus l’habitude de coucher comme ça.

- J’ai peur d’avoir  mal ou de te faire mal. Nous sommes si différents, Finan.

@ Billy Lighter

Ni les voisins, ni le chat ne semblait très heureux de ce qu’on venait de faire. C’est ce que je constatai alors que Nell déclara qu’on n’avait pas besoin de leur bénédiction à tous. J’esquissai un sourire hochant de la tête.

-C’est vrai.

J’avais mis le chat au-dessus de nos têtes alors que je m’étais remis sur le flanc à ses côtés. Je profitai encore un peu de ses lèvres avant d’enfuir ma figure dans son cou constatant que je n’avais aucunement envie de partir. Et mon cœur se mit à battre plus vite quand elle déclara ne pas vouloir que je parte.

Je relevai un peu la tête lui souriant alors qu’Irish s’amusait avec les cheveux de Nell. Le petit chaton cherchait l’attention mais les yeux de Nell étaient rivés sur les miens.

Je ne voulais pas partir. Je voulais m’accorder un congé. Nell n’était pas contre. Elle disait qu’un jour de congé ne pouvait pas faire de tort.

Non… Enfin, si… Je devais au moins téléphoner à Alonso pour le prévenir. Il acceptera mon congé, j’en étais certain mais je devais lui montrer que j’étais en vue. Surtout que le fait que je me sois fait avoir par les flics a déjà dû se savoir au sein des Los Diablos. Il fallait que je rassure mon meilleur ami.

Mais pas tout de suite. Je me contentai d’hocher la tête en souriant.

-Non. Ça ne peut vraiment pas faire de tort.

Et j’y ajoutai une touche d’humour. Mais j’eus comme l’impression que ça refroidi un peu l’ambiance d’un seul coup. C’était tout moi ça… Quand j’étais bien avec une fille, j’arrivais toujours à dire quelque chose qu’il ne fallait pas. Une touche d’humour qui ne passait pas.

Comme maintenant.

Alors quand je demandai à Nell si elle avait des choses à faire, elle confirma que « oui ». Mais pas tout de suite. Mon sourire fâna un peu.

-Ah… Ok…

Je voyais que le visage de Nell n’était plus enjoué mais… Triste ? Oui… Du coup, je descendis un peu de mon nuage alors que la question de Nell me fit entrouvrir la bouche avant que je ne la ferme.

Cette nuit… C’était quoi pour moi ? Je n’en avais pas de souvenir ! Et ce qu’on venait de faire… Et bien… Je n’y avais pas réellement réfléchis.

-Heu…

C’est tout ce que je réussis à dire avant que Nell n’explique qu’elle avait peur… Peur d’avoir mal ou de me faire mal. Parce qu’on était différent. Oui, c’est vrai. J’étais un dealer et cette position de dealer m’avait mainte fois empêché de vivre une vie casée avec une fille et des rejetons. Je le savais. J’avais aimé des filles… Une était morte mais, avec Bailey, par exemple, on n’avait jamais pu vivre ce qu’on voulait vivre parce que c’était une South Panthers et moi un Los Diablos. Ou, dit plus platement, j’étais dealer et elle était une prostituée et aucune d’entre nous ne savions nous défaire de ça.

Nell, elle, était une fille bien qui aidait les SDF et moi, je les enfonçais en leur vendant de la drogue.

Je soupirai.

-Je n’ai pas envie de te faire mal, Nell.

Je ne vais pas non plus lui sortir le mensonge que quand je couche avec quelqu’un c’est parce que je l’aime réellement. C’était faux. Je prenais les services de prostituée et je n’étais pas sur un coup d’un soir.

-Ce qu’on a fait cette nuit, je ne m’en rappelle pas mais… Ce qu’on a fait maintenant, j’en avais envie parce que je me sens bien avec toi.

Elle m’a fait oublié ma sale soirée et m’avait invité chez elle. A cause de remords, sans doute, mais le fait est que je me sentais bien avec elle.

-Et c’est la première fois que je n’ai pas envie de partir.

Le matin, je veux dire… De ça, elle pouvait conclure que je n’étais pas sur un coup d’un soir mais que, d’habitude, je ne restais pas.

-On est différent, Nell… Et… Je ne veux m’engager à rien. Mais… Si on laissait les choses aller. Se laisser vivre et c'est tout. Sans pression.

Je caressai sa joue.

-Mais si tu veux que je parte… Je m’en irais. J’ai déjà bien assez profité de ton hospitalité, je pense…

C’était son droit de me foutre dehors. Je le comprendrais. Je suis un dealer. Elle, elle est une des rares perles de l’Eastside.  

@ Billy Lighter

Il parait que toute bonne chose à une fin. Malheureusement il avait fallu que Finan précipite la fin de notre moment ensemble au lit en ramenant la réalité sur le tapis. J’aurais pu ne pas l’entendre, faire comme s’il n’avait rien dit mais c’était venu me chercher, bien malgré moi.

J’aurais aimé oublier pour plus longtemps que ça, qu’il dealait de la drogue.

Nous aurions pu prendre notre temps, passer la journée au lit, puis je me serais levé et je nous aurais fait des crêpes. Et j’aurais voulu lui montrer que je savais flipper les crêpes pour les dorer des deux côtés et bien sûr, elle aurait volé sur le sol, nous aurions éclaté de rire… Il aurait eu du sirop d’érable sur le menton et je l’aurais essuyé d’un baiser.

Nous étions dimanche, il n’y a rien à faire le dimanche ! C’est un jour de farniente, le seul dans la semaine où c’est correct de rester en pyjama à manger des céréales directement dans la boîte tout en regardant les dessins animés à la télé.

Ça me mis mal de me faire rappeler qu’il n’avait pas à dealer aujourd’hui, de toute façon, comme si ce n’était rien, et que tout allait bien. Ce n’était pas le cas hier et ça ne serait pas le cas demain.

Alors je mentis en disant que j’avais des trucs à faire aujourd’hui… pas tout de suite mais plus tard.
Je pense que Finan compris que j’avais un inconfort.

Finan devînt un rien plus sérieux, comme j’étais un rien plus triste.

- J’en avais envie aussi…

Je ne peux pas mentir non plus.

Finan est beau, rigolo, il a de la conversation. Je me suis sentie bien avec lui, assez pour faire l’amour avec lui, deux fois même si je ne me souviendrai que d’une seule…  Mais je n’étais pas du type à faire ça pour le plaisir.

Que pour le plaisir.

Finan avoua que c’était la première fois qu’il n’avait pas envie de partir. Ça me fit sourire, un petit sourire triste.

- Non, je ne veux pas que tu partes…

Pourquoi fallait-il que tout soit toujours si compliqué ?

Je me recroquevillais avant de me redresser, jambes contre ma poitrine et mon menton appuyé sur mes genoux.

- Tu sais… Laisser les choses aller… c’est plus sage, mais je sais qu’elles n’iront jamais plus loin que ce que nous venons de vivre. Je ne pourrai jamais me sentir bien en sachant que tu deal pour des gens pour qui je viendrai de remuer ciel et terre pour trouve run peu d’aide.

Il n’y avait pas que des clients de Finan dans ceux que j’aidais, je ne pouvais pas non plus faire une généralisation de ça. Beaucoup étaient des familles dont le père avait perdu son emploi, des gens qui avaient vécu un revers de la vie, des adolescents en fugues, pas que des junkies.

Le fait est que la présence des Los Diablos, des South Panthers et tous les autres n’aidaient jamais les actions que mon groupe de bénévoles et moi tentions d’appliquer.

Et je l’avais vécu… Cette histoire, déjà et sauf avoir mal et perdre confiance, je n’avais pas obtenu grand-chose.

- Nous devrions plutôt en rester là, plutôt que de se faire de fausses attentes.

Je passais une main dans mes cheveux avant de tourner la tête et le regarder.

- Je ne veux pas que tu te sente obligé de partir… nous pourrions tout de même profiter de notre journée avant de tourner la page, qu’est-ce que tu en penses ?

@ Billy Lighter

J’avais mis fin, bien malgré moi, à notre petit moment dans notre bulle. J’avais littéralement éclaté la bulle avec une touche d’humour visiblement mal placée. Et maintenant, j’avais retrouvé mon sérieux, tout comme Nell semblait triste.

Ce qu’on avait fait aujourd’hui… Et certainement la nuit. Je l’avais fait parce que j’avais été poussé par mon envie. Elle aussi confirma qu’elle en avait eu envie. Mais là n’était pas le problème en réalité. Ce n’était pas ce qu’on avait fait le problème, c’était tout ce que ça pouvait entrainer. Nell souligna qu’on était totalement incompatible. Elle était bénévole, j’étais dealer, là était le problème. Ainsi, quand elle se mit à penser plus loin… Elle ne pouvait que voir cette incompatibilité.

Pourtant, je n’avais pas envie de partie… Et elle ne voulait pas que je parte non plus. C’était une sorte de dead-end. Nell était coincé entre ses envies et sa tête qui lui montrait que je n’étais qu’un Los Diablos et qu’espérais un avenir ensemble était impossible.

Parce que c’était bien ça le problème, non ? Parce que s’il ne s’était s’agit que de coucher ensemble, il n’y aurait eu aucun problème. Elle n’aurait pas été triste. Elle serait passé au-dessus, aurait profité de la journée avec moi et voilà. On en serait resté là.

Seulement, j’avais l’impression qu’elle comme moi n’avions pas envie d’en rester là. C’était ce que signifiait « j’ai pas envie de partir »…

Alors, je lui dis juste qu’on pourrait laisser les choses aller. Attendre et voir. Qu’on pouvait, finalement, essayer de voir où tout ça nous menait.

Mais elle s’y refusa. Parce qu’elle était certaine que tout ça ne pourra jamais aller plus loin. Jamais elle nous pourra vivre avec moi et, en même temps, avec le fait que je suis dealer.

Je comprenais. J’hochai de la tête baissant un peu les yeux.

-Je comprends… Je ne peux pas t’en vouloir pour ça.

Et je ne pouvais pas arrêter de dealer. Pas pour une possible histoire d’amour naissante. Des gens comptaient sur moi… Les Los Diablos étaient la seule famille que j’avais.

Elle voulait en rester là… J’hochai de la tête. Elle avait sans doute raison. Et ça n’aurait pas dû me faire mal autant. J’étais un adepte des coups d’un soir. Pourtant… Ça me faisait mal.

Mais elle ne voulait pas que je parte tout de suite. Elle voulait qu’on puisse profiter de la journée.

Je soupirai… Je caressai brièvement sa joue un regard triste sur mon visage…

Puis, je me levai et commençait à enfiler mes vêtements qui étaient dispersé dans sa chambre.

-Il vaut mieux que je parte.

C’est ce que je soufflai en enfilant mes vêtements et une fois habillé, je fixai Nell.

-Je ne veux pas créer plus de souvenir... C’est mieux pour nous deux. Si je reste toute la journée, le soir venu, j’aurais encore moins envie de partir.

Je ne voulais pas m’infliger ça. Je ne voulais pas non plus infliger ça à Nell.

On devait en rester là. Elle savait que c’était le mieux. Alors, autant en rester là tout de suite.

-Merci… Pour la nuit et pour le matin.

Je la saluai avant de m’en aller. Et ce soir-là, j’avais été travaillé comme d’habitude après avoir passé l’après-midi dans un bar à boire.

J’avais dealer… Mais je n’arrivais pas à ne pas penser à elle.

Ce fut encore le cas, le lendemain…

Et le surlendemain…

Je ne pensais qu’à Nell. Rien qu’à Nell…Pour moins y penser, j’avais fait en sorte de dealer loin des rues qu’elle fréquentait.

Mais elle était là… Dans ma tête. Et elle ne s’en allait pas.

Alors, après quatre jours où j’avais bien trop peu dormis, j’étais allé la voir. Chez elle. J’avais toqué à la porte avant de poser mon font dessus.

-Nell… C’est Finan… Tu es là ?

Il était 1h du matin, je venais de finir ma journée et j’étais toujours hantée par Nell.

Il fallait que ça cesse. Il fallait que je la vois.

@ Billy Lighter

Finan et moi venions de foncer droit dans un cul de sac. L’euphorie de la nuit passé ensemble et celle renouvelé à notre réveil venait de nous quitter abruptement quand la réalité nous était tombée dessus comme une tonne de brique. Je ne pourrais pas fermer les yeux sur ce qu’il faisait, même par amour. Ça venait ébranler beaucoup trop fort tous ce en quoi je croyais, tout ce pourquoi je donnais le meilleur de moi-même.

Il valait mieux se rendre à l’évidence que notre histoire ne connaitrait jamais de lendemain.

Il n’y avait pas d’urgence, Finan pouvait rester pour la journée, nous pouvions en profiter mais il ne voulait pas étirer le supplice. Je devais bien avouer que c’était mieux ainsi.

- D’accord…

Je ne tentais pas de le retenir, ça ne valait las le coup. Finan se rhabilla donc, puis me remercia pour la nuit et pour ce matin. Je lui fis un signe de la main, voulant dire que ce n’était rien… alors que c’était tout en fait. J’avais envie de pleurer, j’allais très certainement pleurer mais j’allais attendre qu’il soit sorti de chez moi pour me briser en milles morceaux.

C’est dans la douche que je choisis de me laisser aller. J’y restais jusqu’à ce que l’eau devienne froide et que je me mette à claquer des dents plus que je ne pleurais. Après, j’ai fait ce que je savais faire de mieux… Je suis all au refuge St-John et j’ai donné de moi-même pour aider les plus démunie. J’y ai passé l’intégralité de mes journées, c’était mieux de m’occuper l’esprit plutôt que de trop penser. Le hic, c’est que mes pensées m’attendaient dans le détour et qu’une fois à la maison, je ne faisais que ruminer mes souvenirs, même mon adorable petit chaton était maintenant relié à Finan.

La Quatrième nuit, j’étais encore à tourner et me retourner dans mon lit, comme si l’odeur de Finan imprégnait encore les draps. Pourtant, je les avais lavés deux fois déjà ! Je voyais les heures passer les unes après les autres… 23h… 23h30… minuit… et puis à vers 1h du matin, on frappa à ma porte.

Jamais de ma vie je ne me suis recroquevillée aussi rapidement dans mon lit avant de m’élancer pour attraper le bâton de baseball planquer en dessous et de tendre l’oreille. On m’avait toujours dit qu’il valait mieux être trop prudente que de payer pour un excès de confiance, je ne pensais cependant pas que ça allait m’être utile, comme si le simple fait de savoir le bâton caché en dessous du lit suffisait à m’immuniser.

- Finan ?!

Je me levais en laissant de côté mon bâton et je marchais au travers mon petit appartement en ouvrant les lumières sur mon passage puis j’entrouvris la porte, la chaine de sécurité toujours en place. Je voulais m’assurer qu’il s’agissait bien de Finan et qu’il était seul.  

- Finan ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Nous sommes en pleine nuit…

Et il allait réveiller les voisins à m’interpellé au travers de la porte. Je soupirais et refermais la porte pour retirer la chaine puis ouvrit mais plus grand pour laisser Finan entrer.

- Je croyais que nous avions décidé que ce n’était pas une bonne idée…

Peut-être qu’il avait décidé de changer de voie… qu’il avait réalisé que notre histoire pouvait valoir la peine de faire ce sacrifice-là. Mon petit doigt me disait que je faisais fausse route et que j’allais encore avoir mal. Beaucoup plus mal.  Je l’invitais a se rendre au salon d’un geste évasif de la main, je me doutais que ce que nous avions à nous dire n’allait pas se faire dans le cadre de la porte.

@ Billy Lighter

Je n'avais pas le choix. Je devais venir chez Nell. Je ne dormais plus et, pendant la journée, je n'arrivais pas à penser à autre chose qu'à elle. Elle et elle seule. Au point où même Carlos avait vu à quel point j'étais distrait.

Et je ne pouvais pas être distrait pas quand, chaque nuit, je devais être attentif à tout.

Je toquai donc à la porte de Nell parlant à travers la porte pour dire que c'était moi. Qu'est-ce que j'attendais de cette visite? Je n'en savais rien... Peut-être que je cherchais à ce qu'elle me blesse encore plus pour pouvoir la détester ou bien peut-être que je voulais m'accrocher à l’espoir que ça pourrait fonctionner quand même.

Nell ouvrit la porte. Pas entièrement étant donné que la chaîne de sécurité était toujours mise. C'était la mesure de sécurité de base quand on vivait dans ce quartier.

Elle se demandait ce que je faisais là en pleine nuit. Question légitime. Je soupirai.

-Je devais te voir... Désolé pour l'heure...

Elle soupira et ouvrit plus grand la porte en disant qu'on s'était déjà dit que tout ça n'était pas une bonne idée. Le fait est que c'était son avis à elle pas le mien même si... Ouais, je dois me rendre à l'évidence qu'elle a raison.

-Je sais...

C'est ce que je soupirai l'air fatigué alors qu'elle m’invita dans son salon. Je me laissai tomber dans le fauteuil. Et je frottai mes yeux avant de regarder Nell.

-Je sais... Tu as raison... Ton boulot de bénévole ne va pas du tout avec mon boulot de dealer.

C'était un fait...

-C’est ce que j'essaye de me mettre en-tête. Ça fait quatre jours que je me répète ça et pourtant je n’arrive pas à penser à autre chose qu'à toi. J'ai essayé de t’éviter. J'ai dealer bien loin du refuge. J'ai essayé de me changer les idées en m’enfonçant dans mon boulot mais... Rien de tout ça n'a fonctionné et je n'en dors plus!

Ma voix était un peu éraillée par la tristesse que provoquait cette foutue situation mais aussi par ma fatigue.

-J’ai pensé à tout lâcher pour toi... Sérieusement. Mais... Ça serait abandonné ma famille. Parce que mes Los Diablos, c'est ma famille. Je n'en ais pas d'autre Nell... Mais le fait est que je ne peux pas non plus arrêter de penser à toi.

Je soupirai ne sachant pas vraiment où j'allais avec ça finalement.

-Je ne vendrais plus à ceux qui fréquentent le refuge...

Je lâchais sans d'un coup sans y avoir réfléchis…

-Mais ça n'est pas suffisant n'est-ce pas ? Si je veux nous donner une chance, je dois tout arrêter c'est ça ?

Je regardais Nell cherchant des réponses. Cherchant désespérément à savoir comment rendre les choses possibles.

@ Billy Lighter

Finan était arrivé chez moi en pleine nuit, comme un rêve sur l’oreiller. Nous ne nous étions pas revus depuis que nous avions fait l’amour, ça me troublait, à vrai dire. Ça faisait un peu tentative désespérer de resouder quelque chose qui n’avais jamais eu le temps de tenir ensemble.  Je le laissais entrer, parce que si je ne le faisais pas, je resterais avec cette question horrible de ne pas savoir ce qu’il voulait me dire. Je n’avais pas besoin de ce questionnement supplémentaire et comme je ne dormais de toute façon pas…

Il passa au salon puisque je l’invitais à le faire puis il se laissa tomber sur mon divan, l’air complètement… dépassé ? Oui je pense que nous étions tous les deux dépassés par les évènements.  Nous avions envie d’aller au-delà de ce qui s’était passé l’autre nuit mais nous ne voulions ni lui ni moi renier nos valeurs. J’en étais rendu à me dire que les siennes ou les miennes, ni l’une ni l’autre surclassait l’autre.

Finan en avait des choses à dire… mais il ne disait pas grand-chose… en fait si mais c’était un peu décousu…non… irréaliste ! Je l’écoutais attentivement, assise dans le fauteuil, mes mains à plats sur mes cuisses, comme si j’espérais qu’il m’envoie la balle à saisir.

J’avais bien remarqué qu’il ne semblait plus trainer près du refuge St-John, je n’avais pas cherché non plus à explorer tout autour. L’idée de tomber sur lui au détour d’une ruelle ne me séduisait pas. Je soupirais de chagrin alors qu’il avoua avoir songé tout lâcher pour moi mais qu’il ne le pouvait pas parce que les Los Diablos représentait sa famille. Je pouvais très bien le comprendre. Et jamais je n’aurais songé lui demander de tout abandonner surtout que maintenant, plus rien de cela n’aurait de sens.

- Finan…

Il déclara qu’il ne vendrait plus au gens qui fréquentent le refuge. Je hochais de la tête, c’était un petit pas dans la bonne direction bien que ça n’allait jamais enrayer le problème et… il y avait plus important et plus gros que ça encore.

- C’est insuffisant mais c’est tout de même très bien… mais…

Je devais me lancer, comme il l’avait fait, maladroitement mais avec tout son cœur. Il n’y avait que ça à faire, de toute façon.

- J’avais auditionné il y a un moment déjà pour être choriste dans la productions des Les Misérables qui se trouve en ce moment en Europe… je n’avais pas été retenue mais voilà que j’ai eu un appel et on me demande de les rejoindre le plus tôt possible.

C’était peut-être ma chance, j’espérais vraiment que ça le soit. Je rêvais de pouvoir chanter pour une production d’envergure comme l’était Les Misérables.

- Je pars dans quelques jours. Et je ne sais pas quand je reviendrai.

Ce genre de production, quand elle s’installait quelque part, c’était pour longtemps. Des mois, peut-être des années. Je ne savais pas ce qui m’attendais. Peut-être qu’une fois là-bas, il me dirait que finalement, je ne fais pas l’affaire et que je peux rentrer…

- C’est ma chance, je dois la saisir.

Demain, toute la journée, je devrais faire de boites pour vider mon appartement, entreposer mes choses chez ma mère le temps de mon absence, je n’avais pas les moyens de payer un appartement vide, je devrais d’ailleurs vendre plusieurs de mes choses pour payer mon billet d’avion.

Donc… tout ça mis ensemble… m’empêchait de passer mes dernières journées à m’investir dans une relation qui n’irait pas au-delà de quelques jours.

- J’aurais vraiment voulu que ça fonctionne nous deux, Finan. Je sais que je ressens des choses pour toi… que je ne peux pas encore définir mais ce n’est pas que de l’amitié…

Nous étions face à un mur, sans issu, sans espoir ?  je préférais me dire qu’il n’y en avait pas, ça ferait moins mal que d’espérer pour finalement se rendre compte que l’on va nulle part.

- C’est… sans issue.

@ Billy Lighter

Je ne savais pas pourquoi j'étais venu à la base mais, alors que je m’ouvrais à Nell pour lui dire ce que j'avais sur le cœur, je me rendis compte que ce que je voulais c'était tenter de nous donner une chance avec des arguments qui ne tenait pas la route. Je ne pouvais pas plaquer les Los Diablos et elle ne pouvait pas renier tout ce qu'elle faisait pour moi. Pourtant, je tentais quand même de montrer de la bonne volonté en promettant de ne plus vendre à ceux qui fréquentaient le refuge...

C'était insuffisant, je le savais mais Nell salua quand même l'effort avec un air réellement triste.

Et il y avait un "mais"...

Alors je me tu alors que Nell expliqua avoir auditionné pour les misérables et ne pas avoir été retenue de base mais elle avait été récemment rappelée et elle devait les rejoindre. J'aurais trouvé ça vraiment bien si je n'avais pas au passage entendu le mot "Europe".

J’entrouvris la bouche alors que ma respiration semblait comme bloquée. Je regardais Nell d'un air incrédule alors que j’assimilais ce qu'elle était en train de me dire...

Nell allait partir dans quelques jours et ne savais pas quand elle allait revenir. Et elle allait partir loin.

Avec cette nouvelle, mes maigres espoirs partirent en fumée.

Je n'arrivais pas à parler... Je l'entendais dire qu'elle devait saisir sa chance. Elle n'allait pas passer à côté. Nell n'était ni Bailey, ni moi... Nell sautait sur ses occasions et elle avait raison.

J'aurais dû lui dire tout ça. J'aurais dû l'encourager, la féliciter et tout ce bordel à la con mais je n'y arrivais pas...

Et vous savez quoi? Je crois que j'aurais pu à la limite réussir à sourire si Nell n'avait pas rajouter qu'elle ressentait quelque chose pour moi qui allait au-delà de l’amitié. Parce que là, ça voulait dire qu'on ressentait la même chose l'un pour l'autre mais que les évènements et ce qu'on était empêchait qu'on puisse vivre quelque chose tous les deux.

C’était sans issue.

Et quand ce constat fût fait, je retrouvai vaguement la parole.

-Je sais pas quoi dire.

Je secouai la tête légèrement pour remettre mes idées en place...

-Je... Enfin... Tu as une opportunité... Une belle opportunité alors tu ne peux pas la gâcher...

Je bafouillant vaguement ça. Et si je n'avais pas été un Los Diablos, j'aurais tout plaqué pour la suivre mais... Je ne pouvais tout simplement pas.  Ça signifiait certainement que ce que je ressentais pour elle n'était pas assez fort pour que je plaque absolument tout et elle pas assez fort que pour qu'elle ne parte pas.

Je soupirai.

-Sans issue... Là oui, c'est assez clair...

Irish sortit alors de sa cachette pour grimper sur mes genoux. Je regardai le chaton comme pour éviter le regard de Nell. Je le caressai me disant que lui aussi allait être laissé sur la touche. Sauf si Nell le prenait avec elle. Et comme pour éviter le sujet principal, je déclarai:

-Et ton chat? Je peux m'en occuper pendant ton absence, si tu veux....

Pourquoi je me proposais? Je ne sais pas. Probablement dans une tentative désespérée d'avoir un souvenir de Nell...

Je soupirai me frottant les yeux avant de regarder Nell.

-Si tu dois partir dans quelques jours, est-ce que je peux rester rien que cette nuit? La dernière fois, j'ai regretté d'être parti d'un coup. J'ai pas envie d'avoir de regrets cette fois....

J'avais dit ça en remontant mon regard sur elle.

-Et après, je te jure que je ne t’ennuierais plus...

De toute façon elle allait partir assez loin que pour que je ne l’ennuie plus.

@ Billy Lighter