J’avais décidé de rencontrer Victor au polo Lounge… Histoire de changer un peu. Mais aussi parce qu’on pouvait y apprendre des choses. Car oui, j’étais bien décidé à ne plus me laisser aller. J’avais cruellement besoin d’informations en tout genre et ce n’était pas en jouant les papas gâteaux avec J.R. et les maris modèles avec Maritza que j’allais apprendre ce qu’il se passait à Los Angeles.

J’étais en train de me faire dépasser par les événements et je n’aimais pas ça du tout.

La dernière information importante que j’avais apprise, c’était Ward qui me l’avait donnée. Il ne fallait pas demander ! Si Ward au fin fond de l’Eastside savait ce qui se passait dans la jet-set, alors que moi je n’en savais rien, c’était bien la preuve que je me relâchais.

Hors, le moindre relâchement de ma part pouvait avoir des conséquences désastreuses.

Pour l’instant, il fallait que je fasse en sorte que mon avocat continue de respirer. Il avait fait un énorme faux-pas et je n’étais même pas sûr qu’il en avait conscience !

Je lui avais donc donné rendez-vous ici. Ça allait indéniablement l’attirer. Victor aimait le luxe et il n’y avait pas plus luxueux que le Polo Lounge.

J’étais en avance et commandai un Mojito…

Je jouai avec ma paille dans les glaçons en imaginant comment j’allais amener les choses. Je ne pouvais pas le mettre devant le fait accompli. Il pourrait nier.

Non, il fallait que je l’amène à parler de l’aventure qu’il avait eue. Vantard comme il était, il ne saurait résister.

Je le vis entrer et se faire guider par un serveur jusqu’à ma table. Je me levai quand il arriva à ma hauteur et lui serrai la main.

-Salut, Victor… Ravi de te voir.

Je lui indiquai le siège en face de moi.

-Je t’en prie, assieds-toi… Comment c’était, New-York ?

Je savais qu’il avait récemment été à New-York avec Carrie Hughes, son épouse. J’ignorais les causes de ce voyage… Peut-être pour voir le fils de Carrie qui était resté là-bas.

Je m’installai et pris une gorgée de Mojito pendant que mon avocat commandait sa propre boisson… Une fois le serveur parti, je regardai Victor dans les yeux.

-Alors, Victor… Qu’as-tu fais à New-York ? Avec qui as-tu cocufié cette pauvre Carrie, cette fois ?

Je pensais que c’était une belle entrée en matière qui pourrait nous conduire à Gina Vitali. Si Ward avait vraiment raison et qu’il n’essayait pas de me faire commanditer un meurtre juste pour le fun.

Je devais avouer qu’avoir Jimmy Reed dans ses clients avait ses avantages. Et l’un d’entre eux étaient que ses lieux de rendez-vous valaient le détour. Le Polo Lounge. C’est là que Jimmy Reed voulait qu’on se voit. Pourquoi ? Mystère ! Peut-être pour me donner une affaire sur laquelle bosser… Je me demandais bien quoi mais rien n’excluais qu’il avait besoin de mes services en tant qu’avocat. Après tout, je suis là pour ça non ?

Bref, j’étais à la fois ravi et curieux. Il faut dire qu’après un voyage à New York plus qu’ennuyeux, j’étais, finalement, assez content d’être revenu à Los Angeles. Déjà, il faisait bien meilleure en ce mois de décembre bien que la neige à New York donnait toujours de très belles images. Je restais un éternel frileux plus habitué au climat californien et ça malgré les quelques années que j’avais vécu à New York.

Je m’étais préparer pour aller au Polo Lounge qui, finalement, n’était pas si loin de ma villa. J’y avais ma carte de membre depuis quelques années maintenant. Je l’avais obtenu un peu après avoir obtenu mon diplôme de droit. Il faut dire que mes parents étaient membres eux aussi alors j’avais facilement pu faire partie du club. J’étais, donc, chaque fois accueilli comme un roi quand je passais les portes du Polo Lounge.

Une fois entré, je fus amené à la table où se trouvait, déjà, Jimmy Reed. Je lui souris alors qu’il me salua et m’invita à m’asseoir ce que je fis non sans me départir de mon sourire.

-Salut, Jimmy !

Il sirotait son mojito alors que, moi, je commandai, directement, un whisky avec glaçons.

Il savait pour mon voyage à New York sûrement parce que j’en avais parlé à la tour BSC à ma dernière visite avant mon petit city-trip. A la tour BSC, les nouvelles se rependent comme le choléra dans un pays sous-développé. Je pris un air pensif à sa question.

-Et bien c’était à la fois ennuyeux et instructif… Je me suis déjà plus amusé à New York que ça, dirons-nous.

Un voyage avec Carrie était toujours ennuyeux… Je préférais la liberté que j’avais en dehors de nos très rares voyages ensemble.

Jimmy semblait vouloir en savoir plus sur ce que j’avais fait à New York et à sa question sur avec qui j’avais rendu cocu ma propre femme, je ne pus m’empêcher de rigoler un peu. Il n’y avait que Carrie pour ne pas croire à ma réputation de coureur de jupons. Il faut dire que je lui avais mainte fois dit que ce n’était que des conneries. Elle n’a jamais voulu chercher plus loin, à vrai dire.

-Avec personne, j’en ai bien peur !

Je dis ça en faisant une moue triste. Ouais… J’aurais voulu m’amuser un peu plus que ça à New York mais ça n’avait pas été le cas.

-Carrie m’a collé pendant tout le voyage… J’ai dû me taper d’interminable séances de shopping… J’aurais préféré me taper autre chose. Oh et on a rencontré la demi-sœur de Carrie aussi. Tu savais que Don Hughes avait une fille cachée ? Une petite bénévole de Los Angeles ? Bah maintenant tu le sais ! De toute façon, bientôt, tout L.A. sera au courant d’ici peu vu que le vieux Don va révéler ça dans sa future biographie. Bref… Cette fille ne m’a même pas tapé dans l’œil pourtant Dieu sait qu’elle est plus jeune que Carrie. Mais c’est un petit agneau qui se pose trop de questions… Rien pour me plaire !

Je me tus le temps que le serveur pose mon verre de whisky et s’en aille.

-Et je ne te parle même pas de la visite de son fils… Ce gamin est un petit emmerdeur capricieux. Comme je te le dis, ce voyage était d’un ennui mortel.

Voilà ! Je bus une gorgée de whisky avant d’afficher un petit sourire.

-Tu voulais me voir pour quoi ? Tu as une affaire à me confier ?

Victor ne tarda pas à arriver. Il était parfois en retard quand il s’agissait de rendez-vous professionnel dans des endroits austères. Mais pour un rendez-vous qui n’avait rien d’officiel dans un lieu aussi prestigieux que le Polo Lounge, il était toujours partant et motivé. D’où mon choix. Je voulais qu’il se sente à l’aise. Je voulais qu’il se laisse aller et qu’il me parle.

Bon, faire parler Victor Hunter n’était pas vraiment un challenge en soi. Il était très bavard. Mais encore fallait-il que je l’amène à avouer ce que Ward m’avait affirmé savoir. Parce que je n’avais aucune idée de si le nouveau patron du Wild m’avait menti ou non. Le seul qui avait la réponse, c’était Victor.

Et je voulais que mon avocat reste en vie. Parce que, comme ça arrivait parfois, comme avec le petit Ian, je m’étais pris d’affection pour Victor pour une raison qui m’échappait complètement.

Il me salua et je l’invitai à s’asseoir et à commander ce qu’il voulait…

Ainsi qu’à me parler de son voyage à New-York.

Qu’il ait trouvé ça ennuyeux ne m’étonna pas, mais le fait qu’il qualifie son city-trip d’instructif m’intriguait et me fit lever un sourcil. Pour que quelque chose intéresse vraiment Victor, il fallait déjà y aller !

-Instructif ? Je doute que tu aies fait la tournée des musées…

Je le voyais plutôt s’incruster dans la jet-set de la ville et s’y faire une petite place. Qu’il avait d’ailleurs peut-être déjà vu qu’il avait vécu quelques années là-bas.

Mais je voulais en venir à ses infidélités mais apparemment, il n’avait pas eu le temps ni l’occasion de s’amuser de cette façon. Et avant que j’aie pu l’inviter à en dire plus, son whisky arriva et il se lança dans une longue tirade dont lui seul avait le secret.

Je faillis m’étrangler avec un morceau de glaçon quand mon avocat affirma qu’il avait rencontré la fille cachée de Don Hughes. Une fille cachée qui ne le resterait pas longtemps car le vieux Don avait bien l’intention d’en parler dans sa biographie sur laquelle travaillait Juliet Jones.

Un petit agneau qui posait trop de questions… Au point que Victor n’ai même pas cherché à s’accoupler avec elle ni même, apparemment, à lui faire du rentre dedans. Je me repris.

-Une fille cachée ? Tu m’en diras tant ! Je ne connaissais pas cette facette de Don Hughes…

Et ça ne m’arrangeait pas… Pas du tout. Il commençait à avoir bien trop d’enfants. Bien trop de candidat à l’héritage. Les chances de Livia s’amenuisaient à mesure que le temps passait plutôt que d’augmenter comme j’avais essayé que ce soit le cas.

Mais il ne fallait pas que je perde de vue mon objectif du jour : savoir si Victor s’était mis en danger. Je reviendrais peut-être sur la petite bénévole plus tard. Je ne fis pas de commentaire sur le fils de Carrie qui n’avait aucun intérêt pour moi.

Victor me demanda si nous étions là pour affaire. Je lui fis signe de ne pas s’en faire, de se relaxer…

-Non, pas du tout… Nous sommes ici entre amis, pour passer un bon moment… Parler amusement… Femmes… A ce propos… Des rumeurs courent comme quoi tu aurais couché avec Gina Vitali à la fête de Daniele.

Je souris.

-J’avais réussi à savoir que Tu t’étais fait Juliet Jones sous le nez de Carrie… Mais deux sur un soir, ça m’impressionnerait.

Je rigolai un peu quand Jimmy Reed déclara qu’il doutait que j’ai fait la tournée des musées. Hey ! N’allez pas croire que je n’aime pas m’instruire mais… Mouais, ce n’est pas ce que je préfère faire quand je suis à New York…

Bref, je n’avais pas plus apprécié les séances interminables de shopping en compagnie de Carrie. J’aime m’acheter de nouveaux vêtements mais je déteste le faire en compagnie de ma femme qui passe des heures dans les cabines d’essayage… Un jour, je devrais lui dire que, peu importe la tenue, ça n’atténuera en rien ses rides…

J’avais, ainsi, raconté, en gros, ce que j’avais fait à New York. A vrai dire, la seule chose qui sortait réellement de l’ordinaire était ma rencontre avec Eleanor Harris, la fille cachée de Don Hughes. Enfin… Elle ne sera plus cachée pour longtemps vu que Don comptait tout révéler dans sa biographie signée Juliet Jones. J’avais mis en avant que je n’avais en aucun cas été attiré par Harris étant donné que son caractère n’était en rien compatible avec le mien. Même pas assez pour que je couche avec elle ! C’est dire !

J’eus l’impression que ma révélation eut bien failli mettre un terme à la vie de Jimmy Reed vu qu’il failli s’étranger. Hey ! Les enfants cachés c’est monnaie courante à Los Angeles. Jimmy Reed est bien placé pour le savoir. Mais il ignorait que Don Hughes en avait une.

-Il l’a eu à un moment où les choses n’allaient plus très bien entre lui et la mère de Carrie. Résultat, il a une fille cachée mais il n’est entré en contact avec elle que récemment. Les remords, tout ça…

Don Hughes était le genre d’homme à se poser trop de questions. Tout comme Eleanor. A vrai dire, je leur avais trouvé plein de points communs lors de ce pseudo souper. Je leur en ai même donné un autre : aucun des deux ne sembles me porter dans leur cœur.

Bon ! Ça ne me disait pas ce que Reed me voulait, tout ça. J’étais persuadé qu’il avait une affaire à me donné mais, visiblement, je m’étais trompé. En fait, il voulait simplement qu’on passe un moment relaxe ensemble à causer amusement et femmes… Je levai un sourcil assez sceptique. Dans toute ma foutue vie Reed ne m’avait jamais invité au Polo Lounge pour discuter de tout et de rien… Il y a anguille sous roche. Ou alors c’est parce que je fais partie de ses employés qu’il fait ça. Je n’en savais rien.

Quoi qu’il en soit, je ne crache jamais sur un verre ! Surtout en compagnie de Reed. Je dois avouer que, de toute la jet-set, il fait partie des gens que j’apprécie le plus.

Il sembla vouloir parlé de ce qu’il s’était passé sur le yacht de Ricci. Pas toutes ces conneries avec Stone mais bien de mes propres conquêtes. De Vitali, par exemple.

Gina Vitali ?

Aaaah oui ! En effet, je m’étais bien tapé Gina Vitali… Enfin… Je ne m’en rappelle pas très bien vu l’état d’ébriété avancé dans lequel j’étais à ce moment de la soirée. Ce que je me rappelle, par contre, c’est que je me suis réveillé avec Gina dans la cabine libre du yacht et que Ricci nous a foutu dehors.

Je rigolai à la réflexion de Reed sur le nombre de fille que je m’étais tapé ce soir-là.

-Une en début de soirée, une en fin de soirée. C’est facilement tenable ! Et si tu sais pour Juliet c’est parce que j’ai eu la bonté de te le dire.

J’affichai un petit sourire. C’est moi qui avait dit à Reed que je m’étais tapé Juliet Jones. Ce n’était donc pas étonnant qu’il l’ait su.

-Mais… Ouais ! Je me suis tapé Gina Vitali. Carrie était déjà rentrée depuis belle lurette. Mais des vagues souvenir que j’ai, je ne te recommande par Gina. C’est pas le meilleur coup que j’ai eu. Juliet, c’était cent fois mieux. Pourtant, une jolie italienne, je pensais que ça serait mieux que ça. J’ai mis  de ma personne pour la draguer tout ça pour remarquer qu’elle ne valait pas le coup.

Je bus une gorgée de whisky avant de faire une petite moue.

-Par contre, il faudra dire à Ricci que de virer violemment les gens de son yacht le matin, ça ne se fait pas…

Le fait que je manque de m’étrangler avec un morceau de glaçon sembla amuser beaucoup Victor, mais il ne fit pas de commentaire en ce sens. Au lieu de ça, il m’expliqua que Don avait eu une mauvaise passe avec la mère de Carrie, à une époque, et ne s’était donc pas gêné pour aller voir ailleurs. Résultat, un rejeton caché qui se mettait, en plus de tous les autres, sur le chemin du destin que je voulais tracer pour ma fille.

Don n’était donc entrer en contact avec cette gamine que récemment, mais comptait sur sa biographie pour rendre l’information publique. Selon Victor, c’était une question de remords.

Je fis la moue.

-Moui… Je vois le genre.

Mais je n’étais pas ici pour ça. Ou tout du moins, pas tout de suite. J’y reviendrai probablement plus tard pour connaître les intentions de Hughes envers cette fille.

Pour l’instant, je devais savoir si ce que Ward avait dit était vrai et si mon avocat s’était réellement mis dans une belle merde sans même en avoir conscience. Parce que je savais que Victor était un très bon vivant… Mais pas de là à mettre volontairement sa vie en danger.

Il était plus intelligent que ça… En tout cas, je l’espérais.

Je le poussai donc à me raconter ses frasques lors de l’inauguration du yach de Daniele. Ce n’était pas bien difficile : Victor était un vantard invétéré surtout lorsqu’il s’agissait d’envoyer des fleurs à ses prouesses sexuelles.

Il avoua avoir couché avec deux femmes ce soir-là… Je le regardai, intéressé, par-dessus mon cocktail, le sondant. Il me rappela au passage que si je savais qu’il avait couché avec Jones, c’était parce qu’il me l’avait dit.

Je repris une gorgée de mojito.

-Même si tu ne me l’avais pas dit, je l’aurais deviné à votre façon de vous tenir à tous les deux face à Carrie.

Rien n’était moins sûr. Ce soir-là, j’avais eu d’autres préoccupations que les incartades de Victor. Il y avait eu Livia et Howard… J’étais obsédé par Livia et Howard. Beaucoup trop. Il fallait que je règle au moins l’affaire Stone, Livia suivrait normalement naturellement.

Bref, avec tout ça, je manquais des informations importantes et je m’en voulais à moi-même d’avoir laissé aussi longtemps les choses me glisser entre les doigts.

Bref, Victor avait bien couché avec Gina Vitali. Je soupirai et me laissai aller en arrière sur mon siège en le regardant comme un chien mal éduqué qui aurait encore pissé sur le tapis. Il ne me recommandait pas Gina. Je le regardai dans les yeux.

-De un, j’ai prêté serment à Maritza et tu sais bien que je tiens mes promesses…

Ce qui voulait dire que même si un jour, mon couple battait de l’aile, je n’irais pas voir ailleurs pour autant. Je n’étais pas Don. Je ferias les choses bien et dans l’ordre.

-De deux… Sais-tu qui est Gina Vitali, Victor ? Quand tu le sauras, le fait que Daniele vous a foutu dehors sera le cadet de tes soucis.

La fille de Don Hughes semblait être le cadet des soucis de Jimmy Reed. Il faut dire qu’Eleanor Harris était plus mon problème que le sien. Après tout, Jimmy Reed n’était pas dans l’héritage de Don Hughes. Sa fille l’était, par contre, indirectement. A vrai dire, Livia avait la même position que moi dans ce que donnera Don Hughes quand il clamsera. Mais ça ne semblait en rien intéresser Reed.

De toute façon, j’avais bien remarqué que Harris n’était pas forcément un danger. Pas dans l’immédiat en tout cas.

Reed ne m’avait pas appelé pour discuter affaire. Il n’avait toujours pas de travail pour moi. A vrai dire, j’étais un peu déçu. J’aimais bosser sur des affaires surtout quand mon client était connu et que ça risquait bien de se retrouver dans la presse. Mais le magnat de BSC semblait simplement vouloir discuter. Une discussion légère vu qu’il parla « d’amusement » et de « femmes ». Et c’est surtout mes conquêtes que j’ai eu à la fête de Ricci qui l’intéressait. Alors, je m’étais vanté d’avoir couché avec deux femmes. Ce qui était vrai. Il savait pour Juliet Jones car je lui avais dit mais il clama que même si je ne lui avais pas dit, il l’aurait deviné. Je rigolai un peu.

-Peut-être… Carrie, elle, n’a rien vu mais elle est aveugle.

J’avais, ensuite, parlé de ma seconde conquête de cette soirée-là. Gina Vitali était cette conquête. Reed était au courant car il avait entendu des rumeurs. M’est d’avis que c’est Ricci qui lui en avait parlé vu que c’est lui qui nous avais retrouvé le matin dans une des cabines de son yacht. Je me rappelais vaguement de Gina et de ce qu’on avait fait. Je me rappelais surtout qu’elle n’était pas un si bon coup ce que je ne manquai pas de dire à Reed au cas où il voudrait coucher avec Gina…

Mais il ne voulait coucher avec personne. Enfin… Sauf avec sa femme, bien sûr. Il disait qu’il tenait ses promesses.

Ouais… Il les tenait. Je le savais. J’hochai de la tête.

-C’est vrai… Tu es probablement le seul à Los Angeles qui tient absolument toutes ses promesses.

Du moins, je pensais bien qu’il les tenait. Il avait tenu celle qu’il m’avait fait, il y a des années d’ici. Pourtant, je doutais valoir quoi que ce soit aux yeux de Reed. Je n’étais pas stupide.

Mais je finis par lever un sourcil quand il me demanda si je savais qui était Gina Vitali. La manière dont il tournait sa phrase me disait qu’il savait, peut-être, des choses que je ne savais pas.

-Ouais… C’est la fille de Fabio Vitali… Un capo de la Famille de Los Angeles. Si c’est ça qui te fais peur sache que j’ai de très bonnes relations avec Fabio. J’ai de très bonnes relations avec la Famille de Los Angeles en général. Puis, je n’ai fais que coucher avec… Il n’y a pas mort d’homme… Elle es majeur et vaccinée, la Vitali.  

Je ne voyais pas vraiment ce que je risquais. Je roulai des yeux.

-Ne me dit pas que Gina a dit à son père que j’ai dit qu’elle était un mauvais coup? Parce que je lui ais dit à la Gina, hein… Et même si c’était le cas, le vieux Fabio n’en ferait pas tout un plat…

Je souris en coin quand Victor souligna que sa femme était aveugle. C’était vrai. Il n’y avait pas plus vrai que ça. Carrie n’était pas le genre de femmes qui fermait juste les yeux sur les frasques de son mari tout en sachant très bien ce qu’il faisait. Non. Elle ignorait réellement que Victor couchait avec d’autres femmes. Et c’était impressionnant parce que Victor n’était pas des plus discrets.

-J’ai toujours trouvé son aveuglement impressionnant.

Victor me parla donc de ses conquêtes d’un soir sur la plage de Santa Monica. Il avait couché avec deux femme, l’écrivain Juliet Jones et la belle et jeune italienne Gina Vitali. Je me retins de grimacé quand il s’en rappela.

Apparemment, il était complètement bourré à ce moment-là… C’était pour ça que quand je m’enivrais, je faisais en sorte de en pas dépasser la limite où j’avais encore le contrôle de moi-même. Je ne pouvais pas me permettre de faire des faux pas.

Victor termina en disant que Gina n’avait pas été un bon coup… ça ne changeait rien au fait qu’il avait couché avec elle ! Une énorme erreur !

Il me la déconseillait, mais pas pour les bonnes raisons. J’en profitais pour lui faire comprendre que j’avais épousé Maritza et que ce n’était pas pour lui faire un bébé dans le dos.

Je fus ravi quand Victor confirma que je tenais toutes mes promesses. C’était une bonne chose que quelqu’un comme lui s’en rende compte. Il était moins ingrat que des gens comme Stone ou même ma propre fille, Livia.

Je hochai la tête en silence avant de prendre une gorgée de mojito et de reprendre là où on en était.

Je me demandais si Victor savait qui était exactement Gina Vitali.

Il me décrivit la filiation de la jeune italienne avec la Famille de Los Angeles. Il y connaissait son père, Fabio. Il affirmait qu’il n’y avait pas mort d’homme.

Je le vrillai du regard.

-Pas encore.

Et ça allait être à moi d’éviter ça.

-J’ignore ce que Gina Vitali a dit ou non à son père. Mais elle n’est pas que la fille de ce capo.

Je pris un air très sérieux et appuyai mon regard.

-Gina est fiancée à Vito Pastore, un Sicilien qui n’hésite pas à supprimer les gens pour un oui ou pour un non… Comment crois-tu qu’il réagira en apprenant que sa promise a couché avec un autre et qu’en plus, cet autre raconte en plus sur tous les toits qu’elle est un mauvais coup ?

Moui, l’aveuglement de Carrie est assez impressionnant. Mais je crois qu’elle fait absolument tout pour ne rien voir. Carrie avait mal vécu son divorce avec son ex-mari malgré que c’est elle qui avait lancé la procédure. Je savais qu’elle ne voulait pas revivre ça. Je crois même que si elle savait que je la trompais, elle ne dirait rien. Elle avait bien trop peur de se retrouver toute seule.

Il n’y a qu’elle qui pense que notre amour est authentique alors que le reste du monde sait que, si je suis avec elle, c’est pour l’argent. Parce qu’il ne faut pas se voiler la face… J’aimais bien plus l’héritage de Don et le fric de Carrie que Carrie elle-même. Elle était bien plus riche que moi et j’en profitais.

Bon ! Jimmy voulait cause de mes conquêtes alors c’est ce que j’avais fait. Je devais avouer que c’était un sujet qui me plaisait. J’adorais discuter de mon tableau de chasse. Or, lors de la fête de Ricci, j’avais eu deux toutes nouvelles proies. Et si j’avais adoré coucher avec Juliet Jones, j’avais moins apprécié les prouesse de Gina Vitali. Ça m’apprendra à ne pas manger local…

J’avais raconté tout ça à Jimmy. A quel point Gina ne valait pas le coup. Quelque part, il s’en foutait étant donné qu’il n’était pas un adepte de l’adultère. Jimmy Reed tenait toujours ses promesses, or un mariage ce n’est jamais que des promesses mises sur papier et signé par les deux parties. Maritza en avait bien de la chance. Ce n’était pas le cas de Carrie.

Seulement, je ne m’attendis pas à ce que Reed insinue qu’avoir coucher avec Vitali semblait être une très mauvaise idée. Je ne voyais pas pourquoi. J’étais en bon terme avec le père de Gina et je n’avais pas commis de crime que je sache… Pourtant, Jimmy ne cessait d’insinuer que tout ça était bien plus grave que je l’imaginais me faisait lever un sourcil quand il disait qu’il n’y avait pas encore mort d’homme.

Il déclara alors que Gina Vitali n’était pas QUE la fille de Fabio Vitali. Ah non ? Elle est la fille de quelqu’un d’autre ? Il sait qu’on ne peut avoir qu’un seul père, le Reed ?

-Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

Il avait l’air sérieux, hein ! Je savais reconnaitre quand il était sérieux. Jimmy Reed est le genre de type qui est particulièrement expressif. C’est facile de se rendre compte quand il est content, sérieux ou contrarié. Mais quand il lança le nom de Vito Pastore, ce fut mes expressions qui changèrent. Mon regard se fit plus fixe et je blêmis.

-Que…

J’avais du mal de parler, là, tout d’un coup… Je n’avais aucune idée que Gina Vitali était la promise de Pastore…

-Naaaan. C’est pas possible, ça !

J’étais à catastrophé et, en même temps, j’espérais que Reed se trompait.

-Il est pas à New York, le Pastore ? Putain, j’avais aucune idée qu’il était fiancé à Vitali ! Mais… Si Gina est fiancé à ce cinglé elle ne lui aura rien dit, hein ! Elle va se faire dégommer si elle le dit ! Je suis sûr qu’elle aura fermé sa gueule. Elle a putain d’intérêt à avoir fermé sa gueule.

Je m’emballais. Parce que tout ça n’était pas forcément bon pour moi. J’avais un passif avec Pastore… Une histoire de jeu d’argent.

-Pastore ne me porte pas dans son cœur, en plus. Je l’ai arnaqué aux jeux d’argent quand on vivait tous les deux à New York… Il m’a menacé de mort cette fois-là disant que c’était un avertissement. Et il parait que c’est un foutu psychopathe !

Il y avait des rumeurs comme quoi Pastore aimait exécuter ses menaces.

Victor était fier de son tableau de chasse, tout comme il était fier de faire des bébés dans le dos de Carrie (et peut-être pas qu’au sens figuré). Il adorait parler de ses conquêtes. Ce n’était pas difficile de le faire parler, il aimait vraiment ça.

Du coup, on en vint assez vite et assez facilement au problème qui m’amenait. Ward avait raison : mon avocat avait couché avec la mauvaise personne. Et pour ça, il risquait de se faire zigouiller au détour d’une ruelle, dans une fusillade… Ou même pire encore.

Je commandai un nouveau mojito en faisant quelques gestes explicites vers le serveur qui disparut pour exécuter mon ordre… Puis je dégluti en repensant aux tortures que Ward avait infligées aux Conti. Je savais que Pastore était capable de faire la même chose.

Alors j’essayai que Victor se rende compte des choses par lui-même. Mais s’il connaissait la filiation de Gina à la Famille de Los Angeles, il semblait ignoré totalement à qui elle était fiancée.

Il se demandait donc où je voulais en venir…

Et je fus forcé de lui faire un dessin.

Apparemment, cela suffit à lui ouvrir les yeux sur l’énorme bourde qu’il avait faite. Mais dans mon chef, il était à moitié pardonné parce que c’était évident qu’il n’était pas au courant de l’engagement de Gina envers Pastore.

Il devint blême d’un coup, avant de s’exclamer que ce n’était pas possible sur un ton qui se voulait nonchalant qui me ramena encore Stone à l’esprit. S’il n’avait pas eu clairement peur, ça m’aurait fait tiquer.

Mais je voyais bien qu’il crevait de trouille maintenant.

Je sortis mon paquet de cigarettes, en pris une et fit glisser le paquet sur la table à portée de Victor pour qu’il se serve.

J’allumai ma cigarette avant de répondre aux inquiétudes de mon avocat.

-Si Gina est ici, Pastore ne doit pas être bien loin.

Je soufflai une bouffée de nicotine vers le plafond.

-Elle ne lui aura peut-être pas dit étant donné qu’elle doit en avoir peur. Cependant, je tiens l’information comme quoi tu as couché avec elle d’une source complètement extérieure à la dernière fête de Ricci.

Je regardai Victor dans les yeux.

-Alors si cette source est au courant, imagine qui d’autre à Los Angeles peut l’être…

Victor était en train de pédaler dans sa propre peur comme un chien piégé dans un puis profond. Il s’emballait. Il ne semblait plus du tout avoir envie de rigoler. Parce qu’en plus, il avait un passif financier avec Pastore…

Je me laissai aller en arrière après avoir tapé la cendre du bout de ma cigarette dans le cendrier. Je soupirai…

-Combien de fois vais-je devoir nettoyer derrière toi, Victor ?

Quand Jimmy Reed déclara que Gina Vitali était la fiancée de Vito Pastore, je crus, un instant, que quelqu’un avait mis quelque chose de pas net dans mon verre. Je ne croyais pas ce que je venais d’entendre. Je n’avais aucune idée que Gina était en couple avec Pastore. Aucune ! Et, pour cause, elle-même ne m’avait rien dit… Enfin… Peut-être me l’avait-elle dit mais que j’étais trop bourré pour capter l’information. Comme je le dis, je n’ai qu’un vague souvenir de ce que j’avais précisément fait avec Gina même si certains passages me revenaient en tête et qui ne laissait pas d’équivoque sur le fait que j’avais bel et bien couché avec elle.

Je ne comprenais pas… Pastore était censé être à New York. Mais Jimmy déclara que si Gina était ici alors Pastore ne devait pas être loin. Il n’était pas à la fête de Ricci ! S’il était fiancé à Gina, il devrait y être non ?! Il n’était pas sur la liste noire !

-Putain, c’est pas possible…

C’est ce que je soufflai avant de m’emballer disant que Gina n’avait sûrement pas raconté à son fiancé ce qu’elle avait fait ! Elle tenait à la vie, non ? Alors, pour sûr, elle ne devait avoir rien dit. Elle serait folle de l’avoir dit ! Mais Jimmy disait qu’il avait su que j’avais couché avec Gina d’une source extérieure à la fête de Ricci. Je me demandais bien comment ! Qui avait bien pu lancer ça sur tous les toits ? Quel est l’intérêt ?!

Je déglutis quand Jimmy ajouta que si sa source était au courant, il ne faudra pas longtemps avant que tout Los Angeles le soit. Dont Pastore… Je tapai d’un coup sur la table avec mon poing. C’était la peur qui me faisait réagir comme ça.

-Et je peux savoir qui est ta foutue source ?! Il t’a dit comment il l’a su ? Putain, si c’est Ricci qui a lâché le morceau, je te jure qu’il va le regretter !

Si Ricci savait pour Gina et Pastore, il n’aurait quand même pas fait ça, hein ? Je savais que Ricci ne m’aimait pas mais pas de là à me faire signer mon arrêt de mort, hein ? Qui d’autre m’avait vu en compagnie de Gina ? Je n’en savais plus rien ! J’étais complètement jeté à la fin de la fête de Ricci !

Mais mon regard se figea alors sur Reed quand il me demanda combien de fois il devra passer derrière moi. Je plissai des yeux alors que la colère grimpait en moi.

-Combien de fois ?!

Je lançai ça sur un ton limite outré même si c’est la colère qu’on entendait le plus dans ma voix. Il disait ça comme s’il passait toutes les semaines derrière moi alors que, soyons honnêtes, je ne lui ai jamais rien demandé ! Et il n’est plus passé derrière moi depuis quand ?! Dix ans ? Depuis mon retour de New York, je n’ai jamais eu besoin des services de Jimmy Reed !

-Tu peux me rappeler la dernière fois que tu l’as fait, hein ?! Puis, je ne t’ai jamais rien demandé !

Comme chaque fois que j’étais en colère, les mots sortaient tout seul. Je contrôlais la plupart de mes sentiments mais la colère, je n’y arrivais tout simplement pas. Surtout quand elle était mélangé à la peur.

-Je ne savais pas que cette petite connasse était la fiancée de ce gros enfoiré, ok ?! Je ne vais pas demandé le CV de chaque fille avec laquelle je couche !

Mais, d’un seul coup, je pris conscience de la dernière question de Reed et je m’arrêtai net dans mon énervement. Comme si la pièce venait de tomber. Je secouai la tête.

-Tu veux dire que… Tu comptes…

Je parlai plus bas.

-Faire disparaitre Pastore ?

J’avais presque chuchoté… Comme si c’était une formule magique qui, si je la disais trop fort, allait se transformer en pacte.

Maintenant que Victor connaissait les tenants et aboutissants de ce qu’il avait fait avec Gina, il était terrifié. Je le voyais. En dehors de ses plaidoiries, le jeune Hunter était un véritable livre ouvert. Tout du moins pour moi.

Il avait raison d’avoir peur. C’était la preuve qu’il était loin d’être un imbécile. La peur est souvent un signe d’intelligence.

Il frappa sur la table de son poing. Je l’avais vu venir alors j’avais soulevé mon verre pour ne pas qu’il se renverse. Je le reposai doucement, gardant un œil sur toutes les réactions de Victor.

Il me demanda qui était ma source et comment elle avait su. Il blâmait déjà Daniele sans savoir.

Je pris un ton calme, posé, pour lui expliquer les choses.

-Peu importe qui est ma source. L’important, c’est que l’information a échappé à ton contrôle.

J’appuyai mon regard sur lui.

-Je doute que ce soit Daniele. Il ne t’apprécie peut-être pas autant que moi, mais il sait que tu es mon avocat et que je tiens à toi. Il n’irait pas te mettre en danger.

Je lui demandai alors combien de fois j’allais devoir nettoyer derrière lui. Ce n’était pas un reproche, je ne l’avais pas dit sur ce ton-là. C’était une question à double sens. C’était une demande cachée.

Mais Victor s’emballa direct. Je n’en fis pas de même. Je connaissais assez Victor maintenant pour savoir qu’il était en colère pour essayer de sublimer sa peur. Je savais aussi que ça ne servait à rien d’en rajouter. Il fallait juste attendre que ça se calme.

Il s’excita d’abord sur moi et je regardai autour de nous. Les serveurs avaient déserté la salle, mais les quelques clients nous regardaient d’un air intrigué. Fort heureusement, Victor ne prononça rien de regrettable tout haut. Qu’il traite Gina de connasse sans la nommer et qu’il affirme haut et fort qu’il couchait avec d’autres femmes que la sienne n’était pas bien grave.

Puis tout se calma d’un coup… Il s’arrêta de crier et secoua la tête comme pour remettre ses idées en place tandis que je tirais sur ma cigarette. Il parla alors plus bas.

Ça y était… il venait de comprendre que je lui offrais une solution.

Je souris.

-Est-ce que tu me le demandes ?... Je ne voudrais pas faire quelque chose que tu ne m’as jamais demandé…

Je réitérais exactement ce que j’avais fait pour lui dix ans plus tôt. Il affirmait qu’il ne m’avait jamais rien demandé, mais ce n’était pas vrai. Quand il s’était agi de Giordano, il avait carrément prononcé un vœu.

Je murmurais à mon tour.

-Sache juste que… C’est en mon pouvoir. Tu n’as qu’un mot à dire. Comme il y a dix ans.

Reed avait eut le réflexe de relever son verre quand mon poing s’était écrasé sur la table. Le mien avait bouger un peu ainsi que son contenu mais il n’y eu aucune casse.

Jimmy Reed ne voulait pas me lâcher sa foutue source. Il disait que l’important c’était que l’information avait échappé à mon contrôle. Moi, j’aurais bien aimé savoir où il avait entendu ça ! Je trouvais ça relativement important ! Mais ce foutu Reed ne voulait pas partager de quoi augmenter ma colère.

-Si c’est putain d’important que je sache ta source !

D’après Jimmy, ce n’était pas Ricci qui avait vendu la mèche. Cela dit, il ne semblait pas en être sûr. Bien que son meilleur ami n’allait, visiblement, rien faire pour que je me fasse zigouillé par un foutu mafieux fou furieux.

-N’en soit pas si sûr ! Et s’il ne savait pas que Gina est fiancée à ce foutu Pastore, hein ?! Qui te dis qu’il l’a pas dit, innocemment, à quelqu’un de plus vicieux comme cette pute de Kate Julian ! Elle était là ! Putain, si ça tombe, c’est elle !

Quand je pense que je vais devoir me la coltiner pendant tout un tournage. Tout ça me donnait déjà envie de vomir d’avance. Surtout qu’il y aura aussi ce foutu River Moriarty. Ce type me foutait mal à l’aise.

Bref… J’étais énervé et effrayé au point que mes émotions me dépassaient complètement. Jusqu’à-ce que les mots de Reed se fasse un chemin jusqu’à mon cerveau. Il avait dit qu’il devait nettoyer derrière moi. Il avait affirmé tenir à moi.

Ça me ramena dix ans en arrière. A un moment que j’aurais voulu ne pas revenir.

Je baissai alors d’un ton… Et je finis par demander clairement mais à mi-voix s’il pouvait faire disparaitre Pastore. Comme la dernière fois, avec Giordano. Bien que, aujourd’hui encore, je me demandais comment Reed était arrivé à ses fins. Giordano s’était crashé en voiture… Ce n’était pas quelque chose qu’on pouvait commanditer facilement.

Et aujourd’hui, il semblait prêt à me donner le même pouvoir. Celui qu’il m’a donné il y a plus de dix ans. Je retins mon souffle. Je savais qu’il voulait que je le demande clairement. Reed ne voulait pas agir sans que je n’en formule le vœux. Comme s’il était un putain de foutu magicien.

Il y a plus de dix ans, je voulais clairement la mort de Giordano. Il avait morflé. On ne l’avait pas jamais vu dans la jet-set… Ni ailleurs. D’après le rumeurs, il vivait reclus dans un palace sur les hauteurs de Malibu. Je m’étais satisfait de ça à l’époque. Même si… Il y avait des moments où se souvenir me hantait toujours.

Pour Pastore la donne était différente. Ce n’était pas de la vengeance. C’était de la survie. Ce type était cinglé. S’il apprenait pour moi et Gina, il allait me refaire la face.

Je fixai Reed droit dans les yeux.

-Ai-je le choix ?

Non… Je n’avais pas le choix. Mais je devais le dire.

Je soufflai alors :

-Fait-le disparaitre…

Le monde ne le pleurera pas de toute façon. C’était un peu comme si je demandais d’éliminer un Thomas Fleming en puissance.

-Mais ne le rate pas… Il pourra toujours me tuer même avec des jambes en moins.

Il avait des hommes. Pour que Pastore ne puisse pas se venger, il fallait l’éliminer complètement. Et l’idée d’être à la base d’un meurtre me faisait un effet bizarre que je n’étais pas sûr d’aimer.

Je continuai de fixer Reed parlant toujours à mi-voix.

-Mais un jour… Il faudra que tu me dises comment tu fais tout ça… Parce que si je dois sauver ton cul en justice il faudra que je comprenne tout.