Le Canter’s Deli était quasi bondé à cette heure de repas et les serveurs allaient et venaient dans tous les sens pour répondre aux demandes des clients. Je n’étais pas le bienvenu ici. Je patron me détestait depuis ce qu’il s’était passé avec la bagnole du Canter’s Deli dans laquelle j’étais rentré avec ma propre bagnole il y a une éternité de ça. Une camionnette conduite par Carolyn qui, ce soir, n’était, heureusement, pas de service.

Choisir le Canter’s avait été un risque. Un risque de, déjà, qu’on m’en refuse l’entrée, ce qui, finalement, n’avait pas été le cas et, aussi, d’y retrouvé Carolyn. Un risque que j’avais pris car les autres endroit auraient été plus dangereux et j’avais décidé de ne pas aller dans un endroit que je ne connaissais. Donc, exit le Crazy Ginger où je risquais de rencontrer quelques-unes de mes putes ou de mes propres membres de gang, chose dont je n’avais pas envie. De plus, la réputation du Crazy Ginger était telle que je doutais que Vanya ose s’y aventurer seule… Exit aussi le Dizzy Wharol qui était en plein territoire des Los Diablos ainsi que le Stryge Bar qui était le fief de Quinn. Restait le Rainbow mais c’était moins safe que ne l’était, finalement, le Canter’s Deli.

Puis, la bouffe était bonne, ici. Ça pesait aussi dans la balance, ça.

C’est donc au Canter’s, assis à une table, que j’attendais Kournikova. J’avais déjà commencé un whisky pour patienter. Je le buvais tranquillement en regardant de temps en temps ma montre. Rien ne me prouvait qu’elle allait se pointer… Absolument rien. Mais je comptais rester ici jusqu’à 19h au cas où. On verra si la petite Kournikova avait autant de cran pour venir ici qu’elle n’en avait eu pour aller à Saint-Quentin. Car, finalement, je n’avais aucune idée de ce qu’elle savait sur moi. Je la savais proche de Quinn. Elle pouvait très bien savoir que j’étais un criminel notoire. Elle pouvait très bien savoir pour Sky et Heaven. Bref, elle pouvait très bien en savoir trop.

Pour ça que j’avais voulu emmener Heaven. Pour adoucir l’image que Kournikova pouvait avoir de moi. Mais Sky avait refusé… Elle avait refusé mais ça ne l’avait pas empêché d’emmener Heaven à sa séance de baby-sitting chez Jordan Keller. Je trouvais bien plus safe d’emmener Heaven au Canter’s Deli que de l’emmener dans la maison des Keller et la mettre en contact avec Grant Custer qui m’avait bien montré qu’il n’était pas un enfant de chœur. C’était mon fils… Sky devait garder en tête ça. Il pouvait être potentiellement dangereux pour Heaven.

Bien plus que ne pouvais l’être une journaliste comme Kournikova qui, j’en étais sûr, ne ferait pas de mal à un enfant. Custer, je n’en étais pas aussi sûr. Je m’en méfiais.

Mais je préférais laisser ça derrière et me concentrer sur l’entrevue d’aujourd’hui. Il fallait que je comprenne les raisons qui avaient poussés Kournikova à aller faire une telle interview et que lui avait réellement dit mon père hormis des menaces à mon égard et un épanchement inutile sur son enfant soi-disant difficile.

Il fallait que je sache tout avant d’agir d’une façon ou d’une autre vis-à-vis de Thomas Fleming. Parce que je ne pouvais pas le laisser me mettre des bâtons dans les roues d’aucune façon. Et s’il voulait jouer aux plus malin, il allait s’en mordre les doigts.

Parce que j’étais meilleur que lui. C’était indéniable. Ce n’est qu’un sociopathe de bas étage.

Je suis plus que ça. Nettement plus que ça.

Je vis, alors, Kournikova arriver. Comme je me doutais qu’elle ne savait pas vraiment à quoi je ressemblais, je captai son regard et lui fis signe afin qu’elle me rejoigne. Quand ce fut le cas, je lui fis signe de s’asseoir face à moi.

-Bonsoir, Mademoiselle Kournikova. Content de faire votre connaissance.

Je dis ça en lui tendant la main pour qu’elle la sert. Inutile de me montrer menaçant. Au contraire. Je me montrai plutôt amical en souriant légèrement.

Je fis glisser la carte du menu vers elle. Moi, je savais déjà ce que je voulais commander.

-Commandez ce que vous voulez. Je paye. C’est la moindre des choses. Après tout, c’est moi qui ait voulu ce rendez-vous.

Amical et généreux… J’espérais que ça suffise à la mettre plus ou moins en confiance.

-Vous savez qui je suis, n’est-ce pas ? Mon père vous a parlé de moi ?

Ou Finan Quinn ?

@ Billy Lighter

Du temps, je n’en avais plus tant que ça à offrir. L’enregistrement des capsules de ma nouvelle émission de variété allaient bon train. Il restait encore celles de Guillermo à tourner et le générique d’ouverture du show et nous serions prêt à lancer l’émission qui serait pour la plus grande partie de sa demi-heure à l’antenne, en direct. J’étais comme une vraie poule pas de tête en courant dans tous les sens, en allant de rendez-vous en rendez-vous en changeant d’idée soixante-douze fois dans la même journée pour des choses aussi bête que la tenue que je portrais lors de la grande première.

Bref, je ne savais plus où donner de la tête et, parce que justement j’étais débordée, il fallait bien qu’un certain Ward Fleming se manifeste et demande de me rencontrer au Canter’s Deli. Heureusement que je n’étais blonde que de couleur de cheveux car je n’aurais pas fait le lien entre lui et Thomas Fleming. En fait, je sentais que ce Ward devait être Edward ou alors, le liens était plus subtile que ça mais mon petit doigt me disait que je touchais dans le mile.

Je n’avais pas dit à Ivar que j’avais rendez-vous avec, fort possiblement, le fils du boucher de Los Angeles. Il m’avait vu dans tous mes états avant et après ma visite à San Quentin car, même si j’avais refusé devant Thomas de joue la messagère, j’avais tout de même tout raconté à Ivar. Je ne lui faisais habituellement aucune cachette. Si je ne lui avais pas dit pour mon rendez-vous au Canter’s Deli, c’était parce que je ne voulais pas l’inquiéter plus qu’il ne pouvait l’être. Avec le procès de Finan, les menaces de Fleming père et la première de mon show, nous avions assez à gérer.

Donc, j’avais prétexté devoir me rendre au studio, comme ça arrivait trop souvent dernièrement, à un point tel que nous avions même rigoler l’autre soir en soupant en disant que je devrais peut-être m’installer un lit dans le studio. J’avais promis de ne pas rentrer très tard et que je me rattraperais de la plus belle des manières pour mes trop nombreuses absences.

Au Canter’s, je regardais un peu les gens déjà attablés pour trouver mon rendez-vous et c’est lui-même qui me fit signe d’approcher. Je remerciais donc l’hôtesse et je me dirigeais vers la table où m’attendait déjà, un whisky en main, Edward Fleming.

- Bonsoir, moi de même.

Il me tendit la main et je la serrais avant de m’installer et je déposais mon sac à côté de moi sur la banquette puis je l’ouvris pour que mon calepin de note soit à porté de main en cas de besoin. J’avais en face de moi un très bel homme qui, à première vue, semblait bien plus sympathique que son père. Il faut dire que le contexte et les menottes en moins changeaient beaucoup l’impression.

- Merci, je prendrais la même chose que vous.

Tout de suite, il entra dans le vif du sujet en demandant si son père m’avait parlé de lui. Dommage que je n’avais pas fait de paris sur la raison de cette rencontre, j’aurais raflé la mise.

- J’avais compris que vous deviez être le fils de Thomas. Et pour tout vous dire, il ne m’a pas réellement parlé de vous sauf pour laisser sous-entendre que vous étiez présent le soir du meurtre de Sabrina Miller et ensuite, il m’a demandé de vous passer un message, celui que j’ai écrit à la fin de mon article.

Je lui parlais en le regardant dans les yeux. Je n’avais aucune raison de le craindre et je préférais ne jamais laisser voir que je pouvais être effrayée ou intimidée.

- J’aimerais mettre au clair tout de suite que je n’ai pas écrit cette phrase sans en connaître les conséquences. Je me doutais qu’elle vous ferait réagir, j’ignorais de quelle manière. Je l’ai fait surtout pour éviter que votre père s’amuse, depuis sa cellule, à me pourrir l’existence. Je suis navrée si elle vous a porté préjudice.

@ Billy Lighter

Vanya ne semblait pas forcément apeurée lorsqu’elle s’approcha de moi afin de me saluer. Elle était bien habillée et avait cette attitude d’une femme sûre d’elle. Il faut dire qu’il ne fallait certainement pas manquer de confiance ne soi pour faire de la télévision.

Elle avait accepté mon offre de repas ce qui prouvait qu’elle ne se méfiait pas de moi. D’ailleurs, elle n’avait aucunement l’attitude d’une femme méfiante alors soit Quinn ne lui avait pas parlé de moi, soit Vanya n’avait pas froid aux yeux. Je finirais bien par savoir très vite ce qu’il en est.

Je souris.

-Alors ça sera un cheeseburger et des frites. Ils ont les meilleurs burger d’Hollywood.

C’était vrai. Si je n’étais pas le bienvenue ici, j’adorais tout de même ce qu’ils y faisaient. C’était en partie pour ça que je venais encore ici.

Après ça, je n’avais pas tardé à entrer dans le vif du sujet. J’avais d’abord demandé si mon père avait parlé de moi. Je savais qu’il l’avait fait mais je ne savais pas s’il s’était contenté d’envoyé ses menaces ou s’ils en avait dit plus à mon sujet. Il faut dire que mon père ne savait pas grand-chose sur moi hormis ce que j’avais fait avant mes 7 ans.

Et, pour cause, Vanya savait que j’étais bien le fils de Thomas Fleming et que ce dernier n’avait pas beaucoup parlé de moi hormis pour dire que j’avais été témoin du meurtre de Sabrina Miller. Oui. J’avais bel et bien été témoin de ça et j’avais d’ailleurs donné ma déposition aux flics récemment pour ça ce qui avait empêcher Thomas d’avoir son quart d’heure de gloire en obtenant la peine de mort.

J’avais hoché de la tête prenant un air plus grave quand elle évoqua le meurtre de Miller. Mais je la laissai continuer alors qu’elle déclara qu’elle savait que la phrase qu’elle avait écrite dans son article et qui le concernait me ferait réagir mais qu’elle l’avait fait pour éviter que Thomas ne lui pourrisse l’existence hors de sa cellule… Je plissai des yeux… Donc, elle avait été consciemment interviewer Thomas Fleming et, maintenant, elle le regrettais car elle avait peur qu’il lui pourrisse l’existence ? Alors, elle avait préféré envoyer le viseur sur moi en accédant à la demande de mon père de faire passer cette menace ? C’était bien digne d’une journaliste, ça… Courageux mais pas téméraire !

Avant de répondre, j’avais passé notre commande à un serveur avant de reposer mon regard sur Vanya. Je pris un air grave.

-Je n’ai plus vu mon père depuis son arrestation quand j’avais 7 ans… Il a été arrêté après une course poursuite alors qu’il m’avait enlevé à ma mère… Depuis, j’ai totalement coupé les ponts avec lui. Il a toujours été violent avec moi, ma mère et mon petit frère… Je pensais que, en prison, il ne pourrait plus m’atteindre… Que tout ça était derrière moi. Alors voir votre article m’a secoué, vous vous en rendez bien compte ?

J’avais soupiré et j’avais bu une gorgée de whisky avant de reprendre en plantant mon regard dans celui de Vanya.

-J’ai une femme et une fille en bas âge alors entendre les menaces de mon père m’inquiète. Je sais qu’il ne blague jamais quand il s’agit de menaces… Mais j’aimerais aussi comprendre ce qui vous a poussé à aller le voir… Pourquoi ? Hormis pour flatter son égo et rouvrir autant les blessures des victimes que les miennes ? J’aimerais comprendre votre démarche… Est-ce simplement pour faire dans le sensationnel ? Dans ce cas, vous auriez dû peut-être penser aux conséquences… Surtout que, apparemment, vous-même en avez peur.

Il me fallait absolument connaitre ses raisons. Parce qu’il devait il y en avoir ! On ne va pas interviewer Thomas Fleming sans avoir une idée derrière. Et si c’est le profit alors pourquoi lui ?

@ Billy Lighter

Ward Fleming semblait être un homme courtois, en tous les cas c’est ce qu’il me démontra en proposant de payer la note. J’appréciais le geste et, pour ne pas sembler abuser de sa générosité, je déclarais simplement que j’allais prendre la même chose que lui. Il avait envie d’un cheeseburger et de frites et ça me convenais.

- En effet, la cuisine ici est toujours excellente.

Le Canter’s Dei était réputé autant pour sa haute gastronomie que pour ses mets plus simple, comme ce que nous venions de commander. Cela expliquait aussi pourquoi l’endroit était toujours bondés. Sa réputation n’était plus à faire et le restaurant était autant apprécié des petites familles que des couples ou même les artistes qui venaient régulièrement s’y attablés.

Ward ne prit pas longtemps pour entrer dans le vif du sujet et je lui répondis avec aplomb que son père ne m’avait pas parler vraiment beaucoup de lui sauf pour me dire qu’il avait été témoins du meurtre de Sabrina Miller. Ça démontrait plutôt bien le climat dans lequel l’homme qui était assit devant moi avant grandit. Ensuite, je voulu immédiatement lui faire comprendre que je savais que la dernière phrase dans mon article ne passerait pas inaperçue et que je m’excusais si toutefois, elle lui avait causé du tort.

Un serveur s’approcha de nous et Ward donna notre commande avant de me répondre, une fois que le serveur fut loin de nous. Bien évidemment, notre conversation ne regardait personne d’autre que nous.

Il m’expliqua son enfance, exactement dans le même cadre que je m’étais imaginé et j’en étais fort désolée. Aucun enfant ne devrait grandir dans un tel environnement et, aujourd’hui, il espérait que tout était derrière lui et mon article avait fait l’effet d’un coup de pied dans un nid de guêpes.

- J’en ai conscience et je suis sincèrement navrée.

Je me doutais bien que mes mots pesaient bien peu dans la balance mais j’étais réellement sincère. Je savais, au moment de signer mon article et de le déposer chez L.A.People que je risquais de déterrer de vieux squelettes. Je maudissais Axel Moriarty pour m’avoir mise dans une telle position.

Ward, en bon père de famille et époux attentionné, se disait inquiet de la menace de son père et j’en frissonnais en repensant à la villa des Moriarty qui avait été incendiée. Ward voulait savoir pourquoi j’étais aller voir son père en prison, une question tout à fait légitime et que je ne pouvais éviter.

- On m’a commandé cet article mais je ne peux malheureusement pas vous donner l’identité de celui qui l’a fait. Je n’en avais pas envie plus que ça, croyez-moi et j’y suis aller à contre-cœur. Je ne savais pas à quoi m’attendre en y allant et j’y ai découvert un homme imbu de lui-même qui se gargarise de ses propres paroles. Il s’est montré menaçant et a imposé cette menace. Je crois qu’il fait la pluie et le beau temps à San Quentin puisque les agents présents lors de l’entrevue ne sont intervenus en aucun temps.

Je pris une gorgée du verre d’eau posé sur la table avant de continuer. Je n’étais pas stupide, je savais au moment ou Thomas Fleming avait commencé à vouloir tirer la couverture de son côté, qu’il cherchait à attirer l’attention en me parlant de Finan puis en exigeant que je passe un message à son fils.

- Je n’ai fait que ça, penser aux conséquences. Je me suis sentie coincée entre lui et son message. Votre père est un homme très persuasif, pour mon plus grand malheur.

@ Billy Lighter

Elle était navré… C’est tout ? Elle devait pourtant se rendre compte qu’en allant voir un sérial killer dans sa cellule et en faisant un article, ça allait raviver le malheur des victimes. Même moi, qui, soit disant, n’a aucune conscience morale, je le savais… Alors soit Kournikova était bien plus encline à faire une croix sur sa morale pour la renommée et l’appât du gain, soit il y avait autre chose.

J’avais hoché de la tête d’un air grave avant de me lancer dans une série de questions afin de connaitre les intentions de la journaliste. Je devais savoir ça ainsi qu’essayait du juger si les menaces de mon père étaient véridiques et, si c’était le cas, s’il avait les moyens de les mettre en œuvre du fin fond de sa cellule. Je ne devais aucunement sous-estimer mon père qui, en autant d’année de prison, pouvait en avoir appris.

Et, Kournikova ne me cacha rien. Enfin, presque rien. Elle déclara que, cet article, on le lui avait commandé. Elle n’était, donc, pas à la base de l’entreprise ce qui me fit plisser les yeux. Elle ne voulait pas me donné l’identité de celui qui avait commandé l’article. Pourquoi ? Bonne question. Ça rendait l’histoire plus complexe que je ne l’avais imaginé. Qui pouvait bien lui avoir commandé ça ? Quelqu’un qui avait un certain pouvoir parce que Kounikova semblait avoir accepté la chose à contre-cœur.

Jimmy Reed ?

L’hypothèse n’était pas, du tout, à écarter mais, en même temps, ça ne faisait pas sens par rapport à notre accord… Bien que l’accord pouvait avoir changé si jamais Jimmy Reed voulait se venger par rapport à ce qu’il s’était passé avec Yang où j’avais fini par tué la jeune victime retenue captive par mon ancien second.

Qui sait ?

Je ne devais rien écarter.

Et j’avais de moins en moins l’impression que ça venait de Quinn… Déjà parce que Kournikova ne semblait absolument pas savoir qui j’étais hormis le fils de Thomas Fleming (ou alors, elle jouait sacrément bien la comédie) et, deuxièmement, parce que ce n’était pas son style d’agir ainsi. Il était malin mais s’il voulait se venger, il le faisait, en général, en face… Sauf si, lui aussi, avait évolué…

Ou alors ça venait d’ailleurs. Mais d’où ? A considéré que j’étais celui visé… Peut-être que celui qui était visé était une des victimes de mon père.

Bref, il y avait bien trop d’inconnue.

Vanya me peignit, ensuite, un tableau de l’homme qu’était mon père. Un tableau que je connaissais. Par contre, j’ignorais qu’il avait tant de pouvoir à Saint-Quentin et c’est bien ça mon vrai point d’inquiétude.

Il avait du pouvoir, là-bas… Kournikova en avait été témoin… Je fis la moue alors que la jeune femme disait avoir pensé aux conséquences mais que mon père est persuasif. En gros, elle avait peur de lui. Très peur de lui.

-Mon père est un sociopathe… Menacer et persuader, c’est son arme. Vous semblez pensez qu’il est tout à fait capable de vous atteindre de sa prison… Est-ce le cas ? Parce que j’ai aussi été menacé, Mademoiselle, alors, j’aimerais savoir si je dois réellement m’en inquiéter. Mon père m’en veut pour deux raisons. C’est ma faute s’il s’est fait arrêté en 55 parce que je l’ai distrait alors qu’il fuyait les flics. Et, deuxièmement, parce que j’ai témoigné dans le cadre de l’enquête qui concernait Sabrina Miller.

Je fis mine de prendre un air particulièrement inquiet avant d’enchainer.

-Si vous n’êtes pas commanditaire de l’article alors, c’est mon droit, je pense, de savoir qui vous as poussé à faire une chose pareille. Pourquoi l’avoir fait, d’ailleurs, si vous n’en avait pas envie ? J’aimerais comprendre et aussi savoir car, aux dernières nouvelles, vous n’êtes pas soumise au secret professionnel, je me trompe ? Si je veux porter plainte contre le commanditaire de l’article, j’aimerais savoir contre qui je dois le faire. Vous comprenez ? J’aimerais aussi comprendre quelles étaient ses intentions derrière tout ça.

J’avais dit ça tout en fixant Kournikova droit dans les yeux. Il me fallait les réponses. Je n’avais aucune envie de déplacer mon cul jusqu’à Saint-Quentin !

@ Billy Lighter

J’étais sincèrement navrée si la dernière phrase de mon article avait ébranlé la progéniture de Thomas Fleming mais je n’avais pu faire autrement. D’un côté, je me devais de me plier a son exigence ne serait-ce que pour m’assurer qu’il laisse Ivar et Finan tranquille et qu’il ne tente plus rien contre Axel Moriarty. Ce dernier m’en devait une et pas qu’à moitié !

À voir le regard de Ward assit en face de moi, c’était une bien maigre consolation et je le comprenais parfaitement bien. Je n’étais pas stupide au point de croire qu’il n’avait qu’à passer par-dessus cette menace et l’ignorer. Il devait savoir que son père, même entre les quatre murs de San Quentin, avait encore le pouvoir de faire du mal.

Le fils de Thomas Fleming voulait savoir pourquoi je m’étais rendue à San Quentin, refusant de croire que je m’étais levée un matin en me disant que ce serait chouette de déterrer de vieilles histoires. Il avait plusieurs questions et je tentais de lui répondre avec toute la sympathie et l’honnêteté possible mais je ne pouvais pas lui dire qui m’avait commandé cet article.

Je voyais bien que ça ne suffisait pas à Ward, que je ne lui en disais pas asse pourtant, il n’y avait rien de plus à dire que ce que je lui avais déjà dit. Je m’étais rendu à San Quentin parce qu’on m’avait demandé de le faire et je m’étais entretenu avec l’homme le plus imbu de lui-même et effrayant qui soit pour au final, pas grand-chose. J’avais été payé pour l’article, L.A.People achète à peu près n’importe quoi pour autant que ça se vende, puis maintenant, tout ce que je voulais, c’était d’oublier le boucher de Los Angeles tout en espérant qu’il ne ressurgirait pas d’un placard au moment où je ne m’y attendrais le moins.

- Oui, je crois qu’il serait capable de m’atteindre depuis sa cellule de prison. Comme je vous ai dit, il fait visiblement la pluie et le beau temps à San Quentin. Il s’est montré abjecte pendant l’entretiens et les gardiens de sécurité présent ne sont, en aucun temps, intervenus.

Autrement dit, Ward Fleming ne devait pas prendre à la légère la menace de son père mais il devait voir mon article d’un autre angle. Si je ne l’avais pas écrite cette foutue phrase, il n’aurait jamais su que son père l’avait toujours dans sa mire et dessinait pour lui, quelque chose de pas très reluisant.

- Écoutez, je ne suis pas soumise au secret professionnel mais dans le métier, on appel ça l’éthique. La menace ne vient pas du commanditaire mais de votre père et si je n’avais pas fait cet article, vous n’auriez jamais su qu’une épée de Damoclès était suspendue au-dessus de votre tête.

Je soupirais en prenant mon verre d’eau et en le changeant de place sur le napperon avant de finalement le porter à mes lèvres et d’en prendre une gorgée. Je maudissais Axel Moriarty de m’avoir mise une fois dans une situation inconfortable en m’obligeant à me rendre à San Quentin et aujourd’hui, je me faisant affronter sa progéniture qui demandait des comptes !

- Aller fouiner du côté de Guitar&Pen, c’est tout ce que je vous dirai. Inutile de me dire que ça ne fait aucun sens, que Guitar&Pen font dans la musique et non dans le journalisme d’enquête, je suis au courant. Et pour votre plainte, elle serait plutôt recevable chez L.A.People puisque c’est eux qui ont achetés mon article.  Mais ne devriez-vous pas plutôt vous rendre devant un juge avec mon article et exiger que des mesures restrictives envers vous et votre famille soient prises afin d’empêcher votre père de tenter d’entrer en contact avec vous ?

@ Billy Lighter

Donc, Vanya Kournikova n’avait pas commandité l’article mais elle ne voulait pas me révéler qui est le commanditaire. Pourquoi ? Là était toute la question. Mais il était clair que Vanya cachait des choses. C’était un fait. Et elle avait eu peur de mon père. C’était un autre fait. En gros, elle n’était pas du tout fier de son article et aurait préféré l’éviter.

Et si elle avait peur de mon père c’est parce qu’elle avait vu l’étendue de son pouvoir. Non seulement sur elle mais aussi, à Saint-Quentin. Une information qui ne tombait pas dans l’oreille d’un sourd. Si Thomas Fleming avait tant de pouvoir qu’il le prétendait alors je ferais bien de me méfier… Rien ne l’empêchait, du coup, d’envoyer quelqu’un faire le sale boulot à sa place. Et ça semblait être de ça que Kournikova avait peur raison pour laquelle elle avait fait fit de sa culpabilité pour sauver sa peau et, j’imagine, celle de ses proches.

L’attitude des gardiens lui avait confirmé ses peurs. C’était un indice supplémentaire.

-Je comprends… Je veux dire, je peux comprendre votre démarche. Mon père peut être effrayant. J’en suis témoin. Je vous pardonne, donc, pour ce message que vous vous êtes sentie obligé de passer.

Non. Je ne la comprenais pas… Je ne comprenais pas pourquoi elle avait cédé à son commanditaire. Parce que son commanditaire n’est pas mon père, aux dernières nouvelles…

Il me manquait des informations… Et j’essayai, par tous les moyens, de les obtenir en disant que j’étais dans mon bon droit de savoir qui avait demandé un tel article. Mais elle se défendit en brandissant l’éthique. Ouais… L’éthique… Elle a bon dos l’éthique… Et elle déjoua plan en disant que la menace ne venait en rien de mon commanditaire mais de mon père.

Ah oui ?

Sauf que Kournikova ne semblait pas savoir qui j’étais réellement et que, donc, elle ne pouvait pas savoir si le commanditaire m’en voulait personnellement ou non.

J’étais seul juge de ça.

-Ou peut-être est-ce votre volonté contrainte de faire un article qui a ravivé les envies de mon père… Jusqu’ici, il ne m’avait jamais atteint. Donc, oui, j’ai toute les raisons d’en vouloir à votre commanditaire. Pas à vous car vous me semblez juste une victime dans cette histoire.

Je ne devais pas m’aliéner Kournikova… Ça je le savais… Et elle sembla assez en confiance que pour me filer un indice.

Guitar&Pen…

Elle aurait dit BSC, j’aurais directement compris. Mais pour Guitar&Pen, je dus réfléchir un peu avant de tomber sur le seul type que je connaissais et qui avait un rapport avec le magazine.

Axel Moritarty… Le journaliste chez qui Sky avait fait du baby-sitting.

Ok. J’avais une bonne information là. Restait à savoir où voulait en venir Axel Moriarty… Je plissai des yeux avant que Kournikova ne me donne un tas de conseils et que, ensuite, on nous apporte nos plats. Je me tus le temps de remercier la serveur et de, ensuite, regarder Kournikova dans les yeux.

-Des mesures restrictives ne serviraient à rien… Mon père enverra quelqu’un faire le sale boulot de sa prison… Je ne fais pas confiance au système pas plus que, apparemment, vous ne faite confiance aux gardiens de Saint-Quentin…

Je continuais de soutenir son regard.

-Et Guitar&Pen, ça me conduit à Axel Moriarty… Ma femme garde ses enfants. Elle est baby-sitter… Mais je ne vois pas pourquoi il aurait demandé à faire un article sur mon père… Ça manque de sens. Si c’est bien lui, j’imagine qu’il vous a dit ses motivations ?

J’avais dit ça avant de mordre dans mon buger. Pas question que je gaspille mon argent en ne mangeant pas.

@ Billy Lighter

Je ne voulais pas et je ne pouvais pas révéler l’identité de celui qui m’avait demandé de rencontrer Thomas Fleming. Ça ne se faisait pas au niveau de l’éthique professionnelle et de toute façon, ça n’apporterait absolument rien à Ward Fleming de savoir que c’est Axel Moriarty qui m’avait fait cette demande. La menace ne venait pas de mon collègue journaliste mais de son père, incarcéré à perpétuité à San Quentin.

Ward disait comprendre la situation dans laquelle je m’étais retrouvée et, il disait même qu’il me pardonnait pour la dernière phrase de mon article. Je ne relevais pas cette grande faveur, je n’avais pas besoin de son pardon. J’avais fait ce que j’avais à faire et vu la relation entre son père et lui, c’était plutôt Fleming fils qui me devait une faveur pour l’avoir prévenue qu’une menace planait au-dessus de sa tête.

- Le commanditaire n’est pour rien dans la démarche de votre père, si nous pouvons appeler cela une démarche. Il avait ses raisons, j’y suis allé à sa demande ne sachant aucunement à quoi m’attendre. J’aurais pu me retrouver avec un article absolument bluffant, génial ! Au lieu de ça, votre père s’est gargarisé de ses mots en glorifiant presque ses crimes.

Axel Moriarty n’avait rien à voir avec mon article malgré que c’était lui qui m’avait demandé de me rendre à San Quentin. Si j’avais su tout ce qui s’en serait écoulé, j’aurais laissé Moriarty se démerder avec ses problèmes !

Ward était du genre insistant et je finis donc par lui donner un indice, celui de Guitar&Pen, il serait peut-être en mesure de faire des liens, ou pas. Cependant, je croyais qu’il serait plus utile pour lui que de se rendre dans un poste de police ou devant un juge pour demander des mesures restrictives sur son père en utilisant mon article comme preuve que ce dernier le menace. Il n’aurait pas de difficulté à obtenir une injonction ! Mais il disait que cela ne servirait à rien puisque son père enverrait quelqu’un faire le sale boulot… En effet, c’était exactement ce qui s’était produit pour la villa d’Axel Moriarty.

- C’est malheureux, je ne sais pas quoi vous suggérer d’autre.

La justice était douteuse dans certains cas et je pouvais aussi affirmer que certains gardiens de prisons avaient la fibre de l’éthique professionnelle assez faible vu comment ils mangeaient presque dans la main de Fleming, père.

- Si vous croyez qu’il s’agit d’Axel Moriarty, alors vous allez devoir lui payer à diner pour connaitre ses motivations. Je vous répète que je ne peux pas vous donner le nom de mon commanditaire, ce n’est pas parce que je ne le veux pas, mais que je ne le peux pas !

Tout ça me coupait l’appétit mais je me forçais tout de même à manger quelques frites et à mordre dans mon burger, au moins par respect pour Ward qui m’avait généreusement invité.

- Tout ce que je peux vous dire c’est que cette personne était terrorisée par votre père, tout comme je le suis en ce moment et que le sera la prochaine personne qui tombera dans son piège. Il voulait que je passe un message à Ivar au sujet de Finan Quinn, un truc que Finan devait absolument savoir. Mais j’ai refusé, il a alors transformé sa demande en menace à votre encontre.

Je haussais des épaules en me faisant la réflexion que Thomas Fleming avait tout simplement le perpétuel besoin d’avoir un appât au bout de son hameçon, et un beau gros poisson au bout de sa ligne.

- Votre père est un chasseur. Il cherche toujours une nouvelle proie. Moi, Finan, vous. Il ne cessera jamais, et ça le fait marrer. En fait, c’est nous qui sommes juste trop stupide et qui tombons dans le panneau chaque fois en lui donnant l’attention qu’il ne mérite pas.

@ Billy Lighter

Vanya protégeait son commanditaire en remettant la faute des menaces sur mon père. D’après elle, je n’avais pas à m’inquiéter de ce commanditaire… Mouais ! Comme je le dis, c’est à moi d’en juger ça. A moins que Kournikova ne sache mieux que moi qui je suis et qui je fréquente.

Ce n’était visiblement pas le cas !

Et ce qui me fit lever un sourcil c’est qu’elle semblait presque déçue de la qualité de son article. Pour elle, il aurait pu être bien meilleur mais mon père avait été décevant. Pour elle, mon père n’avait fait que s’envoyer des fleurs à travers le récit de ses meurtres. Je me demandais très sincèrement ce qu’elle espérait… Elle attendait que Thomas Fleming lui donne des réponses aux questions sur le sens de la vie ou quoi ?

-C’est un serial killer… Je me demande bien ce que vous espériez… Je ne vois pas trop ce qu’il aurait pu vous dire d’intéressant, très sincèrement.

Mon père avait un modus operandi ennuyeux et répétitifs… Même pas de quoi en faire un bon film…

Je cherchais le nom du commanditaire et, sous la pression, Vanya finit par me lâcher un indice. Guitar&Pen… J’avais dû réfléchir avant de sortir le nom d’Axel Moriarty qui était le seul, chez Guitar&Pen, que je connaissais. Mais, encore là, ça ne faisait pas sens du tout.

C’est à ça que je réfléchissais et il y avait encore trop d’inconnue ce qui avait le don de m’agacer. Surtout que Vanya était avare en informations. Pourquoi ? Allez savoir… Elle brandissait l’éthique mais, pour moi, il y avait anguille sous roche.

Quant à sa proposition de porter plainte contre mon père, c’était inutile s’il avait tant de pouvoir à Saint-Quentin. Je préférais, à ce niveau, faire le boulot moi-même. Car si mon père avait les moyens de toucher des gens à l’extérieur des murs de sa prison, moi, j’avais les moyens de le faire morfler de l’intérieur. Mais avant d’en venir là, je voulais analyser les risques.

Et Vanya déclara qu’elle ne savait pas quoi me suggérer d’autre ce qui me fit soupirer d’exaspération. Elle avait penser à son petit cul avant celui des autres, voilà où est la vérité.

Elle ne confirma pas que c’était Moriarty mais me proposait d’aller le voir lui. Je roulai des yeux alors qu’elle brandissait encore l’éthique.

-Vous ne me laissez pas vraiment le choix… Je dois absolument connaitre les risques… Je le répète, j’ai une femme et une fille et je n’ai aucunement envie qu’il leur arrive quelque chose. Et j’aimerais dire au commanditaire que raviver de tels souvenirs n’est bon pour personne au cas où il voudrait récidiver avec un autre taré dans le genre de mon père…

Mais c’est la suite qui fut plus déstabilisante. Le commanditaire qui était certainement Moriarty avait peur de mon père. Je plissai des yeux mais ce qui me surpris le plus c’était que mon père avait tenté de déstabilisé Vanya en disant qu’il avait un message pour Finan Quinn…

Finan Quinn ?

C’est quoi le rapport entre mon père et Finan Quinn ? Ils ne se sont jamais croisés de leur vie.

Rien n’a de sens… Et je détestais quand rien n’avait de sens ou quand je ne pouvais pas trouver le sens !

-Finan Quinn ? Quel est le rapport entre mon père et le chanteur de The Warriors ? Mon père est en prison depuis 29 ans… Je doute qu’il connaisse Finan Quinn sauf à travers les magazines comme tout le monde…

Puis, elle y alla de son analyse sur mon père. Mon père qui était un chasseur et nous qui tombions dans son piège. Je soupirai. Je croirais entendre Sky…

-Sauf qu’il y a des choses que nous ne pouvons pas ignorer… Si on l’ignore, il fera en sorte qu’on se rappelle de lui et je doute que ça soit très joli à voir, Mademoiselle Kournikova… Mais avec le peu d’informations et de garanties que j’ai, je vais devoir discuter avec Axel Moriarty et comprendre sa démarche. Il faudra aussi que je me contente, j’imagine, des garanties du système pour défendre ma famille… C’est toutes les armes que j’ai, hélas, étant donné que votre collègue s’est amusé à vouloir déterrer des choses que je pensais derrière moi.

J’allais surtout devoir aller voir mon père… Je n’ai pas vraiment le choix et ça m’emmerdait au plus haut point. La tentation était grande de le faire éliminer… Très grande. Mais ça demandait des ressource et si je pouvais éviter ça, j’allais l’éviter.

-En tout cas, j’espère qu’il ne vous fera aucun mal… Mais promettez-moi de ne plus jamais faire ce genre d’articles. Ni de retourner le voir.

Je plantais mon regard dans le sien. Elle avait plutôt intérêt… Sinon, ce n’est pas mon père qu’elle devra craindre.

@ Billy Lighter

Je confiais à Ward que je n’avais aucune attente vis-à-vis de ma rencontre avec son père mais que au vu de son histoire, j’aurais pu écrire un article génial mais qu’au lieu de ça, il n’avait fait que s’écouter parler en se glorifiant d’être qui il est. Ça sembla surprendre mon interlocuteur qui me demanda à quoi je m’attendais. Ce fut probablement moi qui le regardai avec surprise, maintenant.

- Je vous l’ai dit, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’aurais espéré pouvoir écrire un article mieux que ce que j’ai livré mais ce ne fut pas le cas.

Avec le recul et au fil de ma conversation avec le fils de Thomas Fleming, je me rendais bien compte que je me retrouvais dans la même situation qu’avec Axel Moriarty. L’un comme l’autre avait comme argument qu’ils avaient une femme et des enfants à protéger.  Je regrettais d’avoir cédé à la pression d’Axel Moriarty et je détestais de ne pas céder à celui de Fleming. C’était une situation inconfortable mais il fallait que tout ceci cesse, que je sorte Thomas Fleming de ma vie et tout ce qui venait avec.

Alors, je refusais de dévoiler l’identité de celui qui m’avait commandé mon article et ça exaspérais Ward qui me répéta qu’il avait une femme et une fille et qu’il voulait bien que le passé reste derrière.

- Et j’ai un petit ami à qui je dois penser aussi. Entendre son nom sortir de la bouche de votre père ne m’a pas plus non plus, vous savez.

Puis, quand j’ajoutais que je n’avais pas voulu passer le message de Thomas à Ivar concernant Finan Quinn, le visage de Ward prit une tel expression de surprise que je cru une seconde qu’il allait se décomposer.

- Je n’ai aucune idée de quel est le rapport entre votre père et Finan et je ne suis pas resté pour le savoir. Je ne voulais pas le savoir à vrai dire. J’y ai vu qu’une manière de jouer un peu plus dans ma tête et il était hors de question que je lui donne ce plaisir.

Il m’apparaissait évident que Thomas Fleming n’avait rien perdu de sa personnalité de chasseur et qu’il était à l’affût et dans le besoin de se trouver une nouvelle proie ce que je me refusais d’être. Mais pour Fleming fils, le fait était que son père resterait toujours un chasseur et que nous ne pouvions pas l’ignorer.

- Certes, je comprends très bien.

Il disait que si nous l’ignorions, il ferait en sorte que ce ne soit pas le cas et que ce serait affreux. La famille Moriarty avait passé très près de mourir dans l’incendie de leur demeure alors oui, je savais de quoi il était capable. Ward était décidé de discuter avec Axel Moriarty et qu’il se contente de ce que le système pouvait offrir comme garanti de protection.

- Croyez-moi, j’aurais préféré et de loin, ne jamais être mêlée à tout cela.

Après tout ça, je n’avais plus très faim et je repoussais doucement on assiette devant moi. Ward espérait que je n’étais pas en danger et je ne pouvais que lui exprimer le même souhait. Je n’avais jamais souhaité un tel dénouement.

- Merci. J’espère que tout ira bien pour vous et votre famille, sincèrement. Et rassurez-vous, je vais me tenir loin de San Quentin !

Je voyais bien que Vanya était déçue de son article mais pas simplement parce qu’elle n’avait eu aucune envie de le faire mais parce qu’il aurait pu être meilleur que ce qu’il était. Je n’ajoutai rien à ça… Je ne voyais pas bien ce qu’on pouvait faire de mieux sur la vie de mon père, très sincèrement. Ses crimes étaient tous les même. Son modus operandi n’avait rien de transcendant. C’était une caricature du sociopathe… Rien qu’on avait pas déjà vu dans un film de série B.

Elle refusa de me donner le nom de son commanditaire en brandissant l’éthique. M’était surtout d’avis que Vanya ne voulait plus rien n’à voir avec cette histoire et m’envoyait, donc, sur les roses. Pourquoi ? Parce qu’elle avait peur. Pas de son commanditaire mais de mon père et qu’elle préférait largement sacrifier la vie de ma fille et de ma femme plutôt que celle de son petit-ami. Ivar Miller. Elle avait eu peur quand Thomas avait sorti son nom alors qu’un gamin de 7 ans en âge de lire aurait pu avoir cette information parce qu’elle avait été notée à plusieurs reprises dans L.A.People.

-Je comprends tout à fait, Mademoiselle Kournikova… Bien que j’aurais sincèrement préféré que vous ne vous rendiez jamais là-bas…

Mais le commanditaire avait fait pression sur elle sans que je sache comment et pourquoi. Je soupçonnais Axel Moriarty d’être ce fameux commanditaire… Mais je n’arrivais pas encore à avoir assez de lien entre tout.

Et je fus même carrément perdu quand Finan Quinn arriva sur la table. Mon père ne connaissait pas Finan Quinn… C’était encore un gamin quand mon père a été arrêté. Quinn est plus jeune que moi. Donc je ne voyais pas du tout le rapport.

Kourkinova non plus. Elle n’avait pas cherché à savoir. Sa curiosité m’aurait pourtant été bien utile ! Mais je devais faire comme si je m’en fichais de Quinn alors que ce n’était pas le cas !

Je soupirai pour évacuer mon agacement avant de lui dire qu’ignorer les menaces de mon père n’était pas non plus une solution. Parce qu’il allait passer à l’acte si je l’ignorais. Je n’étais pas stupide ou point de le sous-estimer. Kournikova comprenait mais elle devait certainement s’en foutre vu qu’elle m’avait refilé le problème Thomas Fleming à travers son foutu article.

Je n’avais d’autre choix que de trouver mes réponses ailleurs. A Saint-Quentin… Mais avant, je devais voir Sky. Je voulais la foutre sur le dossier Moriarty ! C’était son foutu employeur !

Et Kournikova déclara qu’elle aurait préféré ne jamais avoir été mêlé à tout ça. Je pouffai de rire. Un rire jaune.

-Moi de même… Mais apparemment on nous a forcé la main. Enfin, quelque chose vous a forcé la main et vous avez forcé la mienne.

Elle ne semblait plus avoir faim. Moi j’allais achever mon dîner. Réfléchir, ça creuse ! Et elle déclara qu’elle espérait que tout irait bien pour ma famille. Un peu facile, ça, non ?

J’hochai de la tête.

-Je l’espère aussi… Parce que s’il leur arrive quelque chose, croyez-moi que tout ce qui auront participé à ça seront sanctionné. Je vous le garanti.

Je sous-entendais que j’allais porter ça en justice si jamais il arrivait quelque chose à moi, Heaven ou Sky. Mais, en réalité, s’il arrivait quelque chose à ma famille, je trouverais bien d’autres moyens de les faire payer.

Moi, contrairement à mon père, je ne manquais pas d’imagination !

Lorsque Vanya se leva, je restai assis mais ne manquait pas de passer par les politesses à la con.

-Bonne chance à vous pour la suite… Au revoir, Mademoiselle Kournikova.

@ Billy Lighter