-Ça fait deux jours qu’on ne l’a plus vu…

Yang… Yang manquait à l’appelle depuis deux jours. La dernière fois que je l’avais vu c’était dans mon bureau alors que je l’avais intimé de ne pas tuer mon gagne-pain. Parce que Yang avait tué une de mes prostituées et je ne lui avais pas donné l’autorisation pour ça. S’il voulait aller jouer aux tueurs de jeunes filles, il n’avait qu’à le faire lui-même dans son coin. Je ne lui empêchais pas. Mais je n’avais pas aimé qu’il démolisse Lara.

Pourtant il l’avait fait et il avait dit que j’avais bien tué Jennifer sans aucune raison. Il n’aimait pas non plus la promotion que j’avais donné à Riley Raphaël. Bref, il avait contesté en étant bien plus bavard qu’il ne l’était d’habitude. Il avait même laissé sous-entendre qu’il en avait marre de faire le ménage derrière moi lui qui avait, dans ses missions, le devoir de cacher les corps que je laissais dans mon sillage.

Et depuis cette conversation où je lui avais dit de faire attention à ce qu’il faisait, on ne l’avait plus vu pour le plus grand bonheur de Josh.

-Bien… Je vais le retrouver. En attendant, tu es en charge du gang.

Il semblait satisfait. Il faut dire que si jamais je venais à tuer Yang ou si jamais ce dernier ne revenait jamais, Josh savait qu’il deviendrait le second. Mon second.

J’étais, donc, parti à sa recherche. Discrètement. J’avais loué une voiture pour la cause pour évité qu’il me repère trop facilement. Parce que s’il y avait bien un membre de mon gang dont je me méfiais, c’était bien Yang. C’était un sociopathe et il n’était pas stupide.

Alors, il ne fallait pas que je sois stupide, non plus.

J’avais attendu toute la fin d’après-midi non loin de l’une de ses planques… Je les connaissais toutes… Et je le vis sortir de l’une d’entre elle vers 20h. J’avais dit à Sky que j’en aurais pu une partie de la nuit et qu’elle ne devait pas s’inquiéter. Déjà qu’elle s'inquiétait du fait que j’étais de moins en moins souvent à la maison… Mais en réalité j’attendais simplement que les marques laisser par Riley disparaissent… Ce qui n’allait pas tarder à être le cas.

Quant ça sera le cas, je montrerais à Sky qu’elle est le centre de mon monde pour faire disparaitre toutes les idées qu’elle était sûrement en train de se faire…

Je suivis, donc, la voiture de Yang, à bonne distance, cherchant à savoir ce qu’il trafiquait alors qu’il était censé bossé pour moi. Parce que s’il s’amusait à se venger en tuant mes putes, je n’aurais d’autre choix que de l’éliminer.

Mais quelle ne fut pas ma surprise quand c’est à St-John que je retrouvai la voiture garée de Yang. Il entrai, à l’instant, à la mission de quoi me faire lever un sourcil.

Qu’est-ce qu’il prépare ?

Je n’en savais rien… J’attendis dans ma voiture à l’extérieur et le temps me paru long avant que Yang ne ressorte en compagnie de… Nell…

Le destin… C’est décidément ça. Parce que ce que j’avais dit à Nell l’autre jour, j’y croyais. Que j’étais toujours là quand elle en avait besoin.

Et pas de doute qu’elle en avait besoin. Yang ne faisait pas dans la charité. Il se fichait royalement des gens qui crevaient dans la rue. Non. Par contre, Yang faisait dans le meurtre en série et Nell était le profil type de ses victimes. Une jeune femme entre 15 et 30 ans. Le modus operandi de Yang, je le connais. Parce que comme tout bon sociopathe qui se respecte, il aime en discuter. Et il en a discuté avec moi sachant qu’il ne trouverait pas en moi un juge. Donc, je savais exactement ce qui allait arriver à Nell.

1. Il allait l’appâter en se faisant passer pour ce qu’il n’est pas.
2. Il va entrainer Nell dans une ruelle sombre, ce qu’il ne manque pas ici, si possible pas trop loin de sa voiture et à l’abri des regard.
3. Il va commencer par bien lui montrer ses vraies intentions.
4. Il va la droguer pour l’embarquer.
5. Il va la caser dans une de ses planques pour la torturer.
6. Il va la tuer quand il aura fini de jouer avec.

Simple. Classique. Presque ennuyeux. Et un tel cliché qu’il m’était facile d’anticiper ses mouvements. Mais je ne sortis pas tout de suite de la voiture. Je regardai Yang seul avec Nell dans cette ruelle. Il n’avait aucune idée que j’étais témoin. Je n’avais pas les phare allumé et mon moteur était éteint. J’étais à une distance suffisante que pour voir ce qu’il comptait faire avec elle avant d’intervenir.

Parce que je n’aime pas qu’on touche à mes jouets et Yang y touchait. Et j’étais certain qu’il savait que Nell était mon ex.

Et s’il osait la toucher. J’allais le détruire.

@ Billy Lighter

Rares étaient les fois où nous avions des gens intéressés à investir de leur temps et surtout de leur argent pour le plus démunis. Ce soir, un homme venait nous rencontrer et c’est moi qui avais la tâche de lui faire visiter la Mission St-John et de répondre à ses questions. Il avait dit être intéressé par l’entraide et le côté humanitaire lui plaisait. Nous avions donc tout mis en œuvre pour qu’il puisse bien voir l’ampleur de la tâche.

À son arrivé, je lui avais présenté les piliers de notre organisme, ceux qui y œuvraient depuis tellement longtemps qu’on imaginait mal la mission sans eux. Je lui avais fait visiter l’église qui nous servait de local principal aménagé avec ses tables et ses lits pour les sans abris qui venaient manger ou dormir. Ensuite, à l’arrière de l’église dans l’ancienne sacristie, était aménagé une grande cuisine et elle faisait notre fierté même si les équipements étaient désuets.

- Nous fournissons  des centaine de repas par semaine et la demande ne cesse de grandir. Nous remarquons aussi que maintenant, ce sont des familles qui viennent demander à manger.

Il y avait un immense réfrigérateur dans lequel nous emmagasinions nos provisions mais il arrivait parfois que certaines épiceries nous offraient leurs surplus d’inventaires ainsi, nous pouvions faire des boîtes et les offrir aux familles qui venaient nous voir.

Ensuite, il y avait au sous-sol, la réserve de vêtements, de jouet et encore des lits pour accueillir les pensionnaires de plus en plus nombreux. C’était désolant de voir que la misère ne faisait que s’étendre et que nos gestes aux quotidiens, ne représentaient qu’une goutte d’eau dans l’océan.

- C’est pour cela que nous sommes très reconnaissant quand des gens comme vous viennent vers nous, la main tendue !

C’était une bénédiction !

Quand la visite e l’intérieur fut terminée, je lui proposais d’aller voir un peu à l’extérieur du bâtiment, même s’il commençait à faire sombre parce que forcément, étant un organisme à but non lucratif, nous n’avions pas beaucoup de sous pour l’entretient qui se faisait un peu mettre de côté. Notre priorité était et serait toujours le gens mais si notre repaire devait finir par tomber en ruine, nous ne serions pas très avancés.

Je lui expliquais donc qu’il y avait deux and de cela, un donateur avait accepté de payer pour faire changer quelques vitres qui avaient été fracassées par des vandales.

- C’est tellement navrant de tout donner pour aider et de se faire ensuite vandaliser. Mais les gens expriment leur mal être comme ils le peuvent. Nous avons aussi eu des dons pour réparer le porche mais comme vous pouvez le voir, il n’est pas terminé.

Le plus inquiétant demeurait la toiture de la partir arrière alors quand il me demanda de l’y conduire, je ne posais pas de question et l’amenais en passant par la ruelle.

Je ne compris pas tout de suite ce qui se passait quand je me retrouvais, sa main plaquer sur ma bouche et mon dos contre la brique de la mission. Ce n’est que lorsque je le vis sortir un couteau de sa veste pour me le mettre sur la gorge que je compris que toute cette visite n’était qu’un cirque. Mais pourquoi moi ? Pourquoi s’être donné tout ce mal ?

J’aurais voulu hurler mais sa main sur ma bouche m’empêchait presque de respirer. Je tentais tout de même, malgré sa lame sur ma gorge, de le repousser mais il était décidé a me maintenir contre le mur.

@ Billy Lighter

Je fixai le duo Yang-Nell attentivement. Je n’avais aucune idée de ce qu'ils se disaient mais j’étais à l'affût de chacun de leurs mouvements.

Je savais que Yang n'allait pas tarder à agir. Il n'était pas ici pour rien et il ne s'était pas donné tant de mal pour gagner la confiance de Nell pour rien. Il la visait. Restait à savoir si c'était le destin qui faisait que sa cible était Nell ou ben s'il la visait volontairement pour me toucher indirectement.

Bonne question... Si c'était le seconde hypothèse alors, pourquoi pas Sky ? Certainement parce qu'il se doutait que Sky était bien plus protégée et qu'elle serait aussi plus méfiante. Donc qu’il aurait bien plus de difficulté de la toucher sans trépasser dans la seconde qui suit.

Nell, elle, n'était pas aussi méfiante qu'elle le devrait. Et sa position à la mission la faisait aller dans des endroits où elle pouvait potentiellement être seule.

Comme ce soir.

Nell fini par entraîner Yang dans une plus petite ruelle et je sortis alors, doucement, de ma voiture. J'avais un flingue sur moi caché dans la poche intérieur de ma veste. Ça pouvait être utile. Je ne devais pas sous-estimer Yang. Je connaissais ses qualités.

J'arrivai alors dans la ruelle pour voir que Nell était dans de beaux draps. Yang la maintenait contre le mur et la menaçait d'un couteau sur la gorge.

C'était dans son modus operandi.

-Lâche-la...

C'est ce que je dis sur un ton calme alors que Yang tourna la tête vers moi. Je vis, l'instant d'une seconde, de la surprise sur son visage mais il repris vite son air neutre.

-Fleming... Comment tu savais ?

Il m'a appeler Fleming... Je considère ça comme une lettre de démission de son poste de second au sein de mon gang. Voir même d’une démission tout court des New Soldados.

Mais je ne dis rien hormis :

-C’est le destin. Nell et moi, on est lié. C'est comme ça.

En fait,, je t'ai suivis, enfoiré. Je t'ai suivi parce que tu n'es pas venus bosser depuis deux jours !

Il ricana tenant toujours fermement Nell... Il appuyait un peu plus son couteau contre la gorge de Nell. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Tu vas la tuer ? Là ? Devant moi ? Tu es dans un impasse.

Et il était suffisamment intelligent que pour le savoir. S'il tuait Nell, j'étais témoin. Mais il trouva une faille à ça :

-Et pourquoi pas, Fleming ? Si je la tue, tu vas faire quoi ? Appeler les flics ? Si tu fais ça, je tomberais pour meurtre mais je me ferais un plaisir de balancer tout ce que tu as fait. Rien que sur cette année, j'ai enterré une bonne dizaine de cadavres pour toi. Sans compter que je sais que tu es El Lider. Et je collaborerais totalement avec les flic. Tu auras la peine de mort, Fleming. Pas moi.

Il me menace ? Oui. Je le fixai toujours.

-Non. Si tu la tue, je n’appellerais pas les flics. Mais je te retrouverais et je te tuerais. Mais pas rapidement. Lentement.

Il ne ricana plus. Il savait, au fond, que s'il tuait ou s'il ne tuait pas Nell, j'allais le tuer. Rien que pour m'avoir appelé Fleming.

Il lâcha alors Nell... Mais il lui envoya in poing en plein figure. Assez pour l’assommer. Pas assez pour la tuer. Nell s’écroula au sol.

Et moi, j'avais avancé d'un pas... Un réflexe que je n'aurais pas dû avoir car il trahissant que tout ça m’importait plus que ça n'y paraissait. Et ce simple geste suffit à faire ricaner Yang.

-Le petit Fleming tient à son ex, on dirait.

Il rangea alors son couteau.

-Je vais la laisser tranquille. Et on verra qui tes New Soldados vont suivre… Toi ou moi.

J’hochai de la tête. C’était à ça qu’il voulait jouer ?

-Bien. Vas-y. Retourne au QG. Je te rejoint. Et on verra.

Il hocha de la tête et passa à côté de moi. Et à ce moment, je l’attaquai pour en finir avec lui… Mais il fut plus rapide, comme s’il avait anticipé mon intention. Et il me mis un poing dans le figure. Assez pour prendre l’ascendant et arriver à me plaquer contre le mur et m’envoyer un autre poing dans ma figure.

Enfoiré.

Je saignais mais j’avais encore les idées claires malgré le sifflement que j’avais à l’oreille. Et je frappai dans le genou de Yang assez que pour qu’il perde l’équilibre et recule après qu’il ait tenté de me poignardé avec son foutu couteau.

Là, je sortis mon flingue, l’armant et pointant mon ex-second.

-Dégage, Yang. Et tu as intérêt à partir quelque part où je ne te retrouverais pas.

Il me fixa d’un air mauvais avant de se relever et, comprenant que j’allais tirer si jamais il faisait le moindre faux pas, il finit par filer.

Je n’abaissai mon flingue que quand je fus sûr qu’il fut parti et je me dirigeai, ensuite, vers Nell pour la porter. Je n’avais aucune envie qu’elle envoie les flic sur moi ou sur Yang alors il fallait que je sois là à son réveille.

Alors, je pris ses clés pour entrer dans la mission et l’allongeai sur un canapé qu’il y avait là. Je mouillai alors un bout de tissus qui trainait pour tapoter à l’endroit où elle s’était fait frapper histoire d’accélérer un peu son moment de réveil.

-Nell… Réveille-toi.

@ Billy Lighter

Les choses s’étaient rapidement mises à escalader. L’homme qui se disait un investisseur sérieux n’était pas ce qu’il prétendait être et je m’étais retrouvé contre le mur de brique de la Misson St-John, un couteau sur la gorge. Je pouvais voir toute la fureur, toute la haine et la folie dans son regard. Je ne comprenais pas comment nous en étions venus là ! Si j’avais dit ou fait quelque chose qui aurait pu l’énerver. Même dans cette situation, je cherchais encore une explication rationnelle au geste de l’homme.

Je pensais vivre mes dernières minutes, j’espérais que ce ne serait pas Jordan quand une ronde qui me retrouve égorgée dans la ruelle. Mon cœur se serra et mon souffle resta coincé dans ma gorge.

La voix de Ward se fit soudainement entendre mais je n’osais pas regarder en sa direction, le couteau appuyait très fort sur ma peau, je pouvais en sentir les morsures de la lame. Il y eu un échange entre les deux, c’était incohérent, pour moi en tous les cas ! Il faut dire que les battements de mon cœur affolé prenaient le dessus sur tout ce qui se passait autour.

La lame glissa sur ma gorge sans me l’ouvrir, je cru que je pouvais partir, que j’étais libre puis tout fut noir. Le noir total, le noir qui faisait peur et qui glaçait le sang. Comme un immense tourbillon qui m’aspirait vers le fond infiniment loin et même si je tentais de m’agripper, rien ne me restait entre les mains pour que je puisse me retenir et m’empêcher de sombrer plus profondément.

Ce fut encore la voix de Ward qui se fit entendre.

Il me demandait de me réveiller.

Je ne me sentais plus tomber. On ne m’aspirait plus vers le bas, la chute vers l’infini était terminée. Je me sentais stable, allongée peut-être. Dans la ruelle ou ailleurs. Il faisait bon, je ne sentais plus le vent sur ma peau. Alors je remuais mes doigts, ensuite, la tête. Puis je me risquais à ouvrir la bouche et aspirer un peu d’air avant d’ouvrir les yeux mais je les refermais aussitôt parce que j’y vis une pluie d’étoile.

- Je suis réveillée, murmurais-je difficilement.

J’avais l’impression désagréable de vomir mes mots, comme s’ils allaient couler de ma gorge qui me brulait. D’ailleurs, j’y portais une main et touchais du bout des doigts ma gorge. Elle n’était pas tranchée, c’était une bonne nouvelle.

- Tu es toujours là. Je vais finir par y croire à ton histoire de destin.

J’ouvris un œil et cru qu’en ouvrant le second, l’image serait moins dansante. Elle dansait moins mais malgré la pénombre, je devais plisser des yeux. Ma tête résonnait et une douleur lancinante y valsait comme si tous les violons du Roi l’accompagnait.

- Tu peux me ramener chez moi ?

Je fis l’effort de me lever mais je changeais bien vite d’idée car au simple effort, ce fut comme si des décharges électriques me traversais la tête, la nuque et même mes épaules. Je me serais fait renverser par une voiture que je ne me sentirais pas aussi mal ! Quand je serais en mesure de réfléchir, j’aurais bien des questions pour Ward.

@ Billy Lighter

Alors que je passais un linge mouillé sur le front de Nell dans le but de la réveiller après le coup qu'elle avait pris, je la vis doucement bouger. D'abord un peu et puis de plus en plus, signe qu'elle se réveillait.

Je déposai le linge mouillé non loin de moi la laissant reprendre ses esprit. Yang ne devait pas avoir fait trop de dégâts. Elle aura peut-être mal à la tête un moment mais je doutais que ça soit plus grave qu'une légère commotion. Je savais, d'expérience, qu'il en fallait beaucoup pour terrasser quelqu'un et Yang n'aurait pas pris le risque de la tuer par accident alors il avait dû doser son coup.

Elle ouvrit la bouche alors que je la regardais. Elle disait qu'elle était réveillé.

-Je vois.

Je souris légèrement alors qu'elle avait un peu de mal à parler étant donné qu'elle reprenait à peine ses esprits. Elle n'avait pas encore ouvert les yeux mais elle parlait disant qu'elle allait finir par croire à mon histoire de destin. Je repris un air sérieux.

-Moi, j'y crois.

Non. Je n'y crois pas. Pas pour ce soir. Ce soir, j'avais simplement suivi Yang et ce n’était pas un hasard non plus si Yang avait visé Nell. J'avais bien entendu dans son discours qu'il savait qu'elle était mon ex.

Elle demanda si je pouvais la ramener chez elle. Oui. Je pouvais faire ça si elle me certifiait que je ne tomberais pas sur Jordan Keller. Mais avant que je ne dise quoi que ce soit elle tenta de se lever mais changea bien vite d'avis.

-Tu devrais rester couchée encore quelques minutes. Tu as pris un coup sur la tête. Tu risques d'avoir mal un bon moment. Faudrait pas que tu t’écroules parce que tu t'es levée trop vite. Tu es a l’abri, ici, de toute façon. On est à l’intérieur de St-John.

Moi, j'avais mal aussi mais j'avais l'habitude. Mon oreille ne sifflait déjà plus mais je savais que Yang avait ouvert ma pommette. Je le sentais.

-Je te ramènerais. Keller est chez lui ?

Elle savait très bien pourquoi je posais la question. Du reste, je repris :

-Tu devrais vraiment songer à ne plus te balader seule à South L.A. ou dans l’Eastisde la nuit. Ah et ne pas faire confiance aux inconnus. Il t'a dit quoi, lui ? Qu’il voulait faire du bénévolat ?

Je voulais savoir ce que Yang avait fait ou dit pour que Nell n'y avait vu que du feu.

@ Billy Lighter

Il manquait un passage dans mon histoire. Celui du moment où je me trouvais dans la ruelle derrière la mission avec un homme qui menaçait de me tuer et celui où je me réveillais avec Ward Fleming veillant sur moi. Il m’avait dit, il n’y avait pas si longtemps de ça, qu’il nous pensait lier. Que c’était notre destin ou plutôt le sien que de se retrouver là quand j’avais besoin d’aide. Je commençais à le croire, ça venait encore de se produire.

- Je n’ai plus le choix de le croire, moi aussi.

Je tentais de me relever après avoir ouvert doucement les yeux mais j’abandonnais l’idée vu comment tout tournait autour de moi et l’impression que j’allais rendre le contenu de mon estomac ne me plaisait pas du tout.

- D’accord.

Ce n’était pas une mauvaise idée de me donner le temps de me reposer et d’attendre que le choc passe. Je ne savais pas, cependant, quelle heure il était et je ne voulais pas que Jordan s’inquiète. Au moins, il savait que je me trouvais à la mission alors, si je ne revenais pas à l’heure prévue, il allait sans aucun doute venir voir ce que je faisais.

Je demandais tout de même à Ward de me ramener chez moi. Je préférais ça que de rester ici à attendre. Dès que je pourrais me mettre sur mes pieds et marcher, il pourrait me soutenir le long du trajet.

- Si, il est à la maison.

Ward saignait de la pommette. Il s’était prit un coup en voulant me protéger, je ne savais pas quoi en penser. Il n’était pas obligé de faire ça, se voler à mon secours pourtant, il le faisait quand même.

Et je voulais savoir pourquoi.


Je grimaçais quand Ward me donna comme conseil de cesser de me balader seule dans South L.A. ou dans l’Eastside la nuit, et de ne plus faire confiance aux inconnues. Je passais doucement mes doigts sous sa coupure sur sa joue et lui fit une petite grimace.

- Si je fais ça, tu ne viendras plus me sauver !

Les étourdissements étaient encore violents mais ils semblaient s’espacer un peu, cependant, je sentais bien que j’aurais une horrible migraine pendant encore longtemps !

- On m’a demandé de faire visiter les lieux à un investisseurs sérieux. Ça arrive de temps en temps, tu sais, que des gens honnêtes veulent offrir de leur temps et de leur argent et les deux nous font cruellement défaut.

Autrement dit, je n’avais pas fait exprès de me mettre dans le pétrin, tout comme je n’avais pas planifier ma virée dans South L.A. avec Grant. Tous les deux étaient de malencontreux concours de circonstances, de mauvais tours du sort, peu importe. Ce n’était pas ma faute.

Je pris appuie sur le bras de Ward et je me relevais très lentement jusqu’à me retrouver assise et face à Ward.

- Il s’est présenté comme étant un philanthrope. Il a dit être intéressé par ce que nous faisions pour la communauté ici et vouloir aider. Ça faisait au moins trois semaines qu’il était en communication avec nous avant de demander à venir voir sur place pour chiffrer nos besoins.

Je pris la main de Ward dans la mienne, je voulais qu’il me regarde franchement dans les yeux parce que je voulais comprendre.

- Vous sembliez bien vous connaitre et ne pas vous apprécier. Pourquoi il s’en est prit à moi ? Pourquoi il a pris tout ce temps pour impliquer la mission dans son histoire ?

@ Billy Lighter

Nell déclara ne plus avoir d’autre choix que de me croire en ce qui concernait notre lié tissé par le destin. Même si, cette fois-ci, Yang et moi avions forcé le coup du sort. Puisque j’étais délibérément devant St-John pour le suivre lui. Mais ça, je n’en dis rien à Nell me contentant d’hocher de la tête alors qu’elle tenta vainement de se lever.

C’était trop tôt pour ça.

Elle se tint alors calme restant allongée alors qu’elle voulait que je la ramène chez elle preuve, toujours, de sa confiance aveugle envers moi. Même si, Nell avait raison sur un point : jamais je ne lui ferais du mal. Tout comme jamais je ne ferais du mal ni à Sky, ni à Heaven.

Parce qu’elle étaient à moi.

Mais je voulais savoir si Keller était chez lui. Je n’avais pas vraiment envie de me retrouver nez à nez avec lui. Pas ce soir. Il pourrait croire que j’ai pris sa petite-amie pour cible et je n’avais aucune envie d’être surveillé. Bien que Nell risquait de lui dire la vérité la connaissant…

Et, pour cause, Keller était bien chez lui.

-Bien… Je te déposerai deux maisons plus bas…

Ainsi, pas de confrontation avec Keller qui risquait d’y aller avec son petit interrogatoire à la con. C’était un flic. On ne change pas un flic. Et Keller n’était pas le plus stupide des flics et il avait le don d’être incorruptible. Une plaie pour les gens comme moi.

Je conseillai, ensuite, à Nell d’éviter de se promener seule dans des quartiers pareils. Elle passa alors son doigt sur ma blessure me faisant frissonner alors que j’avais, momentanément, fermé les yeux avant de les rouvrir quand elle déclara que si elle faisait ça, je ne viendrais plus la sauver.

Je ne serais pas en couple avec Sky, cette phrase aurait suffit à ce que j’aie envie de faire de Nell ma petite-amie à nouveau. Mais j’avais Sky et Sky était tout pour moi. Alors je me contentai de pencher légèrement la tête sur le côté me demandant si Nell, inconsciemment, ne cherchait pas le danger pour me voir apparaitre.

-C’est vrai… Ça serait dommage.

Quant à Yang, elle m’expliqua qu’il s’était présenté comme un investisseur chose qui manquait cruellement à St-John. Je ne dis rien me contentant d’écouter Nell jusqu’au bout alors qu’elle s’était redressée pour finir assise à mes côtés. J’appris que Yang avait préparé son coup depuis trois semaines et ça me fit un peu tiquer… Donc, ça faisait au moins trois semaines qu’il cherchait à me nuire. Voir plus.

Je retins ça entrelaçant nos doigts quand elle pris ma main dans la sienne. Et elle posa des questions. Des questions qui me prouvèrent qu’elle n’avait pas forcément tout capter de ce qu’on s’était échangé avec Yang. Il faut dire qu’elle a rapidement été mise K.O..

-Il s’en est prit à toi certainement parce qu’il a su que tu étais mon ex. Tu connais ma réputation. Tu sais qui je suis. Tu le sais mieux que tout le monde. Ce type s’appelle Yang… C’est, tout du moins, son pseudonyme. Je le connais de la boxe. Tu sais que je fais des matchs de boxe. Et bien, lui aussi. Quant on boxe, on se provoque. Ça fait partie du jeu. Sauf que Yang est susceptible et qu’il n’apprécie pas les provocations. Et ça fait quelque temps qu’il m’a dans son collimateur.

Je fixai toujours Nell.

-C’est un sociopathe. C’est ce que dis sa réputation en tout cas. Du coup, j’ai cru, à tort, qu’il allait s’en prendre à Sky. J’ai, donc, fait en sorte que Sky soit en sécurité. Je le fais déjà depuis ce qu’il s’est passé avec Quinn. Mais, apparemment, Yang t’a visé toi et a bien préparé son coup. Je ne savais pas qu’il t’avais visé avant de passer par hasard dans l’Eastside et de reconnaitre sa voiture juste devant la mission.

Mon histoire tenait la route. L’important étant de ne pas dire que Yang était le second de mon gang. Il ne fallait pas que Keller sache que je dirigeais les New Soldados.

-Mais il ne devrait plus venir te faire du mal. Il connait ma réputation aussi. Et il sait que je ferais attention à ce qu’il ne t’arrive rien.

C’est là que j’entendis du bruit venant de l’entrée de St-John. Je me levai d’un coup portant, instinctivement ma main à la poche intérieur de ma veste sans pour autant sortir mon flingue. Si Yang était revenu avant un flingue, il valait mieux que je reste sur mes gardes.

Je fis, d’ailleurs, signe à Nell de ne pas faire de bruit.

@ Billy Lighter

Grant était déjà au lit depuis un moment… Je ne pensais pas qu’il dormait… Il devait sûrement être en train de lire des comics avec une lampe de poche, sous ses couvertures.

Moi, je regardais un vieux Godzilla à la télé… enfin, je ne regardais pas vraiment. J’attendais Nell et l’heure avançait. Pour finir, mes yeux étaient plus sur l’horloge du salon et sur ma montre que sur l’écran de télé.

J’allumai une cigarette… Parce que ça commençait à me rendre nerveux. Et Grant n’était pas là pour me réprimander.

-Bordel, Nell… Qu’est-ce que tu fabriques ?

Elle était à Saint John’s mais je savais que parfois, sa bonté allait trop loin… Qu’elle restait plus longtemps pour une raison x ou y… Mais avec la nuit qui tombait de plus en plus tôt, dans ces quartiers là… Et cette putain de guerre des gangs…

Justement, à propos de la guerre des gangs… On nous avait conseillé, au commissariat, de reprendre tous les jours notre arme à la maison et de la garder dans un coffre fermé et démontée surtout pour ceux qui avaient des enfants. Moi, j’avais en plus caché le coffre pour être sûr que Grant ne tombe pas par hasard sur mon arme.

Je finis par me lever, fumant comme un dragon et sortit le coffre de la penderie de ma chambre. Je la remontai puis la mis dans mon holster que j’attachai à ma ceinture. Puis, je me dirigeai vers le téléphone et composai le numéro de Duncan.

-Allo, Duncan ? Tout va bien ?

Il était encore trop tôt pour que je le réveille et il me confirma que tout allait bien. Que lui et Leia venaient de se terminer une pizza qu’ils avaient commandée.

-Oh super ! Dis ça m’embête de te demander ça mais tu saurais venir garder Grant pendant une heure, une heure et demie ? Nell n’est pas encore rentrée et je m’inquiète. Le petit ne devrait pas te déranger, il est déjà au lit.

Mon frère répondit par l’affirmative mais il me sembla qu’il lui fallut des heures pour arriver… Et il avait pris Leia avec lui… Je les saluai tous les deux en vitesse avant de prendre ma voiture, direction Saint John’s…

Quand j’arrivai là, la porte principale était ouverte.

-Il y a quelqu’un ? Police. Montrez-vous !

Je dégainai mon flingue et le pointai dans la direction de mon regard.

-Nell ? Nell tu es là ?

J’entendais des voix et me dirigeai vers là.

Avant de pointer mon arme sur nul autre que Ward Fleming, lui aussi armé.

-Baisse ton arme Ward ! Qu’est-ce que tu as fait à Nell ?!

Mon cœur battait la chamade… Nell était allongée et comme si elle reprenait petit à petit conscience.

@ Billy Lighter

Ma tête tournait et j’avais la nuque raide. Je voulu me lever mais l’effort me donna la nausée alors je restais encore allongé, sous le conseil de Ward, le temps que ça passe. Malgré ça, je voulais quand même que Ward me raccompagne chez moi, je ne voulais pas que Jordan s’inquiète de ne pas me voir rentrer. Mon sauveur voulait savoir si mon petit ami risquait d’être à la maison ce que je lui confirmais.

- Je ne devrais pas me faire attaquer à deux maisons de chez moi, ça ira, dis-je en esquissant un petit sourire.

C’était mieux ainsi. Je ne voulais pas cacher à Jordan ce qui était arrivé, je n’en avais pas non plus l’intention, mais il n’était pas non plus obligé de me voir raccompagnée par Ward, ça ne ferait qu’ajouter de l’huile sur le feu.

Ward me donna alors le conseil d’éviter les ruelles, tant celles de l’Eastside que celles de South L.A. mais je lui fis remarquer, à la blague, que si je faisais ça, il ne pourrait plus venir me secourir ce qui invaliderait sa théorie concernant le lien qui nous unissait. Il ajouta que ce serait bien dommage. Je n’étais pas totalement inconsciente, comme il semblait le croire. Jordan aussi, parfois, semblait le penser. Je n’allais pas dans les ruelles en quêtes de problèmes bien au contraire. Je n’étais pas responsable de ma virée avec Grant dans South L.A. comme je n’avais pas fait exprès de me jeter dans les griffes du faux philanthrope.

D’ailleurs, concernant l’évènement de ce soir, je cherchais à comprendre pourquoi j’avais été visée, pourquoi il s’en était prit à moi. Après m’être péniblement relevée, j’écoutais Ward qui avait entrelacé nos doigts. Il m’expliqua que l’homme en question se nommait Yang et qu’il le connaissait de la boxe.

- Il a la susceptibilité coincée au niveau olympique, dis donc ! Il a voulu me tuer ! Il… Il… a mit son couteau sur ma gorge !

Il avait poussé loin la vengeance en décidant de s’en prendre à moi sous prétexte que Ward et moi avions eu une histoire il y a de cela quelques années. Il avait vraiment beaucoup de temps à perdre, ce type !  Mais comme Ward continuait de l’expliquer, il avait fait en sorte que Sky soit en sécurité alors, Yang avait cherché ailleurs.

- Ça te ferais mal ? Si je mourrais ?

Il ferait en sorte qu’on ne me fasse pas de mal, c’est ce qu’il ajouta et je serrais un peu ses doigts sur les siens avant de poser ma tête contre son épaule. J’avais froid, soudainement, et les étourdissements semblaient vouloir s’intensifier.

Un bruit provenant de l’église se fit entendre, comme si quelqu’un venait de pousser les grandes portes pour y entrer. Tout de suite, Ward se leva et moi, apeurée que Yang puisse revenir pour un deuxième round, me recouchais sur le divan, comme si ça pourrait suffire à me rendre invisible !

Je reconnu ensuite la voix de Jordan et je me relevais pour le voir… mais ce que je vis fut Jordan et Ward, se pointant chacun avec leur arme.

- Baissez vos armes, tous les deux ! Jordan, je vais bien. Je vais tout te raconter.

Je surestimais mes forces en me levant trop rapidement et je perdis pied et tombais sur le sol.

@ Billy Lighter

Nell disait qu’elle ne devrait pas se faire attaquer à deux maisons de chez elle. Je n’en étais pas aussi sûr étant donné ce que j’avais vu ce soir. Nell semblait attirer les problèmes comme un aimant mais je souris d’un petit sourire parce qu’elle voyait ça comme un trait d’humour.

C’est ensuite que j’avais dû choisir les mots pour expliquer pourquoi Yang l’avait attaqué elle. J’avais transformé l’histoire bien que la raison était réelle. Si Yang avait visé Nell, c’était parce qu’il voulait me viser moi et que mon ex semblait être la cible la plus simple pour lui. Yang était doué mais il manquait cruellement d’ambition. En visant Nell, il n’a pas pris la cible la plus compliquée… Il aurait pu choisir une autre de mes exs. Bien que… Elles sont toutes mortes, en réalité. Et qu’une seule par ma faute. Les autres étaient mortes pour des raisons extérieures à moi.

Donc, Yang n’avait pas eu vraiment le choix.

Nell déclara que Yang était extrêmement susceptible que pour en arrivé à des extrêmes pareilles. Oui. C’est surtout que la raison que j’ai donné est totalement fausse.

-Je n’ai jamais dis qu’il était sain d’esprit. Quand j’ai dis à Grant qu’il y avait de plus gros poisson dans la mare de L.A., je ne mentais pas. Il y a de tout et Yang fait partie du pire.

Non. J’étais le pire. Mais Nell me voyait comme un être humain alors autant continuer à ce qu’elle me voit comme ça.

Alors que nos doigts étaient entrelacés, elle me demanda si ça me ferait mal, si je mourrais. Je la fixai en penchant légèrement la tête sur le côté.

-Je crois que tu sais la réponses…

J’étais ici. C’était une preuve. Je déteste qu’on casse mes jouets. Je déteste vraiment ça. Ce qui m’appartient, on ne peut pas y toucher.

Elle posa alors sa tête sur mon épaule et semblait frissonner. J’allais l’enlacer plus quand j’entendis du bruit ce qui fit que je me levai alors que Nell, à nouveau apeurée, se coucha à nouveau. Sur mes gardes, j’avais la main sur mon flingue prêt à le sortir, ce que je fis quand un homme se présenta devant moi, armé aussi.

Je le visai avant de me rendre compte que c’était Jordan Keller et non Yang. Et je n’étais pas sûr que ça soit mieux que ça soit Keller. Yang se serait repointé armé, j’aurais tiré et Nell aurait témoigné en disant que c’était de la légitime défense.

Jordan me demanda de baisser mon arme et je le fixai d’un air neutre alors qu’il demandait ce que j’avais fait à Nell.

Je l’ai sauvé, abruti.

-Je ne lui ai rien fait…

J’aimais me présenter devant un flic et pouvoir dire que, pour une fois, je n’y étais pour rien. J’aimais fanfaronner devant les flics. Jordan le savait.

Nell demanda à ce qu’on baisse nos armes alors qu’elle était prête à tout raconter à Jordan. Elle se leva ensuite mais trop vite ce qui fit qu’elle s’écroula.

-Ok… Je dépose le flingue.

J’arrêtai, donc, de viser Jordan pour mettre les mains en l’air avant de, doucement, poser mon flingue à terre et de le faire glisser, d’un coup de pied, vers Jordan.

Ça lui laissait, maintenant qu’il avait mon flingue, le loisir de filer vers Nell.

-Elle s’est fait agressée dans la rue par un type. Il avait un couteau. Je suis intervenu. Elle a prit un coup sur la tête. Elle n’a rien de grave. Le type s’est barré. J’aurais pu lui tirer dessus avec mon flingue mais ça fait mauvais genre avec mon casier judiciaire même si ça aurait été de la légitime défense. Le type visait Nell parce que c’est mon ex et qu’il m’en voulait. Il s’appelle Yang.

J’avais donné son nom. C’était un risque. Parce que je savais qu’il sera, inévitablement, dans le collimateur de Keller. Mais Yang était malin. Il savait éviter les flics.

Moi, il ne m’évitera pas.

-J’attendais que Nell reprenne ses esprits. C’est tout. Je ne lui ai rien fait du tout. Elle pourra confirmer. Ça te va Keller ?

Mon ton avait été monocorde du début à la fin.

@ Billy Lighter

Tout en progressant, j’allumais les lumières dans chaque pièce que je traversais… ça déstabiliserait mon éventuel adversaire et me permettrait d’y voir clair.

Mais je tombai assez vite sur Ward, qui me visait aussi de son flingue et, derrière lui, Nell, allongée sur un vieux divan défoncé. Elle nous cria de baisser nos armes ce qui me rassura : elle était consciente.

-Nell ! Nell ça va ?

Mais je ne baissai pas mon flingue, pas tant que Ward ne baissait pas le sien. Ce qu’il finit par faire, me l’envoyant même en le faisant glisser à terre. Ça ne suffisait pas pour me faire croire qu’il était totalement désarmé, il pouvait avoir sur lui une arme blanche et puis même, son corps en lui-même était une arme.

Mais je baissai mon arme et la rangeai dans son holster à ma ceinture, puis pris celle de Ward et la glissai à l’arrière de mon jeans après l’avoir sécurisée.

Si Nell avait dit qu’elle allait tout me raconter, Ward pris les devants en disant qu’il était intervenu alors qu’un homme menaçait Nell avec un couteau.

-Et qu’est-ce que tu faisais là, hein ? Tu la suis ?!

C’était bien le genre de Ward, suivre ses ex comme pour les posséder encore.

Je passai à côté de Ward en restant à une distance de sécurité de lui et allai relever Nell qui s'était écroulée à terre en voulant se lever trop vite. Je l'allongeait à nouveau sur le canapé, lui prenant la main et ôtant de mon autre main les cheveux qu’elle avait sur le visage.

-Shhh tout va bien, je suis là maintenant.

Puis, je regardai Ward qui disait qu’l avait attendu que Nell reprenne ses esprits…

-Même si tout ça est vrai, qu’est-ce que tu foutais là toi ? Qui me dis que tu n’étais pas là pour lui faire du mal et que ce Yang t’a devancé ?

Puis ça fit « tilt ! » dans ma tête, je fronçai les sourcils, en regardant Ward.

-Yang… J’ai déjà entendu ce nom… C’est lui que Olivia Cortez désigne comme son kidnappeur et celui qui l’a torturée.

Je penchai la tête sur le côté, comme j’avais si souvent vu Grant le faire juste avant qu’il ne sorte une réplique bien sentie ou quelque chose d’intelligent.

-Tu le connais, Yang ? C’est lui que tu as suivi ? Tes hommes se mutinent, El Lider ?

@ Billy Lighter

Ainsi donc, j’avais été traquée puis attaquée par un ennemi de Ward, un adversaire jaloux qui venait de la boxe. Je trouvais intense de réagit de la sorte, de chercher à blesser et surtout tuer une ex petite amie pour se venger ! Cependant, j’étais tout de même au courant que nous vivions dans un monde de plus en plus malade alors, je ne devais pas être surprise de ce genre de raisonnement.

Plutôt en être désolée.

- Il faudrait peut-être mettre un filet à poisson, dans la marre.

Nos doigts entrelacés, je demandais à Ward s’il serait triste s’il m’arrivait un truc de grave, si je devais mourir et il me regarda, sa tête penchée sur le côté et répondit simplement que je savais la réponse. Je fis oui de la tête, en baissant les yeux sur nos mains. Ça me faisait tout drôle de penser que je pouvais quand même compter pour lui au point qu’il serait mal s’il m’arrivait un malheur. J’aurais bien aimé savoir pourquoi mais je ne sentais pas que le moment était bien choisi pour ce genre de question.

J’étais exténuée, nauséeuse et le pire mal de tête que j’avais eu de toute ma vie. Je me reposais donc contre Ward avant qu’il ne se lève d’un bon, prêt au combat et que moi, effrayée de revoir Yang, je me recroquevillais sur le divan, tout bêtement.

Ce ne fut pas Yang, heureusement, mais Jordan, qui entra et j’assistais impuissante à un face à face entre mon ex petit ami gangster et mon petit ami policier. À ce moment précis, j’aurais voulu être n’importe où sauf ici.

Ils ne pouvaient pas se menacer de leurs armes, pas ici au cœur même de la Mission St-John qui s’évertue à lutter contre le mal ! Alors je leur demandais de baisser leurs armes! Le suspens était intenable et cela me sembla être une éternité avant qu’enfin, Ward envoie son arme au sol et que Jordan le range dans son holster. Je voulais expliquer à Jordan ce qui c’était passé mais Ward le fit pour moi et je tentais alors de me relever mais j’avais surestimé mes forces et je tombais au sol, mollement, comme une crêpe, sans même comprendre comment j’en étais arrivé là.

Je ne maîtrisais plus mon corps avec cette migraine titanesque que j’en avais les larmes aux yeux alors que je tentais de me relever. C’est Jordan qui s’était rapproché de moi et qui m’aidait à me relever. C’était bon de le sentir près de moi après avoir vécue une si grande frayeur.

- Je voudrais rentrer, s’il-te-plait.

J’avais murmuré, d’une toute petite voix, je n’étais même pas certaine que Jordan m’ait entendu. Il était en colère contre Ward qu’il croyait toujours prêt à me faire du mal. Mais si Ward n’avait pas été là ce soir, je serais morte à l’heure qu’il est.

- Jordan… Non, j’te jure. S’il avait voulu me faire du mal, il ne m’aurait pas défendu contre l’autre taré. Il l’aurait aidé, non ?

Je parlais en vain, je crois parce que Jordan était en mode analyse et faisait des liens. Il avait trouvé que le Yang qui m’avait agressé un peu plus tôt dans la soirée était le même qui avait kidnappé la chanteuse Olivia Cortez et il continuait ses réflexions en supposant même que Yang se mutinait contre Ward.

- Non c’est un adversaire à la boxe. Ward ? C’est ce que tu m’as dit, c’est bien ça ?

Je me retenais contre Jordan, terminant de replacer mes cheveux qu’il avait commencé à balayer derrière mes oreilles et je regardais Ward avec l’espoir qu’il confirme ce qu’il m’avait bien dit peu avant que Jordan n’arrive.

@ Billy Lighter

Je faisais face à Jordan Keller qui, comme moi, était armé. Une arme que je n'aurais pas sorti si j'avais su qu’il s'agissait du flic et non de Yang. Mais le mal était fait, maintenant, et après quelques secondes à se jauger, je finis par déposer mon flingue et le faire glisser vers lui en preuve de bonne foi.

Il rangea la sienne et, moi, je râlais intérieurement d'avoir un flingue en moins parce que Jordan Keller ne me le rendra jamais.

Je finis par expliquer la situation avant que Jordan ne se fasse des films. J'étais sur de moi étant donné que je n'avais rien fait d'autre que de sauver sa petite amie dans cette histoire. Le méchant, c'était Yang. Un Yang dont l'espérance de vie venait de drastiquement diminuer depuis tout à l'heure.

Parce que j'allais le tuer.

Évidemment Keller se demande ce que je foutais sur place et me soupçonna de suivre Nell. Je levai un sourcil.

-Non. Je passais dans le coin. J'ai vu la voiture de Yang près de St-John. J'ai trouvé ça suspect. J’avais raison. Je n'ai aucune raison de suivre Nell. Je n'ai aucune raison de suivre qui que ce soit.

Et Jordan était, désormais, au chevet de Nell qu'il avait aidé à se relever. J'entendais Nell murmurer sans arriver à comprendre ce qu'elle disait. Elle semblait fragile dans cette position. Ce qu'elle était rarement.

Jordan ne semblait pas vouloir croire à mon histoire de hasard et se demanda si je n'étais pas simplement ici pour faire du mal à Nell et que Yang m'avait devancé. Je roulai des yeux croisant les bras alors que c'est Nell qui me défendit en mettant en avant le fait que, si j’avais voulu lui faire du mal, j'aurais aidé Yang.

-Ou j'en aurais profité pendant qu'on était seuls ici... Non, je ne ferais jamais de mal à Nell... Jamais.

Je dis ça en plantant mon regard dans celui de Jordan. J'étais sincère. Jamais je ne ferais de mal à Nell.

Puis Jordan commença à faire des liens... Il replaça Yang qu'il savait responsable de la torture de Liv. Cortez avait, donc, parlé à la police mais n’avait donné que Yang. Pas moi. Preuve que ma tactique auprès de Liv avait été parfaite.

Presque parfaite. Elle n'aurait jamais dû s'en sortir vivante.

Je fixai Jordan, haussant les épaules.

-Si tu le dis... C'est un sociopathe, Yang. Il est bien capable de ça. Chacun sa façon de gagner de l'argent.

Parce que Reed avait fait passer l'enlèvement de Livia pour une histoire de rançon alors je marchais là-dedans aussi pour montrer que je n’en savais pas plus que ce que les médias en avaient dit.

Puis Jordan pencha logement la tête sur le côté ce qui me fit plisser des yeux... Et il envoya des questions qui, si de l'extérieur me laissèrent de marbres, à l'intérieur ma le faisaient me questionner sérieusement.

Parce que Jordan Keller semblait savoir que j'étais El Lider... Il l’affirmait... Ce qui était bizarre parce que, si la police disposait de cette information, ils ne sont encore jamais venu m'arrêter... Alors soit Keller bluff, soit il manque de preuves. Dans les deux cas je devais jouer la même carte... Même si je me demandais bien comment une telle information avait pu arriver chez Keller...

Je penchai, à mon tour, la tête légèrement sur le côté alors que Nell parla de la boxe, me défendant encore.

-Nell à raison. Je connais Yang de matchs de boxe. Il m’a pris récemment en grippe parce qu'il n'a pas aimer mes dernières provocations. Un sociopathe, c'est susceptible.

Je continuai de fixer Keller.

-Et je ne sais pas où tu vas chercher que je suis El Lider... Parce que ce n'est pas moi. La vie de gang, c’est fini. J’en avais marre d’être entouré d’un tas d’abrutis dans le style d’Alonso ou Quinn.

Voilà. Nier, tout simplement. Parce que si Keller avait plus de preuves, je serais déjà à Saint-Quentin.

-Et, non, je ne suivais ni Yang, ni Nell. Mais le hasard a voulu que je passe là. Et tu peux le remercier, Keller, parce que sinon, Nell serait morte. Il n'y avait pas photo la dessus.

Je dis ça sans jamais détourner le regard de Jordan.

-Ça y est ? Tu en as fini avec ta parano ?

Tu me rends mon flingue ? J’aurais voulu demander ça mais je savais que c’était peine perdue.

@ Billy Lighter

J’étais persuadé que Ward avait suivi Nell pour une raison que seul son cerveau dérangé pouvait savoir. Mais il affirma que « non », qu’il avait vu la voiture de Yang et qu’il n’avait aucune raison de suivre qui que ce soit. Je le regardai, sourcils froncés.

-Apparemment, tu as tes raisons de suivre ce Yang.

Je relevai Nell qui me souffla à l’oreille qu’elle voulait rentrer à la maison… Je lui caressai le visage et lui souris.

-On va rentrer.

Dès que j’en aurais fini avec Ward.

Je ne voulais pas croire au hasard… Si ça n’était arrivé qu’une fois, peut-être ! Mais c’était au moins la deuxième fois que Nell se retrouvait face à Ward. Dont une fois avec Grant… Alors j’avais vraiment du mal à croire au destin, surtout en connaissant le profil de Ward.

Ward roula des yeux alors que je me tenais maintenant au chevet de Nell qui avait pris un gros coup sur la tête. Il pouvait bien rouler des yeux, je n’allais certainement pas croire à tout ce qui sortait de la bouche de Fleming.

Mais quand il planta son regard dans le mien pour dire qu’il ne ferait jamais de mal à Nell, je le sentis on ne pouvait plus sincère… Je serrai les dents et les poings… Parce que tout ça ne collait pas.

-Pourquoi ? Pourquoi hein ? Tu sèmes le chaos et la désolation sur ton passage… Pourquoi tu ne ferais pas de mal à Nell ?

Puis ce nom, ce prénom ou ce pseudonyme, Yang, me rappela la petite Cortez qui avait été victime de séquestration, torture et traitement inhumains pendant quelques jours… Je réfléchissais tout haut, mais Ward n’infirma ni ne confirma l’information, disant simplement que c’était un sociopathe très capable de faire ça pour l’argent.

Je caressais distraitement les cheveux de Nell. Puis je lâchai que je savais qu’il était El Lider.

Mais Nell intervint pour dire que Yang était un rival de boxe de Ward. Elle ne voulait pas croire, comme je le laissais entendre, que Yang était un membre du gang de Ward. Pourtant, j’avais ma source. J’avais Finan Quinn… Et je ne voyais pas Quinn mentir contrairement à Ward.

Pourquoi je ne voyais pas Quinn mentir ? Je n’en savais rien. Simple flair de flic.

Ward confirma ce que disais Nell… mais je restais sceptique. Je frottai d’une main le dos de ma petite amie qui tremblait comme si elle avait froid.

Ward déclara alors qu’il ne savait pas où j’allais chercher qu’il était El Lider. Que la vie de gang, pour lui, c’était fini… Est-ce que ce qui était arrivé à Sky l’avait vraiment fait changer ? J’en doutais.

Mais je n’avais pas assez d’armes pour réellement lui mettre la main dessus. Et en plus, Ward voulait un « merci »… Je pris une clope et l’allumai…

-Si ce que tu dis est vrai, et je ne te crois que parce que j’ai la confirmation par Nell… Alors merci…

Je soufflai ma fumée de cigarette.

-Pour cette fois du moins… Et j’espère pour toi qu’être père de famille t’a vraiment fait ouvrir tes yeux… Parce que ce n’est pas par plaisir que je veux te mettre hors d’état de nuire.

Je le regardai dans les yeux.

-C’est uniquement parce que c’est la chose à faire. Je ne suis pas paranoïaque.

Un jour, je l’aurais, s’il n’avait pas vraiment changé.

Je me tournai vers Nell.

-Tu vas pouvoir marcher jusqu’à la voiture ? Elle n’est pas loin…

@ Billy Lighter

Je fus soulagée quand Ward posa son arme au sol et le fit glisser vers Jordan qui lui, continuait de le pointer sur mon ex petit ami. Il lui fallu un petit moment, probablement le temps d’analyser la situation avant de se décider de la ranger dans son holster. Je regardais les deux hommes se faire face avant que Jordan n’accuse Ward de me suivre et il s’en défendit. Je pouvais comprendre le raisonnement de Jordan. Ça faisait tout de même quelques fois que Ward se retrouvait près de moi et chaque fois, par hasard.

Évidement, Ward se défendit bien de me suivre, pour moi non plus, ça ne faisait aucun sens, ou alors je ne voulais simplement pas le voir. Je baissais un peu les yeux, ne me sentant pas vraiment bien malgré la présence de Jordan qui m’avait aidé à me relever. La conversation me donnait l’impression d’être à bord d’un manège qui allait à vive allure.

Je voulais rentrer à la maison, me blottir dans les bras de Jordan sur le divan ou dans notre lit, au chaud sous une doudouce toute chaude. Mais il fallait encore que les deux hommes s’expliquent. Jordan avait des questions, Ward avait des réponses.

Puis ce dernier insista.

Jamais il ne me ferait de mal.

Je relevais les yeux pour le regarder en me demandant si Jordan accepterait un jour de croire que Ward pouvait aussi avoir un bon fond. Il me le montrait à moi et certainement qu’il l’avait montré à Sky, elle qui était follement amoureuse de lui.

Mon corps tremblait, je ne le contrôlais plus, je n’en avais pas la force de toute façon. La fatigue prenait le dessus sur le stress qui lui, venait de tomber d’un coup et le changement entre les deux n’aidait pas mon cerveau à se mettre sur pause au moins trente petites secondes, le temps de comprendre que tout allait bien et qu’il pouvait se reposer.

J’expliquais à Jordan que Yang était un adepte de la salle de boxe et que c’était de là que lui venait sa haine pour Ward. Parce que Ward m’avait dit la vérité, n’est-ce pas ? Du moins, je voulais vraiment y croire parce que ça me ferait mal de savoir qu’il me mentait. Il répéta que Yang était en colère contre lui a cause de la boxe, que ça venait de là et qu’en bon sociopathe qu’il était, il avait su où viser pour l’atteindre.

La morale de cette histoire c’est qu’il fallait toujours bien faire attention à ce que l’on disait et surtout à qui nous le disions. Parce que Ward avait à un moment donné ou un autre, mentionné à ce Yang que j’étais ou avais été sa petite amie et cette information c’était imprimé dans sa tête.

Finalement, Jordan remercia Ward pour l’acte de ce soir mais ça ne voulait en aucun cas dire qu’il ne le lâcherait pas pour tout le reste dont on le soupçonnait. Mon petit ami ne faisait que son métier, son devoir et personne ne pouvait le blâmer pour cela, même pas Ward.

- Oui, si tu me soutiens, je saurai marché jusqu’à la voiture.

Et je m’agrippais à lui pour me remettre sur mes deux pieds et lentement avancer. En passant près de Ward, je stoppais, probablement que Jordan aurait préféré passer devant et l’ignorer mais je ne pouvais pas. Je pris la main de Ward dans la mienne et je le regardais dans les yeux pour le remercier.

- Merci… Merci vraiment.

Je me remis en marche ensuite, Jordan devait pas avoir envie de sociabiliser avec Ward et de toute façon, je sentais que je n’allais pas tenir des masses comme ça. Tout ce que je voulais c’était d’aller prendre un bon bain chaud avec de la mousse pour ensuite ne plus quitter les bras de Jordan de toute la nuit !

@ Billy Lighter

-Je n’ai pas suivi Yang. J’ai vu sa voiture. J’ai trouvé ça louche. C’est tout.

Mais Keller ne semblait pas enclin à croire au hasard. Non. Lui, il voyait bien qu’il y avait quelque chose sous cette histoire et il cherchait à creuser pour découvrir ce que c’était. Ce n’était pas un flic pour rien. Mais il aura beau creusé, je ne lui donnerais aucune miette.

Il souffla à Nell qu’ils allaient rentré mais il n’en resta pas là. Il croyait que je voulais faire du mal à Nell mais je niais alors que Nell confirma que je ne lui ferais jamais de mal. Si c’était le cas, Nell sera déjà morte depuis longtemps. Mais je n’avais aucune raison de tuer Nell. J’aimais bien Nell. Je ne tue pas les gens que j’aime bien. Je ne tue que les gens qui me font obstacles. Jamais pour le simple fait de tuer. Il y a toujours une raison tactique derrière chaque meurtre. Toujours.

Et ça troubla Keller qui se demandait bien pourquoi je ne ferais pas de mal à Nell. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Parce que tu ne me connais pas. Ce que tu crois de moi n’est pas juste. Nell est mon ex. Je l’ai aimé. Je ne ferais jamais de mal à quelqu’un que j’aime bien. Tu le ferais, toi ? Tu crois vraiment que je suis mauvais à ce point ? Il y a bien pire que moi, dans cette foutue ville, Keller.

Non. Il n’y a pas pire que moi. Mais Keller devait croire ce que Nell croyait de moi.

Puis, il en vint à Yang vu qu’il avait réussi à le replacer. C’était toujours dangereux d’échanger avec un flic. C’était toujours difficile à savoir ce qu’ils savaient ou non. Et Keller semblait carrément savoir que j’étais El Lider. Ou il bluffait, dans l’espoir que je confirme.

Mais il en fallait bien plus pour me déstabiliser et je niai me demandant bien où il avait été chercher une telle histoire. J’expliquai, ensuite, d’où je connaissais Yang. De la boxe. C’était vrai ça. Si j’avais engagé Yang, c’est parce que je le connaissais de la boxe. C’était là que j’avais fait la rencontre de cet abruti qui n’en avait plus pour longtemps à vivre.

Keller s’alluma une clope preuve de sa nervosité, quant à moi, je lui prouvai que j’avais bien agit et que le mieux qu’il avait à faire était de me remercier…

Ce qu’il fit… A ma grande surprise. Parce qu’il croyait Nell. J’hochai de la tête mais Keller continua me faisant bien comprendre que j’étais toujours dans son collimateur parce que son boulot était d’arrêter les gens comme moi. Je le fixai sans tiquer.

-Fais ton boulot… Et fait le mieux. Parce que vous semblez bien mal informés à la police.

Je faisais référence à ce qu’il avait dit plus tôt sur mon statut d’El Lider. En fait, la police avait bien plus d’infos que je ne le voudrais si Keller ne bluffait pas.

Il demanda, ensuite, à Nell, si elle pouvait marcher ce qui semblait être le cas. Elle se leva alors s’aidant de son petit-ami. Nell s’arrêta alors à côté de moi et pris sa main pour le remercier.

J’hochai de la tête.

-De rien… J’ai juste fait ce que je devais faire. Pour toi.

Et elle se remit à marcher vers la sortie. Et je lançai à Keller sur un ton légèrement désinvolte.

-A plus, Keller. Passe mon boujour à Grant.

Oui, j’avais pas pu m’en empêcher.

@ Billy Lighter

Ward réitéra qu’il n’avait pas suivi Nell, mais qu’il avait vu la voiture de Yang dans la rue et qu’il avait trouvé ça louche.

Je creusais, je posais des questions, mais Ward tenait bon. Il avait sa version de l’histoire et s’y tenait. Et Nell le croyait. Ward disait qu’il ne ferait jamais de mal à Nell. Qu’il y avait pire que lui en ville…

-Ça, tu ne me le feras pas avaler, Ward. Ta place est à Saint Quentin, pas ailleurs.

Ward nia être El Lider quand je l’insinuai… ça ne le déstabilisa même pas. Et il en revint à son histoire de base. En interrogatoire, ça devait être un vrai calvaire. Parce que c’était un bon menteur…

Ou peut-être qu’il croyait tout simplement réellement à son histoire.

Quand je lui demandai pourquoi il ne ferait jamais de mal à Nell, il me répondit tout naturellement, la tête penchée sur le côté, comme Grant quand je disais quelque chose qu’il trouvait absurde.

Il disait que je ne pouvais pas le croire parce que je ne le connaissais pas.

-Je te connais assez pour savoir que tu es un manipulateur. Et que Nell est suffisamment gentille pour ne pas se méfier assez. Mais un jour, on t’aura, Ward, bon fond ou pas. Pour tout ce que tu as fait.

Je m’allumai une clope avant de passer mon bras sous celui de Nell pour la soutenir. Elle pouvait marcher, mais pas toute seule. On fit quelque pas mais je sentis Nell me freiner quand on arriva à la hauteur de Ward…

Elle le remercia.

Et je le remerciai aussi… Et ce fut la seule fois pendant tout l’échange où je le sentis surpris.

Mais je lui rappelai que je ferais mon boulot, quoi qu’il arrive… Ward répondit qu’on avait intérêt à faire mieux que ça.

Je soufflai la fumée de ma clope.

-Compte sur moi.

On continua d’avancer, au rythme de Nell… Et Ward me lança un à plus… Et un bonjour à Grant.

Je répliquai :

-Rêve toujours !

Jamais je ne passerai de message de Ward à Grant.

@ Billy Lighter