Le jour R était arrivé.

R pour résultat.

Cash avait été passé le test il y avait tout juste une semaine et Elizabeth Spencer l’avait contact. Afin qu’il se rende à son bureau pour discuter de ses résultats. Au début, ça m’avait fait angoisser qu’elle demande à le voir pour lui dire ce qui aurait pu être dit au téléphone et par conséquent, si elle estimait qu’une rencontre s’imposait, ce devait être qu’elle avait beaucoup à lui dire. Elle avait eu beaucoup de chose à me dire pour m’expliquer que ma vie ne tenait plus à grand-chose.

Ensuite, je m’étais fait la réflexion qu’elle devait sans aucun doute observer un protocole et que de parler de dossier médical ne se faisait pas par téléphone. Puis j’avais beaucoup de question pour elle et fort probablement que Cash, positif ou non au sida, en avait lui aussi. Quand nous étions allés pour les prises de sang, nous devions être fort probablement trop nerveux, en tous les cas moi je l’étais et je n’avais pas saisi l’occasion pour questionner la petite amie de mon manager.

Pourtant, ce n’étaient pas les questions qui manquaient dans ma tête !

Cash et moi avions passé beaucoup de temps ensemble dernièrement, peut-être que lui comme moi n’avions pas envie plus que ça que d’être seul et que comme nous étions plus ou moins dans la même galère, c’était normal que de se ronger les sangs ensemble. C’était probablement aussi plus réconfortant d’attendre ensemble que de chacun de son côté.

- Faut y’aller ! Ça ira… Nous verrons plus clair ensuite.

J’en étais certaine !

Au moins nous saurions à quoi nous attendre et comment envisager la suite.

Nous avions été accueillis et dirigés immédiatement au bureau de la docteure Spencer mais cette dernière entra quelques instants après nous en s’excusant d’avoir été appelé sur une urgence. Nous ne pouvions pas lui en vouloir, ce n’était pas comme si elle contrôlait ce genre de chose et attendre dix minutes de plus ou de moins après avoir attendu pendant une semaine ne changeait plus grand-chose au point où nous en étions.

Instinctivement, je pris la main de Cash dans ma mienne quand Elizabeth Spencer s’installa dans son fauteuil et qu’elle nous regarda tout à tour. Est-ce que le suspens allait durer comme ça encore bien longtemps ? Est-ce que je devais lui tirer les vers du nez de force pour qu’elle lâche le morceau. Ce n’était pas compliqué de dire si oui ou non Cash était lui aussi contaminé par le sida.

J’allais lui faire remarquer que je n’avais plus toute une vie pour attendre quand je me souvenu que je devais justement apprendre à vivre les instants, tous les instants, sans rien brusquer. C’était ma nouvelle résolution qui visait à aiguiser ma patience et me rendre plus zen pour pouvoir déjouer le destin et vivre plus longtemps que ce que l’on me destinait.

@ Billy Lighter

Une semaine. C’est le temps qu’avait duré notre attente dans l’incertitude du résultat du test que j’avais passé chez le Dr. Spencer. C’était une femme grande et avenante qui savait se faire rassurante. Et puis, à mes côtés, il y avait Savannah.

Savannah que j’avais invitée à rester chez moi, jour et nuit, toute la semaine. Elle avait autant besoin de moi que je n’avais besoin d’elle. Alors on se serrait les coudes.

On avait passé la semaine à se toucher, à s’embrasser, mais sans jamais faire l’amour de peur de me contaminer si jamais je ne l’étais pas encore. Mais ça ne nous empêchait pas de jouir ! A force, nous connaissions le corps l’un de l’autre et avec des caresses et des baiser, on savait se mener jusqu’à l’extase.

On fumait aussi, beaucoup, surtout des joints. Mais on avait fait l’impasse sur l’héroïne… Parce que je n’avais qu’une seule seringue.  D’ailleurs, le Dr. Spencer, pour ma prise de sang, avait eu bien du mal à trouver une veine en bon état.

Puis, le jour R comme l’appelait Savannah, on embarqua dans la CRX, direction le Los Robles Hospital. C’est là que nous devions rencontrer le Dr. Spencer pour l’annonce des résultats. J’avais grillé trois cigarettes avant d’entrer dans l’hôpital tellement j’étais stressé. En fait, je réfléchissais déjà à comment j’allais annoncer la nouvelle a Billy. Aucun doute qu’il me blâmerait pour la drogue et les femmes…

Mais aucun doute qu’il serait très triste aussi.

Savannah me donna l’impulsion qu’il fallait et on entra, nous dirigeâmes vers le bureau du Dr. Spencer et là, on du attendre un peu.

Le Doc avait été appelée pour un urgence et s’excusa de nous avoir fait attendre.

Et je serrai la main de Savannah qui serrait la mienne.

Elle nous regarda tour à tour et je dis d’une voix un peu étouffée…

-Si on pouvait… Ne pas trop faire durer le suspense, ça m’arrangerait…

Je regardai Savannah.

-Ça nous arrangerait tous les deux.

@ Billy Lighter

Aujourd’hui je devais annoncer les résultats des tests passés par Cash Izbel, célèbre et ténébreux musicien. Je n’avais pas eu la chance de le rencontrer en personne avant qu’il ne se présente avec Savannah Prescott. C’était bien dommage de le rencontrer en de si triste circonstance. Je ne pouvais qu’imaginer combien la situation pouvait être stressante et combien longue l’attente des résultat avait pu être.

Je n’avais vu le résultat qu’à mon arrivée ce matin et j’avais vaqué à mes occupations en attendant l’heure du rendez-vous avec Monsieur Izbel.

Il y avait un fort achalandage aujourd’hui, au point ou nous étions plusieurs à courir sur le plancher, à bander des foulures de poignets de joueur de tennis de compétition, à envoyer des requêtes pour des radiographies pour des ligaments déchirés suite à un entraînement trop intense pour un futur marathon. Nous étions l’hôpital toutes désignée pour les sportifs mais surtout pour les célébrités qui recherchaient la discrétion et un semblant d’anonymat.

J’avais donc rejoint mon bureau en retard et je n’aimais pas ça. Je détestais faire attendre les gens mais il y avait de ces journées comme aujourd’hui où je ne pouvais malheureusement faire autrement, même avec toute ma bonne volonté.

Cash et Savannah étaient déjà installés et je remarquais qu’ils se tenaient par la main. Je les saluais en les contournant puis je pris place dans mon fauteuil avant d’ouvrir le dossier de Cash qui ne désirait pas que je fasse durer le suspens trop longtemps.

- Je n’en ai pas l’intention.

Je me dépêchais de survoler les notes ajoutées au dossier puis je regardais Cash et Savannah qui étaient littéralement suspendu à mes lèvres.

- Vos résultats sont négatifs, Monsieur Izbel. Vous pouvez vous rassurer.

Le couple pouvait recommencer à respirer maintenant bien que pour Savannah, l’issue demeurait la même. Elle pourrait néanmoins se réjouir pour son compagnon.

- Toutes les analyses sont négatives, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Votre hémogramme révèle même que nous ne souffrez d’aucune forme d’anémie, de cancer ou d’infection. Vous êtes en parfaite santé.

Il avait eu beaucoup de chance, vraiment beaucoup et j’espérais que cela avait été suffisant pour qu’il révise son mode de vie, tout comme Savannah devait le faire.

- Avez-vous des questions avant que nous ne parlions de préventions ?

@ Billy Lighter

Quand la Docteure Spencer est entrée dans son bureau et qu’elle nous salua, ce fut comme si tout l’air dans la pièce venait d’être aspiré et que, de ce fait, mon cœur ne pouvait plus battre parce que je ne savais plus respirer. J’étais mortifiée de ce qu’elle allait nous annoncer. Jamais de ma vie je n’avais pratiqué ma religion, c’était pour les faible, pour ceux qui avait besoin de se faire dicter leur voie ce qui n’était pas mon cas. Pourtant cette semaine, je lui avais cassé les oreilles au Dieu, là-haut sur son nuage !  Je le suppliais en pensée de laisse Cash tranquille, qu’il n'était peut-être pas un ange de vertu mais qu’il ne méritait pas d’avoir le même chemin tracé que moi.

Cash demanda à ce que le suspens ne dure pas indéfiniment et Spencer accéda à sa demande en ouvrant le dossier sur le champ, sans prendre le temps de nous demander comment nous allions, comment avait été notre semaine, s’il avait vu l’apparition de symptôme, comme elle l’avait fait avec moi. Non, elle ne fit que survoler des yeux les notes avant d’annoncer que Cash n’était pas atteint du sida.

Ce fut une véritable délivrance !

Une tonne venait de s’envoler de mes épaules !

Je me tournais vers Cash et je pris son visage entre mes mains pour poser mon front contre le sien le temps de savourer cette nouvelle qui était de loin la meilleure depuis un moment. Il pourrait se bâtir un avenir, continuer de rêver sans traîner de boulet à sa cheville.

- Tout va bien… Tout va bien…

Je lui murmurais ça avant de le laisser aller, parce que comme le disait Elizabeth, nous avions des questions et elle, elle désirait parler de prévention. Je supposais que ce point me concernait plus que Cash qui n’aurait pas besoin de protéger son entourage chaque fois qu’il se ferait une petite écorchure. Moi, j’évaluais la possibilité de vivre dans un habit de scaphandrier, ce serait moins compliquer que de vivre ma vie comme sur un fil de fer.

Nous savions maintenant que ce n’était pas Cash qui m’avait infecté quoi que, même s’il avait été positif, cela n’aurait en rien prouvé qu’il me l’avait refilé.  Il n’était ni anémique, ne couvrait pas d’infection d’autre genre, il était en parfaite santé et c’était tout ce qui comptait.

Bien sûr, maintenant que nous savions ça, il était temps de passer aux questions. J’en avais quelques-unes, certainement les mêmes que Cash. Nous avions passé la semaine à se faire du bien sans jamais aller trop loin, malgré tout, nous avions eu de puissant orgasmes. Mais était-ce quand même ce à quoi nous… en fait non, moi puisqu’il n’y avait que moi d’infectée, était réduite maintenant ?

Mais je préférais laisser la parole à Cash, c’était son rendez-vous, l’honneur lui revenait.

@ Billy Lighter

Dès que le Dr. Spencer entra dans le bureau, et alors que je la suppliais presque dans un souffle de ne pas faire durer le suspense, elle me rassura en disant que ce n’était pas du tout son intention.

Savannah, comme moi, était légèrement penchée vers le médecin, sa main dans la mienne qui serrait de plus en plus.

Il nous fallait ces résultats, et au plus vite.

Et le Dr. Spencer tint sa promesse. Mes résultats étaient négatifs. Je pouvais me rassurer. Je me tournai vers Savannah qui posa son front contre le mien. Ses mains fraîches sur mes joues chaudes, gorgées du soleil de L.A., me faisait l’effet d’une douce brise…

Je n’allais pas mourir.

Je n’étais pas responsable de la maladie de Savannah.

Mais j’avais eu un bel avertissement.

Je trouvais ça très égoïste, mais ne pus m’empêcher de me détendre. J’avais encore des choses à dire, des choses à offrir à notre mère, la Cité des Anges, et au monde entier.

Ma route sinueuse comme le Roi Serpent n’était pas finie.

Savannah, elle, répétait que tout allait bien.

C’était aussi, d’ailleurs, ce que disait le Dr. Spencer. Je ne souffrais miraculeusement d’aucune maladie grave. Pourtant, je vivais en me prenant pour l’amant de la Mort. Aujourd’hui, c’était la deuxième fois que je la frôlais avec ma crise cardiaque d’il y avait deux ou trois ans.

-Ouais… Tout va bien…

J’embrassai Savannah avant de me redresser et de faire face au Dr. Spencer.

-Pas mal pour un junkie, hein ?

Puis je repris un air plus sérieux alors que le Dr. Spencer nous demanda si on avait des questions avant de parler prévention…

Et je regardai Savannah qui m’encouragea à y aller en premier…

-Et ben… Savannah et moi aimons avoir des rapports intimes. Est-ce qu’on pourra encore en avoir ou devrons-nous nous contenter de caresses ?

Puis, un peu plus révolté :

-Et puis ça vient d’où, cette saloperie ? On a entendu plein de choses, mais j’ai l’impression qu’en fait, personne le sais… Et…

Je marquai une pause, réfléchissant.

-Est-ce qu’il y a des chances qu’on trouve un remède avant que les jours de Sav ne soient réellement comptés ?

@ Billy Lighter

Loin de moi l’idée de faire durer inutilement le suspens d’autant plus que le couple devant moi venait fort probablement de passer la pire semaine de sa vie dans l’attente du résultat. J’ouvris donc le dossier et je le parcouru en diagonal des yeux simplement pour m’assurer rapidement que je n’avais pas mal interprété une donnée ou oublié une annexe. Mais puisque tout était conforme à ce que j’avais lu à la réception du dossier, je pu rassurer Cash Izbel sur son état.

Leur réaction fut instantanée et touchante. Savannah, surtout, qui malgré ce qui lui arrivait, se réjouissait pour son partenaire et lui témoigna de son bonheur en prenant doucement le visage de Cash entre ses mains. C’était tout de même triste de voir l’ombre de la mort danser autour d’eux du fait que pour Savannah, elle, n’avait pas eu cette chance.

Cash ensuite s’était redressé sur sa chaise pour me regarder, l’heure était aux questions et j’espérais avoir des réponses. Ça je ne pouvais le garantir.

- Pas mal, mais ce n’est pas un free pass pour l’avenir, Cash.

Je n’étais pas celle qui allait lui expliquer l’importance de la sobriété et l’aider à se magasiner une place dans un centre de désintoxication. Jamais de toute ma vie je n’avais voulu avoir le rôle de moralisatrice auprès de mes patients. Je préférais leur laisser le choix, comme je l’avais fait par exemple avec Howard Stone. Il avait graduellement redressé quelques habitudes de vie sans se réinventer complètement. N’en demeurait pas moins qu’il était en meilleure posture que lorsque nous nous étions rencontrés.

- Votre comportement sexuel demeurera votre principal préoccupation à l’un comme à l’autre. La meilleure option serait de demeurer abstinent mais nous ne pouvons pas empêcher deux corps d’Aimer et ce serait dommage. Je vous encourage à utiliser les préservatifs qui sont de plus en plus accessibles. Il faudra aussi surveiller les signes, éviter d’avoir une relation sexuelle quand tu as tes règles, Savannah et si tu te sens malade, même si ce n’est un banal rhume. Écouter votre corps sera d’une importance capital.

Il n’y avait pas de solution miracle autre que la prudence extrême.

- Vous pourriez même doubler le préservatif. J’ai eu une conversation avec un collègue qui le recommandait après qu’un patient avait vu son condom de déchirer pendant l’acte. Comme pratique, le sexe anal demeure le plus risquer puisqu’il entraine souvent de petites fissures qui ne se voient pas toujours. Donc… Le sexe prudent.

Je me grattais un peu la gorge ayant l’impression de m’immiscer dans leur chambre à coucher. J’étais là pour les guider et leurs donner de bons conseils, c’était tout de même un petit peu inconfortable que de leur faire la classe sur comment ils devraient faire l’amour dorénavant.

- Savannah, nous avons déjà discuté l’autre jour de la stabilité sexuelle et de ce que tu devais faire si tu avais plus d’un partenaire. Maintenant, Cash, permettez-moi de simplement vous rappeler que le port du préservatif est primordial autant avec Savannah qu’avec une autre femme. Vous n’êtes pas contaminé, le virus n’est pas non plus en dormance dans votre organisme mais puisque vous évoquez aimer avoir des relations intimes avec Savannah, vous serez à risque, chaque fois.

C’était une bien triste réalité.

Ils auraient l’impression de jouer à la roulette russe chaque fois qu’ils feraient l’amour, malgré le préservatif.

- Les publications à ce sujet sont toutes récentes, Cash. Il m’est difficile de vous répondre. Le premier article a été publier en 1981 et selon les recherches qui se font actuellement, centralise le plus de cas en Afrique subsaharienne. Les symptômes s’apparentent à ceux d’une grippe, c’est d’ailleurs pour cette raison que Savannah m’a consulté.

Je regardais Savannah avec bienveillance. Il y avait tellement de gens qui ne se souciaient pas ou peu de ces quelques jours de fièvres et qui engourdissaient les maux de gorges avec des pastilles en pensant qu’ils iraient mieux… jusqu’à ce que ça ne soit plus le cas.

Puis je secouais la tête, négativement. Mon cœur se serra dans ma poitrine et ma gorge se noua. J’aurais aimé offrir de l’espoir au couple assit devant moi et promettre que la médecine, toute progressiste qu’elle était allée trouver un remède mais les informations sur le virus entraient au compte-goutte, il était donc difficile de trouver le traitement adéquat. Tout ce que j’avais pu offrir à Savannah, pour le moment, était un traitement de base visant à la faire se sentir bien, mais ça n’avait vraisemblablement pas ou très peu d’effet sur le sida.

- J’aimerais répondre oui mais… Je crains que non. Comme j’ai expliqué à Savannah, et selon la progression de la maladie chiffrée dans ses analyses sanguines, une espérance d’une dizaine d’année, quinze tout au plus, en prenant religieusement les prescriptions que je lui ai faite. Ce sont principalement des vitamines pour renforcir son système immunitaire. Toutes infections aussi banale soit-elle jouée sur ses défenses immunitaires. Je suis navrée de ne pouvoir me montrer plus rassurante.

Ce n’était pas faute de le vouloir, pourtant.

@ Billy Lighter

Cash n’avait rien et je m’en réjouissais bien que cela ne changeait rien à mon état. Au moins, je ne l’avais pas infecté et l’éternelle question de qui avait contaminé qui ne se poserait pas. À long terme, et même sans le vouloir, cela aurait été risqué de développer un questionnement malsain et redondant.

J’avais posé mon front contre le sien tout en caressant doucement ses joues du bout de mes doigts puis j’avais répété que tout irait bien maintenant. Pour lui en tous les cas et ça me suffisait. Immédiatement, je n’avais pas besoin de plus pour me sentir mieux dans ma peau même si ce sentiment menaçait d’être éphémère.

Cash, ensuite, posa ses questions. Il lui revenait de les poser en premier et j’étais attentive aux réponses puisqu’elles me concernaient tout autant. Nous voulions continuer de nous prodiguer affection en laissant nos corps s’embraser mais l’inconnu nous avait freiné pendant la dernière semaine. Cela n’avait pas empêché le plaisir de se faire mais nous voulions tout de même savoir si une relation sexuelle complète était toujours possible.

Ça l’était.

Mais il y avait des restrictions, des risques, des choses à considérer, à ne pas oublier tant et si bien que je voyais ma vie sexuelle devenir mécanique. Mettre un préservatif, je pouvais l’envisager. Penser à en mettre deux de peur que le premier se brise, ça devenait compliqué. Surveiller les signes de mon corps, éviter le sexe anal, m’en souviendrais-je quand je serai en plein action et qu’après cinq ou six positions du Kâma-Sûtra, l’envie me prenais d’essayer autrement ?  

Ce serait une habitude à prendre et peut-être que ça deviendrait moins difficile d’appliquer toutes ces règles avec le temps. Fallait tout de même que je m’accroche à quelque chose si je ne voulais pas devenir complètement folle ! Je voulais vivre et ressentir la vie !

La stabilité sexuelle ?

Elle m’en avait parlé mais je ne me sentais pas capable de me caser parce que j’étais malade. À la limite, m’abstenir de relation me paraissait plus réalisable. Elizabeth donna aussi ses recommandations pour Cash, avec ses prochaines conquêtes, de l’importance de se protéger avec tout ce que nous venions de traverser. L’amour spontané se prenait un mur en pleine tronche !

Nous serions toujours à risque, ensemble, de quoi refroidir les ardeurs !

Mais pas autant que ce qu’Elizabeth avait à répondre à Cash concernant la provenance de ce putain de virus de merde. Je comprenais qu’il faisait ses premières victimes, que j’étais dans la première vague. Un cobaye. De quoi avoir encore plus honte.

- Moi qui n’a jamais rien gagné de ma putain de vie. J’ai pigé le putain de numéro du sida dans la banque a maladie.

Ça faisait mal comme une gifle en plein visage.

Mais pas autant que de l’entendre dire qu’il y avait peut de chance que la cure miracle puisse naître avant que je ne m’éteigne. J’étais condamnée sans avoir de procès, c’était une façon de voir le bourbier dans lequel j’étais enfoncée jusqu’au cou. Et pire encore ! Le traitement que je prenais de puis presque deux semaines maintenant n’en était pas vraiment un. Il ne consistait qu’en vitamine et trucs du genre pour renforcir mon système immunitaire et prévenir les possible rhume et autres infections que je pourrais attraper, comme on attrape quelques fois dans l’année et qui passe avec du repos et beaucoup de jus d’orange. Moi, ça pourrait me tuer, c’était ce que je comprenais.

- Mais 10ans, c’est long ! Il y a le temps de s’en passer des choses. Quelqu’un d’intelligent en recherche pourrait trouver la solution miracle. Putain c’est vrai quoi ! On a envoyé un mec marcher sur la lune. Je ne vais pas arrêter d’y croire.  Ni de me battre !

@ Billy Lighter

Je ne me départis pas de mon sourire malgré les mises en gardes du Dr. Spencer. J’allais bien. Tout allait bien même ! Je n’aurais jamais cru être en aussi bonne santé avec toutes les saloperies que je m’envoyais pour voyager, pour retourner me prélasser dans le désert…

On devrait le faire, une fois… Savannah et moi… Mais pas avec de la drogue. Rouler vraiment jusqu’au désert et s’allonger dans le sable et laisser le soleil nous brûler vif ! Juste histoire de se sentir vivre !

Le Dr. Spencer répondit ensuite à mes question alors que mon regard allait d’elle à Savannah… Elle nous expliquait, en gros, que les relations sexuelles instinctives, nos instincts primaires, allaient devoir être contrôlés. Car il faudrait penser à beaucoup de chose dont à se munir non pas d’un mais de deux préservatifs !

Je la regardai, bouche bée.

-Mais je ne sentirai plus rien !

Quant au sexe anal… Je soupirai…

-Ça on peut s’en passer.

Enfin, je croyais… Là, j’étais en mesure de réfléchir, mais en plein ébat, c’était autre chose.

Bref, je ne pourrais plus me passer de préservatif, ni avec Sav, ni avec une autre, parce que la maladie se rependait comme une trainée de poudre.

Quant à ma question sur la provenance de la maladie, le Dr. Spencer n’en savait pas beaucoup plus parce que les études étaient récentes. Je soupirai.

-Ok, d’accord… Mais les chercheurs ont intérêt à se grouiller.

Parce que le temps de Savannah était compté. Je voulais savoir s’il y avait ne fusse qu’une infime chance qu’un remède soit trouvé avant que le compte à rebours soit terminé pour elle. Mais là, le Dr. Spencer prit un air à la fois grave et triste.

Il y avait peu de chance… Et même pas de chance du tout qu’un remède soit trouvé. Elle en avait pour dix, quinze ans si tout allait bien.

Alors je me tournai vers Sav et pris ses mains entre les miennes. Elle était prête à se battre, prête à vivre ses 10 ans à fond. Et j’allais l’y aider.

-Alors je vais faire un serment, moi, le Shaman, le Roi Serpent. Tant que tu vivras, tu seras ma muse. Je te soutiendrai jusqu’à la fin… Il n’y en aura pas d’autre. Quitte à prendre le risque chaque jour d’être contaminé moi aussi.

Je la regardai dans les yeux.

-Je ne te lâcherai pas, Savannah.

@ Billy Lighter

Cash Izbel vivait un grand soulagement alors que je lui dévoilais que ses analyses démontraient qu’il était en parfaite santé et ce, malgré tous les risques qu’il multipliait au quotidien.  Je me permis de lui servir une toute petite mise en garde, c’était mon devoir. Ce qu’il en ferait ensuite ne le regardait que lui. Quant à Savannah, même si elle se réjouissait pour son petit ami, si pour autant ils formaient un couple, son regard demeurait teinté de brume. La vie n’avait pas été autant clémente avec elle.

Je leur expliquais, puisqu’ils avaient des questions, les précautions à prendre pour éviter le plus possible le risque de contamination. Nous ne pouvions pas empêcher deux corps d’aimer, mais pour éviter qu’ils ne soient plus en mesure de le faire, ils allaient devoir, l’un comme l’autre, observer quelques règles importantes.

- Doubler un préservatif n’est pas une obligation, ils ne se rompent pas systématiquement à chaque relation. Peut-être s’assurer de toujours en avoir à porter de main et de le doubler si vous êtes plus…

Je baissais le regard une toute petite seconde, cherchant les bons mots pour exprimés ma pensée. C’était un peu gênant que de supposé qu’ils pouvaient être adepte de pratiques peu courante, disons-le ainsi !

- Si vous êtes imaginatif dans la façon que vous vous y prenez… Vous comprenez?

Bien sûr qu’ils comprenaient ! Je n’avais pas devant moi des enfants de la maternelle. N’en demeurait pas moins que je n’étais pas très à l’aise de m’introduire ainsi dans leur intimité même si mes conseils ne visaient qu’à les sécuriser.

Pour ce qui était d’une cure miracle, je ne pouvais jurer de rien mais dans l’état actuelle des choses, je ne voyais pas comment la médecine pourrait faire des progrès signifiants aussi rapidement pour permettre à Savannah de prolonger son existence de vie. Ça me désolait autant que ça me révoltait ! Si j’avais décidé de faire médecine, c’était bien sûr pour soigner des gens et non pas pour les condamner.

- Croyez-moi Cash. Je me documente autant que je peux. Dans les dernières semaines, j’ai multiplié les appels pour demander qu’on m’envoie des études de cas faites partout, jusqu’en France.  

Si je pouvais trouver ne serait-ce que le début d’une piste qui ferait en sorte que la condition de Savannah Prescott n’en soit améliorée, je la saisirais à bras le corps et je m’y accrocherais de toutes mes forces. Je n’allais pas la laisser tomber, ni Cash d’ailleurs. M’était d’avis qu’il aurait peut-être besoin de support, lui aussi, au fil du temps.

Mais c’était sans compter la force intérieure de la jeune femme qui refusait de s’avouer vaincue et qui clamait qu’elle ne baisserait pas les bras. Si elle conservait cette attitude, elle pourrait en effet grapiller quelques années de plus, rien n’était exclu. Et Cash ensuite, de lui faire une magnifique déclaration qui me toucha droit au cœur.

- Je te soutiendrai aussi, Savannah. Tu es bien entourée, ne perd pas ça de vu.

@ Billy Lighter

Doubler un preservative ? Ça se faisait ? En tous les cas, c’est ce que semblait croire Elizabeth Spencer qui nous le conseilla, surtout si nous devenions plus bestiales dans nos ébats. Elle n’avait pas utilisé ce terme mais la façon dont elle baissa le regard, un peu gênée, laissa supposer que c’était ce qu’elle voulait dire, sans le dire. Et Cash s’inquiétait lui de me plus rien sentir et je devais avouer que moi aussi, ça m’inquiétait ! J’aimais sentir son sexe palpiter en moi, ses veines gorgées de plaisir se gonfler et battre au rythme des pulsations de son cœur.

- Faire l’amour comme une sainte-nitouche, en gros.

Nous verrions en temps et lieu et si j’eu le goût de bouder sur le moment, je repensais aux orgasmes mémorables que nous avions vécu cette semaine sans même qu’il n’y ait de pénétration. Nos cerveaux, en tous les cas le mien, devaient être au point où toute réflexion hors de la zone de confort ne devait pas se faire.

Puis Cash voulu savoir pour la possibilité que la médecine puisse trouver un remède me permettant de ne pas crever avant le nouveau millénaire. Putain, moi aussi j’avais envie de savoir si les voitures voleraient en l’an 2000, comme Fred l’avait imaginé dans un épisode de The Flinstone ! Mais Elizabeth ne pensait pas que cela se produirait. Je ne la blâmais pas pour ce petit côté pessimiste, même que je me disais qu’il valait mieux imaginer tout noir pour apercevoir dans cinq ans, la lumière au bout du tunnel, éviter que je nourrisse de faux espoirs.

D’un autre côté, ça me donnait envie de me battre encore plus ! Je sentais que j’avais la force nécessaire en moi pour vaincre n’importe quoi ! Ce n’était pas un putain de virus qui aurait le dessus pour moi et je n’avais pas fait de fièvre depuis quelques jours, je n’avais pas mal à la gorge non plus ! Non, en fait, je me sentais pimpante de vie et d’énergie !

J’allais déjouer les pronostique et j’allais le voir, le nouveau millénaire ! Ce n’était après tout que dans quinze petites années. Qu’est-ce que quinze ans dans une vie ?

Cash prit mes mains dans les siennes et je le regardais alors qu’il me faisait le serment que je serais son unique muse à partir de maintenant, qu’il me soutiendrait et je me laisserais pas tomber même si pour cela, il hypothéquait sa vie.  J’eu instantanément une boule d’émotion dans la gorge. Personne encore ne m’avait dit si belle chose. Et jamais je n’aurais cru les entendre sortir de la bouche de Cash.

Émue, je fis signe que oui de la tête avant de me pencher vers lui et de le serrer dans mes bras.

@ Billy Lighter