Riley en avait fini avec Eduardo qui gisait, maintenant, au sol à l’instar de son ami que j’avais tué plus tôt. C’est juste après que ma taupe préférée avait dû prendre congé pour ne pas éveiller les soupçons dans le camp des Los Diablos. Je l’avais laissé partir espérant qu’elle ne trainerait pas trop pour sa mission. Elle savait qu’une meilleure vie l’attendait quand elle aurait fini, donc, j’imaginais que c’était suffisant que pour qu’elle se motive à aller plus vite.

Après ça, il fallait nettoyer ce bordel. J’interpellai, donc, un de mes aryens.

-Nettoyez tout ça. Je n’en veux plus une seule trace.

Ils avaient l’habitude. Je leur faisais confiance. Ce n’était pas les premiers cadavres qu’ils devaient faire disparaitre. C’était d’ailleurs un des aspects de chef de gang que j’aimais : plus besoin de nettoyer soi-même.

J’allais remonter dans mon bureau quand Josh m’interpella à son tour. Je me tournai vers lui et il déclara avoir un truc important à me dire. Je tiquai. Pourquoi il ne l’avait pas dit tout à l’heure ? Peut-être parce que Riley était présente. J’hochai de la tête et le fit monter avec moi dans mon bureau. Je fermai la porte et remit mon flingue dans la poche de ma veste.

-Je t’écoute.

J’allai m’appuyer contre mon bureau faisant face à Josh qui se lança.

-Votre femme a appelé… Elle est à l’hôpital, aux urgences… Apparemment, votre fille a eu un problème… Elle demandait que vous la rejoigniez…

Heaven avait un problème ? Je tiquai… Josh aurait pu me le dire plus tôt mais j’étais avec Riley et il n’avait aucune idée que Quinn avait déjà vendu la mèche à Riley concernant ma famille. Du coup, je ne pouvais pas vraiment en vouloir à Josh…

Dommage, j’aimais passer mes nerfs…

-Merci… Je vais m’occuper de ça.

Il hocha de la tête et s’en alla. Je me saisis alors du téléphone et composai le numéro de l’hôpital. Le Good Samaritan vu que c’était là qu’on avait l’habitude d’aller.

-Bonjour, c’est Edward Fleming, ici… Vous avez eu ma fille, Heaven Fleming, aux urgences plus tôt. Je voudrais avoir des nouvelles.

L’infirmière déclara qu’Heaven était sortie de l’hôpital il y a peu et qu’elle avait une bronchiolite. Un truc de mioche, si j’ai bien compris. Je remerciai l’infirmière et raccrochai.

Il fallait que je rentre avant que Sky n’ai plus de raisons de m’en vouloir.

Je quittai, donc, le QG remettant Josh en charge du gang jusqu’à-ce que je revienne demain soir, probablement. Je pris ma voiture et conduisis jusqu’à chez moi. Une fois garé, je grimpai à l’étage par l’escalier me retrouvant devant ma porte. J’entendais des pas dans l’escaliers qui montait à l’étage au-dessus. Certainement un voisin qui remontai chez lui. Mais je n’eus le temps de rien voir. J’entrai, alors, dans l’appartement et vis que Sky était là avec, devant elle, plusieurs bières vides…. Je levai un sourcil et m’approchai d’elle.

-Salut, bébé… Heaven va mieux ? J’ai téléphoné à l’hôpital dès que j’ai eu ton message mais vous étiez déjà rentré… On m’a dit ce qu’elle avait. Elle sait respirer comme il faut, maintenant ?

Question stupide… Si ce n’était pas le cas, Sky serait paniquée et Heaven serait dans ses bras à l’heure qu’il est. Mais la petite n’était pas là, donc, j’en conclu qu’elle dormait.

Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Tu as bus toutes les bières toute seule, bébé ? Tu es saoule ?

Je parlai calmement essayant de comprendre l’enchainement des événements.

@ Billy Lighter

J’avais la tête qui tournait et le goût des lèvres de Sigurd encore sur les miennes. Je ne comprenais pas ce qui m’avait pris, pourquoi je l’avais embrassé et pourquoi il s’était laissé faire. Il ne m’avait pas repoussé et pire, j’aurais juré qu’il aimait ça et que si je ne m’étais pas reprise, nous aurions continuer et allez savoir jusqu’où nous aurions été. Sous l’effet de l’alcool et par instinct de vengeance, ou de survie, je l’avais délibérément mis en danger.

Mes jambes étaient molles et je ne savais pas si c’était la bière ou la peur qui faisait ça, mais quand je voulu me lever pour ramasser les bouteilles de bière, je retombais assise et je penchais ma tête vers l’avant pour l’appuyer contre mes genoux et je me massais les tempes en me répétant encore et encore : ‘’Qu’est-ce que j’ai fait !’’ J’avais eu besoin de réconfort, Sigurd était là. Il n’aurait pas dû y être, c’était à Ward d’être là mais il m’avait laissé seule en sachant très bien que notre fille n’allait pas bien et que j’étais épuisée.

Je sursautais et je levais la tête en regardant vers l’entrée de notre appartement. Ward venait de rentré et s’approcha de moi. Je n’avais pas eu le temps de ranger les bouteilles ou même de prendre une douche pour me remettre les idées en place. Il me posa pleins de questions et je secouais la tête comme si ça allait m’aider à y répondre.

- Ouais elle… C’est une bronchiolite et elle va bien maintenant. Les antibiotiques vont l’aider.

Ward se tenait tout près et je penchais la tête sur le côté pour le regarder, comme il venait de le faire alors qu’il me demanda si j’étais saoule, vu les bouteilles qui trainaient. J’avais eu besoin de décompresser et de remercier Sigurd en lui offrant une bière. Je n’avais pas eu l’intention de me saouler mais le stress conjugué aux insomnies des dernières nuits et le fait que je ne bois pas beaucoup en temps normal… Tout ça avait joué contre moi et effectivement, je devais être un peu saoule.

- J’ai eu besoin de décompresser. Les dernières journées ont été éprouvantes.

Je me levais en faisant attention et je me penchais pour ramasser les bouteilles puis j’allais les porter à la cuisine. Ensuite, j’ouvris l’armoire et je pris un verre que je remplis d’eau froide. Je n’allais pas reprendre mes esprits miraculeusement grâce à l’eau mais ma bouche était légèrement pâteuse et je détestais ça.

- Tu as finalement eu mon message ? Vaut mieux tard que jamais.

J’étais revenue au salon et j’attrapais un coussin que je serrais contre moi avant de reprendre place dans le divan. Je lui en voulais de m’avoir laissé seule ce soir. Je lui en voulais de ne pas avoir fait de notre fille, sa priorité quand ça comptait, de disparaitre quand j’avais vraiment besoin de lui.

- Et toi ? Ça été ta soirée ? Pas de complication avec des livraisons ?

Sait-on jamais qu’il allait me dire qu’il avait eu beaucoup de truc à gérer et que ça ne l’arrangeait pas vraiment d’avoir dû rentrer plus tôt que prévu.

@ Billy Lighter

J’étais arrivé dans notre appartement pour constaté que Sky était assise dans le salon et avait, devant elle, pas moins de cinq bières vides… J’avais tourné les yeux vers les bières avant de fixer Sky. Et c’est d’Heaven que je pris des nouvelles en premier pour qu’elle voit que j’en avais quelque chose à faire. Car oui, Sky se demandait souvent si j’en avais quelque chose à foutre d’Heaven. Si je n’en avais rien à foutre, je l’aurais déjà noyé, il me semble… J’en ai quelque chose à foutre.

Elle confirma ce que l’infirmière m’avait dit au téléphone et j’hochai de la tête.

-Tant mieux. Elle pourra se remettre, comme ça.

Je fixai toujours Sky penchant légèrement la tête sur le côté. Elle fit de même et j’essayais de décrypter ce qu’il se passait dans sa tête. Et ça semblait être le chaos certainement à cause de l’alcool qu’elle avait bu. D’ailleurs, c’est de ça que je finis par parler. Des bières. Elle confirma avoir eu besoin de décompresser. Pour elle, les dernières journées avaient été épuisante. Pas que pour elle. Elle croyait qu’elle était la seule à entendre les pleurs d’Heaven jour et nuit ? Non. Je les entendais aussi. Même si je savais que ça allait passé étant donné que, la plupart de ses pleurs, ça semblait être à cause de ses dents.

-Je sais, bébé. Je comprends…

Non, ça n’explique pas les cinq bières. Cinq, c’était beaucoup pour une fille qui ne buvait presque jamais et ce qui me faisait tiqué c’était que Sky, si elle semblait effectivement avoir bu, semblait encore avoir les idées relativement clair. Elle ne les aurait pas avec cinq bières bu aussi rapidement. Ouais, je savais que c’était rapide parce que, à l’hôpital, on m’a dit qu’Heaven avait eu son congé peu de temps avant mon appel.

Elle se leva alors pour aller porter les cadavres de bière à la cuisine. Je m’installai, alors, dans le fauteuil et elle ne tarda pas à revenir me faisant bien comprendre qu’elle n’avait pas forcément apprécié que je reçoive le message si tard. Elle sait que je bosse et que je ne suis pas nécessairement tout le temps dans mon QG. Elle croit que tous les pères de famille peuvent revenir comme ça de leur boulot ? Non. Sans compter que, je le rappelle, c’est Sky qui désirait tant un enfant.

Maintenant, elle l’avait et elle me reprochait que tout ça était fatiguant ? Je répondis calmement :

-J’étais à l’extérieur du QG… Dès que j’ai eu ton message, je suis venu. J’ai téléphoné à l’hôpital avant pour avoir des nouvelles d’Heaven le plus vite possible.

Elle serra un coussin contre elle et s’installa dans le fauteuil me demandant comment ma soirée avait été.

-Je devais voir certains fournisseurs pour discuter business… Ça c’est plutôt bien passé. Si je n’avais pas eu ce rendez-vous important, je serais resté ici avec toi, bébé…

Je m’approchai d’elle passant une main dans ses cheveux avant de capter son regard. Elle m’en voulait. Ça se voyait. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Dis-moi… Tu as bus cinq bières toute seule ? Tu m’as l’air encore de tenir sur tes jambes, pourtant… A l’hôpital, tu y es allé comment ? En voiture ? Tu as réussi à gérer Heaven et le trajet ?

Ouais… J’avais l’impression qu’il y avait un truc qui m’échappait là-dedans.

@ Billy Lighter

Ward était rentré à peine quelques minutes après le départ de Sigurd tant et si bien que j’en eu des palpitations. Il ne s’en était fallu que de très peu entre le départ de l’un et l’arrivée de l’autre, ils étaient passé près de se rencontrer et c’était précisément ce que je voulais éviter à tout prix. Ma nervosité, accentuée par les bières que j’avais bues faisait battre mon corps vite et fort. Les battements martelaient dans ma tête au point ou je croyais que Ward l’entendait par-dessus tout le reste.

Mon mari commença par me demander des nouvelles de notre fille et je lui expliquais exactement ce que l’infirmière qu’il avait eu au téléphone lui avait dit. Je hochais de la tête en me disant que je n’avais pas besoin alors de lui expliquer pour le traitement et ce que nous devions faire dans les prochains jours pour qu’Heaven se rétablisse. De toute façon, c’était à moi que reviendrait cette tâche. Je me doutais bien que Ward ne penserait pas à l’heure de l’antibiotique et au traitement de l’inhalateur.

J’avais besoin de bouger pour me calmer et reprendre le contrôle de mes émotions. J’avais encore le goûts des lèvres de Sigurd sur les miennes et ma paranoïa me laissait croire que Ward pouvait le ressentir lui aussi. C’était complètement ridicule, j’en avais conscience mais je ne pouvais pas me défaire de cette idée. Ça avait été complètement stupide de ma part de boire aussi vite et autant, parce que oui, trois bière pour moi c’était trop.

J’expliquais à Ward pour justifier les bouteilles vides que j’avais eu besoin de décompresser et en ajoutant qu’il avait eu mon message, tard certes mais c’était mieux que pas du tout, je lui passais le message que j’aurais réellement eu besoin qu’il reste à la maison ce soir.

- C’est ce qu’on m’a dit, oui. Tu n’étais pas là pour prendre l’appel.

En tant que chef de gang, ne pouvait-il pas rester avec sa famille quand les choses comptaient vraiment ? Je ne lui demandais pas de rester tous les soirs à la maison et de planifier des sorties au zoo ou au parc d’attraction mais quand Heaven est malade, et que je passe des journées et des nuits complètes auprès d’elle, je m’attendais à un minimum de présence de la part du géniteur de mon bébé.

En serrant un coussin contre moi, je repris ma place dans le divan puis je passais ma main d’abord sur mon front puis dans mes cheveux. Je me sentais lessivée, comme si je venais de passer dans le tordeur de la machine. Et puis j’avais trop bu et je détestais l’effet que l’alcool me procurait en ce moment.

Ward me regarda avec ce regard que j’aimais tant et détestais tout à la fois et il m’expliqua avant de passer sa main dans mes cheveux que s’il n’avait pas eu cette rencontre importante avec son fournisseur, il serait resté avec moi à la maison.

- Je sais… C’est juste que je suis complètement vidée avec ces dernières nuits et… Tu as vu dans quel état je suis ?

J’étirais une mèche de mes cheveux et je touchais ensuite on t-shirt, le sien en fait, qui n’avait pas été lavé depuis deux ou trois jours.

- Je suis cernée jusqu’au seins, mes cheveux sont sales, mon linge sent la sueur, la tienne et la mienne et l’appartement est un vrai foutoir. J’ai besoin de prendre un bain, d’y tremper pendant trois heures et qu’en sortant de là, la fée du ménage soit passer et que tout brille !

Au lie de ça, j’avais roulé des pelles au voisins d’en haut et j’avais bu ! Je cumulais les erreurs de jugements et je sentais que Ward était sur le point de déterrer la plus grosse. De fait, il demanda sur un ton qui trahissait sa suspicions si j’avais pu toutes ces bières toute seule. Je ne pouvais pas lui mentir mais je ne pouvais pas non plus risquer la vie de Sigurd. Ward était aussi fou que moi quand il s’agissait de voir quelqu’un rôder de trop près. Et il continuait avec ses questions et à force, je craquais.

- Écoute, bébé.

Le truc c’était de lui amener ça sans qu’il ne ressente le besoin d’assassiner Sigurd. Le problème c’était que peu importait ce que j’allais dire et comment j’allais le dire ne suffirait à modérer les pulsions de Ward.

- C’est le voisin d’en haut qui nous a conduit et qui a bu deux des cinq bières.

Maintenant qu’il avait l’information, je devais le laisser l’analyser, la gérer et digérer avant d’ajouter quoi que ce soit d’autres.

@ Billy Lighter

Sky me fit bien sentir qu’elle n’avait pas apprécié que je ne sois pas là pour Heaven, ce soir. Je lisais en elle comme dans un livre ouvert et l’alcool qu’elle avait bu accentuait ses réactions. J’expliquai que j’étais sorti et que, donc, je n’avais pas eu l’appel. Elle avait dit que c’est bien ce qu’on lui avait dit au QG. J’hochai de la tête voyant que cette justification ne suffisait pas à calmer ses ressentiments envers moi.

Sky voulait que je sois là pour Heaven et elle… Mais j’avais un gang à gérer et pour qu’il se gère, je devais bosser. C’était pareil si j’avais un métier légal… Je ne pourrais pas être tout le temps là non plus si j’avais un boulot de nuit, par exemple. Le résultat aurait été le même. Sauf que, comme mon métier n’est pas légal, Sky semble se donner la liberté de pouvoir critiquer.

Je la fixai disant que si j’avais eu l’appel plus tôt, je serais vu tout de suite. Elle souffla qu’elle savait, ça, mais qu’elle était extrêmement fatigué ce qui expliquait sans doute son humeur. Les derniers jours n’ont pas été facile parce qu’Heaven n’avait pas pu s’empêcher de brailler à toutes les heures du jour et de la nuit.

-Je sais, bébé…

Mais je continuais à penser que, ce gosse, elle l’avait voulu et que, en tant que baby-sitter, elle devait savoir que ce n’était pas de tout repos. Moi, je l’avais appris à la dur. Mais Sky, elle, n’avait pas d’excuse parce que c’était son métier.

Elle disait être cernées, être sale et n’avoir le temps pour rien nettoyer. Bref, elle était crevé par sa vie de mère de famille. Ok… Si ce n’est que ça, je pouvais facilement arranger les choses pour que tout roule à nouveau et que je puisse me concentrer sur ma petite guerre de gang. Je passai ma main dans ses cheveux.

-Je sais, bébé. Les derniers jours ont été difficiles mais Heaven va aller mieux. Demain, tu pourras te reposer. Je nettoyais l’appartement et je m’occuperais d’Heaven pendant que tu prends soin de toi, ok ? Tu n’auras qu’à prendre un bain et aller faire du shopping, par exemple. Ou simplement dormir, si tu veux.

J’aimais Sky. Je n’avais aucune envie de la perdre d’une façon ou d’une autre. Alors, je pouvais bien faire du baby-sitting et du ménage un jour pour la satisfaire.

Mais il me restait une chose à éclaircir. Les bières. Il fallait que je sache si elle les avait bu seules ou non. Cinq bières, ça me semblait beaucoup pour Sky qui buvait très rarement. Si elle avait bu autant aucun doute qu’elle chancellerais bien plus que ça.

C’est là qu’elle avoua avoir bu ces bières avec le voisin du dessus et que ce dernier avait conduit Sky et Heaven à l’hôpital tout à l’heure. Je penchai légèrement la tête sur le côté. Le voisin du dessus ? Est-ce qu’elle parlait du même voisin qui l’avait aidé l’autre jour avec l’ascenseur ? Sigurd de l’Eastside ? Parce que les autres voisins du dessus nous évitaient comme la peste…

Ma voix se fit plus neutre tout comme mon regard.

-Le voisin du dessus ? Sigurd ? C’est ça ? Les autres ne nous approchent jamais, bébé…

Mais je voulais qu’elle confirme avant que je n’en dise plus sur ce que je savais de Sigurd.

-Tu sais que je connais Sigurd, bébé ? Sa mère et sa sœur sont des grandes consommatrices de drogue. Je le connais de l’Eastside. Tu sais que tout ce qui vient de l’Eastside est potentiellement dangereux pour toi, bébé ?

Même si je doutais sérieusement que Sigurd soit un Los Diablos… Sinon, il n’aurait pas l’argent pour se payer un appartement ici.

-Et il sait que je suis ton mari ? Il a dit quoi ? Il t’a dit qu’il faisait quoi dans la vie ? La dernière fois que je l’ai vu, il vivait encore chez sa mère dans un appartement miteux mais ce n’était qu’un gamin, à l’époque.

Je la fixai toujours.

-Vous n’avez fait que partager des bières, n’est-ce pas ?

Je plissai des yeux comme pour mieux sonder le regard de Sky.

@ Billy Lighter

J’étais à cran, tout me tombait sur les nerfs et le comportement hautain et détaché de Ward vis-à-vis de sa fille et moi n’aidait pas à ce que je me sente mieux. Je ne lui demandais pas de tout laisser tomber pour nous, seulement d’être là quand ça comptait. Ce soir, j’avais besoin de lui, il le savait, ça se voyait comme le nez en plein milieu du visage mais il avait préféré sortir et de me laisser pelleter d’avantage la fausse de mon épuisement.

Je ne me sentais pas belle avec mes cernes, mes vêtements qui n’avaient pas été lavés et l’appartement qui pouvait tenir de décor aux Misérables. C’était décourageant et déprimant et c’est ce que j’expliquais en gros à Ward qui pour la première fois en trois jours, sembla capter à quel point j’avais besoin de repos. Il proposa que demain il s’occupe de notre fille et du ménage pour que je puisse tremper dans un bain ou que je sorte faire du shopping.

- Pour vrai ?

Ça me semblait trop beau pour être vrai !

- Je ne refuserai pas de prendre un bain et de dormir pendant des heures !

En ce moment, je faisais peur à voir ! Pas étonnant qu’il préférait sortir rejoindre une fille du samedi soir, d’ailleurs, une fille de tous les autres soir de la semaine aussi !

La conversation aurait très bien pu se terminer là mais je savais que les bouteilles vides n’avaient pas échappées à Ward et que ça n’en resterait pas là. J’avais beau chercher comment lui explique la situation, je ne voyais pas d’autre option que de lui dire la presque vérité. Après tout, sauf pour le baiser, Sigurd et moi n’avions rien à nous reprocher et j’avais réellement eu besoin d’aide.

- Oui, c’est bien lui.

Ward resta calme.

Trop calme peut-être ?

Il m’expliqua qu’il connaissait Sigurd en me disant que la mère et la sœur de ce dernier étaient de grandes consommatrices de drogue et forcément, il me remit sous le nez que tout ce qui émanait de l’Eastside était dangereux.

- C’était un risque calculé, bébé.

Je n’avais pas eu le temps de rien calculer en fait mais je n’avais aucun doute que Sigurd n’était pas un danger potentiel. Je l’aurais ressenti, ce genre de chose se ressent… L’alcool ne m’aidait pas à réfléchir et je me sentais confuse entre ce qui s’était réellement passé avec Sigurd et ce que me disait Ward sur notre voisin du dessus.

Je passais mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux pour me ressaisir et tenter de recentrer mes pensées.

- Il a vu nos photos et il a fait le lien. Il sait qui tu es comme n’importe qui dans l’Eastside je suppose mais il croit que mon amour t’a changé. Il pense que tu t’es rangé et que tu mène une petite vie de père de famille.

Dit comme ça, ça me semblait être un atout et Ward pourrait même en tirer avantage.

- Ça ne fera pas de tord qu’un voisin croit que tu es un bon papa et qu’il puisse en témoigner, en cas de besoin. Des atouts, nous n’en avons pas tant que ça.

Puis, Ward me pose la question, celle qui devait le titiller le plus, j’étais prête à le parier. Je le regardais droit dans les yeux avant de pencher la tête sur le côté et de sourire.

- Je lui ai offert une bière pour le remercier. C’était la moindre des chose, non ? C’est pas cher payer deux bières pour forger une possible amitié qui pourrait servir en cas de nécessité.

@ Billy Lighter

Sky disait être fatigué d’où son humeur et ses reproches. Alors, je voulais bien me forcer à nettoyer demain et à m’occuper d’Heaven le temps qu’elle se reposera. Elle semblait contente… En fait, non, elle ne semblait pas y croire me demandant si je disais la vérité. Je souris.

-Bien sûr, bébé. C’est vrai que je n’ai pas été beaucoup là ces derniers temps. Tu mérites du repos.

Elle voulait prendre un bain et dormir. Peut-être d’une fois reposée elle arrêtera de m’en vouloir toutes les cinq minutes pour une raison ou pour une autre. Ça me fera des vacances parce qu’elle me tapait parfois sur les nerfs. Elle avait sa fille, elle m’avait moi, elle avait un toit et la possibilité de faire ce qu’elle voulait… Alors, pourquoi ne pas simplement être heureuse, hein ?

-Pendant autant d’heures que tu veux. Je gèrerais le reste, bébé.

Mais avant de conclure la conversation, je demandais si quelqu’un avait partagé les fameuses bières avec Sky parce que son état ne correspondait pas aux nombres de bières vides. Et elle avoua avoir partagé des bières avec le voisin du dessus. Ce voisin même qui l’avait conduit à l’hôpital pour Heaven. Je n’avais pu faire autrement que de faire le lien avec Sigurd qui avait déjà aidé Sky il n’y a pas si longtemps.

Elle confirma que c’était bien lui.

Je fixai toujours Sky en restant calme. Je déclarai connaitre Sigurd. Je connaissais, en tout cas, sa mère et sa sœur qui étaient souvent rappeler à l’ordre parce qu’elles ne payaient pas leurs consommations. J’avais déjà intimidé la mère de Sigurd. Il connaissait, donc, ma réputation.

Je mis en avant le danger… Sky répliqua que c’était un risque calculé. Je plissai des yeux.

-Tu en es sûre ?

Elle passa les mains sur son visage alors que je demandais si Sigurd savait que j’étais le mari de Sky… Elle confirma qu’il l’avait remarqué en venait ici et en voyant les photos. Je tiquai… Mais elle expliqua que Sigurd avait cru que j’avais changé de vie et m’était rangé. Je ne le savais pas aussi naïf mais sa naïveté pourrait être un avantage.

-Ah oui ? Il a cru ça ? Ça semble être le seul à l’avoir cru dans tout Los Angeles…

Même Nell n’y croyait pas… J’en suis sûr. Elle voulait y croire, certainement, mais elle devait se dire que c’était impossible. Mais Sigurd ne semblait pas assez bien me connaitre que pour se dire que j’étais irrécupérable.

Et Sky de dire que ça ne pouvait pas faire de tort. Que ce que croyait Sigurd pourrait être un avantage au cas où il faudrait témoigner… Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Tu veux dire pour le procès pour Grant ? Sigurd ne me connait pas suffisamment. Tu crois vraiment qu’il voudra témoigner, bébé ? Contre un flic, en plus ?

Quant à savoir ce qu’avait fait Sky avec Sigurd, elle déclara qu’elle n’avait fait que lui servir des bières pour le remercier. Je la fixai sans rien dire alors qu’elle mettait en avant l’atout que son amitié avec Sigurd pouvait nous être bénéfique.

Mouais…

Peut-être bien…

-Je te l’accorde… Mais il ne faut pas qu’il fouine trop. Entretient cette amitié si tu veux et si tu penses que Sigurd pourrait nous être utile mais fait en sorte qu’il n’entre pas trop dans nos vies. Ok, bébé ?

Je passai une main sur sa joue.

-On va dormir, maintenant ? Pendant qu’Heaven nous laisse le temps de le faire…

Ouais. J’avais envie de dormir maintenant. Rien d’autre.

@ Billy Lighter

Ward venait de me promettre la lune et les étoiles tout autour. Demain, il resterait à la maison pour s’occuper de notre fille et du ménage pendant que je me reposerais en dormant des heures et en me détendant dans la baignoire. Je rêvais de ce genre e moment depuis quelques temps déjà alors forcément je ne pus m’empêcher de lui demander si c’était bien vrai.

Il reconnaissait ne pas avoir été très présent ces derniers temps et si ça faisait plaisir à entendre, je me demandais s’il disait ça parce qu’il savait que c’était ce que je voulais entendre ou bien parce qu’il était sincère. Dans le doute, je préférais lever le pied du frein et lui accorder le bénéfice du doute.

- Merci bébé, je l’apprécie, tu sais.

Rien n’échappait à Ward, même pas quelques insignifiantes bouteilles de bière. J’étais fautive et je le savais mais je pouvais camoufler ma toute petite incartade avec Sigurd en un moyen de bien nous faire voir dans la société. Je commençais donc par confirmer à mon mari que je n’avais pas bu ces bières toute seule mais en compagnie de notre voisin du dessus pour le remercier de nous avoir conduite à l’hôpital, ma fille et moi.

Ça ne plaisait pas plus que ça à Ward, il n’avait pas besoin de commenter pour que je le comprenne mais je continuais en lui disant que Sigurd pouvait être une bonne carte à jouer quand viendrait le temps de nous faire passer pour de bons voisins. Des gens qui parleraient en notre faveur, nous n’en avions pas tant que ça.

- Il n’a aucune raison de douter de ma parole et puis il a vu de ses yeux ce qui a suffit à le convaincre.

Je voulais dire par-là que notre appartement, bien qu’à mes yeux était bordélique, était confortable et offrait tout ce qu’Heaven pouvait avoir besoin pour évoluer. Il y avait sur les murs des cadres avec des photos de Ward et moi nageant en plein bonheur. Tout pour appuyer mes dires sauf que…

J’avais chanté un tout autre refrain ce soir à Sigurd en me plaignant de Ward… Il allait prendre ça pour le discours d’une femme épuisée et légèrement alcoolisée.

Je continuais toutefois à vendre à Ward qu’une amitié de perron avec Sigurd ne pourrait pas nuire.

- Entre autre, oui. Il ne nous connait pas beaucoup mais il pourra dire que tu es un père présent et attentionné s’il te voit sortir avec la p’tite et que tu lui souhaite une bonne journée tout en ajoutant que tu t’en vas t’amuser au parc avec Heaven.

Le genre de connerie que ferait n’importe quel père impliqué.

- Nous n’en sommes pas encore aux témoignage mais s’il nous trouve fort sympathique et qu’il voit que notre côté de la médaille, qui sait ?

Tout espoir était bon à prendre et moi j’étais prête à m’accrocher à n’importe lequel tant que ça me permettait de rester auprès de Grant.

Mon plaidoyer sembla convaincre Ward, du moins suffisamment pour qu’il accepte que j’entretienne une amitié avec Sigurd du moment qu’il ne fouinait pas trop dans nos vies. Étrangement, avoir la bénédiction de mon mari je me réjouissait pas plus que ça. En fait, je n’avais en tête que le poids de ma culpabilité. J’allais devoir apprendre à jongler avec ça.

- Ok bébé. Je contrôlerai cette amitié de façon à ce qu’elle nous serve et pas le contraire.

Ensuite, Ward proposa qu’on aille dormir le temps qu’Heaven nous le permettait. Je le regardais un moment en me disant que ça, c’était la preuve qu’il me trompait. Il voulait dormir alors qu’il aurait pu profiter de mon état passablement éméché pour pimenter la fin de notre soirée. Je me levais et l’invitais à faire de même. Son attitude me troublait mais d’un autre côté, s’il avait eu envie de faire l’amour, j’aurais fort probablement et très involontairement superposer le visage de Sigurd à celui de Ward.

- Oui, bébé, allons dormir. C’est plus sage.

J’allais devoir faire beaucoup de ménage demain parce que dans ma tête, c’était un bordel apocalyptique.

@ Billy Lighter