-Tu devrais y aller, Dan ! Cette affaire va attirer tous les médias ! Ça fera du bien au cabinet et tu es le meilleur d’entre nous !

Je passai une mais sur mon visage, assis à mon bureau, mon associé, Emett, me faisait face, une fesse sur son propre bureau…

Je soupirai.

-Mais ce type est une crapule !

Je désignai le dossier d’une main.

-Il a été violent avec sa femme, c’est potentiellement un proxénète et PIRE, c’est peut-être le fameux El Lider ! C’est un tueur d’enfants ! Un trafiquant de drogue et j’en passe !

Emett s’alluma une cigarette. C’était un gros fumeur, moi, je ne fumais pas.

-On attire des mouches avec de la merde, Dan… On ne gagne rien à défendre des gentils.

J’étais un bon avocat… J’étais surtout un avocat qui n’était pas hors de prix comme le fameux Maître Louis… Je défendais donc, en générale, des gens issus de la classe moyenne mais j’aimais aussi beaucoup me rendre utile en tant que commis d’office ou pro deo, comme on appelait ça.

Je voyais beaucoup de malheureux… Parfois aussi des gens qui avaient fait quelques petites conneries dans leurs vies et s’en mordaient les doigts. Ceux-là, je voulais bien les défendre car je pensais en mon for intérieur que chacun avait bien droit à une deuxième chance.

Et c’est ce que me pointa Emett.

-Ce n’est pas toi qui dit toujours que les gens ont droit à une deuxième chance ?

Je le regardai d’un air torve, en faisant la moue.

-Tu as lu le dossier ? Les antécédents judiciaires d’Edward Fleming ? Il a eu un tas de deuxièmes chances. Bagarres, conduite dangereuse, des petites peines mais qui témoignent, selon moi, d’un grand manque de discernement.

J’écartai les bras.

-Ce type n’en a rien à foutre ! Je ne le sens pas, Emett…

Je ne voulais pas le sortir de sa merde, surtout… Le pire, c’était qu’il pourrait peut-être bien s’en sortir en fait. Je m’étais déjà renseigné sur ce dossier et sur l’emploi présumé de Fleming et le patron du Wild Wild Beaches m’avait fourni une fiche de salaire ! Ce qui voulait dire qu’Edward travaillait bien là.

Emett s’approcha de mon bureau et y posa les deux mains.

-Si tu ne le fait pas pour toi, fais-le pour le cabinet. Une fois qu’on sera sous les feux de la rampe, promis, je te rends au camp des gentils.

Je soupirai.

-Bon, ok… T’as gagné. Mais juste pour cette fois alors.

Je pris mes cliques et mes claques et partis pour le commissariat pour mon premier entretien avec Edward Fleming… Possiblement le plus grand psychopathe qui fut jamais, après… Thomas Fleming.

Une fois arrivé, j’en avais des sueurs froides… On me fouilla sommairement puis je fus invité à entrer dans une petite salle où était menotté Edward Fleming.

-Bonjour Monsieur Fleming. Je suis Maître Anderson du cabinet Smith&Anderson. C’est moi qui vais vous représenter au tribunal.

Je ne pouvais pas lui serrer la main, vu qu’il était sévèrement enchaîné, alors je m’assis face à lui.

-Je suppose que vous n’avez pas de quoi payer la caution, le juge a été très sévère envers vous. A-t-il de bonnes raisons de l’être ?

Je pris son dossier et l’ouvris devant moi, attendant de voir ce qu’il avait à dire pour sa défense.

@ Billy Lighter

-C’est bel et bien de la diffamation. Et si je suis misogyne, alors Howard Stone est clairement raciste. Ce n’est pas parce que mes amis les plus proches, Daniele et Samantha Ricci, sont Italiens qu’ils font partie de la mafia. C’est un pauvre vieux cliché. Et je tiens à défendre ici Samantha Ricci. Elle était bel et bien liée aux Conti par alliance, mais son défunt mari a toujours tout fait pour s’émanciper de sa famille mafieuse. Malheureusement, ce n’est pas si simple de couper les ponts avec ce genre de famille.

Je ricanai et l’Inspecteur Kelly releva le nez de son numéro de Guitar&Pen dont il me faisait la lecture alors que j’étais allongé sur la couchette de ma cellule, les bras croisé derrière ma tête. L’Inspecteur Kelly était un gamin qui avait accepté de me faire la lecture chaque fois qu’il était de garde. Il faut dire que j’avais vu une pointe d’admiration, dans son regard, quand il a compris que Ward Fleming était enfermé au commissariat de Downtown. Ce qui agaçait son collègue qui, lui, me prenait pour le dernier des enfoiré de cette planète.

Et ce qu’il me lisait me faisait me marrer. J’avais, du coup, grâce aux lectures de Kelly, suivre la petite guerre entre Howard Stone et Jimmy Reed. Une guerre initié par le batteur. Un batteur que j’avais moi-même envoyé à l’hôpital. Un batteur dont j’avais cru qu’il était en partie responsable de mon arrestation mais après avoir entendu les questions de flics, j’avais conclu qu’il n’en était rien et que la seule qui m’avait balancé était Sky. Sky qui m’avait trahi. Sky qui le payera.

Stone, lui, avait préféré taper sur Reed ce qui était plutôt amusant. Et j’étais en train de découvrir la réponse de Reed qui était un tissu de mensonge comme cette réponse où il montre que ses amis italiens étaient clean. Daniele Ricci blanchissait pourtant de l’argent pour la Famille de Los Angeles et était en partie responsable de trois meurtres… Quant à Samantha elle était au moins responsable de complicité de tentative de meurtre sur ma personne.

Et je pouvais tous les envoyer ici. J’allais peut-être le faire mais uniquement si j’étais au pieds du mur. J’avais des cartes de luxe mais il fallait que je joue finement. Et en prison, j’avais bien le temps de réfléchir.

-Pourquoi tu ris ?

C’était la question de cet abruti d’Inspecteur Kelly.

-On dirait des gamins de maternelle… Reed et Stone…

L’Inspecteur Kelly haussa des épaules.

-Surtout Stone… Il lui prend quoi ? Je ne vois pas ce que Reed a fait de mal. On s’en fiche qu’il engage pas de femmes pour faire de la musique. Qu’est-ce que ça peut lui foutre à Stone ? C’est pas une femme que je sache… Moi je crois qu’il a prit trop de coup sur la tête…

Je rigolai avant de lancer…

-Ah oui ? Tu crois ? Les escaliers c’est mortel, il faut dire…

Il rigola à son tour. Kelly était du côté de Reed parce que je savais que Kelly était le genre à baisser son froc devant les gens puissant. Or, Stone, même dans la presse, avait l’air du dernier des loosers. Quant à Reed, il était meilleur en joute verbale que Stone… Il n’y avait pas photo. Stone n’arrive même pas à causer comme il faut.

-Ils devraient régler ça sur le ring… Ça, ça peut être drôle.

Kelly rigola à nouveau mais cessa de rire quand son collègue entra dans la pièce. Il avait toujours son air sévère et me fixa.

-Ton avocat est là, Fleming.

Je roulai des yeux. C’est ce que je faisais chaque fois qu’on m’appelait Fleming en plus de dire :

-Je m’appelle Ward…

Mais l’Inspecteur ne dit rien… Ils me sécurisèrent avec des chaines et autres menottes avant de m’amener dans la salle d’interrogatoire. J’avais été contraint d’appeler un bureau d’avocats dans mes prix… Je n’avais même pas essayé de contacter Maitre Louis car je le savais hors de prix… Et je n’avais aucune envie de le supplier… Je ne le ferais que si l’avocat que le cabinet me fournira était vraiment nul.

C’est quelques instants plus tard que je fus face à celui qui allait devoir défendre ma cause. Je plissai les yeux devant le physique de l’homme. Il respirait moins la richesse que Maitre Louis. Ici, j’avais l’impression d’avoir, face à moi, un gratte papier bas de gamme.

Mais je restai impassible alors qu’il me salua avant de se présenter.

-Bonjour… Mais appelez-moi Ward.

Ainsi c’était fait… Il saura à quoi s’en tenir.

Il supposait que je n’avais pas pu payer la caution. Sans blague. Le juge Campbell l’avait fixé à un million de dollars ! Je n’avais plus qu’à espéré que ça ne sera pas lui qui sera en charge de mon procès. Je fixai Maitre Anderson et parlai d’un ton neutre :

-Je suis comptable… Je ne peux pas cracher un million de dollars comme ça… Sévère c’est un petit mot pour qualifier le juge Campbell…

Maitre Anderson se demandait si Campbell avait de bonnes raisons d’être sévère. Il avait vu l’occasion de pouvoir coincé El Lider… J’imagine que c'est une bonne raison. Je fixai Maitre Anderson en haussant des épaules.

-Si on ne voit que les charges, j’imagine que oui… Sauf que je suis innocent. Ma femme et moi nous sommes disputé… Elle croit que je la trompe depuis quelques temps ce qui est faux. Ça fait quelques semaines qu’elle se comporte bizarrement. Elle devient parano… Et le jour de mon arrestation, on est allé, le matin, voir la directrice de mon fils, Grant. Je n’ai pas apprécié qu’elle dise à la directrice qu’on pousse notre enfant à répondre violement aux insultes. C’est totalement faux… C’était ça le fruit de la dispute. Dans le but de me calmer, je suis parti de la maison et je me suis fait arrêté plus tard dans la journée. Elle a inventé une histoire comme quoi j’étais El Lider.

Je pris un air un peu désespéré.

-Mais je n’ai rien n’à voir avec El Lider… Ça fait des années que je ne fais plus partie d’un gang… J’ai payé pour les crimes que j’ai fait à l’époque et que ma femme retourne ça contre moi par pur jalousie ça me tue. Je suis un foutu comptable et un père de famille. Rien de plus bordel ! Mais bien sûr mon passé et ce foutu lien que j’ai avec le Boucher de Los Angeles fait que tout le monde me regarde de travers !

Je m’emballai un peu… Je le faisais exprès. Rare sont les non-coupables qui sont paisible face à leur sort injuste.

-Je ne l’ai pas frappé. Je ne l’ai JAMAIS frappé. Elle a des marques ? Non ! Parce que je ne l’ai pas frappé !

Je comptais là-dessus pour m’en sortir : décrédibiliser Sky qui était celle qui avait tout lâché.

@ Billy Lighter

-Très bien, Ward… Moi, c’est Dan.

Je lui souris puis plongeai mon nez dans le dossier qui contenait aussi mes notes et demandai à Ward de me dire pourquoi le juge avait été aussi sévère avec lui. Bien sûr qu’il ne pourrait pas payer sa caution qui était fixée à un million de dollars…

En même temps, les charges pesaient lourd !

Il affirma être comptable et qu’il ne pouvait pas le cracher comme ça, ce million de dollar… Il s’emballait un peu… A le voir, il subissait la pire des injustices.

Et c’était peut-être le cas. Malgré tout ce que je pensais, je ne devais pas perdre de vue qu’il était innocent tant qu’on avait pas prouvé qu’il était coupable.

-J’ai déjà un bon point pour vous.

Je sortis une feuille du dossier.

-J’ai fait ma petite enquête de mon côté. J’ai été voir votre employeur au Wild Wild Beaches et il a su me fournir des fiches de salaire à votre nom. Ce qui prouve bien que vous travaillez dans son établissement.

Je le regardai dans les yeux.

-J’espère que vos extraits de compte confirmeront ces rentrées régulières d’argent.

Puis je le laissai me parler.

Il me parla surtout de sa femme qui, d’après lui, était la pire affabulatrice que la Terre ait porté. Il clama son innocence. Il ajouta qu’ils s’étaient disputés, qu’elle était paranoïaque…

Je l’écoutais attentivement me dire que Sky Fleming avait dit à la directrice de l’école de Grant Fleming qu’ils le poussaient à avoir recours à la violence, que c’était pour ça qu’ils s’étaient disputés. Bref, que tout avait été inventé par Sky Fleming. Il ajouta qu’il n’avait rien à voir avec El Lider, qu’il ne faisait plus partie d’un gang et qu’il s’était rangé.

Son discours était tellement bien construit que j’imaginais qu’il avait du l’élaborer toute la nuit. Mais ça ne voulait pas dire pour autant qu’il n’était pas innocent comme il le disait.

-J’ai deux questions, pour commencer : la première, pourquoi est-ce que votre femme est tout d’un coup devenue paranoïaque, comme vous dites, au point d’inventer tout ça ?

Je marquai une pause.

-Et la deuxième, c’est : au vu de vos antécédents, est-ce que vous avez des remords par rapport à votre passé… Il est important de montrer au tribunal un visage humain. Dans votre cas, celui d’un véritable repenti serait approprié…

@ Billy Lighter

Oui. Ward. J’avais déjà assez avec certains Inspecteur ici qui s’en prenait à cœur joie de m’appeler Fleming… Alors ce n’était pas pour que mon avocat s’y mette aussi.

Alors que j’expliquai ne pas pouvoir payer la caution à un million de dollars, Monsieur Gratte-Papier avait son nez dans son dossier et alors que je parlai de mon métier de comptable, il disait déjà avoir un bon point pour moi… C’est-à-dire des fiches de salaire à mon nom et provenant du Wild. Apparemment, c’était dur à concevoir que je puisse avoir un job « normal ». Preuve étant, mon avocat espérait que mes extraits de compte confirmeront les fiches de salaire.

-Si ça peut vous rassurer, ça sera le cas… Quoi que tout le monde semble pensé, je suis bel et bien uniquement un foutu comptable…

J’avais pensé à tout quand j’avais élaboré mon petit stratagème… Je fournissais une petite partie l’argent au Wild… Il le blanchissait et me le rendait sous forme de salaire. C’était une infime partie des revenus de la drogue mais ça permettait d’être totalement crédible au niveau de mon emploi.

Et j’expliquai avoir été victime des fabulations de ma femme. Sky était le témoignage à décrédibiliser et vu sa confiance en elle, j’avais toute mes chances. Sans compter qu’elle s’était décrédibiliser devant Summers et que je pourrais utilisé le témoignage de la directrice de Grant pour montrer que Sky n’était pas forcément une sainte.

Après quoi, toutes ses accusations pourront tomber à l’eau et je pourrais être libéré de cette foutue cellule.

Je m’énervais en parlant pour montrer à mon avocat que j’étais victime d’une injustice. Après quoi il disait avoir deux questions et il lança la première.

-Depuis plusieurs semaines environs… Je n’ai aucune idée du pourquoi. Mais je pense que ça a commencé après sa sortie de l’hôpital il y a un peu moins d’un an… Elle n’arrivait plus à voir son corps dans la glace et j’avais beau la rassurer, elle n’en avait que faire. Depuis chaque femme est devenue une menace pour elle. D’abord c’était gérable mais ces derniers temps ça a empirer. Faut pas oublier que je travaille au Wild et que, du coup, elle se fait des foutus films ! Ce n’est pas arrivé tout d’un coup. Ça a juste empirer au fur et à mesure du temps.

Quant à la deuxième question je pouvais bien en comprendre la raison. Mais ça me fit un peu tiquer parce que ça prouvait que mon avocat avait des doutes sur mes capacités à avoir des remords. Sans doute à cause des charge, de ma réputation et de mon arbre généalogique. Il me suffisait donc de jouer au type qui s’est réellement repenti !

-Vous croyez que je peux être fier d’avoir fait partie des Los Diablos ? A l’époque, je l’étais mais j’étais complètement endoctriné depuis mes 14 ans. Mon beau-père était chef du gang… C’est Sky qui m’a ouvert les yeux et, oui, je regrette avoir pris un chemin pareil. Maintenant, je peux simplement éviter ça à mes enfants en leur offrant un bon niveau de vie. Je ne peux rien faire de plus pour me racheter. Je ne peux pas revenir en arrière.

Je soupirai.

-Enfin… Si je revois mes enfants un jour. Où sont-ils ? Les Inspecteurs n’ont rien voulu me dire… Sky n’est pas la meilleur personne pour les garder.

Les enfants. C’était mon arme. Si jamais je perdais la garde j’allais faire en sorte que Sky la perde aussi.

@ Billy Lighter

D’après ce que je savais de Ward Fleming, il était plutôt taciturne, pas du genre à faire de grand et beaux discours. Pourtant, avec moi, ça allait. Bien sûr il était énervé mais tout le monde l’était quand on se retrouvait en cellule, surtout si c’était sans raison. Mais je sentais bien que son énervement n’était pas dirigé contre moi. Il n’y avait rien de personnel là-dedans.

Par contre, sa femme en prenait pour son grade. Mais malgré tout ce qu’il me disait, il restait étrangement poli envers elle. Il ne me sortait aucun nom d’oiseau pour la qualifier. Pourtant, si son histoire était vraie, il avait toutes les raisons de la traiter de tous les noms.

Apparemment, c’était depuis que sa femme était revenue de l’hôpital qu’elle avait appris à détester son corps et à devenir jalouse jusqu’à la paranoïa. Jusque-là, tout le discours de Ward se tenait.

Je m’arrêtai d’écrire.

-Elle était allée à l’hôpital pour une blessure par balle, c’est ça ? Et c’est là que vous avez perdu un de vos bébés. J’en suis navré pour vous…

Je tapotai mon bic sur ma feuille de notes.

-Comment a-t-elle été touchée par balle ? Ce n’est quand même pas tous les jours qu’on est pris dans une fusillade… ?

Je savais que mon client avait un permis pour les armes et qu’il en possédait quelques-unes. Je n’insinuais pas que Ward avait tiré sur sa femme… Mais peut-être un règlement de compte entre gangs ? Et ce alors que les fiches de salaire du Wild remontaient à bien avant ce triste « accident »…

Puis je lui demandai quel était le bilan qu’il faisait de sa vie de délinquant… Je voulais savoir s’il avait des remords… A la fois un peu pour moi-même et ma conscience, mais aussi et surtout parce que le poids de ses remords pouvait faire pencher la sympathie du juge de son côté. Et il allait en falloir, des remords… Parce que le montant de la caution prouvait bien que le dit juge ne portait déjà pas Fleming dans son cœur.

Il disait avoir été endoctriné depuis son plus jeune âge, que c’était sa femme qui lui avait ouvert les yeux et qu’il voulait un bien meilleur avenir pour ses enfants.

Je le pointai de mon bic.

-Tout ça, il faudra le dire au juge et l’en convaincre. C’est très important Il faut qu’il comprenne que vous n’êtes plus dans tout ça, Ward.

Il demanda des nouvelles de ses enfants, prétextant que Sky n’était pas en mesure de les garder.

-Je suis désolé, personne n’a rien voulu me dire non plus à ce sujet. Tout ce que je sais, c’est que le juge a émis une injonction d’éloignement à votre encontre. Mais je ne sais pas où ils sont.

C’était vrai.

-Mais je note que Sky n’est pas la meilleure personne pour les garder. Pouvez-vous me parler de Riley ?

@ Billy Lighter

J’avais expliqué que la jalousie de Sky n’avait fait que s’empirer depuis qu’elle était revenue de l’hôpital après son coma. Le pire c’est que je n’abusais même pas. L’attitude de Sky était bien celle d’une femme jalouse qui ne s’acceptait plus. Donc, je n’inventais rien.

Mon avocat demanda confirmation pour la blessure par balle avant de se dire navré pour la mort d’Eden. Je pris un air un peu triste comme si j’étais toujours touché par ce fait.

-Oui, une blessure par balle, en effet. Ça a été une grande épreuve autant pour Sky que pour moi. Par chance, Heaven, notre fille, a survécu. C’est une battante.

Mais mon avocat n’avait pas fait tout ces devoirs parce qu’il se demandait comment Sky avait été touché par balle.

-Ça c’est passé chez nous… Un homme… Otis Washington est entré par effraction chez nous alors qu’on était absent. Il m’en voulait de ne pas l’avoir payé pour des paris sur la boxe. Sky est rentrée avant moi et Otis lui a tiré dessus. Je suis arrivé peu après… Otis était déjà parti. Par chance, la police a pu l’appréhender le lendemain. Le pire c’est que je n’arrive pas à m’enlever de la tête que si j’avais payé Otis, ça ne serait pas arrivé…

L’affaire était réglée. Otis était en prison et c’était un preuve de plus que toutes ces conneries n’étaient pas liés aux gangs. Et une petite touche de remord n’était pas de refus non plus… C’est ce que j’avais ajouté à mon récit.

Parce que, des remords, mon avocat semblait en vouloir. C’est ainsi que j’affirmai en avoir pour ma « vie d’avant ». Est-ce que j’en avais ? Ouais…. J’en avais d’être resté si longtemps au service de Jimmy Reed. Ainsi, ce n’était pas trop difficile de faire semblant.

Anderson semblait satisfait car il disait que c’est ce que je devais dire au juge. Je soupirai.

-C’est ce que j’ai déjà dit pour obtenir la garde de mon fils… J’avoue en avoir marre de devoir réexpliquer sans cesse les mêmes choses. Est-ce que je suis le seul dans tout L.A. à devoir rendre des comptes comme ça ? Sérieusement ?

Je montrais là que j’en avais marre de devoir me justifier sur mon passé. Une fois ne suffisait pas apparemment… A cause de Sky, j’allais encore devoir y passer.

Je montrai, ensuite, le visage de l’homme qui cherche à obtenir des nouvelles de ses enfants. Je pris un air inquiet quand Anderson déclara ne pas savoir où ils étaient.

-Est-ce que vous pouvez essayer d’avoir des informations ? Ce n’est pas normal que je ne puisse pas savoir ce qu’il en est de mes enfants. Je ne sais même pas s’ils vont bien, bordel !

Il nota ce que je venais de dire sur Sky… Ouais. Note ! Et note bien ! J’hochai de la tête avant de prendre un air exaspéré quand le nom de cette petite pute de Riley sortit de sa bouche.

-Je ne sais pas qui c’est ! Depuis que je suis enfermé on me parle d’elle mais je n’ai aucune idée de qui c’est ! C’est Sky qui a inventé ce nom. Je ne sais même pas où elle a pêcher ça ! Si ça tombe, vous et les flics me poser des questions sur une fille imaginaire !

Nier. C’était mon plus bel atout sur le dossier « Riley ». En espérant qu’elle se soit barré assez loin pour que personne ne la retrouve.

Elle ferait bien, d’ailleurs.

@ Billy Lighter

Ward semblait vraiment attristé par la mort de son fils à naître… ça avait du être une expérience très difficile et quelque chose que je ne souhaiterais pas même à la pire crapule du monde. Perdre un enfant était une horreur sans nom.

-Toutes mes condoléances pour votre perte. Je suis désolé d’avoir à vous refaire vivre ça. Mais je tiens à voir s’il y a des incohérences dans votre discours par rapport aux faits rapportés.

Je pinçai les lèvres, me détestant pour ce que j’allais dire… puis je haussai les épaules.

-Pour pouvoir gommer ces incohérences. Parce que le juge les soulèvera si vous n’êtes pas logique.

Des incohérences qui pourraient trahir mon client et faire basculer tout le procès. Il pouvait passer d’innocent à coupable sur un choix de mots peu judicieux ou sur des oublis… J’étais là pour éviter ça.

J’étais là pour le faire paraître innocent même s’il était peut-être coupable.

Je devais le faire pour le cabinet. Pour Emett Smith… Pour les médias.

Il me raconta donc, à ma demande, ce triste épisode de sa vie. Je l’avais déjà lu dans les rapports de police et autres. Mais je tenais à voir si Ward s’y collait parfaitement ou non. Et ce fut le cas.

-Très bien. Si au tribunal, on vous pose la question, tenez-vous en donc à la…

J’hésitai une seconde…

-…A la vérité…

Je supposais…

De son côté, mon client en avait marre de devoir toujours se justifier sur tout. Il l’avait déjà fait pour obtenir la garde de son fils… Il se demandait s’il était le seul à devoir toujours se justifier comme ça. Je hochai négativement la tête.

-Malheureusement non. Je vois tous les jours des gens qui depuis des années sont forcés de raconter les mêmes choses. Mais je vous avouerai que votre casier judiciaire ne joue pas en votre faveur. Plus il y a d’antécédents, moins les juges sont enclins à être cléments.

Puis il demanda des nouvelles de ses enfants et s’énerva quand je ne pus pas lui en donner à cause de l’injonction du juge.

-J’essayerai de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour vous avoir au moins des nouvelles. Mais je crains de ne pouvoir vous fournir leur localisation tant que l’injonction ne sera pas levée.

Puis je lui en demandai plus sur la dénommée « Riley » qui apparaissait dans la déclaration de Madame Fleming. Et ça provoqua à nouveau l’indignation de Ward. D’après lui, Riley n’était que le fruit de l’imagination de Sky.

-D’accord. Elle aurait pu fabuler à partir d’un simple avis de recherche, par exemple ?

Parce qu’il y en avait plein la ville, sur une certaine Riley Raphaël. Mais on pouvait facilement imaginer que l’épouse de mon client, mal dans sa peau, dévastée par la mort de son bébé se soit montée la tête toute seule à partir de choses qu’elle avait vues dans la rue et s’était inventé que son mari n’était autre qu’El Lider.

Les déclarations de Ward se tenaient… Au point de me faire douter.

-Si le juge demande de vous soumettre à une évaluation psychiatrique, êtes-vous prêt à vous y soumettre ? Je vois dans mes notes que vous y avez échappé dans le dossier de la garde de votre fils.

@ Billy Lighter

Anderson avait une certaine morale et une certaine sensibilité. Je le sentis quand il se disait désolé pour la mort d’Eden et qu’il était désolé de m’avoir fait revivre ça. Est-ce que c’était un avantage pour moi ? Aucune idée… Sans doute que d’avoir ce genre d’avocat pourra jouer en ma faveur. Ça sera à voir.

-Ce n’est pas grave… Je sais que vous posez ces questions pour bien faire votre travail…

Il devait voir s’il y avait des incohérence dans mon discours pour pouvoir les gommer. Je ne savais si s’il disait ça à tout le monde ou si ça signifiait qu’il me croyait, effectivement, coupable.

-Il ne peut pas il y avoir d’incohérence dans la vérité. C’est tout ce que j’ai pour me défendre en dehors de vous : la vérité.

J’avais, donc, expliquer comment Sky en était venue à se faire tirer dessus. Je racontai l’histoire que j’avais élaboré au point même de trouver un coupable qui croupissait, désormais, en prison. Ça semblait satisfaire Anderson qui disait de m’en tenir… A la vérité.

-Oui. La vérité.

Je déclarai, ensuite, à ses questions suivantes, en avoir marre de devoir me justifier constamment. Je pensais être le seul à devoir faire ça mais ce n’était pas le cas. Apparemment, je n’étais pas le seul à me faire harceler par les juges à devoir répéter constamment la même chose. Je soupirai.

-Donc, les juges estime qu’un ancien criminel ne peut jamais reprendre le droit chemin, c’est ça ? Et vous, vous en pensez quoi ?

Je voulais savoir ce qu’il en pensait parce que s’il ne croyait pas à ma cause, ça allait être plus compliqué qu’il parle avec passion devant un juge qui ne sera certainement pas acquis à ma cause.

Quant à mes enfants, mon avocat ne savait rien mais il déclara pouvoir me donner des nouvelles à défaut de pouvoir me donner leur localisation. J’étais toujours agacé.

-Je suis enfermé… Ça change quoi que je sache où ils sont ou non ? Je ne comprends même pas pourquoi j’ai une injonction d’éloignement par rapport à mes enfants. Sky, je comprends, étant donné quelle à dit que je l’avais frappé ce qui n’est pas le cas… Mais mes enfants ? Vous ne pouvez pas essayer de la lever ? Sky et les enfants, c’est ma seule famille. Ne pas les voir c’est…

Je marquai une pause pour le drama avant de me racler la gorge et de reprendre.

-C’est horrible…

Et je m’énervai un peu quand on me sortit encore le nom de Riley. Je déclara ne pas la connaitre et faire en sorte que ça soit une invention de Sky. Et quand Anderson me parla d’un avis de recherche je compris que, peut-être, quelqu’un cherchait Riley.

Qui ?

C’était la question. Mais je dis simplement :

-Oui, c’est possible. Je n’en sais rien. Ce n’est pas le premier nom qu’elle me sort et qui sort de nulle part.

Puis vint la question de l’évaluation psychiatrique. Celle que j’avais éviter lors du procès pour la garde de Grant. J’avais voulu l’éviter parce que, la dernière pseudo évaluation que j’avais faite, c’était avec la psy de Grant et elle semblait penser que j’avais un problème. Même si j’avais appris de cette entrevue, je savais qu’il y avait des risques… Seulement, dire que je n’ai pas envie de l’évaluation reviendrait à directement me faire étiqueter. Je soupirai.

-Oui, je suis prêt à m’y soumettre s’il faut vraiment. Mais ça changera quoi sincèrement ? Qu’est-ce qu’ils vont conclure ? Une évaluation ce ne sont pas des faits, si ? C’est les faits qui compte, non ? Je ne comprends pas vraiment l’intérêt de cette évaluation…

En vrai, je ne comprenais pas… Imaginons que le psy décrète que je suis un psychopathe… Si les accusations contre moi ne tiennent pas la route par des preuves et des faits, ça changera quoi que j’en sois un ? Les avocats sont des psychopathe pour la plupart, non ? Les médecins aussi, non ? Pourquoi pas un comptable ?

@ Billy Lighter

Ward se montra compréhensif… Les questions que je posais étaient pour son bien… Puis il affirma que tout ce qu’il disait était la vérité et qu’il n’avait que ça, en dehors de moi, pour sa défense. Je lui conseillai donc de s’en tenir à ça… S’il sortait toujours les mêmes histoires, même si c’était un mensonge, ça finirait par devenir vrai… C’était le principe de 1984 d’Orwell.

Puis, après avoir validé le cas Otis Washington, Ward me posa des questions plus… personnelles… Il se demandait si les juges pensaient que les criminels pouvaient reprendre le droit chemin. Et ce que moi, j’en pensais.

Je me raclai la gorge.

-Chaque juge est différent… Quant à moi, je pense que tout le monde a le droit à une deuxième chance.

Je pinçai les lèvres en feuilletant le dossier.

-Même si en ce qui vous concerne ce sera une quatrième ou cinquième chance…

Puis on parla de ses enfants. Il ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait pas savoir où ils étaient ni même pourquoi il y avait une injonction d’éloignement à son encontre. Il trouvait ça horrible et semblait sincèrement souffrir de ce fait.

-C’est une mesure d’urgence, Ward… Quand une femme se plaint de fait tels qu’elle a relaté, ce sont à la fois la personne maltraitée et les enfants qui sont protégés par la justice jusqu’à ce que les faits soient établis.

Je haussai les épaules.

-Si tout va bien, ce sera une mesure temporaire… Je sais que votre caution est impayable, mais il se peut que le juge vous déclare innocent ou qu’il y ait un non-lieu… Vous pourrez donc sortir et retrouver vos enfants dans ce cas-là.

On continua de parler, sous forme de question-réponse. Et l’histoire de Ward se tenait tellement bien que j’en venais à le croire, même si je gardais une petite réserve. C’était peut-être un manipulateur… Mais dans le fond, peu importait, j’étais quand même là pour le défendre parce que c’était mon job.

Mais de plus en plus, je me demandais quand même si sa femme n’avait pas un grain depuis la mort de son fils. Ce traumatisme expliquerait cela.

Apparemment, ce n’était pas le premier prénom que Sky lui sortait de nulle part.

Ok… Je passai à un point plus délicat, l’expertise psychiatrique. Ward sembla hésiter une seconde puis me dit qu’il s’y plierait. Mais il se demandait à quoi ça pouvait bien servir.

Là, un inspecteur ouvrit la porte.

-Votre temps est écoulé, Maître Anderson.

Je me levai et rassemblai mes feuilles pour les remettre dans ma farde tout en répondant aux dernières questions de mon client.

-Ça établira le fait que vous êtes bien plus apte que votre femme à garder vos enfants. Je ne vous cacherai pas que le fait que votre père soit le Boucher de Los Angeles peut mener les juges à faire l’amalgame. Une expertise psychiatrique détruira ce cliché.

Je pris le dossier que je remis dans ma mallette.

-Et puis si vous vous y soumettez, on pourra exiger la même chose de la part de votre femme et on pourra ainsi établir si elle est mythomane ou non.

Je le saluai de la tête.

-Sur ce, je vais vous laisser. Courage Ward. Vous avez mon numéro en cas de besoin et je vais voir si je peux obtenir des nouvelles de vos enfants.

@ Billy Lighter