Comment beaucoup d’autre, j’était ébranlée par la mort de Peyton. Elle et moi avions eu une étrange relation qui tanguait entre la haine et l’entraide. Elle m’en voulait et me détestait pour avoir été la maitresse d’Howard mais elle n’avait pas hésité à se donner corps et âme pour m’aider à enregistrer mon album solo. Je n’étais pas son humaine favorite sur cette terre mais je n’étais pas non plus complètement sur sa liste noire.

Chez MTI, on ne parlait que de ça, comme si c’était complètement incroyable voire impossible qu’elle nous ait quittée si jeune et de façon si dramatique. Tout le monde avait sa théorie sur le sujet, même ceux qui n’en avaient pas ! Certains disaient qu’elle s’était laissé mourir de faim, dépressive comme elle était et que c’était ce qui avait provoqué la rupture d’anévrisme lors de l’accouchement. D’autres disaient qu’elle n’avait tout simplement pas la morphologie pour porter et mettre au monde des jumeaux. Puis il y avaient ceux qui disaient qu’elle était probablement épuisée par sa tournée et que ceci entraîna cela.

Moi, je pensais juste que ce n’était pas de nos putains d’affaires et que tous avions assez de notre propre cul avant de penser à celui des autres. Même s’il y avait une explication à la rupture d’anévrisme, de la connaitre ne ramènerait pas la jeune mère à la vie.

Errant dans les couloirs des studios de MTI je me retrouvais dans celui réservée à Peyton. Il avait été vidé, toutes ses choses étaient dans des cartons. Ça m’avais fâchée ! Était-ce si urgent de passer le studio au suivant ? Peyton n’était même pas encore en terre ! Il y avait plusieurs boîtes empilées, fallait croire que la Diva avait aménagé l’espace pour se sentir vraiment comme chez elle, dans sa bulle, son petit univers.

Je n’en avais pas le droit mais je me permis d’ouvrir une boîte et de regarder à l’intérieur. Il y avait des chandelles parfumées et des cadres photos. L’une d’elle la montrait dans les bras d’Howard, le jour de leur mariage. Cette photo reflétait vraiment fort le bonheur qu’ils avaient tous les deux ressentit ce jour-là, ça et la vodka qui coulait dans les veines d’Howard.

Je creusais un peu plus dans la boîte et j’y trouvais un cahier dont la couverture rose était recouverte de petits dessins de cœur de toutes les grosseurs, de toutes les couleurs, de toutes les profondeurs. Peyton était vraiment très… Comment je dirais ? Petite princesse assumée. C’était mignon, je ne jugeais pas !

Doucement, j’ouvris le cahier et je fis la lecture de la première page, puis de la seconde et ainsi de suite jusqu’à passer au travers. C’était beau, mélancolique, un peu déroutant par moment mais c’était vraiment de très beaux textes. Peyton aurait certainement eue beaucoup de succès si elle avait fait de ses textes des chansons. Je rangeais le cahier dans mon sac avant de refermer la boite et de sortir du studio de Peyton. À la réception des studios, je demandais qu’on m’appel un taxi qui arriva en moins de dix minutes et qui m’amena chez Howard. J’avais tardée à lui rendre visite me disant qu’il devait avoir eu un beau défilé de gens depuis son retour de New York et si ce qu’on racontait était vrai, il allait sous peu être en procès contre ses beaux-parents qui voulaient rentabiliser la mort de leur fille.

C’est David qui m’ouvrit la porte, Dexter aux talons. Je lui fit la bise et m’en allais au sous-sol de la villa, là où il m’avait indiquer trouver Howard. Mon ancien amant, mon vieil ami, mon complice dans le vice était dans un état lamentable, une épave. Je m’approchais de lui et me laissais aller au sol, là où il était affalé et je posais ma tête contre son épaule.

- Je ne sais pas si quelqu’un te l’a dit dernièrement mais… Tu ne sens pas très bon, vieux.

Je poussais un peu de ma tête contre son épaule pour le faire réagir. Je n’avais pas expérimenté la mort d’une personne précieuse mais je savais ce que c’était que de danser tous les jours avec la mort et l’effet ravageur que ça faisait en dedans.

J’attendais l’enterrement.

J’avais plus que ça à faire. Tant que Peyton n’aura pas son coin pour reposer en paix. Tant que ses parents auront pas perdu en justice. J’pourrais pas passer à autre chose. C’était pas possible. J’avais essayé. J’avais échoué… Chaque matin j’me levais toujours avec une boule dans le ventre et les souvenirs de ses derniers instants.

J’me réfugiais exclusivement dans la musique. J’passais beaucoup de temps dans mon studio dans le sous-sol de ma villa. Y’avait encore un tas de gens que j’avais pas encore vu mais j’avais pas la force d’me déplacer chez eux.

J’me repassais dans ma tête ma conversation avec Snip’. J’savais que j’devais continuer à vivre. Pour les enfants. Pour Peyton. Pour la musique. Pour mes amis. J’savais que j’pouvais pas me laisser aller. Mais c’était un combat que j’avais du mal de gagner.

J’étais assis au piano. Pas celui de Peyton. L’appartenait à David et j’voulais pas y toucher. J’avais jamais toucher autant un piano que ces derniers temps… Certainement parce que ça me rappelait Peyton… Que c’était un moyen de continuer à la faire vivre encore un peu.

Et j’chantais d’une voix rauque un rien détruite par l’alcool que j’cessais pas d’ingurgiter.


-You'll be the saddest part of me
A part of me that will never be mine
It's obvious
Tonight is gonna be the loneliest
You're still the oxygen I breathe
I see your face when I close my eyes
It's torturous
Tonight is gonna be the loneliest

J’avais écrit ça pour montrer à quel point être loin de Peyton me pesait. Mais elle avait, ces derniers temps, pris une signification autre… Plus sombre. Plus triste. Comme moi… J’étais devenu plus sombre et plus triste.

-There's a few lines that I have wrote
In case of death, that's what I want, that's what I want
So don't be sad when I'll be gone
There's just one thing I hope you know, I loved you so

Ce n’était plus moi qui parlait… C’était elle… Dans certains couplet, c’était elle.

Me fallait des concerts… Fallait que j’le crie à tout l’monde. J’crois que c’est ça dont j’avais besoin… J’crois… J’pouvais pas en être sûr. Mais j’savais que rien pouvait être pire que ce que j’ressentais là…

- I'm sorry but I gotta go
If you'll ever miss me give this song another go

J’m’arrêtai là… J’laissai les derniers notes s’évanouir…

J’arrivais pas à aller plus loin…

J’me levai… J’pris un coup de vodka avant de m’coucher à terre observant le plafond.

J’voulais pas vivre 11 ans comme ça. J’voulais essayer d’me relever avant…

Mais j’suis pas sûr d’y arriver.

J’me redressais légèrement avant de m’asseoir à terre le dos contre le mur. J’passai encore un temps comme ça perdu loin dans mes pensées.

Tu as des combats Howard…

Tu peux pas laisser les enfoirés gagner.

Les parents de Peyton, Jimmy Reed, Ward Fleming… Peuvent pas gagner. Ça serait injuste…

J’repris pris avec la réalité quand j’sentis la tête de Savannah contre mon épaule et que sa voix atteignis mes oreilles. Elle disait que j’sentais pas bon. C’était pas tellement étonnant. C’est quand la dernière fois que j’ai pris une douche ?

-J’sais… Mais, non, personne me l’a dit.

Sauf elle… Parce que Sav’ avait jamais sa langue dans sa poche. Parce qu’elle avait toujours été comme ça. Parce que sa franchise m’avait souvent fait avancer.

-J’suis mort à l’intérieur, ça doit être pour ça…

Dans tout les sens du terme à mon avis… Parce que j’suis pas stupide. J’savais ma santé était pas du tout au beau fixe. J’faisais bronchite sur bronchite que j’soignais à moitié. J’vomissais quasi tous les jours à cause de la vodka. Certainement parce qu’une partie de moi en a marre de la vie.

J’laissai légèrement tomber ma tête contre celle de Savannah. La voir ici me mettait face à une autre foutue triste réalité : Savannah allait aussi mourir. Avant moi ? Rien n’était moins sûr, en fait…

-J’sais que j’dois aller de l’avant… Mais ça n’a rien de simple.

J’avais déjà eu cette conversation avec Snip’.

-Et toi ? Tu sens bon… Comment va Los Angeles ? Comme tu vas toi ?

J’partais sur cette voie certainement pour empêcher Sav’ d’me présenter ses condoléances. J’en pouvais plus de ce mot.

Howard était plongé dans la pénombre de son studio au sous-sol et il sentait aussi mauvais que le chagrin qui planait dans la pièce. Nous en avions vécu lui et moi des trucs, pas toujours faciles, parfois complètement incroyables, des aventures érotiques torrides avec trame de fonds un mélange explosif de drogue et d’alcool, mais faire face à la mort aussi intimement, jamais.

Je me plaçais près de lui, assez pour que ma tête repose contre son épaule avant de lui confesser qu’il ne sentait pas la rose. Il le savait mais personne ne le lui avait encore dit. Pas étonnant puisqu’il ne voyait pas vraiment beaucoup de gens, dernièrement.  Je tournais la tête pour le regarder, lui et sa barbe d’ivrogne.

- Personne oserait te dire ça, voyons.

Personne qui aurait quelque chose de plus intelligent à lui dire en pareil circonstance, ce qui n’était pas mon cas. Mon rapport avec la mort était différent depuis que je savais que je ne vivrais encore quelques décennies.

- T’sais… Je n’ai pas envie de te dire toutes les conneries qu’on m’a dites pour t’aider à aller mieux.

Ça ne restait toujours que des mots et ce dont il avait besoin c’étaient des actions concrètes et ça, je pouvais l’aider. En tous les cas, je le pensais.

Je replaçais ma tête contre l’épaule d’Howard et il laisser aller la sienne contre la mienne à contempler le noir avant qu’il ne dise qu’il savait devoir aller de l’avant. En effet, il n’y avait pas d’autre option possible, qu’on le veuille ou non, le temps ne cesserait jamais d’avancer et il n’en tenait qu’à lui de savoir comment il voulait le dépenser. C’était fort probablement la seule vraie leçon que ma maladie m’avait apprise et que je respectais scrupuleusement.

- Ouais… Je sais que c’n’est pas facile. C’est même la chose la plus difficile que tu devras faire de toute ta vie. Pour le restant de ta vie.

Mais ça valait le coup, non ?

Howard trouvait que je sentais bon puis me demanda comment Los Angeles et moi allions. Je pinçais des lèvres en les étirant en tous les sens sans savoir quoi répondre.

- Je suppose que Los Angeles va bien. Moi aussi, j’vais bien.

Je n’avais pas eu de bonnes nouvelles à mon avant dernier bilan de santé mais celui que je venais de passer était plus encourageant. Je ne guérirais jamais et je ne croyais plus aux miracles depuis longtemps mais je ne prévoyais pas mourir la semaine prochaine. Pas tant que mon vieux pote aurait besoin de moi.

- J’ai un truc à te confesser.

Je ne savais pas comment lui amener la chose, s’il allait bien le prendre ou si ça lui ferait encore plus mal qu’il ne souffrait déjà. Mais s’il me laissait aller jusqu’au bout, peut-être qu’il retrouverait une petite étincelle de vie. Pour une fille qui vient de dire qu’elle ne croyait plus aux miracles, voilà une belle contradiction.

- Ils ont mis dans des cartons les trucs de Peyton chez MTI et j’ai un peu fouillé dedans. Ça sent son parfum, c’était étrangement réconfortant.

En ouvrant l’une de ses boîtes, le parfum de Lola avait chatouillé mes narines et ce fut comme si son esprit ou son aura ou une forme d’elle planait dans la pièce. Peut-être qu’elle m’engueulait parce que je touchais à ses affaires, ou peut-être qu’elle m’encourageait à le faire.

Difficile à dire.

- Elle manque à  un tas de gens, j’sais pas si elle le sait d’où elle est.

Avec l’agilité d’un Bambi nouveau-né, je me relevais à moitié pour aller chercher mon sac que j’avais abandonné quelque par entre l’entrée du studio et l’épave du veuf écroulé contre le mur. Quand je mis la main dessus, je le tirais pas la bandoulière pour le ramener vers moi et j’en sortis mon précieux butin trouvé dans les cartons de Lola.

- Je n’étais pas sa plus grande fan mais en lisant ce qu’elle a écrit là-dedans, j’l’entendais. Puis je pense qu’un tas de gens devrait l’entendre encore.

C’est la franchise de Sav’ qui m’sorti de mes pensées qui n’allaient que vers un seul endroit : Peyton. Sav’ avait l’habitude de dire ce qu’elle pensait et j’pus qu’avouer que, effectivement, j’sentais pas très bon. Sav’ disait que personne oserait m’le dire. J’hochai de la tête.

-T’as sûrement raison.

Personne osait me froisser ses derniers temps. Alors qu’avant, personne s’en privait. Mais pour eux, j’étais, maintenant, une p’tite chose fragile.

Z’ont p’t-être pas tort…

Sav’ disait qu’elle avait pas envie de me dire toutes les conneries qu’on lui a dit quand elle a appris pour sa maladie. Les gens sont désolés… Ils te le disent parce qu’ils se sentent impuissant face à ta situation. Ils avaient pitiés… Mais Sav’ savait que ça aidait pas forcément.

-Merci…

J’préférais ça. Mais j’tardai pas à dire que j’devais aller de l’avant mais que ça avait strictement rien de facile. Comment j’pouvais aller de l’avant si tout, autour de moi, me rappelait Peyton ? C’était difficile. Sav’ comprenait. Elle disait que, pourtant, j’devrais le faire pour le restant de ma vie. Jamais Peyton reviendra. J’devais me faire à l’idée. J’devais continuer à vivre malgré tout.

-J’sais pas si j’y arriverais.

J’avais pas l’impression de pouvoir y arriver. Parce que, voyons les choses en face, même quand Peyton était vivante, j’avais mon lot de problème même si j’prétendais pas en avoir. Du coup, avec tout ça en plus, j’avais l’impression que j’devais gravir une méga grande montagne à pied nu…

Mais j’voulais changer de sujet et, pour ça, j’dis à Sav’ qu’elle sentait bon avant de demander comment elle allait et comment L.A. allait. Elle supposait que L.A. allait bien… J’en étais pas si sûr… Mais elle allait bien et c’était le principal.

-Tant mieux. C’est tout ce qui compte.

Elle disait avoir un truc à m’confesser… J’levai un sourcil. A moi ? Elle veut se confesser à moi ? J’pensais savoir tout sur elle, déjà, mais, apparemment, c’était pas l’cas.

-Vas-y…

Elle parla des cartons de Peyton chez MTI… J’avais pas osé passer par son studio à mon dernier passage… Mais Sav’, elle, l’avait fait. Elle disait que, là-bas, ça sentait son parfum et qu’ils avaient impactés tous ces affaires.

-L’avait le meilleur parfum du monde.

Elle savait les choisir, en tout cas. Et Sav’ déclara que Peyton manquait à un tas de gens. J’me mordis la lèvre pour pas que les larmes coulent à nouveau. Oui. Elle manquait à un tas d’gens. Dommage qu’elle avait toujours cru que presque personne l’aimait. Un tas de gens l’aimait.

-J’espère qu’elle le sait. J’espère que son enterrement lui fera remarquer à quel point les gens l’aimaient. J’regrette qu’elle ait pas pu en prendre bien conscience quand elle était là. J’ai essayé d’lui montrer mais j’suis pas doué pour ça.

Sav’ se redressa pour tirer son sac vers elle. Elle en sortit alors un carnet tout rose qui avait l’odeur de Peyton. Peyton aimait bien le rose. C’était une vrai p’tite princesse dans le fond. Un côté que j’adorais dans un sens.

Sav’ avait lu le contenu… Elle disait qu’un tas de gens devraient entendre encore Peyton. Sauf qu’on pouvait pas la faire revenir.

J’pris délicatement le carnet et commençai à lire. C’était des chansons… Des textes de Peyton qui ont jamais été sorti. Elle les gardait p’t-être pour plus tard ou, alors, comme moi, elle comptait jamais sortir certains de ses textes.

Chaque phrase que j’lisais me faisait l’entendre à nouveau. Les larmes coulaient le long de mes joues.

J’tournai les pages… J’savais pas combien de temps j’suis resté silencieux à lire.

-Tout ça… Personne l’entendra jamais…

Et c’était triste.

-Personne pourra voir à quel point son talent pour l’écriture était énorme… La musique, l’avait ça dans l’sang. C’est pas ses parents qui ont créé l’artiste qu’elle était.

Eux, ils avaient créé le malheur et la solitude qu’elle avait ressenti toute sa vie. Ils avaient créé la diva. Mais Peyton était plus que ça.

-Elle me manque…

Et elle me manquera tout ma vie.

J’tournai mon regard plein de larmes vers Sav’.

-Faut que les gens puissent savoir ça… Faut que quelqu’un chante pour elle.

Ça pouvait pas être moi.

-Quelqu’un qui se rendait compte de son talent. Et j’vois qu’une seule personne pour ça.

Sav’. Qui d’autre ? J’savais que Peyton, même si elle détestait Sav’ pour des raisons évidentes, adorait la voix et le talent de Savannah. J’fixai Savannah dans les yeux.

-Toi…

Toutes les phrases que les gens pouvaient dire lors de circonstances comme celle que vivait Howard finissait toujours par n’être que beaucoup de vent pour rien. Ce n’était pas par mauvaise intention ou parce que dire quelque chose semblait bien paraitre, non. Les gens avaient souvent beaucoup espoir que leurs petites phrases préfabriquées étaient réconfortantes. C’est pour ça que je ne remballais pas ceux qui en avaient pour moi, depuis que mon état de santé était rendu public et c’était aussi pour ça que je préférais dire à Howard qu’il sentait mauvais.

Howard traversait un bout sombre duquel il s’en sortirait, un jour, à son rythme mais il allait s’en sortir. Je le connaissais, je savais qu’en dedans, bien qu’il disait être mort, subsistait une étincelle qui ne demandait qu’à exploser. Mais comme dans tous les drames que la vie comportaient, il avait le droit d’être au fond du baril, de boire, de pleurer, d’haïr et de ne pas vouloir rebondir.

Tout n’était qu’une question de temps.

D’une voix pâteuse, il me demanda comment allait L.A., comme moi j’allais. L.A. ne serait toujours qu’une ville chaude, bouillante et grouillante dans laquelle allaient et venaient des gens. En surface, L.A. allait bien, c’est ce que je dis à Howard quant à moi, j’allais bien aussi.

C’était tout de qui comptait, qu’il disait.

Peut-être, ouais, non… j’savais pas trop.

Je m’étirais autant que faire se peut pour attraper mon sac et le tirer vers nous qui larvions au sol, pour en sortir l’objet de ma confession. Je racontais comment ça avait été pour moi d’entrer dans le studio de sa femme, que malgré les cartons empilés, le parfum de Peyton planait toujours dans la pièce, le meilleur parfum au monde selon Howard.

- C’Était pas Chanel#5, son parfum ?

J’étais presque certaine que c’était ça mais je pouvais me tromper.

J’avaient en main un cahier de composition, dont les pages étaient noircies de pleins de ce qui semblaient être des poèmes, des chansons. Il y avait des trucs léger, d’autres plus profonds, plusieurs étaient triste, certains incomplets.

Peyton était aimée et adulée par tellement de gens ! Les hommes à la diva ne se comptaient plus tant il y en avait. C’était dommage que ce genre de marque d’amour vienne toujours quand on ne peut plus l’apprécier.  

Howard espérait pouvoir lui rendre également hommage, de manière digne, lors des funérailles qui tardaient à venir. Ainsi, il espérait que de là où elle était, Peyton ressente tout l’amour qu’on pouvait lui rendre. C’était beau et triste.

- Je suis certaine qu’elle le ressentira, d’une manière ou d’une autre. Puis tu sais, j’crois qu’elle voyait et qu’elle savait, dis pas que tu n’es pas doué.  

Il y avait tant de manière de démontrer son attachement à une personne, ne serait-ce qu’en lui demandant d’être prudent avant de partir, en l’écoutant parler de ses passions qui pour nous pouvaient sembler futiles pour nommer que ça. Howard et moi n’étions pas doués pour exprimer nos sentiments de façon claires, c’était plus facile de ne pas le dire que de penser le dire de travers mais une chose dont j’étais certaine c’est que d’une façon ou d’une autre, Howard était parvenu à le faire ressentir à Peyton, autrement, elle ne l’aurait jamais épousé.

Howard feuilletait le cahier de sa femme et, après un moment fini par dire que plus personne ne pourrait voir à quel point elle était douée pour écrire. Je laissais un petit sourire se dessiner sur mes lèvres et je passais ma main sur son bras. J’avais une idée, du moins un début de quelque chose qui sembla passer de ma tête à celle d’Howard. Il voulait, du moins il croyait qu’une personne devait le faire. Quelqu’un devait transformer les textes de Peyton en chanson pour que les gens puissent continuer d’apprécier son œuvre.

Je fus toucher qu’il me désigne comme la porte-parole des textes de sa femme et, de ma main qui était sur son bras, j’allais lui caresser la joue en faisant non de la tête, puis oui, puis je haussais des épaules.

- J’crois que oui, mais non. Mais oui il faut que ce soit entendu. Je me disais que nous pourrions le faire, tout le monde. Tout ceux qui voudra chanter l’un des textes de Peyton, un projet indépendant, nous pouvons tous y mettre la main à la pâte et sortir un album à plusieurs voix en hommage à Peyton.

Un collectif, rien de moins pour honorer la diva qu’était Peyton.

Sav’ venait de me dire qu’elle était entrée dans le studio de Peyton et qu’on y sentait encore son parfum. Pour moi, c’était la meilleur odeur du monde. Une odeur qui, pour l’instant, me rendait triste et heureux à la fois. C’était une sensation bizarre qui était à la fois réconfortante et qui m’donnait envie de chialer.

J’savais pas combien de temps des p’tits trucs du genre allait me faire cet effet… J’savais pas, en fait, quand j’allais sortir de ce deuil qui en finissait pas.

Sav’ semblait connaitre la marque du parfum de Peyton. Chanel#5…

-J’sais pas… C’est fort possible. Tout ce que j’sais c’est que j’la reconnaitrais entre mille cette odeur.

Parce que c’était celle de Peyton… Et ça sera la sienne jusqu’à-ce que j’crèverais.

Ce qui risque d’arrive vite si j’continue comme ça.

On parla de tous les gens qui tenaient à Peyton… Le problème c’est que je pensais bien qu’elle était morte sans s’en rendre compte… J’avais essayer de lui faire comprendre mais j’crois pas que ça a été un succès. Mais Sav’, elle, était pas du même avis.

-J’espère…

J’me mis alors à lire le cahier que Sav’ avait ramené du studio. La couverture laissait pas le doute sur le fait que Peyton en était la propriétaire. J’pris le temps de m’attarder sur quelques textes. Ils étaient tous différents. Et, quelque soit le thème, ça m’faisait pleurer.

Peyton avait écrit tout ça.

Elle avait laissé derrière elle des textes qui ne seront jamais entendu avec sa voix. Des textes que le monde ne pourra pas entendre. J’trouvais ça triste. Vraiment triste. Jusqu’à-ce que j’ressente la volonté de partager ça avec tout l’monde. Que tout ce qu’il y avait dans se p’tit carnet rose n’y reste pas. Que la légende de Peyton puisse continuer à vivre alors même qu’elle était morte. Qu’elle puisse entendre de là-haut qu’elle vit toujours dans nos cœur.

Il le fallait.

Mais il fallait que ça soit bien fait et j’voyais qu’une seule personne avec une voix assez digne pour rendre cet homme. Et cette voix c’était celle de Sav’. Elle était mon amie… Elle savait qui était Peyton. J’trouvais qu’elle était la mieux placée.

Elle se tourna vers moi et caressa ma joue. Un contacte qui me fit du bien et qui me fit remonter le regard pour croiser le sien. Sav’ ne voulait pas faire ça toute seule. Elle voyait plutôt un projet collectif. Ceux qui voudront faire un hommage à Peyton pourront y figurer. L’avait pas tort. Ça serait vraiment bien… Des artistes qui estimeraient Peyton et voudraient lui rendre hommage à travers ça.

Quelque chose qui serait au-delà de toutes les maisons de disques.

-Dis moi ce que j’ferais sans toi ?

J’savais pas… Parce que son idée était bonne et que j’l’aurais pas eut tout seul. En fait, si Sav’ n’aurait pas sorti ce carnet d’un des cartons, il y serait certainement resté pendant des mois, voir des années avant que j’ose toucher à ce qu’il y avait dans les affaires de Peyton.

-C’est une bonne idée… On pourrait appeler des artistes qu’on connait… Y’aura toi, moi, Dave… D’ailleurs ! Faudra demander l’autorisation à David. C’est lui qui a les droits sur les chansons.

Mais il sera sûrement d’accord.

-P’t-être que Nathan voudra y participer…

J’haussai des épaules.

-J’ai jamais vraiment su ce qu’il pensait de Peyton…

Y’en avait sûrement d’autres aussi…

-Faudra voir si d’autres sont pas intéresser. J’ferais un p’tit tour chez BSC… Snip’ p’t-être qu’il voudra…

On fera ça sans les manager… Enfin… P’t-être que Jack pourra nous aider pour deux ou trois trucs mais j’suis sûr que si on va voir Timmy, il voudra que MTI ait un pourcentage. J’pense pas que Jack fera ça, lui…

-L’argent… On pourra l’donner à une œuvre ou quelque chose comme ça.

Dans le studio de Lola planait toujours l’odeur de son parfum. C’était du moins l’impression que j’avais eue en y entrant. J’avais un peu eue l’impression de profaner un lieu Saint dans lequel je n’étais pas la bienvenue mais après avoir trouvé ce que j’y avais trouvé, j’avais compris que je n’y était pas allée sans raison.

Je n’avais pas hésité à venir trouver Howard pour lui partager ma découverte et lui proposer mon idée bien que, quand je l’avais vu au sol, que j’avais humé son odeur de deuil et que la caresse de ma main sur sa joue de barbue hirsute, j’avais réfléchis un instant avant de me lancer. Il avait besoin de temps pour digérer tout ce qui lui tombait dessus et j’étais la mieux placée pour savoir que, confronter à la mort, il est impossible de se relever tant qu’on à pas passé le choc. Howard avait besoin de ce temps pour réagir, pour se relever les manches et affronter la suite des choses.

Il avait feuilleté le carnet d’écriture de sa femme et avait reconnu qu’elle avait beaucoup de talent. Qu’au ait aimé ou non la diva, personne ne pouvait nier qu’elle en avait eu beaucoup et que ce qui se trouvait dans ce cahier ne devait pas y rester. Howard proposa que je soit la porte-parole des écritures de sa femme et si sa proposition me toucha, je ne pouvais pas ne pas lui suggérer de faire les choses autrement. Peyton méritait un hommage grandiose à plusieurs voix et j’étais prête à parier que tout ce qui pouvait chanter et jouer de la musique aurait envie de contribuer.

- Tu ferais de belles et grandes choses, à ta façon.

Sans moi, Howard ferait les choses autrement, il réussirait ou pas, là n’était pas la question. En ce moment m on ami voyait tout en noir, il ne croyait plus avoir quoi que ce soit devant lui sauf cette douleur qui le meurtrissait de plus en plus à chacune de ses respirations. C’était ce que j’avais ressentis quand on m’avait annoncé que ce que j’avais n’étais pas qu’un petit épisode d’épuisement.

Howard, ensuite, sembla reprendre un peu de vigueur. Il parlait de David, à qui nous allions devoir demander l’autorisation pour utiliser les chansons de Peyton, d’appeler des artistes que nous connaissions, peut-être même que Nathan voudra y participer, qu’il demandait.

- Je suis certaine que David n’y verrait aucun inconvénient et que Nathan voudra y participer. Tu verras, ça fera un super hommage pour Peyton. Il ne pourra pas y avoir plus grand.

Je passais ma main dans les cheveux d’Howard alors qu’il réfléchissait à d’autres noms. Nous ferions des appels à tous, ça n’était pas un soucis.

Puis, pour ce que nous ferions de l’argent que nous amasserions avec ça, Howard pensait déjà le donner à une œuvre ce qui serait en effet une excellente idée. Il y avait certainement une cause qui tenait le plus à cœur à Peyton, suffisait d’y réfléchir mais nous n’étions pas encore là.

- On trouvera la meilleure des causes à qui offrir cet argent ou alors on le gardera pour vos enfants, on verra avec ceux qui vont s’impliquer. Une chose est certaine Howard, c’est que ça fera du bien à un tas de personne de participer à ça.

Je le sentais en dedans de moi !

Je déposais un petit baiser furtif sur la joue d’Howard avant de me lever et je l’inciter à faire pareil.

- Aller, lève tout vieille épave. Va prendre une douche avant de me présenter tes rejetons ! Parce que si tu les approches avant de te laver, ils vont eux-mêmes te dénoncer aux services sociaux !

Je voulais les voir moi, ces mini humains !