Dans la petite loge du Rainbow, alors qu’il était près de 21 heures, je chipotais à mes appareils auditifs… Autour de moi, les roadies s’affairaient pour les derniers préparatifs. L’un d’eux s’approcha de moi et me demanda si j’étais prêt, si tout était bon.

-Ouais ouais… C’est parfait, merci. C’est bon.

Le plus compliqué, surtout dans une salle comme le Rainbow qui était un Bar-Grill et pas une salle de concert en soi, c’était de régler le son. Déjà pour un groupe normal, ce n’était pas forcément évident d’avoir un son et des retours parfait. Mais alors pour moi et ma surdité, c’était encore pire.

Cependant, les roadies avaient vraiment fait du bon boulot. Et puis BSC n’avait pas hésité à me fournir du matériel dernier cri… En même temps, avec ce que je leur rapportais, ça aurait été bien malheureux…

J’étais super excité à l’idée de ce concert. Ce ne serait pas forcément un long concert, parce qu’on ne savait pas encore si je saurais tenir la distance, même si je m’en sentais tout à fait capable. Mais c’était toujours ça de pris. De toute façon, avec Billie Blue ne bas-âge, je n’avais pas envie de partir dans une tournée mondiale. Parce que ça signifierait probablement laisser Syd et ma fille derrière et ce n’était pas le moment. Ma compagne avait besoin d’aide.

Non, pour l’instant, les clubs de L.A. me suffisaient et, en plus, le public répondait toujours présent.

Ouais, parce que ce concert avait été annoncé et le Rainbow avait du refuser des gens, à force, le public étant bien plus nombreux que ne pouvait en contenir le bâtiment.

Surtout que Daniele n’avait pas manqué de souligner qu’après le concert, je m’installerais au fond de la salle pour signer des autographes et échanger quelques mots avec mes fans en même temps que de vendre des t-shirts, des mugs et autres.

Je regardai ma montre. 20 :56. Il était temps d’y aller ! Je n’étais pas du genre à être en retard et j’avais trop envie de commencer !

Je me levai donc et montai sur la petite scène. Direct, les applaudissements fusèrent !

Je pris ma guitare en saluant le public, le remerciant déjà, souriant.

Puis je me plaçai près du micro…

J’allais commencer par un vieux titre de The Army, histoire de commencer en force.

Et en voix !

Parce que la chanson, elle commençait comme ça :

Je venais d’avoir rendez-vous avec mon employeur. Le rendez-vous était assez tard tout ça pour me dire qu’il était toujours en recherche d’un très bon client pour moi. Je crois qu’il s’en voulait un peu du fait que j’avais raté de peu un très bon emploi aux côtés de Lola.

Mais qu’est-ce qu’il en pouvait ? Lola était morte tragiquement sans que rien ne puisse prévoir ça. Même elle ne savait pas qu’elle allait mourir de cette triste façon…

Je n’en voulais pas à mon employeur pour ça et, pour l’instant, j’avais bien assez d’argent de côté pour nous faire vivre décemment, Riley et moi. Une Riley qui avait encore eu un coup dur quand, il y a quelques petites semaines, Ward Fleming avait été blanchi de toutes ses accusations. J’étais certain qu’elle crevait de trouille… Moi, j’essayais de continuer à vivre et de faire en sorte qu’elle puisse continuer à vivre aussi.

Il lui fallait un but… Mais ce n’était pas évident dans ces circonstances.

Après mon rendez-vous, je m’étais rendu au Rainbow. Ce soir avait lieu un concert de Sniper. J’étais complètement fan de The Army depuis que j’étais tout petit et j’avais décidé d’y aller ce soir. Riley était à la maison… Du moins, je pense que c’est là qu’elle est restée. J’avais décidé de lui faire confiance et de ne plus la coller tout le temps. Au fond, j’avais peur qu’elle replonge. Mais je voulais aussi qu’elle sache que j’avais confiance en ses capacités de résister.

Sans compter qu’en tant que couple, il fallait parfois se laisser de l’air… Elle devait en avoir sincèrement marre de me voir la materner tout le temps. Alors, ce soir, j’avais décidé de cette petite soirée seul en tête à tête avec mon chanteur favori.

Bien que « seul » était un bien grand mot quand on voyait le monde amassé au Rainbow ce soir. Le bar était plein. Heureusement, j’étais arrivé assez tôt que pour avoir une place debout juste devant la scène.

Et à l’heure pile, Sniper fit son apparition sur scène. J’esquissai un petit sourire. Je n’avais pas eu l’occasion de voir Sniper une seule fois depuis son retour. Et, avant ça, je n’avais jamais eu l’occasion de voir The Army. J’étais trop jeune… Et j’avais toujours regretté de ne jamais avoir pu les voir en live.

Alors mon cœur battait plus vite quand le concert commença avec une chanson de The Army. J’aimais beaucoup ce que faisait Sniper actuellement mais, il n’y avait rien n’à faire… The Army était, pour moi, un groupe à part entière et leurs chansons resteront à jamais les meilleures à mes yeux.

Il y avait de l’ambiance et je m’amusais à chanter en même temps que Sniper à l’instar des autres fans dans le club.

J’avais embarqué sur le concert de Sniper, ce soir. Je n’étais pas forcément lié à un seul groupe mais Ricci m’avait demandé d’aller jouer les hommes à tout faire sur le concert de celui qui était considéré comme une légende.

J’y étais, donc, allé… Mon job consistait essentiellement à déplacer des trucs et en installer d’autres. Je ne pouvais, juste, pas installer les foutus spots depuis que qu’il s’était passé avec Lola qui, entre temps, était morte. Pas ma faute, hein ! Elle est morte d’elle-même ! Sa mort avait, d’ailleurs, permis à Faith d’avoir un job qui rapportait beaucoup et qui nous permettait de garder l’appartement de Beverly Hills. Puis, Faith pouvait voir Penelope quand elle le voulait. Disons qu’on était sûrement ceux qui avaient le plus profité de la mort de la diva.

C’était ironique, la vie…

Bref, je bossais… Enfin… Pas assez vite pour Mike qui me pressait de déplacer tel ou tel truc. « T’es lent, aujourd’hui, Monty… ». C’est ce qu’il disait toutes les cinq foutues minutes.

Je vais aussi vite que je peux !

Bon, je m’arrêtai souvent pour boire un coup de bière mais qu’importe. Je me trouve quand même rapide, moi ! Et quand tout fut prêt, on me changea d’aller voir si le chanteur, lui, était prêt et si tout lui convenait.

-Prêt, M’sieur ? Tout est bon ?

Tout semblait bon pour lui. Et si je l’appelais « Monsieur », c’est que je savais pas trop comment l’appeler. Je ne le connaissais pas pour l’appeler Sniper et puis… Il était bien plus vieux que moi, alors. The Army, c’est ce qu’écoutaient mes parents. C’était de la musique de vieux. Moi, je préférais The Lightening… Mais The Lightening était chez MTI.

Pas de bol.

Il était prêt et grimpa sur scène. Je me remis en retrait pour reprendre ma bière alors que Mike me foudroya du regard :

-Reste attentif… On a des choses à faire pendant le concert aussi.

Comme si c’était mon premier concert, hein ! Il me prendre pour qui ? Je roulai des yeux avant que Sniper ne commence à chanter devant un Rainbow bondé. Je me suis toujours demandé pourquoi est-ce qu’il ne jouait pas dans des lieux plus grands ou ne se faisait pas une tournée de grande envergure. D’après les roadies c’est parce qu’il venait d’être père encore une fois… Moi, je pensais que c’était parce qu’il était trop vieux pour encaisser une tournée.

Chacun son avis.

J’écoutais attentivement le concert en sirotant ma bière. Ok… Il gérait quand même, le vieux, faut quand même l’avouer. Du moins, sur la première chanson.

-Tu sais ce qui m’a toujours ennuyé ? Que mon père n’ait pas mis un manager sur le coup dans les années 60 pour essayer d’avoir The Army pour MTI.

Carrie parlait… Parlait… Et parlait encore alors qu’on attendait, devant la scène, l’entrée de Sniper. Carrie était complètement folle de Sniper. Elle ne faisait que de me rappeler « le bon vieux temps » quand The Army était LE groupe du moment. Soit, pendant la deuxième partie des années 60. C’est Ricci qui avait mis le grappin sur le groupe, à l’époque, et The Army était passé sous le nez de MTI.

Je répondais distraitement à ses paroles par des « hmm »… Ou des hochements de tête alors que Carrie continuait de faire sa groupie.

-Sniper était si beau quand il était jeune !

Elle me rappela aussi du soir où elle avait provoqué Ricci en disant que The Army n’allait pas survivre à la vague hippie… Qu’elle ne l’avait jamais pensé mais que c’était « par fierté » et « pour MTI » qu’elle avait ainsi provoqué le manager italien un soir de 70…

-Tu te rappelles ? Le concert que Sniper avait fait à la villa Ricci en 70 ?

Je roulai des yeux.

-Non ! Parce que je ne pouvais pas entrer dans ladite villa Ricci en 70… J’avais 14 ans, à l’époque, et je me faisais reflouer par le vieux Richards devant la grille…

Je dis ça avec un sourire qui trahissait une grande amertume… C’est deux ans plus tard que j’avais pu y entrer dans la villa Ricci et j’avais dû redoubler de stratagèmes pour ça. Pourtant, c’est pas faut que j’avais déjà essayer de diverses manières avant.

Carrie soupira.

-C’est vrai… J’oublie à quel point tu es jeune parfois…

Moi, par contre, je n’oubliais jamais à quel point elle était vieille et quand elle parlait comme ça j’avais parfois l’impression d’être marié à une momie.

-Le passé, c’est le passé Carrie… Ce soir, on va voir si Sniper est encore à la hauteur de sa légende.

Elle sourit et hocha de la tête alors que Sniper finit par grimper sur scène pour balancer un vieux tube.

Ok… Il avait encore du talent. Et Carrie d’afficher un grand sourire avant d’applaudir. Je me penchai alors vers son oreille.

-J’espère qu’il ne se rappelle pas de ce que tu as dit sur lui cette soirée de 70, Carrie… Sinon, il ne comprendra pas pourquoi tu es là…

Elle esquissa alors un sourire et parla assez fort à mon oreille.

-Tu verras… Je ne suis pas ici que pour jouer les groupies.

Je levai un sourcil avant de me reconcentrer sur le concert me demandant ce qu’elle avait derrière la tête.

J’étais tout excité !

Non seulement on allait voir Sniper en concert, ce qui me rendait heureux parce que The Army était un de mes groupes préférés et qu’en plus, le chanteur ne donnait pas énormément de concert. Mais en plus, c’était pour Bailey et moi une sortie en amoureux ! Ce qui n’était pas pour me déplaire !

Attention, j’adorais mes filles et j’y tenais comme à la prunelle de mes yeux ! Mais depuis la naissance d’Hope, on avait jamais pris le temps ni eu l’occasion de nous retrouver vraiment juste nous deux pour une sortie. Quand on allait chez des amis, on prenait toujours nos enfants, malgré qu’on savait que leurs grands-parents, leurs oncles et tantes et même Robin auraient été vraiment heureux de les garder.

Mais tant Bailey que moi, on était un tantinet trop protecteurs. Puis on avait comme le sentiment que laisser nos enfants, c’était un peu comme de les abandonner.

Seulement, maintenant que Hope et Haley devenaient un peu plus grandes, elles aussi manifestaient l’envie de passer un peu du temps sans nous. Bon, j’allais pas dire qu’elles se comportaient comme des adolescentes, mais Hope nous demandait de plus en plus souvent pour rester chez son cousin, Robin ou chez ses papy et mamy.

Alors quand on avait eu vent du concert de Sniper, on s’était dit que c’était l’occasion pour tout le monde de prendre du bon temps chacun à sa manière. On avait donc laissé Haley chez mes parents et Hope chez Robin. Ça aurait été une bonne occasion pour Hope de passer du temps avec Howard mais, malheureusement, ce n’était pas vraiment le moment.

Avec la mort de Peyton et ses deux petits bouts, le batteur en était encore à trouver ses marques.

Bref, on était arrivés tôt au Rainbow. Suffisamment tôt pour s’enfiler une énorme entrecôte au grill avant que le public de ce soir ne commence à arriver. Du coup, après notre repas, on avait eu une très bonne place juste devant la scène. On était en train d’attendre quand je m’étirai.

-Je vais nous chercher des bières.

Je me faufilai entre les gens. Je n’aimais pas beaucoup la foule, d’habitude. Mais là, c’était pour la bonne cause. J’étais bien conscient qu’un concert, je ne pourrais jamais vraiment en voir en étant le seul dans la salle, fallait rester réaliste.

Quand je revins avec deux gobelets de bière, Sniper monta sur scène. J’essayai d’applaudir sans renverser mon verre avant de passer mon bras autour des épaules de mon épouse, captivé par le retour sur scène de la légende.

Et putain ! Sa voix était toujours au rendez-vous ! La première chanson mit tout de suite le ton !

Quand elle s’acheva, je posai mon gobelet par terre pour applaudir… Et, regardant autour de moi, je remarquai seulement à ce moment-là que Victor Hunter et sa femme Carrie, était juste à côté de nous !

-Hey ! Victor ! Carrie ! Salut !!!

J’étais obligé de gueuler fort pour me faire entendre. J’embrassai Bailey sur le front.

-Voici ma femme, Bailey ! Bailey, Victor et Carrie ! On se connait depuis des années !

Victor était le frère de Victoria Hunter et de ce fait, on s’était souvent croisés à des fêtes et autres galas.

Je tendis la main à Victor.

-Je croyais que tu étais à New York.

Ce soir, Hank et moi sortions en amoureux pour la première fois depuis longtemps. L’aller-retour à New York ne comptait pas puisque nous y avions été pour soutenir Howard, ça n’avait rien de romantique ou de reposant. Ça avait été très éprouvant et nous en étions revenu épuisés comme si nous avions passer un mois entier à ne pas dormir comment ça avait été le cas quand Hope avait eu ses premières rages de dents.

Pour l’occasion, j’avais enfiler une belle robe que je m’étais confectionné, je m’étais maquillée, ce que je ne faisais plus depuis longtemps ou alors que très rarement. Il m’était inutile de me tartiner le visage de fond de teint et de mascara pour jouer à la poupée avec mes princesses chéries. Bref, je m’étais faite toute belle pour cette soirée que je voulais exceptionnelle.

Nos filles allaient passer la soirée chacune de leur côté. Hope allait bien s’amuser chez Robin et Sloan alors qu’Haley de son côté, passerait des heures blottis dans les bras de sa grand-maman qui la bercerait tout en lui chantant des chansons douces. Hank et moi, après le concert, aurions la maison pour nous seuls ce qui n’arrivait plus très souvent, ça aussi ! Raison de plus d’en profiter !

Hank avait eu la bonne idée d’arriver assez tôt pour que nous puissions manger avant. Partager un repas sans se faire interrompre par le vol plané de Sophie la Girafe, un refus de manger ses légumes ou parce qu’Haley avait besoin d’être prise et cajolée, faisait beaucoup de bien. Je regardais amoureusement l’homme de ma vie savourer son repas, chaud, tout en dégustant ma propre assiette. Chaque jour, je retombais amoureuse de lui, encore plus que la veille.

Notre repas terminé, nous avions ensuite pus nous installer pour le concert. Nous avions d’excellentes places, assez pour ne manquer absolument rien du spectacle. Avant qu’il ne commence, Hank alla nous chercher des bières, une excellente idée car, quand Sniper serait sur scène, les déplacement allaient être plus restreints.

Le concert débuta et dès la première chanson, j’étais transportée ! La voix de Sniper était parfaite, la musique excellente, de quoi nous faire passer une soirée mémorable. J’étais à fond dans l’ambiance, me dandinant comme une petite groupie. Ça faisait un bien fou de me lâcher avec Hank qui profitait autant que moi.

La première chanson se termina pour faire place à la suivante et Hank avait repéré u ne connaissance qu’il salua, malgré le son et il fit les présentations. Je tendis ma main libre, celle qui ne tenait pas mon gobelet de bière, pour serrer celles du couple.

- Heureuse de faire votre connaissance !

Hank semblait bien les connaître, assez pour croire que l’homme, Victor aurait dû être à New York, du moins c’est ce qu’il avait cru. J’écoutais la conversation d’une oreille tout en suivant se qui se passait sur la scène. Avec le bruit des gens qui chantaient et parlaient en plus des amplis et de Sniper sur scène, il était difficile de bien intégrer la conversation.

Ok ! Carrie avait réussi à piquer ma curiosité. Apparemment, elle avait un plan qui impliquait Sniper… Mais quel plan ? Celui de le recruter pour MTI ? Si c’était ça, elle n’avait strictement aucune chance. Ce n’était pas qu’une relation professionnelle qui liait Sniper à Ricci. De ce que j’en savais ils étaient, aussi, ami. Et j’avais bien compris que Sniper n’était pas du genre à aimer se créer des problèmes.

Donc quoi ? Carrie semblait vouloir garder le suspens jusqu’au bout.

J’allais tenter de la faire craquer mais c’est à ce moment qu’Hank North entra en scène pour nous saluer. J’esquissai un petit sourire.

-Salut, Hank !

Je connaissais assez bien Hank North. Il participait aux fêtes de Ricci et il a longtemps été le mari de Kate Julian, une des ex-meilleures amie de ma chère sœur. Hank était impulsif à souhait mais pouvais-je vraiment lui en vouloir ? On s’entendait plutôt bien même si ça fait, maintenant, un moment que je ne l’avais plus vu.

Il était accompagné de sa femme, l’ex-prostituée, Bailey North. Je me rappelle avoir suivi depuis New York les péripétie de Jessica Hill qui avait tenté de discréditer Bailey quand elle avait commencé à sortir avec Hank. Des disputes de femmes. Même si je comprends Hill. Elle devait se sentir bien vieille et bien moche comparée à Bailey North qui, je devais l’avouer, avait un sacré joli minois et de très belles courbes. J’enviais même un petit peu Hank.

Il nous présenta à sa femme et je fis un petit clin d’œil à cette dernière avant de lui serrer la main.

-Heureux de vous connaitre aussi.

Carrie semblait ravie aussi et elle ne tarda pas à le montrer :

-Votre robe est vraiment ravissante, Bailey. Est-ce que c’est une robe de votre conception ?

Ouais, Bailey North n’avait pas fait que changer de classe sociale. Elle avait aussi changé de métier. Elle était, désormais, styliste. Comme quoi, il y avait visiblement un peu de talent dans les caniveaux de Los Angeles. C’est aussi dans un caniveau que Timmy Evans avait trouvé Stone, si je ne m’abuse.

Hank croyait que j’étais à New York. J’esquissai un sourire et parlait assez fort pour qu’il m’entende.

-Je suis revenu avec Carrie il y a un peu plus de six mois. On s’est marié ici. La plupart de mes clients viennent du coin alors ça m’arrange même si je suis revenu essentiellement pour Carrie. Elle a délocalisé ses affaires ici et a renoué avec son père.

Presque plus rien ne me liait à New York. A considéré que j’étais du genre à me lier à un endroit ce qui, finalement, n’était pas forcément le cas.

-Sniper est en forme ! Oh, au fait, félicitation pour vos deux filles. Bien que les gosses, ça fait beaucoup de boulot. Quand je vois ma sœur, ça ne me donne pas envie d’en avoir, sincèrement.

Ian est un horrible petit enfant.

Dès la première chanson, qui commençait direct par une preuve que ma voix pouvait toujours être aussi puissante qu’avant, le public fut réceptif. C’était un titre bien connu et les gens dansaient, chantaient, levaient les bras au ciel ou vers moi.

C’était grisant ! Je retrouvais tous mes vieux réflexes sans en avoir l’air. J’avais presque l’impression d’avoir retrouvé mes cheveux mi-longs de quand j’étais jeune ! Tout ce qu’il me manquait, c’était mes amis, mais je savais qu’ils étaient là, quelque part.

Et qu’ils étaient fiers de moi.

Après tout, je les faisais revivre à travers mes chansons.

Je ne remercierais jamais assez Daniele pour ces petites dates. Ça me faisait énormément de bien de prouver à moi-même que je pouvais encore le faire. Que je pouvais apporter du rêve à mon public. Que je pouvais le faire vibrer…

Et le gratin de L.A. s’était déplacé pour me voir !

Parce que parmi les anonymes, je reconnus, au premier rang, l’acteur Hank North et son épouse. Puis il y avait Victor aussi, que j’avais rencontré il n’y avait pas longtemps chez BSC. Le frère de Victoria Hunter qui s’était récemment fait épinglé par L.A. People.

Mais ce fut à Carrie Hughes que je fis un petit clin d’œil et un petit signe de la main tout en chantant. Parce que de tous ceux-là, c’était Carrie que je connaissais le mieux ! On en avait fait, des fêtes, ensemble ! Que ce soit chez Daniele ou chez Jimmy Reed… D’ailleurs, j’avais le vague souvenir que les deux hommes d’affaires, alors jeunes et célibataires, avaient tous les deux tenté de se faire la pauvre Carrie qu’ils ne voyaient que comme un bout de viande.

Aujourd’hui, elle était mariée à Victor Hunter… A croire que c’était un peu une couguar...

Quand je finis ma chanson, les applaudissements fusèrent. Je souris à mon public, le remerciai, les mains en prière, les larmes limites aux yeux tellement c’était bon.

-Merci… Merci à tous…

Je frottai mes yeux, ému.

-Ça me fait vraiment plaisir de vous retrouver tous au Rainbow ce soir…

Je souris.

-Et tant que j’en suis à limite chialer, voilà de quoi vous mettre dans le même état…

Cette soirée était vraiment géniale ! Je passais du bon temps avec Bailey et ça faisait du bien ! Le concert de Sniper était un merveilleux prétexte pour nous retrouver. C’était agréable. J’étais de très bonne humeur…

Au point que j’en fus limite sociable quand je reconnu Victor Hunter et Carrie Hughes au même rang que nous devant la scène où Sniper nous offrait une merveilleuse performance. C’était comme s’il n’avait jamais quitté la scène. C’était comme si The Army vivait toujours, avec Sherman, Captain et Nuts et ce alors même qu’il n’y avait plus que Sniper pour les faire vivre.

Parlant fort pour être entendu, je présentai Bailey au jeune avocat. On avait une belle différence d’âge, Victor et moi. Mais je connaissais bien Carrie. Et même Victor, je l’avais croisé des fois et des fois avant qu’il ne parte pour New York.

Bailey serra la main du couple, sa bière en main. Moi, je pris une belle gorgée de la mienne pendant que Carrie demandait à Bailey si sa robe était de sa confection. C’était le cas. Et Bailey se diversifiait de plus en plus, même si son dada restait le prêt-à-porter pour enfant. Mais elle avait aussi fait les costumes de scène de The Warriors et, à l’occasion, elle se faisait plaisir à elle-même en se confectionnant ses propres vêtements.

Moi, je m’enquis de savoir ce que Victor foutait là alors qu’il était à New York.

Mais en fait, il s’était marié ici à Carrie.

Je les regardai, surpris.

-Oh et bien félicitations !

Je regardai à nouveau la scène… Sniper était plus qu’en forme.

Puis, je regardai de nouveau Victor.

-T’es revenu à L.A. pour de bon, alors ?

Mais on était pas très concentrés sur la conversation, en vrai. Le concert était trop prenant. Je passai mon bras autour des épaules de Bailey, ma bière lui pendant nonchalamment sur  l’épaule, mais sans que je la renverse.

Mais Victor, qui aimait bien parler, commenta le concert avant de nous féliciter pour nos filles.

-Ouais, Sniper gère ! Je suis content d’être là. Et merci pour les filles, ce sont nos petits miracles à nous.

Je déposai un baiser sur le front de Bailey puis me concentrai sur le chanteur qui remerciait le public… Pendant la chanson, j’avais bien vu son petit signe à Carrie, mais je savais qu’ils se connaissaient.

Puis il enchaîna avec No One Kills The Children Anymore et je sentis une boule me venir dans la gorge dès les premières notes.

-J’adore cette chanson. C’est une des meilleures de The Army.

Parmi la foule rassemblée au Rainbow, Hank avait reconnu des connaissances avec qui il ne tarda pas à engager la conversation et à faire les présentations. Mon époux n’était pas le plus sociable des hommes alors quand il sympathisait avec des gens, c’était parce que ceux-ci valaient la peine et qu’on ne risquait pas de s’en mordre les doigts.

Hank m’avait donc présenté Victor Hunter et Carrie Hughes. Je fis mentalement le rapprochement entre Carrie et Julian et compris que, ça devait être de là que Hank les connaissait. Ils me semblaient fort sympathiques, tous les deux et je fus flattée par le commentaire de Carrie sur la robe que je portais. Je ne me ventais pas de mon talent. Si je portais un vêtement que j’avais dessiné puis confectionné, je ne sortais pas me pavaner en disant que je l’avais créé du début à la fin. Je n’aimais pas la vantardise alors, quand on reconnaissait mon talent, ça m’allait toujours droit au cœur.

- Merci, c’est gentil. Je peux vous retourner le compliment. La femme qui se tenait devant moi n’avait rien à envier à personne. Oui, c’est moi qui l’a créée. De temps en temps je me permets ce genre de fantaisie.

Je me sentais plus à l’aise dans le prêt-à-porter pour les tous petits et même avec les costumes de scènes. Cependant, j’aimais aussi, parfois, dessiner des robes pour les femmes.

Hank demanda à Victor ce qu’il faisait ici. Apparemment, il était de New York mais son récent mariage avec Carrie l’avait ramené dans le coins. Hank leur offrit ses félicitations et j’en fis tout autant.

Il était un peu difficile de bien entretenir la conversation autant parce qu’il y avait beaucoup de bruit autour de nous, je ne parle pas ici de  Sniper car lui, il ne faisait pas de bruit, il chantait divinement bien, il animait l’ambiance de la meilleure des façons, ses chansons étaient envoûtantes, entraînantes, touchantes, tout ça et bien plus tout à la fois. Le bruit venait plutôt des gens autour qui chantaient pas tout à fait juste, en chœur avec la légende sur scène, qui applaudissaient, qui sifflaient et rigolaient.

Victor nous offrit lui aussi ses félicitations, pour nos filles. Immanquablement, je ne pus m’empêcher de me demander si tout allait bien pour elles qui devaient déjà dormir à poings fermés vu l’heure qu’il était, pas tard pour nous, mais pour elles. Hank m’embrassa sur le front après avoir dit que nos filles étaient nos petits miracles, en réponse à Victor qui lui, venait d’affirmer que des enfants, ça représentaient beaucoup de boulot, au point de ne pas en vouloir. Je ne savais pas s’il passait la un message à son épouse mais je ne pus m’empêcher de dire :

- Oh, ça fait certainement beaucoup de boulot mais avec tout l’amour qu’on reçoit en retour, ça ne freine pas mon envie d’en avoir encore quelques-uns.

Je n’avais jamais caché à Hank mon ambition d’avoir une belle et grande famille et puis, vu comment nous nous en sortions bien tous les deux ou plutôt tous les quatre, plus unis et amoureux que jamais, je ne voyais pas ce qui pouvait nous empêcher de fabriquer encore quelques baby North.

Je serrais Hank contre moi en passant mes bras autour de lui alors qu’il disait que la chanson qu’entamait à l’instant Sniper était probablement la meilleure de The Army.

- Je suis bien d’accord avec toi mon amour ! Cette chanson est excellente !

Carrie s’était empressée de complimenté la robe de Bailey et, bien sûr, en retour elle eut un compliment de cette même Bailey. De mon avis, Bailey était un rien plus jolie que Carrie. Pas que Carrie était laide, hein ! Mais elle était vieille. Quant à Bailey, elle avait son charme même si son visage rond la grossissait un peu. Pourtant, Dieu sait qu’elle n’est pas grosse.

Bref, je me perds. Bailey confirma qu’elle avait confectionné sa propre robe.

-Vous avez du talent.

Hank, lui, se fit plus curieux sur ma personne. Alors, j’avais parlé de New York, de mon retour, de mon mariage… Pendant ce temps, je n’avais pas vu le clin d’œil de Sniper à Carrie. Mais cette dernière ne l’avait pas raté et le lui rendit d’une façon assez sensuelle. Tout ça pendant qu’Hank nous félicitait pour notre mariage. J’esquissai un petit sourire.

-Merci.

Tu me félicitera quand j’aurais décroché le jackpot « MTI ».

Il se demanda alors si j’étais définitivement revenu à L.A.. J’hochai de la tête.

-Ouais. J’ai une belle villa à Beverly Hills. J’ai vendu mon appartement de New York. Je suis parti pour rester.

Déjà parce que mes plus gros clients étaient ici et parce que le chemin jusqu’à Saint-Quentin était moins long de Los Angeles et comme j’avais au moins un pensionnaire parti pour rester pour toujours là-bas mieux valait rester dans le coin.

Je finis par féliciter Hank et Bailey pour leur fille après avoir avoué que Sniper n’était pas si mauvais. Apparemment, le couple adorait ses filles. Sincèrement, je voyais mal Hank torcher le cul de gamines bien que je savais qu’il s’entendait bien avec des gamins comme mon cher neveu. Quant à Bailey elle parlait comme une mère comblée qui voulait encore agrandir sa famille. Je ricanai.

-Et bien, Hank, je crois que tu n’as pas fini de changer des couches.

Sniper venait de clore sa chanson. Il semblait très ému et semblait vouloir nous faire pleurer aussi. Ainsi, il s’était dit que ça serait génial de faire une chanson émouvant. Ça parlait d’enfants justement.

Il se mit à chanter et Hank déclara que cette chanson était la meilleure de The Army. Sa femme était d’accord.

-Elle me fait pleurer à chaque fois. Bailey à raison. L’amour qu’on reçoit des enfants est le plus beau qui soit. J’ai moi-même deux enfants.

Elle se fout de moi la Carrie ? Elle se dispute constamment avec sa fille et son fils est parti vivre avec son père…

-Et tu n’en auras pas trois…

Elle roula des yeux.

-Je sais, Victor…

Elle fixa alors Sniper et se tus pour écouter cette chanson qui lui mit rapidement les larmes aux yeux.

Le public était à fond avec moi. Je pouvais voir leurs visages aussi illuminés que le mien à ces retrouvailles musicales. C’était bon, très bon ! Je ne remercierais jamais assez Daniele pour ça. C’était les pensées qui me trottaient dans la tête alors que je chantais.

Carrie Hughes m’avait rendu mon clin d’œil alors que son partenaire ne la regardait pas et la situation me fit sourire tout en chantant. Tout ça me donnait l’impression d’en être revenu au bon vieux temps !

Pas que j’étais malheureux maintenant ! Non, j’étais comblé avec Syd et avec Jess et Billie Blue et je ne serais retourné en arrière pour rien au monde.

Mais ça ne m’empêchait pas d’avoir des accès de nostalgie.

Les briquets commencèrent à poindre dans l’assistance, se balançant au rythme de No One Kills The Children Anymore et j’eus une pensée émue pour le petit Jesse qui m’avait déjà avoué que c’était sa chanson préférée et qu’elle l’avait aidée dans les moments difficile.

C’était pour les gens, mais en particulier les enfants que je chantais cette chanson. Parce que je ne supportais pas de regarder les infos et de voir combien de gosses étaient dans la misère à travers le monde. Et même ici, à L.A.

Je terminai la chanson les yeux fermés et j’eus droit à de nouveaux applaudissements.

-Merci… merci…

J’applaudis mon public pour leur montrer qu’ils étaient géniaux.

Puis j’enchaînai.

-Je sais que beaucoup ont été décontenancés par mon dernier album. Mais je tenais à le faire, quoi qu’on en dise. Je suis heureux et je voulais que tout le monde le sache.

Je rigolai…

-Parfois, il faut regarder le bonheur qu’on a au creux de la main et s’en réjouir.

J’en profitai pour présenter tous les musiciens de session qui m’accompagnaient un à un. Ils reçurent les applaudissements qui leur étaient dus… Puis je démarrai une chanson de mon album My Tribute To Love.



Et le concert continua comme ça, dans une excellente ambiance. Je jouai encore une petite dizaine de chansons, tirées des différents albums de The Army mais aussi de mes deux albums solo. Et à la fin, le public explosa en un tonnerre d’applaudissements que je reçu en saluant la salle. Si les gens n’avaient pas déjà été debout, je pense que j’aurais eu droit à une standing ovation.

-Merci… merci à tous ! Mais la soirée n’est pas terminée… Dans un quart d’heure, je serai là-bas, dans le fond de la salle… Il y aura des albums, des t-shirts et autres goodies que je me ferai un plaisir de vous dédicacer… En attendant, santé !

Je pris le verre de coca qu’on m’avait mis à disposition et étanchai ma soif, avant le deuxième round. Mais j’étais rassuré, je tenais encore la route.

Victor et Carrie ne furent pas avares de compliments pour Bailey. J’étais content parce que je pensais bien que maintenant, son ancienne vie et mes problèmes juridiques avec Kate étaient bien loin derrière. Ce n’était pas plus mal. Maintenant, notre blason était presque redoré et quasi plus personne ne faisait référence à notre passé.

Bon, après, on ne sortait pas beaucoup, mais ce soir était un bon test. Et j’étais assez content. Je souris à Bailey qui était lumineuse et ça me fit vraiment plaisir de la voir ainsi.

Victor et Carrie, eux, s’étaient mariés récemment, étaient installés à Beverly Hills et étaient là pour rester.

-On se verra probablement à l’occasion alors ! Il parait que les fêtes de Ricci vont recommencer. Ce sont des rumeurs mais si ça s’avère, vous irez ?

La conversation était difficile à tenir avec l’effervescence de la salle mais on finit par avoir les félicitations de Victor pour nos enfants et Bailey affirma que si c’était beaucoup de boulot, nos filles nous le rendaient bien, en amour et tout. Moi je pris une bonne gorgée de bière. La chaleur de la salle, avec tout ce monde, adonnait sacrément soif.

Bailey ne cacha pas son envie d’avoir d’autres enfants et Victor me charia gentiment. Je ricanai… Parce que moi, je n’étais pas contre une pause bébé. Bailey était encore jeune et moi je pouvais me reproduire jusqu’à ma mort.

-On a le temps…

Je me reconcentrai sur Sniper qui annonça la chanson suivante, une de mes préférées.

Pendant que Victor, lui, cassait Carrie en lui annonçant qu’elle n’aurait pas trois enfants.

Je souris à Carrie.

-On dit ça mais…

Je laissai ma phrase en suspens, le sous-entendu était assez éloquent : peut-être qu’un jour, Victor changerait d’avis.

Le concert continua sans qu’on échange vraiment plus avec le couple Hunter. On était tous bien dans le concert et je berçai Bailey contre moi pendant la chanson My Way Home du dernier album de Sniper.

Bref, le spectacle avait été super, je regrettais pas d’être venu. J’applaudis mon idole jusqu’à plus soif et puis, quand il quitta la scène, je me tournai vers les Hunter.

-On vous offre un verre puis on va voir pour des dédicaces ? Ça vous dit ?

Carrie avait complimenté ma robe et je lui retournais la politesse en la complimentant sur sa propre robe. Elle était tout en élégance et elle lui allait très bien. La coupe était fine et soulignait bien sa silhouette. Quant à moi, j’avais le mérite d’avoir créée ma propre robe ce qui me valu aussi le compliment du compagnon de Carrie, Victor Hunter qui trouvait que j’avais du talent.

- Merci, lui répondis-je avec un sourire sincère.

Par-dessus la musique sensationnelle de Sniper, Hank questionna un peu Victor sur sa présence à Los Angeles et ce fut là qu’on apprit que Carrie et Victor étaient mariés depuis peu ce qui expliquait son retour à Los Angeles. Hank et moi les félicitèrent ce qui amena la conversation sur les enfants, les nôtres surtout.

Je savais qu’Hank n’était pas pressé à ce que je redevienne enceinte alors que moi, j’étais déjà prête à renouveler l’expérience. Cela dit, je ne voulais pas brusquer Hank et je me plaisais aussi à notre petite vie à quatre avec Hope et Haley, les voir grandir sans manquer d’énergie pour les suivre dans leurs découvertes quotidiennes. C’est qu’elles grandissaient à vue d’œil, notre petite princesses !

Ça fit ricaner Victor qui ne voyait que la montagne de couches qu’Hank allait devoir changer pendant encore plusieurs années et mon époux s’en défendit en disant que nous avions le temps.

- Bien sûr, mon amour. Nous avons le temps, rien en presse d’en faire encore au moins trois autres !, rigolais-je à mon tour alors que sur scène, Sniper la légende nous offrait un concert parfait.

La chanson qu’il venait de terminer était l’une des meilleures du répertoire de The Army selon mon époux. J’étais tout à fait en accord avec lui, tout comme Carrie qui abondait dans le même sens que nous. Je lui souris, elle était fort sympathique, cette femme ! Peut-être aurais-je l’occasion de la connaître davantage et en faire une amie ?

Qui sait ?

Victor était ferme sur sa position, il ne voulait pas d’autres enfants. L’envie de lui faire goûter à sa propre médecine en lui servant une petite boutade sur sa possible paternité me passa par la tête mais Hank fut plus rapide que moi en laissant une phrase qui voulait tout dire, en suspend.

Nous bavardions tant et si bien que le spectacle passa alors que j’eu l’impression de ne l’avoir presque pas vu. La dernière chanson en était une que j’adorais vraiment beaucoup, tout artiste confondu. J’adorais la fredonner à mes filles quand je les berçais avant de les border tout comme je rêvais d’Hank quand je l’entendais à la radio. Je vînt me blottir contre lui le temps de regarder Sniper sur scène et d’apprécier cette fin de concert.

Ce fut avec énergie que je l’applaudissais quand il nous salua avant de quitter la scène. J’aurais pris au moins encore une heure de ses chansons !

Hank proposa au couple qui avait assisté au spectacle en notre compagnie de prendre un verre en attenant les dédicaces. Je voulais rapporter un t-shirt à chacune de mes filles et tant qu’à faire, un pour moi aussi !

- Quelle bonne idée, mon amour !

C’était une belle façon de terminer la soirée !

Sniper gérait ! Il nous avait d’abord envoyé une chanson de l’âge d’or de The Army ce qui avait donné le ton du concert. Je me délectais de chaque note avant que Sniper ne montre toute son émotion après une première chanson largement réussie.

Il parla alors un peu au public introduisant sa seconde chanson qui était un des titres les plus émouvants du registre de The Army. Et quand Sniper se mit à chanter, je ne pus m’empêcher de ma rappeler ce que j’avais vécu dans l’Eastside pendant mon infiltration. Les gangs n’épargnaient pas les enfants. Ils n’épargnaient rien. Et je m’en voulais de ne pas avoir pu faire plus que ce que je n’ai fait. J’avais choisi de sauver une seule personne à la place d’aller au bout de ma mission. Je devais vivre avec ce choix en me disant que, au moins, Riley était en vie.

J’écoutais religieusement avant que Sniper ne continue son concert avec différents titre dont quelques-uns de son dernier album qui avait divisé le public. Sniper le savait et il ne manqua pas de dire qu’il assumait totalement. Il avait voulu chanter son bonheur. Quelque part, s’il était heureux, c’est qu’on pourra encore entendre ses chansons pendant des années.

Le concert se termina et je ne pus m’empêcher d’applaudir très fort à la fin. Je regrettais un peu de ne pas avoir invité Riley… Je savais qu’il fallait que je lui donne de l’espace mais j’aimais vraiment passer des moments avec elle. J’étais certain qu’elle aurait aimé ce concert.

Sniper allait se préparer à une séance de dédicace et comme je voulais rentrer assez vite rejoindre Riley, je fais en sorte d’être dans les premier dans la file quitte à attendre un peu. Je voulais ramener un petit truc pour Riley. Ainsi quand Sniper s’installa, j’étais dans les premiers de la file. J’avais acheté un t-shirt pour Riley avec le logo de The Army et je le tendis à Sniper.

-Bonjour… Heureux de vous rencontrer. Votre concert était exceptionnel ! Vous pouvez signer le t-shirt pour ma petite amie ? Elle s’appelle Riley.

Avec ses compliments, Carrie semblait faire ami-ami avec Bailey. Il faut dire que Carrie m’avait souvent dit admirer le parcours de Bailey chaque fois qu’un article sur elle passait dans L.A.People…

Quant à moi, j’avais expliqué au couple North qu’on était revenu ici et qu’on s’était marié. Donc, qu’on ne comptait pas quitter L.A. de sitôt. Hank mit en avant qu’on se verra sûrement aux fêtes chez Ricci étant donné que le vieil italien avait décidé de reprendre ses fameuses fêtes. Dans un yacht, il parait ! Ce qui allait donné du piment à la chose.

-Moi j’irais ! Je ne raterais les fêtes chez Ricci pour rien au monde !

Carrie souriait. Elle me laissait aller aux fêtes que je voulais sans m’accompagner systématiquement ce qui m’arrangeait.

-Moi, pas sûr que j’irais… Pour y voir Ricci et Reed, non merci. Enfin… Sauf si tu viens avec Bailey, Hank.

Ouais… Elle semblait vraiment avoir envie d’une Bailey dans son cercle d’ami, la Carrie.

Après on parla des enfants. Le couple North en avait deux et Carrie aussi. Moi, je n’en voulais pas chose que je mis en avant. Bailey, elle, semblait en vouloir encore ce qui me fit ricaner et plaindre ouvertement Hank. Lui disait qu’il avait le temps preuve qu’il ne voulait pas retenter l’expérience tout de suite. Et sa femme semblait être prête à attendre. Je ricanai devant le nombre d’enfant que voulait encore Bailey.

-Cinq gamins… Bonne chance…

Moi, je soulignai à Carrie qu’elle n’en aura pas plus que deux… Ce qui valut  à Carrie une réflexion de Hank. Je roulai des yeux mais Carrie se fit réaliste.

-Je crois que j’ai peu de chance d’en avoir un autre, Hank… Victor est dur en affaire.

Elle devrait aussi ajouter qu’elle n’est plus de première jeunesse et que le temps pour elle de faire des enfants est totalement révolu.

Après ça le concert continua avec quelques bons titres de Sniper et de The Army. Carrie complimentait presque à chaque chanson le talent de Kurtz.

Le concert finit par toucher à sa fin et Sniper nous invita à une séance dédicaces. Aucune doute que Carrie en profitera pour le demander ce qu’elle avait à lui demander. Hank nous invita alors à boire une verre avant de séance. Sa femme approuva. J’esquissai un sourire.

-Avec plaisir, je ne crache jamais sur un verre.

On s’en alla, donc, vers le bar où on partagea un verre avant que la séance de dédicace ne commence. On fit la file où Carrie se remit à parler avec Bailey des deux filles North. Elle comparait ce que vivait Bailey avec ce qu’elle avait vécu en tant que mère avec ses deux propres enfants… Une conversation qui ne m’intéressait aucunement.

-Les femmes et les bébés…

C’est ce que je lançais à Hank avant qu’on n’arrive à hauteur de Sniper.

-Salut Sniper ! Content de te revoir… Toujours pas besoin d’un avocat ?

Probablement que non… Mais je savais être patient. Carrie, elle, sourit à Sniper.

-Salut Evan… Ça faisait longtemps. Félicitation pour ta petite Billie Blue.

Encore les enfants… Je roulai des yeux.

-Tu as été éblouissant ce soir. Je me demandais si ça t’intéresserait de poser pour des publicité pour ma marque de parfum. On va aussi faire un clip vidéo pour une pub pour la télévision. Ma marque est reconnue depuis des années. Victor fait de temps en temps un bon modèle mais, toi, tu es Sniper. C’est beaucoup plus vendeur. Alors, ça te dit ?

Je roulai des yeux. Alors c’était ça son plan ? Faire jouer les modèles à Sniper ? Je jouais les modèles pour elle parce que j’adorais poser mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle me remplace par un vieux rockeur sorti de son alcoolisme…

Une fois en coulisse, nous avions partagé nos impressions avec les musiciens de session. Tous étaient contents de notre performance et je ne cessai de les remercier. Je devais une grande part du succès de ce soir à ces gars, choisis par Daniele et moi. Ils avaient été géniaux.

Nous avions bu un peu, histoire de nous hydrater. La bière coulait à flot mais je ne buvais que de l’eau et du coca… Et je réalisais qu’il n’était pas nécessaire d’être éméché pour profiter d’un concert rondement mené !

Pourtant, dans ma jeunesse, j’y avais longtemps cru. Jusqu’à ce que l’alcool s’accroche à moi comme un démon me suivant partout. A partir de là, il avait été trop tard.

Jusqu’à ce que je reprenne conscience après 11 ans passés à me morfondre dans l’Eastside.

Un quart d’heure, ce n’était pas long. A peine le temps de souffler et d’échanger quelques mots avec les musiciens et le staff. Puis il avait fallu que je me rende au fond de la salle où tout le marchandising était exposé.

Quand j’arrivai là, je souris en voyant les gens s’extasier devant les t-shirts et autres produits dérivés. Il y avait beaucoup de choses à l’effigie de The Army, mais aussi des objets et vêtements estampillés « Sniper ». J’étais définitivement relancé !

Les gens s’agglutinèrent devant moi, le staff de sécurité du Rainbow les faisant former une file plus ou moins disciplinée.  Je commençai à signer et à échanger un peu avec les fans, leur souriant, faisant des photos avec eux. C’était très agréable ! J’adorais ça !

Un grand gaillard arriva devant moi, avec en main, un t-shirt modèle femme. Il semblait vraiment admiratif, ça se voyait dans ses yeux.

Il me tendit le t-shirt, je le pris puis lui tendis la main.

-Salut ! Le plaisir est partagé et merci pour le compliment ! Je suis content de savoir que je n’ai pas déçu.

Il voulait que je signe le t-shirt pour sa petite amie qui s’appelait Riley. Je pris mon marqueur pour textile, histoire que la signature ne parte pas au premier lavage et me mis à griffonner sur le vêtement.

Je souriais tellement j’étais ravi d’être là.

-La prochaine fois, emmène-la ! Je ne suis pas très physionomiste mais si je te revois et que tu me parle de Riley, je pourrai peut-être te reconnaître.

Je lui rendis son t-shirt.

-Voilà. « Pour Riley. Keep on Rockin’. Merci d’être venu me voir. Vraiment.

Je signai encore quelques posters et autres, continuai d’échanger avec les fans, jusqu’à ce que Victor Hunter apparaisse devant moi. Et il était vachement bien accompagné ! Comme devant la scène, il était en compagnie d’Hank North, un des plus grands acteurs de sa génération. Il y avait celle que je reconnus comme étant son épouse, Bailey. Et puis Carrie, évidemment !

-Oh salut ! Non, toujours pas besoin d’un avocat. Je suis content de vous voir tous !

Je me redressai pour serrer la main à tout le monde, sauf Carrie de qui j’étais un peu plus proche, que j’embrassai par-dessus la table.

Bailey avait des t-shirts pour toute sa famille apparemment parce qu’elle en avait deux pour enfants. Je signai tout ça tout en écoutant Carrie qui me félicitait pour Billie Blue.

-Merci, je transmettrai à Sydney.

Mais je relevai les yeux des t-shirts de Bailey pour regarder Carrie, surpris par sa proposition.

-Moi ? Mais je suis pas trop vieux pour ça ?

Je rigolai.

-Je suis intéressé, mais il faut que j’en parle à Daniele. Mon image lui appartient…

Je regardai Victor…

-Tu dois en savoir quelque chose, toi… Les histoires de droits, tout ça.

Puis je m’intéressai à Hank et Bailey à qui je rendis les t-shirt dédicacés.

-Voilà. Pour Hope et Haley si je me rappelle bien. Je suis vraiment content que vous soyez venus me voir ! Je compte Hank North parmi mes fans ! J’en reviens pas !

Bailey et Carrie semblaient vouées à devenir amies. Et j’étais vraiment content pour Bailey. C’était vrai qu’avec moi comme mari, ce n’était pas vraiment facile pour elle de se faire des amis… Déjà, je sortais peu et les fois où je sortais, c’était dans des endroits que je connaissais et si possible où je ne risquais pas de faire des rencontres désagréables… Un peu comme aujourd’hui, en fait. Je savais que je venais pour voir Sniper et rien d’autre…

Heureusement que j’appréciais Victor et Carrie, en fait. Ça aurait été Billy Lighter, pas sûr que la soirée n’ait pas tourné court.

Victor affirma qu’il ne raterait une fête de Ricci pour rien au monde…

-Moi j’irai aussi… Par curiosité pour voir son yacht… Mais j’irai quand même pas souvent, à mon avis.

Carrie me fit rire quand elle déclara qu’elle n’irait pas à cause de Ricci et Reed… Mais qu’elle était prête à faire une concession si je venais avec Bailey.

-On te tiendra au courant, alors.

La conversation tourna vite sur le sujet des enfants… Ce qui était normal vu que notre univers tournait plus ou moins autour de nos deux filles en bas-âge pour l’instant.

Je sentais bien que Carrie aurait voulu des enfants, mais Victor y semblait catégoriquement opposé. Pas de chance pour Carrie qui n’allait pas en rajeunissant.

Par contre, en ce qui concernait Bailey, j’estimais avoir encore du temps pour assouvir son besoin insatiable de pouponner. Pas que je ne voulais pas d’autre enfant, je n’étais pas comme Victor, opposé à l’idée… Mais il fallait que je souffle un peu aussi. Puis j’estimais que chacun de nos enfants avait droit à sa petite heure de gloire… Pour l’instant, c’était Haley qui avait le plus besoin de nous. Quand elle serait plus autonome, comme Hope, alors pourquoi pas renouveler l’expérience bébé…

Mais en attendant…

N’empêche que quand Bailey affirma en vouloir encore trois, je du blêmir un peu quand même. Et Victor ne manqua pas de me faire remarquer que… cinq gosses, c’était beaucoup.

Là-dessus, je proposai d’aller prendre un verre avant d’aller nous faire dédicacer des t-shirts… On but notre verre, les filles parlant bébés et nous de quelques vieux souvenirs. Puis il fut temps de se mettre dans la file pour les dédicaces. Ça prit un peu de temps, parce que Sniper prenait le temps pour chaque fan, mais l’ambiance était bon enfant… Alors je me sentais bien.

On arriva finalement devant la rockstar que Victor connaissait, de même que Carrie. Normal, ils avaient du aller aux mêmes fêtes, aux mêmes galas, pendant que moi, je fuyais ce genre d’évènement. En les voyant quand même complices, je me maudis moi-même pour ne pas être plus sociable ! Vous imaginez ? J’aurais pu être ami avec Sniper si je sortais plus ! D’ailleurs, mon neveu, Robin, ainsi que mon frère, étaient amis avec la rockstar. Robin avait même été au mariage de Sniper quand il était petit.

Ce fut donc avec une grande admiration que je serrai sa main.

-Putain, je suis content aussi. Le concert était génial !

Carrie n’y alla pas par quatre chemins pour lui proposer un projet publicitaire et Sniper accepta sous réserve de l’avis de Ricci, son manager. Moi, je ne pouvais détacher mes yeux de mon idole qui était en train de signer les t-shirts choisis par Bailey. Quand il nous les rendit, il nous laissa entendre qu’il connaissait les prénoms de nos filles. J’en étais on ne pouvait plus honoré !

-Ouais, c’est bien ça. Hope et Haley. Merci ! Vraiment ! Et c’est un honneur d’avoir pour fan celui que j’admire moi aussi. Bref… Merci.

Au fil de la discussion, nous devions un peu plus ami avec le couple formé de Carrie Hughes et de Victor Hunter. C’était une façon de parler, évidement. Nous n’étions pas en train de nous prévoir un voyage à quatre sur une plage des Caraïbes non plus ! Disons qu’ils nus étaient sympathiques et que de pouvoir élargir un tout petit peu notre cercle intime d’amitié n’était pas tout à fait exclu.

Il fut question du yacht de Daniele Ricci et de ses fêtes qu’il avait annoncé reprendre à bord. Je ne comptais pas m’y rendre, sous aucun prétexte et l’idée qu’Hank puisse y aller ne me plaisait pas du tout. Dany, devenu Tony avait été conçu lors de l’une de ces fêtes, et bien que l’eau ait coulée sous les ponts depuis, tout ceci demeurait encore sensible pour moi. Je savais que Dany était entre bonnes mains, que Samantha en prenait grand soin et que je devais assumer une décision que j’avais prise alors que j’étais profondément malade. Ce n’était pas pour autant que j’avais envie de me pointer aux fêtes de Ricci et de me la jouer jet set, un sourire plastique sur les lèvres.

Carrie et Victor étaient enthousiastes à l’idée que l’on puisse se croiser sur le yacht de Ricci et même Hank disait qu’il fallait se tenir au courant de nos intentions. Je sentais que je devais dire quelque chose, le truc était de trouver ce qui ne m’engagerais à rien sans sembler vouloir me fermer catégoriquement à cette éventualité, bien que cela fut le cas.

- Comme l’a dit Hank, tenons nous au courant de quand auront lieux ces fêtes et nous verront si nous avons une baby-sitter qui n’y participe pas !

Voilà…

Carrie semblait vouloir d’autres enfants alors que Victor lui fermait complètement cette option. Je pouvais comprendre la déception que cela devait être pour elle bien qu’elle ne le laissait pas paraitre. Quant à Hank et moi, notre famille n’était pas complète, pas tant que je ne donnerai pas au moins un fils à mon époux. J’espérais secrètement avoir au moins encore deux filles avant de voir se pointer notre petit prince désiré mais trois enfants de plus, ce n’était pas pour demain. Si j’avais très hâte de redevenir enceinte, j’étais capable tout de même de me montrer patiente et de nous laisser le temps de profiter de notre petit quatuor.

Le spectacle se termina sur une superbe chanson pendant laquelle je m’étais blottie contre Hank qui, la dernière note encore en suspend dans la salle, proposa au couple de se joindre à nous pour prendre un verre tout en attendant le moment de récolter un autographe de la part de la vedette de l’heure.

Nous allions donc tous les quatre, se prendre un verre et faire la file pour nos autographes, marchandises promotionnelles en main. Un peu plus loin devant nous, un homme demanda un autographe pour sa petite amie, Riley. Forcément, je levais les yeux, ce n’était pas un prénom que j’entendais à tous les coins de rue. Je le regardais en me demandant si c’était le fameux petit ami dont ma sœur m’avait parlé. Celui pour qui elle avait refusé le gros bon sens, pour ne pas le quitter et qui l’avait fait s’engager dans un plan qui lui avait explosé au visage, deux fois plutôt qu’une puisque Ward Fleming avait été blanchi sur toute la ligne.

Notre tour vînt et je gardais l’homme dans mon visuel. Ce fut Carrie qui, la fut la première à pouvoir parler avec Sniper. Elle avait une proposition à lui faire mais ce dernier, bien qu’intéressé, préférait en parler avec son manager, Daniele Ricci pour ne pas le nommer, avant de prendre sa décision. Comme il le fit remarquer à Victor, tout ceci était une question purement juridique, ce qui se comprenait très bien. J’avais acheté les t-shirt pour nos filles et je les donnais à Hank pour qu’il puisse les faire signer. Le chanteur connaissait le nom de nos filles ! Ça me fis sourire de fierté, tout comme Hank. Le plus amusant fut de les entendre s’avouer être fan l’un de l’autre, alors sans trop réfléchir, je lançais :

- Nous serions très honorés si vous passiez à la maison avec votre amoureuse et votre petite fille. Ainsi, vous pourrez choisir des vêtements de ma collection et bavarder tranquillement avec un verre de limonade.

Tout le monde connaissait l’histoire de Sniper. J’aurais été bien mal avisée de lui offrir de venir boire une bière autour du barbecue !

- Excusez-moi, je dois aller voir quelqu’un.

Je m’étais excusée autant pour Sniper que pour Hank, Carrie et Victor mais l’homme que je n’avais presque pas quitté des yeux se dirigeait vers la sortie et je devais absolument savoir s’il connaissait ma sœur… Je n’avais plus eu de nouvelles d’elles. Que de petits rapports lu dans les journaux lors du procès de Fleming mais rien pour me rassurer. Je rattrapais donc l’homme et je posais ma main sur son bras pour le faire se retourner vers moi.

- Pardon, je vous ai entendu demandé un autographe pour Riley… Riley Raphaël ? C’est ma sœur et je suis sans nouvelle d’elle depuis un moment…

J’étais arrivé au niveau de Sniper pour lui faire signer le t-shirt que j’avais acheté pour Riley. J’avais complimenté mon chanteur préféré et le chanteur semblait ravi de ne pas avoir déçu.

Je lui avais demandé de signer le t-shirt pour ma petite amie. Il se mit alors à le faire non sans dire que je devrais l’emmener avec moi la prochaine fois. Il n’avait pas tort… J’aurais même dû l’emmener avec moi aujourd’hui. Mais j’avais préféré lui laisser un peu d’air.

-Je n’y manquerais pas.

Il se disait même que si je lui parlais d’elle la prochaine fois, il pourrait se rappeler de moi. Je souris appréciant son effort. C’est pas toute les stars qui était prêt à se rappeler de leur fans d’une fois à l’autre.

Il me remercia et je repris le t-shirt.

-Merci !

Je laissai alors ma place à d’autres. Je n’avais encore jamais parlé à Sniper et je devais avouer que ce que je pensais de lui était confirmé après ce petit échange. J’étais pas du genre à m’extasier sur ce genre de rencontre mais, là, c’était quand même Sniper ! Ce n’était pas rien et je me rendais compte de la chance que j’avais.

Je me faufilai alors lentement vers la sortie prêt à rentrer chez moi pour rejoindre Riley et lui offrir ce cadeau. C’est là que je sentis une main sur mon bras qui me fit me retourner.

Et c’est face à Bailey North que je me retrouvai.

Je ne l’avais encore jamais rencontrée mais je reconnaissais sa figure de ce que j’avais vu sur les photos dans L.A.People. Puis, elle avait le même visage rond que Riley. Je ne m’attendais pas à la voir ici…

Elle s’excusa… Elle m’avait entendu parlé de Riley et se demandait si je parlais de sa sœur. Riley n’était sûrement pas la seule Riley de Los Angeles mais ce n’était pas non plus le nom le plus courant.

Elle disait être sans nouvelle et j’entendais dans sa voix qu’elle était inquiète.

-Oui… C’est bien ça. Riley a été secoué par le verdict du procès… Mais elle se reconstruit tant bien que mal. Je veille sur elle. On essaye de construire notre vie. Je…

Mes lèvres se pincèrent.

-Je suis désolé de ne pas avoir donné de nouvelles. Mais c’est à Riley de décidé le moment où elle voudra renouer avec ses proches. Elle sort tout doucement de la drogue. Ce n’est pas simple pour elle surtout avec Fleming dans la nature.

J’étais sincère avec elle. Je ne voulais pas obliger Riley à renouer avec sa sœur même si Bailey était sûrement une bonne influence pour elle. Ce n’est pas à moi de lui ordonner d’avoir tel ou tel lien.

Ni Carrie, ni le couple North ne semblait vouloir devenir des habitués des nouvelles fêtes chez Ricci. C’était surtout le yacht qui intéressait Hank… Quant à Carrie, c’était Bailey qui l’intéressait… Bailey, elle semblait d’abord vouloir être sûr que ses enfants soient bien casés avant de vouloir venir voir le fameux yacht…

Tous de grands fêtards comme je vois ! Pour Hank et Carrie, ça doit être l’âge. Pour Bailey c’était certainement une surprotection envers ses filles.

-Bien ! On se tiendra au courant.

J’irais avec ou sans eux de toute façon.

On apprécia alors, la fin de concert et, après celui-ci, on fut invité à une séance de dédicace à laquelle voulait participer Carrie. Après une verre et une petite file, on arriva à hauteur de Sniper. Un Sniper que j’abordais demandant s’il n’avait toujours pas besoin d’un avocat. Il déclara que non et j’haussai des épaules.

-Ça viendra.

Plus vite que les futurs enfants de Carrie, croyez-moi.

Après ça, il serra la main de tout le monde sauf de Carrie qu’il embrassa sur la joue comme on le ferait à ses amis. Carrie était de la génération de Sniper et ils se connaissaient. Du reste, elle ne tarda pas à le féliciter pour la naissance de sa fille. Décidément, Carrie n’avait que les enfants à la bouche aujourd’hui…

Enfin, non… Pas que ça. Elle proposa aussi à Sniper de jouer les modèles pour la promo de son foutu parfum. Je jouais déjà les modèles pour elle mais il semblerait qu’elle veuille un modèle… Plus vieux… Non, en réalité, c’est d’un modèle plus connu qu’elle voulait.

Je fis la moue.

Sniper s’exclama se demandant s’il n’était pas trop vieux.

Si, il l’était !

-Bien sûr que non ! Tu as encore tout ton charme. Tu en as même encore plus maintenant que tu as pris un peu d’âge. Tu seras parfait.

Elle lui frotte la manche, là. Je roulai discrètement des yeux avant que Sniper ne dise qu’il devait, avant toute chose, en parler à Daniele Ricci, son manager. Il n’avait pas vraiment le choix étant donné que c’était Ricci qui s’occupait de l’image de Sniper. Il s’adressa alors à moi.

-Oh que oui, j’en sais quelque chose. Si tu passes au-dessus de Ricci, il ne sera pas content.

Carrie gardait son sourire malgré tout.

-Bien sûr, parle-lui. Dis-moi sa réponse. S’il refuse, je lui parlerais.

Et elle fit un clin d’œil à Sniper… Après quoi ce fut à Hank de montrer toute son admiration pour le chanteur. Sniper qui s’était rappelé du prénom des gamines du couple. Bailey, elle, se mit carrément à inviter le chanteur à passer chez eux. Elle aussi essayait de vendre sa marque au chanteur, on dirait bien.

Les femmes et le marketing.

Hank, lui, était quasiment en pamoison devant Sniper…

Ce fut là que Bailey s’excusa pour s’éloigner. Je levai les yeux vers là où elle allait. Mais il y avait du mon alors ce n’était pas simple de la suivre.

-Victor… Je crois qu’on devrait rentrer. Sniper a encore pas mal de fans à voir.

J’hochai de la tête me tournant vers Sniper.

-Ouais, on va rentrer. A plus Sniper. N’oublie pas ma carte.

Je me tournai vers Hank.

-A un de ses quatre, North.

Je lui serrai la main avant de suivre Carrie vers la sortie. On passa à côté de Bailey qui causait à une homme que je ne connaissais pas. Carrie lui fit signe avant qu’on ne sorte du bâtiment.

J’étais vraiment surpris par la proposition de Carrie. Poser pour un parfum ? Moi ?

L’offre était tentante pour la simple et bonne raison que je n’avais jamais fait ce genre de chose. Je regardai Victor qui me semblait bien plus taillé pour une pub que moi… En effet, je me trouvais un rien trop vieux alors que l’avocat, lui, me semblait avoir l’âge parfait. Ni trop jeune, ni trop vieux.

Mais Carrie y alla de très beaux compliments. Elle disait que je serais parfait et que j’avais même gagné en charme en vieillissant. Je rougis un peu tout en signant les t-shirt des North.

-Merci, c’est gentil.

Dans tous les cas, il faudrait que j’en parle à Daniele… Victor, lui, semblait aussi surpris que moi… Et… Peut-être un peu jaloux de perdre sa place.

Carrie disait même que si Daniele refusait, elle irait le voir elle-même.

-Ça devrait aller… ça n’a rien à voir avec la musique et donc avec BSC. Mais je dois lui demander quand même parce que c’est lui qui gère mon image.

Je n’avais aucune idée des droits que ça impliquait… Ni même du fric que ça brasserait. J’étais un peu perdu, du coup.

Ce fut là que Bailey North me proposa carrément de passer chez eux, avec Syd, pour des vêtements pour Billie Blue.

-Oh quelle bonne idée! Je pense que Syd a déjà cherché vos créations dans les magasins de vêtements pour enfant... Mais c'est en rupture de stock, je crois, qu'elle m'a dit... Tant vous avez du succès.

Après quelques amabilités échangées avec les North, je leur rendis leurs vêtements signés et Bailey s’éclipsa alors qu’Hank s’attarda un peu… Comme s’il était hypnotisé par moi… C’était con, je connaissais bien son frère et son neveu… On avait sûrement l’occasion de sympathiser…

Puis ce fut au tour de Victor et Carrie de s’éclipser. Et Hank sembla comme se réveiller, quand Victor le salua, et prit congé avant de marcher dans les traces de son épouse que j’avais perdue de vue dans la foule.

-Encore merci ! On se voit chez Daniele, peut-être !

Il avait un putain de yacht, mon manager, maintenant ! Et j’avais hâte à la première fête là-bas ! Ça allait être du délire !

Bailey ne semblait pas très chaude à l’idée de participer aux nouvelles fêtes de Ricci. Je savais que pour elle, ça ramènerait des souvenirs qui n’étaient pas forcément les bienvenus… Après tout, elle avait le droit de voir Tony, mais pas de lui dévoiler qui elle était pour lui… Et si le couple Ricci s’en occupait parfaitement bien, ce n’était pas pour autant que ça n’avait pas quelque chose de sordide.

Du coup, je comprenais… Donc peut-être que j’irais seul, juste pour voir ce que ça donnait sur le yacht… Je verrais bien.

Je vins à la rescousse de mon épouse en disant à Carrie.

-On est à L.A., il n’y a pas que les fêtes de Ricci ! Il y a bien des autres événements où on peut se voir.

Des galas, des tapis rouge… A condition que je daigne y participer… Parce que le plus souvent, je préférais rester dans mon fauteuil à regarder le baseball avec mes filles. Mais bon, parfois, j’étais obligé de me montrer un peu, en tant qu’acteur.

On atteint enfin Sniper qui était vraiment une crème ! Pas une once de méchanceté dans ce gars-là, pas plus que de méfiance. Non, il était vraiment ouvert et accessible ! C’était très agréable. J’en étais bouche bée, surtout d’apprendre que notre admiration était mutuelle.

Bailey proposa à la rockstar de passer chez nous pour des vêtements pour sa fille.

-En voilà une bonne idée ! Vous serez le bienvenu !

Et ça, ça voulait dire beaucoup ! Parce que tout le monde n’était pas le bienvenu, à la villa North.

Carrie, quant à elle, avait un projet pour Sniper. Elle le voulait comme égérie de sa marque de parfum. J’avais déjà hâte de voir cette pub à la télé et j’espérais sincèrement que Daniele accepterait.

Là-dessus, Bailey sembla distraite et s’excusa avant de s’éclipser. Il me fallut un moment pour retrouver les pieds sur terre, au moment où Victor me saluait.

-oh heu… Ouais. A la prochaine ! Sniper ! On se voit bientôt…

Puis je disparus dans la foule, laissant la place à d’autres fans aussi enjoués que moi. Je retrouvai Bailey dans la foule qui parlait à un gars très grand que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam…

Et j’espérais que ce type n’était pas lui aussi un mauvais souvenir…

Je m’approchai, passai mon bras autour des épaules de Bailey et tendis ma main au type, méfiant, le regardant droit dans les yeux, comme pour l’avertir que s’il faisait le moindre truc négatif à ma femme, il aurait à en répondre.

-Salut. Hank North. Le mari de Bailey. Vous êtes ?

Le yacht de Ricci attirait les gens et attisait la curiosité de tous, sauf la mienne. Je n’étais aucunement intéressée à me rendre à l’une de ses fêtes pour pas mal de raisons mais je ne voulais pas casser l’ambiance qui était tout en légèreté. Prudente, je ne fis que dire que nous pourrions y aller si nous avions une baby-sitter. Ainsi, je ne fermais aucune porte, je laissais Hank libre de s’y rendre puisqu’il en avait bien le droit mais ça me laissais la contrainte des enfants, une excuse que personne ne contredirait si l’invitation venait qu’à tomber.

J’aurais cru que ce fut là qu’Hank compris pourquoi je ne sautais pas à pieds joints sur l’invitation à sortir à nouveau puisqu’il ajouta qu’il y aurait bien d’autres occasions que les fêtes su le yacht de Daniele Ricci pour se revoir à nouveau. Je l’aimais beaucoup pour ça, mon grognon de mari ! Je n’avais pas besoin de lui faire un dessin en pleins d’exemplaires pour qu’il comprenne le fond de ma pensée.

On se dirigea ensuite pour faire la file afin d’obtenir des autographes de Sniper sur les t-shirt que nous avions achetés pour nos filles et pour nous même. Pendant que nous avancions tout doucement, un homme avait attiré mon attention en demandant un autographe pour sa petite amie Riley. Il pouvait s’agir d’une tout autre Riley, il n’y avait pas que ma sœur qui portait ce prénom mais quelque chose en dedans de moi me faisait croire qu’il s’agissait bien d’elle. Je gardais mes yeux sur l’homme tout en continuant d’entretenir la conversation avec Hank, Carrie et Victor puis, jusqu’à ce que ce soit notre tour.

Sniper était ce genre d’artiste facile d’approche, qui avait envie d’être là pour ses fans et non parce que son manager le lui avait imposé. Il avait quelque chose à dire à tout le monde et s’avoua fan d’Hank. Probablement parce que Sniper parla de nos filles, je lui proposais tout naturellement de passer à la maison un de ces quatre avec sa femme et leur fille. Ainsi, je pourrais leur offrir des vêtements de ma collection avant de partager un barbecue dont seul Hank avec le secret. Ça emballa à la fois mon époux qui confirma à la rockstar qu’elle était la bienvenue chez nous.

Ensuite, je sentie l’urgence de m’excuser auprès de tout ce beau monde parce que l’homme sur lequel j’avais une cible invisible se dirigeait vers la sortit. J’avais trop besoin de savoir que pour laisser passer cette chance. Je ne m’éclipsais pas à la course mais ça ne fut pas loin. Je rattrapais l’homme et posais ma main sur son bras pour le faire se retourner et je lui posais la question qui me brûlais les lèvres. Il me confirma que je ne m’étais pas trompée et je fus soulagée des nouvelles qu’il consentit à me donner.

- Je sais… Je sais ce que c’est que de se sevrer et tout ce qu’elle doit ressentir en plus de ce qui se passe.Je faisais évidement référence à l’issue du procès contre Ward Fleming. Vous n’avez pas à vous excuser de ne pas avoir donné de nouvelles, je respect les choix de ma sœur mais… Quand j’ai entendu son nom, ce fut plus fort que moi, j’avais besoin de savoir.

J’allais lui demander de transmettre à ma sœur le message que, pour qui que ce soit, j’étais là pour elle mais Hank arriva par derrière et se présenta.  Je réalisais que je l’avais un peu laissé en plan et qu’il devait se poser plusieurs questions.

- Il est le petit ami de Riley. Pardon, mon amour. Je l’ai entendu demander un autographe pour elle à Sniper et je n’ai pas pu résister à l’envie de lui demander des nouvelles d’elle.

Je réalisais que, dans la précipitation, je ne lui avais pas demandé son prénom et que je ne m’étais pas non plus présenté correctement.

- Je ne vous ai pas demandé votre prénom, je suis désolée. Moi c’est Bailey, mais je crois que vous le saviez déjà…

Bailey North m’avait rattrapé avant que je ne sorte du bar. Elle voulait des nouvelles de sa sœur. Elle était inquiète. Je pouvais le comprendre. Riley n’avait pas désiré donner des nouvelles à Bailey depuis la tentative de meurtre manquée sur Ward Fleming.

J’avais expliqué à Bailey tout ça… Que Riley n’avait pas encore voulu parler à ses proches et que je ne comptais pas la forcer à le faire. Je préférais qu’elle se reconstruise tranquillement. A son rythme… J’avais déclara que Riley était en plein sevrage et qu’après la libération de Fleming, les choses n’étaient pas simples pour elle.

Bailey comprenait… Parce qu’elle était passé par là. Elle ne m’en voulait pas pour mon silence. Mais elle n’avait pas pu s’empêcher de venir me voir après avoir entendu le nom de sa sœur.

-Je comprends… Il n’y a rien de pire que de ne pas savoir.

C’est là que le mari de Bailey entra en scène. Le grand Hank North… Le fameux acteur… Il aussi avait eu des ennuis avec la justice mais il semblerait que son ex-femme n’était pas toute rose non plus. Il passa un bras protecteur autour des épaules de Bailey avant de se présenter. J’allais réponse à sa question mais Bailey m’anticipa pour déclaré que j’étais le petit ami de Riley. Elle s’excusa ensuite à son mari avant de s’excuser à moi pour ne pas m’avoir demandé mon prénom. Je lui fis signe que ce n’était rien avant de me présenter :

-Je m’appelle Zeke Sullivan. Peut-être que Riley a parlé d’un Keenan ? C’est moi… Je ne peux pas entrer dans les détails mais j’étais agent du FBI… Comme ça vous savez tout.

Au cas où Riley aurait parlé de moi en des termes telles que : c’est un Los Diablos. Parce que je doutais que ça mette Hank et Bailey en confiance s’ils pensaient que j’étais un Los Diablos.

Je regardai l’un et puis l’autre.

-Riley est résistante… Je suis sûr que, quand elle sera prête, elle reviendra vers vous…

Pour l’instant, la libération de Ward Fleming était trop récente.