-Tu vois ma belle… The Army, ça à fait ça !

Et je mimais je bruit d’une avion qui se crash tout en usant de ma main pour représenter l’avion. Face à moi se trouvait une femme. Une belle femme ! Stupide mais belle ! Une actrice nommée Willow Ford qui venait de fêter ses 21 ans et qui, du coup, avait obtenu son ticket pour la villa Ricci.

Moi, je ne l’avais pas eu mais ce n’était pas la première fois que je m’introduisais ici par un chemin détourné. Ricci ne voulait pas de mineur. Et, d’après lui, avoir 17 ans, c’était être mineur. Mais j’étais le frère de Vicky alors je pensais bien avoir tout les droits d’être ici. Puis, je crois que Ricci en avait déjà marrer d’essayer de me chasser à chacune de ses fêtes. Il l’avait déjà fait, hein ! Je m’étais déjà fait remballer par un de ses stewards.

-Et Sniper… Tu l’as déjà rencontré ? Il parait qu’il est devenu sourd. C’est vrai?

Non. Je n’avais jamais rencontré Sniper. De loin, à des concerts, comme tout le monde mais ça s’arrêtait là. J’esquissai un petit sourire en coin.

-Bien sûr ! Qu’est-ce que tu crois ! C’est un de mes amis les plus proch…

Je n’eus pas le temps de terminé ma phrase que Willow s’exclama d’un coup :

-Oh ! Daniele Ricci est là-bas ! Il faut absolument que je lui parle !

Et elle s’en alla sans demander son reste me faisant rouler des yeux. Qu’est-ce qu’elles trouvent toutes à Ricci ? Ce n’est qu’un petit Italien… Qui aime les petits Italiens ?

Willow, visiblement.

-Tu n’as rien à foutre ici, mon chou..

C’est ce que dis une voix, derrière moi, alors que j’étais assis au bord de la piscine de Ricci. Pas les pieds, ni le corps dans l’eau comme les autres. Non. Je n’avais aucune envie de me mouiller. Je me tournai vers la voix.

-Oh ! Kate… C’est toi qui fait agent de sécurité aujourd’hui ?

C’était Kate Julian, l’une des amies les plus proches de ma sœur et, cela dit en passant, une blondasse plutôt bien foutue pour son âge. Elle est mariée à Don Hughes. Elle se tapait un paquet de thunes.

-Non… Tiens…

Elle me tendis un cocktail que je pris pour le boire d’une traite avant qu’elle ne me souffle à l’oreille.

-Si tu veux, je dors, ce soir, dans la deuxième chambre à droite à l’étage.

Hein ? J’ai bien entendu ? C’est des avances ? Je pouffai alors de rire avant de lancer :

-Désolé, je ne fais pas dans la gériatrie.

Kate me lança alors un de ses regards ! Le plus noir que j’ai jamais vu de ma vie. Elle pris mon menton entre ses doigts me faisant grimacer parce qu’elle m’avait fait mal. Très mal. Elle souffla alors à mon oreille.

-Tu verras. Tu cèdera.

Puis elle me laissa là. Qu’est-ce qu’il vient de se passer là ? Je secouai la tête plissant les yeux avant…

D’oublier complètement cet incident. Puis d’oublier tout en fait, parce que, tout d’un coup, je me sentis comme… Complètement jeté. Ouais ! Complètement. Je crois que je suis d’abord aller dire à Willow qu’elle était la pire actrice de l’univers avant de causer de… Je ne sais plus quoi à Jessica Hill qui était super perplexe et puis, j’avisai alors Jimmy Reed. Il causait avec… Je ne sais qui… Mais j’avais aussi envie de discuter avec lui alors, sans hésiter, je poussai la personne avec qui il parlait dans l’eau de la piscine vu qu’ils étaient au bord. Fallait pas être si près du bord, voyons.

Puis, je me mis alors face à Reed avec un grand sourire au lèvre ne m’occupant absolument pas de la personne désormais toute habillée dans l’eau.

-Jimmy Reed ! Le grand manitou de Los Angeles ! Le Dieu de cet Univers ! Comment tu vas ? Hey ! Tu savais que tu es peut-être père ? Tu le sais ? En fait, vous tous ici qui avec des couilles peuvent être père du rejeton de ma chère sœur. C’est triste. Il braille tout le temps, tu sais ! Il est pénible. Je ne vis pas avec lui, heureusement.

Je parlais vite. Ma voix était inégale. Pourtant, à part deux cocktails, j’avais encore rien bu !

-Je pense que c’est toi parce que ma sœur dit que j’étais comme Ian quand j’étais petit. Ce que je doute. Et elle dit aussi que parfois, je lui fais penser à toi. Mais je n’ai rien à voir avec toi. Enfin… On se ressemble absolument pas. Et je ne ressemble pas à Ian. Il a deux ans… Est-ce que je ressemble à un gosse de deux ans ? Non. Voilà.

Au bord de la piscine, j’étais en grande conversation assez animée avec Daryll Rogers. Ce vieux con voulait laisser à Victoria le loisir de chanter un duo avec un chanteur de MTI que je ne connaissais même pas ! Ce n’était pas l’idée de Daryll, en plus, mais celle de Victoria elle-même.

Victoria avait signé du temps de mon père et, étant donné l’argent qu’elle rapportait, je l’avais laissée continuer son petit bonhomme de chemin chez BSC.

De plus, nous étions amants occasionnels.

Ce n’était pas pour autant que je la laisserais tout faire !

-Ecoute, Daryll… Il ne faut pas donner aux femmes tout ce qu’elles veulent ! Tu leur donne ta main, elles te prennent le bras, ce sont des créatures vicieuses.

Daryll ricana…

-Tu dis ça parce que tu n’es pas sûr de voir le logo de BSC sur le single ?

Je secouai la tête, mon verre de Mojito en main.

-Non, je dis ça pour la raison que je viens de te citer. Victoria a déjà une grande chance de pouvoir continuer chez BSC… Mais il faut contrôler ses ardeurs, comme toutes les femmes, elle a des idées de grandeurs alors que, Daryll ! Elle n’est qu’une femme !

Et du coup, elle valait bien moins que mes autres artistes masculins qui, eux, étaient plus réalistes et ne se lançaient pas dans des projets où ils étaient soit complètement illégitimes, soit le projet était complètement irréaliste.

La tendance des femmes à faire n’importe quoi n’était plus une légende qu’il fallait démontrer, si ?

-En plus, elle…

PLOUF !

J’écarquillai les yeux. Il y avait encore une seconde, Daryll était devant moi et il avait disparu. Un peu abattu par tout l’alcool que j’avais ingurgité, il m’avait fallu un lapse de deux secondes pour réaliser que Daryll était tout habillé dans la piscine et qu’à sa place se tenait ce sale gosse de Victor Hunter.

Décidément, les Hunter avaient décidé de me gâcher ma soirée !

Quoi que… Je pinçai les lèvres en regardant encore une fois Daryll dans l’eau qui pestait contre Victor… J’avais envie de rire mais je ne voulais pas encourager le morveux qui s’était lancé direct dans un long discours que je soupçonnais d’être assez arrosé.

Et j’ouvris de grands yeux en réalisant qu’il était en train de brailler que j’étais peut-être le père de Ian ! C’était un doute que j’avais mais pas la peine de le crier sur tous les toits !

-Parles moins fort, Victor. Parle moins tout court !

Lui plaquer ma main sur la bouche m’avait traversé l’esprit mais ça n’aurait rien eu de classe.

-Pour autant que je sache, oui, tu lui ressemble beaucoup. Ce qui fait que ça pourrait tout aussi bien être toi le père, ce qui expliquerait qu’elle ne veuille pas révéler qui c’est.

Je le regardai d’un air torve.

-Tu ne devrais pas être au lit, à cette heure-ci ? Daniele n’accepte pas les enfants dans sa villa.

Daryll se hissa en jurant hors de la piscine sous l’hilarité générale des autres invités.

J’avais poussé à l’eau l’homme qui était face à Reed sans me rendre compte que c’était Daryll Rogers, le manager de ma sœur. De toute façon, je ne portais pas le vieux Daryll dans mon cœur. C’était un vieux con.

D’ailleurs, il y avait beaucoup de vieux con, ici.

Bref… Je n’avais pas encore prêté attention à Daryll parce que j’étais occupé à causer à Reed du rejeton de ma sœur. Ian… C’était comme ça qu’elle l’avait appelé… Ian Victor. Ouais ! Il a volé mon nom, le sale gamin braillard. Victoria disait que c’était un hommage pour moi. Elle aurait pu me faire un autre hommage que ça, non ? Puis, les hommages c’est pour les gens morts, non ?

Bref, Jimmy Reed n’était qu’un des nombreux pères potentiels. Mais c’est celui qui ressemblait le plus à Ian. Et je le lui dis tout haut et plutôt fort. Parce que, ouais, je n’entendais pas à quel point je parlais fort. J’étais en roue libre. Je ne savais absolument pas ce que je faisais.

Et ça agaça le magnat de BSC qui me disait de parler plus fort et… Moins ?

-Celui qui me fera taire n’est pas encore né !

Et il ne naitra jamais, tiens ! Mais Reed avança alors l’hypothèse que je pouvais être le père de Ian. Hein ? Mais… Non ! Serait-il con ou quoi ? Je secouai la tête me rappelant alors, furtivement, que c’était la seconde belle connerie que j’entendais aujourd’hui avec les avances de Kate.

Elle m’avait bien fait des avances, non ? Putain, je savais même pas si j’avais halluciné ça ou non.

Je pris un air choqué.

-Hein ? T’es tombé sur la tête, Reed ? Non ! C’est pas moi ! Et je ne ressemble pas à ce môme.

Quand il demanda si je n’étais pas encore au lit avant d’ajouter que Daniele n’acceptait pas les enfants ici, je fis la moue.

-Au lit ? Putain, toi aussi tu veux m’envoyer au lit. Kate voulait m’envoyer aussi au lit tantôt…

Avec elle… J’allais le dire mais mes mots se coincèrent dans ma gorge et je fixai alors Reed.

-Et pour être honnête, cette règle manque de cohérence ! Je ne peux pas entrer mais Mina Olsen, elle, elle peut ! Elle a 19 ans… C’est injuste. Faut être une femme pour pouvoir entrer sans être nécessairement majeur. Tu trouves ça normal ? Avoue qu’il y a une sérieuse injustice.

J’entendis alors, Daryll m’insulter vertement et je me tournai d’un coup vers lui. Il venait de sortir de la piscine et était tout mouillé. Je pouffai alors de rire malgré ses insultes. Puis, je repris un peu mon sérieux.

-Bah Daryll… Qu’est-ce qu’il t’es arrivé ? Il faut enlever ses vêtements avant d’aller dans la piscine…

Il me foudroya du regard. Rien pour m’impressionner.

-Je vais demander à Ricci de te foutre dehors !

Et il s’en alla certainement à la recherche de Ricci sous l’hilarité générale. Je pouffai encore de rire avant de me retourner vers Reed.

-Tu devrais le virer… Il est vieux et dépassé. Ma sœur mérite mieux. Tu vas le virer, n’est-ce pas ? Alleeeeeeeeeeeeeeeeeez ! Vire-leeeeeeeee !

Ma voix était toujours aussi inégale et j’avais l’impression que plus le temps passait plus je me sentais jeté ce qui n’avait pas vraiment de sens. Ou ça en avait ? Ou c’était une impression ?

-Putain, ils sont chargé à quoi les cocktails de Ricci? Tu le sais, toi ?

J’étais à moitié amusé par la mésaventure de Rogers et à moitié agacé par le fait que, maintenant que Victor Hunter était lancé, je n’avais aucune idée de comment j’allais l’arrêter et encore moins de comment j’allais m’en débarrasser.

Parce que en plus de parler beaucoup, il était complètement torché et parlait vraiment fort. Mais il n’était pas décidé à se taire, clamant à qui voulait l’entendre que celui qui le ferait taire n’était pas encore né. Je le regardai en faisant la moue avant de porter la paille de mon Mojito à mes lèvres. Il était excellent mais, pour moi, il avait un petit goût de nostalgie. Parce que c’était Maritza qui faisait les meilleurs Mojitos que j’avais jamais bus. Mais Maritza n’était plus là.

Et je devais l’oublier.

Je l’oubliai d’ailleurs assez vite quand Hunter m’accusa d’être le père du petit Ian. Personne ne savait qui était son père. Seule Vicky le savait et elle refusait de le dire. Pourquoi ? Mystère !

Alors pour me venger directement des accusations de Victor, je les lui renvoyai… Son regard n’était plus tout à fait présent et ses yeux étaient brillants à cause de l’abus d’alcool. Mais il comprenait encore suffisamment ce qu’on lui disait pour s’indigner que je l’aie pointé à mon tour comme étant le père du bébé de sa sœur.

Mais apparemment, c’était plus la ressemblance avec le môme qui le turlupinait que l’idée de l’inceste. Du coup, ça me fit rire.

Trêve de plaisanterie… Il était temps pour Victor, 17 ans et toutes ses dents, d’aller au lit. Les fêtes étaient interdites aux mineurs. Apparemment, Kate Julian lui avait fait la même proposition mais il n’était décidé à écouter personne.

-Tu es complètement bourré et tu vas faire honte à Victoria. Encore.

Il s’insurgea que mina Olsen, 19 ans, avait pu entrer… Je souris en coin.

-En effet, Olsen a des attributs dont tu ne disposes pas, Victor. Et en effet, c’est normal. C’est Daniele qui impose les règles ici.

Ses fêtes, ses règles.

-Reviens quand tu auras 21 ans et que tu tiendras l’alcool.

Daryll avait fini par réussir à sortir de la piscine en insultant Victor assez vertement. Et cette fois-ci, alors que Victor se tournait vers lui pour se foutre de sa gueule, je laissai voir un sourire clairement amusé, ce qui rendit le manager encore plus furieux. Il allait aller demander à Daniele pour qu’il foute Victor dehors.

-J’espère que tu as pris rendez-vous, Daryll.

Parce que lors de ces fêtes, il n’y avait que moi qui pouvait avoir directement accès à Daniele, les autres devaient attendre que le manager italien ait satisfait tous les invités qui voulaient le voir un à un. Et ce fut donc en laissant une traînée humide que Daryll s’éloigna en essayant de garder un air digne.

Je crus pouvoir m’éclipser et laisser Victor dans le vide comme si je m’étais soudainement téléporté à la façon de Star Trek mais il ne semblait pas prêt de me lâcher les baskets. Il voulait que je vire Rogers. Je fis la moue.

-Pourquoi ? Je ne le virerai que quand ta sœur sera trop vieille pour valoir encore quelque chose. En attendant, elle a toujours été le seul manager qu’elle ait connu. Et on ne change pas une équipe qui gagne.

Mais les yeux de Victor avaient encore un peu changé. Je me penchai légèrement (parce qu’il était plus petit que moi) pour capter son regard.

-Victor ? Tu m’écoutes ?

Il se demanda alors ce qu’il y avait dans les cocktails… je regardai mon Mojito, perplexe…

-Ce ne sont pas les cocktails qui sont chargés, Victor…. C’est toi qui ne tiens pas l’alcool. Tu devrais rentrer chez toi.

Complètement bourré ? C’est n’importe quoi ! Jimmy Reed dit n’importe quoi ! J’ai bus DEUX cocktails ! J’ai déjà descendu bien plus d’alcool a des fêtes où il y avait bien moins de vieux comme Reed !

Quant à faire honte à ma sœur…. Je roulai des yeux.

-Encore ? Hey ! Je ne lui fais jamais honte.

Ou elle ne l’avouera jamais en tout cas. Ma sœur avait l’art de me sortir de la merde. Mais elle n’était pas ici ce soir. Elle torche le cul à Ian, là.

-Puis, elle est même pas là…

Je soulignai, alors, une injustice dans les règles des fêtes de Ricci. Car ouais… Le manager italien avait beau dire que c’était libre ici, il y avait quand même des foutues règles. Comme celle de ne pas venir quand on est mineur… Ou encore celle de ne pas se battre. Je ne savais pas qu’elle existait, celle-là, avant l’année dernière quand je m’étais introduit ici et que je m’étais battu avec… Heu… Je ne sais même plus avec qui ! Un petit con. Enfin, un vieux con. Bref, j’avais été mis dehors ce jour-là.

Je m’égare… L’injustice, donc. Celle que les femmes, même mineur, elles, peuvent venir. Mais d’après Reed tout était une histoire d’attributs. Je roulai des yeux avant de rire un peu.

-Ouais. C’est vrai que Mina a de trèèèèèèèèèèès bons attributs.

Je ne pouvais pas le nier. Mais je fis la moue quand Reed me déclara de revenir quand j’aurais 21 ans et que je saurais tenir l’alcool.

-Je sais tenir l’alcool…

Ensuite, Daryll entra en scène en m’insultant tout mouillé qu’il était. Je le charriais un peu avant qu’il ne se décide à aller se plaindre à Ricci. Reed rétorqua un truc qui me fit encore plus pouffer de rire.

-Je suis pas prêt d’être viré.

Oh que non !

Je clamai alors à Reed qu’il devrait virer Rogers mais il n’en avait aucunement l’intention. Sauf que, je perdis un peu le fil… Mes pensées divaguais… Je me sentais de plus en plus bizarre. Mon cœur semblait battre plus vite mais… Je sais pas…

Alors je clignais des yeux quand Reed tenta de capter mon attention.

-Hein ? Quoi ?

Je blâmais alors les cocktails mais Reed, lui, blâmais le fait que je ne tenais pas l’alcool et que je devrais rentrer. Ce qui… M’énerva grandement en fait.

-Va te faire foutre, le vieux. J’ai bus que deux cocktails, hein ! Puis, je te dis que ma sœur serait mieux sans Daryll. T’es trop con pour t’en rendre compte ou quoi ?

Oulaaaaaaaaaaaaaa ! Non. Non… Insulter Jimmy Reed, j’avais jamais fait. Non. Non. Non… Et je ne voulais pas le faire mais les mots étaient sortis tout seul.

Et j’allais en rajouter, hein ! Pour bien faire. Mais je sentis une main dans mon cou qui grimpa jusque dans les cheveux ce qui me fit légèrement sursauter et frissonner tout à la fois.

-Calme, Victor… Jimmy n’en peut rien si tu es bourré.

C’était la voix de Kate. Kate qui avisa Reed.

-Désolé, Jimmy… Je pense qu’il est complètement bourré. Je vais aller le mettre au lit. Aucune envie qu’il entache encore la réputation de Vicky. Déjà qu’elle va se le faire dire par Daryll…

Hein ? Quoi ?!

-Pardon ?!

Je fixai Kate mais… Je me laissais faire. Pourquoi ? Sans doute son contact dans mes cheveux… Je n’en sais rien. Et elle m’entraina loin de Reed. Et à mesure que je marchais, ma vision se troubla de plus en plus.

On arriva dans une chambre… La porte claqua. Kate m’embrassa… Je m’étais laisser faire ayant, de toute façon, du mal à savoir si je n’hallucinais pas… Puis…

Puis, j’ai dormis, je crois.

Et j’ouvris les yeux un peu après. Enfin… Il faisait toujours nuit… J’entendais toujours la musique qui venait de dehors… J’étais allongé sur le ventre dans le lit. J’avais la nausée et je gémis avant de me rendre compte qu’il était une heure du mat’… Quoi ? Il y avait quoi ? Deux heures qui avaient passé depuis que j’avais vu Reed…

Putain…

Je me redressai avant de remarqué que j’étais à poil…

-Oh putain !

Je m’exclamai ça et perdis l’équilibre ce qui me fit tomber à terre. Je me remis debout péniblement retrouvant facilement mes vêtements que j’enfilai tant bien que mal.

Bordel, il s’est passé quoi ?

Je secouai la tête progressant péniblement jusqu’à dehors où la fête battait toujours son plein. Mon cœur battait vite mais j’avais toujours cette impression d’être complètement à côté de mes pompes.

Je me rappelle de quoi… De moi qui insulte Reed et de… Oh non, hein ! J’ai quand même pas coucher avec Kate???

L’idée me donna envie de vomir mais je me retins de justesse m’appuyant contre le bar improvisé sur la terrasse. Reed était juste là…Je levai les yeux sur lui.

-Heu…

Ouais ! Je suis sans voix ! Putain de bordel de merde!

-Je crois que le cocktail était avarié… Désolé pour les insultes. Tu n’es pas un vieux con…Daryll en est un… Putain, je crois qu’il me faut une foutue bière… Ou un whisky ! Sinon, je vais vomir…

Victor clamait qu’il ne faisait jamais honte à Vicky.

-Ta seule présence ici lui ferait honte. Surtout dans cet état.

Parce que Victor était bien éméché… Pourtant, la soirée ne faisait que commencer. Victor semblait se faire une mission de dénoncer toutes les injustices et les discriminations qu’impliquait une fête chez mon ami Daniele Ricci. Je l’avais déjà vu plaider comme un avocat. Il était plutôt bon d’habitude…

Mais là… Je ne savais vraiment pas ce qu’il avait mais il n’était pas dans son état normal.

Il était cependant d’accord pour ce qui était des attributs de Mina Olsen.

-Alors tu comprendras pourquoi elle peut venir et pas toi.

Entre Victor qui prétendait savoir tenir l’alcool et un Daryll trempé et vociférant des insultes et des menaces, j’avais l’impression de me trouver dans un mauvais vaudeville. Mais Victor avait raison… il n’était pas prêt d’être viré d’ici par Daniele… Probablement pas avant que Daniele lui-même ne se rende compte de la présence de l’adolescent.

Gentleman, je répondis à son envie de me faire faire virer Daryll mais le regard de Victor se faisait fuyant. Dieu seul savait ce qu’il avait bu depuis le début de la soirée, mais je ne croyais pas à ses dires sur la quantité d’alcool qu’il avait ingurgité…

Et là, il s’emballa contre moi, m’insultant littéralement. Je n’avais pas l’habitude d’être insulté… J’étais craint tant dans l’Eastside que dans les hauts quartiers où siégeait BSC. Du coup, je le regardai, interloqué…

Je déposai mon verre de Mojito vide sur le plateau d’un serveur qui passait et vrillai Victor du regard.

Mais je ne dis rien. Je savais que je pouvais détruire son avenir en un claquement de doigt. Et j’étais prêt à le faire. Le pire, c’était que demain, il aurait certainement oublié ce qu’il venait de me dire et allait se demander pourquoi brusquement, tout foutait le camp dans sa vie.

C’était sans compter sur l’intervention de Kate qui calma le jeu.

Elle l’excusa et déclara qu’elle allait le mettre au lit.

-Tu ferais mieux de le ramener chez lui…

Mais je doutais que ce fusse l’intention de Kate Julian.

Ils disparurent tous les deux de ma vue et, allant de rencontre en rencontre et de discussion en discussion, je finis presque par en oublier Victor et ses insultes. Presque. Parce que je ne perdais jamais le nord.

Il se passa deux heures avant que Hunter de réapparaisse. Il était échevelé, débraillé et s’appuyait mollement sur le bar de la terrasse où je pris congé de Christopher North avant de me tourner vers lui. Il avait le teint presque verdâtre. Mais la première chose qu’il fit ne fut pas de vomir, mais bien de s’excuser.

En voilà un qui venait de sauver son avenir.

-Suis-moi…

Je marchai lentement jusqu’au bureau de Daniele. Il était fermé à clé pour la fête, mais je pris un kit de crochetage dans ma poche et l’ouvrit sans difficulté, en me remémorant les conseils de Delfino…

J’entrai, suivi de près par Hunter. Dans le tiroir du bureau, je trouvais de l’aspirine et une bouteille d’un excellent whisky. Je pris un verre, y versai une bonne rasade de whisky et y laissai tomber la cachet d’aspirine avant de tendre le tout à Victor.

Puis je m’assis sur le siège en cuir confortable de Daniele et m’allumai un cigare sorti d’une boîte que je cachais dans ma propre poche.

-Tu as bu quoi ? Et tu as parlé à qui ?

Parce que s’il y avait un foutu empoisonneur aux fêtes de Daniele, il fallait qu’on le sache. La réputation de ces événements était en jeu !

Les insultes étaient sorties toutes seules. Il faut dire qu’il l’avait bien cherché, le vieux, à causer comme si j’étais un gosse de 3 ans. Déjà qu’il avait dit que ma simple présence ici je faisais honte à ma sœur. Pourquoi ? Parce que j’avais 4 ans de moins que la majorité ? Il se fiche de mois le Reed ?

Et je ne me rendais même pas compte que j’étais en train de faire l’erreur de ma vie. En tant normal, jamais je n’aurais insulté Jimmy Reed. J’étais pas stupide. Ce type était riche. Il pesait des millions de dollars… Je savais qu’un mot de travers et je risquais bien de démolir la carrière de ma sœur. Et là, pas sûr qu’elle m’aurait pardonné.

Je vis Reed me vriller du regard. Un regard qui faisait presque aussi froid dans le dos que celui de Kate quelques temps plus tôt. Mais je m’en fichais. J’étais complètement jeté.

Jusqu’à-ce que Kate arrive… M’éloigne de Reed… M’amène dans une chambre et puis… Et puis je me suis retrouvé dans ce foutu lit complètement nu sans savoir précisément ce qui m’était arrivé. J’avais enfilé mes vêtements et c’est avec l’impression qu’un camion m’avait roulé dessus que j’étais retourné sur la terrasse. J’avais la nausée. Je me sentais bien plus mal qu’après une foutue cuite. D’ailleurs, j’avais encore l’impression d’être complètement à la masse.

J’avais un blanc de plusieurs heures… Et quand j’essayais de me concentrer pour me rappeler ça me faisait comme des haut les cœur. Jusqu’à-ce que je retrouve Jimmy Reed en discussion avec… North ? Le grand North… Celui qui réalise des films…

Quand il se retourna vers moi, je m’excusais pour les insultes. Et pour cause, je savais que j’avais été trop loin. J’étais impulsif, pas stupide… Mais j’allais pas bien du tout… Il fallait absolument que je boive quelque chose.

Mais Reed me dit de le suivre… Et c’est ce que je fis sans me poser trop de questions. Je ne marchais pas très droit… J’avais l’impression que toutes les voix me venaient de loin.

Et si Reed m’emmenait quelque part pour me tuer ?

Je secouai la tête… Cette idée était profondément débile… Mais je frissonnai quand même n’étant vraiment pas dans mon état normal.

On arriva devant la porte du bureau de Ricci que Reed… Crocheta. J’écarquillai les yeux devant la scène... Putain, comment il avait fait ça lui ? J’hallucine encore ou quoi ?

-Où t’as appris à faire ça ?

Il avait fait ça sans aucune difficulté et on entra dans la pièce. Je me laissai tomber sur un siège… Le premier que je vis alors que Reed me fit une sorte de whisky à l’aspirine. Je pris le verre qu’il me tendit alors que, lui, se prenait un cigare.

Je bus une gorgée de whisky. Mais c’était horriblement répugnant et je grimaçai en tirant la langue.

Putain, j’allais vomir avec ce truc.

Puis, Reed me questionna… Je secouai la tête devant les questions…

-Deux cocktails…

J’en étais certain. J’avais bus deux putain de cocktails… Je déposai le whisky sur le bureau devant moi et enlaçai mon torse de mes bras parce que j’avais l’impression de crever de froid… Tout en crevant de chaud. C’était bizarre…

-J’ai parlé avec…

Je secouai la tête.

-Toi… Willow… Heu…

J’avais vraiment du mal… La soirée me revenait en flash.

-J’ai poussé Daryll dans la piscine. C’est vraiment arrivé ça ?

Je ne savais plus bien…

-Jessica Hill aussi, je crois…

Et Kate… Quand j’y repensais, je frissonnais.

-Kate… Elle m’a foutu dans un lit… C’est là que j’étais avant de te voir… Enfin, avant maintenant… Elle…

Je fermais la bouche. Je ne voulais pas tellement en dire plus, ça ne regardait pas vraiment Reed en fait. A la place, je repris le verre de whisky et le bus d’une traite. La boisson brûla ma gorge et quand je me mis à bouger un peu trop sur ma chaise, je sentis une douleur dans le bas de mon abdomen. Je levai un petit peu mon t-shirt pour y voir un gros bleu. Je secouai la tête remettant mon t-shirt en place.

-Visiblement, je me suis battu… Ou je me suis étalé la gueule. Putain, y’avait quoi dans ces foutus cocktails ? Putain, j’t’assure que j’en ai bus que deux… Tu me crois, hein ?

Victor n’était clairement pas dans son état normal. Si j’avais soupçonné le petit jeune d’avoir beaucoup trop bu un peu plus tôt, j’étais pratiquement sûr maintenant qu’il y avait quelque chose d’étrange et ce n’était certainement pas à cause d’une crevette avariée du buffet… Parce que Daniele ne laisserait jamais quoi que ce soit d’avarié entrer dans sa villa.

J’avais donc dit à Hunter de me suivre… A la fois parce que je voulais tirer ça au clair, mais aussi parce que, vu le teint à la limite du vert caca d’oie de Victor, il avait vraiment besoin d’être dans un endroit calme, sans le brouhaha des invités.

Il me suivit donc sans rechigner, après s’être largement excusé. Excuses qu’en mon for intérieur, j’avais déjà acceptées… J’avais un autre problème sur le feu maintenant… Un empoisonneur ou un dealer devait avoir mis quelque chose dans ce que Victor avait ingurgité. Et comme j’étais chef des Los Diablos… Et Daniele de mèche avec la famille de Los Angeles… Ce n’était pas quelque chose à prendre à la légère.

Et si ça n’avait pas été Victor, la cible ?

Je souris tout de même, malgré la potentielle gravité de la situation, quand Victor s’exclama de me voir crocheter la serrure du bureau de Daniele. J’aurais pu aller demander la clé à mon ami, il me l’aurait donnée, mais je ne voulais pas l’alarmer…

Pas avant de savoir ce qui s’était réellement passé.

Victor me demanda où j’avais appris un tel tour de passe-passe…

-Pas à Fairfax.

Non, dans la rue avec de jeunes Los Diablos. Et pour ce genre de chose, Delfino était le meilleur. Et un très bon professeur.

On s’installa dans le bureau et je préparai ce que je pensais être un breuvage salutaire pour Victor… En fait, c’était surtout parce que je n’avais aucune idée d’où on pouvait trouver de l’eau dans cette maison. Si ce n’était au robinet des toilettes… Mais jamais, même à mon pire ennemi, je n’aurais fait boire de l’eau du robinet.

Après avoir fait la grimace en goûtant mon whisky à l’aspirine, je pus constater que Victor n’avait pas totalement perdu le nord. Depuis le début, il clamait qu’il n’avait bu que deux cocktails. Ce que même un novice aurait pu supporter.

Je lui demandai à qui il avait parlé, essayant de déterminer un éventuel suspect dans ses rencontres mais… Pour ça, il n’avait pas les idées tout à fait claires et je doutais fort que Willow ait pu faire du mal à une mouche. Jessica Hill et Kate Julian, par contre, aurait pu assassiner quelqu’un… Mais pas Victor… Ni moi ou Daniele.

-Oui… Tu as vraiment poussé Daryll dans la piscine, mais ne t’en fais pas pour ça. Il est rentré chez lui dégoûté, mais il finira par digérer l’affront.

Enfin, je pensais… Et ce dont j’étais sûr, c’est qu’il ne ferait pas payer à Victoria les erreurs de son frère. C’était sa poule aux œufs d’or et il le savait. Tout comme il savait que Vicky n’hésiterait pas à venir me voir s’il la traitait mal sans raison. Ce qui serait la bonne occasion pour moi de l’écarter définitivement de BSC.

Je me penchai un peu en avant, posant mes coudes sur le bureau, mon cigare de consumant tranquillement entre mes doigts. Victor acheva son verre de médicament après avoir dit que Kate l’avait mis dans un lit… Sur le ton d’une victime de viol. Je le regardai avec compassion.

-Tout va bien, Victor.

Il souleva son t-shirt et je grimaçai en voyant un énorme hématome sur son flanc. Mais il ne savait plus s’il s’était battu ou s’il était tombé.

-Bien sûr que je te crois, Victor. Tu es sûr que ce n’est pas Kate qui t’a frappé parce que tu n’étais pas en état ?

Ça ne m’aurait vraiment pas étonné de la part de cette membre démoniaque du Golden Triplet.

Je fis la moue, réfléchissant.

-Tu as laissé trainer tes verres quelque part ?

Voir Reed crocheter la serrure ne me donnait pas réellement l’impression d’être sortie d’une grosse et bizarre hallucination… Pourquoi il faisait ça ? Où il avait appris ça ? Pour lever le mystère que lui posai directement la question et sa réponse me fit froncer les sourcils. Pas à Fairfax ? Je m’en doute ! Je suis à Fairfax et j’ai jamais appris ça !

-C’était pas ça ma question…

C’était « où » pas « pas où ».

On entra alors dans le bureau de Ricci. C’était un grand bureau avec des miniatures de voitures de sport un peu partout. Mais je ne m’attardai pas sur la décoration. Je me laissai tomber dans un siège tellement j’étais mort et tellement j’étais mal. Reed, lui, me fit un drôle de cocktail whisky/aspirine. Un cocktail dont je bus une gorgée et c’était très dégueulasse.

Cette soirée était horrible.

Reed me posa alors des questions et je dus me concentrer pour pouvoir y répondre. Et plus je me rappelais plus je me sentais mal. Mon cœur battait vite alors que je me rappelais avoir poussé Daryll dans la piscine. Est-ce que je m’en faisais pour ça ? Pas vraiment… Vicky allait sans doute m’en vouloir mais pas longtemps. Quant à Daryll, je m’en fichais complètement de ses états d’âmes. Reed confirma que j’avais poussé Daryll mais qu’il s’en remettra. J’hochai de la tête un rien recroquevillé sur moi-même.

-Ok…

Je poursuivis alors mon histoire… Enfin… Mes bouts d’histoire et quand je passais à la partie qui impliquait Kate, je n’arrivais pas vraiment à trouver mes mots parce que j’avais des trous et que me remémorer ça me rendait un rien plus malade. Au point même où je sifflai l’horrible mixture que m’avait fait Reed.

Les paroles de Reed qui disait que tout allait bien… Son regard sur moi… Ça me foutait mal à l’aise au point où je me dérobais à son regard de toute façon un rien incommodé par une douleur sur le flanc. Je soulevai mon t-shirt remarquant un bleu que je n’avais pas tout à l’heure.

Putain, comment j’ai fait ça ?

Je m’affolai légèrement me demandant si je m’étais battu… J’en voulais aussi aux cocktails. J’en avais bu que DEUX bordel ! Et je suppliais, quelque part, que Reed me croit.

Il me croyait.

Mais sa questions suivante me laissa confus et… Sur la défensive.

-Pas en état ? En état de quoi ?!

Je regrettais d’avoir posé la question dès que mes paroles avaient traversés mes lèvres. Je tremblais fuyant complètement le regard de Reed. Je ne voulais pas croire que Kate Julian m’avait frappé ou autre chose. Non ! Putain !

Il me fallut un peu de temps avant d’assimilé l’autre questions de Reed sur les verres que j’avais bus. Je les avais laissé trainé. Je me massai les tempes cherchant à me rappeler.

-Le premier, je l’ai bu en début de soirée… Heu… Je l’ai pas lâché… Je l’ai bu assez vite. J’étais avec Willow.

Mon début de soirée était assez clair dans ma tête.

-L’autre…

Mon souvenir pris du temps à revenir. Mais il revint. Je me redressai alors d’un coup sur mon siège avant de me lever et de frapper violement des deux poing sur la table.

-Putain !

Mes poings était serré. Mon visage baissé. Je tremblais.

-Kate… Kate m’a apporté l‘autre… Je l’ai bu d’un coup… Elle m’a fait des avances… Je l’ai envoyé se faire foutre en disant que je faisais pas dans la gériatrie et…

Elle s’est barrée, fâchée. Je relevai le regard la colère faisait place à la peur.

-Dis rien à Vicky, ok ? Rien du tout.

J’avais bien compris que ma réponse ne répondait pas du tout aux interrogations de Victor. Mais la vérité n’était pas bonne à dire. Je ne pouvais pas tout simplement lui expliqué qu’à son âge, je traînais avec les Los Diablos dont j’étais désormais la tête pensante.

De toute façon, il était beaucoup trop mal pour insister. Et d’autant plus mal que malgré son état, je le forçais à se concentrer sur le déroulement de sa soirée.

Je devais savoir si son état, qui n’avait rien d’un simple état d’ébriété, était le fait d’une personne simplement pas bien dans sa tête… Ou s’il y avait eu véritable tentative d’empoisonnement.

Victor faisait peine à voir. Il avait déjà l’air plus jeune que son âge, mais alors, recroquevillé sur lui-même comme il était, c’était encore plus pathétique. Je tirai sur mon cigare, l’observant et attendant qu’il retrouve ses jeunes.

J’essayais d’être rassurant, mais pas que… Je le croyais vraiment quand il disait n’avoir bu que deux cocktails. Parce que dans son discours, c’était une constante. S’il avait menti, le nombre aurait sûrement changé d’une fois à l’autre.

Mais là, non. Deux. Il était catégorique.

En plus, il me dévoila un énorme bleu sur son flanc qui me fit grimacer… Et lui poser des questions sur ce qui s’était passé entre lui et Kate Julian.

Il se mit automatiquement sur la défensive, s’emballant un peu. Je le regardai droit dans les yeux.

-Pas en état de la baiser, Victor.

Je voyais bien une Kate Julian frustrée lui balancer un coup de pied dans le flanc parce qu’il était incapable de la lever.

J’en revins donc au cocktail et à son empoisonnement. S’il y avait un risque que d’autres se retrouvent dans le même état qu’Hunter, je devais prévenir Daniele le plus vite possible.

Alors je demandai à Victor ce qu’il en était, de ces deux cocktails. Est-ce qu’il les avait laissés à portée de quelqu’un qui aurait pu verser quelque chose dedans ?

Il se mit à réfléchir très fort… Puis à s’emballer de nouveau en frappant des deux poings sur le bureau quand il se rappela une information importante. Son deuxième verre lui avait été porté par Kate Julian.

Je retirai mon cigare de ma bouche et me passai une main sur le visage avant de  regarder Victor qui était passé de la colère à la panique. Il voulait que je ne dise rien à sa sœur, la partenaire de Kate dans le Golden Triplet.

-Je ne dirai rien à ta sœur.

Je fis la moue.

-Si tu ne portes pas plainte contre Kate. Même si elle t’a violé. Il en va de la réputation des fêtes de Daniele.

Je doutais, vu qu’il ne voulait pas que sa sœur soit au courant, que Victor veuille porter plainte. Mais comme il n’avait pas les yeux en face des trous, je préférais préciser.

-Je vais m’occuper de Kate Julian. Ça ne se reproduira plus. Tu as ma parole.

Kate était un problème. Un vrai problème. Et j’avais l’impression que c’était de pire en pire.

Je m’emballai sérieusement quand Jimmy me demanda si Kate ne m’aurait pas frappé voyant que je n’étais pas en état. Ma question sortit toute seule et, après l’avoir posée, je la regrettai sur le champ. Surtout quand ce fut pour me faire envoyer dans la figure la réponse sans équivoque de Reed.

Une réponse qui me fit à la fois enragé, avoir honte et plein d’autres choses tout en même temps. Mon égo était touché car j’avais envie de lancé à Reed que je suis ABSOLUMENT toujours en état. Mais, en même temps, être en état aurait signifié que Kate avait pu aller jusqu’au bout. Et ne pas l’être me faisait passé pour le dernier des foutus puceaux.

Dans tous les cas, ça me faisait me sentir franchement mal…

Je lança alors d’une voix casée par la colère et une touche de peur ;

-Je suis TOUJOURS en état !

Reed chercha encore à investigué comme si il était un foutu flic. Pourquoi il faisait ça ? Je n’en savais rien… Pour m’aider ? Putain, ça m’étonnerait ! Il se foutait de moi comme de sa première couche. Je ne suis pas totalement débile.

Je rassemblais alors mes neurones pour essayer de me rappeler ce qui avait pu arriver à mes cocktails… Pour le premier le souvenir était assez clair. Je l’avais pris au bar et je l’avais bu sans le lâcher tout en draguant Willow.

Le second par contre…

Je réussis à me rappeler que c’était Kate qui me l’avait donné en me faisant dans avances.

Cette révélation me fit m’emballer d’autant plus alors que j’avais tapé des poings sur le bureau de Ricci. Une colère qui fit, ensuite, place à la peur.

Je ne voulais pas que Vicky le sache.

Absolument pas.

Reed confirma qu’il ne dira rien. Je me laissai à nouveau tomber dans mon siège enserrant mon ventre comme pour me protéger… De quoi d’ailleurs ?

-Ok…

Mais il y avait une condition. Que je ne porte pas plainte. J’avais aucune putain d’envie de faire ça ! Bien que je comprenais que ce dont avait peur Reed, c’était que la réputation des fêtes de Ricci soient entâchées. Je dis alors sur un ton ironique :

-Porter plainte ? Putain, je me rappelle de rien ! Je suis pas con ! Même si je porte plainte, j’ai aucune foutue preuve ! Si ça tombe, il ne s’est rien passé !

Et je préférais penser ça, en fait. Même s’il était évident que je n’avais pas enlevé mes vêtements tout seul. Quoi que… Putain, j’en sais rien moi…

Je déglutis passant une main tremblante sur mon visage. Reed lui déclara qu’il allait s’occuper de Kate et que ça ne se reproduira plus. Je le fixai longuement avant d’hocher de la tête… Je soufflai:

-Merci...

Tout ça me retournais l’estomac…

Et je me levai bien déterminé à aller prendre une foutue douche! Et pourquoi pas d'autres cocktails pour définitivement oublier... Mais c'était sans compter sur quelqu'un qui toqua à la porte:

-Jimmy? Tu es là?

Je blêmis Me mis à trembler en entendant la voix de Kate... Et mon instinct de survie fut d'aller directement me réfugier derrière la porte du placard de ce foutu bureau. Je fermai la porte, fermai les yeux alors que, sans attendre que Jimmy ne dise quoi que ce soit, Kate entra dans la pièce. Je mis ma main devant ma bouche ayant peur qu'elle ne m'entende de serait-ce que respirer.

Ce fut d’une voix cassée par les émotions que Victor me répondit qu’il était toujours en état de faire l’amour à une femme. Je ne pus m’empêcher de sourire, parce que sa voix avait trahis ce que son esprit ne voulait pas accepter.

-D’accord… Disons « pas consentent » alors…

Je menais ensuite ma petite enquête, sous forme d’un interrogatoire sensé remettre un peu les idées en place à Victor pour savoir qui l’avait mis dans cet état. Parce qu’il avait beau être jeune, ce n’était sûrement pas deux pauvres cocktails qui auraient pu le mettre dedans.

Docile, Hunter fit un véritable effort de concentration pour se rappeler qui il avait croisé, à qui il avait parlé.

Et finalement, l’évidence le laissa bouche bée et complètement paniqué.

Kate Julian. Le problème venait de Kate Julian.

Le mannequin n’était pas ce qu’il y avait de plus commode comme femme. Quand elle désirait quelque chose, elle faisait tout pour l’obtenir, peu importait les moyens. Je l’avais déjà vu forcer des gens à faire ce qu’elle voulait.

Et elle utilisait des méthodes bien moins subtiles que les miennes.

Alors ? Avait-elle été jusqu’à droguer Victor pour l’amener de force dans son lit ?

J’avais vu son regard un peu plus tôt, quand elle avait déclaré qu’elle allait mettre le jeune homme au lit. Et je n’avais aucun doute qu’elle ait pu faire ça.

Et vu la tronche de Victor, il en était persuadé aussi.

Je ne dirais rien à sa sœur, je lui en fis la promesse. Quant à Kate, j’allais m’en occuper. C’était aussi une promesse.

Victor allait s’en aller, perturbé mais quelque peu rassuré que la chose ne s’ébruite pas, quand Kate Julian frappa à la porte. Je crois que je n’avais jamais vu quelqu’un se mettre aussi vite en mode camouflage que Victor à cet instant… Pas même les Los Diablos à la vue d’une voiture de police…

Et heureusement qu’il avait fait vite, parce que Kate n’attendit pas que je réponde pour entrer. Je m’installai nonchalamment sur le fauteuil de Daniele et tirai longuement sur mon cigare en la foudroyant du regard.

-Je ne t’ai pas dit d’entrer… Comment savais-tu que j’étais ici ? Tu as un radar à la place du cerveau ?

Je lui désignai le siège où Victor était assis juste quelques secondes plus tôt.

-Mais tu tombes bien, il faut qu’on parle.

J’attendis qu’elle s’asseye puis lançai.

-Tu sais, Kate… Le détournement de mineur est un crime. Mais le pire, c’est encore de risquer qu’un jeune homme fasse une overdose juste pour tirer ton coup.

Pas consentent…

Sans blague… Jamais je n’aurais voulu me taper une vieille peau comme Kate Julian ! Elle avait quoi ? L’âge de ma sœur ? Une veille de 28 ans. Elle a plus de 10 ans de plus que moi, bordel ! Elle est certainement pleine de cellulite !

Et rien que de penser à tout ça, j’avais ENCORE plus envie de vomir.

Quant à Reed, il enquêta… Il me fit creuser dans mes souvenirs flous de ma soirée me faisant passer par le désespoir, la colère et le dégout tout à la fois. Je ne voulais pas que Vicky soit au courant de tout ça et il me promit de ne rien dire. Quant à Kate, il avait dit s’en occuper. Un truc qui m’apaisa un peu.

Je m’étais alors levé déterminé à aller me prendre une douche et me foutre une mine pour oublier. Mais on toqua à la porte et quand la voix derrière se fit entendre, je reconnus Kate. Et je fis ni une, ni deux pour aller rapidement me réfugier dans le placard du bureau de Ricci. Je retenais mon souffle alors que le mannequin entra dans la pièce.

Reed répliqua à Kate qu’il ne lui avait pas donné l’autorisation d’entrer avant de lui demander franchement comment elle avait su qu’il était là.

Putain, est-ce qu’elle sait que je suis là ?

Je pouvais vaguement la voir dans une légère fente parce que je n’avais pas entièrement fermé la porte.

-Non… Je passais dans ce couloir. J’ai senti l’odeur du cigare et j’ai cru entendre ta voix. Tu parles tout seul, Jimmy ?

Je déglutis… Putain pourvu qu’elle ne me voit pas.

Elle s’installa alors quand Reed déclara qu’il fallait qu’ils parlent. Vous savez quoi ? J’étais pas sûr que je voulais être témoin de la conversation. Mais non seulement, j’étais figé ici sans avoir la force de bouger mais, en plus, une partie de moi voulait quand même entendre.

Et Reed rentra directement dans le vif du sujet. J’avais toujours ma main devant ma bouche autant pour éviter que Kate ne m’entende respirer que pour m’empêcher de vomir.

J’entendis Kate rigoler d’un rire un peu las… Sûrement parce qu’elle avait pas mal bu elle aussi. Puis, elle reprit d’un coup son sérieux.

-Tu m’accuse de chose que je n’ai pas faites. Tu parles de Victor c’est ça ? J’imagine que oui vu que c’est le seul mineur drogué présent ici. J’ai vu qu’il était drogué. Mais je ne l’ai pas drogué. Quand il t’a insulté, j’ai bien remarqué qu’il n’était pas dans son état normal. Je l’ai accompagné dans une des chambres de la villa…

Qu’elle la ferme ! Je ne veux pas entendre la suite !

-J’avoue… Je l’ai embrassée. Mais je n’ai rien fait d’autre, Jimmy ! Je te vois bien venir avec tes accusations ! Comment voulais-tu que je fasse quoi que ce soit alors qu’il ne savait même pas la lever ? Après l’avoir embrassé et remarqué que ça ne lui faisait rien, je suis partie ! Tout simplement ! Mais moi, drogué le frère de mon amie ? Jamais !

Je me sentais un peu soulagé… Mon cœur battait tout de même vite… Et il accéléra quand la voix de Kate baissa de ton. Je ne pouvais pas voir son sourire d’ici mais elle souriant à Reed.

-Par contre… Dario Giordano, lui…

Mes yeux s’écarquillèrent. Dario Giordano est un acteur d’environs la trentaine, qui vient d’une famille de gros riche italien qui sont très amis avec Daniele Ricci. J’ai croisé quelques fois Dario ici. Mais je crois pas lui avoir déjà parlé une seule foutue fois !

-Il m’a donné un cocktail tout à l’heure en disant que c’était pour Victor. Je l’ai apporté à Victor. C’est après avoir bu ce cocktail que Victor a commencé à faire un tas de chose bizarre et que j’ai compris qu’il avait sûrement été drogué. Ce n’est pas moi, Jimmy… Quant au détournement de mineur… Tu peux m’accuser de ça, si tu le penses mais je n’ai rien fait d’autre que l’embrasser. Après je suis sortie… J’ai croisé Dario dans le couloir, par contre et il allait exactement là d'où je venais. Vu qu’il est redescendu bien après je me suis dit que, lui, avait peut-être réussi à lui faire la lever.

Elle ricana…

Je sentis quelque chose se briser en moi… J’avais le regard figé droit devant moi… Mon cerveau m’envoya des flashs de Dario… Je m’étais laissé glisser le long du mur pour finir assis ma tête entre mes genoux complètement prostré.

Je n’avais pas vu que Kate avait brièvement regarder vers la porte du placard avant de remettre son regard sur Reed.

-Victor n’avait qu’à écouter. Ce genre de fête, ce n’est pas pour les bébés. As-tu d’autres choses à me dire ou à m’accuser sans raison ? La fête n’est pas finie… J’aimerais en profiter encore un peu.

Ce n’est pas de l’alcool qu’il me faut là… C’est un flingue. Je n'avais même pas remarqué que les larmes coulaient le long de mes joues.

Le problème avec Kate Julian, c’était qu’elle était beaucoup de choses, mais c’était loin d’être une imbécile. « Vicieuse » était probablement l’adjectif qui lui collait le mieux à la peau. Elle avait remarqué l’odeur de cigare et avait reconnu ma voix grave si particulière.

-Non, je ne parle pas tout seul. J’étais au téléphone.

J’avais jeté un bref coup d’œil au combiné sur le bureau. Elle n’était pas idiote ? Moi non plus.

Par contre, je me gardais bien de regarder vers le placard où Victor avait trouvé refuge. Ce qui allait se passer allait être une épreuve pour lui, mais il pourrait, en même temps, constater ce que valait la parole de Jimmy Reed.

Je mis donc Kate devant le fait accompli. Je savais. Comme je savais beaucoup de choses sur beaucoup de gens et personne ne me demandait jamais comment j’étais en possession d’autant d’informations. Dans le monde dans lequel j’évoluais, il était bien connu que Jimmy Reed savait tout. Et qu’il fallait faire attention.

Alors que tout ce que je faisais, c’était ouvrir grands les oreilles et les yeux.

Je hochai la tête quand elle me demanda si je parlais de Victor. Rien ne servait de nier puisque, comme elle le disait elle-même, Victor était le seul mineur à avoir eu le cran de tenter sa chance pour participer à cette fête.

Puis, je la laissai s’expliquer. Elle m’avoua avoir embrassé Victor après l’avoir emmener dans la chambre, mais rien de plus.

Je l’écoutais en ne la quittant pas des yeux, la jaugeant comme si j’étais un foutu polygraphe vivant… Cherchant la moindre contraction de pupille, rougeur ou perle de sueur. J’avais l’intime conviction qu’elle ne mentait pas. D’autant que si Victor, après avoir été conduit par Kate dans la chambre, n’avait reparu que deux heures plus tard, j’avais vu Kate parmi les invités bien avant ça.

Ce furent mes pupilles qui se contractèrent quand elle parla de Dario Giordano.

Giordano était un acteur qui avait un vague lien d’amitié avec Daniele. Et je savais que, sexuellement parlant, Dario aimait autant les hommes que les femmes. Et Kate le savait aussi.

J’avais bien des défauts : j’étais misogyne, conservateur et cupide. Mais il y avait quelque chose qu’on ne pouvait pas me reprocher : juger l’orientation sexuelle des gens. Je n’en avais que faire de ce que les gens faisaient dans l’intimité. De plus, je devais bien admettre que nombre de grands personnages historiques et contemporains des plus importants étaient homosexuels. Cela ne me dérangeait pas du tout.

Le viol, par contre, était quelque chose que j’exécrais, quel que soit le sexe du violeur et de sa victime.

Ecoutant le récit de Kate, choqué, mon cigare se consumait tout seul entre mes doigts.

-Je te crois, Kate. Et disons que c’est bon pour cette fois. Je ne vais pas te détruire pour un baiser. Mais que cela ne se reproduise plus.

J’appuyai ma phrase d’un regard sans équivoque. Kate affirma une dernière fois que les fêtes de Daniele n’étaient pas pour les enfants. En gros, elle pensait que s’il était arrivé quelque chose de grave à Victor, c’était en grande partie sa faute.

-Je n’ai plus rien à te dire. Tu peux y aller… Sauf si tu es venue me déranger pour un raison en particulier.

Mais à mon avis, elle avait juste voulu savoir si je parlais vraiment tout seul. C’était une curieuse en plus du reste.

Elle se retira, sortant du bureau… je repris mon cigare en bouche, en mordillant le bout, guettant les claquements des talons de Kate dans le couloir. Quand elle me sembla assez loin, je me levai, écrasai mon cigare dans le cendrier et allai ouvrir le placard.

Victor était là, recroquevillé sur lui-même, les joues mouillées de larmes.

-Un mot de toi. Une confirmation. Et Dario Giordano disparaîtra de la jet-set.

Peut-être que les paroles de Kate avaient réveillé les souvenirs enfouis de Victor. Vu sa tête, je n’en doutais pas.

-Oh ! Il y a des gens encore réveillé à 1h du matin, Jimmy ?

C’est ce que Kate rétorqua à Jimmy quand il expliqua pourquoi il parlait tout seul. Ça me fit serrer encore plus ma main contre ma bouche alors qu’ils semblaient chercher à jouer à celui qui serait le plus malin.

Quand Jimmy rentra dans le vif du sujet, mon cœur se mit à battre plus vite. Mais si je m’attendais à entendre ce que mon esprit commençait à doucement se faire, je ne m’attendais pas à ce que les choses soient pires.

Bien pires.

J’écoutais Kate… Et plus je l’écoutais plus j’avais l’impression de me liquéfier. Parce que plus elle parlait, plus je sentais des flashs de plus en plus claires revenir. J’avais littéralement senti quelque chose se briser.

J’avais finis assis à terre alors que Kate en avait terminé avec son récit. Elle s’était défendue comme si elle avait été devant une cours dont le juge était Jimmy Reed. Comme si Kate avait bien compris qu’elle devait prendre sa propre défense pour ne pas finir au ban dans le jet-set.

Mais j’aurais voulu qu’elle ne se défende pas. J’aurais voulu qu’elle ne passe jamais cette porte et que je n’entende rien.

Je m’étais brièvement bouché les oreilles mais mes mains avaient finis par glisser croisée autour de mes genoux. Les larmes coulaient sur mes joues alors que Jimmy disait croire Kate.

Non. Elle ment. Faites qu’elle ment.

Mais elle ne mentait pas… Parce que je me rappelais.

-Ne t’en fais pas, Jimmy. Ça ne se reproduire plus. De toute façon, il est évident que je n’ai pas les atouts que voudrait Victor contrairement à Giordano.

Non… Non… Non… Qu’elle la ferme ! Je fermai brutalement les yeux n’entendant pas Kate dire qu’elle n’avait, en effet, plus rien à dire à Reed. Je ne l’avais pas entendu se lever non plus parce que les flashs se firent plus intenses. Les lèvres de Dario sur les miennes. Moi qui réagit. Lui qui me demande de me mettre à genoux devant lui. Moi qui ne comprends pas ce qu’il veut. Lui qui me frappe pour que j’obtempère. Le reste est plus flou mais sans équivoque au point où même les douleurs commençaient à émerger à plusieurs endroits. J’avais du mal à respirer. J’entendais encore Dario gémir. Putain ! Et je l’avais laissé faire ! Je l’avais laissé tout faire.

Le mélange de tout ça étant intolérable. J’avais résisté à Kate… Pas à lui. Pourquoi ?! Putain, pourquoi ?!

Je sanglotais silencieusement quand Reed ouvrit la porte. Je l’entendis dire qu’il lui suffisait d’une confirmation. Une seul. Et Dario allait disparaitre de la jet-set.

J’étais jeune… J’avais forcé mon entrée dans la jet-set. Mais je n’étais pas stupide. Je connaissais les règles de la jet-set. Et je savais que l’une des règles primordiales était de ne JAMAIS se mettre Jimmy Reed a dos. Il est riche, puissant, intelligent, à ses propres principes et est impitoyable. C’est un combo mortel.

Une arme.

Et j’avais l’impression, là toute suite, qu’il était ma seule foutue bouée de sauvetage. Le seul en qui je pouvais avoir confiance.

J’avais toujours ma tête entre mes genoux.

-Elle a rien fait… Elle l’a vu entrer et elle a rien fait…

Je parlais de Kate alors que me voix était marquée par les sanglots.

Mais il fallait une confirmation à Jimmy.

-Il…

Je frissonnai d’effrois me contractant avant de souffler :

-Je me rappelle de tout…

Pas totalement tout. Des flashs. Mais c’était déjà trop. J’aurais voulu pas m’en rappeler.

-Je l’ai laissé tout faire… Putain…

Ma voix était toujours remplie de sanglots. Je levai alors, pour la première fois les yeux vers Reed. Des yeux rougis par les pleurs mais, dans mon regard, on pouvait voir de la colère.

Parce que j’étais en colère.

Je dis alors d’une voix plus déterminée :

-Je veux qu’il souffre.

Plus que je souffrais.

-Je veux qu’il disparaisse.

Je ne voulais plus jamais le revoir.

Je regardai Kate d’un air torve.

-Tu es bien réveillée, toi.

Alors pourquoi pas d’autres ? De toute façon, je n’avais pas à me justifier à Kate Julian. Elle, par contre, avait tout intérêt à se justifier sur ce qu’il s’était passé avec Victor.

Je croyais déterrer une histoire sordide… Mais je ne m’étais pas attendu à ce que ce soit encore bien pire que ce que j’imaginais.

Le pauvre et jeune Victor s’était fait avoir par Giordano. Et j’avais pleinement conscience que le frère de Vicky était en train de tout découvrir en même temps que moi. Parce que Kate ne mentait pas, j’en étais persuadé. Je le savais…

C’était une question d’instinct. Et je connaissais le Golden Triplet comme si je l’avais moi-même monté.

Elle me dévoila tout… Et si mon visage ne laissa rien paraître du fait que j’étais à la fois choqué et en colère qu’une ignominie pareille puisse se dérouler lors des fêtes de Daniele, je me sentais hors de moi.

Victor était un gamin. Les gamins, c’était sacré. On ne pouvait pas y toucher. Pas dans ma conception des choses.

Kate me promit que ça ne se reproduirait plus. Qu’elle ne poserait plus ses lèvres avides de nouvelles proies sur le frère de sa meilleure amie. Sachant Victor planqué dans le placard, j’aurais préféré qu’elle s’abstienne d’agrémenter sa promesse d’un commentaire, mais je ne pouvais pas vraiment l’en empêcher.

Elle sortit et j’allais ouvrir la cachette de Victor pour le découvrir complètement démoli, recroquevillé et en larmes.

Il avait raison, Kate aurait pu empêcher ce qui était arrivé. Elle connaissait Giordano et ses penchants aussi bien que moi. Elle n’avait rien fait.

Je m’accroupis pour me mettre à hauteur de Victor mais ne fis aucun geste pour le toucher, même dans le but de le réconforter. Je savais que les victimes de viol n’aimaient pas qu’on les touche.

Par contre, je pouvais promettre une chose à Victor : que je pouvais faire disparaître Giordano. Victor se rappelait de tout ce qui s’était passé… Et je savais que ça le rongerait longtemps.

Je pouvais faire quelque chose, je le savais.

Je pouvais tout faire. C’était mon monde et Giordano n’était qu’un touriste.

Alors, Victor me donna le feu vert.

Une semaine plus tard, l’acteur Dario Giordano, 33 ans, se retrouvait estropié et incapable de poursuivre sa carrière d’acteur après un grave accident de voiture.