Je passais d’un invité à un autre, discutant parfois brièvement, parfois longtemps mais toujours, je restais souriante et intéressée. C’était la fête de Daniele mais je le représentais, d’une certaine façon. J’avais bien conscience que j’étais le second choix dans les conversations des gens, qu’ils m’abordaient parce que mon époux était occupé ailleurs mais ça ne me dérangeais pas le moins du monde. J’aimais bien jouer mon rôle d’hôtesse bien que la fête qui pouvait à tout moment se changer en orgie de bourgeoisie m’angoissais. J’avais accepté que Daniele achète son yacht, j’avais donc accepté tout ce qui venais avec et, entre vous et moi, le voir souriant et s’amuser comme un petit gamin n’avait pas de prix ! Je pouvais passer par-dessus mes principes un peu trop puritains pour la jet-set de Los Angeles.

Ainsi donc, je n’avais pas été au bras de mon mari depuis le début des festivités mais j’avais assistés, tout comme lui et tout le monde réunis ici ce soir, aux prestations d’Howard Stone, à la mise en scène douteuse de Jimmy Reed, à la réplique questionnable de Sniper puis voilà maintenant que Sonne Ferguson, puisque mon époux l’appelait encore ainsi, était sur scène et livrait ma foi, une chanson qui m’en donnait des frissons tant elle était interprétée avec passion et justesse.

Daniele ignorait-il qu’il avait une véritable pépite entre les mains ?

Soit il l’ignorait, soit il avait trop peur de la perdre pour l’exploiter sachant très bien que son infâme meilleur ami l’empêcherait de mettre sa secrétaire sous contrat parce que pour lui, aucune femme ne mérite d’avoir un peu de lumière. Toutes les femmes, sauf sa fille.

Je restais muette et les yeux fixés sur la scène tout au long de la prestation de Sonne me répétant que si mon époux était trop peureux pour faire un pas en avant, moi, je le ferais ! Et je n’hésiterais pas !

Eddy avait dit que s’il croisait Ian, il essayera de le convaincre. Mouais.. Je voyais mal le petit Cort prendre le gamin par la peau du cou et le foutre dehors. Pourtant, c’est bien tout ce qu’il méritait !

Moi – si je le voyais – j’allais directement appeler la sécurité pour que le morpion soit mis hors des limites de MA plage et de MON yacht.

Parce qu’il n’avait rien n’à faire ici.

Après la – surprenante – prestation de Sonne, Eddy s’en était allé avec, à son bras, Willow qui semblait comme collée complètement à lui. Je les avais salué et j’avais regardé autour de moi afin de voir si je voyais la tête blonde de Ian Hunter. Si c’était le cas, il allait passer un très sale quart d’heure.

Mais je ne le vis pas – pour mon plus grand désespoir. Par contre, je pus, enfin, entre-apercevoir Sammy un peu plus loin. J’avais esquissé un sourire très content de trouver quelques instant pour aller vers ma femme.

C’est ce que je fis en venant par derrière elle pour la surprendre. J’avais posé mes mains sur ses épaules.

-BOUH !, lançais-je avant d’afficher un grand sourire aux lèvres.

Quand elle fut retournée, j’avais rigolé un peu.

-Je pensais n’avoir jamais une minute pour toi, dis-je avec un petit sourire aux lèvres. Alors ? Cette fête ? Tu en dis quoi ?

Car je n’avais pas encore eu le temps – du coup – de lui demander ce qu’elle en pensait.

-Tu as vu la prestation de Sonne ?, demandais-je dans la foulée. Belle voix. Je en savais pas qu’elle savait chanter.

Comme quoi, même mes employés les plus proches avaient encore quelques secrets pour moi.

La prestation de Sonne Ferguson m’avait complètement bluffé ! Pour une amateure, elle n’avait absolument rien à envier aux autres qui avaient foulés la scène avant elle. Sonne m’avait charmée, rien de moins, je me demandais même comment cela se faisait que personne ne s’était rendu compte de son talent avant ce soir. Ne chantait-elle jamais en travaillant ? Bon, il est vrai qu’en classant des dossiers, elle ne devait pas avoir envie de pousser la note comme elle l’avait fait ce soir mais tout de même ? Son mari ne l’avait jamais entendu chanter une berceuse à leur rejetons avant d’aller au lit ?

Ce serait bête, stupide et triste de laisser un diamant brute se faner. Si Daniele n’allait pas la trouver pour discuter de ce qu’elle venait de faire, j’irais moi ! De toute façon, même si Daniele désirait exploiter le talent de sa secrétaire, il ne pourrait jamais le faire. Son imbécile d’ami et accessoirement patron lui mettrait éternellement des bâtons dans les roues.

Une honte pour la profession que ce Jimmy Reed !

- Mmmh  Quelle agréable surprise !

Mon tendre époux venait justement de me surprendre en m’enlaçant par derrière avant de me faire me retourner. Je l’enlaçais et je l’embrassais avant qu’il ne dise d’être inquiété de trouver du temps pour moi ce soir.

- Tu es la vedette de la soirée, quoi de plus  normal que tous veuillent discuter avec toi ? Je me suis trouvée fort bien occupée moi aussi, de toute façon ne t’en fait pas.

Il voulait savoir ce que je pensais de la fête et, j’inspirais profondément avant de laisser échapper un long soupir. Je devais bien avouer que c’était une réussite sur toute la ligne, enfin, sauf pour la petite apparition imprévue d’Howard Stone et de la comédie mal acté de Jimmy Reed par la suite ! Je ne savais pas lequel des deux avaient été le plus grotesque dans tout cela.

- Ta fête est très réussie, amore mio.

Je n’avais vue encore personne courir flambant nue non plus que je n’avais surprit de gens en postures douteuses alors ça allait.

Daniele mit lui-même sur le tapis le sujet qui me brûlait les lèvres. Le talent de sa secrétaire semblait être réellement un secret bien gardé puisqu’il avoua ne pas savoir lui-même qu’elle chantait si bien.

- Je l’ai vu s’enfiler verre de champagne par-dessus verre et nous avons tous entendu la puissance et la justesse de sa voix ! Mio Dio !

Je regardais Daniele dans les yeux, souriant tout comme il me souriait. Il était si beau, les yeux pétillants comme un gamin, ses cheveux légèrement ébouriffés, l’air totalement espiègle.

- Dis-moi, tu n’aurais pas d’objection que je parle affaire avec ta secrétaire. Une voix comme celle-là, il n’en passe pas souvent. Ce serait bête de passer à côté d’une occasion à un million. Une chanteuse soprano qui tient si bien la note, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue alors qu’une bonne secrétaire, il en sort plein de l’école tous les ans.

J’avais surpris Sammy mais elle avait plutôt apprécié vu le baiser que je reçus quand elle se retourna vers moi. J’avais souligné n’avoir pas eu beaucoup de temps à lui consacré jusqu’ici. Il faut dire que j’étais demandé dans tous les coins. Qui ne voudrait pas passer quelque minutes avec Ricci The Best, après tout ? Et ça Sammy l’avait très bien compris. Elle-même avait été bien occupée – ce qui n’était guère étonnant.

-Certes ! Nous sommes des gens très demandé, dis-je en affichant un petit sourire.

Mais qu’est-ce que Sammy pensait réellement de cette fête ? C’était la grande question que je ne tardai pas à poser. Pour moi – malgré Stone et Sniper – c’était une vraie réussite. Je devais juste ajuter la sécurité pour la prochaine fois vu que même Ian Hunter semblait avoir réussi à passer entre les mailles du filet. A ma question, Sammy laissa échapper un soupire ce qui m’avait fait esquisser un petit sourire en coin. J’aimais laisser Sammy sans voix. Je savais qu’elle ne pouvait trouver que très peu de défauts à cette inauguration. Pour cause, elle avoua que ma fête était une réussite.

-Je sais, amore mio, dis-je très fier. Mais j’aime te l’entendre dire.

Evidemment, je n’avais pu m’empêcher de parler de ce que Sonne venait de réaliser sur ma scène. C’était l’événement qui venait de se produire alors c’était tout naturel que j’engage la conversation là-dessus. Sammy avait – comme tout le monde – était témoin de ça. Ce qui était étonnant, c’était que j’ignorais ce talent caché de ma secrétaire qui était, pourtant, à mon service depuis un moment déjà. Je n’ignorais pas qu’elle avait eu une précédente carrière de danseuse… Mais danser ne veut pas forcément dire qu’on sait chanter.

Sammy avait vu Sonne allègrement se saouler avant de monter sur scène. Est-ce que c’est l’alcool qui l’avait poussé à se libérer de la sorte et trouver le cran de monter sur scène ? Sans doute. Peut-être qu’avant ça, Sonne elle-même ne pensait pas être si douée pour le chant.

-Ça a dû l’aider à trouver le courage de grimper sur scène, dis-je avec un petit sourire en coin. Car, jusqu’ici, elle semble avoir caché ce talent à tout le monde.

Sauf que je ne m’attendais pas à ce que Sammy aille parler affaire avec Sonne. Certes, ma secrétaire avait fait une très bonne prestation mais ça ne voulait pas dire qu’elle était faite pour une carrière de chanteuse, ni même qu’elle le désirait. Avoir une bonne voix et chanter juste ne montre pas qu’on sait composer, faire des albums, partir en tournée. Sammy devait savoir tout ça. Sans compter que… J’y tiens, moi, à ma secrétaire ! Et Sammy avait beau dire qu’on pouvait trouver de bonnes secrétaires partout, je n’étais pas totalement d’accord avec de fait. Quand j’ai voulu remplacer Sonne quand elle ne pouvait me suivre en tournée, j’étais tombé sur une catastrophe ambulante !!!

-Tu veux me voler ma secrétaire pour en faire une chanteuse ?, dis-je choqué. Et tu penses que je vais pouvoir retrouver une secrétaire aussi compétente ? J’ai déjà essayé d’en trouver une ! Mais ça ne fut pas concluant. J’ai besoin de Sonne, moi, Sammy !

Moui – j’en avais besoin ! Extrêmement besoin.

-Sans compter que, certes, Sonne a une belle voix et du talent pour le chant… Mais il lui a fallu une tonne de champagne pour trouver la force de monter sur scène. Qui te dis qu’elle voudra se lancer dans une telle aventure ? Puis… Être chanteuse ce n’est pas simplement avoir une belle voix. C’est aussi avoir des talent de compositrice. A moins que tu ne veux faire de Sonne qu’une simple interprète…, dis-je pas du tout convaincu par le projet.

Daniele m’avait surpris de la plus agréable des façons. Enfin, nous avions la possibilités de passer quelques instants ensemble. Depuis le début de la soirée nous ne nous étions qu’entrevus, ce qui était tout à fait normal ! Tout le monde voulait son petit moment avec la vedette de la soirée et moi, en bonne épouse, j’entretenais l’attente des autres en discutant avec eux, en souriant et en veillant à ce que les plateaux d’alcool à offrir soient toujours pleins.

- En effet mais c’est toi et uniquement toi la vedette de la soirée.

Lui et personne d’autre et surtout pas Jimmy Reed qui avait semblé vouloir attirer l’attention sur lui pour la détourner d’Howard Stone. Pour la cause, j’encensais Stone secrètement d’avoir baptisé les chaussures affreuses de Reed. D’ailleurs, qui vient à une fête sur la plage avec de telles chaussures aux pieds ? Certainement pas quelqu’un qui a un bon goût vestimentaire.

Évidement, je ne pouvais échapper à la question qui brûlait les lèvres de mon tendre et cher époux. Il voulait que je lui dise franchement ce que je pensais de la fête. Je ne pouvais pas lui mentir, cette fête était parfaite ! Et quand je le lui confirmais, son visage afficha un sourire on ne pouvait plus fier.

- Je m’en doutais, amore mio.

Je l’embrassais avant que l’on ne parle de Sonne et de ce qu’elle venait de faire sur scène. Je crois qu’elle en avait surpris plus d’un ce soir, dont son patron. En tous les cas, moi, j’en avais vu des frissons de plaisirs à l’entendre pousser la note avec autant de force et de justesse, alcool ou non, elle avait indéniablement un grand talent et il serait bête de ne pas l’exploiter.  Daniele faisait cependant remarquer que jusqu’ici, elle avait garder ce talent bien caché quoi que…

- N’a-t-elle pas chanté lors de notre réception de mariage ? Il me semble bien que oui mais j’étais si occupée ce soir là que je ne suis plus certaine.

Je n’étais pas prête à mettre ma main au feu mais pas loin ! Il me semblait que cela n’était pas la première fois que la secrétaire de mon mari montait sur scène mais la véritable question était de savoir si elle avait trop but ce soir là aussi ! Si c’était le cas, ce serait peut-être un problème pour la convaincre d’envisager une carrière.

Le visage de Daniele perdit un peu de sa contenance quand je lui dévoilais mes intentions. Loin de moi, perdre de ma confiance, je répondis par l’affirmative à sa question.

- Oui, je songe discuter avec Sonne d’une possible carrière. Daniele, il s’agit d’un diamant brut, toi-même tu m’as souvent répété de toujours suivre mon instinct.

Il sortait une nouvelle secrétaire de l’école toutes les demi-minutes ! Daniele n’aurait pas de mal à la remplacer, bien que pour son travail, Sonne était également une pierre précieuse. Daniele ne jurait que par elle pour un tas de tâches qu’on ne peut soupçonner.

- Vole Frances à Jimmy  et puis voilà ! Puis, en fait, Jimmy n’a pas réellement besoin d’elle. À part dormir dans son appartement qui lui sert de bureau et se croire le roi du monde en regardant par la vitrine, que fait-il d’autres ?

Il gère les Los Diablos et pour cela, il n’a pas besoin de Frances.

- Effectivement, elle a beaucoup bu mais ceci n’empêche pas cela. Je suis convaincue que lorsqu’elle aura vue toutes les possibilités qui s’offre à elle, elle voudra tenter sa chance. Ta secrétaire à des goûts de luxes, souviens-toi combien elle s’extasiait sur tout lors du séjour de sa famille chez nous. Puis pour ce qui est des compositions, nous avons des paroliers exceptionnels qui composent de magnifiques chansons avec l’espoir qu’elles trouvent une voix. Non, je suis certaine que Sonne à un avenir de chanteuse qui l’attend à bras ouvert !

Je regardais Daniele avec un sourire en coin. Je ne tenais pas à tout prix lui voler sa secrétaire mais je voulais à tout le m oins discuter avec Sonne et voir ce que la principale intéressée en pensait. Après tout, je ne pourrais rien faire si la secrétaire de mon époux ne voulais pas tenter sa chance.

- Mais dis-moi, amore mio ? Tu ne t’objecte tout de même pas à ce que je tente une approche avec Sonne ? Parce que, soyons honnête, tu n’as aucune chance de la signer parce que ton meilleur ami a à ce point peur des femmes qu’il fait en sorte de les diminuer alors que nous savons tous très bien qu’il ne serait jamais là ou il est s’il n’y avaient pas eues de femmes influentes autour de lui.

Effectivement ! Je suis la vedette de cette soirée ! Ce genre de fête me donnait l’impression d’avoir 10 ans de mois. Et j’étais fier de voir que j’étais toujours celui qui savait préparer les meilleures fêtes. Il n’y avait aucun doute là-dessus !

Sammy devait se rendre à l’évidence que tout ça était une réussite. Elle avait été réticente à ce que je recommence ce genre de réception. Désormais, elle pouvait vraiment voir que Daniele Ricci savait y faire et que – même elle – était sous le charme des fêtes made in Ricci.

Nous nous embrassâmes avant que la petite surprise de Sonne ne vienne sur le tapis. Je devais bien avouer que j’ignorais les talents de ma secrétaire pour le chant. Je ne pouvais nier qu’elle m’avait impressionné par son talent. Seulement, il semblerait que ça soit l’alcool qui l’avait aidé à grimper sur scène et à chanter. Sammy, elle, se rappelait que Sonne avait déjà chanté lors de notre mariage. J’avais dû faire un effort de mémoire pour me rappeler un rien ces faits.

-Je pense, dis-je en faisant une moue pensive. Lors du karaoké, si je me rappelle bien. Mais ce n’est pas pareil que de grimper sur scène comme elle l’a fait ce soir.

Je pense qu’elle en avait surpris plus d’un. Je me demandai si Axel Moriarty est au courant. Sonne est sa femme – j’imagine qu’il doit savoir si sa femme sait chanter ou non… Seulement, le connaissant, je doutais qu’il ait apprécié la prestation de Sonne.

Moi, j’avais apprécié ! Bien que je ne m’attendais aucunement à ce que Sammy veuille parler affaire avec ma secrétaire ! C’est MA secrétaire… Je ne voulais pas vraiment qu’elle soit débauchée par ma femme pour faire une carrière de chanteuse pour MTI… Surtout que nous ne savions pas bien si Sonne était capable de faire ça sobre… Car c’est problématique si elle ne sait monté sur scène qu’avec des dizaines de verres dans le nez.

Sammy comptait tout de même lui parler en me rappelant mes propres paroles. Je détestais quand Sammy tentait de retourner mes propres conseils contre moi.

-Moui… Mais il s’agit de ma secrétaire ici, dis-je en faisant une petite moue.

Et je ne voulais pas m’en séparer ! Parce que Sonne était très compétente et que je voyais mal continuer sans elle. Sammy ne semblait pas se rendre compte de la difficultés de trouver une bonne secrétaire ! Pour elle, il suffisait de prendre la première venue sortie d’une école. Les choses étaient plus compliquer que ça. Une secrétaire, c’est comme une partenaire. C’était une question de feeling et de confiance. Ce que j’avais avec Sonne !

D’après Sammy je devais simplement voler Frances à Jim… Il disait que Jim n’avait pas besoin d’elle car il ne faisait que dormir dans son bureau. Moui – Jim aime bien déléguer et se reposer mais c’est bien pour ça qu’il a besoin de Frances.

-Si Jim peut se permettre ça c’est justement parce qu’il a Frances, dis-je avec un petit sourire. Et je n’ai aucune envie de lui voler sa vieille secrétaire frustrée. Elle est invivable ces derniers temps…

Sammy se disait convaincue que Sonne ferait une bonne carrière et – surtout – qu’elle risquait bien d’accepter. Je ne savais pas si Sonne allait accepter ou non. Il ne faut pas oublié qu’elle est mariée et mère de quatre enfants et que d’être artiste signifiait partir en tournée. Allié ses deux vies demandera des sacrifices que – peut-être – Sonne n’a pas envie de faire. Quant au fait que Sonne ne savait peut-être pas composer, Sammy se disait qu’elle pourrait faire une bonne interprète.

-Peut-être, lançais-je toujours très opposé à perdre ainsi ma secrétaire. Mais n’oublie pas que Sonne a quatre enfants. Une vie de chanteuse, surtout à ses débuts, demande à être totalement investie à cette tâche. Elle devra être moins présente pour ses enfants… Il faudra voir si elle a envie de ça. Ce n’est pas comme si tu prenais une artiste qui n’a pas encore de progéniture. Tu sais toi-même à quel point c’est difficile de laisser tes enfants derrière quand tu pars en tournée.

Quant aux goûts de luxes de Sonne – certes, ils existaient bel et bien. Seulement, avant de pouvoir se payer ce luxe, elle devra percer.

-Quant au luxe, il faudra qu’elle soit très connue pour l’avoir. Or, ça ne se fait pas en un claquement de doigt. Au départ, Sonne devra se contenter de peu de revenu. Un revenu inférieur à ce que je lui donne, dis-je avec un petit sourire en coin.

Bien inférieur car je payais très bien ma secrétaire !

Sammy semblait avoir peur que j’objecte le fait de tenter une approche vers Sonne. Elle avait dit que, de toute façon, moi, je n’avais aucune chance de l’engager. Elle en profita pour envoyer une pique à Jim. Ça n’avait jamais été le grand amour entre Sammy et Jim alors je ne m’en formalisais pas vraiment.

-Tu parles de la mère de Jim, là ?, dis-je en parlant des femmes influentes qu’il y avait autour de Jim.

Car hormis elle, je n’en voyais pas… Jim avait hérité… Il doit surtout son pouvoir à son père en réalité. Et je ne voyais pas bien quelles autres femmes – en dehors de sa mère – avait permis à Jim de rester au sommet. Pas que je sache, en tout cas. Jim s’entoure, en réalité, de peu de femmes. Quant à sa propre femme, elle était venue alors que Jim était déjà au sommet.

-A moins que tu ne parles de Frances… Dans ce cas, tu mets de l’eau à mon moulin pour dire qu’une bonne secrétaire a son importance !, dis-je avec un sourire en coin.

Je blaguais bien sûr. Frances n’avait pas d’influence sur Jim et ce n’est pas elle qui a permis à Jim d’être là où il est. Il y était déjà quand il a engagé Frances.

-Mais non… Je ne compte pas engager Sonne comme chanteuse, dis-je pas pressé de me remettre dans un projet du type de Tiny Suicide. Et je ne t’empêcherais pas de discuter avec Sonne… J’espère simplement qu’elle voudra rester à mon service plutôt que de se lancer. C’est peut-être égoïste mais j’aime sincèrement le travail qu’elle fait pour moi.

Sonne Ferguson, comme se plaisait toujours à l’appeler Daniele, avait déjà fait une démonstration de son talent par le passé mais mon souvenir était flou dans ma tête. Lors ne notre réception de mariage, Daniele et moi n’avions pas eu beaucoup de temps pour apprécier les performances de nos invités à l’exception de celle d’Olivia qui nous avait offert une composition pour notre première danse à titre d’époux.

- Je ne me souviens pas si cela était pendant le karaoké mais le fait demeure que ta secrétaire possède une voix exceptionnelle.

Tout bon manager ne laisseraient pas filer une si belle voix si facilement. Sonne avait éveillée mon intérêt et je voulais tenter ma chance. Après tout, je ne risquais rien à lui parler business. Le pire qu’il pouvait arriver était qu’elle refuse l’opportunité que je lui présenterais sur un plateau d’argent.

Seulement, Daniele ne voyait pas les choses de cette manière. Il avait peur que je lui vole sa secrétaire. Je pouvais comprendre sa crainte mais il en pleuvait, des aspirantes Sonne, des tas de femmes rêvaient d’avoir ce job parce que Daniele était un manager réputé, parce que travailler pour lui ouvrait des tas de portes. Si Daniele avait peur de ne pas retrouver la perle rare, il n’avait qu’à aller chercher Frances qui ne servait pratiquement à rien pour son ami qui passait son temps à dormir dans l’appartement qui lui servait de bureau. Daniele n’avait pas envie de voler sa secrétaire à Jimmy en prétextant que cette dernière était vieille et frustrée et que si Jimmy pouvait se permettre de dormir, c’était parce qu’il avait Frances.

- Es-tu entrain de me dire que tu es surchargé de travail parce que Sonne n’est pas autant compétente que Frances ne l’est ? Et que tu ne veux pas d’elle parce qu’elle est vieille et frustre alors que Sonne est jeune et pas désagréable à regarder ?

C’était plein d’humour ! Je ne doutais pas de la fidélité de mon époux mais ses arguments laissaient sous-entendre que le physique et donc le charme de sa secrétaire était plus important que ses compétences en elles-mêmes.

Daniele avança qu’il était loin d’être certain que Sonne puisse désirer d’une vie à parcourir le monde pour chanter. Mère de quatre enfants, elle désirerait probablement de rester auprès d’eux. Il ajouta que je devais moi-même connaître ce sentiment ayant bien du mal à me séparer de mes enfants. Ça me fit rire, beaucoup même.

- Amor mio, tu compares des pommes et des oranges. Si je ne doute pas du tout de l’amour de Sonne pour ses enfants, tu oublie qu’elle n’a pas hésité à te suivre sur les routes lors d’une précédente tournée. Daniele, je ne crois vraiment pas que sa progéniture sera un argument suffisant pour empêcher Sonne de tenter l’aventure.

Mon bien aimé argua ensuite qu’avant de pouvoir s’offrir la vie de luxe à laquelle sa secrétaire aspirait, il faudrait y mettre du temps et beaucoup de patience. Ça aussi, ça me fis sourire.

- Tu as entendu comme moi la justesse, la force et la pureté de sa voix. Je suis convaincue que cela ne lui prendrait pas longtemps pour percer. Avec une manager déterminée comme moi pour la guider, en plus !

Je me gratifiais bien de quelques éloges, je savais que je pouvais réussir ce paris en y mettant les efforts ! J’étais parvenue à maintenir The Warriors sur la map malgré les scandales entourant Finan Quinn. Je serais en mesure de faire grimper rapidement les échelons à Sonne.

Les réticences de Daniele m’amenaient à croire qu’il était peut-être envieux de mon idée de faire signer Sonne, sachant très bien qu’il n’aurait aucune chance de le faire, son idiot de meilleur ami refusant les femmes dans sa maison de disque. Pourtant, Reed devrait plutôt remercier les femmes de l’avoir mener là où il était.

- Je parle de sa mère mais aussi de sa chère et précieuses Frances. Il envoie sa mère le représenter et Frances fait tout le travail pour lui parce qu’il est trop fainéant pour le faire lui-même. Puis je n’alimente pas ton moulin, du moins pas réellement. Une bonne secrétaire se forme, personne est mieux placer que toi pour le faire. Imagine cette figure de cas. Si l’un des enfants de Sonne tombe malade et devait avoir des soins constants, elle devrait quitter son travail et tu devrais forcément former une relève. Ne t’imagine pas que Sonne, carrière ou non, demeurera à ton emploi toute sa vie.

De ça, j’en doutais ! La jeune femme était ambitieuse et l’attrait du luxe et de la haute bourgeoisie l’attirait plus que sa loyauté envers son patron.

Daniele n’avait aucunement l’intention de discuter affaire avec Sonne et ne m’empêcherais pas de le faire ce qui me ravissais. Enfin, nous regardions dans la même direction bien que Daniele espérait que Sonne ne le quitterait pas pour faire carrière dans la chanson.

- Elle seule pourra répondre à cette question. Tu n’es pas égoïste d’espérer qu’elle te choisisse, je sais à quel point elle t’es précieuse et que tu l’apprécies plus que comme une simple secrétaire. Mon instinct de manager me pousse à tenter ma chance. Je ne mettrais pas de pression pour lui faire miroiter une carrière. Promis !

Je l’embrassais tout en me blottissant dans ses bras. La soirée était bien entamée quoi qu’encore jeune.

- Si tu m’offrais un verre, amore mio ?

Moui – je ne niais aucunement le talent de Sonne pour le chant. Elle venait de prouver qu’elle savait parfaitement gérer sa voix. Mais de là en m’en séparé alors qu’elle est une partenaire de travail pour moi, il y avait un monde. Surtout qu’on ne commençait pas une carrière d’artiste comme ça uniquement après une seule prestation. Je savais que Samantha avait engagé The Warriors sur une seule démo mais ça ne voulait pas dire que ce genre de petit manège sera chaque fois payant.

Samantha disait que je pourrais me retrouver une secrétaire en disant que je pourrais simplement voler Frances à Jim. Chose impossible bien sûr surtout que je n’ai aucune envie d’avoir Frances comme secrétaire. Je ne dis pas que Frances est une mauvaise secrétaire… Mais ce n’est pas ce que je recherche. Puis… Elle est à Jim ! C’était quand même mon meilleur ami. On ne vole pas les secrétaires de ses amis…

Sammy y alla d’une petite touche d’humour alors que j’avais refusé de prendre Frances à mon service.

-Je ne veux pas d’elle surtout parce que je sais qu’elle n’est pas la bonne secrétaire pour Daniele Ricci, dis-je sûr de moi.

Dans l’équation, il fallait aussi prendre en compte les désirs de Sonne qui avait – à son actif – pas moins de quatre marmots. C’était plus difficile de commencer une carrière musicale en ayant autant d’enfants. Mais Sammy mit en avant que Sonne m’avait suivi à plusieurs reprises sur les routes.

-Effectivement…, dis-je en regardant Sammy. Et je me rappelle aussi que ça avait fait pas mal de conflits au sein de son couples.

Je savais que les marmots de Sonne ne l’empêcherait pas d’aller en tournée. Bien qu’une tournée en tant que secrétaire ce n’était pas la même chose en tant que chanteuse. Ce sont deux métiers extrêmement différents.

Sans compter que Sonne ne gagnera pas autant d’argent qu’elle en gagnait aujourd’hui directement. Elle devra attendre pour le luxe et même diminuer son niveau de vie pendant un moment bien que Sammy était convaincue du talent de ma secrétaire.

-Peut-être… Sauf que ça nous ne pouvons jamais le garantir, Sammy. Parfois même avec un grand talent, il n’est pas possible de percer rapidement, dis-je certain de ce que j’avançais.

Pour cause, Tiny Suicide n’avait jamais percé et Dieu sait pourtant qu’elles avaient du talent et un excellent manager !

Sammy avait – ensuite – parlé de Jim et des femmes qui l’avait mené à où il était. J’étais sceptique sur ça. Certes sa mère et Frances auront un rien contribué mais j’étais persuadé que ce qui jouait le plus restait la fortune de base de Jim qu’il avait hérité et sa façon de gérer. Jim avait des défauts mais c’était un excellent homme d’affaire… Bien que ce que disait Sammy n’était pas dénué de sens.

-Certes Jim aime déléguer les tâches qui l’ennuie. Mais même sans elles, il pourrait tout de même être là où il est…, dis-je avec sûr de ça.

Ce n’est pas comme si Jim avait dû monté les échelons. Il était déjà en haut au départ. Tout ce qu’il avait à faire c’était de gérer et de faire fructifier sa fortune. Un peu comme moi.

Sammy mit en avait que ma secrétaire pourrait très bien quitter son emploi pour d’autres raisons qu’une carrière. Ce n’était pas faux…

-Je n’ai pas dit qu’elle ne pourrait pas partir un jour pour un cas de force majeur…, dis-je en faisant la moue. Mais autant ne pas trop pousser le destin…

Parce que ce que Sammy allait lui faire c’était un offre. Rien n’à voir avec un coup du destin ou un cas de force majeur. Là, Sonne aura le choix. Je n’allais – donc – pas empêcher Sammy de faire sa proposition à ma secrétaire. Loin de moi l’idée de couper les ailes de ma femme. Seulement, je ne cachais pas que j’espérais que Sonne allait refuser.

Sammy acceptait mon attitude et elle promit de ne pas faire pression si Sonne venait à refuser.

-Bien ! Nous sommes d’accord alors, dis-je avec un petit sourire.

Elle m’embrassa et je profitai du baiser avant que nous ne passions à autres chose.

-Va pour un verre, dis-je alors que mon sourire s’élargit.

Que la fête continue !