-Tu n’as rien à foutre ici ! Tu n’as pas lu le papier sur la porte ou quoi ?!

-Hey ! Calme-toi, Jessica ! J’ai eu une très mauvaise journée, ok ? Alors laisse-moi profiter de la fête, tu veux ! Puis de quel papier tu parles ?

Je faisais mine de n’avoir rien vu alors qu’en entrant dans la villa de Hill, j’avais bien vu sa petite liste noire sur la porte d’entrée qui indiquait que quiconque s’appelant Victor Hunter, ne pouvait pas prendre part à sa petite fête ! Sauf que je faisais encore ce que je veux. Elle n’a pas le droit de m’empêcher de m’amuser. Surtout alors que je reviens d’une journée passée en compagnie de mes deux amis, River et Kate. Une journée éprouvante !

Hill fit la moue.

-Celui qui dit que tu n’as pas le droit de participer à MA fête. Je suis encore chez moi, ici, Victor. Et je refuse que tu viennes ! Si tu ne t’en vas pas, j’appelle la police, c’est compris ?

Je pouffai de rire face à une telle menace. Elle se fichait de moi, la vieille Hill ? Elle allait sérieusement appeler la police pour ça ? Elle croit que les flics n’ont rien d’autre à foutre que de satisfaire les petites caprices d’une star du cinéma défraichie.

-Et tu vas leur dire quoi ? Monsieur les policiers, j’aimerais que vous veniez chez moi pour virer Victor Hunter. Je ne l’aime pas et il est méchant. Venez, s’il vous plait. TOUT-DE-SUITE.

J’avais imité la voix d’une petite fille capricieuse. En fait, c’était exactement la même voix que j’avais prise pour imiter Olivia Cortez lorsque j’avais parlé d’elle à Reed. Parlant de ça, j’avais était à moitié satisfait de l’article d’Amon qui, au passage m’avait rapporté un peu de thunes… Il descendait bel et bien Livia mais avait omis de cité Stone. Pourquoi ? Mystère ! Mais ce journaliste était parfois bien décevant !

Bref… Jessica fronça les sourcils alors que je repris :

-Tu ne les convaincra jamais de venir ici, ma belle. Ils vont simplement se foutre de toi et te prendre pour un espèce de diva que tu es.

Croyez-vous que ça suffise à refroidir Jessica ? Non ! Pas du tout ! Au contraire ! Mes moqueries ne firent que renforcée la haine injustifiée qu’elle me voulait depuis que j’étais rentré dans son portail et ses fleurs il y a quelques mois d’ici.

-Tu crois ça ? On va voir ça, Hunter !

Elle tourna les talons. Mais oui, vas-y ! Vas te ridiculiser toute seule ! Je pouffai de rire avant de reprendre cette fête là où Jessica m’avait interrompu. Je comptais bien aller à la chasse et, surtout, me mettre une bonne mine afin d’oublié cette journée de tournage.

Je me mis, donc, à boire et à discuter jusqu’à-ce que je repère Willow Ford qui était au bras d’un vulgaire inconnu. Hey ! Normalement, Willow sait qu’elle m’est réservée quand je viens au même fête qu’elle ! Il était plus que temps que j’aille lui rappeler ce petit deal entre nous. La surprise de Willow ne s’était pas faite attendre quand je m’étais approché d’elle et de son espèce de grand bringue aux origine douteuses.

-Salut Willow ! Tu as l’air surprise de ma voir ? Qui est donc cet inconnu ? Tu l’as trouvé dans la rue avant de venir ici ?

Mon ton était acerbe. Mon humeur n’était vraiment pas au beau fixe. La poupée refaite, se mit à bafouillée.

-Heu… C’est heu…

Elle se reprit.

-C’est mon petit ami… Esteban Rodriguez. Il est activiste. Esteban, je te présente Victor Hunter, il est avocat.

Rodriguez ? Sérieusement ? Un activiste ? Ce n’est pas un métier, ça, Willow ! Esteban leva un sourcil.

-Victor Hunter… Est-ce que vous n’êtes pas interdit d’entrée ici ?

Si et alors, de quoi il se mêle ? Je ne répondis pas à ça, me tournant plutôt vers Willow me demandant bien où elle était allé pécher ce latino sans emploi !

-Tu es consciente qu’activiste, ce n’est pas un métier, Willow ? Tu es consciente qu’on ne peut pas gagner de l’argent en défendant des causes perdues. Pour ça, il faut être avocat et non pas faire partie de ce genre de gens qui s’attachent à des arbres !

Willow se mordit la lèvre. Elle était mal à l’aise. Elle lança alors d’une petite voix.

- Esteban n’est pas qu’activiste, il est aussi travailleur social.

Je secouai la tête. J’avais trop bu ou quoi ? Qu’est-ce qu’un travailleur social foutais à une fête de Jessica Hill ?

-Tu veux dire que tu as ramené un homme plein de poux chez Jessica ? Willow ! Pense un peu à l’hygiène. Cet homme travaille surement avec un tas de pauvres qui transportent diverses maladies. Et puis, il n’a aucune raison de participer à une fête de la jet-set.

Je me tournai vers l’homme. Mon ton se fit alors moqueur.

-Et vous militer pour quoi ? Le droit des pauvres ? L’environnement ? Vous faites parties des grands défenseurs des arbres ? Le genre à faire des procès à tout vas pour sauver deux ou trois arbustes malades ? Oh, ou, pire, des défenseur des droits des immigrés.

L’homme leva un sourcil, visiblement surprise de mes paroles clairement acerbes. Il se tourna alors vers Willow et pris un ton que je trouvais extrêmement méprisant.

-Je crois que tu devrais me présenter d’autres personnes, Willow… Je n’ai aucun intérêt à discuter avec un esprit étroit qui as bus trop d’alcool. Je savais qu’ici, j’aurais des difficultés à trouver des gens avec un peu de jugeotes mais à ce point-là…

Quoi ? Il vient de dire quoi là ? Ce foutu Carlos Ramirez s’amène ici alors que ce n’est pas sa place et il ose m’ignorer ? Et, comble de tout, il se croit intelligemment supérieur à tous les gens qu’il y a ici ? Putain et c’est moi l’esprit étroit ?!

C’était trop… A vrai dire, j’étais dans un tel état d’énervement même avant d’arriver ici que, en réalité, ce petit échange avait simplement été la goutte de trop. Je n’eus même pas le temps de sentir la crise venir que j’envoyai mon poing dans la figure du petit ami de Willow mon visage passant, d’un coup, du rire à la colère. Surpris par la violence, il tomba au sol et je me mis à le frapper encore et encore alors qu’il se protégeait avec ses bras. Willow se mit alors à crier et à appeler à l’aide alors que, moi, je frappais en insultant l’intrus du jour.

Beverly Hills… C’était notre territoire, aujourd’hui… Autant dire que ça allait être plutôt calme, ce soir… A la limite, la chose la plus intéressante à faire serait de patrouiller tranquillement dans ces quartiers huppés et essayer de choper les dealers qui allaient se rendre aux fêtes des gosses de riches du coin.

Mais là, on finissait notre souper, des tacos qu’on était allé chercher jusque dans l’Eastside, au Great Nachos, parce que c’était là qu’on faisait la meilleure bouffe mexicaine de la ville. Un petit détour normalement interdit, mais bon… Beverly Hills allait pas s’envoler non plus.

On en était, devant la villa d’Howard Stone, à fumer une clope digestive dans la voiture. Et Conrad parlait de son sujet préféré : les potins de stars…

-Tu as lu le dernier L.A. People ? La chanteuse Livia se sépare de Julian Hughes ! Adieu glamour et argent ! Ce sont des humains comme les autres…

Je haussai les épaules.

-Ouais… Ce sont des choses qui arrivent. En même temps, on ne sait pas ce qu’il se passe chez eux. Et entre nous, mieux vaut être seul que mal accompagné.

Moi, j’avais assez donné niveau femmes, hein… Entre une qui se suicide, une qui se barre pour sa carrière après avoir tenté de se suicider et une qui flirte avec des psychopathes, le célibat me semblait de loin la meilleure idée que j’avais jamais eue.

Je jetais mon mégot par la fenêtre quand la radio grésilla.

-A toutes les patrouilles… est-ce qu’une équipe est à proximité de la villa de Jessica Hill ?

Je pris le micro et appuyai sur le PTT.

-L.A.NORTH ici L.A. NORTH 541… On est pas loin, c’est pour quoi ?

Une seconde, puis le dispatch me répondit…

-C’est pour un indésirable qui s’est introduit à une fête. Il faut le déloger de là.

Je souris à Conrad… ça, ça pourrait être marrant. Et qui sait qui on allait apercevoir là-bas ? Pour Conrad qui aimait voir des stars, il allait être servi.

-Roger, on fait route.

Je pris le volant et démarrai la voiture. Je roulais relativement vite, mais sans les bleus et sans la sirène… Le gars n’était pas en train de tirer dans le tas non plus…

En cinq minutes, on fut devant la villa de la célèbre actrice… On était à peine sortis de la voiture que Jessica Hill en personne arrivait vers nous en courant maladroitement sur ses talons hauts.

-Ah ! Enfin ! Venez vite ! Venez vite ! Il devient fou !

Pressé par le ton plus qu’inquiet de Jessica Hill, on courut vers la villa. Il nous fallut jouer des coudes dans l’attroupement qui s’était formé autour d’un homme qui était en train de refaire la face d’un autre gars. Celui qui frappait était blond et l’autre semblait latino… Ou ce qu’il restait d’un latino.

-Poussez-vous !

Je bousculai les gens et avec Conrad, on attrapa le blond par les deux bras pour le tirer en arrière.

-Police ! On se calme ! C’est terminé !

Il fallait le tenir fermement ! Je me tournai vers Hill.

-Comment il s’appelle ?

Mais ce fut Conrad qui me répondit.

-C’est Victor Hunter…

De famille avec Hunter, la chanteuse ? J’étais un peu trop occupé pour me poser longtemps la question.

-Victor ! Arrête ou c’est nous qui t’arrêterons.

Je n’avais même pas eu le temps de compter à l’envers… Le coup de sang était montrer trop vite. Pourtant, Dieu sait que, d’habitude, un type comme ce foutu Carlos Ramirez, j’aurais préféré le détruire à coup de mots bien placés au lieu de commencer à le marteler avec mes poings. Mais son petit air suffisant et le fait qu’il ose se pavaner ici au bras de Willow m’avait fait péter la durite de trop. Celle que je m’étais retenu de péter pendant toute la journée de tournage.

Carlos Ramirez se protégeait le visage me criant d’arrêter mais certains de mes poings arrivaient à marteler son visage. Je n’étais pas sûr d’arriver à m’arrêter. Je voyais complètement rouge. Comme si j’étais en pilote automatique. Tout ce que je voulais c’était détruire ce type qui m’avait ignoré se trouvant plus malin que tout le monde. Ce genre de type qui osait prétendre pouvoir avoir son mot à dire alors qu’il ne venait même pas de ce monde. Vu sa tronche, il ne venait pas, non plus, de ce foutu pays !

Je continuais de frapper jusqu’à-ce que je sois tiré en arrière par deux type. Je compris assez vite que la police avait fini par arriver ! Je me demandais bien ce que Jessica avait pu dire pour qu’ils débarquent ! L’un des deux flics connaissait mon nom alors que je me débattais. L’autre me menaça de m’arrêter si je n’arrêtais pas ! Mais je continuais tout de même à me débattre !

-Lâchez-moi bande d’incompétents finis ! Vous me faites mal ! Si vous ne me lâcher pas, je porte plainte pour violence policière ! Vous n’avez rien d’autre à foutre, non ? Genre, arrêter ce foutu latino ? C’est lui qui a commencer en se prenant pour ce qu’il n’est pas !

C’est ce que je lançais alors que Willow pleurait au chevet de son petit ami latino qui avait réussi à s’asseoir au sol la figure en sang. Je l’entendais dire entre deux sanglots :

-Il faut appeler une ambulance.

Putain, il n’est pas mort, hein ! Arrête de chialer, hein ! Il n’est même pas K.O. ! Dommage, d’ailleurs ! Il le méritait ce sale petit connard d’activiste !

Je continuais de me débattre alors que Jessica, elle, n’était pas loin et n’était pas en manque de commentaire.

-Arrête de te débattre et clame-toi, Victor ! Tu vas encore faire honte à Vicky ! Vous devriez l’embarquer, Messieurs les agents… Je ne veux plus le voir ! Quand il est comme ça, il est incontrôlable. Tu devrais te faire soigner, Victor ! Ça fait des années que je le pense !

Je me débattais toujours et les paroles de Jessica me faisait fulminé. Moi ? Me faire soigner ? C’est elle qui devrait aller se faire soigner ! C’est pas moi qui ait trainé pendant des années avec cette connasse de Kate Julian, hein !

-Va te faire foutre, Jessica !

Quand je suis dans cet état, j’en perds ma répartie ! Je n’arrivais pas à redescendre dans les tour.

-Lâchez-moi, bordel ! Vous allez me démonter le bras !

Le type à l’accent irlandais me disais de me calmer. Putain ! Encore un foutu immigré ! Il y a vraiment que ça dans cette foutue ville ?! Je vais déménager en Indiana, si ça continue !

J’envoyai alors brutalement ma tête en arrière dans le but d’heurter violemment la tête d’un des flics d’un coup de boule bien placé. Ils n’avaient pas à me tenir comme ça ! J’ai des foutus droits !

On était arrivé sur les lieux juste à temps parce que l’indésirable en question était en train de massacrer un invité à coups de poings. Et pas des petits coups de poings, hein ! J’en avais déjà vu, des bagarres… Et je savais déterminer quand quelqu’un frappait de sang-froid, ou quand quelqu’un avait juste fini par péter les plombs.

Et là, on était clairement sur un pétage de plombs.

On attrapa le gars par les deux bras, ce qui fit qu’il n’arrivait plus à frapper. En le tirant en arrière, et alors que Conrad arrivait à l’identifier comme étant Victor Hunter, on réussit à ce que sa victime, en sang, puisse se dégager.

Victor vociférait, nous menaçait de porter plainte… Rien que je n’aie déjà vu ou entendu. Si je ne savais pas qu’il fallait, en tant que flic, rester toujours sur ses gardes, j’aurais presque pu dire que c’était la routine.

-Pour porter plainte, il faut d’abord te calmer. Si tu te calmes, tu pourras nous expliquer la situation.

Je disais ça en le tenant toujours fermement avec Conrad parce qu’il se débattait comme un beau diable !

Je vis Willow Ford se précipiter sur la victime et demander à ce qu’on appelle une ambulance.

Je tournai la tête vers l’hôte du jour…

-Je serais vous, j’appellerais effectivement l’ambulance.

On l’aurait fait nous-même, via radio, en d’autres circonstances, mais là, on avait clairement les mains prises.

Mais plutôt que de se ruer sur le téléphone pour venir en aide à son invité, Jessica Hill s’adressa à Victor, lui disant de se calmer. Je resserrai mon emprise sur le bras et l’épaule de Victor parce que je savais que ce genre de déclaration pouvait être jeter de l’huile sur le feu. Je regardai Conrad.

-On va l’emmener dehors.

Puis, à Victor.

-Hein… On va aller prendre l’air… ça va te faire du bien.

Je le tutoyais depuis le début… Dans ce genre de situation, le tutoiement pouvait passer pour une sorte de sympathie, de compassion.

On le fit pivoter vers la sortie, pour qu’il n’ait plus en vue ni sa victime, ni Jessica Hill qui semblaient être les deux sources de sa colère. Il protesta qu’on allait lui démonter le bras.

-C’est en te débattant que tu te fais mal. Si tu te laisses faire, ton bras ne risque rien.

Ce fut à ce moment-là que je sentis clairement certains muscles de Victor se contracter, ce qui me permit d’anticiper le coup et, d’une main, je retins l’arrière de sa tête, sans pour autant lâcher son bras. C’était toute une technique, mais on était entraînés pour.

-Ok, tu le prends comme ça ?

Je lançai un regard à Conrad qui comprit et on plaqua Victor contre le premier mur venu et je lui menottai les mains derrière le dos. Il serait plus facile à tenir et manipuler comme ça.

-Victor Hunter, vous êtes officiellement privé de liberté pour coups et blessures.

J’étais obligé de lui signifier.

On arriva alors à sortir de la villa, mais il était encore beaucoup trop énervé pour qu’on le transfère en voiture. On l’appuya contre notre véhicule, le lâchant, toujours menotté, mais l’entourant de près.

-Ok… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’est-ce qui t’as énervé comme ça ?

Me calmer ? Il voulait que je me calme ? J’étais incapable de me calmer. Je n’arrivais plus à réfléchir. Je m’étais tellement retenu, aujourd’hui, de dépasser la ligne rouge que, maintenant que j’avais explosé, il m’était impossible de redescendre dans les tours.

Et ses deux flics n’arrangeaient rien ! Qu’ils me lâchent ! Qu’ils me laissent frapper jusqu’à-ce que je me fatigue ! De toute façon, ce type n’est rien d’autre qu’un foutu indésirable. Il n’a rien à faire ici !

-Foutez-moi la paix !

C’est ce que je lançais alors que Willow s’inquiétait de l’état de son foutu activiste qui aurait, ce soir, dû rester dans l’Eastside au lieu de venir ici jouer les petits prétentieux. Aucun des invités ne semblaient bouger pour aller appeler une ambulance. L’un des flics s’adressa à Hill pour qu’elle bouge se cul mais elle préférait lancer à qui voulait bien l’entendre que j’étais incontrôlable et que je devrais être embarqué par les flics. Je vous jure que s’ils m’embarquent, je me ferais un malin plaisir à atomiser leur carrière à tous les deux. J’en avais le pouvoir ! J’avais tout les pouvoirs. J’avais Jimmy Reed !

Les flics voulaient m’emmener dehors.

-Oui ! Foutez-le dehors ! Et que je ne le revois plus !

C’est ce que la voix criarde et ennuyante de Hill lança. Je n’avais aucune envie de sortir, moi !

-Non ! Je ne veux pas aller dehors ! Lâchez-moi !

Ils m’entrainèrent tout de même vers la sortie, les deux poulets ! Je me plaignis d’avoir mal mais ils remirent ça sur moi disant que si je ne me débattait pas, je n’aurais pas mal ! Et comme tout réponse à ça, je tentais de foutre un coup de boule à l’un des deux flics. Mais l’un d’entre eux retint ma tête et ils n’eurent quasi aucun mal à me plaquer contre un mur me faisant gémir de douleur et de colère avant de me menotter.

Ils n’avaient pas le droit !

Parlant de droit, le flic ne tarda pas à lancer que j’étais privé de liberté pour coup et blessures. Il peut être bien sûr que j’avais bien enregistré sa phrase pour pouvoir, plus tard, souligné le moindre foutu petit vice de procédure et faire en sorte que ces deux-là regrettent d’avoir répondu à l’appelle à l’aide de cette vieille peau de Hill.

-Putain !

C’est ce que je lançai avant que les deux flics m’appuyèrent contre leur véhicule. Je leur fit face me rendant compte que mon cœur battait vite, que je transpirais et que j’étais essoufflé par la crise. Je les foudroyais du regard alors qu’il ne questionnait.

-Ce type m’a insulté. De plus, il n’a rien n’à foutre ici. Ce genre de fête sont réservée à la jet-set. C’était lui qu’il fallait foutre dehors. Comment Willow a pu s’enticher d’un de ces foutus rats de l’Eastside, hein ?

Puis, je me mis à imiter Monsieur l’Activiste.

-Willow… Présente-moi quelqu’un d’autre… Je savais que les gens ici n’ont pas beaucoup de jugeotes mais je n’imaginais pas que c’était à ce point-là.

Je foudroyai du regard les deux flics.

-Vous l’auriez frapper aussi à ma place. Bon… Vous enlevez les menottes ? Je n’ai pas que ça à faire et vous non plus. Vous ne devez pas aller à la chasse au dealer dans l’Eastside ? Putain, pas étonnant que ce quartier est bourré de criminels si vous préférer patrouiller ici où il ne se passe jamais rien !

On pouvait entendre dans ma voix mon énervement et ma frustration.

Seigneur… La jet-set… Parfois, c’était encore bien pire que les rixes dans l’Eastside. Parce qu’en plus, ici, les gens ne se prenaient pas pour n’importe qui… Bon, d’accord, certains n’étaient pas n’importe qui mais… personne n’est au-dessus des lois.

Personne.

Enfin, ça, c’était la théorie. Parce que je savais que parmi ces gens s’en trouvaient certains qui pouvaient détruire les autres d’un claquement de doigts. En générale, ils se faisaient ces petits coups de putes entre eux et le seul témoignage qu’on en avait étaient les miettes rapportées par L.A.People.

Et là, je ne savais pas qui allait finir par détruire qui… Victor détruirait Jessica Hill ? Jessica Hill détruirait Victor ? Wilow Ford détruirait les deux ? Ou tous allaient nous détruire nous ?

Bref, à choisir, je préférais la populace franche de bas quartiers.

Bref, Jessica Hill voulait qu’on le foute dehors et il était certain que je préfèrerais être dehors avec ce fou furieux plutôt que dans la villa, devant tout le parterre des invités. Victor, lui, ne voulait pas aller dehors mais on ne lui laissa pas le choix, surtout après qu’il ait essayé de nous mettre un coup de tête.

On le menotta, non sans lui signifier pourquoi car c’était la procédure et on ut tout de suite plus facile de le faire sortir et marcher jusqu’à la voiture de patrouille. Conrad fit des signes aux invités curieux qui étaient sortis pour voir ce qu’il se passait afin qu’ils rentrent dans la villa.

On avait pas besoin qu’ils énervent Victor plus qu’il ne l’était déjà.

Il nous fit face et je remarquai qu’il était en sueur et qu’il haletait. Je le regardai droit dans les yeux pour essayer de voir si ses pupilles étaient soit complètement dilatées soit contractées. Mais non, ni l’un, ni l’autre. Il n’était pas sous l’influence de la drogue, apparemment.

Il me foudroyait du regard alors que j’essayai de lui faire vider son sac. Parfois, ça aidait. Mais je n’allais certainement pas prendre le risque de le mettre dans la voiture dans cet état. Il affirma que le type, la victime, donc, l’avait insulté. Visiblement, il estimait que le mec n’avait rien à faire chez Jessica Hill. Je passai sur les remarques racistes…

-Pourtant, la maîtresse des lieux t’a clairement identifié comme étant l’indésirable, pas lui.

Son imitation me fit pincer les lèvres pour ne pas rire. Il disait que nous aussi, nous aurions frappé ce gars. Il voulait qu’on lui enlève les menottes.

Je haussai les épaules.

-Pour l’instant, on a rien d’autre à faire que de s’occuper de toi. Et on enlèvera les menottes qu’une fois au commissariat où on va te laisser te calmer quelques heures. Tu auras droit à un coup de fil si tu veux que quelqu’un vienne te chercher.

J’eus un regard compatissant.

-Ça t’arrive souvent, des crises comme ça ? Respire parce que tu vas finir par te faire péter le cœur.

Ces foutus flics avaient osés me menottés et j’étais, désormais, plaqué contre la voiture à reprendre mon souffle. Mon cœur battait vite. Bien trop vite. C’était chaque fois le cas quand ce genre de crise arrivait. Même si, d’habitude, j’arrivais à les sentir venir comme la dernière fois, quand ce foutu Nameless avait osé m’ignorer.

Mais ici, je n’avais rien vu venir sans doute parce que je m’étais retenu toute la journée de ne pas sauter au cou de Moriarty ou Kate ! Du coup, les quelques paroles de ce foutu inconnu m’avait rendu complètement dingue. Ajoutons à ça le traitement que me réserve, désormais, Jessica, chaque fois qu’elle me voit.

Putain, le jour où elle aura besoin d’un avocat, celle-là, elle pourra toujours ramper à mes pieds pour que j’accepte !

Même si pour l’instant, alors que je reprenais doucement mes esprits, je savais que c’était moi qui en aurait besoin de l’avocat que j’étais. C’était évident… Le flic avait lancé les mots « privation de liberté » et « coups et blessures »… Et il y avait de forte chance que le foutu petit ami de Willow porte plainte. Je le voyais bien faire ça pour soutirer de l’argent à ces « foutus riches ». Parce qu’ils détestaient les riches, ce type. Ça se voyait ! J’espérais que Willow allait être assez intelligente pour empêcher ce foutu activiste de faire cette très grave erreur que de porter plainte contre Victor Hunter. S’il faisait ça, j’allais le détruire !

Et c’est lui qui sera ruiné !

Mais en attendant, j’étais trop en prise avec ma colère que pour véritablement réfléchir à ça. J’avais beaucoup de mal à redescendre dans le tour. Tout mon corps était encore tendu. Je crachais, donc, sur ce type qui n’avait rien n’à foutre à la fête de Jessica. Sauf que l’Inspecteur Keller (comme écrit sur sa nominette) déclara que Hill avait dit que c’était moi l’indésirable. Je ricanai.

-Tout ça parce qu’elle me râle dessus ? Et vous êtes venus uniquement parce que Jessica Hill vous a dit de venir ? Je ne faisais rien de mal, bordel !

Enfin, jusqu’à-ce que cette intrus n’ouvre la bouche, bien sûr !

J’avais demandé à ce que les flics m’enlèvent les menottes et aille à la chasse des VRAIS criminelles qui pullulent à Los Angeles comme des poux sur la tête des petits latinos de l’Eastside. Mais il rétorquèrent qu’ils n’avaient rien d’autre à faire que de s’occuper de moi. Sérieusement ?! Pas étonnant que certains quartiers de L.A. sont bourrés de criminels si les flics s’occupent de cas comme moi au lieu de s’occuper des vrais crimes. Des lâches ! C’est ce qu’ils sont, putain !

L’Inspecteur Keller déclara alors qu’ils allaient m’emmener au commissariat pour que je me calme quelques heures et que j’aurais le droit à un coup de fil. Pourquoi il me dit tout ça, lui ? Il pense que je ne connais pas le foutue procédure ?! Il a oublié qui j’étais ? Ainsi, je rétorquai sur un ton teinté de colère :

-Je connais la putain de procédure, Keller ! Tu as oublié à qui tu parles ? Je paries que je connais même mieux la procédure que vous, bande de mangeurs de donuts !

Je regardais l’un et puis l’autre.

-Et si vous n’avez vraiment rien d’autre à foutre que ça, c’est pas étonnant que L.A. est remplis de criminels ! Pendant que vous faites ça, combien de VRAIES agressions arrivent dans l’Eastside, hein ?!

Plus je parlais, plus je m’essoufflai. Et plus je m’essoufflai, plus je transpirais et plus je me fatiguais.

Malgré mes mots, le Keller prit un air compatissant demandant si ce genre de crises m’arrivaient souvent. Il me disait de respirer. Je ne m’attendais pas à cette question, en fait.

-Ça m’arrive quand on m’emmerde ! Quand des foutus petits moins que rien pètent plus haut que leur cul. Je suis supposé compter à l’envers pour éviter que ça arrive mais je n’ai pas eu le temps, ok ?! Putain, comment ça se fait que j’ai pas eu le temps ? Même si ce connard le méritait, j’aurais pu le détruire autrement ! Il aurait eu encore plus mal ! En plus…

Je voulais continuer à parler mais je devais reprendre mon souffle. Je le fis fermant brutalement les yeux avant de les rouvrir.

-Putain…

C’est ce que je soufflai alors que, progressivement, j’arrivais à calmer ma respiration.

-Vous allez la faire jusqu’au bout votre foutue procédure ? Vous pouvez pas simplement me ramener chez moi vu que vous n’avez rien d’autre à foutre ? C’est sur le chemin.

Alors que je disais ça, je n’avais plus aucune force… Mes muscles s’étaient détendus d’un coup marquant la fin de cette foutue crise même si l’énervement par rapport à la situation dans laquelle j’étais était toujours bien présent.

Victor Hunter était hors de lui. A tel point qu’on ne pouvait pas le transférer tout de suite au commissariat en voiture. On voulait d’abord qu’il se calme un peu. Qu’il redescende dans les tours. Et apparemment, ce n’était pas une sinécure, tant pour lui que pour nous.

Il s’indigna que nous soyons venus suite à l’appel de Jessica Hill. Il clamait n’avoir rien fait de mal.

-Ce n’est pas ce qu’on a vu en arrivant. Le gars que tu as agressé a le visage en sang.

Je lui expliquai ensuite ce qui allait lui arriver : son transfert, les quelques heures en cellule histoire qu’il retombe sur ses pattes et le coup de fil qu’il pourrait passer. Cela le vexa. Il pensait que j’avais oublié à qui je parlais. Il nous traita au passage de « mangeurs de donuts » mais j’avais déjà entendu bien pire comme insulte. D’autres que nous lui aurait collé outrage à agent en plus du reste. Mais, d’un regard à Conrad, je constatai que l’insulte nous faisait plus marrer qu’autre chose alors on allait laisser couler.

-Tu es avocat, c’est ça ? Alors effectivement, je n’ai pas besoin de te préciser les choses, même si ça fait partie de notre job de tout te signifier. Justement pour que l’avocat que tu es ne trouve rien à nous reprocher par après.

Il vociférait toujours, ce demandant ce qu’on foutait là au lieu de nous occuper des « vraies » agressions dans l’Eastside.

-On est pas les seuls flics de la ville d’autres s’occupent de l’Eastside, ne t’en fait pas. Et ce que j’ai vu dans cette villa m’a semblé particulièrement réel.

Il criai, il s’essoufflait et, tout doucement, il semblait commencer à fatiguer. Je le soupçonnais de faire de l’hyperventilation et j’étais prêt à me précipiter sur lui pour le rattraper si jamais il me faisait une syncope.

Je comprenais, en le regardant, qu’il n’avait plus du tout le contrôle de lui-même, ce qui m’amena à le questionner sur cette sorte de crise qu’il était en train de nous faire.

Apparemment, ce n’était pas la première fois. Il avait même un truc pour éviter ça : compter à l’envers. Il se demandait lui-même pourquoi il s’était emballé comme ça. Qu’il aurait pu faire du mal au gars qu’il avait attaqué autrement. Je connaissais un tout petit peu la jet-set et je savais que les coups de pute étaient légion. Certains étaient très vicieux. Et effectivement, certaines choses pouvaient faire bien plus mal et ce en toute légalité.

Je continuai toujours avec compassion, le but étant de le faire redescendre.

-Peut-être que tu as eu une mauvaise journée et que ce pète cul a été la goutte qui a fait déborder le vase ?

Il ferma soudain les yeux et je fis un pas en avant comme pour le rattraper si jamais il tombait. Mais il arriva à se reprendre. Il sembla même récupérer le contrôle de sa respiration. Du coup, il voulait essayer d’arranger les choses à l’amiable et qu’on le ramène chez lui.

-Tu as dit que tu connaissais les procédures. Malheureusement, comme on a été obligé de te menotter, on doit aller jusqu’au bout. Au commissariat, tu pourras appeler qui tu veux.

Je le regardai dans les yeux, interrogateur.

-Tu seras calme si on t’embarque en voiture maintenant ?

Je roulais des yeux quand l’Inspecteur Keller déclara que j’avais bel et bien agressé quelqu’un et que, donc, j’avais bel et bien fait quelque chose de mal. Ce type le méritait ! D’ailleurs, j’espérais que cette petite expérience allait le dégouter à jamais de venir dans ce foutu quartier !

Puis, tel un bon petit flic, l’Inspecteur Keller me déblatéra toute la procédure. En gros, ils comptaient me transférer au commissariat et m’y retenir captif comme la loi le leur permettait. Je crachai entre mes dents que je connaissais mieux la procédure qu’eux. Ils n’avaient pas besoin de me la dire. Sauf que le petit malin déclara qu’il le faisait justement pour que des avocats comme moi ne vienne pas leur reprocher quoi que ce soit, après ça. Je ricanai, toujours furieux par la situation.

-Je trouve toujours quelque chose, Keller ! Et si ce petit connard porte plainte, je me ferais un plaisir de soulever la moindre petite erreur de sa part ou de la vôtre. La moindre !

J’étais doué pour ça. Ce n’est pas pour rien que Jimmy Reed m’a choisi pour être son avocat. C’est parce que je suis bon.

Je n’arrivais pas à me calmer si bien que je me mis à cracher sur les deux bouffeurs de donuts qui n’avaient rien d’autres à foutre que d’emmerder des citoyens convenables au lieu d’aller chasser la vermine dans l’Eastside. Sauf que Keller déclara que d’autres flics s’occupaient de l’Eastside et que l’agression qu’il avait vu dans la villa de Hill avait l’air réelle.

-Putain, c’est n’importe quoi !

Je continuais de m’énerver alors que Keller me demanda si j’avais souvent ce genre de « crise ». Je ne m’attendais pas à cette question à laquelle je répondis. Moi-même ça m’énervait de m’énerver ainsi alors que j’avais des armes bien plus puissantes que mes poings ! Mes mots étaient souvent plus puissants et je savais que j’aurais pu démolir ce petit enfoiré à coup de mots. Ça aurait été cent fois plus satisfaisant qu’une effusion de sang.

Mais je n’avais pas réussi à me retenir et c’était l’une des choses qui ne faisait rien pour faire en sorte que je me calme. Et quand Keller déclara que j’avais dû passer une mauvaise journée, je ricanai avant de lancer, ironique :

-Tu crois ? Belle déduction !

Je venais de passer une horrible journée ! Donc, ouais, ça a joué… Merci de souligner l’évidence, Inspecteur Keller !

Soudain, je me sentis mal… J’avais tellement hyperventilé que mon corps n’avais pas supporté. J’avais vacillé avant de me reprendre, désormais, complètement vidé. C’était signe que la crise était passée… Et ça me permis de retrouver quelques peu mes esprits. Ainsi, j’avais simplement demandé à ce que les deux bouffeurs de donuts me ramènent chez moi.

Sauf qu’ils étaient obligés d’aller jusqu’au bout. Je roulai des yeux.

-Et je vais devoir remonter à Beverly Hills ? C’est une perte de temps ! On peut faire comme si vous ne m’aviez pas menotter, non ?

Non… Visiblement, non. Parce qu’ils voulaient bel et bien m’embarquer. Je grommelai.

-Ouais ! Je serais calme… Je n’ai plus envie de rester ici. Même si, sérieusement, cette arrestation est un perte de temps.

Ils me firent embarquer… Mon visage était fermé. J’avais, bien sûr, toujours les menottes… Ce qui était hautement inconfortable !

-Putain, vous auriez pu enlever les menottes. Je sais que ce n’est pas la foutue procédure mais ce n’est pas confortable. Pas étonnant que les gens sont agressifs quand vous les embarquer. Allez jusqu’à Downtown comme ça, ça va me donner des courbatures ! Tout ça pour que vous me relâcher dans quoi ? Une heure ? Vous aurez des pensionnaires bien pire que moi au cours de la nuit et le commissariat ne dispose pas de tant de cellule. Je continue à dire que vous me faite perdre mon temps, que vous perdez le vôtre et qu’un dealer risque bien de dealer toute la nuit parce que je prends inutilement une place dans une cellule. Il est encore temps pour me débarquer chez moi…

Victor disait qu’il trouvait toujours quelque chose à redire sur les procédures. Des avocats comme lui, j’en avais déjà vus à l’œuvre. Et le pire, c’était que c’était souvent la police qui prenait, dans ces cas-là. Parce que dans le feu de l’action, ouais, c’était difficile de penser à tout.

Je soupirai.

-Je sais. Tu trouveras…

C’était possible. Encore fallait-il que sa victime porte plainte, sinon, tout ça n’irait pas bien loin.

Victor s’attaquait à la pertinence de notre intervention, disant qu’il y avait bien d’autres choses à faire pour des flics comme nous. Sauf qu’il avait bel et bien agressé quelqu’un et pas qu’un petit peu. D’ailleurs, l’ambulance ne devrait pas tarder à se pointer et j’espérais bien que j’aurais réussi à mettre Victor dans notre voiture et à dégager le plancher avant.

Parce qu’il n’y aurait rien de pire que de remettre les deux hommes l’un tout près de l’autre. Ça allait tout raviver d’un coup.

Je lui demandai si ça lui arrivait souvent, des crises comme ça. Conrad, lui, nous observait, comme moi prêt à intervenir au moindre truc qui pourrait se passer. Mais j’avais l’impression que Victor arrivait tout doucement au bout de son énergie.

Il se fatiguait tout seul et c’était tant mieux. Même si j’eus par deux fois l’impression qu’il allait me faire une syncope.

Il avait, donc, passé une mauvaise journée.

-Tu pourras nous la raconter en cellule, si tu veux.

Conrad et moi, on était forts à ce jeu-là… C’était pour ça qu’en générale, on avait pas trop de problèmes, même dans les situations les plus difficiles. Parfois, une bonne écoute et un peu de compassion pouvait désamorcer les situations les plus délicates.

Il voulait qu’on le ramène chez lui mais je lui expliquai que c’était un peu tard. Maintenant qu’on l’avait officiellement privé de liberté en lui passant les menottes, on était obligé de faire les choses bien ! Parce que si l’autre venait à porter plainte, Victor s’empresserait de nous fustiger pour arrestation arbitraire.

-Fallait y penser avant d’essayer de nous mettre un coup de boule.

Il promit d’être calme, même s’il trouvait que tout ça n’était qu’une perte de temps.

A la bonne heure. Si tu te tiens bien, on fera un bon rapport. Ça te permettra de mieux t’en sortir si jamais ta victime porte plainte.

Une fois dans la voiture, il se mit à râler à cause de l’inconfort que créaient les menottes. Je roulai des yeux alors qu’il déblatérait là-dessus. Il disait aussi que ça ne servait à rien d’user d’une cellule pour lui.

-Ne t’en fais pas, on a assez de cellules et comme tu dis, tu n’y resteras sûrement pas longtemps.

Je tournai la tête vers lui, vu que j’avais pris place sur la banquette arrière avec lui, pendant que Conrad prenait le volant.

Vingt minutes plus tard, on était au commissariat. J’aidai Victor à sortir et, quand on entra dans le commissariat, au sous-sol, là où il y avait les cellules, je le démenottai.

-Tu veux le passer, ton coup de fil ?

L’Inspecter Keller était teeeeeeeeellement perspicace qu’il avait conclu que si j’avais à ce point péter un câble, c’était parce que j’avais passé une mauvaise journée. J’avais confirmé soulignant en utilisant un ton ironique, le fait que c’était une observation superflue. Mais ça ne démonta pas le mangeur de donuts qui déclara simplement que je pourrais raconter tout ça en cellule. Comme si j’avais envie de raconter ma vie à deux poulets rôtis !

-C’est ça, ouais !

Pour que tu te fasses des thunes en vendant ma mauvaise journée à L.A.People, Keller ? Il n’en est absolument pas question ! Je n’avais aucune envie de donner ce sentiment de puissance à Kate Julian et River Moriarty. Je voulais leur donner le moins possible le pouvoir sur moi ! J’avais passé ma journée à ça !

A force de m’énerver, j’avais fini par venir à bout de mon énergie et, en même temps, de la crise. Quand j’explosais comme ça, d’habitude, j’avais souvent Carrie ou Vicky pour me faire redescendre. Vicky était douée pour ça. Il faut dire qu’elle avait une certaine expérience. Mais, aujourd’hui, je n’avais eu personne.

Qui disait fin de crise, disait que mon cerveau recommença à fonctionner plus ou moins comme il faut et c’est un rien moins énervé que j’avais demandé à être ramené chez moi. Sauf que la procédure pour m’amener en cellule était déjà lancé et que j’avais, face à moi, des flics bien trop intègre à mon goût ! A moins qu’ils avaient simplement trop peur de faire le moindre petit vice de procédure… J’avais montré tout mon mécontentement face et ça et je fronçai les sourcils quand Inspecteur Donuts déclara que j’aurais dû penser à ça quand j’avais valu leur donner un coup de boule.

-Je n’ai pas fait ça ! Vous avez mal interprété mon geste…

Dans tous les cas, je voulais, de toute façon, décoller d’ici alors je promis d’être calme afin qu’il me fasse monter dans leur foutue bagnole. Il déclara que si je me tenais bien, ils feront un bon rapport comme si j’étais un petit enfant de maternelle !

-Je pourrais m’en sortir même si votre rapport est merdique !

Ils m’embarquèrent, donc, et je ne tardai pas à me plaindre de l’inconfort à cause des menottes. Je vis l’Inspecteur Keller rouler des yeux… Décidément, il se prends pour Carrie ou quoi ? Je fis, ensuite, un speech déclarant que j’allais certainement prendre une place en cellule alors que des gens bien pire pourraient la prendre. Mais d’après Keller, il y aura assez de place.

-Avec toutes le criminalité qu’il y a, on se demande bien pourquoi il y a assez de cellule…

Incompétents ! C’était ce qu’étaient les flics de Los Angeles !

Donc, ils m’emmenèrent au commissariat et, quand on arriva dans le sous-sol où se trouvaient les cellules, on m’enleva, enfin, les menottes. Je me frottais les poignets montrant bien, sur ma figure, que je n’avais guère apprécié de les avoir portées aussi longtemps ! C’est là que Keller me proposa mon fameux de coup de fil.

-Pour appeler qui, hein ? Mon avocat ?

Je ricanai.

-J’arriverais bien à rentrer tout seul. Je n’ai pas besoin de coup de fils !

Sur ce, je n’attendais pas qu’on me dise quoi faire. Je filai mes papiers aux flics avant d’enlever les lacets de mes chaussures. Ma seule satisfaction étaient qu’ils allaient devoir faire un rapport et que c’était le genre de trucs qui faisaient chier les flics.

On me mit dans une des cellules. Il y avait un autre détenus… Un Carlos Ramirez… Ce n’était pas étonnant en soi…

-Tu ne peux pas ouvrir une fenêtre, Keller ? Ça pue ici. J’en reviens pas que je vais devoir passer au moins une heure à quelques mètres d’un Carlos Ramirez l’Eastside… Il devrait il y avoir un commissariat pour les gens comme moi et un pour les gens comme lui.

Le latino, une grand brindille bien moche, s’offusqua.

-Hey ! Keller ! C’est qui ce petit minet ? Il se prend pour qui, hein ?! Fait-lui la fermer ! Je m’appelle même pas Carlos Ramirez. Je m’appelle Carlos Martinez.

Puis, il tilta.

-Putain mais t’es l’avocat de Jimmy Reed, en fait…

Je ricanai mais c’est Keller que je regardais et pas Carlos Ramirez.

-Qu’est-ce qu’il vient de dire, Keller ? J’ai rien compris… Son accent mexicain est trop prononcé.

Je sentais que l’heure allait passer LEN-TE-MENT.

Victor, qu’on était sur le point d’embarquer pour le commissariat, protesta qu’on avait mal interprété le geste qu’il avait eu un peu plus tôt. Evidemment, il n’allait pas avouer qu’il avait cherché à nous faire mal.

Il disait aussi qu’il pourrait s’en sortir même si on lui faisait un rapport merdique. Plus il parlait, plus j’en avais bien envie, de lui mettre la tentative de coup et l’outrage sur la tronche. Mais bon… ça serait long à écrire et Conrad et moi n’étions pas fan de la rédaction de procès-verbaux.

-Tant mieux pour toi.

On l’embarqua donc et il se plaignit des menottes, de la possible surpopulation carcérale et autre. Bref, il semblait que Victor Hunter ne savait pas s’empêcher de parler. Mais au moins, il semblait un rien plus calme. La crise était passée.

Je lui expliquai qu’il y aurait bien assez de cellule pour tout le monde et lui d’insinuer, en gros, que les flics de L.A. ne foutaient rien et qu’on était des incompétents. Mais ça ne me touchait pas, pas plus que Cornad qui me sourit d’un air entendu à travers le rétroviseur central. Ça ne nous touchait pas parce que c’était un discours qu’on entendait souvent.

Une fois au commissariat, on le détacha et je lui proposai de passer son coup de fil. Mais il répliqua par de l’ironie. Je haussai les épaules.

-C’est toi qui vois.

On lui fit vider ses poches, enlever sa ceinture et ses lacets. Conrad s’occupa de ses papiers et alla s’installer à la machine à écrire pour commencer le rapport. Je rangeai mon petit avocat dans une des cellules et refermai la grille.

Mais il avait encore des choses à dire. Ça puait. En effet, le complexe cellulaire du commissariat avait l’odeur particulière de ce genre d’endroit. Un mélange d’odeur indéfinissable. Sueur, sang, urine, peur et violence. C’était très particulier mais…

-Tu vas t’y faire…

Nous on s’y était fait.

-Et il n’y a pas de fenêtre. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais on est au sous-sol.

Je soupirai alors qu’il avait dit qu’il ne voulait pas être dans le même complexe cellulaire qu’un latino. Je fronçai les sourcils et secouai un peu la tête, perplexe.

-Et tu es raciste, avec ça…

Le latino, Martinez, voulait que je fasse taire l’avocat.

-j’ai déjà essayé, je pense que c’est peine perdue.

En y regardant de plus près, Martinez identifia Victor comme étant l’avocat de Jimmy Reed. Encore une fois, je fus surpris.

-Comment tu sais ça, toi ?

Ce fut ce que je demandai alors que je prenais mon paquet pour m’allumer une cigarette bien méritée.

Les cellules puaient. C’était une odeur réellement prenante qui allait rendre la prochaine heure très pénible. Car je comptais bien faire en sorte de sortir dans l’heure qui suivait. Aucune envie de rester là plus qu’il ne le fallait !

J’avais refusé le coup de fil. Pour téléphoner à qui de toute façon ? Carrie ? Ça ne servait à rien… Absolument rien ! Une fois sorti, je comptais prendre un taxi pour retourner chez Hill rechercher ma voiture et redescendre chez moi.

J’avais dû enlever mes lacets, vider mes poches… Ils avaient bien intérêt à me rendre absolument tout. Jusqu’à la moindre petite cigarette. Parce que je savais exactement combien il en restait dans le paquet, hein ! Et je n’avais aucune confiance en ces flics… Je savais qu’ils considéraient le commissariat comme leur territoire où ils étaient tout permis. Les gens qui deviennent flics sont souvent des gens insignifiant en manque de sensation qui aiment se retrouver dans des positions de pouvoir afin de pouvoir exercer ce foutu petit pouvoir qu’ils avaient. C’est souvent des mal baisés, d’ailleurs. Et ce Keller avait bien une tête de mal baisé. Tout comme cet Irlandais, d’ailleurs. S’ils ne l’avaient pas été, ils avaient simplement laissé coulé et m’auraient ramené chez moi !

Keller m’avait enfermé et je m’étais plein de l’odeur. Il déclara que j’allais m’y faire. Je fronçais les sourcils.

-Je n’ai pas l’habitude de nager dans la merde, Keller. Donc, non, je ne crois pas que je m’y habituerais. Même la prison de Saint Quentin pue moins que ça !

Il affirma qu’il n’y avait aucune fenêtre et, pour cause, on était au sous-sol. Je roulai des yeux. Il aimait vraiment avoir réponse à tout, hein !

Je finis par me plaindre, ensuite, du type qui se trouvait dans l’autre cellule. Rien que l’idée de passer une heure avec un rebus de l’Humanité ne me plaisait pas ! Comme si ma journée n’avait pas été assez merdique comme ça ! Et mes remarques firent souligner à Keller que j’étais raciste. Oh ! Tout de suite les grands mots !

-Non. Je suis juste lucide !

Et Keller est aveugle. Il n’a pas remarqué que les endroits qui contiennent le plus de latinos sont ceux qui contiennent, aussi, le plus de criminalité ? Les chiffres me semblent assez claires pourtant, hein ! Il ne faut pas être un génie pour s’en rendre compte.

Le Carlos Ramirez voulait que je la ferme mais Keller disait que c’était peine perdue. Il n’est pas encore né le type qui fera taire Victor Hunter. Bien des gens ont échoués à cette tâche. Et tout ça m’arracha un sourire en coin alors que le latino, lui, se rendit compte que j’étais l’avocat de nul autre que Jimmy Reed. Chose qu’ignorait Keller. S’il l’avait su il m’aurait débarqué chez moi, vous croyez ?

Le Carlos Ramirez leva un sourcil.

-Tu lis jamais L.A.People, Keller ? Ils ont parlé de ce type un jour parce qu’il a tabassé un mec dans un bar.

Il regarda alors vers moi se collant au barreau. Sa sale gueule dépassait légèrement.

-Tu as fait quoi cette fois, hein, petit minet ?

Il m’appelle encore une fois « petit minet », je lui promets de lui refaire un foutu lifting parce qu’il en a besoin, hein, le Carlos Ramirez ! Il avait de la chance que j’étais complètement vidé par la crise de toute à l’heure. Ce qui, quelque part, me permettait de pouvoir, à la place, utiliser ma répartie.

-J'ai tabassé un type. C’est, en tout cas, ce que vont écrire ces deux mangeurs de donuts. Et toi, le churros, tu as fait quoi ? Laisse-moi devinez… Tu as été pris en train de vendre de la drogue dans une ruelle puante de l’Eastside. J’ai juste ?

Il fit la moue.

-Non, je vendais de la farine. C’est les flics qui ont pensé que c’était de la drogue.

Putain, mais c’est n’importe quoi ! C’est la seule défense que ce type avait ? Le juge allait le bouffer tout cru demain matin ! Je fixai Keller.

-Bon ! Ce type semble avoir deux de Q.I. et vous à peine six alors je vais aller passer mon heure à essayer de me reposer, ok ? Préviens-moi si le type porte plainte…

Et je me couchai sur la couchette toujours incommodé par l’odeur. Sauf que j’étais tellement vidé qu’il ne fallut pas deux minutes avant que je m’endorme…

Victor n’était pas à une plainte près… Les menottes, l’odeur, la procédure de mise à l’écrou… Impossible de le faire taire. C’était hallucinant. Et en bon avocat qu’il était, il ne manquait pas de répartie.

Et encore moins de mépris… Que ce soit pour nous, policiers, pour ses compagnons d’infortune ou pour le bâtiment. Tout semblait être sujet à insulte. Heureusement que j’avais l’habitude, tout comme Conrad, et qu’on était bien loin de s’emballer.

Je prenais juste un malin plaisir à essayer de répondre à chaque fois à Victor. Bon, ça ne faisait qu’ajouter de l’eau à son moulin, mais c’était marrant de le voir patauger dans la choucroute. Parce qu’au fond, c’était lui qui était en cellule, pas nous.

Donc, j’appris que la prison de Saint Quentin puait moins que nos humbles cellules. Je rigolai en secouant la tête.

-C’est parce que tu as droit aux salles VIP en tant qu’avocat, ça.

Je soulignai aussi qu’il était bien raciste, ce petit aryen. Mais il répliqua être juste lucide. Je le regardai d’un air torve et un peu amusé.

-Vraiment ?

Il y avait une demi-heure, il ne m’avait pas paru si lucide que ça. Au contraire, il avait été complètement en proie à sa colère au point que j’avais cru par deux fois qu’il allait dépasser ses limites et tomber dans les pommes.

Martinez, qu’une autre équipe avait chopé dans une ruelle de l’Eastside un peu plus tôt dans la journée et qui attendait de passer devant le procureur, ce qui ne se ferait probablement pas avant demain matin, avait reconnu Victor comme étant l’avocat de Jimmy Reed.

Je me demandais comment il savait ça mais apparemment, la chose avait été dévoilée par L.A.People. Et en effet, l’article me disait vaguement quelque chose. Est-ce qu’il n’y avait pas eu une histoire avec Cash Izbel aussi.

-Ah ok… Possible que je l’aie lu… Mais je ne retiens pas tout ce qui se dit dans L.A.People.

Ce qui fit ricaner Conrad qui tapait à la machine à écrire et qui, lui, retenait pratiquement tout ce qui se disait sur les stars.

Bref, question de tabasser des gens, Victor n’en était pas à son premier rodéo, si toutefois, ce que L.A.People avait dit était la vérité parce que souvent, c’était à prendre avec des pincettes, ce genre d’information.

Il y eu un bref échange entre les deux détenus, quelques insultes encore, puis Victor décida de se coucher sur sa banquette.

-A la bonne heure…

Je tirai longuement sur ma cigarette et revins près de Conrad pour l’aider à rédiger le rapport. Peut-être qu’une plainte de la victime viendrait étoffer le dossier, mais il était trop tôt pour le dire. De toute façon, Victor, s’il y avait procès, comparaitrait certainement libre…

C’était ça l’avantage de faire partie de la haute société de L.A.