Finan m’avait passé un coup de fil qui m’avait permis d’avoir des nouvelles de mon bébé. Heaven me manquait cruellement mais cette séparation m’était nécessaire pour y voir plus clair et savoir comment j’allais réorienter ma vie. Sans ma fille dans les bras, je me permettais de participer aux ateliers de groupes et je découvrais que ma destinée m’appartenais à moi et moi seule.

Chaque fois que j’étais tombée amoureuse, j’avais calqué mon existence sur le style de vie de l’homme qui faisait battre mon cœur au point d’oublier complètement ce que je voulais moi, qui j’étais réellement. Les ruptures n’en étaient que plus douloureuse et dévastatrice. En parlant avec les autres femmes, je découvraient aussi que je n’étais pas la seule, loin de là, à avoir fait de l’homme le centre de ma vie.

En parlant au téléphone avec Finan, j’avais compris entre les lignes que la cohabitation avec Heaven n’était pas aussi simple qu’il tentait de me le laisser croire. Je pouvais imaginer que la situation n’était pas simple avec un nouveau bébé sur les bras qui plus est. Je n’avais pas de date précise à donner à Finan mais je lui assurais que je faisais de mon mieux pour tout arranger dans un laps de temps raisonnable.

Ça ressemblait à quoi un laps de temps raisonnable quand il s’agissait de rebâtir toute une vie et une santé mentale ? Je n’en avais aucune idée mais la suggestion de Finan de prendre contact avec Sigurd n’était pas insensée. Il me manquait et d’après ce que le gardien de ma fille m’avait confié, je lui manquais aussi. Le tout était de prendre ce qu’il me restait de courage et oser passer le coup de fil de la honte.

J’avais mis quelques jours pour sonner Sigurd. Je ne savais pas ce que j’allais lui dire ni comment les mots allaient sortir et même que à ma première tentative, j’avais raccroché avant qu’il ne décroche ou que son répondeur ne le fasse pour lui. Ce n’était pas simple comme situation, je ne voulais pas qu’il se croit l’homme de rechange. Ce n’était pas le cas bien que j’avais toujours des sentiments pour mon mari.

C’est au quatrième essaie que j’étais parvenue à ne pas reculer et raccrocher quand Sigurd avait répondu. Cela dit, si j’avais été assez courageuse pour ne pas déposer le cornet et fuir le téléphone, je bégayais, trouvais aucun mot pour amorcer la conversation et finis par fondre en larmes en marmonnant :

- Je suis désolée !

J’étais désolée de ne pas avoir donné de nouvelle avant, d’avoir été incapable de lui demander de l’aide quand c’était le temps et d’avoir fuis comme si c’était moi la coupable alors que tout ce que j’avais fait avait été de vouloir obtenir la vérité.

Je pleurais un moment, peut-être longtemps, puis je me repris tout en essuyant mes yeux du revers de ma manche.

- Est-ce que tu voudrais venir me voir, au centre ? Je t’ai ajouté à la liste de mes visiteurs. Ça me ferais du bien de te revoir.

La visite de Sigurd serait un pas concret dans ma quête de reconstruction mentale et physique.

@ Billy Lighter

Ça faisait un long moment maintenant que je n’avais plus vu Sky. Elle avait élu domicile dans un centre pour femme battue peu après avoir porté plainte pour violence conjugale contre son mari, Ward Fleming.

Depuis ce jour, la presse faisait ses choux gras de « l’affaire Fleming Junior ». Parce qu’en plus de la violence conjugale, le mari de Sky était aussi soupçonné d’être El Lider, le chef du gang le plus violent de Los Angeles. Je savais que Ward était loin d’être recommandable. Je savais, de la bouche d’Ivar, qu’il n’avait pas, comme je l’imaginais, pris le chemin de la rédemption…

Donc, on en était là. Ward en prison, Sky dans un centre et moi dans l’attente de la suite.

Parce que j’attendais. Mon amour pour Sky n’avait pas cessé du jour au lendemain. Au contraire, voir qu’elle avait eu le courage de porter plainte m’avait fait l’aimer encore plus. Je l’aimais malgré qu’elle me laissait sans nouvelles… Car je n’en avais eu que très peu, des nouvelles… Sky semblait ne pas vouloir me parler. Pas pour l’instant en tout cas. Je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait dans sa tête mais j’aurais aimé qu’elle me parle afin que je puisse la soutenir.

Elle ne m’en avait pas encore laissé le faire… Et les dernières nouvelles que j’avais eues étaient par Finan… Il m’avait dit que Sky lui avait confié Heaven… J’avoue qu’apprendre ça avait serré mon cœur. Sky avait pensé à Finan et non à moi alors que j’aurais tout fait pour m’occuper d’Heaven comme il se devait. J’avais un bon feeling avec elle alors que je savais que Finan ne connaissait pas la petite.

Mais je respectais les choix de Sky. C’était elle la mère d’Heaven… Moi, je commençais peu à peu à croire qu’elle avait fait une croix sur notre relation… Voir même sur notre amitié… Et ça me désolait…

J’essayais, alors, de me concentre sur d’autres choses. Mais avec The Warriors en Irlande, j’avais bien trop de temps libre… Un temps libre que je passais à passer la serpillère derrière ma mère et ma sœur qui, elles, n’avaient pas encore décidés de se reprendre en main.

Ces derniers jours, j’avais reçu plusieurs coups de flics… Mais chaque fois que j’étais sur le point de décroche, la personne raccrochait. J’avais pensé à un ami impatient… Quelque chose comme ça… Jusqu’à-ce que, à un moment, ça ne raccroche pas.

-Oui ? C’est Sigurd.

De l’autre côté du fil, j’avais reconnu la voix de Sky. Elle bégayait un peu… Elle sembla chercher ses mots. Quant à moi, mon cœur s’était mis à battre plus vite.

Jusqu’à-ce qu’elle ne fonde en larmes pour s’excuser. Elle s’excusait sûrement de son silence. J’eus mal au cœur pour elle.

-Non, Sky, ne t’excuse pas. Je te pardonne, ok ? Ça va aller.

Je pouvais bien imaginé que sa situation était suffisamment difficile comme ça et que c’est pour ça qu’elle avait décidé de garder le silence. Je ne lui en voulais pas. J’étais même heureux qu’elle ait pris le courage de m’appeler.

Elle voulait que je vienne la voir au centre. Elle avait besoin de me voir. Je ne pouvais absolument pas refusé ça.

-D’accord, je vais venir. J’arrive tout de suite.

Elle me donna l’adresse du centre et, après avoir raccroché, j’avais embarqué dans ma voiture direction Malibu.

Le centre était bien caché dans les collines de Malibu et après m’être garé, il ne m’avait pas fallu longtemps avant de voir une présence policière sur place. Ils contrôlèrent, d’ailleurs, mon identité avant de me laisser entrer étant donné que j’étais sur la liste de Sky.

Une femme m’accueilli dans le hall. Elle était souriante et alors que je me présentai, elle déclara que Sky était dans le jardin. Elle me montra la direction et je m’y rendis pour voir un parfait petit écrin de nature à l’abri de tous les regards. Je souris m’avançant vers Sky qui était sur des sièges dans le coin du jardin. Je m’approchai d’elle.

-Sky ! Je suis vraiment content que tu ais appelé… Je… Tu m’as vraiment manqué. J’ai cru que tu ne voulais plus entendre parlé de moi.

Je pris place sur un siège près d’elle. Je la fixai voyant que, dans son regard, elle avait perdu l’éclat qu’elle avait autrefois.

-Finan m’a dit que tu lui avais confié Heaven… Ça a dû être difficile comme choix…

Je regardai autour de moi avant de la regarder à nouveau.

-En réalité, tous les choix que tu as fait dernièrement ont été difficile. Mais je pense que tu as fait le bon choix pour ton mari… S’il t’a fait mal, tu ne pouvais pas continuer ainsi.

Pour moi, c’était une évidence. Mais c’était toujours plus compliqué quand on était dans une relation toxique de s’en rendre compte.

Ma voix était quelque peu hésitante car je ne voulais pas brusquer Sky.

@ Billy Lighter

Entendre la voix de Sigurd à l’autre bout du fil me chavira le cœur Je camouflais le microphone du cornet alors que de grosses larmes coulaient sur mes joues. Je ne savais pas quoi dire concrètement pour expliquer le temps que j’avais dû prendre pour éclairer mes idées. Je lui demandais simplement pardon, entre deux sanglots.  Sigurd disait qu’il me pardonnait et que tout irait bien.

Je voulais tellement le croire !

Quand ma voix se fis moins tremblante, je lui demandais de venir me voir au centre, s’il le voulait, bien sûr. Il accepta et même qu’il était prêt à venir immédiatement. La conversation téléphonique ne traina pas alors je raccrochais et j’allais l’attendre au jardin, puisque de toute façon, nous n’avions pas droit de recevoir de visiteur dans nos chambres.

Sigurd arriva tout au plus trente minutes après mon coup de fil, ce qui voulait dire qu’il s’était mit en route tout de suite. Je lui étais reconnaissante pour ça. Tout de suite, il s’approcha de moi et s’installa sur une chaise en rotin blanche près de moi. Je baissais les yeux, honteuses alors qu’il confia avoir cru que mon silence voulait dire que je ne voulais plus entendre parler de lui.

- Si tu savais… Ce n’est vraiment pas ça…

Tout avait été si vite à partir du moment où j’étais entrée dans le commissariat de police pour parler avec Jordan Keller ! Je n’avais pas eu le temps de réfléchir sur beaucoup de chose et même une fois ici, ma priorité avait été Heaven et sa sécurité. Et parlant d’Heaven, Sigurd souligna le choix difficile que j’avais eu à faire ce qui voulait dire qu’il avait parlé avec Finan, dernièrement.

- Je devais la mettre en sécurité quelque part où jamais Ward ne penserait la chercher. Je ne pensais qu’à ça, au-delà de ma douleur de me séparer d’elle.

J’en souffrais d’ailleurs tous les jours, ma fille me manquait horriblement mais je faisais ça pour elle, autant que pour moi.

Sigurd continua en parlant de tous les choix que j’avais dû faire et en l’écoutant, je sentis mes larmes envahir à nouveau mes yeux que j’essuyais avec les poignets de mes manches. Tout le monde soulignait le courage que cela m’avait prit pour faire ce que j’avais fait, porter plainte contre Ward Fleming alors que moi, je ne voyais là que l’acte le plus stupide de l’humanité.

- Pourtant… j’aurais dû. Je pouvais le contenir avant… avoir un certain contrôle sur lui. Il… Ce qu’il a fait n’était qu’un faux pas.

En portant plainte contre Ward, j’avais réveillé un monstre sanguinaire qui, de là où il se trouvait, trouverait toujours un moyen de m’atteindre et de me faire du mal.

- J’ai beaucoup plus peur de lui maintenant qu’avant. Et si je ne t’ai pas contacté avant, c’est justement parce que je crains tout et tout le monde. Je tiens trop à toi pour te perdre parce que je n’aurai pas réfléchit aux possibles conséquences que ma plainte aura sur le restant de ma vie.

@ Billy Lighter

Je m’étais installé aux côtés de Sky dans ce jardin qui semblait tellement loin de l’animation qu’il y avait au centre-ville. Ça me rappelait un peu mon enfance quand je vivais aussi sur Malibu dans la villa de mon père. J’ai l’impression que c’était dans une autre vie.

Sky en tarda pas à pleurer et à s’excuser. Mais je lui pardonnais. Je savais que la situation, pour elle, n’était pas simple. Je déclarai simplement avoir cru qu’elle ne voulait plus me voir mais ça n’était pas le cas. J’hochai de la tête. Je la croyais.

Sa vie avait basculé à partir du moment où elle avait porté plainte contre Ward. Son mari avait été embarquée et elle s’était retrouvée ici. Ajoutons à ça tout le battage médiatique sur le sujet. L.A. adore le sang et, avec Ward, c’était une mare de sang que L.A. avait trouvé. Le fait qu’il soit le fils du Boucher de Los Angeles ne faisait que mettre plus de piments à l’histoire… Mais derrière tout ça, il y avec des drames. Dont celui de Sky. Sky qui avait eut le courage de parlé mais qui en payait le prix. Je trouvais ça triste. Elle et Heaven ne méritaient pas ça.

D’ailleurs, je parlais d’Heaven. Et, au lieu de souligner le choix qu’elle avait fait, je soulignais son courage. Elle déclara qu’elle devait mettre sa fille à l’abri. Visiblement, même le fait que Ward soit en prison ne la rassurait en rien sur sa sécurité.

-Je comprends. Avec Finan, elle sera en sécurité. Surtout qu’elle est à des milliers de kilomètres d’ici.

Je cherchais à la rassurer concernant ses choix. Elle avait eu le courage de se dresser contre son mari qui lui a fait du mal. Ce n’était pas évident mais elle l’avait fait. Pourtant, elle se disait qu’elle aurait pu faire autrement. Que Ward n’avait fait qu’un faux pas. J’hochai négativement de la tête.

-Non. Si ton homme est violent avec toi une fois alors il recommencera. Ce n’est pas à toi de le contenir. C’est a lui de se contrôlé. S’il ne le fait pas pour toi, il ne le fera pour personne. Tu as bien fait de demander de l’aide.

Surtout qu’il n’y avait pas que ça… Ward était un proxénète et un chef de gang. Alors même si Sky hésitait sur le fait que Ward soit réellement violent avec elle, elle ne pouvait pas nier qu’il l’était avec le reste du monde.

-Puis… Pour être honnête, Sky… C’est un proxénète et une chef de gang aussi. Donc tu as bien fait…

Mais elle déclara avoir désormais bien plus peur de Ward maintenant qu’avant. Elle avait peur pour elle, pour sa fille mais aussi pour moi. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle ne m’avait pas contacté plus tôt. Je comprenais sa peur. Je n’étais pas dupe au point de penser que des barreaux pouvaient retenir Ward de commettre des méfaits à l’extérieur.

Je fixai Sky.

-Je fais attention tu sais… Je l’ai toujours fait… Mais c’est clairement comme ça que Ward arrivera a te faire mal. En te laissant penser qu’il pourra faire du mal à tout ceux que tu aimes. Le seule façon de le contrer est de vivre.

Je mis une main sur sa cuisse.

-Si tu n’avais pas porté plainte qui sait ce qui serait arrivé ? Si tu étais resté avec lui, quel mal il aurait pu te faire ? A toi et à Heaven… Tu n’as pas a mettre en doute ton choix. C’était le bon, Sky.

@ Billy Lighter

De voir Sigurd s’installer tout près de moi dans l’immense jardin du centre, heurta mes sentiments et fissuras la frêle carapace que je parvenais encore à maintenir malgré tout ce que je traversais. J’étais loin d’être aussi forte qu’ils le disaient tous. Les psy, les intervenants, les autres femmes, logées ici, Jordan, Nell et même Finan. Je n’étais que la toute petite goutte d’eau qui avait fait déborder l’océan.

Je ne savais pas quoi dire à Sigurd alors qu’avant qu’il n’arrive, j’avais un millier de choses à lui dire. Je cherchais mes mots et ceux que je trouvais restaient coincés dans ma gorge. Tout ce qui fini par sortir fut de plates excuses.

C’était un début.

Sigurd comprenait, il pouvait imaginer ce que j’avais vécue probablement parce qu’il trainait lui aussi un lourd passé. Entre gens égratignés, nous pouvions nous comprendre, peut-être même s’entraider, au moins se soutenir.

Il me parla d’Heaven, du courage dont j’avais fait preuve pour me séparer de ma fille. Je ne savais pas si nous pouvions qualifier mon geste de courageux mais je savais que pour le moment, mon bébé était mieux loin de Los Angeles. Ce n’était pas facile pour elle, autant que pour moi, de ce que j’en avais comprit après le téléphone de Finan ce qui rendait la séparation encore plus douloureuse.

Ce n’était qu’un mauvais moment à passer, une épreuve à surmonter.

- C’est la seule chose réconfortante dans tout ça… Le fait qu’elle soit si loin pour l’instant. Je m’accroche à ça pour garder la tête hors de l’eau.

Si j’avais gardé Heaven avec moi, je n’aurais pas su travailler sur moi. Je n’aurais fait que m’inquiéter à chaque thérapie de groupe pendant lesquelles, les enfants résidents sont en activité à la garderie du centre. La nuit, j’imagine Ward ou n’importe qui envoyé par lui réussir à contourner le système de surveillance et entrer par la fenêtre de ma chambre pour nous assassiner toutes les deux. En fait, non. Ward ne m’assassinerait pas. Il tuerait notre fille devant moi sachant que c’est ce qui me ferait le plus de mal puis il me garderait captive quelque part pour me torturer pour son bon plaisir jusqu’à ce que je meurs, à bout de force.

Je regrettais ma dénonciation ! Je ne pouvais plus imaginer d’avenir ni pour Heaven, ni pour moi, pas tant que je n’aurais pas la certitude que Ward croupira en prison pour le restant de ses jours et que tous ses hommes l’ont abandonné. Je confiais mes pensées à Sigurd qui, bien sûr, pensait le contraire. Je savais au fond de moi qu’il avait raison, comme Jordan, comme Finan. Il n’y avait probablement que Nell qui comprendrait ce que je pouvais ressentir.

- C’est ce que tout le monde dit. Il l’a été avant, pas physiquement, mentalement mais je refusais de le voir parce que je nous pensais… Je nous voyais pas comme ça.

Mais quand je parlais avec les intervenants, ils avaient tous la même chanson en bouche tant et si bien que je savais le refrain par cœur maintenant.

- Il est tout ça et plus encore. C’est bien pour ça que je ne sais pas si j’ai si bien fait. Il ne lâchera pas… Il ne me lâchera pas.

Mon seul espoir résidait en Nell. Si quelqu’un pouvait faire un miracle, c’était bien elle puisqu’il ne semblait y avoir qu’elle que Ward écoutait et respectait. Il m’avait peut-être bien trompé avec Riley la prostituée mais c’était de Nell dont il tait éperdument amoureux, de ça, je n’avais aucun doute.

Je crevais de trouille pour un tas de raison et, l’une d’entre elle était que Ward s’en prenne à Sigurd s’il devait apprendre que nous avions une relation. Je ne comptais plus aux yeux de mon mari ce n’était pas pour autant qu’il ne se priverait de faire du mal à Sigurd. C’était bien compliqué tout ça, ça en faisait surtout trop à penser.

Sigurd posa sa main sur ma cuisse en m’exposant le fond de sa pensée, que la meilleure façon de montrer à Ward qu’il ne me faisait pas peur, était de vivre ma vie. Il réitéra que ce que j’avais fait était la bonne chose, que si je ne l’avais pas fait, le pire aurait pu être envisagé.

Il avait raison, ils avaient tous raison, je le savais !

- Je sais… Je…

Je me levais puis je passais mes mains sur mon visage avant de les ramener dans mes cheveux dans lesquels je jouais nerveusement. Je fis quelques pas avant de revenir près de Sigurd et de me rassoir. Je faisais souvent ça, me lever et marcher puis revenir à m on point de départ, comme si le fais de bouger chassait tout ce qui me pesait dessus.

- Je dois sortir d’ici dans une semaine bien qu’ils ne m’y obligent pas. Évidement, je ne retournerai pas à l’appartement bien que je compte envoyer  je ne sais pas qui récupérer tout ce qui me reste là-bas. Et je… Enfin, tu t’en doute, je ne peux pas envisager non plus daller vivre au-dessus. Imagine qu’il réussis à sortir de prison par je ne sais quel miracle ? Je dois me trouver un endroit, en hauteur, pas d’ascenseur et avec un accès direct au toit. Dans l’Eastside idéalement.

Je regardais Sigurd avec mes yeux remplis d’espoir, souhaitant qu’il se propose pour aller emballer mes affaires et me trouver n’importe quel appartement pas trop dégueu.

- Tu peux m’aider ?

@ Billy Lighter

Si Sky avait confié Heaven à Finan c’était pour la mettre en sécurité. Finan était, pour l’instant, à des milliers de kilomètres et c’est ça qui semblait rassurer Sky. Savoir sa fille bien loin de Ward était réconfortant. Bien que Ward était lui-même loin de L.A. vu qu’il était enfermé à Saint Quentin. Mais je savais que Sky avait aussi peur des hommes de Ward qui trainaient un peu partout à Los Angeles.

J'hochai de la tête comprenant que ce simple fait l'aidait à mieux encaisser le fait qu’Heaven soit autant loin de Ward qu’elle ne l’était d’elle.

-Quand tu la retrouveras, vous serez encore plus proches qu’avant.

J’en étais certain. Même si je savais que ça devait être compliqué pour Sky de perdre ces précieux mois de la vie de sa fille. Du temps qu’elle ne pourra jamais regagner.

Mais elle le faisait pour leur protection à toutes les deux ce qui était admirable. Même si j’entendais bien que Sky regrettait un rien d’avoir balancer Ward à la police. Elle semblait plutôt se dire qu’elle avait été faible. Qu’elle aurait pu faire les choses autrement et le calmer. Mais le fait était que Ward était une homme violent. Un homme que même elle ne pouvait contrôler. Un homme qui ose porter la main sur sa femme est un homme qui risque de le faire encore. Qui sait si, la prochaine fois, ça n’aurait pas été Heaven qui aurait reçu les coups ? Rien n’était à exclure. Sky avait agi vite et, de mon avis, elle avait pris la bonne décision.

Sky disait que tout le monde lui disait la même chose et elle avoua que son mari avait été violent psychologiquement avant ce fameux jour où elle est allé voir la police. Mes lèvres se pincèrent. Je n’arrivais pas à comprendre les gens qui faisaient ça aux gens qu’ils aimaient. C’était inconcevable pour moi.

-Quand on est pris dans le truc, on a du mal de prendre du recul et de voir ce qu’il ne va pas. Moi, je ne conçois pas qu’un homme puisse être violent physiquement ou mentalement avec la femme qu’il aime.

Mais Ward n’avait pas que ça comme défaut. C’était aussi un chef de gang et un proxénète ce qui faisait qu’il risquait carrément la peine de mort. Sky disait qu’il était plus que ça encore ce qui me fit frissonner. Il y avait un tas de rumeurs sur Ward dans l’Eastside… Et j’avais bien peur, au vue des charges, que ces rumeurs soient vraies.

-S’il a la peine de mort, il te lâchera… Et s’il est encore pire que ce que disent les charges sur lui alors ça veut dire qu’en faisait ce que tu as fait, tu as sauvé beaucoup de gens. Toi et Heaven compris.

Je voulais réduire à néant ses doutes même si parler de la peine de mort que risquait Ward était un peu maladroit. Mais n’était-ce pas la seule façon pour Sky de se sentir totalement libérée ?

Sky avait aussi peur pour moi mais j’étais un grand garçon. Je savais que je devais faire attention. Je pensais aussi que si Sky s’empêchait de vivre alors Ward aura gagner. Vivre. C’était ce que devais faire Sky envers et contre tous. Elle disait qu’elle savait mais se leva ensuite. Elle était nerveuse, ça se voyait.

Elle déclara alors qu’elle devra sortir d’ici dans une semaine. Elle pouvait rester plus longtemps mais ça ne semblait pas être dans ses plans. Du coup, elle pensait à la suite et notamment à l’endroit où elle allait vivre. Elle n’avait aucune envie de retourner vivre dans l’immeuble où elle habitait avec Ward… L’immeuble où j’habitais aussi.

Je pouvais comprendre.

Il lui fallait un autre endroit. Et les caractéristiques de l’endroit me firent lever un sourcil. Pour l’Eastside, je comprenais. Ward était le chef des New Soldados et, en tant que tel, il était très mal venu pour lui de se promener sur le territoire des Los Diablos. Mais pour le reste… Ok, avoir un appartement en hauteur est une bonne idée. Ça rend l’endroit difficile d’accès mais… Sur le toit, elle sera coincée…

Je la fixai alors qu’elle demanda si je pouvais l’aider.

-Heu… Bien sûr ! Je t’y aiderais. Mais pourquoi avec un accès au toit ? Là-haut tu sera coincée si jamais tu dois fuir… Le mieux est de pouvoir sortir rapidement du bâtiment au cas où quelqu’un y entrerait, non ?

Je marquai une pause avant de reprendre.

-Mais je te trouverais ça. Et j’emménagerais avec toi. Je n’ai aucune envie de te laisser seule. Je suis sûr qu’on peut trouver un bel appartement dans l’Eastside.

Le quartier était pauvre mais il y avait des endroit plus beaux que d’autres dans l’Eastside.

-Et j’espère bien que Ward ne sortira pas… Vu les charges, il a peut de change d’en sortir. Ne t’en fais pas.

Je me levai et mis mes mains sur ses hanches.

-Je te promet que tout ira bien.

@ Billy Lighter

Me séparer d’Heaven avait été de loin la décision la plus difficile que j’avais eu à prendre jusqu’ici mais je l’avais fait pour sa sécurité et ma tranquillité d’esprit. Pendant qu’elle menait la vie dure à Finan en Ireland, je pouvais amorcer les thérapies nécessaires à ma reconstruction.

- Il me tarde de pouvoir la serrer dans mes bras. Je serai plus forte à ce moment.

Heaven n’avait pas besoin d’une mère en lambeau qui allait sursauter chaque fois qu’elle entendrait le grincement d’une porte ou une branche frotter contre la fenêtre.

Avec Sigurd, je parlais de mon regret d’avoir porté plainte contre Ward, que je croyais avoir dû encaisser tout simplement, que cela aurait rendu la vie plus simple pour pas mal de gens mais il disait comme Jordan, Finan et les autres, que j’avais prit la bonne décision et que ma vie en serait que meilleur dans l’avenir. Je faisais des efforts pour le croire mais pour l’instant, c’était comme me demander d’avaler du verre brisé.

- Ward ne s’en rend pas compte ce n’est pas…

J’allais dire que ce n’était pas volontaire que de chercher à faire du mal mais je savais qu’il ne me croirait pas tout comme personne, en fait. Je baissais les yeux et secouais la tête avant de me reprendre.

- Ça fait partie de lui. Je ne dis pas ça pour le défendre. Il ne le voit simplement pas.

Ma dénonciation n’avait été que la pointe de l’iceberg sur un tas d’autres charges contre mon mari. En fait ma plainte était comme l’étincelle qui avait encourager un tas d’autre personnes à prendre la parole et apporter du l’eau au moulin des flics pour charger encore plus le dossier qu’ils avaient contre mon mari. Il risquait la peine de mort et je préférais ne pas y penser. Mon incapacité à me réjouir de son malheur et ma peur chronique de lui me rendait folle !

Le centre ne gardait pas les femmes ici éternellement, sauf s’il jugeait qu’elles courraient un véritable danger et, heureusement ou malheureusement pour moi, les charges retenues contre Ward ne laissait pas entrevoir que c’était mon cas. Je pourrais donc quitter le centre dans plus ou moins une semaine tout en conservant mes rencontre de groupe et individuelle.

Je n’avais pas eu beaucoup de temps pour planifier ma sortie mais je savais déjà vers quoi m’orienter. Je demandais donc l’aide de Sigurd pour me trouver un appartement dans l’Eastside avec certaines spécifications auxquelles je tenais mordicus bien que je savais que ça rendrait les recherches compliquées. Ça se voyait sur le visage de Sigurd qui posa une question sur mes demandes.

- Parce que Ward à le vertige. Plus c’est haut, plus je serai en sécurité. S’il entre chez moi, je dois fuir en hauteur.

Ward était à San Quentin probablement pour le restant de ses jours mais je demeurais certaine que c’était de lui que je devais me méfier, bien avant n’importe lequel de ses hommes de main.

Sigurd accepta de faire les recherches et proposa même d’emménager avec moi, chose que je n’aurais jamais eu le courage de lui demander. Il se rapprocha de moi pour poser ses mains sur mes hanches avant de me promettre que tout irait bien. Je voulais le croire de toutes mes forces, ce que je décidais de faire en faisant un frêle oui de la tête puis je posais mon front contre le sien.

- Tout ira bien.

@ Billy Lighter