Mon point de non-retour était atteint.

Maintenant que j’avais discuté avec Brent, j’étais déterminée à aller jusqu’au bout et rompre mon association avec BSC. Jimmy Reed était allé beaucoup trop loin et rien ne pourrait effacer la dernière humiliation qu’il m’avait fait subir.

Ma réflexion avait débuté avant mon départ pour l’Afrique mais c’est là-bas que j’avais réellement prit conscience que je ne serais jamais réellement libre de l’emprise de Jimmy si je demeurais sous contrat avec sa maison de disque. Prendre la décision de quitter Daniele ne me faisait pas plaisir mais c’était inévitable dans les circonstances.

J’aurais aimé discuter là, tout de suite avec Howard, lui qui avait été mon premier confident de mes intentions. Il aurait trouvé un truc pour à dire pour m’encourager, non pas que je manquais de courage mais cela faisait toujours du bien de savoir que quelqu’un quelque part nous envoyait de bonnes pensées à distance. Peut-être que c’est ce que faisait Brent Hughes en ce moment. Peut-être qu’il était déjà entrain de réfléchir à des stratégies, à des projets qu’il voudrait qu’on réalise ensemble.

L’avenir aller me sourire, je le sentais mais avant, je devais passer par la case GO! sans réclamer les deux cents dollars.

J’étais entrée chez BSC d’un pas décidé et j’avais grimpée jusqu’à l’étage du bureau de Daniele. Je n’avais pas prit rendez-vous alors je prenais une chance. J’espérais qu’il aurait un moment à me consacrer bien que je me doutais que la conversation que je désirais avoir avec lui ne se ferait pas en quelques minutes.

Sonne Moriarty, ses ongles toujours bien vernis et ses cheveux parfaitement coiffés m’avait accueilli avec le sourire et m’avait fait patienter. Évidement, Daniele était occupé mais la secrétaire de mon manager avait dit qu’il pourrait me recevoir d’ici peu, qu’il avait toujours de la place pour me recevoir. Si elle avait su pourquoi je voulais le voir, elle se serait certainement abstenue d’une telle remarque.

La secrétaire au style vintage chic me demanda de la suivre après un petit moment à patienter tout en feuilletant des magazines. Je soufflais un petit coup puis je me levais et entrais dans le bureau de Daniele. Je fus partagée entre plusieurs sentiments en le voyant à son bureau. Je ne l’avais pas revu depuis mon départ pour l’Afrique, j’aurais aimé que cette visite en soit une de courtoisie, un moment pour prendre des nouvelles l’un de l’autre et de se raconter un peu ce que nous avions vécu.

- Salut Daniele, comment tu vas ?

Je m’étais installée dans un fauteuil devant son bureau et j’avais appuyé ma canne contre l’appuie bras de mon siège.

- Il y a un moment que l’on ne s’est pas vue. J’ai eu besoin de beaucoup de repos, à mon retour.

Et j’en avais encore de besoin cependant, la vie étant ce qu’elle était, je ne pouvais faire autrement que de me relever les manches et continuer d’avancer. Je regardais Daniele en me disant que nous avions vraiment beaucoup de chose à discuter. Il avait dû apprendre par la presse à scandale mon divorce imminent et il n’avait pas eu plus de détail que cela de mon accident d’avion.

Depuis le retour de Livia, c’était un peu le soulagement pour moi. Je devais avouer avoir été un peu sur les nerfs pendant les quelques jours où mon artiste avait été portée disparue au beau milieu de l’Afrique. Mais, désormais, elle était rentrée et se reposait, actuellement, dans son grand domaine nouvellement acheté en dehors de la ville.

Je l’avais eu quelques brève fois au téléphone mais je n’avais pas encore eu l’occasion de la voir en face. Apparemment, elle avait été blessée et devait se remettre des traumatismes liés à sa mésaventure. Je comptais lui laisser tout le temps qu’il lui faudra. J’avais largement appris de ma leçon avec The Army. Je ne comptais pas faire deux fois la même erreur en remettant trop vite Livia au travail.

Une Livia qui était, en plus de ça, en cours de divorce… C’est par L.A.People que j’avais eu la nouvelle mais c’est bel et bien Jim qui m’avait confirmé – de vive voix – les dires de Sørensen. Ainsi le couple digne de Roméo et Juliette n’était plus… Il faut dire que Julian et Livia s’étaient mariés très jeune. Trop jeune probablement. Comme quoi, ce genre de relation ne peut durer que dans les contes de fées… Je ne m’étais pas vraiment formalisé de ça contrairement à Jim que ça semblait énervé car, pour lui, les liens du mariage était quelque chose de sacré. C’est clair qu’il ne faut pas se marier à la légère. Personnellement, je ne m’étais marié qu’en étant totalement sûr de ma partenaire.

Mais Livia et Julian avait vu trop grand, trop vite… Bien que ce qui était perturbant dans l’histoire c’était que Livia avait trompé Julian avec le petit merdeux… Ça c’était un bien étrange choix de vie ! Et j’aurais été le père de Livia, clairement que je n’aurais pas approuvé ! Le divorce, ma foi – si Julian Hughes est aussi difficile à vivre que sa mère, je comprenais pourquoi Livia l’ait largué au bord de la route !

Sauf que je n’étais pas le père de Livia mais bien son manager. Du coup, ses affaires privées ne me concernaient pas vraiment. Pour moi, le privé ne doit jamais déborder sur le travail. Sinon, on avance jamais !

J’avais bossé sur les négociations du projet de film où Livia avait un rôle. Ils étaient prêt à attendre que la gamine soit remise ce qui était une bonne chose. Du reste, j’étais – pour l’instant – en train de booker d’autres concerts pour Sniper. Chose facile vu que tout le monde voulait s’arraché la légende de The Army.

J’avais été interrompu dans un coup de fil par Sonne qui m’avait annoncé que Livia était là. Mon artiste n’avait pas pris rendez-vous mais qu’importe ! J’étais content qu’elle se pointe ici – ça signifiait qu’elle allait déjà mieux ! J’avais dit à Sonne que je serais toute à Livia d’ici quelques instants.

J’expédiai, donc, mon coup de fils avant de dire à Sonne qu’elle pouvait faire entrer Livia.

La jeune femme entra dans mon bureau. Elle était affublée d’une cane ce qui lui donnait un bien drôle de style… C’était rare de voir des jeunes avec une cane mais je savais que Livia avait été plus ou moins gravement blessé à la jambe.

Elle me salua.

-Livia ! Content de te voir !, m’exclamais-je très agréablement surpris. Je vais parfaitement bien et je vois que tu arrives à te déplacer seule ce qui est une très bonne chose !

Elle s’installa face à moi constant que ça faisait un moment qu’on ne s’était pas vu. C’était un fait !

-Après ce qui t’es arrivé, je suis même surpris que tu sois venu me voir si tôt. Vivre plusieurs jours dans la jungle sans nourriture et avec des rebelles au fesse, ça doit être une expérience traumatisante. Tu as une sacré force de caractère, lançais-je plus sérieusement.

Je ne savais pas si Livia était ici pour une raison particulière ou simplement pour me voir en face à face. Dans le doute, je m’étais lancé.

-Si tu viens me voir concernant le film sache qu’ils sont toujours prêt à t’attendre. Donc, tu n’as pas besoin de presser ta convalescence pour eux, dis-je pour la rassurer.

Sonne Moriarty m’avait fait entrer dans le bureau de Daniele et ce dernier me regarda m’approcher de son bureau, aidé par ma canne. Il avait peut-être été décontenancé par mon allure peu assurée, qui sait ? Je n’avais pas l’habitude de me montrer à la face du monde atterrée ou diminuée, je laissais à la maison ce qui devait y rester. Or, depuis mon retour d’Afrique, je pouvais difficilement cachée avoir été marquée par mon voyage.

Je le saluais et lui demandais comment il allait, ce qui était la moindre des politesses. Il se disait heureux de me voir et surtout de constater que je pouvais me déplacer toute seule.

- Je me sentirais vraiment mieux quand je n’aurai plus besoin de ma canne.

Ceci dit, j’avais tout de même fait beaucoup de progrès en peu de temps. Rien que de pouvoir monter à l’étage et dormir dans mon lit était pour moi un immense pas en avant. Je récupérais vraiment mieux en dormant dans mon lit et non dans mon salon sur un lit de fortune aménagé sur mon divan.

Je soulignais que cela faisait un moment que nous ne nous étions pas vus ce à quoi Daniele répondit qu’avec ce que je traversais, il était surpris que je vienne aujourd’hui. J’esquissais un demi sourire non sans pouvoir réprimer un léger sourcillement. S’il savait pourquoi je venais aujourd’hui, il dirait probablement qu’il aurait préféré que je ne vienne jamais.

- Force de caractère ou instinct de survie, je n’en sais rien, à vrai dire. C’est tellement confus dans ma tête, tout ce qui s’est passé là-bas, comme si ça n’était pas arrivé pour vrai, que ce n’était qu’un film que je me repassais en boucle dans ma tête puis je regarde ma jambe et je comprends que j’aurais pu vraiment mourir.

Je soupirais en frémissant un petit peu. Ce n’était jamais agréable de repenser à tout ça et, étrangement, ça semblait me perturber beaucoup plus maintenant que sur le coup, comme si je commençais à développer sur le tard, un syndrome post traumatique.

- Je sais ce que tu penses de lui mais je serais morte si Howard n’avait pas été là. C’est lui qui est parvenu à nous faire nous évader des rebelles. Et les pilotes…

Le regard effrayé d’Howard avant de retourner dans l’avion s’imposa dans mes pensées ce qui me força à fermer les yeux pour chasser à la fois un étourdissement et un sanglot.

Daniele me tira de mes songes en me parlant du projet de film pour lequel il avait négocié pour moi. Il réitéra que la production était prête à m’attendre le temps nécessaire ce qui me fit hocher de la tête.

- J’ai reçu une carte de prompt rétablissement de leur part. J’ai trouvé cela attentionnée et rassurant. Il y a au moins cela qui aille bien.

Je toussotais pour m’éclaircir la voix, encore un peu secouée par toutes les pensées ayant remontées à la surface et je me replaçais dans mon fauteuil, comme si je voulais être le plus droite possible.

- Je ne suis pas venue te voir pour discuter du film mais pour quelque chose de bien plus difficile et personnel à un autre niveau. Tout change en ce moment dans ma vie pour diverses raisons. Des changements nécessaires pour me permettre de prendre soin de moi tant physiquement que psychologiquement. Je sais que tu es au courant pour mon divorce, Jimmy s’est assuré que la planète au complet soit au courant.

Mamita m’avait dit que Jimmy lui avait confirmé que cela serait dans L.A.People avant même que l’article soit publié. Il avait donc lui-même vendue l’information ou bien il avait fait en sorte que quelqu’un le fasse. La seconde option me semblait plus plausible, Jimmy n’avait pas l’habitude de se salit les mains lui-même s’il avait la possibilité de faire faire le sale travail par quelqu’un d’autre.

- Comment avoir confiance en quelqu’un qui n’hésite pas une seule seconde à vous poignarder dans le dos ?

Livia avait l’air plutôt en forme malgré les circonstances – et c’était plutôt beau à voir. Elle était tout de même pressée de pouvoir se débarrasser de sa canne.

-Moui, ça je n’en doute pas. C’est loin d’être esthétique, confirmais-je.

Le principal c’est qu’elle était debout et le fait qu’elle soit dans mon bureau prouvait qu’elle avait soif de se remettre à vivre. Sinon, elle serait – à l’heure d’aujourd’hui – à se morfondre dans son grand domaine hors de la ville.

J’avais mis en avant sa force de caractère. M’est d’avis que, sans ça, elle n’aurait pas pu survivre à ce périple en Afrique. Elle, elle n’arrivait pas à savoir si c’était le résultat de son caractère ou bien un simple instinct de survie. Elle avait – logiquement – encore du mal à prendre du recul par rapport à ce qu’il lui était arrivé.

-Tout le monde à Los Angeles c’est beaucoup inquiété, en tout cas. Les médias n’ont parlé que de ça du moment de votre disparition à votre retour, dis-je sérieusement. Avec le temps, je suppose que tu arriveras à prendre plus de recul par rapport à tout ça. Mais il faudra du temps.

Je ne faisais, finalement, que balancer des choses que plein de gens lui ont sûrement déjà dit. Moi, en tout cas, ce que je voyais, c’était que Livia pouvait maintenant voir devant elle car elle est en vie.

Elle affirma alors que, sans Stone, elle n’aurait pas survécu. Je savais que c’était avec Stone qu’elle avait trompé Julian et que, donc, elle n’aura toujours que des bons mots pour le petit merdeux. Elle s’arrêta alors au beau milieu d’une phrase lorsqu’elle évoqua les pilotes. Je la vis fermer les yeux. Si Livia paraissait fort de l’extérieur, il était clair qu’elle n’était pas sortie totalement indemne de cette mauvaise expérience. Mais – comme je l’avais dit – le temps l’aidera à aller de l’avant.

-Je me doute que le fait d’être à deux à dû aider à faire en sorte que vous vous en sortiez, dis-je sans pour autant donner trop de crédit à Stone. Le principal c’est que tu sois en vie.

Je ne savais pas pourquoi Livia était ici. Si c’était pour parler d’un projet ou l’autre ou si c’était simplement pour venir me saluer. Alors, je pris l’initiative de prendre les devants déclarant que les réalisateurs du film dans lequel devra jouer Livia étaient prêt à attendre la fin de sa convalescence. La jeune femme affirma avoir reçu une carte de leur part.

-Ah oui ?, dis-je pas vraiment surpris du geste de la production du film. Ça ne m’étonne pas. Ils te veulent vraiment.

Au point que négocier avec eux était extrêmement facile.

Mais Livia n’était pas ici pour parler du film mais de quelque chose de plus important. Je plissai des yeux ayant le sentiment que je n’allais pas apprécier la suite. Je le voyais à la mine grave de Livia.

Son divorce vint sur le tapis ainsi que le fait que Jim ait fait en sorte de vendre l’information à L.A.People. Je savais que Jim avait fait ça parce que ce divorce le décevait. Il était passé par Victor Hunter pour vendre l’information.

Elle se demandait comment elle pouvait avoir confiance en quelqu’un qui la poignarde dans le dos. Elle parlait de son père – j’imagine. Et, pour le moment, je ne voyais pas bien ce que tout ça avait à voir avec moi.

-L.A.People aurait fini par l’apprendre, Livia, dis-je sincèrement. Que Jim donne l’information ou pas. Et ils auraient brodés un tas de mensonge pour dramatiser ce divorce. C’est le soucis quand on est un personnage public…

Certes, Jim n’avait pas été sympa sur le coup. Mais il n’était pas réputé pour l’être.

-Le meilleur moyen d’éviter ce genre de désagrément est de contrôler l’information et d’être le premier à la donner à L.A.People, dis-je comme simple conseil sans accabler la jeune femme.

En gros, si Livia et Julian avait fait une annonce public, Victor n’aurait pas pu s’épancher sur la chose auprès d’Amon.

-Quant à la confiance… Dans le monde du business, il ne faut faire confiance à personne. Même pas à sa propre famille, dis-je tout aussi sincèrement.

C’était un loi immuable…

-Mais… J’ai du mal à comprendre ce que je viens faire dans cette histoire, dis-je curieux de savoir où Livia voulait en venir.

Ma canne n’avait rien d’esthétique selon Daniele. L’idée de remonter mon pantalon pour lui montrer ma cicatrice m’effleura l’esprit. Il verrait qu’il y a pire niveau esthétisme qu’une canne. Un jour, je me départirais de ma canne alors que ma cicatrice demeurerait toujours apparente.

- Je me dis qu’au moins, je n’ai pas été défigurée ce qui aurait pu se produire vu comment je me suis heurté la tête dans l’avion.

Daniele parla de ma force de caractère alors que je ne savais pas s’il s’agissait là d’instinct de survie. Dans ma tête, tout était très confus. Je revoyais les évènements en rêve et je me réveillais en me demandant comment j’avais pu avoir la force de faire tout ça. Comment ça se faisait que je pouvais être encore en vie alors que les pilotes eux, n’avaient eu aucune chance.

Daniele parla aussi des gens à Los Angeles qui s’en étaient fait pour nous, que les différents médias n’avaient fait que de parler de ça à partir du moment de notre disparition jusqu’au jour de notre retour à Los Angeles. J’imaginais oui que notre malheur avait dû faire couler beaucoup d’encre.

- Beaucoup de temps, oui.

On ne cessait de me répéter que je devais laisser le temps au temps.

Je ne cachais à Daniele que si Howard n’avait pas été là, je ne m’en serais fort probablement pas sortie. Sans lui, je serais resté coincé dans l’avion et je serais morte asphyxiée avant qu’elle ne crame complètement. Il avait ma source de réconfort, j’avais puisé en lui la force de tenir, en parlant de rêves et de projets, réalisables ou non, tant que ça nous permettait de nous accrocher à quelque chose. Daniele banalisa ma réflexion en disant que le principale était que je soie en vie. Je passais près de lui dire que cela aurait été mieux que je meurs là-bas.

Ça aurait été tellement plus simple !

- Je suppose que oui.

J’étais heureuse de pouvoir encore compter sur le projet de film. Ça chasserait mes idées noires et me donnait un objectif à atteindre. Daniele ne craignait rien à ce sujet et moi non plus d’ailleurs puisque la production m’avait envoyé une carte de prompt rétablissement. Une délicate attention que même celui qui se prétendait mon père n’avait pas eu. Mais que pouvais-je vraiment attendre d’un homme qui n’hésitait pas à m’enfoncer dès qu’il en avait l’occasion ?

C’est là que je dirigeais la conversation et, sans surprise, le discours de Daniele alla vers la banalisation de la chose que vers la condamnation. Je ne pu réprimer un rire sarcastique.

- Je ne suis pas si stupide, Daniele. Je sais très bien que ça aurait fini par être publié mais pouvais-je espérer que cela ne vienne pas de l’homme qui prétend m’aimer. Ah mais non en fait, il ne m’aime que lorsque cela lui sert parce qu’autrement il n’en a rien à foutre de moi. Il me lève le cœur, il me révulse et l’idée même que son sang coule dans mes veines me rend malade.

Je dû me prendre une grande respiration pour me calmer autrement, si je continuais de vomir ma haine envers Jimmy, je risquais de réellement être malade.

- Julian et moi avions convenu d’en faire l’annonce à mon retour, quand nous aurions signé les papiers. Qu’importe, ce qui est fait, est fait et le résultat demeure le même. J’assume l’entièreté de mes faits et gestes.

Daniele m’ouvrit la porte toute grande quand il souligna que dans le show-business, il ne fallait faire confiance à personne, même pas à sa propre famille avant de dire qu’il ne voyait pas vraiment ce qu’il avait à voir là-dedans.

- Je n’irai pas par quatre chemin alors, je désire couper les ponts avec tout ce qui me rattache à Jimmy.  C’est crève-cœur pour moi car cela m’oblige à rompre mon contrat avec toi ce qui était bien la dernière chose que je voulais mais il ne me laisse aucun autre choix.

Livia essayait de voir le bon côté des choses en se disant qu’elle n’avait pas été défigurée. J’avais fait une petite grimace quand elle avait évoqué un coup qu’elle avait pris lors du crash. J’avais bien du mal à m’imaginer ce qu’elle avait pu vivre…

-Tu es toujours aussi ravissante, dis-je pour lui faire comprendre que, de l’extérieur, elle avait toujours un physique avantageux.

Parce que Livia est une belle jeune femme – il n’y avait pas de doute là-dessus. Et si son voyage en Afrique l’avait marqué, ça ne se voyait pas d’un premier coup d’œil s’il n’y avait eu cette canne.

Sa mésaventure n’avait pas été de tout repos et – comme bien des gens avaient dû lui dire – seul le temps pourrait la faire se remettre sur pieds. Il lui faudra prendre du recul et aller de l’avant mais vu sa force de caractère, je ne doutais pas vraiment de sa capacité à pouvoir s’en remettre.

Elle avait mis en avant que, sans Stone, elle n’aurait pas survécu. Je savais qu’elle était très proche de Stone et que ça ne datait pas du voyage en Afrique. Si je n’approuvais pas – personnellement – ça, je n’étais pas son père. Donc, loin de moi l’idée de sous-estimer le rôle de Stone dans la survie de Livia ou de parler de Stone tout court, d’ailleurs. Je déclarai simplement que le principal était qu’elle soit en vie.

On finit par en venir aux raisons de la visite de Livia. Si j’avais brièvement parlé du film dans lequel elle apparaitra, ce n’était pas pour ça qu’elle avait eut le courage de se déplacer jusqu’à mon bureau. Mais pour quelque chose de « difficile » et très « personnel »… Des mots qui ne m’annonçaient rien de bon !

Seulement, c’est de Jim qu’elle parla et pas de moi. Je savais qu’ils étaient en froid depuis l’inauguration de mon yacht parce que Jim avait été quelque peu virulent vis-à-vis de sa fille parce qu’il n’approuvait pas certains de ses choix. Dernièrement, c’était le fait que Jim ait vendu la mèche à L.A.People qui avait profondément blessé Livia. Moui – Jim avait sans doute fait ça parce qu’il était en colère. Seulement, ça semblait être un affront de trop pour Livia bien que j’avais tenté de relativisé les choses en disant que l’information serait sortie quoi qu’il en soit.

Mais Livia répliqua par le sarcasme. Elle disait que d’avoir le même sang que Jim la rendait malade. Sauf qu’on ne choisi pas ses parents. J’étais bien placé pour le savoir. Ma relation avec mon père avait toujours été quelque peu conflictuelle.

-Je ne suis pas sûr qu’il n’en a rien à faire de toi… Si c’était le cas, il n’aurais pas vendu la mèche à L.A.People, dis-je sûr de ce que j’avançais.

Si Jim n’en avait eu rien à faire de sa fille, il n’en aurait eu rien à faire de son divorce et de son voyage en Afrique. Si Jim s’en foutait réellement, il n’aurait pas insulté Livia au yacht et il n’aurait pas vendu la mèche à L.A.People. S’il n’en avait eu rien à faire, il se serait muré dans un silence indifférent pour chaque acte de sa fille. Le fait que les choix de Livia le touche – en bien ou en mal – était une preuve qu’il ne s’en foutait pas. Je savais de quoi je parlais. Je n’ai jamais pu tiré la moindre insulte de la part de mon père. Ni le moindre compliment. Et vous savez quoi ? J’aurais préféré qu’il ne traite d’abruti plutôt qu’il ne me dise jamais rien sur rien comme si je n’existais pas.

Ainsi, si je comprenais la colère de Livia, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il y avait pire.

Elle aurait dû voir Jim le jour où il avait appris sa disparition…

-Mais je comprends que les agissement de Jim puisse te foutre en rogne, confirmais-je.

La jeune femme affirma qu’elle et Julian avaient convenu qu’il révèlerait l’information une fois les papiers signer. Je fis la moue comprenant le choix.

-Moui, je vois… Sauf qu’attendre permet à d’autres de gérer l’information à votre place, dis-je calmement.

Encore une fois, je ne critiquais pas. Je mettais simplement en avant des faits sur comment allaient les choses. C’est en faisant des erreurs qu’on finit par ne plus les reproduire à l’avenir et Livia est encore jeune.

J’avais lancé que dans le show-biz, il ne fallait faire confiance à personne. Ça sembla choqué la jeune femme mais c’est une réalité que j’avais bien des fois pu constater.

Je voulais bien donner un tas de conseils à Livia sur comment gérer l’information vis-à-vis de L.A.People. Ça faisait partie de mon rôle de manager et j’étais prêt à faire tout ça avec plaisir en collaboration avec elle. Seulement, en ce qui concernait Jim, ça dépassait mon cadre. C’était des histoires de familles – rien à voir, de mon avis, avec moi ou notre collaboration.

Seulement, pour Livia, ça avait tout à voir. Elle affirma qu’elle voulait couper tout lien avec Jim et que, de ce fait, ça revenait à couper tout lien avec BSC.

Là, ce fut à moi d’ouvrir grand la bouche !

Je laissais passer un silence le temps de digérer l’information que je venais d’entendre. Je me levai pour regarder par la fenêtre laissant transparaitre une certaine contrariété dans mes gestes.

Je ne dis rien pendant quelques petites minutes avant, de finalement, ouvrir la bouche.

-Je pensais sincèrement que tu étais le genre d’artiste à savoir faire la part des choses entre le professionnel et le personnel et ça même si Jim est celui qui dirige cette maison de disque, dis-je, déçu, en me retournant vers Livia.

Car, au sein de BSC, elle n’avait quasi aucun contact avec Jim à l’instar de tous les artistes. C’était avec moi qu’elle avec le plus de liens et de contacts.

Vous savez c’est quoi le problème des artistes que je volais aux autres managers ? Et bien ce sont des artistes qui sont capable de changer d’avis et de vie n’importe quand. Comme Livia comptait le faire aujourd’hui.

-Je ne te cache pas que je suis vraiment profondément déçu, dis-je sincèrement. Notre collaboration marchait bien mais pas assez pour faire le poids contre la frustration que tu ressens vis-à-vis de Jim, visiblement.

Pour moi, Livia faisait un erreur. Une erreur qu’un jour, elle regrettera. Mais j’étais Daniele Ricci. Je n’étais pas du genre à supplier pour que quelqu’un reste surtout quand il est en train de se planter et qu’il finira par le remarquer plus tard.

-Je ne vais pas supplier pour que tu restes. Ton choix. Ta responsabilité, dis-je non sans laisser transparaitre toute ma déception. J’imagine qu’en tant qu’étudiante en droit, tu sais que ça va te couter cher ?

En argent, je veux dire.

-Et tu iras où ? A la concurrence ?, demandais-je amer et pas dupe.

Après avoir parlé de moi et de ma convalescence et avoir effleuré le film et ses négociations positives, c’est de Jimmy et de l’effet toxique qu’il exerçait sur moi qu’on parla, Daniele et moi. Évidement, nous ne partagions pas le même point de vue. Daniele tentait de nuancer les actes de son meilleur ami alors que moi, je n’en pouvais plus d’y voir là de la maladresse d’un homme en apprentissage de la paternité. Jimmy avait dépassé ce stade et ce qu’il faisait là n’était rien de plus que de la basse vengeance voyant qu’il n’arrivait pas à me mettre aussi facilement à sa main.

- J’espère que tu n’es pas sérieux en disant cela, Daniele. S’il s’en faisait pour moi, il serait venu avoir au minimum ma version des faits avant d’aller dire à L.A.People que j’avais trompé Julian avec Howard Stone a plusieurs reprises parce que, surprise !! Ce n’est pas vrai !

J’avais bel et bien trompé Julian avec Howard Stone mais cela ne c’était produit qu’une seule fois, une fois de trop j’en conviens et je n’en étais pas fière. Alors, pour le contrôle de l’information, on repassera. Je qualifierais plutôt cela de désinformation.

- Nous aurions déjà publié un communiqué si ce n’était de ce petit empêchement qu’à été le crash de mon avion.

Qu’importe, le mal était fait quoi que je ne savais pas si nous pouvions vraiment parler de mal puisque je n’avais pas, ou du moins pas encore, eu de retour négatif à ce sujet.

Ceci dit, ce qu’avait fait Jimmy avait définitivement mit la hache dans le semblant de relation que nous avions. Il n’y avait aucun retour en arrière possible ce qui signifiait que je devais rompre tous les liens me rattachant à lui.

Le visage de Daniele, quand il comprit où je voulais en venir voulait tout dire. Il n’était pas heureux, je dirais presque furieux.  Il se leva et regarda par la fenêtre. Il garda même le silence pendant un petit moment avant de dire qu’il croyait que j’étais le genre d’artiste capable de faire la part des choses.

- Il faudrait peut-être le lui mentionner car de toute évidence, tenter de ruiner la réputation d’un artistes amenant de l’eau au moulin n’est certes pas très judicieux, mais c’est son choix. Pas le miens.

Daniele s’avoua déçue de ma décision bien que son ton laissait sous-entendre un tout autre genre de sentiment, quelque chose près de la colère. Je pouvais le comprendre, je ne pouvais sincèrement pas m’attendre à ce qu’il saute de joie.

- Je le suis tout autant, Daniele. C’était un rêve et une chance inespérée que de travailler avec toi mais je dois penser à ma santé mentale d’abord et avant tout. Rester ici et toujours craindre un nouveau coup de poignard dans le dos est au-dessus de mes forces.

Je hochais de la tête quand il mentionna qu’il n’allait pas me retenir. Ça aussi, je le savais avant même d’entrer dans son bureau. Je savais aussi que l’argent viendrait rapidement sur la table et à ça aussi, j’acquiesçais d’un signe de tête.

- Quoi qu’on pense de moi, j’assume toujours les conséquences de mes choix et donc, les indemnités pour bris de contrats.

Quant à savoir ce que je ferais ensuite, je le savais mais le moment n’était pas venu d’en faire l’annonce.

- Immédiatement, j’ai beaucoup plus gros à gérer que de me trouver un nouveau manager. Je dois me soigner et retrouver la santé. Après, je verrai. Daniele, je sais que ce n’est pas ce que tu imaginais et que tu es en colère. J’y ai pensé encore et encore à m’en rendre malade mais dans les circonstances, c’est au-dessus de mes forces.

Je baissais les yeux, je regardais ma jambe, ma canne, puis vers la fenêtre là où se tenait Daniele.

- Je ne lui demandais absolument rien alors que je lui ai tout donné jusqu’à l’idolâtrer. Pour toi, ça ne veut probablement rien dire et ce n’est possiblement qu’un caprice de fille mal dans sa peau mais… Je n’avais d’autres choix que de prendre cette décision crève-cœur. Pour ce que ça vaut, sache que je te serai toujours reconnaissante pour ce que tu as fais et que quoi qu’il advienne de ma carrière, ce que j’ai appris à tes côtés restera à jamais.

Si le début de notre conversation avait tourné autour de l’état actuel de Livia, je ne m’attendais pas à ce que les choses prennent une telle tournure… Livia commença à me parler des ses griefs envers Jim qui avait vendu la mèche sur le divorce de Livia et Julian à L.A.People.

Livia pensait bien que son père se fichait de son bien être mais les choses étaient probablement plus complexe. Jim ne s’en faisait pas et avait une façon bien maladroite de montrer sa colère, sa désapprobation et son inquiétude vis-à-vis de sa fille. Evidemment, elle le prenait mal – ce qui était extrêmement logique. Elle en voulait surtout à Jim d’avoir exagéré l’histoire concernant l’adultère de Livia. Elle n’avait – visiblement – trompé qu’une seule fois Julian avec Stone et non pas plusieurs. L’exagération venait de Victor ou bien d’Amon mais pas de Jim…

-Je sais que ça ne jouera pas forcément en faveur de Jim mais, si tu veux tout savoir, je pense que c’est celui qui a passé le message à Amon ou bien le journaliste lui-même qui est responsable de cette exagération, dis-je calmement. Le messager, c’est Victor Hunter… Il tenait ses informations de ton ex-mari…

Et non pas Jim. Il avait simplement dit à Hunter qu’il pouvait vendre la mèche à L.A.People mais – connaissant l’avocat – je le voyais bien exagérer largement les choses. Sans compter que, de ce que j’en savais, c’est Victor Hunter qui avait, à la base, parlé de l’adultère de Livia à Jim. Un Hunter qui tient ses sources de Julian Hughes. Si Hughes n’en parlait pas sur tous les toits, ça ne serait pas arrivé cette histoire de L.A.People. Quand on est un personnage public, il faut faire attention à la gestion de l’information. Julian et Livia n’avait pas gérer les choses de la bonne façon et ma pauvre Livia s’en mordait les doigts. Mais elle apprendra – elle était suffisamment intelligente pour ça.

Sans compter que, si j’avais voulu être un peu plus cash, j’aurais pu mettre en avant que pour éviter ce genre de chose, il faut éviter de faire des erreurs… Or, le fait que Livia ait trompé son mari était, apparemment, bien réel… Et c’était une belle erreur ! Bien que les dires de la jeune femme me mettait un peu le doute… Est-ce que Victor aurait tout inventer sur cette histoire d’adultère ? Aucune idée…

L’accident d’avion était responsable du trop long délais du communiqué que voulait faire l’ex-couple. Moui – j’avoue que les choses se sont mal enchainé pour Livia.

Quoi qu’il en soit, l’article était fait… On ne pouvait pas revenir en arrière. Mais je ne voyais pas très bien ce que je venais faire dans cette histoire. Jim et Livia – s’ils avaient des problèmes – se devait de les régler ou de ne plus se parler. C’était à leur guise.

Saut que je ne m’attendais pas à ce que cette petite dispute père-fille ne déborde sur ma collaboration avec Livia. Pourtant c’était bien le cas et je fus bien déçu d’apprendre que Livia voulait mettre fin à notre collaboration parce qu’elle ne s’entendait plus avec son père.

Je m’étais levé parce qu’il m’avait fallu le temps de digérer l’information. Et quand ce fut fait, je fis par de ma déception de voir que Livia ne savait pas faire la part des choses entre le professionnel et le personnel. Mais elle mit en avant que c’était Jim qui ne savait pas faire la part des choses en ruinant sa réputation d’artiste à travers L.A.People.

-Je ne parle pas pour Jim là mais pour moi. Je n’ai pas dit que j’approuvais ce qu’il avait fait. Mais cette petite guerre est entre vous, dis-je pour bien montré que tout ça n’avait rien à voir avec moi ou BSC et, donc, avec notre collaboration.

J’étais frustré, déçu et fâché. Elle était fâché sur Jim ? Soit ! Elle lui en voulait pour l’article ? Soit ! Je ne voyais pas ce que ça avait à voir avec notre collaboration. Mais, visiblement, le simple fait que son nom soit lié de près ou de loin à Jim la révulsait.

Que pouvait-je faire, hein ? Rien ! Hormis montrer toute ma déception. Ce que je fis sans me cacher. Elle affirma qu’elle regrettait aussi mais qu’elle devait penser à sa santé mentale et qu’elle avait peur d’un autre coup de poignard dans le dos de la part de son père. Sans le monde du business, elle en vivra d’autres des coups de poignard dans le dos…

-Quitter BSC ne l’empêchera pas de t’attaquer, Livia, dis-je sincèrement…

Parce que, justement, cette guerre n’avait rien à voir avec BSC.

Bon ! Elle a prit sa décision. Ça me déçoit mais je n’étais pas du genre à supplier quelqu’un de rester. Je lui déclarai qu’elle allait, cependant, devoir assumer les frais d’une rupture de contact. Elle semblait au fait de ça.

-Parfait…, dis-je toujours déçu.

Elle venait d’acheter un nouveau domaine… J’espérais pour elle, qu’elle avait de bonne finance… Parce que Livia est un star confirmée qui vend des millions d’album… Plus l’artiste est réputé, plus le bris de contrat taxe pour celui qui le brise sans accord en commun.

Je demandais alors – amer – ce qu’elle allait faire désormais. Si elle allait signer chez la concurrence. Elle disait qu’elle avait, pour l’instant, d’autres choses à gérer que de se trouver un manager. Son but était de retrouver la santé.

-Non, ce n’est vraiment pas ce que j’imaginais… Je pensais notre collaboration plus forte que ça. Je pensais même que nous étions amis, dis-je toujours déçu.

Je n’étais pas sans cœur ! Je m’attachais à mes poulains ! Evan savait ça !

Encore une fois, Livia tenta de justifier sa décision. Mais je n’y voyais là que du ressentiment entre elle et son père. Des histoires qui, finalement, ne me regardaient en rien ! Elle tentait de me montrer qu’elle avait apprécié notre collaboration.

-J’espère que tu retiendras tous les conseils que je t’ai donné. J’espère qu’il te feront grandir, dis-je maintenant convaincu que Livia avait encore bien des choses à apprendre. J’aurais pu encore t’en apprendre plus mais qu’il en soit ainsi.

Elle n’avait que 19 ans – je pouvais le constater aujourd’hui.

J’avais sorti un papier de rupture à sens unique. Je le lui tendis.

-Tiens… Tu devras signer ça, dis-je non sans arriver à ne pas continuer à montrer ma déception. Ce papier permettra d’exécuter les clauses de ton contrat en cas de rupture sans commun accord. C'est le papier de rupture.

Ceci étant dit, je continuai :

-En ce qui concerne le film, je leur ferais savoir que notre collaboration est terminée et que, du coup, je me retire de toute négociation… Ce qu’il feront après c’est à eux de voir avec toi, dis-je mettant en avant la dernière négociation en cours que j’avais pour elle.

Ce que j’entendais de la part de Daniele n’était rien de plus que de gros efforts de loyauté d’un homme envers son meilleur ami pour minimiser ou amortir ses faits et gestes. Il aurait beau dire n’importe quoi, jamais il ne réussirait à me faire changer d’avis sur Jimmy. La petite fille de Tijuana mal dans sa peau et en perpétuel quête d’identité n’existait plus. Il m’avait fallu parcourir tout ce chemin pour constater que l’herbe n’était pas plus verte ailleurs et que mon vrai père, le seul en qui je pouvais avoir confiance et que je voulais dans ma vie était Enrique Lopez.

Désormais, à mes yeux, Jimmy Reed n’était plus rien.

La conversation devenu plus houleuse alors que j’annonçais à Daniele que je rompais mon contrat avec BSC donc, inévitablement avec lui. Je savais qu’il ne serait pas heureux, je m’attendais même à recevoir une pluie d’insulte mais cela ne fut pas le cas. Certes son ton étant passé de doux et amical à brusque et incisif mais il n’emprunta pas la tangente Reed en se rabaissant aux insultes gratuites servant à me rabaisser et à se montrer supérieur.

Daniele avait du m al à digérer que ce qu’il qualifiât de guerre entre Jimmy et moi lui retombe dessus mais que pouvais-je y faire ?

- Je n’ai pas voulu cette guerre, tu sais ? Je n’ai absolument rien fait pour mériter son acharnement de hargne et de haine. Je ne fais que ce qu’il me semble logique de faire pour préserver ma santé mentale, je m’efface. Ainsi, il ne m’aura plus dans les pattes, je ne serai plus son fardeau.

Je ne lui devrai surtout plus rien.

Absolument plus rien !

- Je sais mais au moins je ne lui rapporterai plus de bénéfice en contrepartie.

L’hypocrisie, je laissais ça à Jimmy puisqu’il en était le maitre incontesté.

Daniele ne manqua pas de me parler des frais que je devrais assumer pour le bris de contrat ce à quoi je répondis que j’étais prête à faire face à la musique. Je n’étais pas stupide quoi qu’en pense certaine personne. J’avais très bien calculé mes finances et ce que j’avais de côté pouvait couvrir deux fois ma « dette ».

- Si tu penses que notre amitié ne peut pas survivre à ça c’est que nous n’étions pas assez ami en ce cas et sache que j’en suis navrée. Moi je pense que nous pouvons surmonter ça puisqu’il s’agit d’une rupture professionnelle et non personnelle.

Mais si Daniele y voyait là également un point final à notre amitié, je ne pourrais pas le forcer. Je n’avais pas l’habitude, moi non plus, de retenir les gens contre leur gré auprès de moi.

Mon argumentation n’irait pas plus loin. À cet âge, les hommes devenaient tellement entêtés et leur vision d’entonnoir les faisaient focusser sur leur petit nombril. Je ne devais pas non plus oublier que Daniele et Jimmy étaient comme les deux doigts de la main. Jimmy aurait placer un révolver sur la tempe de Samantha que Daniele y verrait encore du bon et tenterait de minimiser le geste en faisant valoir que le conflit ne devrait pas être ailleurs qu’entre sa femme et son ami. Je n’avais pas d’énergie à mettre à gagner une once de sympathie de la part de mon ex-manager.

- Je vais prendre le temps de le lire en sa totalité et je signerai.

Ce que je fis, en prenant tout le temps nécessaire pour le faire et, une fois terminé, j’apposais ma signature en bas du document.

Ensuite, Daniele parla du film pour lequel il négociait pour moi. Évidement, il se retirait du dossier ce qui laisserait en suspend les pourparlers. Je n’allais pas lui dire que Brent reprendrait la balle au bond.

- Comme je te l’ai mentionné, ma priorité est pour l’instant est ma convalescence. Puis je dois aussi terminer l’aménagement de mon père chez moi puisqu’il a obtenu son visa.

Avais-je fait exprès de laisser passer cette information ? Oui, totalement. Ça n’aurait aucun impact mais je savais que ça ferait tiquer Jimmy, ne serait-ce qu’un tout petit peu et c’était suffisant pour mon plaisir personnel.

Je me levais et tendis la main à Daniele.

- Je te remercie pour tout, très sincèrement et quoi que tu en penses, je continue de te respecter et de t’aimer. Peut-être que tu comprendras un jour que je n’avais pas le choix de prendre cette décision.