Pour la première fois de ma courte carrière, je vivais un profond sentiment d’impuissance et de déception. Un récent sondage avait été publié et on me retrouvait en treizième position des gens les plus détestés du show-business. Finan, Ivar et Sigurd étaient respectivement en dixième et douzième position. Qu’avions-nous fait de travers pour être nommé dans ce palmarès alors qu’il y manquait tout plein de gens connus et bien moins appréciés que nous ?

Malgré tout l’amour et le respect que je vouais à mon époux, je me disais que peut-être les gens n’avaient pas la mémoire aussi courte que l’on pouvait le croire et que ses déboires juridiques l’avaient placé dans cette position. Ceci dit, je trouvais tout de même injustifié qu’on puisse  le classer là-dedans. Mon mari semblait bien vivre avec la parution de ce sondage et je n’avais pas eu d’écho de la part de Vanya ou de Sky au sujet d’Ivar et Sigurd.

C’était peut-être que moi, finalement, qui vivait mal avec quelque chose qui ne méritait pas mon attention. Mais c’était plus fort que moi. Les gens ne savaient pas ce que notre groupe avait traversé, puis combien il n’était pas facile d’être maman de deux enfants avec une grande différence d’âge sans oublier que Yorck est né sourd et que cela nous a demandé beaucoup d’ajustement et d’investissement de temps.

Si, les gens le savaient car c’était ce que Sørensen avait écrit. Finan et moi étions responsables de l’improductivité de The Warriors. J’en avais beaucoup discuté avec Vanya qui avait fait de son mieux pour me rassurer. Elle disait que j’étais épuisée après la dernière année plus que chargé au travers laquelle Finan et moi étions passés et que je ne devais vraiment pas m’en faire pour si peu. Je savais que mon amie avait raison mais je savais aussi qu’elle ne figurait pas dans ce classement et que par conséquent, l’avait plutôt facile.

Je ne digérais pas non plus que Guillermo se retrouve dans le sondage, en onzième place qui plus est ! Quel genre d’adulte immorale place un enfant dans une position aussi difficile à affronter ? Comment peut-on décider de mettre le nom d’un enfant au travers de ceux d’adultes et croire qu’il serait en mesure d’encaisser un résultat pas très reluisant ? C’était à donner la nausée ! J’espérais que mon fils ne verrait pas ce sondage, j’avais fait de mon mieux pour le lui éviter mais je n’étais pas avec lui à l’école, je ne pouvais pas contrôler ce que les autres enfants en diraient.

C’était justement alors que Guillermo se trouvait en classe que je décidais de m’ouvrir à Finan et de lui faire part de la réflexion à laquelle j’en étais venue suite à tout ça.

- Mon gros nounours ? Ça ne va pas, là !

Je m’installais dans le divan, près de lui après avoir déposé Yoric dans son lit pour sa petite sieste du matin. Ces derniers temps, il avait des maux de ventre et sa situation n’aidait pas à les lui faire passer facilement. Je me réveillais souvent la nuit de peur de le découvrir en douleur et incapable de pleurer assez fort pour me le faire savoir. Je devais être cernés jusqu’en dessous des bras.

- Si je quittais le groupe, vous pourriez avancer. Travailler sur le prochain album et comme ça, personne ne pourrait dire que notre situation de famille nous freine.

En soupirant, je passais mains dans mes cheveux, réalisant l’ampleur de ce que je venais de dire. Ça ne semblait pas si affligeant quand ce n’était qu’une pensée dans ma tête mais de le formuler à haute voix me faisait réaliser que ce n’était pas ce que je voulais. Mais que pouvions nous faire d’autre pour sauver The Warriors ?

Avoir un enfant avec des besoins spéciaux n’était pas un long fleuve tranquille. Yoric était un bébé facile à vivre mais on devait un maximum être attentif afin de pouvoir répondre à ses besoins car il ne savait pas les exprimer en pleurant de la même manière qu’un bébé pourrait le faire. D’autres parents pourraient penser que d’avoir un bébé qui ne pleure pas fort est quelque chose d’apaisant mais ça entrainait d’autres formes de stress.

Un stress auquel Tiff était particulièrement sensible car elle en dormait très mal la nuit de peur que Yoric ait besoin de quelque chose ou bien qu’il ait mal quelque part. Je la soutenais comme je pouvais essayant de lui faire relativiser certaines choses mais ce n’était pas aussi évident que ça puisse paraitre.

Et tout ça, bien sûr, jouait sur la productivité de The Warriors. On était fort pris par Yoric mais aussi par tout ce qui entourait Guillermo qui venait de lancer sa carrière d’acteur en plus de l’école ce qui faisait qu’on était moins disponibles pour le groupe… J’écrivais pas mal et on enregistrait quand même mais moins qu’on aimerait le faire. Ivar et Sigurd était patient mais je savais que, bientôt, on devra lâcher du leste pour être plus là pour le groupe.

Surtout que ça commençait à se voir. Pour preuve, le dernier classement en date de L.A.People… Un classement qui semblait, j’avais pu le remarqué, avoir pas mal touché Tiff. Moi, je ne m’étais pas spécialement attardé dessus. Ce classement avait peu de valeur à mes yeux. La plupart des gens qui avaient votés ne nous connaissaient pas et Amon n’avait fait qu’interpréter les votes. La seule chose qui m’avait fait fulminé, finalement, c’était que des enfants ait été repris dans le classement. Notamment Guillermo… Je ne savais pas s’il était au courant pour ce classement. Tiff et moi on ne lui avait pas montré alors s’il l’avait vu, il ne nous en avait pas parlé.

Mais Guillermo avait un mental de fer. Il avait vécu des choses que bien des enfants ne devraient pas vivre et je doutais qu’un classement dans un magazine puisse brisé le rêve qu’il était en train de vivre… Tiff, par contre, avec la fatigue qui s’accumulait, c’était autre chose.

Et ce fut aujourd’hui que Tiffany finit par s’ouvrir et me dire que ça n’allait pas. Elle s’installa dans le fauteuil et je vins la rejoindre m’installant doucement à ses côtés. Elle venait de mettre Yoric au lit et trouvait le moment judicieux pour parler. Je pris un ton compatissant.

-Je vois bien ça… Dis-moi ce qui ne va pas.

Et elle n’alla pas par quatre chemins clamant que si elle quittait le groupe, on pourrait avancer. C’était bel et bien le classement qui la menait à cette décision aussi radicale que regrettable.

Je posai ma main sur la cuisse de Tiff la caressant un peu comme pour la rassurer.

-Tiff… Si tu quittes le groupe, je groupe ne sera plus pareil. Ce qu’on a fait jusqu’ici, on l’a fait ensemble. C’est aussi ton talent qui fait le son de The Warriors.

Mais je savais précisément ce qui la faisait en venir à cette décision. Une décision animé par la colère et la fatigue. Tiff était un peu à bout coincé entre le groupe et son rôle de mère.

-Tu sais, je freine les choses tout autant. Tu aimes la musique. Je sais que si tu te sacrifie pour rester ici à jouer uniquement les mères au foyer, ça ne te rendra pas nécessairement heureuse.

Elle aimait Yoric de tout son cœur mais elle a aussi, j’en suis sûr, besoin de son métier pour être totalement épanouie.

-C'est le classement qui te fais dire ça? Dis-toi que ces gens ne savent pas ce qu'on vit... Ils ne sont pas les mieux placés pour juger. Le mieux, je pense, c'est d'ignorer ce genre de conneries... Car ce n'est que ça: des conneries.

Ce sondage m’avait complètement anéanti et ce, à divers niveau. J’étais dévastée d’y retrouver Guillermo, ne comprenant pas comment des adultes pouvaient faire subir ce genre de stress inutile à des enfants !  Guillermo devait se douter qu’il ne plaisait pas à tout le monde, c’est un phénomène de société des plus normal dont personne ne pouvait se soustraire. Finan et moi avions fait de notre mieux pour éviter qu’il tombe dessus bien que mon époux me répétait que notre fils était fort et qu’il prendrait certainement le résultat avec désinvolture.

Ce n’était pas mon cas.

Le petit résumé qu’avait fait Amon Sørensen pour expliquer la position des nominés m’avait fait l’effet d’une douche froide.  Ma situation familiale était la cause qui expliquait pourquoi notre groupe était au ralenti. Finan avait eu des ennuis judiciaires, nous nous étions mariés, nous avions voyagés à Limerick et nous nous y étions rendus à nouveau pour donner naissance à notre fils né avec un gros problème de surdité et tout ce qui venait avec. Je ne niais pas que le groupe ait écopé pour tout ce que Finan et moi vivions en privés.  

Ma solution drastique qui ne me plaisait pas mais qui me semblait être la seule option était que je quitte le groupe pour me consacrer à notre petite famille, veiller sur elle et en prendre soin pendant que Finan rapporterait le pain béni sur la table. C’était crève cœur parce que j’aimais The Warriors de tout mon cœur et mon âme. Cela faisait partie de moi et de laisser tomber revenait à laisser tomber quelque chose qui faisait partie de moi.  Donc au bout du compte, je ne serais pas plus heureuse !

Je demandais à Finan de discuter avec moi, car ça n’allait plus du tout. Je ne voulais pas prendre de décision drastique dans lui en parler. Finan disait qu’il voyait bien que ça n’allait pas et que je pouvais lui parler. Je ne passais pas par quatre chemin pour lui faire par de ma réflexion, que je pensais que de quitter le groupe arrangerait les choses au mieux pour tout le monde.

Pour tout le monde sauf pour moi.

C’est ce que répondit Finan tout en m e caressant doucement la cuisse. Le groupe sans moi ne serait plus pareil et quem o n talent, il faisait sans doute référence aux instruments tels que la harpe que je maitrisais, donnait ce son particulier à notre groupe.

Mon gros nounours adoré prit une part du blâme pour lui affirmant qu’il freinait lui aussi le groupe et que le sacrifice que je ferais ne me rendrait pas plus heureuse. Il avait raison, rien que d’y penser, j’en avais des frissons désagréables qui voyageaient dans mon dos et mes, dans mes jambes.

- Oui, tout ça vient de ce sondage. Je sais que c’est ridicule, c’est bien ça le pire mais je n’y peux rien, ça m’affecte.

Au point où des larmes glissèrent le long de mes joues et je les chassais du revers de ma main avant de regarder Finan.

- Il y a de ces conneries qui blessent. Je soupirais et je caressais la main de Finan sur ma cuisse. Justement, ils ne savent rien alors pourquoi juger ? Nous faisons de notre mieux et… Je ne connais pas beaucoup de couple qui serait encore ensemble après avoir traversé ce que nous, nous avons traversé

Je me recroquevillais sur le divan pour me blottir contre Finan. Nous étions forts et solides et nous nous aimions profondément. C’était ce qui faisait que nous pouvions tout affronter, lui et moi.

- Je ne sais pas quoi faire. Peut-être que nous devrions trouver une nounou pour veiller sur Yorick et nous permettre d’aller en studio ?

Tiff n’allait pas bien. Je l’avais déjà remarqué dernièrement mais j’avais remis ça sur l’article et sur la fatigue. C’était sans doute en partie le cas mais je laissais ma femme s’exprimer sur ce qu’elle ressentait. Mieux valait faire sortir les choses. C’était le seul moyen de pouvoir trouver des solutions à ce qu’il n’allait pas.

On s’installa dans le fauteuil et Tiff en vint rapidement à ce qui la tourmentait. Elle avait l’intention de quitter The Warriors pour permettre au groupe d’avancer. Cette décision, de mon avis, n’allait en rien régler le problème. Le talent de Tiff et sa maitrise de certains instruments inédits donnait le son particulier de notre groupe. Elle était, donc, un élément important de The Warriors… The Warriors, sans Tiff devra se retrouver un musicien ce qui ne nous fera pas aller plus vite. Ça n’aidera pas Tiff à mieux dormir et à moins s’inquiéter pour Yoric, non plus. Au contraire, ça la privera d’un de ses échappatoires…

Pour moi, ce n’était, donc, pas une bonne solution… Mais j’en étais venu à la conclusion qu’elle était tourmenté par tout ça à cause de l’article de L.A.People. Une supposition que je fis tout haut et qu’elle confirma. Elle savait que c’était ridicule mais c’était plus fort qu’elle. Je continuai de caresser doucement sa cuisse. Aucun d’entre nous n’étions préparé à la célébrité et on voyait, de temps à autres, les mauvais aspects. Ce sondage en était un… Normal que ça pouvait peser. Ce n’était pas toujours facile de faire abstraction des choses. Je me rappelle quand on avait révélé, dans la presse, mon affiliation aux Los Diablos. Ça m’avait fâché aussi…

-C’est normal que ça t’affecte. Se faire juger ce n’est pas agréable. Surtout pas des gens qui ne nous connaissent même pas.

Elle en pleurait. Je pris un air compatissant alors qu’elle disait que certaines conneries la blessait. Elle affirmait que, justement, ils ne nous connaissent pas alors pourquoi juger ? Parce que les gens sont ainsi et L.A.People sait faire ressortir le pire des gens. Le jugement. Le voyeurisme… Sans compter que le vote est anonyme ce qui rends le jugement plus facile. Le reste, tout ce qui avait été écrit, c’était du Amon… J’apprécie Amon en tant qu’homme mais je n’aime pas le journaliste qu’il est.

-Non. Beaucoup de couples n’ont pas eu à traversé ce qu’on a traversé. Mais on a justement réussi à passer au travers du reste alors ce n’est pas un article dans une feuille de choux qui va nous faire douter. D’ici quelques semaines, tout le monde aura oublié ce qui était écrit.

Je souris caressant, maintenant, le dos de Tiff alors qu’elle se blotti contre moi. Elle disait ne pas savoir quoi faire mais avait quand même une idée. Une idée a laquelle j’avais songé plusieurs fois sans encore le formuler. Celui de trouver un nounou à Yoric afin de nous laisser du temps pour nous consacré à The Warriors.

-Je pense que c’est une bonne idée. Il y a sûrement des nounous spécialisés pour les enfants à besoin spécifiques. On a les moyens. On devrait en profiter. Après tout, beaucoup de parents font la même chose alors pourquoi pas nous ? Yoric pourra, ainsi, faire la connaissance d’une nouvelle personne. Ça sera bien pour lui aussi.

Je n’avais aucune objection à cette idée.

-Puis, il va grandir. Il arrivera à se faire entendre d’une façon ou d’une autre, crois-moi et on devra moins s’inquiéter. Sans compter qu’on a Guillermo aussi pour nous aider…

Guillermo qui était très protecteur envers Yoric. Même si, dernièrement, il était aussi pas mal occupé avec sa carrière d’acteur et ses études.

-On pourra passer un annonce si tu veux… Tu en dis quoi ?

Les gens reprochaient l’inactivité du groupe et nous pointaient, Finan et moi, comme les principaux acteurs de cette situation. Le pire là-dedans c’est qu’ils avaient raison. Ivar et Sigurd subissaient les contrecoups des décisions personnels que Finan et moi prenions. Cependant, nous n’avions pas décidé d’étaler au grand jour l’affiliation de Finan avec les Los Diablos et d’avoir un fils a besoin particulier n’était pas non plus planifié. Nous faisions de notre mieux pour colmater toutes les fuites. Le fait est que nous commencions à manque de doigts !

Je ne voyais comme solution que mon départ du groupe auquel je tenais tant et ce, dans l’espoir de le voir pouvoir se remettre au travail pendant que je m’occuperais de ma petite famille. Je n’étais pas triste d’envisager d’être une mère au foyer. Prendre soin de mes enfants me comblais au plus haut point. Considérant cela, je me rendais compte que le groupe complétait mon bonheur et qu’il laisserait un grand vide dans ma vie. Surtout qu’un jour, les enfants seraient grands et qu’ils auraient moins besoin de moi.

Finan comprenait que le sondage puisse m’affecter. Comme il le disait, se faire juger par des gens qui ne nous connaissent pas, ce n’est jamais bien agréable. Comment réagiraient-ils ces gens si je débarquais dans leur maison et que je commençais à les critiquer ? Certainement très mal…

Je regardais notre parcours, à Finan et moi et je me disais qu’aucun de ces couples qui ont votés au sondage, n’auraient su passer au travers de tout ce que mon mari et moi avions vécu. En tous les cas, ils n’en seraient pas ressortis aussi fort !

- Je sais que tu dis vrai en disant que d’ici peu, ils auront oubliés. Je suis épuisée ces derniers-temps, ça nem ‘aide pas à penser rationnellement.

Et ça n’aidait pas le créatif de notre groupe non plus ! je me sentais comme dans une spirale qui je faisait que de me tirer vers le bas.

Parler avec mon gros nounours me faisait du bien. Il m’écoutait avec patience et faisait preuve de grande douceur. Surtout, il ne me jugeait pas et ne banalisait pas ce que je ressentais. Avec lui, j’arrivais à dissiper le brouillard dans ma tête, à remettre mes idées un peu en place et à passer en mode solution.

J’évoquais la possibilité de trouver une nounou spécialisé qui serait en mesure d’accompagner Yoric dans son développement. Finan trouvait l’idée excellente d’autant plus que nous en avions les moyens. J’essuyais  mes larmes du revers de ma main, celle qui ne caressait pas celle de mon époux sur ma cuisse et je reniflais. Je devais me ressaisir et tâcher de cesser de tout voir négativement.

- Elle pourrait venir en studio et ainsi… Je serai incapable de ne pas passer autant de temps avec Yoric surtout qu’avec l’école et sa carrière, Guillermo est de son côté assez occupé. On ne peut pas m’empêcher de m’en faire pour mes petits canetons.

Je hochais de la tête en signe que oui quand Finan me proposa de passer une annonce.

- Le temps que l’on trouve la perle rare… Vaut mieux oui ne pas tarder à passer une annonce. Peut-être qu’une rencontre avec Ivar, Sigurd et Samantha ne ferait pas de mal, question de savoir où nous en sommes et que nous sommes également tous sur la même longueur d’ondes.

L’opinion des autres membres de notre groupe ainsi que de notre manager m’importait beaucoup !

Le classement avait fortement ébranlé Tiffany. Probablement beaucoup plus qu’il ne l’aurait dû. J’essayais de la rassurer et de lui faire relativiser ce que, bientôt, tout le monde aura oublié. Il ne fallait pas qu’elle laisse tout tomber uniquement parce que des gens qui ne nous connaissent même pas disent qu’on ne produit pas assez de musique. Ça serait plier devant des critiques injustifiées. Or, ce genre de critiques, il ne valait mieux pas en tenir compte. Est-ce que ces mêmes gens seraient content qu’on les critiques qu’ils ne viennent pas travailler si jamais ils en venaient à prendre un congé de maternité ? Non. Ils ne trouveraient, d’ailleurs, pas ça justifié. Or, notre ralentissement, je le voyais comme un congé de ce genre étant donné que Yoric était encore très petit. Il n’a même pas encore un an.

Tiffany comprenait mais déclara que la fatigue accumulée l’empêchait de réfléchir de façon rationnelle. J’hochai de la tête.

-Je sais. C’est normal d’être fatigué. Tu es mère d’un bébé pour la première fois et Yoric a des besoins spécifiques. Il y a de quoi être fatigué.

Je l’aidais beaucoup, c’est vrai. Mais le stress était différent chez chacun et Tiff semblait bien plus affectée que moi. Elle avait bien plus peur pour Yoric que moi. C’était sans doute une sorte d’instinct maternel. Ça la tenait souvent éveillée la nuit et ça ne l’aidait pas à récupérer.

Tiff faisait partie du groupe et je ne voyait pas le groupe aller mieux si jamais elle s’en allait. Que du contraire, les choses seront encore plus ralentie car il nous faudra trouver une remplaçante. Une meilleure solution était de nous retirer un peu de charge en ce qui concerne Yoric. Engager une nounou était une solution à ça. On avait les moyens alors pourquoi ne pas les utiliser ? Je trouve que ça permettrait à Tiffany de souffler et de doucement lâcher du leste et nous permettre de nous donner du temps pour The Warriors. Je ne voyais que du bien dans cette solution.

Tiff sécha doucement ses larmes alors qu’elle émit l’idée que la nounou pourrait venir au studio… Apparemment, Tiff n’était pas prêt à se séparer de Yoric mais si Yoric venait avec nous, elle allait être distraite et vouloir regarder ce que fait la nounou… Je ne pense pas que ça soit une bonne idée… En même temps, si Yoric était seul avec la nounou à la maison, Tiff risquait de ne s’en faire toute les cinq minutes. Je commençais à la connaitre et je savais comment elle agissait avec Yoric et Guillermo. Elle est très protectrice.

-Je propose de couper la poire en deux. La nouvelle nounou pourra nous accompagner au studio la première semaine, le temps qu’on s’habitue à elle et elle à Yoric… Ensuite, elle pourra rester seule avec Yoric à la maison. S’il est tout le temps au studio avec nous, ça ne nous fera pour nous déconnecter totalement de notre rôle de parent. Or, en confiant Yoric c’est ce que nous voulons pour être des parents plus reposé quand on rentrera à la maison pour prendre soin de lui. Est-ce que ça t’irais comme ça ? Sinon, j’ai peur que si Yoric est constamment en studio, tu ne t’occupes de lui a la place de la nounou…

C’était comme ça que je voyais les choses en tout cas. Les autres parents n’emmènent pas leur enfants au travaille, après tout.

-Je comprends que tu te fasses du soucis… C’est la preuve que tu es une bonne mère. Mais il faut aussi que tu prennes du temps pour toi. C’est important.

Tiff disait qu’il ne fallait pas tarder à passer une annonce. J’hochai de la tête. Elle avait raison. Plus vite on passe l’annonce, plus vite on trouvera la perle rare. Elle semblait aussi vouloir une rencontre avec tout The Warriors pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde.

-Oui, c’est une idée. Même si Ivar et Sigurd comprenne, tu sais, pour Yoric. Mais si tu penses qu’une réunion est importante alors on pourra demander à Samantha et aux autres. Peut-être qu’on pourra proposer de faire un petit concert ? Au Stryge, par exemple ? Ça pourrait faire patienter nos fans et montrer qu’on est toujours bien là.

Il n’y avait plus rien de rationnel dans ma façon de réfléchir et bien que j’en aie conscience, ma fatigue m’empêchait de raisonner autrement. Chaque fois que je m’assoyais et que je me disais de respirer et de chasser les idées sombres, elles revenaient en force comme si de me poser n’avait fait que de leur laisser plus de place dans ma tête. Finan comprenait ma fatigue, il le vivait lui aussi. Être parent d’un jeune bébé et surtout un bébé comme le notre venait puiser toutes nos ressources et réserves d’énergie possible.

- Et malgré tout, Yoric est un bébé hyper facile ! C’est bien ça qui me fou le moral à moins quarante.

Pour être tout à fait honnête, je ne faisais pas assez confiance à mon instinct de maman pour veiller sur mon fils. J’avais peur de dormir trop profondément la nuit et de ne pas me rendre compte qu’il avait mal, qu’il avait besoin de moi. Donc, depuis sa naissance, je ne dormais que d’un œil et je ne calculais plus le nombre de fois que je m’étais levée pour uniquement me pencher au dessus de son berceau pour me rassurer.

Ma grande chance était d’avoir pour mes enfants, un papa exceptionnel. S’il ne m’aidait pas comme il le faisait, je serais dans un sale état ! Pire que je ne le suis en ce moment, ce serait même effrayant !

Alors, au travers de toute ma torpeur et mes nuits blanches, je n ‘avais trouvé comme unique solution que celle de quitter le groupe que j’aimais tant ! Une chose que j’avais apprise avec le temps était que si une décision prise ne te faisait pas sentir mieux et qu’elle faisait autant mal que la situation actuelle, c’est que ce n’était pas la bonne et qu’il y avait d’autres possibilités. De discuter avec Finan était mon dernier espoir pour mettre de l’ordre dans ma tête.

Finan ne pensait pas que de quitter le groupe l’aide à avancer. Au contraire, le fait que je sache jouer d’instruments différents donnait ce son spécial à notre musique, celui qui nous caractérisait. Si je lâchais le groupe, ils allaient devoir trouver un musicien sachant jouer de la harpe et du violoncelle pour ne nommer que ceux-là.

Une solution toute simple était à notre portée. Le pire était que j’y avais songé à la nounou mais j’en revenais toujours à craindre de tomber sur la psychopathe de l’année ou sur une incompétente qui ne saurait ne pas différencier une grimace à un sourire. Là encore, je devais me raisonner et me persuader que ce genre de pensées venait de ma fatigue  et pas que de mon côté mère protectrice.

Si nous avions tous pu apprendre assez rapidement le langage des signes, la nounou le pourrait elle aussi !

Finan proposa de couper la poire en deux pour éviter que, du jour au lendemain, je ne passe de mère à temps plein à musicienne dévouée. Il fallait que je puisse laisser Yoric à la maison aux soins de la nounou et d’y aller de façon graduelle comme le proposait mon gros nounours, me semblait être sage.

- Je serais capable d’apprendre la harpe à la nounou pour pouvoir consoler Yoric moi-même… Tu as raison. Nous irons de façon graduelle comme tu le propose. C’est plus sage.

Finan, tout en douceur, se montrait compréhensif et il me fit sourire quand il ajouta que pour continuer d’être la bonne mère que j’étais, je devais prendre du temps pour moi.

- Le meilleur temps pour moi que je prends c’est quand je berce Yoric pendant qu’avec Guillermo, nous regardons la télé en famille tous les quatre… Tu as tellement raison mon gros nounours ! J’ai besoin de plus de temps pour moi… Je devrais peut-être me faire masser ou aller faire du shopping… avec ta carte !

Je ricanais doucement, blottis contre l’homme de ma vie. Même en allant faire du shopping, je ne ferais qu’acheter des trucs pour mes fils ! Et pour Finan aussi, je me connais !

Nous devions ne pas trop tarder pour passer une annonce autant pour être en mesure de reprendre nos activités avec le groupe que pour éviter que je ne change d’avis et qu’on en revienne au point de départ. Je sais, je n’étais pas facile à suivre, même moi, je m’étourdie !

Je suggérais qu’on se rencontre, les membres du groupe ainsi qu’avec Samantha, afin de discuter de ce que nous voulions, de mieux voir là où nous en étions et ainsi, pouvoir se mettre au travail convenablement. Un peu comme un nouveau départ.

- Je crois que ça serait honnête pour tout le monde que de se dire les vraies choses, même si comme tu le dis, Ivar et Sigurd comprennent notre situation. Samantha aussi, d’ailleurs. Je me dis que peut-être que nous pourrions discuter autour d’un sandwich et d’une bière et tout le monde pourrait apporter ses idées.

Mon gros nounours adoré supposa même que nous pourrions donner un petit concert. Le Stryge me semblait être un bon endroit pour le faire, Il faudrait voir avec notre manager ce qu’elle en pensait et si elle pouvait nous organiser cela.

- Tu rédige l’annonce, je m’occupe d’Ivar, Sigurd et Samantha ? Ça te va nounours ?

Je me redressais un peu pour pouvoir lui caresser la joue puis l’embrasser. J’avais une chance incroyable de pouvoir passer au travers toutes les embuches de la vie avec lui pour me soutenir.

Tiff avait le moral à zéro et il était clair que la fatigue y était pour beaucoup. Parce que, en temps normal, Tiff ne s’écroulerait pas comme ça pour un article de pacotille sorti dans une feuille de choux. Parce que l’article d’Amon ne signifiait rien… Il était juste là pour faire des ventes sur des stupidités.

Je pouvais comprendre sa fatigue. Moi aussi, j’encaissais pas mal de fatigue mais Tiff semblait en encaisser plus car, contrairement à moi, elle peinait à dormir. Et elle culpabilisait parce que Yoric, en soi, était un bébé facile.

-Facile, oui. Mais avec des besoins spécifiques. Sans compter que c’est notre premier bébé à tous les deux. Je ne connais pas un seul parent, même avec un bébé facile, qui n’accuse pas un peu de fatigue lors de la première année de vie de l’enfant.

Un bébé, ça n’avait rien de reposant, facile ou non. Ça venait changer tout le quotidien. Il fallait s’adapter à ses besoins et comprendre, petit à petit, le rôle de parent. Un rôle auquel on avait déjà pu s’essayer avec Guillermo. Mais on a eu Guillermo quand il avait 11 ans. Il était déjà largement autonome. Ce n’est pas du tout le cas d’un bébé.

J’essayais de faire relativiser les choses à Tiff. De lui montrer que sa solution, celle de quitter le groupe, ne règlerait en rien le problème. Ça risquait d’en créer d’autre et de lui mettre encore plus le moral à zéro. Ce qu’avait besoin Tiff, et moi aussi d’ailleurs, c’était de lâcher un peu prise et de nous dégager du temps pour notre groupe. Ça nous permettra de nous ressourcer et de pouvoir mieux nous occuper de Yoric quand on reviendra à la maison.

Pour ça, il nous fallait une nounou mais Tiff pensait déjà que la nounou en question devra surveiller Yoric au studio. Or, si on voulait vraiment lâcher prise, je trouvais qu’il était mieux que, à terme, Yoric reste à la maison avec la nounou après un temps d’adaptation. L’idée semblait convenir à Tiff qui se voyait déjà apprendre la harpe à la nounou pour consoler Yoric. Je souris.

-Pourquoi pas ? Ainsi, tu apprendra à la connaitre elle aussi et tu pourras être plus sereine quand tu laisseras Yoric seul avec elle.

J’ajoutai que Tiff devait prendre du temps pour elle pour pouvoir être à 100% quand elle revenait jouer son rôle de mère. Pour l’instant, ses meilleurs moments pour elle était toujours en compagnie des enfants. Il lui fallait aussi son petit jardin secret sans eux. Elle disait que du shopping ou un massage pourrait lui faire du bien. Je rigolai un peu quand elle affirma que, pour ça, elle aura besoin de ma carte.

-C’est un bonne idée ! Enfin, par pour ma carte mais pour le shopping et le massage.

Il ne faudra pas prendre trop de temps avant de passer un annonce afin de pouvoir, rapidement, nous remettre à fond avec The Warriors. Tiff voulait aussi faire un sorte de réunion avec le groupe et notre manager même si j’étais sûr qu’il comprenait ce ralentissement. Après tout, Yoric n’avait même pas encore 1 an… Mais Tiffany voulait que tout le monde soit sur la même longueur d’onde.

-Si tu trouves que c’est utile, pourquoi pas ? Mais, ouais, ça serait mieux autour d’une bière. Entre nous, il n’y a aucune raison que ça soit formel. Ça sera l’occasion de se faire une sortie, comme ça.

A la plage, pourquoi pas ? Ça pourrait être fun. Et pourquoi pas le faire sans les enfants ? Ça serait bien aussi.

Moi, l’idée de refaire un concert me titillait. C’est une idée qu’on pourrait proposer ainsi ça montrera au groupe qu’on est prêt à aller de l’avant après ce coup d’arrêt « bébé ».

Tiff me donna responsable de l’annonce alors qu’on comptait s’occuper d’arranger le meeting. Je souris.

-Ça marche !

Elle m’embrassa et je lui rendis son baiser. Du reste, j’étais sûr que se remettre à la musique en lâchant du leste allait faire en sorte de remonter le morale de Tiffany et de lui permettre de vivre plus sereinement.