Shane ne rentra pas avec moi suite à notre rencontre avec Brent au studio. Il voulait visiter une chambre à louer dans un building plus loin au centre-ville. Sa présence chez moi ne me pesait pas mais je savais que pour Ward, il en allait tout autrement. Ward n’aimait pas beaucoup de gens mis à part moi et lui-même. Shane est de nature exubérante et colorée, il aime occuper tout l’espace qu’il prend et cela agace Ward qui commence à grincer des temps au sens propre comme au figuré.

Maintenant que notre album allait sous peu paraitre et que les sous allaient commencer à entrer, Shane avait décrété qu’il était temps de continuer, pour de vrai, ses recherches pour se trouver un logis. Nous étions arrêtés en chemin pour qu’il puisse prendre le journal du jour et encerclé les différentes propositions.

J’avais grimpés les étages, presque deux marches à la fois puis j’avais déverrouillé la porte avant de la refermer derrière moi. Je fronçais des sourcils alors que je constatais que Ward était déjà à la maison. Je ne le voyais pas mais j’entendais du bruit provenant de notre chambre à coucher. Ce n’était pas dans ses habitudes des derniers jours de rentrer si tôt. Il était peut-être malade, je le trouvais ronchon ces derniers temps. Il couvrait probablement quelque chose. Même les hommes forts tombent, parfois malades !

- Je suis rentée ! m’exclamais-je simplement pour signifier ma présence dans l’appartement.

Je retirais ma veste puis mes chaussures et j’allais à la cuisine me verser un verre de jus et un yaourt pour calmer ma petite dent creuse.

- Brent nous a montré les pochettes de l’album aujourd’hui. Il sera vraiment beau ! En tous les cas, Shane et moi sommes satisfaits.

Je parlais fort, pensant Ward toujours dans notre chambre et moi, je faisais face à la fenêtre au dessus de l’évier de la cuisine. La vue était plutôt quelconque pour ne pas dire inexistante. On y voyait à peine le ciel, l’immeuble voisin masquant le panorama. On ne pouvait que deviner la température quand l’on voyait la pluie tomber. Autrement, même avec un beau et grand soleil, l’ombrage du building voisin laissait la lumière grise et terne.

- Il nous même dit que…  OH SEIGNEUR ! Ward !! Je te pensais encore dans la chambre… Tu m’as surprit.

Je rigolais en portant ma main à ma poitrine pour sentir combien mon cœur se débattait. Je soufflais un bon coup puis je m’approchais de mon petit ami pour passer mes bras autour de lui et, en me soulevant sur la pointe des pieds, l’embrasser.

- Tu es rentré tôt. Tu as eu une bonne journée ?

Avec la surprise, j’en oubliais Brent et sa proposition de nous trouver des dates pour nous produire devant notre public pour la première fois.

Tu vas être content ! Shane est partit visiter une chambre à louer. Il a vu l’annonce tout à l’heure alors… espérons qu’elle lui convienne.

Le truc quand on joue un jeu à long terme c’est qu’il faut être patient. Et si la prison m’avait rendu un peu patient j’étais quand même toujours caractérisé par mon impatience… Et c’était d’autant plus compliqué quand un squatteur vous rappelait, chaque jour, que les choses n’avancent pas assez vite à votre goût.

Ce squatteur, c’est Shane… Et s’il ne faisait pas partie intégrante de mes plans, je l’aurais déjà, lui et tout son bordel, foutu dehors. Mais je en pouvais pas. Parce qu’il faisait partie du duo Nelligan. Celui qui, je l’espérais, sur le long terme, permettra de rapprocher Nell de son père, Don Hughes. Le tout était, à la fin, de décrocher l’héritage de Hughes. De me hisser en haut de l’échelle de cette façon. Plus pour montrer que je pouvais y arriver que pour le pouvoir et l’argent. Pour prouver que j’étais doué. Que j’étais plus qu’un serial killer. Un genre de challenge.

Mais pour ça, il fallait que j’encaisse Shane ce que je faisais jusqu’ici même s’il m’arrivait de montrer ma mauvaise humeur face à son foutu désordre et son trop plein d’enthousiasme. J’arrivais, jusqu’ici, à ne pas le tuer… Ce qui, dans mon cas, était une bonne preuve de self-contrôle. J’espérais que l’album allait sortir rapidement ainsi, Shane n’aura plus d’excuse pour se trouver son propre appartement ! Il aura suffisamment d’argent pour ça. Quoi que ce qui m’ennuyait le plus c’était qu’une source de revenu, il en avait déjà une depuis sa signature avec MTI mais je trouvais qu’il faisait en sorte de trainer…

M’est d’avis que je n’allais pas tarder à lui mettre sous le nez qu’il est plus que temps qu’il se bouge le cul et trouve quelque chose… Je pense que c’est suffisamment légitime pour que Nell ne fasse pas trop la fine bouche là-dessus. LA charité, c’est bien mais ça a ses limites même dans le cadre d’un plan plus vaste…

J’étais en train de ranger deux ou trois choses dans la chambre quand j’entendis Nell rentrer. Apparemment, elle était seule. C’est une bonne chose… J’achevai de ranger écoutant Nell dire que son manager lui avait montré des pochettes pour leur album. Bien ! Plus vite tout est en ordre, plus vite il sortira, plus vite Shane n’aura plus aucune raison de rester ici.

Alors qu’elle avait dit ça, j’étais sortis de la chambre pour me diriger vers la cuisine. C’est là que Nell était. Elle regardait par la fenêtre devant l’évier de la cuisine. Je m’étais appuyé sur l’encadrement de la porte. Elle ne m’avait même pas vu. Ce n’est que quand elle reprit son discours et qu’elle se retourna pour me voir qu’elle sursauta. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Bonjour, Nell. Je suis content pour la pochette de l’album. Vivement qu’il sorte que Los Angeles puisse voir ton talent.

Et celui de Shane… A coup sûr, elle va souligner ça… Elle ne sait pas parler de son talent sans mettre Shane en avant. Il y avait un juste milieu entre trop de modeste et pas assez… Nell n’était clairement pas dans ce milieu.

Je m’étais avancé vers elle et elle m’enlaça avant de m’embrasser. Je lui rendis son baiser alors qu’elle avait remarqué que j’étais rentré plus tôt.

-J’ai terminé les comptes plus tôt que prévu… Sinon, tout s’est bien passé. Rien de bien neuf. La routine…

Une écrasante routine… Diriger le Wild n’avait rien de passionnant… Sauf de temps à autre quand des clients intéressant mettaient les pieds là-bas. En gros, je m’y amusait mieux quand j’y allais dans les heures d’ouvertures et pas en dehors comme je l’avais fait aujourd’hui.

Nell lança alors que Shane était parti visiter une chambre à louer. C’était une bonne nouvelle mais j’étais loin de faire sauter le bouchon du champagne trop vite… Encore fallait-il qu’il la loue, cette chambre… Je fis une petite moue.

-Et tu crois qu’elle va lui convenir ? Je n’ai rien contre Shane mais j’ai l’impression de faire ménage à trois… Et il aime bien prendre ses aises… Il a des revenus de MTI… Il est un peu temps, qu’il se trouve un logement, tu ne penses pas ?

Je l’avais assez supporté… Largement assez supporté.

-Et Brent… Qu’est-ce qu’il t’a dit d’autre ? Tu voulais dire quelque chose avant que je ne te surprenne.

Ward m’avait fait sursauter en arrivant hyper silencieusement dans l’embrassure de la porte de la cuisine. Je le pensais toujours dans la chambre alors je continuais de parler en haussant le ton, pour qu’il m’entende bien et que je n’ai pas besoin de tout répéter. Pas que ça me gênais de lui répéter mais j’étais tellement dans le moment présent qu’il me semblait que ma nouvelle n’aurait plus la même saveur si je la répétais.

Je m’approchais de lui pour l’enlacer pendant qu’il disait qu’il était temps que Los Angeles entende m on talent. Celui de Shane, surtout, mais c’était mon humble avis que tout le monde me disait de ravaler parce que j’en avais tout autant, parce que c’était une collaboration, parce que si et ça.

J’embrassais Ward avant de lui faire remarquer l’évidence. Il avait écourté sa journée, pour mon plus grand bonheur. Il avait terminé les comptes plus tôt et comme tout allait bien, il ne s’était pas éternisé au Wild. Ça aussi, ça fait mon bonheur. Je n’aimais pas le Wild mais je ne me plaignais jamais qu’il y travail. Il avait droit de faire les choses comme il le pensait sans que j’aie à donner mon opinion.

Avec Ward, il était toujours difficile de déterminer s’il était de bonne humeur ou non. Il était impassible dans toutes les situations. Même là, alors que je pensais qu’il allait exploser de joie, à sa manière évidement, quand il apprendrait que Shane était partie visité une chambre à louer qu’il avait repéré dans le journal, un peu plus tôt aujourd’hui. La cohabitation entre mon amoureux et mon meilleur ami était plus que difficile. Shane ne voyait jamais combien il pouvait empiéter sur l’espace des autres et jamais il ne le faisait avec une arrière pensée. Ward lui, était très territorial et la moindre petite brèche à ses habitudes de vie le contrariait. Ceci dit, je levais mon chapeau à la grande patience dont avait fait preuve Ward ces dernières semaines.

- Je crois bien que oui. Il est déterminé à se trouver son petit coin à lui. On se rend bien compte, tu sais, que sa présence t’énerve et puis il avait dit que ce n’était que pour un jour ou deux et… ça fait quelques semaines, déjà.

Ward n’avait pas tord de dire qu’il avait l’impression que nous faisions un ménage à trois. Shane était tout sauf discret et ne pouvait pas s’empêcher de passer des commentaires sur ce que Ward et moi faisions ou ne faisions pas dans notre chambre à coucher. Il voulait aider en faisant la lessive et passait des commentaires sur mes sous-vêtements s’il les jugeait un tant soi peu coquin.

- J’avoue que j’ai un petit peu hâte moi aussi de me retrouver seule avec toi, de ne pas craindre qu’il arrive à n’importe quel moment. Je l’adore mais c’est avec toi que je veux vivre.

Ward revînt sur ce que j’avais commencé à dire mais que j’avais interrompu en sursautant. Je secouais la tête, comme pour replacer mes idées puis je pris ses mains dans les miens, un grand sourire sur mon visage et des étoiles pleins les yeux.

- Il va nous trouver des dates pour que l’on puisse se produire devant public ! Ce sera au Rainbow ! On pourra officiellement amorcer notre carrière de duo. Moi qui n’y croyais pas au début… J’avoue que j’avais tord et que vous aviez raison ! Ça me rend nerveuse, tu t’en doute, mais ce n’est pas dans le mauvais sens. Je pense que je saurai gérer ce stress pour en faire quelque chose de positif.

Avec Brent pour nous soutenir, je n’avais aucune raison de m’en faire.

Shane et Nell avait choisi leur pochette d’album. C’est ce qu’elle avait lancé à travers l’appartement alors qu’elle venait de rentrer et que j’étais encore dans la chambre. Ça signifiait que la sortie de l’album était imminent. Et si la célébrité de Nell n’était pas nécessairement mon but, plus elle réussissait, plus elle aura de chance de rester chez MTI et de se rapprocher de son père biologique. C’était ça que je cherchais.

Je m’étais planté dans l’encadrement de la porte de la cuisine ce qui surpris Nell qui pensait que j’étais toujours dans la chambre. Mais elle se remit assez vite de ses émotions pour venir m’enlacer et m’embrasser. Elle m’annonça alors que Shane était en train de visiter un chambre pour, peut-être, finir par la louer. Seulement, je ne voulais pas me réjouir trop vite. Pas avant que Shane n’aura pas définitivement déménagé d’ici. Lui qui faisait en sorte de rendre cette cohabitation très agaçante. Je crois que bien des gens l’aurait déjà viré. Pas Nell… Mais bien d’autres gens, oui. Moi, j’en étais à le tuer encore et encore dans ma tête à défaut de pouvoir le faire en vrai. Pas que je n’en étais pas capable mais ça ruinerait mes plans…

Du coup, je ne fis pas preuve d’enthousiasme mais de retenue demandant à Nell s’il y avait des chances que cette chambre lui plaise. Elle confirma que Shane était, enfin, déterminé à quitter notre appartement… Elle affirma qu’elle et Shane s’était bien rendu compte que la présence de Shane m’énervait.

-Oui… Il devenait agaçant. Ce qui est étonnant c’est que, toi, ça ne t’agaçais pas plus que ça… Je sais que tu veux être gentille avec tout le monde, Nell, mais il faut parfois mettre des limites.

Hors, Shane était hors limite. Il était envahissant et foutait le bordel. Je trouve que j’avais fait preuve de pas mal de patience. Je n’y aurais pas trouvé d’intérêt, il n’aurait jamais pu poser bagage, c’est un fait.

Nell avoua qu’elle avait quand même hâte qu’il parte pour qu’on puisse se retrouver à deux. Elle affirma adorer Shane mais que c’était avec moi qu’elle voulait vivre. Ça me dérida un peu alors que je souris légèrement.

-Je suis content de l’entendre. C’est aussi ce que je veux.

Shane en moins la vie sera plus facile.

Je revins alors sur ce dont elle avait essayé de me parlé tout à l’heure mais qu’elle n’avait pas pu aller jusqu’au bout car elle avait été surprise par mon entrée. Elle affirma alors que Brent Hughes allait lui trouver des dates pour que Nelligan puisse se produire à Rainbow. Les premiers concerts du duo, en sommes. Ça la rendait, inévitablement, nerveuse… J’avais bien compris que Nell avait toujours besoin d’être rassuré. J’étais rôdé à ce niveau…

-Moi, j’y ai toujours cru. A partir du moment où j’ai entendu la démo, j’ai su que vous iriez loin.

Ce n’était pas la première fois que je le disais. La musique de Nell se laissait réellement écouté. Ce n’était pas mauvais du tout. C’était ma vrai impression.

-Je suis sûr que tu arriveras à gérer ta nervosité. J’imagine que tous les artistes ressentent ça, non ? Même Shane… Ça lancera bien votre carrière entre l’album et les concerts. Tu seras bientôt en tournée que tu n’auras rien vu.

J’esquissai un petit sourire.

-Bientôt on t’inviteras à des fêtes guindées et toutes ces conneries de stars. Je rigole… Ne flippe pas. Ce n’est pas encore pour demain, ça.

Quoi que ça peut parfois venir très vite, j’imagine. Mais j’aimais bien charrier un peu Nell. Titiller ses peurs. C’était un léger plaisir sadique même si je connaissais les limites.

-Et avec Brent, ça roule toujours ? Tu ne regrettes pas ton choix ?

Il fallait que je vois si leur relation continuait à être au beau fixe.

La présence de Shane devenait de plus en plus lourde à supporter pour Ward. Il n’avait pas besoin de me le dire pour que je le comprenne. Puis, j’aimais beaucoup mon ami mais moi aussi, j’avais hâte de me retrouver seule avec Ward, simplement pour vivre notre histoire à deux et non pas à trois comme cela était le cas en ce moment. Ward confirma ce que je savais déjà en disant de Shane qu’il était agaçant et qu’il s’étonnait que même moi, je ne ne m’en montrais pas plus agacée que cela.

- Je ne suis pas gentille par obligation, ça me vient naturellement puis je suppose que je n’ai pas sentie mes limites tant outrepassée. Probablement parce que je sais qu’il est comme il est, tout simplement. Il n’a pas de malice.

Shane n’avait aucune malice, il ne ferait même pas de mal à une mouche.

Cependant, j’avouais que j’avais hâte de me retrouver seule avec Ward pour de vrai. Nous n’avions encore rien vécue de ce qu’un couple peut vivre dans son intimité parce que je ne voulais pas nous faire surprendre par Shane, parce que je ne voulais pas sortir de la chambre en petite tenue, parce que si ou ça. Des choses de ce genre-là.

- En aurais tu douter ?

C’était dit sur un ton de rigolade puisque je savais que Ward ne se moquait pas de moi. Je lui souriais en le regardant, le serrant toujours dans mes bras.

J’expliquais ensuite ce que je m’apprêtais à lui dire quand je m’étais retournée et que je l’avais aperçue tout près de moi alors que je le croyais encore dans notre chambre. Brent prévoyait nous trouver des dates afin que l’on puisse, Shane et moi, se produire devant public au Rainbow. J’avouais que j’étais excitée par cette nouvelle et que j’avais hâte alors qu’au début, je n’y croyais pas contrairement à Ward, entre autre. Il m’avait soutenue depuis le début et même, il avait provoqué les choses en envoyant la démo de Shane, sans nous le dire.

- Je sais. Toi… Tu crois toujours en moi et tu m’encourage toujours à aller plus loin.

C’était probablement parce que justement, ça venait de l’homme qui est amoureux de moi que j’avais autant mis les freins. Il n’est pas forcément le plus impartial, ce qui est normal parfois en amour. On croie toujours à tord ou à raison que l’être aimé est exceptionnel et peut tout accomplir. Il m’aura fallu un peu plus que Ward pour que je commence à croire en moi-même.

- Merci pour ça.

Je l’embrassais encore, plus doucement, pour qu’il ressente bien ma reconnaissance.

Comme pour Grease, j’étais nerveuse. En général cependant, j’arrivais toujours à gérer ma nervosité et, sur scène, elle se transformait en une belle énergie. Heureusement pour moi sinon, ma passion tiendrait plutôt de l’handicap !

Pour Ward, je serais bientôt invité à des fêtes guindées et toutes ces choses où allaient les stars. Oula ! Ça, c’était beaucoup trop vite et vraiment pas mon genre non plus. Je secouais négativement la tête a cette supposition de Ward et puis de toute façon, comme il le disait, ce n’était pas demain la veille que je serais invitée à ce genre de fête.

En ce qui concernait Brent, je ne regrettais pas mon choix. Comment pourrais-je ? Il avait été pour moi un peu comme un père. Je savais que je pouvais avoir confiance en lui et qu’il ferait toujours de son mieux pour que je sois heureuse dans notre collaboration. Et moi aussi, d’ailleurs !

- Je ne regrette pas du tout. C’est un homme merveilleux en qui j’ai pleinement confiance. Il faudra d’ailleurs que je vous présente ! Je suis certaine que tu t’entendras très bien avec lui.

Eleanor affirma qu’elle n’était pas gentille par obligation mais parce que ça lui venait naturellement. Sauf qu’il y avait une différence entre être gentil et se laisser marcher dessus. Or, Shane en profitait bien de la gentillesse d’Eleanor. Elle ajouta que si ses limites n’avaient pas été outrepassées c’est sans doute parce qu’elle connaissait Shane… Qu’il n’y avait pas de malice dans son comportement.

-Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de malice que ce n’est pas, parfois, très agaçant.

Quelqu’un qui fous le bordel, simplement parce qu’il est bordélique et pas parce qu’il le fait exprès, c’est quand même sérieusement agaçant. Et je pense avoir été largement assez patient. Dans une autre configuration, Shane serait déjà six pieds sous terre… Nell aurait eu n’importe quel autre petit ami, m’est d’avis que ça aurait été la même chose : Shane sera rapidement devenu, pour lui, un parasite !

Un parasite qui allait, je l’espère, quitté bientôt cet appartement. Même Nell avait envie qu’on se retrouve rien que nous deux et je dois avouer que si elle n’en avait pas eu envie, ça m’aurait encore plus agacé que le comportement de Shane… J’affirmai être content d’entendre ça et Nell se demanda, en rigolant, si j’en avais douter. J’esquissai un petit sourire.

-Pas le moins du monde.

Quand même un peu ! C’est elle qui avait freiné notre relation au départ… Mais j’avais fait en sorte qu’elle soit en confiance et ça semblait marcher jusqu’ici.

Elle expliqua, ensuite, que son manager prévoyait des concerts au Rainbow. Je continuais à dire que j’avais toujours cru en elle. Elle pas. Elle doutait constamment au point que je m’étais toujours demandé ce qu’était devenue la Nell avec qui j’étais en couple il y a des années d’ici. Elle n’était pas aussi peu sûre d’elle à l’époque… Elle disait que je croyais toujours en elle et que je l’encourageais. Je savais que c’était la recette secrète pour s’attirer des faveurs éternelle : toujours encourager peu importe ce qu’elle fait. J’avais appris ça avec le temps. Ça ne fonctionne pas que sur Nell. Ça fonctionne sur la gente féminine en générale.

-C’est normal.

Elle me remercia pour ça et m’embrassa. Un baiser que je lui rendis avant de lui faire des frayeurs en parlant tournée mais, aussi, fêtes guindées. Je savais que tout ça l’effrayait au plus haut point mais, si elle devient connue, elle devra se frotter à tout ça… Surtout d’autant plus que, bientôt, tout le monde saura qu’elle est la fille de Don Hughes… Mais je finis par arrêter mon sadisme en lui disant que tout ça, ce n’était pas encore pour demain.

Je passai à des choses plus concrète en parlant de Brent Hughes. Je voulais savoir si leur relation était toujours au beau fixe et c’était le cas. Tant mieux. Brent la mènera peut-être à Don. Ou tout simplement à l’héritage. Qui sait si la relation entre Brent et Eleanor ne suffise pas à Don pour donner un petit quelque chose à sa fille ? J’avais encore le temps d’investiguer là-dessus.

Elle voulait même me présenter à ce fameux Brent… J’avais déjà rencontré Don… Je levai un sourcil.

-Tu crois vraiment qu’il m’appréciera ? J’ai l’habitude que les gens me regardent de travers quand ils apprennent que je suis Ward Fleming.

Et ça, ça datait du moment où tout le monde pensait que j’étais le chef des New Soldados pendant mon procès qui avait fait pas mal de bruits à Los Angeles…

-Mais je veux bien le rencontrer… Après tout, il est proche de toi d’une certaine façon. Autant briser la glace.

Me rapprocher de Brent n’est pas une mauvaise idée en soi. Leur montrer que je ne suis pas l’homme qu’on avait dépeint dans la presse mais bien celui qui avait été envoyé à tort en justice comme l’avait montré le verdict finale.

-Et Don ? Tu ne l’as pas vu aujourd’hui ? Tu veux toujours l’éviter ?

J’avais déjà dit que je respectais son choix d’éviter Don. Mais rien n’empêche de voir si Brent, de son côté, ne pousse pas dans l’autre sens.

Ward avait tout de même raison lorsqu’il disait que ce n’était pas parce qu’une action était dépourvue de malice qu’elle n’en était pas moins agaçante. Je ne pouvais absolument pas le contredire là-dessus, de toute façon, ce n’était pas m on intention. La différence entre mon petit ami et moi était que, si j’étais agacée par le fait que Shane laissait le tube de dentifrice ouvert sur le comptoir de la salle de bain, plutôt que d’y voir une intention vicieuse de me pourrir la vie, je refermais le tube en chantonnant et je continuais mon petit bonhomme de chemin, tout simplement.

Je taquinais mon amoureux en lui demandant s’il avait douté de mes intentions mais il répondit que ce n’était pas le cas.  Nous étions d’accord que nous avions besoin, en tant que couple, de se retrouver ensemble, que tous les deux. Depuis le début de notre relation, nous n’avions pas pus encore vivre pleinement notre intimité. J’avais passé tout ce temps à faire la navette entre Los Angeles et New York, rien pour poser de bonnes bases dans un couple !

Shane était résolu et je le croyais vraiment sincère. Il allait se trouver une chambre et plierait bientôt bagage. Ainsi, Ward et moi pourrions vivre notre petit bonheur au quotidien.

Contrairement à moi, Ward avait cru en mon talent dès le début. Je n’avais pas peur de le lui dire, il fallait au contraire, lui rendre ses hommages. C’était grâce à ce genre de support que j’avais pu prendre mon envol et c’étaient les mains de Brent qui en avaient été le tremplin. Maintenant, nous avions des concerts à venir au Rainbow, il ne restait qu’à sélectionner les dates.

C’est d’ailleurs sur mon nouveau manager qu’on parla, Ward et moi. J’étais certaine que Brent apprécierait Ward. Il verrait qu’il n’est pas digne de la mauvaise réputation que l’on lui prête. Ward était gentil et travaillant, il prenait soin de moi et ça devait suffire à ce que Brent l’apprécie.

- Je ne vois pas pourquoi il ne t’apprécierait pas. Il n’est pas du genre à juger selon les rumeurs.  Il saura faire la part des choses et sa propre idée, en même temps.

Ward était bien d’accord pour rencontrer Brent. J’allais donc organiser un souper tout en simplicité, ici même, pourquoi pas ! Ce serait génial de recevoir pour la toute première fois et qui de mieux comme premier invité que mon oncle ? J’eu assez de cette petite seconde de réflexion pour déjà imaginer un menu digne de cette occasion.  Nous allions nous régaler, boire du bon vin, rire… Ce serait une excellente soirée ! C’est Ward qui me sortit de ma bulle en me demandant si j’avais vu Don aujourd’hui ou bien si je voulais toujours l’éviter. Je fis une moue, hésitante.

- Ce n’est pas que je veuille l’éviter à tout prix mais… Je ne suis pas prête à faire de lui le père qu’il veut être pour moi. Il n’a rien fait pour mériter cette place, je veux dire… Ce n’est pas comme Brent qui était là les premières années de ma vie et qui veillait sur moi.

Et chaque fois que je voyais Don, je ressentais cet espèce de sentiment de loyauté, comme si je me sentais dans l’obligation de lui faire la place qu’il désirait, sans pour autant mettre de la pression. Je devais être honnête tout de même, Don ne me bousculait pas, il respectait mon rythme et, peut-être qu’à force, ça jouerait en sa faveur. Tout ce que je voulais était que les choses se fassent d’elles mêmes, en temps et lieux, quand je me sentirais prête.

- Je ne comprends pas pourquoi ça semble être moi, le caillou dans l’engrenage. Quand nous en parlons toi et moi, je me sens comme fautive. Je me sens bien en ce moment et je ne veux pas que ça change.

Exit Shane. Il allait, visiblement, pilé bagage prochainement ce qui était une très bonne chose. En soi, c’était rassurant de voir que même Nell commençait à en avoir un peu marre de ce ménage à trois. Sinon, je me serais poser des questions…

Quand j’avais appris qu’elle allait, prochainement, faire quelques concerts, je l’encourageais comme j’avais l’habitude de le faire. C’est souvent des encouragements que les gens voulaient entendre et ça, je l’avais bien compris. Nell aimait ça. Ça lui permettait de ne pas s’écrouler et de se mettre à douter inutilement. Moins elle doutait, mieux c’était pour moi. J’avais bien vu avec Sky qu’une femme qui doute peut devenir une femme dangereuse.

J’en vins, ensuite, à Brent Hughes pour savoir si la relation entre lui et Nell était toujours au beau fixe. C’était le cas. Il semblerait que, de la famille Hughes, Brent était celui qui avait réussi le mieux à apprivoiser Nell. Carrie avait aussi essayé mais son abruti de mari avait quelques peu ralenti mes plans.

Quoi qu’il en soit, Nell avait bien envie de passer le pas et de me présenter à Brent. Je savais que les gens pouvaient parfois se faire une idée de moi bien trop proche de la vérité à cause du tapage qu’avait provoqué mon arrestation et mon procès. Mais d’après Nell, Brent saura se faire sa propre idée sans prendre en compte les rumeurs. J’esquissai un petit sourire.

-Je l’espère… C’est pesant de toujours se faire juger alors même que la justice à reconnu que je n’étais pas coupable…

En réalité, c’est la justice qui se foutait le doigt dans l’œil mais c’est une autre histoire. J’avais même fait bien pire que ce que les charges disaient.

-J’ai hâte de le rencontrer.

Et de m’immiscer, moi aussi, petit à petit dans la famille Hughes. Je savais comment faire pour me faire bien voir. J’allais mettre tout en œuvre pour ça.

De Brent, je passais à Don… Je demandais si Nell voulait toujours l’éviter ou non. Elle disait ne pas essayer de l’éviter à tout prit mais n’était toujours pas prêt à lui donner sa place de père. Apparemment, pour elle, Brent méritait mieux ce titre. Sauf que, dans ma tête, Brent est bien moins puissant et friqué que Don… Le défi était moins grands…

J’hochai de la tête pour montrer que je comprenais… Il allait me falloir encore de la patience… Mais Nell se demandait alors pourquoi, quand on en parlait elle et moi, elle passait pour la fautive. Je levai un sourcil… Qu’est-ce qu’elle était en train de me raconter là ? Un fautif ? Qui a parlé de ça ?

-Il n’y a pas de fautif, Nell… J’essayais juste de savoir ton ressenti… Il n’y a pas une bonne ou une mauvaise direction dans cet histoire… Juste celle qui fera ton bonheur.

Si. Dans ma tête, il y en avait une… Mais ce n’était pas ça le sujet étant donné que, théoriquement, je lui avais dit que je la soutiendrais peu importe ce qu’elle fera de Don.

Ce n’est pas ça que veulent les gens ? Qu’on s’intéressent à ce qu’ils pensent ? Je croyais que si mais apparemment ce n’était pas le cas… Les gens sont compliqués.

-Si tu aimes comment les choses sont ainsi alors c’est bien. C’est tout ce que je voulais savoir. Je sais que Don peut être une donnée qui te trouble c’est pour ça que j’en parlais. Il ne faut pas parlé des choses qui nous troublent pour pouvoir prendre du recul ? Je pense que si… Pas toi ?

Ça se voit que j’en ai vu des psy dans ma vie ? Ouais… J’en ai même fréquenté une pendant des années. Leur blabla, je le connaissais.

Je changeai à nouveau de sujet.

-L’album… Tu penses qu’il aura du succès? Pour moi, ça sera le cas et toi ? Tu es confiante ?

Je regardais Ward dans les yeux et je lui caressais la joue du bout des doigts alors qu’il disait combien cela lui était pesant de constamment être juger par le regard des autres alors même que la justice l’avait innocenté. Je ne savais pas ce que cela faisait, n’ayant jamais été dans ce genre de situation mais je pouvais l’imaginer et je compatissais.

- Garde la tête haute. Tu es un homme bien et les gens le verront, ça ne fait aucun doute.

C’était mathématique.

La bonté allait toujours finir par triompher du mauvais.

Je me disais qu’organiser un souper ici, d’inviter Brent pour qu’il rencontre Ward, serait une excellente idée. Les deux hommes comptaient vraiment beaucoup pour moi. J’espérais donc que le courant puisse bien passer entre eux. Ward avait hâte de le rencontrer, ce qui était une bonne chose.

- Je vais l’inviter dès que possible alors. Je cuisinerai un repas digne de grandes occasions !

J’étais une bonne cuisinière et j’avais déjà plein d’idées de menus en tête.

Ma relation avec Don revînt à nouveau aux lèvres de Ward. Je ne comprenais pas pourquoi cela était si important. Nous en parlions quand même assez souvent et chaque fois, j’avais le sentiment étrange de ne pas faire ce qu’il fallait envers Don et, à force, je commençais presque fautive de ne pas lui accorder la place qu’il souhaitait obtenir.

Pour moi, Don était peut-être celui qui avait contribué un soir d’égarement, à ma conception mais cela ne faisait pas de lui un père. Brent avait été là pendant ma petite enfance et de ce que j’avais apprit, il avait fait beaucoup pour ma mère et moi. Logiquement, si l’un des frères Hughes était digne de représenter une figure paternelle pour moi, c’était Brent et non Don.

Ward affirma qu’il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise direction et qu’il ne voulait que connaitre mon ressenti. Je hochais de la tête pour faire signe que j’avais comprit mais l’effet demeurait le même.

- Alors… Peut-être simplement arrêter de me parler de Don. Quand je serai prête à faire un geste envers lui, tu seras le premier à le savoir.

Pour Ward, il fallait parler des choses qui nous troublent plutôt que de les balayer sous le tapis. J’étais d’accord avec cela sauf que ce n’était pas Don qui me troublait mais la trop grande importance que Ward semblait vouloir que je lui accorde. Loin de moi l’idée de me chamailler avec mon amoureux par une si belle journée, je changeais donc la conversation de trajectoire.

- Ce qui me trouble en réalité c’est la profondeur de ton regard et combien j’aime m’y perdre.

En tous les cas, ça sembla assez pour que Ward lâche prise sur ma non relation avec Don et parle du possible succès de mon album.

- Moi, je crois que oui ! J’en suis même plutôt certaine et je me plais bien d’y croire. Tu l’as aimé, toi et ce n’est pas forcément ton  style de music. Je suis confiante.

Brent disait que nous avions donné un nouveau souffle à ce style, déjà engagé par Tobby Cooper. Son album avait été bien reçue, je ne voyais pas pourquoi ça ne serait pas le cas pour le notre.

Nell disait que Brent Hughes n’allait pas me juger sur base de ce qui avait été écrit dans la presse. Je fis alors ma victime clamant que c’était extrêmement lourd que d’être chaque fois jugé par les autres alors même que j’avais été blanchi par la justice elle-même. Nell déclara alors que j’étais un homme bien et que les gens finiront par la voir. Je souris un peu.

-Je te crois.

J’acceptai, donc, de le rencontrer. Ça sera une façon de s’immiscer petit à petit dans la famille Hughes. D’en faire, d’abord, des connaissance, puis des amis… Et puis, qui sait si Nell ne voudra pas sauter le pas de faire partie entièrement de la famille ? Elle affirma, en tout cas, qu’elle allait l’inviter dès que possible et qu’elle fera un bon repas.

-J’ai hâte. J’adore ta cuisine.

C’est vrai. Nell cuisine bien. J’aime manger ce qu’elle fait. J’aimais bien manger. Même si, le matin, je ne mange que des Cap N’Crunch. Quand j’étais seul mon régime alimentaire se composait de céréales et de plats livrés. Je ne cuisinais que quand c’était totalement indispensable.

Je finis par prendre la température au niveau de la relation de Nell avec Don. Elle répondit qu’elle n’était pas encore prêt mais pensait que je la voyais comme fautive dans l’histoire. Je me demandais bien comment elle en venait à une telle conclusion… Fautive de quoi ? C’était la grande question… Je me défendis alors déclarant que je ne la voyais comme fautive de rien mais que j’en parlais parce que je savais que c’était un sujet qui la troublait. Je disais que de parler pouvait aider et montrait, aussi, que je m’intéressait à son bien être mais ce que Nell voulait c’est que je ne lui parle plus de ça et que, quand elle sera prêt à faire un pas vers Don, je serais le premier à le savoir. J’haussai des épaules.

-Très bien. Je ne t’en parlerais plus alors… Si c’est ce que tu veux…

Tant qu’on ne me reproche pas de ne pas poser de question sur son ressenti là-dessus à l’avenir, alors… Être en couple était toute une histoire de jonglage… Les femmes ne sont, définitivement, pas simple ! On dirait des vases en cristal que la moindre émotions peut faire vaciller ! La Nell de 76 n’était pas comme ça… Mais elle l’était devenue avec le temps. C’était du gâchis !

J’avais quand même dit que je pensais qu’il fallait parler de ce qui trouble mais Nell dévia ça clamant que ce qui la troublait c’était la profondeur de mon regard. J’esquissai un petit sourire.

-Ça, ça ne m’étonne pas.

Elle ne veut pas parlé de Don… C’est évident. Alors, je changeai de conversation revenant sur l’album dont la sortie était imminente. J’affirmai l’avoir aimé et Nell croyait aussi que l’album allait bien marcher. Elle s’appuyait sur mon avis pour en venir à cette conclusion.

Au moins, elle avait confiance. C’était déjà ça.

-Je suis sûr que ça fonctionnera.

J’esquissai un sourire posant mes mains sur les hanches de Nell.

-Bon ! On se fait une soirée film ici ou on sort au cinéma pour fêté la sortie prochaine de l’album ? Shane n’est pas là ! C’est l’occasion de se faire un truc tous les deux.

J’avais surtout envie de regarder un film, en fait. Sans Shane. Parce qu’il a un trop grande gueule, parfois.

Je ne connaissais personne d’aussi fort mentalement que Ward. Chaque jour, il faisait son petit bonhomme de chemin en supportant le regard des gens qui, une fois derrière lui, se partageaient de fausses rumeurs à son sujet. Je ne parviendrais pas à garder la tête autant froide si je devais subir le même sort, jour après jour. Je souhaitais de tout mon cœur qu’un jour, on finisse par oublier ce par quoi il avait dû passer et qu’on arrête des commérages. Malheureusement, dans le monde dans lequel nous vivions, les mauvaises langues avaient plus de poids que la vérité.

J’étais persuadé que Brent ne se laisserait pas influencer parce qu’il avait pu entendre au sujet de Ward et qu’il se ferait sa propre opinion. Je proposais de le recevoir ici, d’organiser un bon petit souper en toute simplicité et intimité et ainsi, les deux hommes les plus importants pour moi feraient connaissance.

- Et moi, je suis toujours ravie de voir avec quel appétit tu dévore mes petits plats !

Quand je ne cuisinais pas, il pouvait se contenter d’un bol de céréales ! Maintenant que j’étais installée pour de bon chez lui et que je ne comptais pas partir très loin avant longtemps, je comptais bien faire en sorte qu’il puisse toujours avoir de quoi bien mangé dans le réfrigérateur et surtout, que son repas soit prêt à l’heure pour son retour à la maison, le soir.

Commet chaque fois que je revenais d’une rencontre chez MTI ou d’un endroit où il aurait été possible que je rencontre Don, Ward me questionna à savoir où j’en étais vis-à-vis de ma relation avec mon père. Honnêtement, ça devenait un irritant que de toujours sentir que je devais lever le pied du frein et donner une chance à Don. C’était trop tôt, trop prenant, trop tout et surtout trop vite. J’avais toujours su qu’il était mon père mais jamais de ma sainte vie, il n’avait levé le petit doigt à mon égare puis du jour au lendemain, je devrais lui dérouler le tapis rouge ? Je préférais laisser les choses aller, ne rien forcer, attendre de voir là où la vie nous mènerait plutôt que d’engager volontairement quoi que ce soit. Et comme chaque fois o ù je répondais que je n’étais pas prête, je ressentais un faux sentiment de culpabilité. Comme si c’était mal de vouloir prendre son temps, c’est ce que je voulu expliquer à Ward mais je crois qu’il n’a pas bien saisi le fond de ma pensée. Qu’importe, je préférais changer de sujet que de l’approfondir. C’était de l’énergie dépensé pour rien.

- C’est ce que je veux, merci.

Rien que de savoir qu’il ne m’en parlerait plus sembla me retirer un poids énorme de sur les épaules. De toute façon, je n’avais jamais voulu en parler vraiment. Peut-être au tout début quand j’ai appris que Don voulait prendre contact, parce que je ne savais pas à quoi m’attendre mais maintenant que la base est fixée et que je suis en paix avec ce que je ressens, je ne vois pas la nécessité d’en parler chaque fois que je rentre des studios. Je préférais nettement me perdre dans le regard ténébreux de Ward que dans mes états d’âmes.

- Un film à la maison, ça serait super ! Pour une fois que nous sommes seuls ici, aussi bien en profiter !

Quoi que nous ne savions pas quand Shane allait rentrer. Je croisais les doigts pour qu’il prenne son temps et même, pourquoi pas, qu’il aille se prendre quelques verres quelque part.

- Installe-toi, je vais aller faire du popcorn.

Je l’embrassais longtemps, en le serrant tout contre moi, profitant de ce moment qui n’appartenait qu’à nous avant de briser l’étreinte et d’aller préparer notre friandise, d’un pas léger. Je sentais que devant nous, il n’y avait maintenant que du positif.  Je me retournais pour le regarder puis dans un élan d’amour et de bonne humeur, je me permis de luis dire enfin ce que je n’avais pas encore osé lui dire depuis le début de notre relation.

- Hey, beau mec ? Je t’aime !

Nell semblait apprécier que j’apprécie sa cuisine. En même temps, je ne connais personne qui refuserais un plat bien cuisiné. Même pas Ward Fleming. Avoir Nell à la maison avait cet avantage-là. Elle aimait cuisiné ce qui faisait que je n’avais plus à me soucier de ça.

Je ne crache jamais sur ce genre d’avantage.

Il y en avait d’autres mais le fait est que les choses n’était pas toujours simple. Ainsi, évoquer Don semblait foutre la pression à Nell qui avait l’impression d’avoir une faute quelconque dans l’histoire. Je n’avais jamais parlé de faute. Peut-être pensait-elle que je la poussais dans les bras de Don. Je manquais, peut-être de subtilité. Si c’était le cas, je devais changer de stratégie. Obtenir des informations sans confronter directement Nell qui se met, dans ce cas, sur la défensive. Pour la cause, j’affirma que je n’avais plus lui parler de ça. C’était ce qu’elle voulait. J’allais faire ça. Une femme contrariée est une femme imprévisible. Et une femme imprévisible peut faire des dégâts inutiles. J’avais vu ça avec Sky.

Elle disait que c’était bien ce qu’elle voulait et me remercia. Je souris d’un léger sourire. S’il ne lui fallait que ça… De toute façon, je jouais le jeu à long terme alors inutile de presser les choses tout de suite et de voir Nell se refermer comme une huitre… Elle voulait laisser les choses aller ? D’accord. Si jamais il faut pousser un peu le destin, je le ferais en temps voulu. En attendant, les choses tournaient doucement dans le sens que je voulais.

Après ça, j’avais pris la température vis-à-vis de son avis sur l’album, histoire de changer de conversation vu que l’autre ne plaisait pas à Nell. Elle était confiante que l’album puisse obtenir un petit succès. Je n’en doutais pas. Il fallait que ça soit le cas. Car s’il obtenait trop de critique, pas sûr que Nell ne baisse pas les bras. Elle manque de confiance en elle… Elle risquait bien de s’écrouler à chaque obstacle qu’elle jugerait insurmontable.

Ceci étant dit, je proposai qu’on regarde un film. Elle préférait qu’on le regarde à la maison plutôt qu’aller au cinéma tant qu’on était seul. En espérant que ça soit toujours le cas d’ici une heure ou deux. Parce que Shane pouvait très bien se pointer au milieu de la soirée alors qu’on profite du film… Il en serait bien capable mais si c’est le cas, je lui ferais comprendre qu’il ferait mieux d’aller voir ailleurs !

-D’accord. Va pour le film à la maison. En espérant que Shane ne se pointe pas de sitôt.

Nell voulait s’occuper du popcorn. J’hochai de la tête avant qu’elle ne m’embrasse. Je lui rendis son baiser qu’on laissa durer avant qu’on ne brise notre étreinte. Je la vis s’éloigner pour aller faire le popcorn mais, alors que j’allais tourner les talons, Nell se retourna pour me lancer qu’elle m’aimait. Des mots que, jusqu’ici, elle s’était retenue de dire. Pour ma part, on m’avait toujours reproché de dire ces mots trop tôt… J’avais appris que, pour certaines personnes, il y avait un calcule savant à faire concernant le bon moment pour dire ça. Pour moi c’était se poser trop de questions pour rien…

Mais ça avait ça de bon que ça voulait dire que Nell était à moi. Complètement à moi. Et qu’elle était prêt à l’affirmer, désormais, haut et fort.

J’esquissai un petit sourire montrant, dans mes expressions, au mieux, que j’appréciais ce pas qu’elle venait de faire.

-Je t’aime, moi aussi.

Et je m’approchai à nouveau d’elle pour l’embrasser avant de lui faire un clin d’œil et de partir en quête d’un bon film.