« T’y crois vraiment au destin ? » Elle hausse les épaules et arbore ce sourire énigmatique, comme seule elle sait les faire. Ses longs cheveux châtains viennent chatouiller le creux de mon bras, portés par le vent. « Pourquoi pas ? Ça ne te dit pas des fois de lâcher la bride et de te dire que de toute façon, les choses sont déjà écrites ? Ce que tu as fait hier et ce que tu feras demain, tout tient sur une ligne déjà tracée. » Je secoue la tête. « C’est un caprice. On a le choix, on est ce qu’on veut être. » Elle étend ses jambes, s’étire, laisse son regard se perdre dans le ciel. « Le monde est bien trop beau pour n’être que l’invention du hasard. » Je laisse son argument couler, je me laisse séduire par la beauté de son esprit. « Je pense au contraire, qu’il est bien trop beau pour être l’invention d’une entité, aussi brillante soit-elle. » Ça arrive souvent les discussions comme ça entre nous, des questionnements sur la vie avec un fond de philosophie de comptoir. Elle aime croire au destin, souvent elle m’en parle. Pour elle, le destin est omniprésent dans notre vie, elle pense même que c’est le destin qui m’a mis sur son chemin. Le destin et l’amour, à force de la voir, je vais finir par y croire…
Peu importe si ce sont des questions d’adolescents ou des réflexions d’adultes, il est déjà arrivé à tout le monde de se demander si leur sort était savamment calculé par des forces supérieures. Si demain on s’arrête au carrefour de notre vie, est-ce que la direction qu’on prendra sera le résultat de notre choix, ou alors la volonté d’une de ces forces ? Les habitants de San Diego se questionnent souvent à ce propos. Est-ce le destin qui régit cette ville pseudo latine ? A Downtown, la foule s’active, les pensées voletant vers le boulot, leur famille ou leur amour. Chaque pas s’ancre dans la grande spirale de la vie, chaque âme est offerte au destin.