Cinq heure du matin. Mon réveil sonne. Je me lève sans même prendre le temps de somnoler un peu, comme le font la plupart des gens. Cela ne fait que rendre la souffrance plus grande. Car, même si j’adorais mon boulot, je détestais me lever si tôt.

Après une bonne douche, j’enfilai un t-shirt blanc, un jeans noir et une veste de costard noire. C’était ma tenue habituelle quand j’allais travailler. J’allumai la radio afin d’entendre les nouveautés musicales. Etre constamment à jour était indispensable pour un manager. J’aimais surtout le rock, mais je devais me diversifier chaque jour afin de trouver la perle rare. Surtout qu’avec BSC la concurrence était rude.

Je mangeais tranquillement un petit déjeuner complet avant de sortir dehors. J’avais l’habitude d’aller jusqu’aux bureaux de MTI à pieds. Il y avait à peu près une heure de marche qui était, on pouvait le dire, ma dose de sport quotidienne. De plus, cela m’évitais de perdre mon temps dans les embouteillages qu’il y avait chaque matin à L.A.

Je marchai calmement en énumérant, dans ma tête, les choses que j’avais à faire aujourd’hui. Je devais organiser la prochaine tournée d’un groupe dont je m’occupais, mais, aussi, remplir quelques papiers important. Je devais avouer que discuter d’une tournée avec un groupe pouvait prendre beaucoup de temps. Ces gens-là avaient pour habitude d’être exigeant. Certains faisaient même des caprices de star alors qu’ils n’étaient qu’au début de leur carrière.

Mes pensées défilaient quand, tout d’un coup, un bruit m’alerta. C’était le bruit d’une bagarre. Deux hommes se disputaient dans l’un des rues adjacentes à la mienne. Un petit attroupement commençait à se former autour d’eux. C’était courant à L.A. les bagarres. Tout comme dans les autres grandes villes d’ailleurs. Je m’avançai vers l’attroupement, à mon tour, pour voir ce qu’il en était.

La journée d'Eileen commence comme toutes les autres, le réveil sonne, elle grogne, elle se lève, bref comme d'habitude. C'est vêtue d'un jean basique délavé, d'un débardeur noir, de ses converses préférées le tout accompagné de lunettes de soleil et d'un foulard en soie gris, que notre charmante Eileen décide de sortir en ville. Etant nouvelle, elle ne sait vraiment pas par où commencer … Pauvre petite.

Elle sort de son appartement toute heureuse par cette belle journée. Ca change de l'Angleterre et de son temps quasi quotidiennement pluvieux. Eileen prend le bus en direction de la mairie, qui sait ils auront surement un plan de la ville sur place. Quelques minutes plus tard, le bus s'arrête à l'endroit souhaité. Eileen descend et va en direction du bâtiment. Une fois dedans, elle est étonnée par la grandeur et la beauté de cet hôtel de ville. Ceci passé, elle demande à une hôtesse avec un grand sourire un plan de Los Angeles. Cette dernière le lui donne sans plus d'amabilité.

* Pas très aimable celle-là ! *

Le plan en main, Eileen est prête pour l'aventure, pour visiter la ville plutôt. Ne détachant que brièvement ses yeux de la carte, elle marche sans cesse. A vrai dire, elle cherche le centre commercial afin de voir ce que les commerçants vendent en matière d'appareil photo et de caméra, mais à dire vrai, elle en est très loin. Elle soupire.

Soudain, quelque chose attire son attention. Des personnes criaient mais on pouvait distinguer l'origine de cette stupeur, deux hommes se battaient. Dans sa petite ville anglaise, Eileen n'était pas mais alors pas du tout habituée à ce genre de situation, elle ne comprenait pas comment c'était possible. Par curiosité elle s'avança.

- Oh mon dieu ! Il faut les séparer, on ne peut pas les laisser se battre comme ça !

Et oui Eileen ne savait pas que c'était courant ici et que c'était comme un divertissement pour les habitants de L.A, elle est nouvelle après tout …

Les deux hommes se battaient comme si leur vie en dépendait. Apparemment, d’après ce qu’on pouvait comprendre dans leurs vociférations, il s’agissait d’une histoire de femmes. L’un des deux hommes avait, semble-t-il, fréquenter d’un peu trop près la femme de l’autre. Une histoire classique qui devait être le quotidien de beaucoup de gens à L.A.

Je regardais la scène sans beaucoup d’émotion. Certaines personnes autour de moi spéculaient sur qui allait gagner, d’autres criaient en disait que cela ne se faisait pas de ce battre ainsi. Mais, aucun, à aucun moment n’intervint ou n’appela la police. Pour eux, c’était un spectacle qui animait leur journée si banale. Je soupirai devant cette scène qui montrait tout l’indifférence que pouvait avoir l’Homme pour son prochain. On se dit défendre des valeurs comme le respect, l’entraide et toutes ces conneries là, mais on est incapable de les défendre en situation réelle comme c’est le cas ici.

Une seule chose attira mon attention dans ce brouhaha qui devenait incontrôlable. C’était la voix d’une jeune femme. Je me retournai dans sa direction. Elle s’était, elle aussi, avancée mais semblait choquée et consternée par ce qu’il se passait ici. Pourtant, c’était une scène commune… Mais, elle, elle semblait n’avoir jamais vu cela. Elle essaya, par ses paroles, que quelqu’un agisse… Mais ce qu’elle ne semblait pas savoir, c’est que, jamais personne, dans cette situation, ne bougeait le petit doigt.

Je m’avançais vers la jeune fille et, jetai un coup d’œil vers elle.

-Comme je vois, vous n’êtes pas habituée à ce genre de scène. Je suis désolé de vous annoncer que personne n'interviendra.

J’avais dit cela calmement avec mon accent anglais bien marqué. Je vouvoyais la jeune fille car c’était la moindre des politesses. Et, aussi loin que je me rappelle, j’avais toujours été très poli. Ma constatation me conduit à lui poser une simple question.

-Vous ne venez pas de L.A., je me trompe ?

Je pouvais me tromper… Tout comme je pouvais avoir raison. Et là était toute la pertinence de ma question. J’appuyai mon regard sur la fille alors, qu’au loin, on pouvait entendre la sirène qui annonçait que la police n’était plus très loin et que ce cinéma allait cesser.

Eileen est choquée, elle n'arrive même pas à entendre la raison de cette violente bagarre. Il doit forcément y avoir une raison, enfin elle l'espère … La violence ne doit servir qu'en cas d'ultime recours pour notre jeune brunette. Le plus surprenant est que personne ne semble bouger son petit doigt pour calmer les deux hommes … Voyez ce que l'homme devient …

* C'est un scandale … *

Soudain, Eileen entend une voix masculine avec un accent et une façon de parler qu'elle connaît bien. Ca sonne le Royaume-Uni, sa région de coeur. Elle se retourne vers cette personne qui semble lui adresser la parole. Il est habillé simplement mais avec un certain chic tout de même. On sent une certaine maturité. Avec son plus naturel sourire, elle lui répond :

- Et bien non je ne suis pas réellement habituée. C'est dommage d'agir ainsi … La nature humaine se dégrade de jour en jour on dirait …

Les deux hommes se battent toujours. Certains "spectateurs" vont même jusqu'à applaudir ce combat. Nous ne sommes pas à un combat de boxe ou de catch voyons. L'homme remarque alors que notre jeune Eileen n'est pas du coin, cela se voit tant que ça ? A moins que ce soit son accent ? Néanmoins, son interlocuteur ne lui semble pas venir du coin, peut-être est-ce des hallucinations auditives ? Pour le savoir, mieux vaut le lui demander directement.

- Non en effet, je ne suis pas du tout d'ici, je viens tout juste d'arriver d'Angleterre. Vous n'êtes pas américain non plus, si je ne me trompe pas ?

Eileen a pour habitude de vouvoyer les personnes qu'elles ne connaissaient pas, surtout celles qui paraissaient plus âgées qu'elle. La jeune femme regarde l'homme toujours en souriant. Il a l'air plutôt sympathique au premier abord. Une journée qui démarre plutôt bien pour le moment, hormis cette bagarre bien entendu. En parlant de ça justement, Eileen commence à entendre la sirène au loin. Bonne nouvelle quelqu'un s'est décidé à appeler la police pour mettre fin à tout ça. Heureusement, car les deux hommes commentent à avoir le visage et les vêtements couverts de sang. Tout ça pour une petite histoire banale qui peut être réglée par les bienfaits de la parole.

La jeune fille me confirma ne pas être habituée à ce genre de scène. Et, malgré qu’elle semblait très jeune, elle avait un discours très mature et se lamentait sur le chemin que prenait la mentalité humaine. Je pensais comme elle et cela augmenta d’autant plus l’attention que je lui avais porté au départ. J’approuvai ses dires d’un signe de tête.

Cela me poussa à la regarder plus attentivement. Elle était habillée comme une fille de son âge à la mode de l’époque. Toutefois, cela ne lui donnait pas un air de gamine comme cela aurait pu être le cas. Non, son regard plein d’assurance montrait qu’elle n’était plus une petite adolescente. En tout cas, c’est ce qu’une première analyse de ma part concluait.

Je l’écoutais et son accent vint titiller mes oreilles. C’était le même que le mien et l’entendre me faisait beaucoup de bien. Elle me confirma venir d’Angleterre et je lui souris enfin.

-L’Angleterre ? C’est de là que vient moi aussi. Je suis né à Londres. Quelle belle coïncidence de trouver une Anglaise, ici.

La police arriva sur les lieux et dispersa la foule.

-Si nous marchions un peu ?

Je l’invitai d’un signe de main. Cela se voyais dans nos gestes que nous étions typiquement anglais. Faire un bout de chemin avec quelqu’un qui partageais mes origines allait me faire du bien. Car à part mes contacts du MTI, j’avais peu d’ami ici.

-Qu’est-ce qui a pousser une jeune fille comme toi à quitter l’Angleterre ?

Pour moi, elle avait l’âge de faire de grandes études. Peut-être les faisaient-elles ici, comme je l’avais fait à son âge.

L'homme a l'air d'accord avec les pensées de notre jeune Eileen, c'est ce que son signe de tête insinuait tout du moins. Cela rassure notre brunette, imaginez que ses premières pensées prononcées soient en total désaccord avec son interlocuteur, pour une première rencontre ça ne mettrait pas réellement Eileen à l'aise. Mais heureusement c'est loin d'être le cas apparemment. C'est alors qu'il lui confirma qu'il était anglais, un londonien. Quel bonheur ! Au moins elle connaîtra quelqu'un qui vient du même pays qu'elle. Eileen répond avec enthousiasme :

- Londres ?! Oh mais c'est génial ! Je n'y suis pas souvent allée, mais j'ai toujours adoré cette ville … Enfin ça me change de ma toute ville. La première personne que je rencontre ici est un anglais, c'est super !

Les policiers arrivent pour calmer les personnes qui s'étaient accumulées en masse ainsi que les deux hommes. Un peu d'ordre ne fait pas de mal. Puis le très agréable anglais invita Eileen à marcher. Rester ici est devenu complètement inutile à vrai dire.

- Volontiers.

Ils se mettent alors à marcher. Eileen le suit, étant donné qu'elle ne connaît pas Los Angeles, ça lui permettra de découvrir cette grande ville. L'homme lui demande alors et tout simplement pourquoi elle est ici. Très bonne question Sherlock.

- Pourquoi je suis ici ? J'aurais aimé vous dire que c'est pour faire de longues et grandes études, comme ma famille aurait souhaité d'ailleurs, mais non loin de là. J'ai arrêté après le Lycée, comment dire je n'étais plus intéressée … Après j'ai fait quelques petits boulots de photographe reporter pour des petits journaux, mais je m'en suis vite lassée aussi … Je suis venue ici pour pouvoir allier mes passions avec un travail. On ne sait jamais, je serai peut-être une grande photographe ou une grande cinéaste un jour … Mais assez parlé de moi, qu'est-ce qui vous a amené ici ?

Peut-être qu'il s'attendait à une autre réponse. Elle espère que le fait qu'elle ne soit pas énormément graduée influe sur la suite de la conversation. Ce n'est pas parce qu'on a peu de diplôme que l'on est forcément idiot. Du coup, Eileen souhaite en savoir elle aussi d'avantage sur lui. Pourquoi, comment, elle est assez curieuse par moment …

Je sentais la jeune fille bien plus à l’aise. L’idée que je sois londonien l’avait, semble-t-il, un peu rassurée et libérée. Je remarquai cela dans l’enthousiaste qu’elle avait à me dire qu’elle n’était que peu allé à Londres mais qu’elle aimait beaucoup cette ville. Je laissai transparaître un sourire.

-Il est vrai que Londres est une ville où il fait bon vivre.

C’était une phrase bateau. Je ne vivais pas mieux à Londres qu’ici à L.A. C’était surtout les gens qui y vivaient qui était différent. Les Américains sont très différents des Anglais, et c’était bien pour cela que je souhaitais converser avec cette jeune femme qui avait une mentalité et une culture probablement très proche de la mienne.

Nous marchâmes ensuite côte à côte nous éloignant de plus en plus de la bagarre dont nous avons été témoin. Je lui posai alors une simple question et elle commença à me raconter sans détour ce qui l’avait amené si loin de chez elle. Son histoire me fit directement penser qu’il s’agissait d’une fille très déterminée. Elle était intéressée par la photographie et souhaitait en faire son métier.

-Il ne faut pas forcément faire de grandes études pour être heureux. Le tout est de faire ce qu’on aime.

Ma phrase était superflue car la jeune femme savait sûrement déjà tout cela. Et, en soi, je me retrouvais un peu dans ce qu’elle venait de me raconter. Et, ma curiosité entraina la sienne vu qu’elle me renvoya ma question.

-Hé bien… Cela fait quelques années que je suis ici. J’y ai fait mes études… J’aurais pu les faire en Angleterre mais il fallait que je change d’air. Après avoir eu mon diplôme, j’ai moi-même allié ma passion à mon métier. Je suis manager dans une maison de disque. Comme tu vois c’est tout à fait faisable.

Je lui souris. Par là, elle pouvait aisément deviner ma passion qui était la musique. Je n’étais pas le manager le plus connu étant donné que j’étais réputé pour être le plus discret.

-Je suppose que tu es venue seule ici, je me trompe ? Une fille si déterminée que toi ne doit surement pas avoir peur de la solitude de vivre si loin de ses proches.

Notre conversation était si naturelle que cela en devenait de plus en plus intéressant. On pouvait entendre les klaxons des voitures qui résonnaient dans la rue et le bruit des moteurs. L.A. dans toute sa splendeur.

Eileen et sa nouvelle rencontre marchaient calmement dans les rues de Los Angeles. Il est vrai qu'elle venait de déballer pas mal le pourquoi du comment de son arrivée en Californie. Quand elle est lancée, elle est lancée, quelle bavarde quand elle s'y met.

- Je suis tout à fait d'accord avec toi ! Et puis, dans l'art tu peux faire des années d'études si tu n'as pas la fibre artistique ça ne le fera jamais.

Pour le moment les deux petits anglais sont sur la même longueur d'ondes on dirait. Ca ne fait que grandir l'enthousiasme d'Eileen pour cette première rencontre. Sa nouvelle connaissance répondit alors à sa question pleine de curiosité. Eileen l'écouta avec beaucoup d'intérêt. Cet homme a surement vécu plus de choses que la toute jeune miss Kramer, et cette expérience peut éventuellement la guider pour des choix futurs qui sait. C'est là qu'elle apprit qu'il était manager dans l'industrie musicale, sa passion tombe alors sous le sens, il est passionné de musique ! Elémentaire mon cher Watson ! La musique, Eileen adore ça aussi, enfin l'écouter surtout mais comme la majorité des anglais, c'est dans leurs gènes on dirait.

- Manager ! C'est un métier que je ne connais pas du tout, enfin de nom si mais il est vrai qu'on parle peu … C'est passionnant ? Enfin je veux dire, ça vous plaît, il doit y avoir son lot de difficultés tout de même ? … Désolée si je vous embête avec mes questions …

Elle est comme ça Eileen, elle aime apprendre, enfin du moment que ça fait parti de son champ d'intérêt ou que son interlocuteur rend cela très passionnant. N'allez pas non plus philosopher des heures avec elle, elle s'endormirait dès la première heure. L'homme lui sourit, déjà elle ne le met pas de mauvaise humeur c'est bon signe. Il est vrai qu'on ne peut pas plaire à tout le monde, mais Eileen aime bien être appréciée. L'homme lui demanda alors de confirmer si elle était bien venue seule. Ca se voit tant que ça ?

- Et bien oui, je suis venue ici toute seule, vous êtes très doué avec les déductions ! Seriez-vous un descendant de Sherlock ?

Eileen échappa un petit sourire puis reprit.

- On va dire que j'ai eu quelques épisodes dans ma vie plus ou moins agréables qui ont fait que la solitude ne me dérange pas. Et puis j'aime bien faire de nouvelles rencontres, changer d'air etc …

Eileen esquissa un petit sourire, après tout c'est du passé, se plaindre ne changera rien. Ce qui nous tue nous rend plus fort comme on dit. Cette conversation devenait de plus en plus intéressante et passionnante. Les deux jeunes gens commençait à parler un peu plus d'eux et notre petite anglaise trouvait ça vraiment agréable et même un peu étonnant de parler de ces choses si vite, elle n'était pas habituer à ça non plus. Elle était tellement à l'écoute qu'elle faisait abstraction totale des bruits de fond qui émanaient de la rue.

Nous semblions être sur la même longueur d’onde. Elle confirma ma vision des choses sur les études. Il était vrai que l’art ne s’apprenait pas et j’approuvai de la tête pour lui montrer que mes idées allaient dans son sens.

Je sentais que l’enthousiasme de la jeune femme grandissait à mesure que l’on parlait. Et je devais avouer qu’il en était de même pour moi. Serait-ce parce que je n’avais plus parlé de moi à quelqu’un depuis longtemps ? Je n’en savais rien. Moi qui était du genre réservé sur tout ce qui concernait ma vie privée, je m’en venais à raconter ma vie à une fille que je venais à peine de rencontrer…

J’en parlai même tellement qu’elle commença à me poser des questions sur mon métier. Nul doute, elle était curieuse. Mais pas le genre de curiosité qui ne me dérangeait pas. J’en vins donc à lui répondre le plus fidèlement à mon ressentit sur mon propre métier.

-On en parle peu parce qu’on est un peu ceux qui travaillent dans l’ombre. Mais on est indispensable pour qu’il y ait des concerts et des disques.

Je marquai une pause pour rassembler mes idées.

-Il est vrai que ce n’est pas si simple. On est sans cesse sous pression et si on n’a pas de résultats on risque de ne pas faire long feu. Mais cela me plait et, pour l’instant, je n’ai pas à me plaindre.

Non, j’avais un très bon salaire et j’étais un des meilleurs chez MTI. Je m’occupais d’un grand groupe de rock qui avait déjà fait ses preuves.

De mon boulot, nous passâmes à la vie de la jeune femme. Elle vivait seule, comme je l’avais déduit. Elle me compara à Sherlock et cela me fit sourire.

-Je suis surtout un bon observateur et j’ai aussi un peu de chance.

Je souris. C’était un solitaire elle aussi. Décidément, nous avions beaucoup de points communs. Le destin avait bien fait de nous faire nous rencontrer.

-Une solitaire, c’est cela ? Moi aussi… Je l’ai toujours été. Il faut dire que, tout comme vous, la vie m’a rendu ainsi.

Je marquai une pause.

-Au fait, je m’appelle Timmy.

Nous savions déjà beaucoup de chose l’un sur l’autre, mais il nous manquait l’essentiel qui était notre prénom.

-Où, comptiez vous aller avant qu’on se rencontre.

Peut-être étais-je entrain de la mettre en retard…

Son enthousiasme grandissait à lui aussi, enfin c'est ce que ressentait Eileen. Quel bonheur ! L'anglais parla brièvement de son métier de manager de groupes. Il est vrai que ce métier est trop souvent oublié au profit des groupes et producteurs, alors qu'au fond les managers sont à la base de tout. Il attisa la curiosité de notre brunette qui voulait encore en savoir plus par rapport à ce métier. ce n'est pas toujours que l'on croise un manager, il faut se l'avouer.

- Oui je vois, ça n'a pas l'air facile tous les jours. Mais du coup, vous vous occupez de groupes et hum … vous en avez des connus ? Parce que ça ne doit pas être évident de s'occuper de gros groupes, surtout s'ils ont la grosse tête.

On ne sait jamais, il se peut qu'Eileen parle avec une personne très connue. Ce n'est pas tout les jours que ça vous arrive si c'est le cas. En effet, il y a une chance sur un million ! Apparemment, elle est dans un très bon jour, alors on ne sait jamais. Ca peut être cool de travailler avec des personnes connues d'un côté, être un peu entre deux mondes quoi : la célébrité et les personnes lambda.
Il lui sourit. C'est agréable. Eileen à l'air drôle, au moins amusante. C'est bon signe. Cette journée démarre réellement bien. Surement ont-ils le même humour so british ou du moins les mêmes références. En guise de réponse, Eileen lui adressa un petit sourire.
Encore un point commun. Il est vrai que les anglais partagent beaucoup de chose mais là quand même ça devient surprenant. Lui aussi, a connu des moments difficiles dans sa vie apparemment …

- Solitaire, oui et non à vrai dire. J'adore avoir de la compagnie, rire et parler … Seulement j'ai aussi besoin d'avoir mes moments à moi, pour m'évader, ça me fait du bien. Je comprends, souvent la solitude est liée à un évènement marquant. Surtout qu'à la base on est fait pour vivre en société.

C'est alors qu'il lui annonça son prénom, Timmy. C'est joli et ça fait jeune et dynamique comme prénom. C'est vrai que généralement c'est ce que l'on dit en premier.

- Enchantée Timmy, j'adore ce prénom, il vous va bien je trouve. Enfin j'oubliais moi c'est Eileen.

Les présentations finies, Timmy donc, souhaita savoir où Eileen devait se rendre avant leur rencontre. Peut-être avait-il l'impression de la déranger, loin de là.

- En fait, je cherchais le centre commercial pour acheter du matériel, évidemment mes appareils anglais ne sont pas compatibles avec les Etats-Unis. Puis en regardant sur le plan que je viens d'avoir je me suis rendue compte que j'étais vraiment loin, alors je vais surement reporter mon shopping à un autre jour. Et vous comptiez faire quoi ? Vous aviez peut-être un rendez-vous ?

A parler et marcher sans prêter attention à l'heure qui tournait peut-être qu'Eileen venait de mettre Timmy en retard sans le vouloir.

Mon histoire de manager avait grandement attisé la curiosité déjà très grande de la jeune femme. Je ne quittais, désormais, plus ce sourire qui s’était affiché sur mon visage quelques secondes plus tôt. Elle voulait en savoir plus. Savoir si je m’occupais d’un groupe connu.

-Je m’occupe de The Burning Fire…

Je n’en dis pas plus. Je n’avais pas besoin de préciser de qui il s’agissait vu qu’ils étaient très connu mais au-delà des Etats-Unis. Il ne fallait pas vraiment être très calé en musique pour au moins connaitre le nom.

-Mais je dois avouez que j’ai beaucoup de chance avec eux. Ils ne se prennent pas la tête comme pourraient le faire d’autres rockstars.

La jeune femme avait une vision très juste de la chose. Les gros groupes pouvaient souvent se montrer vaniteux à cause de leur rang de stars.

Notre conversation continua. Elle m’expliqua qu’elle n’était pas solitaire au sens strict du terme, non, elle savait juste profiter des moments où elle était seule. Cela la rendait d’autant plus intéressante.

-Vivre en société, oui. Ce n’est pas toujours simple, mais on s’y fait.

J’élargis mon sourire. Nous nous présentâmes, ensuite.

-Enchanté Eileen.

Ayant peur de la mettre en retard, je lui demandai ce qu’elle voulait faire et sa réponse ne m’étonna guère. Une fille déterminée comme elle devait prendre ces journées à réaliser ses rêves. Je saluais intérieurement ce professionnalisme. Elle me renvoya ensuite ma question. Notre politesse anglaise innée nous rendait respectueux envers les emplois du temps de chacun.

-Non, je n’avais aucun rendez-vous. Je me rendais tout simplement à mon travail. Ce n’est plus très loin et j’ai encore quelques minutes devant moi.

A vrai dire, je n’avais pas envie que cette conversation finisse. Car, si on se séparait maintenant je n’étais pas sûr de la revoir un jour. Une idée me vint alors à l’esprit.

-Cela vous intéresserait-il de visiter les locaux de ma maison de disques ? Vous me sembliez intéressée par ce métier donc c’est une opportunité que vous pourriez prendre pour en apprendre plus.

Je marquais une pause alors que plusieurs idées affluaient à mon esprit.

-Nous avons quelques appareils photo là-bas. Des anciens modèles que les roadies n’utilise plus, certes, mais ils marchent encore. Vous pourriez me montrer vos talents de photographe.

J’attendais de voir ce qu’elle pensait de ma proposition. Cette fille me revenait très bien et c’était rare qu’une personne attire autant mon attention.

L'homme gardait le sourire. Cependant Eileen attendait la suite, quel groupe, comment ça se passe, enfin tout quoi ou presque … N'allons pas trop vite non plus. C'est alors qu'il lui révéla le groupe dont il s'occupait … The Burning Fire, rien que ça. Il fallait être un ermite pour ne pas les connaître. Il faut dire que pour des américains leur style de musique est assez proche du rock britannique qu'écoute Eileen. En plus ils n'avaient pas la grosse tête, seraient-ils parfaits ? Les groupies diront oui bien évidemment, mais Eileen ne les connaissant pas personnellement se contentera de penser que professionnellement ils le sont pour le moment. Elle lui répondit avec le sourire :

- The Burning Fire, c'est génial ! Leur musique est super cool ! … D'un côté ils font sympathiques, mais après tout je ne les connais pas. Si tout se passe bien c'est parfait, pourvu que cela dure ainsi.

La vie en société n'a pas évidente pour tout le monde. On peut étouffer à avoir trop de personnes autour de soi en si peu de temps …
Après avoir rassuré Timmy quant au fait qu'elle n'avait rien de prévu, ils continuèrent de marcher. Pendant ce temps, il lui répondit et la rassura à son tour. Il devait juste se rendre à son travail qui est dans les environs. Tant mieux, il ne manquerait plus que ça, qu'Eileen dérange tout le monde. Certains n'auraient pas aimé être dérangés pendant leur trajet ce qui ne fut pas son cas, c'est très agréable de sa part.
Eileen était sur le point de prendre congé d'ailleurs afin de le laisser tranquille. Il en fut autrement. En effet, Timmy venait juste et tout simplement d'inviter Eileen dans les locaux de sa maison de disque. Ca c'est une sacré surprise pour notre brunette. Elle ne pouvait refuser cette offre ! Eileen le laissa faire une brève pause, il n'avait pas l'air d'avoir fini. Que lui réservait-il ? De voir les vieux appareils photos des locaux. Sur ces derniers mots, la jeune anglaise avec des étoiles pleins les yeux. Imaginez de vieux appareils du même genre que ceux des plus grands photographes de renoms. C'était oui obligatoirement.

- Mais, mais bien sûr que ça m'intéresserait. Après je n'en ai jamais vu de ma vie, alors ça me ferait plaisir de voir à quoi ça ressemble ! … Comment ça ils ne les utilisent plus ? Oh mon dieu ! … Excusez-moi je voulais dire que, enfin ça donne du charme, j'ai jamais pu touer de vieux appareils abordables … Ce serait juste géant !

Eileen marqua une petite pause, il faut respirer après tout. Puis elle reprit là où elle en était :

- Talent c'est vite dit j'ai juste fait du journalisme après les photos personnelles et bien ça dépend des goûts on va dire … Mais j'avoue apprécier tout ce qui est instantané, sans mise en scène.

Eileen peut affirmer que ce jour restera graver. C'est le moment pour elle d'allier son style avec les photos de scènes. Ca changera des autres photos basiques … Sans compter les photos studios, il faut bien faire les pochettes, on sait jamais. Autant vous dire que là elle avait un sourire immense et un enthousiasme gigantesque ! Rien que l'idée des appareils photos, de les voir en vrai et de les toucher la rendait toute excitée comme une gamine devant son cadeau de noël. Sacré Eileen …

Eileen connaissait The Burning Fire. Cela ne m’étonnait guère. Elle semblait les percevoir comme des gens sympathiques et elle avait maintenant mon avis sur la question qui renforçait son point de vue.

On avait fini par s’entre rassuré quant à nos emplois du temps respectifs. Nous étions désormais prêt à continuer un peu notre bout de chemin ensemble. Toutefois, je finis par lui faire une proposition plutôt intéressante et je ne pu m’empêcher d’élargir mon sourire devant sa surprise. Apparemment, elle ne s’attendait pas du tout à cela. Et, après une courte pause où elle sembla essayer de digérer ce que je venais de dire, elle accepta.

Les vieux appareils photos l’intéressaient au plus haut point et cela me fit immensément plaisir.

-En effet, c’est bien dommage qu’ils ne les utilisent plus. Ce sont de très beaux appareils. Mais nos roadies doivent suivent les nouvelles techniques afin d’avoir le meilleur rendu possible. Ils ne peuvent donc se permettre de garder d’anciens modèles.

Elle resta modeste pour ce qui était du sujet de son talent dans cet art. Décidément cette fille était bourrée de qualité : déterminée, enthousiaste, curieuse et modeste. Elle aimait les photos simples. Elle parlait de la photographie d’une manière tellement intéressée et professionnelle que je voulu aller plus loin dans mes propositions.

-J’ai, tout de même, envie de voir ce que vous savez faire. Vous venez d’arriver à Los Angeles mais avez-vous déjà trouvé un travail ? Car, si ce n’est pas le cas et que j’apprécie vos photos, nous pourrions peut-être discuter d’un job pour vous chez MTI.

En fait, le photographe qui suivait The Burning Fire dans toutes leurs tournées venait de prendre sa retraite et je me devais de lui trouver un remplaçant. Eileen était peut-être la personne recherchée.

J’attendais sa réaction alors que nous étions désormais à quelques mètres de des locaux de MTI.

Apparemment l'enthousiasme grandissant de notre brunette semblait faire plaisir à son interlocuteur. Forcément si on parle de vieux appareils photographiques à une passionnée, voilà la réaction. Eileen écouta attentivement ce qu'il lui dit. Il lui expliqua pourquoi ils n'étaient plus utilisés, ça se comprenait en même temps. Pour de la photo de scène c'est pas forcément le mieux, et puis "il faut vivre avec son temps". Néanmoins pour du studio ou du personnel c'est totalement différent et Eileen est fan du grain des vieux appareils. Cela dépend des personnes bien évidemment.

- Je comprends bien, c'est tout à fait normal. Mais d'un point de vue de photographe on va dire de studio ou pour des photos personnelles, l'avancée technologique n'est pas obligatoire. Il est évident qu'ils en changent, les personnes ont surement envie de voir des photos qui reproduisent le plus ce qu'ils ont vu …

Que ce soit de vieux appareils datant de la deuxième guerre mondiale ou le dernier appareil à la pointe de la technologie, Eileen ne fera pas la difficile, du moment qu'elle a un appareil entre les mains c'est ce qui lui suffit. Elle était encore sur un petit nuage à penser à ces machines qui permettent de transformer l'éphémère en infini que Timmy lui annonça une autre nouvelle ! Il voulait voir des photos réalisée par Eileen pour voir même lui offrir un petit travail. C'est merveilleux, si ses photos lui plaisent, Eileen serait surement la jeune fille la plus heureuse du monde ! Elle fit un énorme sourire de nouveau et lui répondit :

- Vraiment ? Je ne sais pas quoi dire c'est super ça ! … Etant donné que je suis arrivée d'hier à Los Angeles je n'ai pas encore eu le temps de chercher de travail. Et puis, je n'ai pas eu le temps de faire de nouvelles photos pour un nouvel emploi, donc voilà … Ce serait un plaisir de faire des essais, dès qu'il s'agit de photographier ou filmer je suis partante !

Il fallait qu'Eileen reste calme, enfin être totalement et entièrement calme est impossible mais tout du moins canaliser un peu son énergie. Elle a une âme d'artiste mais tout le monde n'accepte pas les excès dans ce genre, surtout que rien n'est encore jouer. Eileen croisait alors les doigts et aller tout donner tout en restant elle-même dans ses photos. Après tout on l'aime pour ce qu'elle est ou on ne l'aime pas, c'est une de ses devises.
Tellement d'évènements en si peu de temps, elle n'avait même pas suivi la route et ne savait nullement où elle se trouvait … Elle avait une confiance aveugle en Timmy pour le coup.

Sa vision de la photographie était très juste. Je ne pouvais pas me forger moi-même mon avis n’étant pas un expert en la matière. Je ne pouvais donc qu’approuver les dires d’Eileen qui semblaient éclairés.

Notre conversation sur les appareils photo s’acheva par une proposition de ma part. Je n’aurais pas imaginé que cela provoquerai en elle une telle surprise. Je devais probablement avoir oublié depuis bien longtemps ce que cela faisait d’être proche d’obtenir un job. Mais elle, elle me rappela en quelques phrase à quel point cela devait être plus qu’exaltant.

L’avantage pour moi et pour elle, c’est qu’elle n’avait pas encore d’emplois vu qu’elle venait d’arrivé plus que très récemment. Elle n’avait pas encore eu le temps de se mettre à photographie ici même.

-Nous allons donc faire ces fameux essais.

Je souris d’un sourire bienveillant. Et, alors que notre conversation fut close, nous arrivâmes aux locaux de MTI. J’ouvris la porte d’entrée toute faite de verre et l’invitai à entrer en première comme la galanterie le demandait. Je lui fis ensuite signe de me suivre.

Les locaux de MTI étaient très sobres. Les murs étaient blancs, aucune décoration superflue. A vrai dire, je n’aimais pas beaucoup cette sobriété. Je n’aimais pas non plus le kitsch mais là, il n’y avait absolument rien comme décoration et je trouvais cela un peu triste.

Je finis par m’arrêter devant une porte et l’ouvrit. C’était une sorte de débarras où étaient mis toutes sortes d’objet oublié. La poussière qui y régnait montrait à quel point peu de gens passaient dans cette pièce. J’allumai la lumière et m’arrêtait devant une armoire où était entreposé plusieurs appareils photo.

-En voilà quelques-uns.

J’en pris un en main. C’était un Nikkon argentique de 1970. Je réfléchis deux secondes et en pris un autre… Un Polaroïd SX-70 de 1970 lui aussi. Je n’étais pas un expert et je ne savais pas lequel offrait le meilleur rendu. Je regardais donc Eileen avait un air perdu et pensif.

-La seule chose que je sais c’est que le Polaroïd permet d’avoir la photographie directement sans phase de développement… Hélas, je n’ai aucune idée duquel permet le meilleur rendu, ni avec lequel vous seriez le plus à l’aise.

Je la regardais droit dans les yeux.

-Je n’ai aucun problème à attendre que les photos se développent. Nous pourrions utiliser mon bureau comme chambre noire. Je demanderais à ma secrétaire de ne pas nous déranger.

Je souris. Je ne voulais pas qu’Eileen se sente pressé par le temps et qu’elle puisse penser qu’attendre me dérangerai.

Ils marchaient et marchaient encore. Eileen acquiesça les propos du manager accompagné de son désormais fidèle sourire. Puis, il s'arrêta, cela devait surement être l'entrée de la maison de disque. C'était très sobre d'extérieur. Politesse anglaise oblige, il la laissa passer en premier, quelle galanterie ! Eileen se mit à le suivre, il connaît surement mieux les locaux qu'elle.
A l'intérieur c'était la définition même de la sobriété : du blanc du sol au plafond. Cela lui faisait penser à un hôpital, c'est tout blanc à l'intérieur, l'entrée est aussi en verre. Un peu de couleurs ne ferait pas de mal, rien que du rouge, du beige et du chocolat par exemple. Enfin, Eileen n'est pas là pour refaire la décor, même si elle en serait capable, mais bien pour une histoire de photographie.
Timmy s'arrêta devant une porte, cette pièce devait surement renfermer les fameux appareils photo ! La poussière était omniprésente, il ne valait mieux pas y être allergique … Puis, il lui montra ces vieilles machines. Eileen était comment dire aux anges, toutes ces petites merveilles réunies.

- Waow !

Oui c'est tout ce qu'elle avait trouvé à dire, mais ça suffit à qualifier sa stupéfaction. Timmy en pris deux et les lui montra, tous deux venaient de la décennie précédente. Il y avait un vieux Nikon et un petit Polaroïd SX-70. Deux styles très différents mais aussi agréables l'un que l'autre. On voyait que la photographie n'était pas son domaine, mais ça faisait sourire Eileen de voir les efforts du manager.

- Et bien ils sont complètement différents mais tellement complémentaires au fond. C'est génial !

Eileen qui regardait alternativement les appareils et le manager s'attarda sur ce dernier lorsqu'il reprit. C'était trop mignon ! Il lui proposait de transformer son bureau en chambre noir, la rassura en lui disant de ne pas se presser. Après tout il a raison, si on se presse on obtient souvent des résultats médiocres. Une question lui traversa l'esprit, par rapport au style des photos. Eileen lui sourit et la lui posa :

- C'est parfait ne vous en faîtes pas, c'est déjà beaucoup trop ce que vous faîtes pour moi … J'ai quand même une tout petite question si je puis me permettre. Pour les photos pas de soucis, mais pour le style, comment dire, je fais de tout ou je me concentre sur de la scène et des portraits ?  

S'il est aussi sympa en tant que manager, il faut que tout les groupes signent avec lui ! C'est bien une des premières que l'on prend autant soin d'Eileen pour des photos. Elle va se réveiller, c'est un rêve c'est cela ? Notre brunette ne voulait plus qu'une chose : faire des photos ! Plein de photos, et belles si possible. Elle était déjà en train de réfléchir à qui ou quoi et comment elle allait photographier. Tant d'idées commençait déjà à surgir dans tête. Elle avait hâte de commencer.

Elle semblait impressionnée par ce que je lui montrais. Et c’est en voyant la figure de mon interlocutrice s’illuminer que je me disais que c’était dommage que de tels machines soient abandonné ici au milieu de la poussière. En les vendant on pourrait probablement faire pas mal d’heureux.

Je lui en montrai deux et elle m’expliqua qu’ils étaient bien différents l’un et l’autre. Je m’en voulais de ne pas être expert en photographie parce que j’aurais aimé pouvoir comprendre toutes les subtilités qu’elle voyait en ces deux appareils.

-Content qu’ils te plaisent.

Je le rassurai ensuite sur le fait qu’on avait tout le temps. Puis elle me posa une question totalement pertinente. Il était vrai qu’il fallait que je lui dise en quoi allait consister son travail au sein de notre maison de disques.

-Je vous attribuerai un groupe à suivre partout dans leur tournée. Vous ferez des photos de scènes, des portraits, des photos pour les albums, mais, aussi vous filmerez les concerts. Vous ferez aussi des photos hors scène qui serviront à MTI pour diverses promotions. Mais, ne vous en fait pas, vous aurez pas mal de liberté artistique.

Je lui souris et regardais quelques secondes les deux appareils avant de replonger mon regard dans le sien.

-Prenez ces deux là. Ils marchent encore très bien.

Je marquai une pause avant de reprendre.

-Nous ferions mieux d’aller dans mon bureau. Il y a bien trop de poussière ici. Nous ferons quelques portrait que nous développeront afin de voir de quoi vous êtres capable.

J’étais persuadé qu’elle ne me décevra pas. Nous quittâmes le débarra et nous ne prîmes pas longtemps avant de rejoindre mon bureau. Je l’avais décoré à ma manière dans un style très anglais.

-Je vous sers un thé avant de commencer ?

Il valait mieux la mettre à l’aise afin d’éviter tout stress superflus.

Eileen lui sourit. Forcément que ces deux petits bijoux malgré leur âge, lui plaisent. Ce n'est pas le matériel qui fait l'artiste. Les étoiles dans ses petits yeux claires ne cessaient d'augmenter.
Il lui expliqua en quoi consisterai son travail si elle était prise afin d'éclairer ses essais. La petite anglaise l'écouta très attentivement en le regardant. Elle allait avoir du pain sur la planche. Tellement de photos sont à prévoir : de la scène aux portraits en passant par le studio et la photo de promotion sans oublier les vidéos. Et le tout en gardant une liberté artistique, c'est merveilleux, insensé même. C'est le travail idéal, dont elle a rêvé en fait.

- Ce serait formidable, je ne sais plus vraiment quoi vous dire en fait … Si j'ai vraiment, vraiment envie de faire photos du coup !

Eileen fit une petite pause et le manager en profita pour lui donner les deux appareils. Ensuite, il l'invita à se rendre dans son bureau, expliquant qu'il y avait décidément trop de poussière ici. Ca peut donner un style maison abandonnée mais c'est bon pour les groupes gothiques ça pas pour des petits rockeurs.

- En effet, hormis la postière ils on l'air encore en très bon état ! C'est parfait … Entendu, je vous suis.

La brunette suivit alors le manager Timmy jusque dans son bureau. Ils repassèrent par des couloirs entièrement blanc. Ca faisait un peu bizarre en y réfléchissant … Eileen imaginait bien une scène de film d'horreur avec une ambiance oppressante. Elle s'écarte du sujet. Ils arrivèrent très rapidement devant le bureau du manager. Eileen put lire son nom et son prénom inscrit dessus, au moins il ne lui avait pas menti. Et bien oui, on ne sait jamais …
Elle entra à l'intérieur, c'était tellement anglais ! Ca lui rappelait sa maison et celle de son oncle et sa tante. Il y avait des fauteuils du style Chesterfield, des petits objets avec le drapeau de l'Union Jack, elle se sentait déjà très bien ! Monsieur Timmy Evans lui proposa alors le thé. Ce n'est pas l'heure du tea-time mais allons bon, il n'y a pas d'heure pour une tasse de thé !

- Oh volontiers merci !

Eileen accepta avec le sourire.

- J'adore votre décoration, ça me rappelle la maison de mon enfance.

Oui, elle est un peu nostalgique, mais il faut la comprendre. Ses parents lui manquent …

Je voyais à quel point tout ce que je suis proposais l’enthousiasmais. Elle semblait comme vivre un rêve. Je n’aurais jamais imaginé que cela puisse lui procurer autant de bonheur et la voir ainsi embellissait ma journée.

Je préférais nettement l’ambiance de mon bureau par rapport au reste des locaux de MTI. Au moins j’avais pu le décorer à mon goût et je m’y sentais comme chez moi. C’était rare quand on me voyait ailleurs qu’ici. C’est ici que je recevais tous ceux que j’avais à voir sur une journée. J’avais besoin de voir des choses qui m’était familière pour pouvoir travailler efficacement.

Eileen accepta ma proposition de thé. Je fis donc chauffer de l’eau. Mon bureau était bien assez grand et j’y passais tellement de temps que j’avais fais installé un petit coin cuisine. Beaucoup de managers possédaient cela dans leur bureau.

Alors que j’étais entrain de sortir les tasses, elle me fit par de la nostalgie que lui faisait ressentir cet endroit.

-Content que cela soit à votre goût. Il est vrai que tout cela fait très anglais mais j’avais besoin de me sentir chez moi. L’Angleterre me manque par moment.

Et, quoi que je dise, ma famille adoptive aussi. Surtout ma mère. C'est d'ailleurs elle qui m'avait envoyé la plupart des objets qui décorais ce bureau.

Quand l’eau fut chaude, je le versais dans les tasses ou j’avais mis au préalable le thé. J’invitai ensuite Eileen à s’assoir et lui tendit la tasse.

-C’est donc ici que nous allons faire des photos. Je ne sais pas ce que vous préférer photographier. Si vous voulez faire des portraits je suis à votre disposition.

Je souris. Je ne voyais pas vraiment qui d’autre pourrais faire office de portrait vu qu’il n’y avait que vous. Je bus une gorgée de thé après m’être installé devant mon bureau.

Eileen était assise tranquillement dans un fauteuil très confortable. Elle ne remarqua qu'il y avait comme une petite cuisine qu'une fois que le manager s'y dirigea. Ca fait très cocooning comme bureau. Il y a tout ce dont une personne peut avoir besoin. Il faisait chauffer de l'eau tout en sortant les tasses pour le thé. Depuis son départ d'Angleterre, Eileen n'avait pas encore eu le temps de boire un thé. Cela allait donc lui faire beaucoup de bien. Elle apprit alors que l'Angleterre manquait au manager britannique par moment. Tout le monde à un moment ou un autre ressent cela quand il s'éloigne de son petit chez soi, le manque de sa famille s'ajoute aussi parfois, c'est tout à fait normal comme réaction. Eileen le ressentira surement plus tard, il n'y a pas de doute.

- Oui je comprends … Je pensais justement me faire livrer quelques objets "So British" à mon petit appartement pour me sentir un peu plus chez moi.

Puis, Timmy amena le thé, comme cela sentait bon. Eileen reconnaissait le thé à l'odeur, c'était celui que les anglais buvait le plus. C'était surement le Earl Grey ou le Darjeeling … Tellement de souvenirs refaisaient surface soudainement. C'était un agréable moment. La rêvasserie se termina lorsque le manager reprit la parole. Allez Eileen, au boulot ! Il s'était proposé pour les portraits, en même temps vu qu'ils n'étaient que deux, pour les portraits c'était plus pratique, Eileen n'a même pas eu besoin de le lui demander. C'est toujours aussi parfait !

- Oui merci, vous m'avez devancé. Avec le contraste entre vos yeux et vos cheveux, honnêtement, ça peut rendre super bien avec des pellicules noir et blanc ! Après le thé on pourra commencer au moins pour les portraits.

Eileen sourit. Elle réfléchissait déjà à un agencement, une légère mise en scène mais avec une instantanéité dans l'expression. Puis avec ce décor ça pouvait faire de superbes photos. La lumière était correcte, elle avait repéré le papier aluminium au cas où. Elle voyait déjà plein d'images dans sa tête. La machine a photographier Eileen est lancée ! Le petit oiseau va sortir. Elle continuer a chercher tout en buvant ce thé délicieux.

- Votre thé est très bon ! C'est un vrai régal !

Elle affectionnait, comme moi, tout ce qui pouvait de près ou de loin rappeler notre pays natal. Elle voulait d’ailleurs s’en faire livre afin que son appartement fasse plus British. Je lui souris, nous avions fort les mêmes goûts en matière de décoration et c’était assez intéressant.

Le thé servis, nous passâmes à une conversation plus sérieuse et moins nostalgique. Elle semblait prête à me montrer tout ce qu’elle savait faire et, apparemment, je lui convenais comme portrait. Elle me fit une petite description du pourquoi je pourrais rendre bien sur photo noir et blanc. C’était étonnant comme elle arrivait à analyser aussi facilement et aussi justement ses modèles pour portrait. Et, même si je n’y connaissais vraiment rien en photographie, je trouvais cela impressionnant.

-Je vous fais confiance. Je ne suis pas un expert mais je pourrais vous donner l’avis qu’aurais le grand public face à votre travail. Car, après tout, c’est eux qui achètent les disques et qui regardent le fruit de votre travail.

Je souris. C’était peut-être cela qui était ingrat quand on alliait art et marketing, il fallait plaire au plus grand nombre. Cela avait découragé pas mal de photographe que j’avais essayé d’engager pour d’autres groupes.

J’achevais mon thé tout en rassurant la jeune femme sur certains points.

-Mais ne vous en fait pas. D’après ce que vous m’avez dit vous aimer ce qui est instantané, c’est souvent ce qui plait à beaucoup de gens.

Je souriais. Je voyais qu’elle analysait les environs sûrement pour voir si la lumière était bonne et si tout lui convenait pour que ses photos soient à son goût. Elle complimenta ensuite mon thé.

-Merci. C’est un thé que ma mère m’as envoyé tout droit d’Angleterre. C’est du Earl Grey.

Je déposais ma tasse quand j’eu fini.

-Nous pouvons commencer, je suis prêt. J’attends vos directives.

Je lui souris. J’étais à sa totale disposition car, après tout, c’était elle l’artiste et pas moi.

Apparemment la description qu'Eileen avait pu faire des éventuels portraits avait l'air de fortement lui plaire. Il précisa ne pouvoir donner un avis d'expert mais d'avantage un avis correspondant aux futurs acheteurs. Sans le savoir peut-être, c'était exactement ce qui convenait, ce ne seront surement pas les photographes professionnels qui achèteront en plus grand nombre des albums de groupes de rock voire même de métal, mais bien les " masses " . Eileen lui sourit.

- C'est justement ce qu'il me faut.

Le challenge était là, il fallait plaire au public qui n'est pas si facile à satisfaire malgré ce que l'on peut penser. En effet, il s'avère être de plus en plus exigeants. Les photos doivent être belle mais représenter la réalité telle qu'eux la voient. C'est assez difficile, mais Eileen adore relever des défis. Cette dernière continua de boire son délicieux thé.

- Je l'espère fortement, après si ça ne leur plait pas … Et bien, je m'habituerai à leurs goûts.

Elle termina de boire son thé. Le manager affirma qu'il s'agissait d'un Earl Grey. Elle avait tout juste. On ne trompe pas un anglais sur du thé.

- Ah je le savais, j'ai tout de suite reconnu même si avant de le goûter je vous avouerai avoir hésité avec du Darjeeling. Vous pourrez dire à votre mère que c'est un régal !

Timmy lui sourit et annonça qu'il était prêt à faire le modèle. Eileen prit une légère inspiration avant de commencer.
Eileen la machine était activée. Elle commença d'abord par régler les lumières. Il y avait la naturelle qui sortait de la fenêtre. A cela, elle pouvait ajouter une petite lumière et un réflecteur fait d'aluminium, c'est pour renvoyer la lumière et adoucir le contraste. Elle géra tout cela. Elle essaya d'allier précision et rapidité. Eileen vérifia rapidement, c'était bon.
Maintenant il fallait gérer le décor, il fallait un minimum de mise en scène pour le coup, cela ressemblait d'avantage à de la photographie studio que d'extérieur, qui permet d'avantage de liberté. Elle déplaça légèrement le bureau pour qu'il soit en diagonale par rapport à la fenêtre. Elle y plaça dessus un petit support pour le réflecteur. Ensuite, Eileen arrangea la décoration vite fait et vérifia qu'on ne voyait pas la petite cuisine, non pas qu'elle était laide au contraire mais elle ne la voyait pas dans sa photo. Les objets accrochés : check, le bureau et accessoires : check ! Tout était bon.
Avec un sourire elle fit signe à Timmy de s'asseoir sur le fauteuil replacé. On avait un éclairage trois points, un décor qui faisait très cocooning et reflétait totalement le chic anglais. Le réflecteur était bien mis, Eileen était prête à " shooter " le manager anglais.
Avant tout pour que ça fasse naturel et qu'elle puisse prendre des photos spontanées, il fallait détendre l'atmosphère.

- Tout est prêt, je vais d'abord prendre quelques photos sur le coup pour que vous vous y habituez. Restez naturel évidemment, je me charge du reste.

Eileen fit un grand sourire. Elle prit un cliché ou Timmy était un peu sérieux. Toujours derrière son appareil, elle en fit une deuxième presque dans le même style.

- Relâchez-vous, oubliez-moi. C'est pas évident je sais bien …

Le manager tourna sa tête en direction de la fenêtre. Eileen appuya immédiatement sur le bouton. Elle sourit, la photo allait être bien mais elle en voulait au moins une où il souriait, voire même riait. Il faut des émotions.

- Allez Sherlock on sourit un peu ! Il faut mettre un peu de chaleur dans ce bureau.

Eileen attendait son sourire, un peu de légèreté. Elle était sur le qui vive.

Plus les minutes avançaient plus je sentais tout le courage et le professionnalisme d’Eileen. Je le ressentais d’autant plus quand elle m’affirma que, s’il le fallait, elle s’habituera aux goûts du grand public. C’était plus que courageux et je trouvais cela admirable. Bien d’autres auraient déjà été découragé rien qu’à l’idée qu’ils devraient se contraindre à suivre un style qui n’était pas le leur.

-Ne vous en faite pas, je suis sûr que cela leur plaira.

Je ne pouvais en être totalement certain, mais quelque chose au fond de moins me faisait penser en ce sens.

Elle avait reconnu le thé mais si elle avoua avoir hésité. Mais ce qui me faisait plaisir c’était qu’elle semblait l’aimer. Je lui souris très sincèrement.

-Je lui dirais. Il faut dire que c’est une experte en matière de thé. Elle a toujours fais de très bon choix.

Cet instant de discussion et de nostalgie commençait peut-être à me faire manquer ma mère. Il fallait absolument que je me tire cette idée de la tête. J’avais moi-même choisis cette vie loin des miens et je me devais d’assumer.

De plus, il fallait désormais passer aux choses sérieuses. Elle activa l’appareil et fis des réglages que j’étais incapable de comprendre. J’attendais qu’elle soit prête tout en analyse sa façon de faire. Il était indéniable qu’elle avait l’habitude de ce genre de travail. Sa rapidité d’exécution ne faisait qu’appuyer cette conclusion de ma part.

Elle déplaça quelques meubles afin que tout soit à son goût. Je ne disais toujours rien, attendant ses directives. Il ne fallait tout de même pas que je la déconcentre.

Quand tout sembla fini, elle m’invita à m’installé sur le fauteuil. Je m’exécutai. Elle voulait, tout d’abord faire quelques photos d’essais. Je fixai l’objectif mais il était dur de rester naturel dans de telles conditions. Je ne pouvais m’empêcher de garder un certain sérieux et, apparemment, cela se reflétait assez fort sur les deux premiers clichés. Elle me dit de me détendre et de l’oublier… Pas si simple… Par réflexe, je détournai la tête, gêné, quelque part, de ne pas être un aussi bon modèle que prévu. C’est à cet instant même qu’elle prit une photo. Elle avait de très bons réflexes !

Toutefois, elle semblait vouloir que je fasse un sourire. La façon même dont elle m’avait fait cette demande m’arracha le sourire tant attendu de la jeune photographe. Et, là encore, elle ne rata pas l’occasion de me prendre en photo. Elle en fit d’autre dans le même style et je finis par m’habituer et à devenir plus naturel. Je pris diverses pause, souriant, voir rigolant même par moment. Il faut dire que la jeune femme semblait avoir trouvé le moyen de me faire rire.

Nous finîmes par mettre fin à cette séance bien agréable.

-Faut-il les faire développer ? Car si c’est le cas je peux couvrir les ouvertures afin que la pièce fasse chambre noire.

En fait, j’étais pressé de voir les résultats du travail d’Eileen venait de faire.

-Vous pourrez, par la même occasion, m’apprendre comment tout cela ce développe.

Je souris. J’attendais de voir ce qu’elle trouvait qu’il serait le mieux.

Eileen fit un sourire et acquiesça d'un signe de tête les dires du manager. Il avait l'air réellement confiant quant au style photographique de la jeune anglaise. Elle avait de plus en plus le sentiment qu'ils allaient bien s'entendre, même sans contrat final.

Il affirma que sa mère était une experte en thé. Eileen pouvait le confirmer, même si on se trompe rarement avec un Earl Grey, il y en a de plus ou moins bonne qualité, et celle de ce thé était excellente.

- Je confirme que c'est une experte.

Elle lui sourit.

La séance photo avançait plutôt rapidement. Et il faut croire que les paroles d'Eileen portaient leurs fruits. Le manager se mit à sourire quasiment aussitôt. Ni une ni deux, la jeune femme prit un cliché, puis deux ! Il commençait vraiment a rentrer dans le jeu, c'était génial et très agréable. Les poses étaient de plus en plus naturelles, il riaient, faisaient le gentleman britannique. C'était parfait tout simplement ! Cette séance photo faisait tellement ressortir l'homme véritable qui était au fond de lui : tantôt tout sourire et heureux, tantôt plus sérieux et mystérieux. Eileen arborait un immense sourire à la fin de la séance, elle était très heureuse et plutôt fière. Il ne restait plus qu'à voir le résultat des clichés.

- A vrai dire plus on le fait vite mieux c'est. Il faut un minimum de matériel, je ne sais pas si vous avez tout ce qu'il faut ici ? Il nous faudrait les produits fixateurs et révélateurs, des petites bobines pour enrouler le film, des cuves, des sortes de petites boîtes dans lesquelles on mettra le film et pour finir un agrandisseur et du papier  …  Et j'oubliais don pour le tirage il faudrait aussi un néon rouge … J'espère que ce n'est pas de trop … Rassurez-vous c'est rapide après.

Eileen venait d'énumérer le matériel assez rapidement et le plus simplement possibles pour que le manager puisse visualiser le matériel. Elle avait même oublié de répondre à la dernière requête de Timmy. Une fois qu'elle s'en rendit compte, elle s'empressa de répondre.

- J'ai faillit oublier ! Bien entendu je vous montrerai comment faire, si un jour vous voulez développer vos photos ce sera facile !

Eileen sourit et repris son souffle. Elle était tellement impatiente de voir le rendu des photos en noir et banc du manager !

La séance photo était terminée et je devais avouer que j’aurais voulu que cela dure plus longtemps. Mais bon, il était claire que nous n’allions pas passer la journée à faire des photos, il fallait aussi en voir le résultat.

Elle m’expliqua que plus vite on le faisait mieux c’était, elle m’indiqua ensuite tout le matériel donc elle avait besoin pour le développement des photos. J’approuvai d’un signe de tête à chaque énumération. Je ne savais pas vraiment où trouver tout cela mais je savais quelles personnes pourraient aller me les chercher. Je savais que certains roadies laissaient pas mal de matériel ici, dont les photographes. Il me sera donc très simple de trouver tout ce qu’Eileen aura besoin pour voir les résultats de son travail.

Elle finit, ensuite, par répondre à ma dernière question. Elle me promit qu’elle me montrerait comment faire. Je lui souris.

-Merci beaucoup. Je vais aller chercher tout ce que vous aurez besoin.

Je me dirigeai vers la porte mais me retournai une dernière fois vers Eileen avant même de l’ouvrir. Après tout j’allais m’absenter pour quelques minutes, il fallait donc que je lui donne quelques permissions.

-Vous pouvez déplacer les meubles comme bon vous semble afin que vous soyez le plus à l’aise possible. Je ne sais pas vraiment quel espace il faut pour ce genre de travail.

Je marquai une pause. Le fait que je lui laisse la mainmise sur mon bureau prouvait à quel point j’avais confiance en elle. Et pourtant, c’était rare que je fasse confiance à quelqu’un.

-Ah, et il y a des biscuits dans le premier tiroir de mon bureau au cas où vous auriez faim.

Je souris une dernière fois avant de sortir. Je me dirigeai vers ma secrétaire et lui énuméra les objets qu’il me fallait. Elle les notas et passa un coup de fil afin qu’on me les apporte. J’attendis quelques minutes et deux hommes amenèrent ce que j’avais besoin. Ma secrétaire me regarda l’air de se demander ce que j’allais bien pouvoir faire avec cela. Je la rassurai en expliquant en quelques mots la situation et demandai, ensuite, aux deux hommes de me suivre.

J’entrai à nouveau dans mon bureau où les hommes déposèrent le matériel avant de s’en aller. Je fermai la porte.

-Voilà, j’ai réussis à trouver tout ce dont vous avez besoin. A vous de jouez !