J’avais repris ma voiture pour retourner directement à l’hôpital. Ce que je venais de vivre m’avait hautement rendu particulièrement irritable alors que je n’avais même pas pris le temps de nettoyer ma blessure au front qui saignait le long de mon visage.

Je roulai en direction de l’hôpital non sans essayer de n’absolument plus penser à ce que je venais de vivre. Je détestais ça. Toutes les sensations que je vivais depuis hier, je détestais ça.

Et ça me mettait à cran. Le seul moment où ça se calmait c’était quand j’étais devant Heaven. Alors, c’est précisément là que j’allais retourner. Devant Heaven. Heaven qu’il fallait, de toute façon, que je protège coute que coute. Les Los Diablos allaient certainement très vite être au courant de ce qu’il s’était passé si ce n’était pas déjà le cas. Quinn aura absolument tout dit le connaissant.

Alors, il ne fallait pas que je quitte Heaven.

Je sortis de ma voiture, une fois arrivé sur le parking de l’hôpital. Et je rejoignis le service de néonatologie alors que certains regards s’étaient tournés vers moi certainement à cause de la blessure que j’avais au front. Mais je m’en fichais. Je n’avais même pas mal. Je voulais juste voir Heaven.

Je me remis devant la vitre pour… Constater que la couveuse où se trouvait Heaven, tout à l’heure, n’était plus là. Donc, Heaven non plus.

Mon sang ne fit qu’un tour. Où elle était ? Qu’est-ce qu’ils avaient fait d’elle ? Où est-ce qu’ils l’avaient emmené ? Mes muscles se contractèrent alors que la rage qui menaçait à l’intérieur de moi depuis le moment où Sky s’était fait tiré dessus sembla prête à sortir.

Je m’avançai d’un pas décidé vers la première infirmière que je croisai dans le couloir de néonatologie et, sans hésiter, je la plaquai contre le mur.

-Où elle est ?! Heaven ! Elle est où ?

Je n’avais pas haussé le ton mais ma voix était menaçante. Je maintenais l’infirmière contre le mur la fixant de mon regard noir.

@ Billy Lighter

Heaven Fleming est une magnifique petite fille née prématurément mais qui s’accroche à la vie avec une fougue qui à de quoi donner des leçons, même à des adultes comme moi qui en a pourtant vu bien plus qu’elle. Je m’étais rapidement prise d’affection pour elle, comment en aurait-il été autrement ? Cette petite guerrière avait survécu à une fusillade, son jumeau étant décédé avant la naissance et leur mère, entre la vie et la mort, plus près de la mort que de la vie.

J’avais eu la chance de lui donner son premier bain, de l’emmitouflé bien comme il faut dans une couverture, de prendre soin d’elle, de veiller sur elle. Je lui parlais dans ma tête. Je lui expliquais pourquoi elle devait continuer de se battre, qu’elle avait une maman et un papa qui l’aimaient de tout leur cœur. Son père, d’ailleurs, était rester des heures devant la vitrine de la pouponnière à la fixer. Cela pouvait faire peur mais moi je le voyais comme une communion, comme s’il priait silencieusement pour la survie de sa fille.

Puis, ce matin, le papa n’était plus là. Peut-être avait-il décidé de se rendre au chevet de son épouse. J’avais eu ouïe dire que la nuit avait été difficile pour elle et que le Dr. Benton planifiait de l’opérer à nouveau. J’étais très triste pour cette famille que je voyais durement éprouvé.

- Quel fou peut commettre un crime aussi odieux, Anne ? Tirer sur une femme enceinte…

Anne était à l’urgence le soir où l’homme avait amené sa femme, elle avait vécu le drame à fond, les deux pieds dedans jusqu’au cou, comme on dit. Et le Dr. Carter continuait de se promener sur les étages pour avoir des nouvelles.

Je n’ai pas encore d’enfant mais je souhaite fonder ma famille. Et forcément je me questionne sur mon propre bonheur. On ne sait jamais quand tout peut s’écrouler. Cette jeune femme était enceinte de jumeaux, elle devait certainement préparer leur arrivé avec excitation, parler de projets avec son conjoint, des rêves qu’elle pouvait avoir. Faire des crêpes le dimanche matin, les soirées jeux de sociétés ou cinéma… elle ne devait certainement imaginer devoir faire le deuil de l’un de ses bébés avant même sa naissance et, pire… peut-être mourir sans avoir pu les embrasser une seule fois.

Heureusement, la petite Heaven est une vraie combattante et elle prouve qu’elle peut tenir tête aux pronostics c’est pour cette raison que le Dr. Greene à autorisé son transfère dans l’unité des naissances avec les bébés ’’normaux’’, les bébés nés à terme.

J’avais hâte d’aller la voir mais avant, j’avais d’autres petits combattants à encourager. Je sortais donc de la salle quand je fusse happé par un train furieux.

- AÏE!

Je ne réalisais qu’ensuite qu’il s’agissait du papa de la petite Heaven qui, ne la voyant pas là où elle était avant son départ, réagissait mal. Il me tenait contre le mur et, s’il ne criait pas, son ton n’en était pas moins menaçant.

- Calmez-vous ! Heaven va bien ! Elle va bien…

Je me dégageais de l’homme puis je frottais mes bras, intimidé et légèrement effrayée mais je fis tout de même signe à Raymond, un employé à l’entretient ménager qui avait vu la scène et s’approchait, que la situation était en contrôle.

- Le Dr. Greene est passé pendant votre absence et il a fait transférer votre fille dans l’unité des naissances avec les autres bébés. Elle restera en couveuse jusqu’à ce qu’elle atteigne un poids convenable mais elle est hors de danger.

C’était la meilleure nouvelle de la journée. Peut-être que la mère allait ressentir que sa fille était hors de danger et que ces ondes allaient voyager de la fille à la mère pour aider cette dernière à récupérer.

- Si vous le désirez, je peux vous y conduire et vous pourrez être autorisé à la prendre. Avez-vous déjà entendu parler du contact peau-à-peau ?

Je lui expliquais ce en quoi consistait ce contact entre un père et son enfant, ainsi il pourrait se faire une idée et décidé s’il voulait créer un premier contact fort avec sa fille.

- Le peau à peau est sécurisant pour le bébé qui recherche les battement du cœur et la chaleur. C’est un beau moment à passer avec son bébé au début de sa vie.

Et puis que la petite était gavée et non pas allaitée, j’espérais que le père accepte pour que bébé Heaven puisse au moins avoir ce contact de proximité avec l’un de ses deux parents.

@ Billy Lighter

Heaven n'était plus là... Le temps que je règle mes affaires, elle avait disparu de la pièce où j'avais veillé une partie de la nuit et de la matinée.

Elle n'était plus là et le peu de contrôle qu'il me restait sembla partir d'un seul coup ce qui me fit, sur le coup de la colère, plaquer la première infirmière que j'avais croisé contre le mur lui sommant de me dire où était Heaven.

L'infirmière me disait de me calmer... Mais j'avais beau utiliser toute mon énergie, je n'arrivais plus à résonner comme il faut si bien qu'il me fallut l'information comme quoi Heaven allait bien pour arrêter de faire pression sur l’infirmière.

Je dis, toujours de ma voix peu amicale :

-Elle est où?

L'infirmière m'expliqua qu’Heaven avait été transférée dans une autre unité ou elle devra rester le temps de prendre du poids.

Je me calmais un peu plus. Elle était hors de danger. J’hochai de la tête.

-D’accord.

Avant d'ajouter d'un ton un peu agacé:

-Mais la prochaine fois, prévenez-moi quand vous faite ce genre de transfert.

Elle m'expliqua que je pouvais aller la voir et la prendre. Elle me parla alors de contact peau contre peau de quoi me faire froncer les sourcils, perplexe.  J’hochai négativement de la tête. Je ne savais pas de quoi elle parlait. Enfin, si je comprenais ce que ça voulait dire mais je ne voyais pas pourquoi en faire tout un foutu concepts.

Alors, l'infirmière expliqua, ce qui me fit lever un sourcil. Un contact? La gamine ne sait même pas qui je suis... Elle ne le saura que quand elle pourra raisonner un minimum. Mais l’infirmière semblait croire à ce que j'avais l'impression d'être une pub pour un concept New Age.

Je penchais légèrement la tête sur le côté.

-Si je la prends, je vais la casser en morceaux. Elle est minuscule... je n'ai pas envie de la casser en deux pour du blabla New Age.

Je fixai l’infirmière.

-Mais je veux aller la voir. Elle devra rester combien de temps ici? Elle est loin du poids qu’il faut ? Vous avez des nouvelles de Sky ?

Je fixai l'infirmière. Je voulais des réponses à mes question, voir Heaven et je verrais si je ferais ce contact dont je venais d’entendre la pub quand je serais devant elle.

@ Billy Lighter

Le nouveau papa s’était montré très impatient alors qu’il venait de découvrir que la couveuse de sa fille avait été déplacé pendant son absent et ce fut moi qui en payai le prix. Les gens deviennent souvent hors de contrôle dans des situations comme celle qu’il vivait présentement et bien que je n’appréciasse pas de me faire plaquer contre un mur, je pouvais faire preuve d’empathie et être capable de me mettre en sa situation.

- Mon intention étais de vous prévenir mais vous m’avez intercepté avant que je ne puisse le faire…

Je lui expliquais d’un ton calme que sa fille allait bien, qu’elle était même hors de danser et qu’il pouvait même aller la voir et la prendre dans ses bras, de faire du peau à peau avec elle, un contact très important pour les nouveaux nés qui pouvait profiter de la proximité avec son parent et d’être bercer par la chaleur de son corps.

Il se calma, ce qui était une excellente chose. Tout en parlant, je l’menais à me suivre jusqu’à l’unité des naissances où se trouvait maintenant la petite Heaven. Comme plusieurs de nouveaux pères, il s’inquiétait de la prendre et qu’elle puisse se briser en morceaux. Mais il me fit quand même sourciller avec la façon dont il parlait du contact peau à peau.

- Vous ne risquez pas de la briser, et ce concept new age existe depuis la nuit des temps, vous savez ?  Les nouveau-nés sont très sensoriels et peuvent reconnaitre la voix de leur père à quelques secondes de vie. Si vous avez caressé le ventre de votre épouse pendant sa grossesse, votre bébé saura que c’est vous.

Cela ne s’expliquait pas.

Cela se vivait.

J’ouvris la porte de la pouponnière et je l’invitais à passer en premier. Ensuite, je lui désignais le lavabo pour qu’il puisse se laver les mains et…

- Vous pourriez en profiter pour nettoyer notre front…

Il avait une blessure non soignée dont le sang séché ornait son front.

Le père avait des questions sur la durée de la convalescence de sa fille, il en avait aussi au sujet de son épouse.

- Cela dépend d’Heaven uniquement. En moyenne, c’est environ un mois, un mois et demi selon comment les bébés récupères. Votre fille est une battante.

En ce qui concernait sa femme, je ne savais pas comment amener la chose, surtout, je ne voulais pas risquer de me faire à nouveau plaquer contre un mur.

- Pour votre femme… Je n’ai pas beaucoup de nouvelles. Ses reins inquiètent le Dr. Benton assez pour qu’une nouvelle opération soit envisagé dans les prochaines heures. Il attendait que la fièvre baisse pour éviter les risques de complications.

Ce n’était certainement pas ce qu’il avait espoir d’entendre mais lui mentir n’était pas envisageable.  Quand il fut près, je le fit passer dans la pouponnière ou se trouvaient tous les nouveau-nés des dernières heures.

- Je ne peux pas vous forcer à quoi que ce soit dont vous ne seriez pas à l’aise. Si vous le souhaitez, vous pouvez prendre cette berçante et vous y installer et je déposerai la petite dans vos bras.

@ Billy Lighter

Il y avait un peu de reproche dans la remarque de l'infirmière quand elle expliqua que je ne lui avais pas laissé le temps de me prévenir.

J'avais desserré la pression que je faisais sur elle au moment où elle m'expliquait qu’Heaven allait bien. Elle me parla ensuite d'un truc qui sonnait franchement New Age tout en emmenant vers l’unité ou se trouvait Heaven.

Je n'avais pas envie de la prendre dans mes bras.

J’allais la briser en mille morceaux.

Mais l’infirmière était certaine que non et elle déclara que le concept peau contre peau existait depuis la nuit des temps... Je l’écoutais ne laissant transparaître aucune émotion. J'avais bien touché le ventre de Sky mais je restais sceptique tout de même. Sauf que je n'avais pas envie de me battre.

-Si vous le dites...

On arriva dans l'unité et elle me montra un évier ou je devais me laver les mains... Et mon front aussi. Elle n'avait pas raté ma blessure mais n'avait pas posé de question.

Tant mieux.

J’hochai de la tête avant de laver le sang rendant la blessure plus nette avant de me laver les mains

Quand je la rejoignais ce fût pour obtenir des informations sur le temps que devra rester Heaven ici. Plus longtemps elle restait ici, mieux c'était. Elle était plus facile à protéger ici.

Mais je n'avais qu’un mois, un mois et demi pour mettre en place un plan de protection pour quand on sortira.

-C'est court.

J'espérais que Sky soit remise d'ici là. Il le fallait. Sinon, il allait falloir que je m'occupe de Heaven seul... Et j’avais un gang à gérer aussi. Bien que je pouvais prendre Heaven au QG… Là, il n’y avait pas trop de problème. Je ne pourrais pas la lâcher d’une semelle, de toute façon.

Mais les nouvelles sur Sky étaient plus inquiétantes et ça m'agaça. Une nouvelle opération allait être programme. Je poussai un profond soupire.

-Il faut qu'il la sauve.

Quoi que ça lui en coûte. S'il devait faire un tas d'heures supplémentaires pour ça, il avait plutôt intérêt à les faire.

On arriva à l'endroit où se trouvaient plusieurs bébé. Heaven était dans sa couveuse. Je la fixai alors que l'infirmière me proposai de m'assoir pour la prendre dans mes bras. Elle semblait y tenir vraiment. Sky y aurait tenu.

Je fixai l’infirmière.

-Avec tous les tuyaux qui lui ressortent de partout?

Si j’en arrache un par inadvertance, maintenant ? Je fronçais les sourcils avant de soupirer et d’aviser la berçante.

-D’accord. On tente le coup… Mais si je la casse en morceau, c’est vous qui paierais.

Et le tarif, ça sera la mort.

Je m’installai dans la berçante attendant qu’elle me passe Heaven.

@ Billy Lighter

Le nouveau papa était un spécimen, je ne saurais le dire autrement. Autant il semblait tenir à sa fille, autant il donnait l’impression de ne pas vraiment s’y intéresser.  Peut-être était-ce parce que l’état de sa femme l’inquiétait trop pour qu’il puisse vraiment se laisser aller. Souvent les pères s’en remettent à leur épouse pour leur donner la marche à suivre avec leurs gamins aux premiers mois de leurs vies. Ce n’est que lorsqu’ils commencent à réagir qu’ils deviennent vraiment intéressant.

Sa femme étant dans le coma, il n’avait pas vraiment le choix de se faire confiance… parce que même si elle se réveillait, la maman ne saurait pas rentrer à la maison en même temps que sa fille alors… Il devra la prendre, la changer de couche, la nourrir. Aussi bien apprendre dès maintenant, alors que son bébé est encore à l’hôpital. Ainsi nous pourrons lui donner des conseils, lui montrer comment faire, répondre à ses questions… s’il en a… s’il ose les poser.

Il se montrait septique sur tout ce que je lui disais, je ne pouvais pas le blâmer. Je ne connaissais pas leur histoire mais je croyais de plus en plus qu’il n’en voulait peut-être pas vraiment de son bébé. C’était peut-être un de ces hommes qui croyait encore que la contraception n’était qu’une suggestion et que s’il avait décidé qu’il ne voulait pas d’enfant, il n’en aurait pas…

Il n’aurait pas une éternité pour se faire à son nouveau rôle. J’évaluais la convalescence de sa fille à un mois, un mois et demi tout au plus.

- En effet, c’est pourquoi vous devez profiter du temps qu’elle est ici pour nous laisser vous apprendre comment prendre soin d’elle. Il ne faut pas vous sentir oppresser, vous savez ?  Je suis là pour ça, pour prendre soin d’elle et de vous.

Qu’en à sa femme, elle était entre les mains du meilleur chirurgien que l’hôpital puisse avoir. Il faisait même parti des meilleurs du pays. La réputation du Dr. Benton n’était plus à prouver mais l’hôpital avait, semblait-il décidé de faire appel à un autre sommité.

- Il fera tout ce qui est en son pouvoir…

Mais il y avait un mais…

Le Dr. Benton ne pouvait aller contre la volonté de la jeune femme, contre la décision de Dieu. Il fallait prier et y croire. Espérer… Elle devait se sentir entouré, j’étais persuadée que les gens dans le coma entendaient les proches qui passaient les voir.

Le père se décida.

Il s’installa dans la berçante mais craignait de s’entremêler avec les tuyaux connectés à sa fille. En effet, c’était même impressionnant, j’allais le lui montrer. J’ouvris la couveuse et, délicatement, j’en sortis la petite qui ne sourcilla même pas puis je me tournais vers le père et la lui plaçais dans les bras.

- Voilà… votre bras comme ça sous sa tête… et l’autre… oui comme ça vous voyez ? Ça vous vient naturellement.

Je me redressais puis me reculais pour leur laisser assez d’intimité pour faire connaissance. Seulement, j’ajoutais, juste pour qu’il sache que je ne le laissais pas seul à lui-même…

- Je reste tout près… si vous avez besoin.

@ Billy Lighter

Heaven en avait pour un mois, un mois et demi, ici. Pas plus… Pas moins… Et ça me paraissait trop court. Beaucoup trop court pour m’organiser. Pourtant, il fallait que je m’organise si je voulais que la sécurité d’Heaven soit assurée à l’extérieur de ces murs.

L’infirmière déclara que, du coup, je devrais profiter de mon temps ici pour apprendre à prendre soin d’Heaven… Je levai un sourcil. Biberon, couche, dormir… Je ne voyais pas ce qu’il y avait de compliqué dans cette histoire. Je n’étais pas totalement inculte même si je n’aimais pas jouer les babysitter. Si Carolyn y arrivait, j’imagine que je pourrais y arriver.

Je ne suis pas stupide.

Et l’infirmière continuait disant qu’elle était là pour prendre soin d’Heaven et de moi.

-Je n’ai pas besoin d’aider. Garder l’énergie que vous avez pour moi pour Heaven.

C’était mieux. Moi, je n’avais besoin de personne. Je n’avais jamais eu besoin de personne aussi loin que je me rappelle. J’avais toujours régler tout moi-même.

Tout ce qu’il me fallait, c’était Sky. Mais les nouvelles n’étaient pas bonne alors il fallait que le médecin fasse au mieux. L’infirmière déclara que Benton ferait tout ce qu’il est en son pouvoir. J’hochai de la tête.

-Il a intérêt.

Ils avaient tous intérêt !

Finalement, je décidai, tout de même, de prendre Heaven. Pourquoi ? Certainement par orgueil. Pour montrer que je n’étais pas un lâche. Que je pouvais le faire.

Je m’installai, donc, dans la berçante laissant l’infirmière sortir Heaven de sa couveuse. Elle n’émit aucun bruit. Elle se laissait faire ne pleurant même pas.

Elle était comme moi. Elle ne pleurait jamais.

Je ne laissai rien transparaitre quand l’infirmière la posa doucement dans mes bras m’expliquant comment la tenir. Je ne voulais pas lui montrer mes hésitation sur certain geste alors que ces foutus tuyaux étaient absolument partout.

Je finis par la tenir seul alors que l’infirmière disait ne pas être loin si j’avais besoin d’elle. J’hochai de la tête.

Je n’avais pas besoin d’elle.

Je fixai Heaven essayant de ne pas trop bouger alors qu’elle semblait dormir profondément.

Je continuais à penser qu’elle était ridiculement minuscule. Comment un si petit truc pourra se défendre ? Comment j’allais l’entrainer ? Parce qu’il faudra que je l’entraine. Les événements de ce soir me le prouvaient. Et il faudra que je lui apprenne à être plus prudente que sa mère.

Heaven se mit alors à bouger et je penchai légèrement la tête sur le côté. Elle émit des petits sons avant d’ouvrir légèrement les yeux. Des yeux qui, pour l’instant, ne semblait pas avoir une couleur bien définie étant quelque part entre le gris et le brun. Ils étaient foncés en tout cas.

Comme Sky…

Comme moi…

Elle sembla croiser mon regard. C’est ce que j’eus l’impression. C’est là que je pris conscience que ce petit truc vivait… Et il vivait bien.

-On les fera tous payer.

C’est ce que je lui murmurai le plus bas possible. Et j’étais sûr, dans ma tête, qu’elle avait approuvé. Parce que si les Los Diablos croyaient qu’ils allaient pouvoir être en paix si je venais un jour à mourir, il se foutait, maintenant, le doigt dans l’œil.

Parce que, désormais, il n’y avait plus un Fleming.

Il y en avait deux.

@ Billy Lighter