Je m’ennuyai… Et un Howard qui s’ennuie c’est jamais bon. Je tournais en rond dans l’appartement d’Apolline. J’sais pas où était la guitariste. Elle avait dû partir avant que je me réveille. Il faut dire que je m’étais réveillé à 14h... Réveillé par une gueule de bois douloureuse que j’ai soigné à coup de whisky. Ça ne manquait jamais d’alcool chez Apolline. Et c’était l’un des nombreux avantages de vivre temporairement chez elle. Un des, il y en avait d’autres bien plus intéressants encore.

Il fallait que je règle ce petit problème ennui. J’m’étais habillé tout en réfléchissant à une activité qui serait cool. Il était bien trop tôt pour aller parier à la salle de sport… En plus, je crois qu’il n’y a même pas de matches aujourd’hui. Donc, pour ça, c’était mort. Allez au skate-park ? J’avais plus de skate depuis que j’avais 16 ans. Et j’devais avoir perdu la main depuis.

L’illumination me vint quand j’achevai la bouteille de whisky que j’avais commencé à mon réveil. J’allais aller à la salle d’arcade pour me faire quelques parties de Pac Man. J’embarquai dans ma Mustang dont j’avais réparé le rétroviseur et je démarrai en trombe sans me soucier des limitations de vitesse.

Je me parquai devant la salle d’arcade. Ça le faisait mieux quand j’avais une Ferrari. Mais j’ai plus de Ferrari… J’entrai dans la salle d’arcade où des bandes de gosses jouaient déjà aux différents jeux. Un gamin ne tarda pas à me reconnaitre et à me demander que je signe sa farde qui était dans son cartable. Je le fis nonchalamment en espérant que je n’allais pas passé ma journée détente à signer des autographes pour les ados qui sortent de l’école.

J’étais la plus grand gamin dans la salle. Et les regards s’étaient souvent poser sur moi alors que je jouais, cigarette en bouche. Un groupe d’adolescente, pas loin de moi, me regardait de haut en bas en gloussant et en parlant entre elle. Mais, tout ce qui comptait, pour le moment c’était ma foutue partie de Pac Man que j’étais en train de perdre à cause de ce foutu fantôme qui m’avait fait un sale coup en faisant volte-face…

@ Billy Lighter

Les gosses me tournent autour. Ils essayent d’attirer mon attention mais je suis bien trop occuper à essayer de bouffer toutes les petites boules blanches que je les remarque à peine. Avec les années, j’avais appris à ignorer les gens qui gravitent autour de moi et chuchotent des trucs sur mon compte. Souvent du positif. C’était ça être une rockstar. J’souriais quand même à certaines réflexions de certaines gamines qui crevait de trouille de venir m’adresser la parole. Et d’autres gamins qui s’était, du coup, mis à parler musique et The Burning Fire en ma présence.

Et j’entendais tout ça sans jamais tourner le regard une seule fois vers eux. Parce que si j’le faisais, j’allais me prendre un fantôme. Et j’aimais pas perdre même si c’était qu’un bête jeu d’arcade. J’gagnai la première partie avant d’me manger un fantôme à la seconde. Les fantômes, ils étaient un peu comme Jimmy Reed. C’était des connards vicieux. Et celui-là venait de me faire un sale coup.

Je fis la moue devant l’écran alors que, derrière moi, j’entendis la voix d’une fille qui disait que j’étais nul. Depuis que j’étais entré ici, j’avais eu le droit qu’à des phrases admiratives et tous des trucs comme ça. Mais cette fille-là, elle, elle avait carrément été dans l’autre sens. Je me tournai, abandonna Pac Man, pour regarder vers la source de la voix. Assise à une table pas à quelques mètres, il y avait une jeune fille blonde avec un regard un peu hautain. Je me retournai complètement vers elle, un sourire en coin s’afficha sur mon visage et je croisai les bras.

-Ah ouais ? J’suis nul ? C’est la première partie que je perds depuis qu’t’es née, pourtant.

Elle devait être jeune. Pas plus de 18 ans en tout cas. Enfin j’crois. En tout cas, c’était la seule qui avait réussi à me parler depuis que j’étais entré dans la salle d’arcade. En tout cas, la jeune fille n’avait pas manqué de culot. Et c’était assez drôle. Mais j’devais lui montrer que faire mieux que moi à un jeu d’arcade, c’était pas gagné. J’crois que j’vais simplement vérifier si cette fille a vraiment des couilles ou si elle a juste une grande gueule.

-Tu veux essayer, voir si t’es meilleure que moi ? On fait le pari ? Si tu gagnes deux parties d’affilée, j’te ferais faire le tour de la ville dans ma caisse. Si tu ne réussis pas, tu m’achète une canette de bière, ça doit être à la hauteur de ton p’tit porte-monnaie.

J’aimais les paris. Et tous les moyens étaient bons pour faire des paris. Et la p’tite provocation de la fille avait suffi à éveiller mon instinct de joueur.

@ Billy Lighter

Ce n’était pas tous les jours que je me faisais traiter de nul par une jeune fille. D’habitude elles ont d’autres mots pour me qualifier. C’est p’tètre pour régler ça que je m’étais adressé à la jolie p’tite effrontée au regard perturbant.

Elle me provoque, je réponds par la provocation. Mais j’souris quand même parce que j’aime jouer à ce p’tit jeu. Elle ne tarda pas à répondre en m’envoyant une pique. Je rigolai un peu sarcastiquement.

-Tu manque pas de répliques, p’tite.

Non, elle n’en manquait pas. Et, tout en larguant ses jolies petites provocations, elle continuait de gribouiller j’sais pas trop quoi dans son p’tit carnet qu’il y avait devant elle. La jeune fille me donna, soudain, envie de lui lancer un défi. Elle avait une grande gueule. Elle m’avait envoyé deux répliques et j’savais déjà que c’était le genre de fille à aimer l’ouvrir pour attirer l’attention. C’était réussi.

J’entrai dans son jeu en lui proposant un pari. Il était honnête ce pari, j’trouvais. Toutes les jeunes filles présente dans l’arcade aurait vendu leur âme pour avoir la même opportunité. Pas celle-ci. J’étais tombé sur un p’tite qui voulait faire sa maligne en faisant la fille qui s’en fout d’mon tour en voiture. Je fis une petite moue amusée devant ses p’tits airs hautains qui me donnait l’impression qu’elle sortait tout droit d’un p’tite famille de riches catholiques de Beverly Hills. Et, en plus, elle ne savait pas jouer à Pac Man. Un grand sourire sarcastique s’afficha sur mon visage.

-Alors, la p’tite n’a juste qu’une grande gueule. Tu ne sais pas jouer à Pac Man ? C’est triste.

Je pris un air déçu pour montrer à quel point c’était décevant qu’elle ne sache pas jouer à Pac Man et, qu’en plus, elle ne s’osait pas à risquer mon pari.

-Ok, j’vais t’apprendre.

P’tètre qu’après quelques cours, elle voudra bien relever le défi. Elle descendit de sa chaise et me rejoignis devant le jeu. Elle se prépara en attachant ses cheveux. J’la regardai en souriant. Elle était prête.

-Première chose, il faut savoir manier le joystick. Mais vu ton âge tu dois pas trop savoir ce que c’est que de manier le joystick.

C’était clairement un sous-entendu. Je souris de manière à souligner cette allusion. Je posai mon regard sur l’écran et le montrai du doigt.

-Suffi de diriger Pac Man avec le joystick pour lui faire bouffer les p’tites billes blanches sans se prendre ces foutues fantôme. J’pense que ça doit être à ta portée.

Je souris. J’continuai un peu dans la provocation même si j’souriais pour adoucir un peu mes piques.

-Vas-y. Si tu arrives à tenir plus de 30 secondes, j’te ferais faire ce tour en voiture. Ou autre chose vu que t’as pas l’air de vouloir faire des tour dans ma belle Mustang avec la musique à fond et les fenêtres grandes ouvertes.

Je souriais. J’crois que j’allais p’tètre bien m’amuser, aujourd’hui, en fin de compte.

@ Billy Lighter

C’était vraiment une grande gueule. Et elle ne s’arrêtait pas… La p’tite gamine, elle pensait même que j’jouais à Pac Man à cause de mon âge. J’sais pas si elle a vu mais les trois quart des gens ici dépasse rarement les 25 ans. J’haussai nonchalamment les épaules à sa p’tite réflexion qui me faisait passer pour plus vieux que je ne l’étais.

-On excuse son manque de culture comme on peut…

Elle voulait que j’lui apprenne comme jouer. Et j’étais pas contre d’apprendre la vie à un gamine. J’voyais Pac Man comme la leçon numéro 1 d’une poignée de leçon de plus en plus intéressante. On commence par la leçon 1 : comment manier le Pac Man et on se retrouve, plus tard, à la leçon 10 : comment voler sans s’faire choper. J’devrais écrire un manuel d’instruction pour p’tite gamine à grande gueule. En tout cas, la p’tite jeune femme était contente de pouvoir être prête pour le J.O. de 84.

Et elle se marrait tout seul pendant que je souriais lui expliquant qu’elle allait devoir apprendre à manier le joystick. Et j’envoyai, en même temps, une blague grivoise que la fille capta sans peine. Elle déclara être peut-être trop jeune pour ça mais qu’elle savait quand même qu’il fallait mettre une pièce dans la machine pour la faire marcher.

-C’est pas la seule… Il y a des filles dehors que c’est pareil que la machine. Il faut mettre des pièces pour que ça marche.

J’devrais arrêter les blagues de mauvais goût.

La gamine avait payé. J’aurais pu le faire… Mais elle avait déjà sorti son p’tit porte-monnaie alors…

J’lui expliquais la règle du jeu et ce qu’il fallait qu’elle fasse. Elle trouvait ça simple. Alors j’la défiai de tenir 30 secondes. Si elle tenait, elle l’aura son tour en bagnole. Mais elle en demanda plus si elle arrivait à faire plus. Lui montrer comment conduire. Il y avait une allusion là-dessous. Mais je pensais tellement mal que j’en voyais même plusieurs.

-Ok, j’te montrerai. Je ferais p’tètre même mieux que ça.

Et je me gardai de dire quelques commentaires tout aussi mal tournés qui venaient, les uns après les autres, se bousculer dans ma tête.

Et la p’tite se mit à jouer. Je m’appuyai nonchalamment sur le bord du jeu d’arcade et regardai l’écran et la gamine. Elle s’appliquait pour passer le premier niveau. Qu’elle réussit, au final, à passer sans trop de peine. Et elle se doutait que les autres niveaux n’allaient pas être aussi faciles.

-T’imagine bien. C’est chaque fois plus dur.

Elle réussit à passer le second niveau. C’est au troisième qu’elle rencontra plus de difficultés. Et j’rigolai chaque fois qu’elle se prenait un fantôme. Elle était plus nulle que moi. Mais c’était pas mal pour une débutante. Je restai tout près d’elle juste pour l’emmerdait et j’sens que ça marche. Elle se met à se marrer un coup et son Pac Man se fait encore bouffer.

Elle s’arrêta un moment pour me demander si c’était assez satisfaisant. Je souris.

-Pas mal. Tu te débrouilles bien pour manier le joystick. Ça promet pour quand tu passeras à d’autres types de joysticks.

Un sourire en coin s’afficha sur mon visage. J’avais dit que j’arrêterai avec les allusions grivoises… Mais c’était plus fort que moi.

Je sortis mes clés de voiture. Le Pac Man, ça m’ennuyait déjà.

-Mais je m’ennuie déjà !

Je montrai mes clés à la gamine.

-Tu mérites bien un tour un voiture. T’auras cas venir sur mes genoux, à l’avant, comme ça tu pourras tourner le volant. Et p’tètre même que j’te laisserais carrément conduire. C’est comme Pac Man, un niveau à la fois.

Je souriais. Moi, cette gamine et une bagnole dans les rues de L.A., ça pouvait être le début d’une journée de fun.

-T’es prête ?

Moi, j’l’étais.

@ Billy Lighter

Elle n’avait pas réussi à passer le niveau. Le fantôme a été plus malin qu’elle. Mais, pour une débutante, c’était un bon résultat. Et j’la complimentai sur sa maitrise du joystick. Et j’y allais encore de mes phrases grivoises. J’parlais tout le temps à double sens. J’suis sûr que ça ferais rire Apolline de m’voir causer avec la p’tite gamine. Et quand elle disait qu’elle ne demandait qu’à apprendre, j’pouvais pas m’empêcher de sourire un peu plus.

-Ok, je note.

Prochain joystick : le frein à main. Plus difficile, mais tout ça pourra vite nous mener à des choses plus dure encore (bordel, j’arrête tout de suite avec les jeux de mots, c’est promis). Et voir la fille jouer dans mon jeu me plaisait pas mal.

Pac Man, c’était fini. J’en avais déjà marre. Et elle aussi. J’sortis mes clés de voiture pour passer à l’amusement suivant. J’vois la fille faire des p’tit yeux tout mignons. Une technique digne d’une adolescente qui veut quelque chose. J’résiste pas très longtemps, t’façon c’était pas mon intention de résister. Et j’lui propose de tourner le volant en venant sur mes genoux. Ça l’intéressait. Je souris un peu plus. Et elle était prête.

-Nan, j’en doute pas une seconde.

Elle prit mes clés que je lui tendais presque sous le nez. Elle ne perd pas une seconde la p’tite. Elle prit son sac et partit vers la sortie chercher ma voiture. Elle n’aura pas trop difficile… La voiture est juste devant l’arcade. La p’tite était allé si vite qu’elle avait fait tombé son carnet. Je le pris et je l’ouvris. A l’intérieur, écrit avec l’écriture d’une ado, il y avait des paroles de chansons. J’lu quelques lignes. C’était pas mal du tout, c’était même très bien. Une vraie p’tite artiste, la gamine. Et j’tournais les pages. La gamine, dedans, racontait aussi sa vie. J’appris, en lisant deux ou trois lignes qu’elle était guitariste. Le nom de Dom revenait quelques fois. Dom… Dom des Winter Wolves ? Cet enfoiré de service ? Elle le connaissait ? Je ricanai un peu et enfuis le petit carnet dans ma poche. Ça pouvait toujours être utile, on ne sait jamais.

Je sortis de la sale d’arcade et rejoignis la p’tite qui avait trouvé ma Mustang.

-J’vois qu’t’a réussi à trouver. En même temps, c’est la seule Mustang de la rue.

Je souris et m’installai à l’avant.

-Vas-y monte sur mes genoux. J’m’occupe des pédales et des vitesses. Tu t’occupes du reste.

Et si on finit dans le décor, c’est pas grave, j’ai une bonne assurance.

-Première chose, tu mets le contact.

Après, on verra de quoi elle est capable.

@ Billy Lighter

Je rejoignis l’adolescente dehors. Elle m’attendait devant ma caisse et j’la félicitais de l’avoir trouvé sans vraiment la féliciter au final. La gamine m’expliqua comment elle avait trouvé et son résonnement était logique. C’était la seule belle voiture de la rue. Je souris.

-Ben ouais, j’suis un flic sous couverture.

Et j’rigolai juste après pour bien montrer que j’étais pas sérieux pour deux balles. Et je m’installai au volant attendant que l’adolescente prenne place sur mes genoux. C’est elle qui avait la clé. On pouvait pas décoller sans elle.

Elle s’installa et n’atteignait pas les pédales dans cette position. C’était moi qui avait la maitrise de la vitesse, du frein et de l’embrayage. J’étais cinglé parfois. Mais pas au point de totalement sacrifier ma voiture en laissant la gamine entièrement conduire.

Quand elle est bien installée, je fermai la porte. Et elle se débarrassa de son sac. Elle n’était pas très lourde ce qui faisait que ce n’était pas si désagréable… Je lui disais de mettre le contact. Elle s’en doutait un peu. On sait jamais avec les filles… Surtout aussi jeunes. Elle tourna la clé. Les vitesses étaient au point mort le temps qu’on se coordonne. A défaut de pouvoir les mettre mes mains sur le volant que tenait la gamine, je l’es mis sur mes cuisses. La p’tite se retourna alors tant bien que mal, nos visages très près l’un de l’autre et me demanda, avec très peu d’assurance, que qu’il était mieux qu’elle fasse. Je souris. Elle avait eu une grande gueule dans la salle d’arcade. Et maintenant, elle semblait tout fragile assise sur mes genoux à ne pas savoir comment manœuvrer la caisse.

-On va reculer d’abord pour pas s’prendre la voiture de flic, comme tu dis.

Je retirai le frein à main. Et je pris délicatement la main de la gamine pour la diriger sur le levier de vitesse et mettre la vitesse sur R pour la marche arrière tout jouant de l’embrayage avec mon pied. On recula un peu pour avoir plus de marge. Je parlai à l’oreille de la fille. Ma bouche n’étant qu’à quelques centimètres de celle-ci.

-Maintenant, levier de vitesse sur le 1.

Et je dirigeai à nouveau la main de la fille sur le levier de vitesse. Elle tenait, ensuite, le volant, et moi aussi d’une main pour être sûr qu’on ne se prenne rien. Sur bien que j’étais collé à elle mon torse contre son dos et mon visage appuyé contre son épaule.

C’était partit. On était sur la route. J’aidais la gamine pour les vitesses, les passant parfois moi-même pour ne pas tuer le moteur.

-Essaye qu’on se prenne personne. C’est mieux… J’voudrais pas devoir expliquer ce qu’on est en train de faire aux flics et aux assureurs. J’sais que j’suis une rockstar. Mais certains s’en fichent de ça et croient que j’peux pas tout me permettre.

Je souriais et, d’une main, je mis la musique. C’était le dernier album de The Burning Fire. La cassette était déjà dans le lecteur, m’avait suffi d’appuyer sur le bouton.

-Au fait, j’t’ai pas demandé. Tu t’appelles comment ?

J’lui parlais ne pensant même pas que ça pourrait la déconcentré. Surtout qu’elle devait sentir mon souffle sur son oreille à chaque fois que j’ouvrais la bouche.

@ Billy Lighter

Je dirigeais plus que je n’en avais l’air. A part le volant qui était totalement (ou presque) au contrôle de l’ado, le reste était sous le mien. Je contrôlais le levier de vitesse à l’aide de ma main et de celle de la gamine.

On réussit à sortir assez facilement même si la fille avait quelques appréhensions. Je continuai d’avoir à moitié le contrôle sur les vitesses quand j’décidais d’embrayer quand la gamine ne s’en rendait pas compte. Chaque fois, j’le faisais par l’intermédiaire de sa main à elle. J’savais pas si tout ça la mettait mal à l’aise. Ça avait pas l’air à première vue. Elle n’avait rien fait pour me repousser ou quoi que ce soir. Elle est sous le charme ? C’est trop tôt pour le dire. Mais c’est amusant de voir ses réactions.

Je la laissai diriger le volant vers une destination inconnue. C’est elle qui choisissait quand on tournait et où on allait. Je ne disais rien là-dessus. Je la laissais faire pour voir. C’était bien plus amusant comme ça. Tout ce que j’voulais éviter c’était un accrochage. Parce qu’expliquer tout ça aux flics, ça n’allait pas le faire même avec toute la désinvolture du monde. Elle approuva. Il suffisait que je n’accélère pas « comme un connard », qu’elle disait. Je souris. Vu où mon visage était, elle devait sentir mon sourire. Le dire, c’était la meilleure façon pour que je le fasse. Juste pour la surprendre et qu’elle s’affole. Parce que j’avais bien compris que cette fille parlait plus qu’elle n’en faisait.

-T’en fais pas. J’tiens trop à ma voiture pour ça.

J’allumai la radio pour mettre The Burning Fire. Et la gamine se met à chantonner un peu. Elle chantait bien et ça ne m’étonnait pas. J’avais lu quelques lignes de son journal intime et j’crois avoir lu qu’elle chantait en plus d’écrire des jolies paroles. Une p’tite chanteuse en puissance. Pendant ce temps, j’étais toujours concentré sur la conduite. Et il m’arrivait de frôler la cuisse de la fille sans le faire exprès parce que je ne savais pas vraiment quoi faire de mon bras libre.

Mais c’est pas de son chant que je parlai en premier. Mais de son nom. Je ne savais pas comment s’appelait l’ado, ce qui n’était pas pratique. Elle disait s’appeler Olivia Reed…

Reed ??? Elle venait dire Reed ??

Mon sourire s’effaça d’un seul coup et je failli rater la vitesse. Comme Jimmy Reed ? J’savais qu’il était possible qu’elle ne soit pas de sa famille. Il y avait plein de Stone dans le monde… Il devait il y avoir plein de Reed. Mais c’était quand même troublant surtout qu’Olivia était blonde aux yeux bleus. Comme Reed.

« On t’a jamais dit de ne jamais faire monter à bord des inconnues ? »

Bien répliqué… Et je fis une moue à moitié amusée. J’devais arrêter de me poser des questions et simplement demander :

-Olivia Reed ? Comme Jimmy Reed, le patron de BSC ? T’es de sa famille ?

Je soufflais toujours mes paroles à son oreille en essayant de ne pas parler trop fort. Mais pas trop bas non plus parce qu’il y avait la musique qui couvrait un peu nos voix.

Si elle était de la famille de Jimmy Reed. J’crois que tout ça allait être encore plus amusant.

@ Billy Lighter

J’avais pas envie de crasher ma bagnole contre une autre ou contre un poteau. Je voulais qu’elle soit intacte à la fin de ce petit trajet qui nous menait je ne sais pas où. Mais la gamine, elle, elle insinuait que j’y tenais pas tant que ça vu que j’la laissais à moitié conduire. Je souris mon manteau toujours contre son épaule. Ça ne l’étonnerait pas si je l’avais volée, la caisse.

-Non, c’est bien la mienne. Mais je tiens plus à avoir un maximum de fun plutôt qu’à ma caisse. J’suis riche, les caisses ça se rachète. Le fun, ça n’a pas de prix.

Et cette petite virée en voiture avec la fille causante était parfaite jusqu’ici. Je m’éclatai à voir ses réactions au fur et à mesure de son « apprentissage » de la conduite. C’était surtout le risque que je lui apprenais. Et elle se laissait faire, acceptant toute ce que je lui proposais. J’avais pas fini de repousser ses limites à la p’tite Miss grande gueule.

L’ado finit par me donner son nom. Elle portait le nom Reed comme Jimmy Reed. Et j’fus un peu surpris sur le coup juste avant que j’lui demande si elle était de famille avec le patron de BSC. Elle répondit qu’elle ne croyait pas. Ça devait juste être une coïncidence.

-Reed, c’est un nom de blond, alors. Parce que t’es blonde comme lui.

Je souriais toujours. Elle n’avait rien à voir avec Reed. Un peu dommage, ça aurait pu être cool de faire ami-ami avec un membre de la famille de cet enfoiré.

Je sentis, tout d’un coup, la voiture dévier un peu. Mon sourire s’effaça.

-Wow…

Je failli reprendre le contrôle du volant… Mais Olivia m’anticipa en faisant un peu de volant. Elle s’excusa après un rire nerveux et je souris. Elle m’avait fait flipper pendant deux secondes. Mais, j’aimais ça.

-J’sais pas où on va. Dès que l’endroit me semble cool, on s’arrêtera.

On avançait le long de l’océan. Il faisait super beau et l’envie de me garer au bord de la place était forte. Je regardai le paysage plus que la route. Elle conduisait pas si mal, Olivia, alors j’étais moins attentif à la route. On arriva à un endroit où il y avait presque personne. A gauche se trouvait l’océan et la plage et, à droite, une petite colline à moitié verdoyante. Typiquement californien.

-Gare-toi, ici. C’est l’endroit idéal.

Je souris et Olivia s’arrêta sur le bord de la route avec mon aide vu que je dirigeais les pédales. J’ouvris la porte et soufflai à son oreille. Plus près que je ne l’avais été pendant tout le voyage.

-Voilà, tu peux descendre. Pas mal pour un premier cours de conduite.

Je souris.

-On va se faire un tour sur la plage ? Il y a personne, quasiment. On sera tranquille.

J’aimais ces petits coins déserts où j’aurais pas à discuter autographe toute les trois minutes. Je me penchai un peu sur le côté et tendis le bras pour chopé une bouteille de whisky que j'avais caché dans ma boite à gants. J'appuyai ma main sur la cuisse d'Olivia dans l'aventure pour ne pas être totalement déséquilibré par ma manœuvre. Je me redressai ensuite, la bouteille en main.

-J'ai même de quoi nous rafraîchir un peu.

J'avais pas d'eau. J'avais que du whisky.

@ Billy Lighter

Tous les Reed étaient blonds. J’disais ça parce que j’connaissais deux Reed et qu’ils étaient blonds. C’est tout. Et la p’tite Olivia déclara que c’était donc plus une histoire de cheveux qu’autre chose d’après mon super raisonnement à la Stone. En me demandant ça, elle frôla presque mon visage. Je souris.

-Ouais c’est ça…

Mais je ne cherchai pas plus loin. Elle avait rien à voir avec ce connard de Reed alors j’voyais pas l’intérêt de continuer sur le sujet.

Olivia se reconcentra sur la route et, moi, sur les vitesses. Elle conduisait bien malgré la p’tite déviation qu’elle avait faite pendant le trajet et qui avait failli nous foutre dans le décor. On aurait fait la Une sans problème si on avait fini dans le fossé. Et j’me serais encore fait engueuler par Amon et Timmy. Tout ça la fit bien rire. Un rire qu’elle a du mal à dissimuler.

On arriva tout près de la plage. L’ambiance est toute différente ici par rapport à South L.A. C’est un tout autre paysage aussi. On se gara sur le bas-côté à un endroit où il n’y avait presque personne. Olivia coupa le moteur et je mis le frein à main. On faisait une parfaite p’tite équipe à nous deux. Je la félicitai pour sa première leçon de conduite. Mais son p’tit caractère effronté n’avait pas disparu. Et je souris à ça. Elle n’avait pas perdu sa grande gueule pendant le trajet.

-T’es pas la première à qui j’apprends ce genre de truc, il faut dire.

Dire à une fille qu’elle n’était pas le première, ça pouvait parfois égratigner leur ego. Même si c’était un gros mensonge. C’était la première fois que j’prenais une fille sur mes genoux pour lui apprendre à conduire…

Olivia resta encore un peu sur mes genoux à regarder l’horizon. Et, pendant ce temps, je pris une bouteille de whisky qui trainait dans la boite à gant. Elle finit par sortir et je la suivis juste derrière après avoir repris les clés. Je verrouillai ma voiture et m’étirai. Il faisait super chaud et même le p’tit vent n’atténuait pas cette chaleur d’été.

On se mit en marche vers la plage quand Olivia reparla de Reed. Bizarre comme question. Mais j’m’en formalisai pas et j’haussai les épaules, toujours aussi nonchalant.

-Ça changerait rien à ma vie.

C’était pas tout à fait vrai ça… J’savais pas ce que Reed ferait si je fraternisais avec un membre de sa famille. On avait un gros différent entre nous. Et j’crois que ça ne lui ferait pas plaisir s’il l’apprenait.

-Et, lui, c’est juste un connard d’homme d’affaire. Il pense qu’à lui et c’est tout. Le genre manipulateur misogyne qui respecte personne.

Je continuai de marcher alors que mes chaussures s’enfonçaient un peu dans le sable. Je lui souris.

-Tu as de la chance de ne pas faire partie de sa famille.

Je souris et m’arrêtai à un moment. Marcher ça crevait et j’avais envie de me poser un peu pour apprécier le whisky.

-On fait une pause ?

On avait marché que quelques mètres mais c’est pas grave. On n’était pas là pour faire une longue balade. J’enlevai mon t-shirt pour finir torse nu et le mis au sol pour m’assoir dessus. Je commençai à boire le whisky avant de tendre la bouteille à Olivia. Je la regardai avec un regard interrogateur.

-Pourquoi cette question au fait ? D’autres t’ont déjà demandé si tu faisais partie de sa famille, c’est ça ?

En même temps, elle s’appelait Reed et elle était blonde. Normale que les gens se posent la question.

@ Billy Lighter

J’lui fis un p’tit résumé de qui était Reed. Y’avais pas grand-chose à dire sur ce mec qui n’était rien d’autre qu’un connard. Mais elle avait posé la question alors j’avais répondu. Jimmy était l’homme que je détestais le plus au monde. Et j’disais pas ça uniquement parce qu’il me menait la vie dure pour une histoire de thunes. J’le disais aussi parce que je ne l’aimais pas en général.

On avançait sur le sable chaud qui commençait à envahir mes chaussures. J’finis par conclure qu’Olivia avait de la chance de ne pas être de la famille du milliardaire. Ça devait pas être cool de compter Reed dans ses proches… Parce que ça signifiait qu’elle devrait se le coltiner aux réunions de famille. Mais, elle, elle déclara que ça devait être bien d’avoir un type influent dans sa famille. J’haussai les épaules.

-Ouais, il est influent. Il a du pouvoir et de l’argent. T’aurais des avantages financiers à être de sa famille, sûrement. Mais tu es une fille. Et Jimmy n’a pas de respect pour les filles. Il les prend pour des moins que rien.

J’connaissais aucun membre de la famille de Reed. Son père était mort il y a longtemps et Jimmy avait hérité de BSC. Sa mère, j’la connais pas. Mais il parait qu’elle vit dans une annexe de la villa du milliardaire. J’sais pas trop ce qu’il fait avec et pourquoi elle vit là. P’tètre que sa mère a fini comme celle de Norman Bates… Bordel, j’devrais pas me faire des films comme ça. C’est flippant.  

Je déclarai que c’était le moment de faire une pause. Et je m’installai sur mon t-shirt que j’avais enlevé pour déposer sur le sable chaud. Olivia s’installa à côté de moi à même le sable. Elle regarda l’océan pendant que j’ouvris la bouteille pour commencer à boire. Je lui demandai, ensuite, pourquoi elle me posait des questions sur Reed. Elle confirma que c’était à cause de sa ressemblance avec le connard misogyne.

-Ouais c'est sûr. Mais, c’est vrai que tu lui ressemble. Mais t’es quand même bien plus jolie que lui.  

Je souris. C’était une évidence. Olivia était une fille… Jimmy était un mec et un connard. C’était normal qu’elle était plus jolie que lui de mon point de vue.

Mais ses questions incessantes sur Reed, sans oublier le fait qu’elle partageait son nom, ses cheveux et ses yeux et qu’elle vivait dans la même ville que lui, c’était beaucoup pour ne pas être lié de près ou de loin au milliardaire. Mais je ne dis rien dans un premier temps parce qu’Olivia s’empara de ma bouteille que je lui avais tendu pour en boire un coup. Je souris, puis, éclatai de rire quand elle déclara que c’était pas bon.  

-Les premières gorgées sont les plus dur. Mais plus t’en boira plus tu aimeras. Faut jamais s’arrêter aux premières impressions. Si je l’avais fait, tu ne serais pas sur cette plage avec moi.

Je souris un peu plus. C’est clair que si j’m’étais arrêté à sa grande gueule sans aller chercher le petit moineau tout mignon qu’il y avait en dessous, on ne serait pas ici. Je repris la bouteille pour boire à mon tour une grosse gorgée. Et je fixai Olivia.

-Avoue, ma p’tite Olivia… T’es de la famille de Reed… Tu lui ressemble comme deux goûtes d’eau. Tu sais, c’est pas grave. J’vais pas t’en vouloir parce que ton cousin, ton oncle, ou je ne sais quoi est un connard de service. C’est pas ta faute après tout. Mais j’comprends que tu ne veuilles pas qu’on le sache.

Je souris lui tendant à nouveau la bouteille avant de me coucher  sur mon t-shirt, les bras croisés derrière ma tête et le regard tourné vers Olivia.

@ Billy Lighter

C’est automatique. Quand tu dis à une fille qu’elle est folie, elle se met tout de suite à devenir toute rouge. Et c’est le cas, aujourd’hui, pour Olivia, quand j’lui dis qu’elle est bien plus jolie que Reed.

L’adolescente n’hésita pas trop pour boire ses premières gorgées de whisky. Sa tête et sa réaction me confirmèrent que c’étaient les premières gorgées de sa p’tite vie. Mais j’lui disais de pas se fier aux premières impressions en faisant une analogie avec notre rencontre tout à l’heure. Et elle répliqua comme elle savait si bien le faire. Léger coup de coude en prime. Et je souris.

-En tout cas, j’regrette pas de t’avoir emmener. Ma journée est tout de suite moins ennuyeuse.

Jusqu’ici en tout cas. Mais Olivia était plutôt cool. J’aimais bien lui apprendre des trucs et voir sa réaction après. Les jeunes, ils croient qu’ils sont capables de tout faire. Mais quand on les mets devant le fait accompli, ce sont des véritables couillons. Mais Olivia me semblait avoir un peu plus de couille qu’elle n’y paraissait au départ. Et ça me plait plutôt bien.

Avec toutes ces conversations sur Reed, j’finis par me demander si l’adolescente ne fait pas, finalement, bien partie de la famille du p’tit connard. Et elle m’avoue, sans me le dire clairement, que c’est le cas. Mon sourire s’élargit sans que je puisse me retenir. J’écoutai Olivia et j’appris que Reed ne savait peut-être même pas qu’elle existait. Et qu’elle n’était plus trop sûre de vouloir le rencontrer. Ok, j’pigeais pas tout… Ils sont de la même famille mais ils ne se connaissent pas ? Mais elle est quoi pas rapport à lui ? Je plissai les yeux comme si ça allait m’aider à comprendre. J’la laissai boire le whisky qui la faisait toujours autant grimacer. Et elle reprend son discours après s’être allongée. Elle être sûr que Reed n’en avait rien à foutre d’elle. Je levai un sourcil.

-Attends… J’pige pas tout… Tu es quoi par rapport à lui ? Il doit quand même savoir qui sont les membres de sa famille, non ?

Et j’me mis à réfléchir rapidement en buvant plusieurs gorgées de whisky d’affilée. Reed ne savait pas qu’elle existait. Elle avait eu son adresse et elle était venue à L.A. C’est ce que j’avais compris de ce qu’elle a dit… Mais qui elle était alors par rapport à lui ? Et pourquoi elle a voulu, toute sa vie, rencontrer Reed ?

Ah… J’crois avoir compris. Et je prends un air un peu plus surpris après la fin de ma réflexion. Et je reprends rapidement la parole en la montrant du doigt, bouteille de whisky en main.

-T’es quand même pas sa fille ou un truc dans le genre ?

J’ai la bouche entrouverte. Attends… J’étais p’tètre devant la fille de Jimmy Reed ? A presque flirter avec elle au bord de la mer ? Bordel, le bruit que ça ferait dans tout L.A. si les gens apprenaient que Reed avait une fille…

-Si c’est le cas… J’comprends que tu ne sois pas emballée à l’idée de le rencontrer.

Et je plongeai mon regard dans le sien en prenant un air sincèrement compatissant. J’crois pas être encore assez tordu pour imaginer un tas de plan qui pourrait faire chier Reed parce que j’avais réussi à entrer dans les bonnes grâces de sa fille. Il a de la chance.

-Mais tu sais, t’as pas forcément besoin de lui pour vivre… Si ça tombe, il ne va rien t’apporter de positif… Ici, a L.A., tu vas rencontrer un tas de gens qui prendront soin de toi mieux que lui à mon avis. Et si tu veux vraiment que Reed te remarque et lui montrer que tu rigoles pas, j’connais un type qui travaille dans le journalisme people…

J’souris en lui tendant à nouveau la bouteille ne la lâchant pas du regard.

@ Billy Lighter

Non, j’regrettai pas cette petite virée au bord de la mer. L’adolescente avait beau, au départ, avoir l’air d’un peste avec une grande gueule, elle était, en fait, une fille qui aime s’amuser. Et j’aime aussi m’amuser. Donc, j’regrettais pas. Et elle ne regrettait pas de m’avoir suivi. Je souris pour répondre à son clin d’œil.

Elle a une bonne descende Olivia. J’voyais à ses p’tites grimaces qu’elle trouvait toujours ça bien dégueulasse. Mais elle buvait. Et de plus en plus vite. Elle apprenait vite. Elle avait vite appris à maitriser Pac Man. Mais sa soif d’apprendre ne se limitait pas aux jeux d’arcade. Elle apprenait vite à tout ce qu’elle touchait.

Mais l’alcool, c’était l’alcool. Et ça fit parler l’adolescente qui m’avoua qu’elle faisait bien partie de la famille de Reed. Mais j’pigeais pas tout. J’pigeais pas le lien réel qu’elle avait avec le connard. Et j’pigeais pas qu’il ne savait pas qui étaient les membres de sa famille. Elle déclara être la branche cassée de l’arbre. Une histoire de secret. J’plissai les yeux. J’pigeais toujours pas.

-Ouais… A L.A. tout se sait vite.

Et puis, j’finis par percuter. Olivia devait être la fille de Jimmy. Il suffisait que je rassemble tout ce qu’elle m’avait dit pour en arriver à cette conclusion. Et elle le confirma à sa manière.

-Putain, c’est dingue…

Elle me pinça le nez et finis par éclater de rire sans trop de raison. Je rigolai à mon tour et la laissai secouer, sans raison toujours, mon doigt. Les effets de l’alcool commençait à se voir. Et j’crois qu’elle commence à y prendre goût parce qu’elle fait la moue à chaque fois que j’bois un peu trop ou un peu trop vite. Et je sacrifiai, donc, mon alcoolisme pour lui permettre d’avoir un peu plus accès à la bouteille.

J’compatis à son histoire de père-fille qui partait mal. Et j’lui proposais même de parler à un journaliste people pour faire éclater l’histoire au grand jour. J’suis sûr que ça ferait bien chier Reed d’apprendre que tout L.A. sait pour sa fille cachée. Et ce qui fait chier Reed, ça m’amuse. Olivia descendis un peu plus la bouteille. Et je ne pus m’empêcher d’afficher un grand sourire devant une si belle descente. Mais elle refusa le journaliste. Elle voulait rencontre le p’tit connard avant et essayer de bâtir quelque chose avec lui.

-Ouais j’comprends. Il te faudra du courage pour faire ça. J’te dis, ce type c’est un connard. Mais si j’peux t’aider d’une façon ou d’une autre, tu peux me demander. J’te promets que j’ferais tout mon possible pour t’aider.

J’me vois pas aller taper avec elle à la porte de Reed. Mais j’pouvais l’aider à encaisser le coup si ça se passait mal. J’avais de l’alcool à volonté. Et d’autres trucs si elle voulait. Et, on pourra s’venger ensemble quand elle se rendra compte que ce type n’en vaut pas la peine. Bientôt, elle verra qu’on n’a pas besoin de famille de sang pour s’en sortir à L.A. Les amis suffisent.

Je me tus pour regarder Olivia. Le silence se fit entre nous. La bouteille était déjà presque vide tellement l’adolescente avait une bonne descente. Et, alors que je ne m’y attendais pas du tout, elle se pencha vers moi et posa ses lèvres sur les miennes. Je fermai instinctivement les yeux. Je sens l’inexpérience totale dans son baiser. Mais c’était prometteur. C’était un baiser coincé entre un baiser d’adolescente et celui d’une jeune femme. Je le la retins pas. J’l’avais laissé faire.

Je la laissai briser elle-même le baiser. Je souris, un peu charmeur.

-Là, j’m’y attendais pas. T’as réussi à bien me surprendre.

Je sentais bien qu’elle avait largement été aidée par son état. Ses lèvres avaient d’ailleurs une délicieuse saveur de whisky.

-Je note que ce n’est pas ton premier baiser. Ça se sent. Même si... Il y a encore cette touche d’inexpérience.

J’me place encore en grand professeur qui apprend des trucs à Olivia. J’lui avais appris à jouer à Pac Man. J’lui avais appris les bases de la conduite. J’lui avais appris à apprécier le whisky même si elle le trouvait dégueulasse. J’pouvais bien me risquer à lui apprendre à embrasser.

-Tout n’est pas dans le baiser. Il faut que ton corps suive le mouvement.

Je lui souris intensifiant mon regard. Et je l’embrassai à mon tour me penchant vers elle. Je posai ma main sur la haut de sa hanche en touchant un peu sa peau, parce que son t-shirt s’était légèrement relevé. Mon autre bras faisant appuis sur le sol sableux. Mon baiser était plus intense et un peu plus fougueux que le sien.

C’était la leçon numéro 4.

@ Billy Lighter

Qui aurait pu parier un sous sur le fait que j’allais rencontrer la fille cachée de Reed en allant à la salle d’arcade ? Bah, pas moi… Et c’est p’tètre pour ça que j’gagnais pas toujours mes paris et que j’devais, du coup, des dettes à plein de gens.

Mais c’était bien avec la fille du type à qui je dois plus de 100 000 dollars que j’étais sur la plage aujourd’hui. Et, sur quelques heures avec elle, j’lui avais déjà appris bien plus que son propre paternel. C’était drôle la vie, quand même. Le p’tit connard devrait effacer ma dette rien que pour toutes les leçons de vie que j’enseignais à sa p’tite Olivia.

Et, après avoir parlé de son père et descendu presque toute la bouteille de whisky, Olivia m’embrassa sans que je m’y attendre vraiment. Un p’tit baiser maladroit. Mais prometteur… Et j’lui disais qu’elle me surprenait. J’m’attendais pas à devoir passer à la leçon du baiser si vite. J’pensais même pas vraiment y arriver un jour. Mais la circonstance et l’alcool on fait qu’on en était là. Et l’adolescente affirma s’être surprise elle-même. Je souris.

C’était son premier baiser. Et ma supposition se confirma quand le visage d’Olivia redevint tout rouge. Elle rigola pour reprendre un peu contenance. Elle était mignonne quand elle essayait de garder la face. Une p’tite adolescente qui tente ses premiers baisers, c’était drôle à voir. Et j’pouvais lui donner quelques trucs pour que les suivants soient encore meilleurs.

C’est ce que je fis en l’embrassant à nouveau. Je ne me contentai pas d’un p’tit baiser chaste sur ses lèvres. J’lui montrais le baiser. Le vrai. Je fermai les yeux ma langue cherchant la sienne. Et quand elle la trouver c’était non pas pour mener une bataille de dominance comme ça aurait été le cas avec une partenaire plus expérimenté. Mais pour l’aider à maitriser l’art du baiser.

Je posai ma main sur sa hanche. Et j’sentis les petits frissons parcourir le corps d’Olivia. Elle ne savait pas encore quoi faire de ses mains, ni quel position adopter. Ce n’est qu’après quelques secondes qu’elle se décida à poser sa main sur mon épaule dénudé. Puis, sur ma nuque. De mieux en mieux.

Je ne brisai pas le baiser. C’était pas encore le bon moment. Je la fis se coucher sur le dos pour que ses deux mains soient libres. Je me positionnai à moitié au-dessus d’elle prenant toujours appuis sur mon bras pour ne pas lui tomber dessus. Je remontai ma main le long de son corps touchant sa peau de satin et entrainant avec moi son t-shirt. J’arrêtai le baiser au moment où mes doigts avaient commencé à toucher le dessous de son soutien-gorge. Ma main s’arrêta aussi mais ne bougea pas de sa position. Je rouvris les yeux. Et je souris, mon visage au-dessus de sien.

-C’est ça un vrai baiser.

Je n’en dis pas plus. J’me contentai de la regarder dans les yeux avec mon p’tit sourire charmeur. Et d'attendre de voir si ma leçon avait fait son p'tit effet.

@ Billy Lighter