Je venais de raccrocher le téléphone après la nouvelle de Frances… Maritza Cortez – la petite amie de Jim – était à l’hôpital après avoir reçu une balle en pleine poitrine. Je savais que les chances pour que le coupable de cette tragédie soit mon oncle étaient grandes.

Personne d’autre que lui ne savait que Jim était le chef des Los Diablos – sans compter les méthodes employées qui ressemblaient parfaitement aux méthodes de la Casa Nuova.

J’avais l’estomac noué et la première chose à laquelle j’ai pensé après ce coup de fils c’était à Samantha. Je savais que son plan la mettait en sécurité – mais ce que je venais d’entendre au téléphone me donnait envie d’être près d’elle et de m’assurer qu’elle allait bien. Je venais de poser mes bagages dans ma villa pas plus tard qu’hier soir – après une longue tournée – et je n’avais pas encore eu le temps d’aller voir Samantha.

Il était temps que je le fasse !

Avant de partir et pour me remettre du coup de fil – j’avais dû m’asseoir un moment pour bien assimiler ce que je venais d’entendre de la bouche de Frances. Putain – Maritza Cortez n’avait strictement rien fait ! Celui qu’Angelo aurait dû viser c’était Jim – pas sa petite amie ! Tout comme il n’avait pas le droit de viser Tony…

Il m’avait fallu le temps – et pas mal de whisky – avant que la nouvelle ne fasse son chemin et que j’arrive à me déplacer jusqu’à ma voiture pour foncer à toute vitesse à l’hôtel où résidait Samantha depuis que Fleming l’avait agressée. Je n’avais pas la conscience tranquille – et ça même le whisky ne pouvait rien n’y faire… L’idée que ce qui était arrivé à Jim m’arrive n’était que trop présente dans ma tête.

Putain comment on n’en était arrivé là ?

J’étais arrivé à l’hôtel me rendant – très vite – compte que j’avais peut-être un peu trop abusé du whisky. Ce n’est pas tant la quantité mais la vitesse à laquelle j’avais enchainé les verres qui rendait mon équilibre instable.

Ça n’avait pas empêché la réceptionniste de me donner le numéro de chambre de Sammy… Je n’avais plus vraiment peur de L.A.People – le plan de Samantha permettait qu’on soit vu ensemble en public.

J’avais grimpé les étages en ascenseur. Mon regard – d’habitude si vif et enjoué – était vitreux. Comment allait Jim ? Est-ce que Maritza allait s’en sortir ? Si je n’avais pas osé aller directement au Los Robles c’est sûrement parce que – au fond – j’avais peur de la réponse.

Parce que j’avais peur de voir la peur – ou quelque chose de semblable – dans le regard de Jim. Mon meilleur ami était un calculateur et un homme sûr de ce qu’il faisait – je n’avais pas envie de le voir douter une seule seconde.

Parce que ça voudrait dire qu’on est en train de perdre la guerre.

La porte de la chambre de Sammy se dressait devant moi – j’avais toqué plusieurs fois d’affilées.

-Samantha mia. C’est moi, dis-je en parlant assez fort que pour qu’elle puisse entendre.

Mamma mia – faites qu’elle soit là. Faites qu’elle aille bien !

@ Billy Lighter   

Je faisais les cents pas dans ma chambre depuis que je savais Daniele de retour.  Malgré l’envie dévorante de le retrouver, je m’étais abstenue, lui laissant le temps de souffler avant de lui sauter dans les bras et puis j’aimais bien l’idée de me laisser désirer bien qu’il soit permis de se demander à me voir aller qui désir qui.

Je recommence à vivre depuis que j’ai la bénédiction de mon beau-père pour vivre ouvertement ma relation avec Daniele, bien que pour Angelo, ce soit pour une toute autre raison, bien moins romantique qu’un amour de jeunesse retrouvé.  J’avais hâte de savoir s’il avait trouvé une façon de nous sortir de là, puisque notre couverture ne demeurerait pas éternelle.

Il fallait la jouer stratégique, se plier aux règles d’Angelo, que je lui fournisse des comptes rendu détaillé de tout ce que fera Daniele et qui puisse de près ou de loin aider le plan machiavélique d’Angelo. Il faudra lui imaginer des informations plausibles mais complètement fausses, faire en sorte que la contradiction soit assez subtile mais pas trop pour qu’Angelo n’ai d’autre choix que de me laisser jouer l’agent double le temps que nous ayons notre solution.

Mais dans l’immédiat, je pouvais souffler un peu et me sentir en sécurité. Déjà, je plus craindre de me retrouver nez à nez avec Edward Fleming était un pas de géant. Je dormais mieux, je faisais mieux mon boulot chez MTI, je me sentais revivre.

Devrais-je l’appeler ? Daniele, devrais-je lui passer un coup de fil ? La jouer subtile, l’inviter ici ou me faire inviter chez moi, après tout…  il y a longtemps que nous ne nous sommes pas vu et sauf pour quelques innombrables appels, il me semble que j’ai encore tant à lui dire.

Je me retiens quand même, je lutte très, très fort avec moi-même pour résister à la tentation, passant le temps en profitant du jacuzzi, en balayant toutes les chaînes jusqu’à tomber sur un bon film qui me garde captiver un petit bout de temps, en écoutant le dernier album de The Lightening qui alimente les discussions et déchaîne les passions.

Cet album est génial, n’en déplaise aux prudes de ce monde. Je suis une femme et je sais faire preuve de discernement, j’utilise mon jugement et comme le chapeau de leurs paroles ne me va pas, je ne le porte pas ce qui me permet probablement d’apprécier au plus haut point l’œuvre de mes petits protégés.

Je venais d’appuyer sur le bouton pour rembobiner la bande quand j’entendis frapper à ma porte. C’est plus fort que mon, mon cœur bondit d’excitation, et s’emballe quand je reconnais la voix qui m’appel depuis l’autre côté de la porte.

Je me dirige vers la porte en sautillant, littéralement de bonheur et, quand j’arrive devant, je fige, le temps de prendre quelques respirations et de prendre un air désinvolte. Puis j’ouvre la porte et je le vois, les yeux rougis par l’alcool, la posture plus ou moins certaine et le regard éteint.

- Daniele ? Entre, je t’en pris…

Je ne m’attendais pas à le retrouver dans un état aussi… épuisé ? Le décalage horaire est un fléau de l’enfer mais ça semble être plus profond que ça. Je l’invite à entrer en m’écartant de la porte et, quand il est à l’intérieur et que j’ai refermé la porte, je l’enlace, passant mes bras autour de sa taille.

- Qu’y a-t-il, amore ?

J’ai peu qu’il me dise que quelque chose est arrivé au petit, ou à Erik. Ou bien qu’un message menaçant l’attendait à son retour à la maison. Je redoute qu’il m’avoue n’avoir trouvé rien de mieux que de supplier son père pour un coup de pouce ou pire, qu’il regrette mais qu’il ne désire plus continuer avec moi.

Suspendue à ses lèvres,  et le tenant toujours d’un bras derrière son dos, je passe mon autre main dans ses cheveux.

- Je t’écoute, dis moi tout.

@ Billy Lighter

Vous n’imaginez pas à quel point j’étais soulagé de voir Samantha - pleine de vie et avec toute sa désinvolture – venir m’ouvrir. Le coup de fils additionné à l’alcool me faisait entrevoir toujours les pires des scénarios. Il était – pourtant – irrationnel de penser que Samantha ait subi le même sort que la pauvre Maritza… Parce que nous avions un plan et qu’Angelo ne lisait pas encore dans les pensées.

Sammy m’avait fait entrer dans sa chambre d’hôtel. J’y étais entré tel un automate – avec un regard un peu hagard. L’alcool rendait mon équilibre très bancal. J’aurais voulu exprimé ma joie de la voir en vie mais c’était comme si je ne pouvais me déplacer qu’au ralenti.

D’habitude quand j’étais angoissé, j’étais une vraie pile électrique… Seulement, je n’étais pas vraiment angoissé – j’étais sous le choc.

Samantha m’avait enlacé et j’avais réussi à la serrer contre moi. Mamma mia – le bien que ça me faisait d’être tout contre elle.

Samantha avait bien vu qu’il s’était passé quelque chose – mon état n’était pas dissimulable de toute façon. Putain comment j’allais lui expliquer ça ? Par où j’allais commencer ? Savait-elle ce qu’il s’était passé ? Non, elle ne savait pas, sinon elle n’aurait pas eu une mine enjouée en m’ouvrant. Samantha ignorait ce qu’il était arrivé à Maritza – c’était évident.

-J’ai reçu un coup de fils, dis-je Samantha toujours contre moi. La petite amie de Jimmy Reed s’est fait tirer dessus en pleine poitrine… Elle a été emmenée à l’hôpital… Je…, dis-je en m’arrêtant ma voix ayant tremblé un peu.

Mon amitié avec Jim était de notoriété publique… Ce qui ne l’était pas c’était que Jim était leader des Los Diablos. Seulement, Samantha étant proche d’Angelo depuis des années, je pensais qu’elle était – probablement – au courant pour Jim et son affiliation aux Los Diablos.

-Je pense que c’est Angelo qui l’a fait descendre…, soufflais-je encore choqué par tout ça.

C’était la preuve – incontestable – qu’Angelo était capable du pire… Tuer des gens innocents pour nous atteindre – moi et Jim – ne l’arrêtait pas. Son envie de pouvoir et de vengeance était trop grande.

-Putain, Sammy… Tu ne sais pas à quel point je suis soulagé que tu n’aies rien, dis-je alors que l’alcool rendait mon discours un peu décousu.

Il me fallait – pourtant – encore un verre. C’était bien ça le pire. Quand je commençais, il était difficile de m’arrêter en si bon chemin.

@ Billy Lighter   

Daniele se tient devant moi, l’air complètement atterré. De le voir ainsi me fait craindre le pire, jamais il n’a montré si ouvertement être dépassé et je crains d’apprendre ce qui a pu le mettre dans cet état.  Je le fais entrer, inquiète et l’enlace autant pour lui montrer que, peu importe ce qui arrive, nous saurons l’affronter ensemble, et me rassurer.

Le suspens est insupportable.

J’ai besoin de savoir, prête au pire, probablement comme il l’a été quand il a ouvert les yeux en Australie et qu’il a comprit que si je me trouvais dans sa chambre d’hôtel c’est que quelque chose n’allait pas et était suffisamment grave pour que j’ai quitté Los Angeles.

Daniele lève le voile.

Un voile gris, lourd, meurtrier.

La petite amie de Jimmy Reed, à la tête de BSC, maison de disque concurrente de celle pour laquelle je travail, s’est fait tirer en pleine poitrine et se trouve présentement hospitalisée, fort probablement dans un état critique mais toujours en vie, sinon Daniele aurait dit qu’elle avait été abattue. Il n’avait pas besoin d’ajouter qu’il croit Angelo responsable de ce crime pour que j’en tire la même conclusion.

Je sais les deux hommes très proches et qu’Angelo est prêt à tout pour faire passer son message.

Ma main plaquée sur ma bouche, stupéfaite, triste et en colère, je réalise qu’Angelo est prêt au pire pour terroriser Daniele. S’il a accepté de me laisser jouer les agents doubles, ce n’est pas sans quand même le priver de s’amuser un peu.

Erik pourrait bien être le prochain.

- Quand est-ce arriver ?  Est-ce que…

J’allais demander si quelqu’un savait quelque chose mais je me doute bien que celui qu’aura mandaté Angelo n’aura pas laissé sa carte de visite sur les lieux du crime.

- Je vais bien mon amour.

Je l’entraîne vers un fauteuil, pour qu’il puisse s’y assoir avant que ses jambes ne le lâchent et, quand il est assit, je prends un verre et une bouteille de whisky, peut-être pas le sien mais un d’une aussi bonne qualité puis je m’installe a ses côtés, plaçant le verre et la bouteille devant lui.

Un grand sage à dit un jour que l’alcool n’a jamais arrangé les problèmes mais le lait et l’eau non plus alors aussi bien s’étourdir un peu.

Je suis consternée, sous le choc, assise sur le fauteuil le dos courbé me tenant la tête entre mes mains, mes coudes sur mes genoux.  Nous nageons en plein cauchemar qui ne semble pas vouloir prendre fin.

- J’aurais pu le faire. Quand je suis allé le voir pour lui dire que je t’ai séduit dans le but de t’espionner. Daniele j’aurais pu le faire à ce moment là.

Et il n’aurait pas donné l’ordre de tirer sur cette femme.

Il faut que ça cesse, toutes ces victimes collatérales, je n’en peux plus.

Je prends une grande inspiration. Puis me redresse pour appuyer ma tête contre l’épaule de Daniele.
- J’ai peur que Fleming  fasse fit des ordres d’Angelo pour se venger de moi et qu’il décide d’agir aléatoirement.

Tout est maintenant possible.

@ Billy Lighter

Je venais de tout dire à Samantha – pour Maritza et pour mes soupçons. J’étais toujours choqué par le coup de fils de Frances. Je n’arrivais pas à prendre du recul pour le moment – c’était trop récent…

Les choses avaient aussi choquées ma petite amie. Les morts au travers de la mafia avaient déjà touché Samantha à trois reprises. Elle venait maintenant de toucher Jim en plein cœur – car je savais que, ça, ça devait l’avoir fortement touché. Combien de temps faudra-t-il avant que la mort touche mes proches de plein fouet ?

Putain – j’étais sûr que ce n’était qu’une question de jour ou, au mieux, de semaines… Je savais que Tony était le prochain sur la liste…

-C’est arrivé aujourd’hui plus tôt dans la journée, je pense, dis-je l’air encore hagard.

J’avais perdu la notion du temps depuis ce coup de fils – alors j’avais buté sur mes mots et hésité pour donner à Samantha la réponse que je venais de lui donner.

Samantha – elle – était bien en vie ce qui m’avait offert un soulagement sans nom. Encore plus quand elle avait confirmé aller bien.

Je m’étais laissé entrainer par elle sur le fauteuil. Je m’y étais assis tel un automate – le regard toujours hagard. La brève conversation que j’avais eue avec Frances me revenait tout le temps en tête. J’avais peur que cette même fatalité s’abatte sur Sammy, Erik et Tony… Je savais – maintenant – qu’Angelo ne touchera pas à un de mes cheveux tant que tout mon monde ne sera pas détruit et qu’il ne m’aura pas fait souffrir de la pire des manières.

Ma Samantha avait été cherché du whisky et à peine la bouteille avait-elle était posée sur la table que je m’étais rué dessus pour remplir le verre. Je n’avais pas regardé la marque – ni rien de toute ça – j’avais tout de suite bu plusieurs grosses gorgées.

Sammy avait des regrets – celui de ne pas avoir tué Angelo elle-même quand elle en avait eu l’occasion. Nous avions déjà eu cette conversation mais je reconnaissais là le sens du sacrifice de Samantha.

Seulement, je ne voulais pas qu’elle se sacrifie – parce que ça signifiait que j’allais la perdre…

Je ne voulais pas la perdre – surtout pas maintenant que je l’avais retrouvée.

-Tu l’aurais fait c’est toi qui te serait fait tiré dessus, Sammy… Tu l’aurais fait Luca aurait envoyé quelqu’un te tuer, dis-je sur un ton qui trahissait tous les sentiments qui me traversaient en ce moment – la peur, la colère, l’impuissance et la tristesse. Et je n’ai pas envie de te perdre…

Le sang aurait entrainé le sang – c’était toujours la même histoire. Samantha aurait tué Angelo, Luca aurait tué Samantha – et ça aurait continué encore et encore jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne. C’était la putain de réalité !

Putain et c’était ma faute ! C’était moi qui avait lancé ce cercle vicieux de vengeance en donnant Luigi Conti à Brooklier qui – lui – continuait ses petites affaires comme si de rien n’était.

J’avais bu le reste du verre et m’en était servi un autre. La tête de Samantha s’était reposée sur mon épaule alors qu’elle avait toujours peur de la menace Fleming – donnée imprévisible dans un jeu qu’on était en train de perdre.

-C’est pour ça qu’il faut que tu fasses attention à toi… Fleming ne pourra pas attaquer en plein jour là où il y a des gens. Il faudra qu’on fasse attention jusqu’à trouver un moyen de le mettre hors-jeu, dis-je mon regard plein d’inquiétude tout de même. Il sait que tu vis à cet hôtel ?

La question était importante… Il fallait que je sache si – ici – Samantha était à l’abri… Je ne savais même pas si chez moi c’était plus sûr… Avoir tous les gens que j’aimais sous le même toi était tout aussi dangereux – ça pourrait permettre à Fleming de s’en débarrasser tous en même temps.

-Putain, Sammy… Je ne sais pas quoi faire…, dis-je complètement dépassé comme jamais je ne l’avais été avant.

Angelo m’avait mis au pied du mur…

@ Billy Lighter   

Ce qui se passe en ce moment est d’une tristesse sans nom.  Pour être passé par là trois fois plutôt qu’une, je peux comprendre parfaitement bien comment se sent Daniele. Le sentiment d’impuissance, d’incompréhension mêlé à la douleur et au chagrin vient nous bouffer par en dedans, c’est comme si l’air remontait par la gorge et nous empêchait de respirer à nouveau.

Quel gâchis !

Puis je persiste à croire que j’aurais dû le faire moi-même. La petite amie de Jimmy Reed serait fort probablement dans les bras de l’homme qui l’aime en ce moment et non pas dans un état incertain à l’hôpital. Je m’en veux et je m’en voudrai toute ma vie si cette femme devait ne pas survivre.

C’est un peu ce que je veux dire à Daniele, quand je lui répète que j’aurais dû le faire. Je sentais que je pouvais, quand il était là, assit devant moi à boire son verre, pénard. À jubiler de me savoir tenir son neveu dans ses filets.

Mais Daniele m’a demandé de ne pas le faire, de ne pas me mettre en danger pour lui. Et puis il a raison. J’aurais déclenché une véritable chasse aux sorcières et attiré sur moi les foudres du clan Conti. Autrement dit, je n’aurais fait qu’amplifier notre problème qui est déjà bien assez gros.
Beaucoup trop gros.

Je suis dépassée par tout ça, doutant de plus en plus que nous puissions avoir la moindre petite chance de nous en sortir. Le mieux que nous puissions faire serait de fuir mais ça aussi, nous en avons parlé, déjà et ça ne ferait rien de plus que de retarder l’inévitable. Jamais plus nous ne serons tranquilles. C’est une question de temps avant qu’une nouvelle victime ne tombe sous la folie de vengeance.

Edward Fleming  me fait très peur. Je sais de quoi il est capable, plus encore avec la nouvelle que vient de m’apprendre Daniele, bien qu’il n’a pas encore revendiqué le crime, je suis certaine que je l’apprendrai tôt ou tard. Je suis traversée d’un frisson de frayeur et trouve mon réconfort en m’appuyant contre le corps chaud de Daniele, ma tête contre son épaule.

- Je n’en sais rien. Je fais toujours un millier de détour, je ne conduit même plus moi-même, je change quatre fois de taxi…

Je suis devenue parano depuis qu’il s’est introduit dans mon appartement.  Je prends une multitude de précautions, ici, à l’hôtel et même au travail. Je demande aux chauffeurs de taxis de changer de direction à tout bout de champ, je suis entrain de rendre le service de l’hôtel complètement cinglé avec mes demandes. Je crois cependant être plus en sécurité ici que chez Daniele, même si je donnerais tout pour dormir chaque nuit dans ses bras.

Puis, je lève la tête et regarde Daniele, muette, une boule douloureuse se formant dans mon estomac.  Tout ce que je trouve à faire c’est d’entrelacer nos doigts, de tourner son visage pour que je puisse le regarder dans les yeux et de poser ma main délicatement sur sa joue.

Le plan était si simple.

Trop simple.

Et il fonctionnait parfaitement bien jusqu’à maintenant. Nous avons été reculés au début de l’équation et nous devons recommencer, encore.

- Et si je partais avec Tony. Ton père… peut-être qu’il est finalement notre seule option.

@ Billy Lighter

L’étau se resserrait autour de nous et Fleming était bien trop imprévisible – au point que j’avais peur que Samantha ne soit pas à l’abri même à l’hôtel. Chez moi, ça serait encore pire. Je ne voulais pas rassembler toutes les cibles potentielles d’Angelo au même endroit – c’était bien trop risqué ! Restait à savoir si Fleming savait que Samantha résidait à cet hôtel ou non… Seulement, elle-même n’en savait rien et elle prenait toutes ses précautions pour éviter que le soldat d’Angelo ne la trouve. Elle était devenue paranoïaque – et à raison…

Ma pauvre Sammy – je voudrais tellement faire plus pour pouvoir l’aider… Seulement, j’avais du mal de réfléchir comme il faut et encore plus depuis que j’avais appris ce qui était arrivé à Maritza Cortez. Jim était maintenant touché lui aussi… J’avais l’impression de jouer une partie de Stratego mais en ayant perdu mes meilleurs pions… Alors qu’à Angelo, il lui restait tous ses meilleurs atouts dont ce Fleming qui terrifiait Sammy.

-Je crois que c’est suffisant pour que Fleming ne te trouve pas, dis-je pour essayer de la rassurer – ne serait-ce qu’un tout petit peu.

Mais était-ce vraiment assez ? Je ne saurais le dire… Je savais que ça devait être invivable pour Sammy – être sans cesse sous pression et devoir prendre les plus grandes précautions pour ne pas finir face à ce type.

-Espérions qu’Angelo sache le tenir, dis-je en soupirant et en serrant la main de ma Samantha.

Ce qui était sûr c’est que je ne savais pas quoi faire… Je venais d’en faire l’aveu – et, putain, c’était douloureux. Le grand Daniele Ricci ne savait pas quoi faire contre Angelo et ses soldats – les pions de mon oncle étaient trop biens placés et moi, j’avais bien trop de monde à protéger… J’aurais pu demander de l’aide à Brooklier mais je n’osais même pas imaginer ce qu’il me demandera en retour… Jim était sûrement – à l’heure actuelle – K.O. debout…

Restait Antonio… Samantha y avait pensé en même temps que moi - même si j'avais déjà évoqué l'idée quand elle m'avait rejoint en Australie. Elle voulait partir avec Tony et mon père était une solution pour leur assurer leur sécurité – c’était l’idée de dernier recours mais n’était-ce pas là où on en était ?

-Peut-être…, dis-je en soupirant et en serrant un peu plus sa main.

Loin d’Angelo, Tony et Samantha seront en sécurité – c’était évident. Mon oncle ne les retrouvera jamais et je pourrais régler ces affaires-là en paix quitte à demander de l’aide à Brooklier…

-Seulement, je ne fais pas confiance à Antonio…, dis-je en lâchant la main de Samantha pour me resservir un verre.

Je ne connaissais pas Antonio – c’était une évidence… Je ne saurais pas dire s’il sera en mesure de protéger Samantha et Tony. Je ne savais même pas s’il le voudrait. En plus, j’avais la nausée rien qu’à l’idée même de lui demander de l’aide. Je vivrais ça comme le pire échec de ma putain de vie.

-Mais je peux louer une maison au Canada ou dans un pays de ce genre pour que vous puissiez fuir, toi, Tony et Erik, dis-je en regardant Samantha droit dans les yeux. Loin d’Angelo vous serez en sécurité. Il ne vous retrouvera pas… Pendant ce temps-là, je m’occuperais de lui, dis-je très sérieusement et en regardant toujours Samantha droit dans les yeux.

Je pourrais arranger ça dans les prochains jours – j’étais déterminé à le faire.

@ Billy Lighter   

La paranoïa est presque devenue une seconde nature, depuis que je séjourne à l’hôtel. Je déploie des efforts de tous les instants pour m’assurer que personne ne sait où je me trouve vraiment. En rentrant d’Australie, je me disais que tout ceci serait maintenant inutile puisque j’avais confiance en mon plan pour gagner du temps mais avec Edward Fleming dans les parages, je ne pouvais être vraiment tranquille.

Et, aujourd’hui, avec l’horrible nouvelle que vient de m’apprendre Daniele, je comprends que jamais je ne serai en sécurité. Si ça se trouve, mon beau-père à joué double jeu, tout comme je l’ai fait avec lui, tout comme je l’ai fait avec Edward. Dans ce moment, on ne peut avoir confiance qu’à soit même.

Et encore… il ne faut pas parler pendant son sommeil !

Je soupire, stressée et peu convaincu quand Daniele suppose qu’Angelo puisse tenir les cordons de Fleming bien serrés. J’en doute, c’est bien ça le problème.

Dans l’immédiat, la seule option encore possible que je vois reste e faire appel aux services de mon beau-père. L’ancien… ou le nouveau, enfin, le père de Daniele. L’idée elle seule me rebute et je préférerais mourir plutôt que de lui être redevable mais si ça peut sauver la vie de l’homme que j’aime et de son fils, je suis prête à piler sur mon orgueil.

Enfin, il faut savoir choisir ses combats, surtout en temps de guerre !

Mais à l’idée que je propose, initialement proposée par Daniele lui-même, il me confi ne pas avoir confiance en son père. Rien ne surprenant, mais n’empêche qu’il semblait  avoir espoir en cette possibilité, en Australie.

Nous voilà donc bien mal avancé.

Daniele lâcha ma main pour se servir un autre verre et moi… et bien moi je bus une longue rasade à même la bouteille. Au point ou nous en sommes…

Sauf que je passe près de m’étouffer en l’entendant proposer une fuite au Canada pour moi, Eril et le petit Tony.

- Daniele… Daniele écoute moi mon amour !

Je me retournais sur le fauteuil pour qu’il me regarde, prenant délicatement son visage entre mes mains froides de peur.

-  Envoie Erik et Tony au Canada. Mais moi, je reste avec toi !

Il est hors de question que je me sépare de lui.

- Si nous écoulons nos dernières heures, je préfère les vivres avec toi que sans toi et mourir de peur à chaque seconde. Nous venons à peine de nous retrouver, jamais plus je ne me séparerai de toi !

Je n’ai jamais autant aimé quelqu’un comme j’aime Daniele. Il fut mon premier amour et je compte bien qu’il soit le dernier, qu’importe que nous soyons condamnés  ou non.

L’une de mes mains glissa sur son visage alors que je m’approchais pour l’embrasser. Je préfère vivre avec lui dans la tempête, l’affronter ensemble. C’est ce que font les couples forts. C’est ce que Daniele et moi feront.

@ Billy Lighter

J’avais retrouvé Samantha – après un temps de séparation avec la dernière phase de la tournée – pourtant notre plus grand réconfort semblait se trouver dans l’alcool. J’avais enchainé les gorgées pendant que Sammy était venu en prendre une à même la bouteille. Nos ennuis avec le Casa Nuova étaient loin d’être terminés et Fleming ne nous facilitait pas la tâche. Son imprévisibilité nous emmenait à des solutions radicales comme celle d’envoyer Samantha, Tony et Erik loin d’ici pendant que je m’occupais de la Casa Nuova.

Avais-je vraiment le choix ? Putain – je pensais bien que non… Seulement, malgré la gravité de notre situation, j’étais revenu sur mon avis de m’en remettre à Antonio. Il n’y avait pas que l’ego qui entrait en ligne de compte – il y avait aussi la confiance. Je n’avais pas confiance en mon père à juste titre. Je savais qu’il n’aimait pas Angelo – la haine qu’ils se vouaient l’un et l’autre datait de mon enfance – mais ce n’était pas pour ça que je serais prêt à lui confier la vie de Tony et de la femme que j’aimais.

Je ne savais pas combien de temps ça me prendra pour régler nos problèmes – ni vraiment la façon dont j’allais m’y prendre bien que ce n’était pas les idées qui manquaient. Tout ce que je savais c’est que savoir Samantha, Tony et Erik à l’abri me permettra d’agir plus sereinement. Je n’aurais pas à me préoccuper de leur sécurité s’ils étaient loin de L.A. – loin d’Angelo.

Seulement, Samantha voyait les choses tout autrement. Elle avait pris mon visage entre ses mains très fraiches pour me dire qu’elle ne voulait pas partir – elle voulait rester ici avec moi. Je n’avais pas non plus envie de la voir partir – même si c’était la solution la plus sage.

-Sammy…, commençais-je à dire.

Seulement, mes paroles avaient été coupées par son baiser. La chaleur que ça m’avait provoquée était plus réconfortante que le whisky. Je n’avais pas pu décrocher de ses lèvres avant de n’avoir plus aucun souffle. J’avais remis le couvert juste après – pour en profiter encore et encore.

Je savais que je ne pouvais pas accepter qu’elle reste. Elle sera bien plus en sécurité loin d’ici. Seulement, c’était lui demander beaucoup – dont renoncer à sa carrière avec The Lightening. Je savais qu’elle n’acceptera pas. Je connaissais Samantha – c’était une tête de mule comme moi. Nous serions partis dans un argumentaire sans fin jusqu’à rester sur nos positions. Seulement, je ne pouvais pas l’obliger à embarquer dans un avion direction le Canada. Elle reviendra au suivant – c’était sûr. Elle était comme ça ma Sammy.

Nous avions arrêté notre baiser – encore à bout de souffle.

-Tu sais que tu seras en danger ici. Peut-être pas à cause d’Angelo mais à cause de Fleming, dis-je en sachant très bien qu’elle savait ce qu’elle risquait. Je sais que je ne peux pas t’obliger à partir et je sais aussi qu’argumenter ne servira à rien, dis-je avec un léger sourire. Et je sais que tu ne veux pas partir même si c’est la solution la plus sage…

Elle venait de me le dire – elle ne voulait plus me quitter.

-J’enverrais Erik et Tony au Canada, dis-je bien décider à mener ce plan à bien.

Ça m’obligera à devoir dire la vérité à Erik – ou bien à inventer un bon mensonge pour le lui servir.

-Nous, on reste sur notre plan… En espérant que Fleming ne vienne pas le parasiter. Pendant ce temps-là, je jouerais de mes influences pour qu’Angelo ne nous fasse plus aucun mal, dis-je déterminé – mon regard plongé dans celui de Samantha.

C’était mon plan et nous allions affronter ça à deux…

@ Billy Lighter