Samedi soir… J’avais deux possibilités, au départ. Soit j’allais à la salle de sport et je m’inscrivais pour deux ou trois combat histoire de me défouler… Soit, je me défoulais autrement et j’allais voir Sonne. Le choix fut assez vite fait quand je passai devant la villa des Moriarty et que je vis que la voiture d’Axel était bien là. Je ne pouvais pas me risquer de téléphoner pour savoir quand le journaliste était là ou non… Alors il fallait que j’aille voir jusque-là…

Et je me fiais à la présence de sa voiture… Bien sûr, il n’y avait aucune certitude que parce que la bagnole était là, Axel était là aussi, mais comme le pourcentage de chance était plus grand, et bien j’abandonnai l’idée.

Pourtant, qu’est-ce que j’avais envie de voir Sonne ! Ce qui serait génial, ce serait qu’Axel doive assurer les date en Australie et moi pas.

Du coup, et bien je me rabattis sur les combats… Parce que je n’avais aucune envie de passer la soirée seul dans mon appartement à regarder pour la vingtième fois le même film, pas plus que je n’avais envie d’aller dans un bar parce que je n’étais pas spécialement friand des nouvelles rencontres.

Et je n’avais pas non plus envie d’aller voir Timmy, ni Stone, parce que j’avais bien trop honte encore de ce qui s’était passé à Tokyo.

Donc, je me rendis direct depuis Beverly Hills où j’étais allé voir si la voie était libre, à South L.A. où le monde commençait déjà à arriver. Et on était bien loin du beau monde de la jet-set, bien que dans le tas, il y en avait certains qui se démarquaient… Timmy venait encore bien assister et parier sur les matches, Howard aussi et dans un sens, je priais un peu pour qu’ils n’aient pas eu la même idée que moi ce soir… Parfois, on pouvait aussi voir Jimmy Reed dans le coin, mais c’était plus rare… Encore plus rare maintenant qu’il semblait casé avec la mère de la jeune chanteuse Livia.

Mais il y avait aussi un autre type de gros pontes, un peu plus nombreux, ceux-là et qui n’avaient pas spécialement fait fortune dans les domaines légaux. Parce que là où il y a des paris… la mafia n’est jamais très loin…

Quant au ring, il était parfois l’endroit idéal pour des règlements de comptes cadrés. Quelque part, ce n’était pas plus mal, entre ces gens-là, valait parfois mieux prendre une bonne branlée sur ce ring plutôt que de se faire exécuter d’une balle entre les deux yeux.

Moi, j’avais rien à voir avec tout ça… Je venais juste pour me défouler, j’étais un boxeur occasionnel et un challenger plutôt apprécié dans le domaine. Mais j’avais jamais été jusqu’à trempé dans des affaires pas claires, pas plus que je ne truquais mes matches, même pour une grosse somme. J’avais déjà eu des propositions du genre, tout comme mes aptitudes de combattant avaient déjà attiré les regards sur moi et on m’avait déjà demandé si ça ne m’intéresserait pas d’être homme de main dans une mafia ou un gang ou l’autre… Bien rémunéré, qu’ils disaient…

J’avais toujours refusé et les matches truqués et les offres d’emplois.

J’étais peut-être con, mais pas à ce point-là.

Je m’étais inscrit, près du bookmaker, pour un premier combat et j’avais tiré mon adversaire au sort dans un chapeau plein de petits papiers. J’avais tendu celui que j’avais pêché au bookmaker qui avait noté les noms sur un tableau.

-Amon Sørensen VS Edward Fleming… ça promet !

Il me sourit et me souhaita bonne chance avant de se mettre à évaluer nos quotes respectives. Quelques minutes plus tard, tout ça était annoncé au micro, de même que les paris étaient ouverts.

Moi, je me faufilai dans la foule des parieurs qui buvaient et discutaient afin d’aller me préparer dans les vestiaires.

Là, je croisai Edward… Je le connaissais depuis un bon bout de temps et je savais que c’était un adversaire de taille… et un sale vicieux.

-T’es mon premier adversaire, ce soir.

J’allais encore aller bosser avec des bleus lundi…

@ Billy Lighter

Djibril était mort. Une bonne affaire de faite. Ça avait été presque trop facile. Les petits consommateurs étaient souvent des poules mouillés qui n’avaient rien dans le ventre. Je préférais m’occuper des vrais ennemis d’Angelo. Des dealers et des soldats d’autres mafias. Ça c’était intéressant.

Djibril m’avait donc  laissé sur ma faim et histoire de me défouler, je m’étais rendu à la salle de sport. Là-bas, je savais que j’aurais des adversaires à ma taille capables de rendre les coups. J’avais besoin de ça aujourd’hui. Parce qu’en plus d’être en manque d’adrénaline et de violence, j’étais en manque de Samantha que je n’avais plus vu depuis un moment à croire qu’elle m’évitait.

J’étais sûr qu’elle m’évitait. Et, si ce petit jeu m’avait amusé jusqu’ici, il m’énervait désormais. Je la voulais… Je l’aimais…

C’est en pensant à elle que je m’étais inscrit pour les matches de ce soir. Je ne savais pas qui allait être mon premier adversaire. C’était le hasard qui décidait même si c’était souvent les mêmes têtes qui venaient ici. Parfois, il y avait des petits nouveaux. Comme la semaine dernière où j’étais tombé sur un gamin qui s’était inscrit pour la première fois et faisait le malin devant ses amis venus pour le voir et parier. Il a perdu et il est rentré chez lui défigurer. Si c’était agréable comme sensation que de remettre un gamin à sa place, ça l’était encore plus de battre un adversaire digne de ce nom.

Je finis par aller m’asseoir en fumant une cigarette le temps de savoir sur qui j’allais tomber. Je fermai les yeux restant attentifs aux annonces du speaker même si mon esprit vagabondait ailleurs. Je m’imaginais sur les routes avec Samantha à nous enfuir loin de Los Angeles en enchainant les petits crimes. Je la voulais cette vie-là autant que je voulais Samantha.

C’est le speaker qui me sortit de mon fantasme en annonçant mon combat contre Amon. J’esquissai un sourire. Le journaliste people était doué. Il m’avait battu plus de fois que je ne l’avais battu. Il savait frapper fort mais il avait aussi de l’endurance et de la technique. Ça allait être intéressant !

J’écrasai ma cigarette et me levai directement pour rejoindre les vestiaires mon sac de sport sous le bras. J’étais le premier. Amon n’était pas encore là et je me mis à me changer pour enfiler mon short de boxe laissant mon torse nu. Un torse qui était marqué par un bon nombre de cicatrices dont une bien nette et plus petite que les autres sur ma poitrine pas loin de mon cœur. Celle que m’avait fait Alonso quand il m’avait tiré dessus il y a quelques années pour en finir avec moi.

Je commençais à mettre des bandages autour de mes mains quand Amon entra. Je levai les yeux vers lui. Il avait l’air en forme. Tant mieux. Et il constata que j’étais son premier adversaire du soir. J’esquissai un petit sourire penchant légèrement la tête sur le côté.

-Et le dernier.

Parce qu’aujourd’hui, j’allais l’avoir.

-Je ne te ferais pas de cadeaux alors j’espère que tu es en forme, sinon, je serais déçu.

Je ne lui en faisais jamais, des cadeaux. Mais ce soir, je comptais être particulièrement vicieux.

-Tu as gagné la dernière fois…

Je m’en rappelais très bien... Il m’avait mis K.O. après de longs rounds.

-Et je n’aime pas perdre…

Ma voix devint plus profonde à ces mots. La traduction était simple : « Je compte bien me venger de ça et tu vas morfler ».

J’avais achevé de mettre mes bandages.

-J’espère que tu as pris congé la semaine prochaine, Amon.

Mes phrases auraient pu être lancées sur le ton de la provocation mais ça sonnait bien trop sérieux pour être de la vraie provocation.

@ Billy Lighter

Edward, ou plutôt Ward comme tout le monde se plaisait à l'appeler, était déjà dans les vestiaires cradingues de notre salle de sport préférée. Il semblait prêt, protégeant déjà les jointures de ses poings avec des bandages qu'il plaçait méthodiquement. Et il en profitait du même coup pour exhiber toutes ses cicatrices... Cela faisait partie du show, au-delà du fait que boxer torse nu était plus confortable... Exposer les cicatrices et la musculature était une manœuvre d'intimidation parmi d'autres... Et, même si cela ne voulait pas toujours déterminer l'issue d'un combat, cela influençait aussi les parieurs à miser sur l'un ou l'autre combattant.

Au cas où il ne l'avait pas entendu et en posant mon sac à côté de lui sur le banc de bois, je lui annonçai être son premier adversaire.

La réplique fusa du tac au tac, mais ne me décontenança pas. Ward menaçait, cela faisait aussi partie du show...

Vu de l'extérieur, parce que je le connaissais suffisamment pour savoir que ce genre de truc, Ward ne le disait jamais en l'air ou pour le fun.

S'il annonçait qu'il allait me mettre ma raclée, c'était que c'était clairement ce qu'il avait l'intention de faire. D'autant que je savais qu'il l'avait mauvaise de la dernière fois. Et il n'y a pas plus dangereux qu'un animal blessé...hormis peut-être un Fleming atteint  dans son orgueil.

Je lui souris, provocateur.

-Personne n'aime perdre. C'est pour ça que je ne te laisserai pas gagner.

Par contre, vu l'état d'esprit dans lequel était mon adversaire, j'allais faire très attention. Ward était un sale petit vicieux et souvent, il frappait pour non seulement faire mal, mais surtout, faire mal longtemps.

-Et rassure-toi, je n'aurai aucun problème pour travailler la semaine prochaine.

Je m'assis sur le banc, juste à côté de lui, pour bien lui prouver que je n'avais pas peur et enlevai à mon tour mon t-shirt. Contrairement à lui, je n'avais aucune cicatrice... Seuls quelques bleus étaient encore vaguement visibles et ils dataient de mes derniers entraînements en vue des matches de ce soir.

J'enlevai également mon jeans pour enfiler mon short avant de bander à mon tour mes poings, écoutant la musique diffusée dans la salle et qui nous parvenait jusqu'ici. Je vous le donne en mille: Fireworks. C'était comme s'il n'existait plus que Fireworks à Los Angeles, pour le moment.

J'avais un petit sourire en pensant à Howard...mais vite effacé quand je pensai aux crises d'urticaires dont devait être victime mon pauvre ami Timmy pour le moment.

Tout en emballant mes poings, je regardai vers Ward, usant de la provocation pour le faire monter dans les tours. C'était une arme à double tranchant: soit, une fois sur le ring, je ne pourrais rien faire tellement il serait en rage, soit cette même rage lui ferait faire des erreurs qui me permettraient d'avoir le dessus.

Je désignai ses cicatrices d'un geste du menton.

-Tu devrais apprendre à être moins maladroit, ça t'évitera de te faire mal.

J'enfilai mes gants, les frappai l'un contre l'autre alors que le speaker annonçait déjà notre combat... Je me mis à sautiller légèrement pour m'échauffer un peu. On allait encore avoir le temps le temps des présentations et qu'une pin-up montre un peu ses formes sur le ring avant que ce ne soit à nous de jouer.

-Ta quote est à combien? Les gens misent sur toi ou sur moi, tu crois?

@ Billy Lighter

Je savais menacer, Amon savait provoquer. La différence entre nous c’était que sa provocation était du jeu alors que mes menaces, elles, étaient bien réelles. Je comptais bien le faire morfler cette fois-ci. Je n’avais pas envie de perdre même si, du point de vue d’Amon, personne n’aimait perdre et que, de ce fait, il ne me laissera pas gagner.

-Tant mieux. Je n’aime pas les combats faciles.

Mon regard était froid chaque fois que je le posais sur mon adversaire du jour. Il prétendait qu’il n’aurait aucun problème pour travailler la semaine prochaine.

-Je serais toi, je n’en serais pas aussi certain.

Je connaissais les points faibles d’Amon. La difficulté c’était de pouvoir les exploiter. De tous les boxeurs qui venaient se battre ici, il faisait partie des meilleurs parce qu’il avait une excellente technique et très peu de failles. Mais à force de me battre contre lui, j’avais réussi à déceler ses points faibles. Me rester à tirer tout ça à mon avantage avant qu’il l’arrive à exploiter les miens qu’il connaissait aussi.

Amon se changea alors que je terminai de bander mes mains. On s’échangeait des regards, ceux du Danois étant provocateur. Il jouait à ce petit jeu très souvent mais sa réplique du jour me fit le regarder avec un regard noir. Il me cherchait… Et il commençait à un peu trop me trouver.

-Tout le monde n’a pas la chance de travailler bien au chaud dans un bureau. Certains, comme moi, on des jobs bien plus intéressant que ça.

Je n’en dis pas plus maintenant que j’étais fin prêt à en découdre avec cette grande gueule qu’était Amon. J’enfilai mes gants faisant craquer quelques-unes de mes articulations. Fireworks jouait à fond dans la salle alors que les présentations n’allaient pas tarder à être fait. En entendant la musique, je ne pus m’empêcher de penser à Stone et à la haine que lui vouait Luca. Si Stone avait payé ses dettes à la Casa Nuova, il n’en restait pas moins que Luca lui en voulait toujours d’avoir couché avec Ludovica. Bref, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mon business…

C’est Amon qui me sorti de mes pensées parlant des cotes.

-Ma cote est légèrement plus élevée que la tienne.

En d’autre terme, ça voulait signifier que ma défaite était plus probable que la sienne.

-Du coup, les gens parie majoritairement sur toi… Sauf les vrais joueurs.

Nos combats étaient toujours très serrés, long et indécis jusqu’à la fin… Même si, la plupart du temps, je finissais quand même par lâcher le premier. J’étais pourtant coriace mais le Danois savait quand même m’avoir à l’usure… Pour ça que ma tactique du jour sera de terminé ça très vite. Parce que les fois où j’avais gagné, c’était les fois où le combat avait été moins long.

-Mais tu sais qu’avoir le public acquis à ma cause ou non ne change absolument rien pour moi.

J’étais même plus fort quand le public était contre moi.

Une fille vint nous chercher. C’était le moment de grimper sur le ring. Je jetai un regard à Amon lâchant une dernier chose avec de sortir du vestiaire :

-Même si tu m’as provoqués, je vais essayer de me rappeler la premier règle de ce foutu jeu…

C’était de ne pas tuer… Vern y tenait à cette règle. Et jusqu’ici, je l’avais respecté avec brio.

Je finis par rejoindre mon côté alors qu’on me présenta à que la musique se mis en route. La musique que j’avais choisie. You Know Where You Are ? de The Lightening. Je grimpai sur le ring alors que ce fut le tour d’Amon de monter sous les applaudissements et les cris d’un public à sa cause. J’avais raison… Il avait le public dans sa poche. Ça m’arracha un sourire en coin.

Quand il arriva sur le ring, je me mis en position prêt à en découdre.

@ Billy Lighter

Les hostilités étaient lancées, sur le fil du rasoir entre jeu et réelles menaces. La règle ici était de ne pas tuer et c’était une règle qui était respectée par les combattants, même par ceux qui venaient des milieux les plus dangereux. Mais on était jamais à l’abri d’un accident.

Surtout avec Ward.

Ward qui portait sur lui plus d’une cicatrice qui, même si je tournais ça à la dérision, devait prendre un match de boxe sur un ring pour de la petite bière.

Ouais, j’avais un meilleur ratio que lui. C’est-à-dire que sur tous les combats qu’on avait menés l’un contre l’autre, j’en avais gagné plus que lui. Mais c’était pas pour ça que j’allais le sous-estimer. Non. Pas avec le regard qu’il avait sur le ring.

J’étais prêt à parier que certains de ceux qui lui avaient laissé des cicatrices n’étaient plus là pour le raconter. Et il n’avait pas besoin d’insinuer qu’il faisait un sale boulot pour que je m’en doute.

Ça ne m’avait pas empêché de provoquer. Et je ne savais pas pourquoi, j’imaginais Sonne complètement terrifiée au bord du ring. Alors que Sonne n’était pas là, elle était chez elle avec ses enfants et son mari…

-Mouais… tout dépends ce qu’on trouve intéressant, Ward…

Il était temps de monter sur le ring. D’après Ward, les gens avaient majoritairement misé sur moi, ratio oblige. Sauf les vrais joueurs, disait-il.

-Ceux-là vont être déçus.

Je me levai du banc et Ward d’annoncer qu’il se foutait d’avoir le public acquis à sa cause ou non.

-Il vaut mieux… Vu que le public n’est jamais avec toi.

J’exagérais peut-être un peu… Bien que je n’étais pas si loin de la vérité. Fallait dire que Fleming n’attirait pas forcément la sympathie.

Je souris quand il me menaça une dernière fois avant de monter sur le ring sur la musique de The Lightening. Moi, ce fut sur Lost Cause de BleedingHeart que je montai sur le ring. Je crois que plus représentatif, tant pour l’un que pour l’autre, on ne pouvait pas faire.

Le public fit clairement sentir qu’il était avec moi à force de cris, sifflets et applaudissement. J’allais dans mon coin, pris un coup d’eau et…

Ouais, pour une fois, je vais mettre un protège-dents… La cloche sonna. C’était parti !

Je sautillai autour de Ward, lui filant des coups. Tête. Torse foie mais chaque fois, il parait. Heureusement, jusqu’ici, je faisais de même. On s’échauffait, on se jaugeait et chaque fois que je pouvais capter son regard, je le faisais.  

@ Billy Lighter

S’il trouvait intéressant de passer sa vie dans un bureau à raconter des conneries sur des gens qui crachaient des thunes de partout, grand bien lui fasse. Mais ça devait être d’un ennui mortel. Je trouvais mon job bien plus intéressant.

J’haussai, donc, les épaules avant qu’on ne parle de pari et que je mettais en avant que ceux qui parieraient sur moi étaient les vrais joueurs. Je ricanai un peu quand Amon déclara que ceux-là allaient être déçus.

On verra ça…

De toute façon, je n’en avais rien à faire que le public soit avec moi ou non et Amon disait qu’il valait mieux parce que le public n’était jamais avec moi. C’était une vérité. Personne n’aimait Edward Fleming dans le public. Mais je n’étais pas vraiment ici pour devenir la coqueluche du public mais pour me défouler sur des gars comme Amon.

J’envoyai un dernier regard froid et une dernière menace à Amon avant de le quitter pour rejoindre mon côté. La musique s’éleva dans la salle. Moi sur The Lightening, lui sur BleedingHeart. Ça donnait le ton.

On grimpa sur le ring alors que le public était clairement à la faveur d’Amon. Je pouvais les rendre tous très frustrées rien qu’en gagnant ce qui me donnait une motivation en plus.

Je mis mon protège dent à l’instar d’Amon et quand la cloche sonna, je me mis tout de suite en condition. Le plus vite je le toucherais, le plus de chance j’aurais de gagner.

Mais c’est Amon qui chargea le premier cherchant à me toucher à plusieurs endroits stratégiques. Mais je parais ses coups en lisant parfaitement son jeu. J’envoyais moi aussi plusieurs poings mais il para tout aussi bien que moi.

Nos regards se lâchaient rarement. C’était une façon de déstabiliser l’autre et, surtout, de pouvoir voir dans son regard s’il était sur le point de craquer ou non.

J’aimais voir ça dans le regard de mes adversaires. Mais pour ça, il fallait frapper bien et fort.

C’est ce que je tentais de faire mais Amon para à nouveau. Je sautillai cherchant la faille avec l’obligation de la trouver vite avant que le temps ne passe trop. Amon envoya alors son poing à son tour et si je parai son coup, il réussit à me faire relever trop ma garde et à en profiter pour m’envoyer un coup bien placé dans le foie.

Mon souffle se coupa brièvement et je me reculai un peu. Les coups au foie, je détestais ça. C’était les plus douloureux et ceux qui pouvaient te mettre facilement K.O. en un coup s’il était bien placé.

Mais surtout, ce genre de coup avait le don de me faire hérisser les poils de colère. Je le foudroyai du regard. Assez pour lui montrer qu’il allait me payé ce coup.

Amon chercha encore à me toucher mais je parai avant d’envoyer mon poing qu’il para à son tour. Seulement, c’était tellement puissant que ça le déstabilisa. J’en profitai pour lui foutre un poing en plein figure. Bien placé mais, surtout, puissant.

Prend ça, petit enfoiré.

@ Billy Lighter

Une fois sur le ring, je compris bien vite que la moindre petite chance de toucher Ward que je pouvais avoir, il fallait que je la saisisse. Le combat commença très serré avec nos gardes bien remontées, méfiants qu’on était l’un vis-à-vis de l’autre. Il me savait doué, je le savais méchant.

On se jaugeait, les yeux dans les yeux, sautillant sur le ring nous tournant autour, lançant de temps en temps le poing en avant.  Niveau gabarit, on était vraiment dans les mêmes rapports taille-poids aucun de nous ne jouissait donc d’un avantage à ce niveau.

Je réussis à le toucher au foie, non sans arborer un sourire en coin en reprenant ma distance alors qu’il se pliait en avant.

Mais il était beaucoup trop fort pour que cela le mette K.O. d’un seul coup. J’en avais déjà mis à terre, des combattants, rien qu’avec ce genre d’attaque, mais en générale, c’était des plus petits gabarits ou alors lorsque j’arrivais à vraiment les prendre par surprise.

Ward, lui… ça l’énerva juste assez que pour que le retour de flamme ne tarde pas. Je parai sa première tentative mais me trouvai déséquilibré dans l’effort. Ma garde se baissa et Ward m’envoya un coup en pleine figure.

Mon nez se mit à saigner. La cloche sonna une première fois.

On retourna chacun dans notre coin, le vieux Vern me fila à boire à la gourde, et m’épongea le nez. Il me demanda si ça allait et je marmonnai.

-Ouais… Ouais j’ai vu pire.

Même si je voyais un peu des étoiles. Je secouai la tête, par un réflexe purement animal, plusieurs fois. Vern me plaqua de la glace contre le nez pour stopper l’hémorragie juste avant que je ne doive me relever pour remettre ça.

Je me remis à sautiller et Ward attaqua pratiquement direct. Je parai le premier coup, pas le deuxième qui éclata ma lèvre et me remit une poignée d’étoiles dans le champ de vision. Bon… J’allais peut-être éviter d’aller voir Sonne pendant deux ou trois jours, après ça…

Mais j’avais pas dit mon dernier mot pour autant. Je parai encore une fois avant de me dire que la fiesta avait assez duré et je chargeai, vraiment. De toute ma puissance et de tout mon poids, je frappai un coup dans sa tronche pour l’amener à être acculé dans un coin. Il arriva à parer mon second coup mais pas le troisième qui atterrit à nouveau dans son foie alors que je l’acculai.

Ce fut l’arbitre qui intervint pour remettre de la distance entre nous.

J’étais bourré d’adrénaline, maintenant… Mon cœur battait fort et vite et je prenais vraiment du plaisir.

-T’es déjà fatigué ?! Hein ?!

Et le public, tout autour de nous, devenait aussi fou que moi.

@ Billy Lighter

Je venais de lui éclater le nez ce qui me fit sourire comme jamais alors que la cloche sonna. Je repartis dans mon coin alors qu’un type me fila à boire. Amon, lui, avait carrément le droit à Vern qui était l’organisateur de ces petits matchs illégaux. Amon avait toujours été le chouchou de Vern. La douleur résultant du coup d’Amon commençai déjà à s’estompé tellement j’avais l’habitude. Même si j’étais certain que ça sera bleu d’ici quelques heures.

Alors que Vern semblait demander des nouvelles d’Amon, mon larbin à moi ne me dit pas un seul mot. Il faisait juste son boulot jusqu’à ce que la cloche sonne à nouveau pour signaler le début du second round.

Je devais finir le combat ici.

Je sautillai mais ne tardai pas à lancer mes premières attaques dont une atteignit sa cible m’arrachant un large sourire. Mais je ne réussis pas à enchainer plusieurs coups tellement Amon parait bien.

Et je commençais à sérieusement perdre patience !

J’allais attaquer encore mais Amon changea de tactique et c’est lui qui se rua vers moi m’envoyant un poing en pleine figure qui me fit reculer. Je sentis le sang couler de ma pommette alors que ma vision se troubla quelques secondes. Dans un geste de survie, je parai un autre coup du Danois mais pas le suivant qui frappa mon foie me coupant encore le souffle alors que j’étais quasi dans les cordes.

Je secouai la tête alors que l’arbitre nous sépara et qu’Amon, remonté à bloc, demanda si j’étais déjà fatigué.

-Nan… C’est pas encore fini, le Danois.

Je le foudroyai du regard avant de me ruer vers lui. Il para deux de mes coups destinés à briser sa défense qui finit par flancher. Je lui envoyai alors mon poing en pleine figure à nouveau. Pourquoi ? Pour être sûr qu’en se levant demain matin et en se regardant dans le miroir, il se rappelle de moi.

J’allais le frapper encore mais c’est lui qui envoya son poing destinée à ma figure. Je parai mais j’avais remonté ma garde bien trop haut. Une erreur tactique qui me coûta cher…

Amon en profita pour taper encore dans me foie. C’était la troisième fois. Je me pliai en deux reculant pour reprendre mon souffle. Mais Amon ne me laissa pas de répit et il me frappa en pleine figure. Par chance, le coup ne me mis pas K.O. mais il brouilla ma vision me désorientant un peu.

Je secouai la tête… J’avais deux chance de gagner dans cette position : en arrivant à frapper suffisamment fort Amon que pour le mettre K.O. ou en gagnant du temps en attendant la fin du round.

Je choisi l’option un. Je me ruai vers lui mais désorienté comme j’étais mon poing passa à côté de sa cible. Pas celui d’Amon qui me frappa en pleine figure. J’entendis un long sifflement alors que les cris du public en délire me venaient de loin. Je reculai voyant des taches noires dans mon champ de vision. Je finis pas tomber sans arriver à me rattraper aux cordes. Et quand je tombai au sol, j’entendis plus rien du tout.

@ Billy Lighter

Nous n’en étions qu’au second round, mais je savais que le combat devait finir. Si nous tirions en longueur, nous n’aurions pas plus de certitude sur l’issue du match… Mais par contre, nos lésions à l’un comme à l’autre seraient plus importantes. Le sang coulait déjà. Mon nez et ma lèvre avaient pris et lui, ce fut sa pommette qui s’ouvrit.

Mais le sang, c’était bon pour le show. Moi, j’étais conscient que chaque coup porté à ma tête pouvait être celui qui me grillerait définitivement le cerveau. Ward le savait aussi et c’était pour ça qu’il frappait, systématiquement, à la tête. Et il frappait fort. Je parais bien… Mais plus le combat allait durer, moins j’allais arriver à protéger facilement mon visage.

Alors il fallait aller vite.

Je l’avais acculé, on nous avait séparés et c’était reparti pour un tour, non sans une nouvelle provocation de ma part. Parce que si j’avais bien conscience des risques, cette conscience n’était qu’une petite voix ténue au fin fond de mon esprit quand mes tripes hurlaient après l’action, l’adrénaline et la victoire.

Cette même sensation que j’avais eue le jour où j’étais allé trop loin, avant de me rendre compte de ce que j’avais fait… Et j’en payais encore les conséquences aujourd’hui.

Sinon, je ne serais pas ici. Pas à Los Angeles.

Sauf que ce jour-là, je n’avais pas eu face à moi un adversaire de la trempe de Ward.

Ce dernier se rua sur moi à son tour et je le réceptionnai entre mes bras pour accuser le coup, sans serrer pour ne pas qu’on nous sépare à nouveau. J’encaissai un nouveau coup en pleine poire. Puis parai à nouveau, le laissant déverser sa colère…

Et se fatiguer tout seul.

Quand la fureur lui fit faire des erreurs, j’en profitai avec un coup au foie à nouveau qui le fit se plier en deux et sans transition, lui balançai mon gant dans la tronche.

Je le vis secouer la tête, ricanai, repris ma distance.

Et quand il me regarda à nouveau, je sus que pour le dernier coup, ce serait lui ou moi.

J’évitai de justesse, et avec un peu d’aide de sa vision brouillée, probablement, le boulet de canon qui voulait m’achever et profitai qu’il s’était rapproché et était rentré vers moi pour lui asséner un coup de poing en pleine gueule de toute la détente de mon bras.

Sa tête fit presque un 360 et il s’écroula lourdement au sol après avoir titubé un peu.

L’arbitre compta jusque 10 et ce ne fut qu’à ce moment-là que je me rendis compte que j’étais trempé de sang, de sueur et complètement à bout de souffle.

Je crachai mon protège-dent quand l’arbitre leva mon bras pour me déclarer vainqueur, sous les applaudissements de la foule en délire.

En dehors du ring, j’étais une déception, une sous-merde et un journaliste de pacotille.

Sur le ring, j’étais le roi.

@ Billy Lighter