Ça faisait un moment que j’avais promis à Grant d’aller rechercher son bol de céréale chez BSC. Là où, d’après le gamin, les méchants sbires de Jimmy Reed lui avaient volé son bol, sans aucun scrupule. Et il était donc grand temps que je tienne cette promesse, sous peine de voir la confiance naissante de l’enfant à mon égard s’évaporer comme la fumée de ma clope dans la voiture que je dirigeais vers le centre-ville.

Le trajet se faisait en silence dans le sens où on ne se parlait pas. Mais la radio, elle, passait les dernières chansons du tout nouvel album de Lola, celui où elle chantait en français. Et on devait se les coltiner avant que L.A.Rocks ne se décide à passer du vrai rock, genre The Lightening ou The Burning Fire… Ou mieux encore ! Firework !

Une fois à destination, on descendit de voiture, devant l’immense tour de BSC. Je payai le parcmètre avec de la petite monnaie, mis le ticket sur le tableau de bord de ma voiture puis posai ma main sur la tête de Grant pour qu’il avance vers la tour.

A l’entrée, des ouvriers s’affairaient à remplacer une vitre. Je les saluai au passage avant de me rendre à la réception où on me renseigna l’avant dernier étage de la tour, et une certaine Sonne Moriarty qui devait être en possession du précieux bol de mon gamin.

Je suivis Grant, qui semblait connaître le chemin, jusqu’aux ascenseurs. Et une fois dedans, je baissai les yeux vers lui.

-Quoi qu’il arrive, tu restes calme. On vient juste gentiment récupérer son bol et c’est tout. Et je dirai aussi que la façon dont Jimmy Reed t’as traité, même si tu étais un petit intrus, était exagérée.

Il y eu un « ding ! » quand on arriva à l’étage où devait se trouver Sonne Moriarty… Tout ici était très classe et invitait à la décontraction, comme la lumière tamisée, la décoration qui montrait tous les plus grands succès de BSC et bien sûr, un portrait du big boss de l’endroit.

Je m’avançai, en poussant gentiment Grant devant moi, jusqu’à un bureau où travaillait une secrétaire parfaitement manucurée. Une très jolie jeune femme, soit dit en passant. Mais à vrai dire, depuis que j’étais entré dans ce bâtiment, je n’avais vu que de très jolies jeunes femme, à croire que c’était un critère pour être engagée là.

-Bonjour… Vous êtes Sonne Moriarty, je présume ? Je viens récupérer le bol de mon gamin.

Je baissai les yeux vers lui pour qu’elle suive mon regard. Et moi, j’avais la main prête à boucher la bouche de Grant s’il venait à faire un scandale.

@ Billy Lighter

Aujourd’hui, on allait rechercher mon bol ! Il était temps ! Moi, ça faisait mille an que je suis allé dans la grande tour de Jimmy. Ça fait longtemps qu’il m’a volé mon bol ! Mais Jordan, il se décidait que maintenant.

Moi, j’étais très fort contrarié. Pas pour le bol. Mais parce que Sky était enceinte et que j’aimais pas Sam Leserres. Moi, je l’avais dit à Jordan que j’aimais pas du tout le mari de Sky. Que c’était un con avec un nom débile. Et que j’aimais pas, non plus, le bébé de Sky. Et depuis que j’avais été chez elle, moi, je râlais souvent.

Moi, je crois que Jordan, il veut aller chercher mon bol pour que j’arrête de râler tout le temps.

Mais j’étais d’accord. Moi, je voulais récupérer mon bol. Ah et aussi que je puisse dire que j’aimais pas qu’on me fiche dehors comme ça. Je savais qu’on avait pas rendez-vous avec Jimmy Reed. Jordan a dit que c’était avec une dame qui s’appelait Sonne Moriarty qu’on avait rendez-vous. Moi, je suis pas sûr que Sonne, ça soit un vrai nom. Vraiment pas sûr. Mais je râlais un peu que ça soit pas avez Jimmy qu’on avait rendez-vous. Moi, je pense qu’il a peur et que c’est pour ça qu’il envoie quelqu’un d’autre à sa place.

On entra dans la voiture et on écouta la radio. Ils passaient Lola. C’était nul. J’aimais pas. Et en plus, sur une chanson, on comprenait rien à ce qu’elle disait. Moi, je préférais quand ils passèrent The Burning Fire. Ils le firent mais juste à la fin du trajet, ce qui me fit un peu râler.

On finit par arriver devant la grande grande tour. On paya le parking et puis on alla vers la tour où il y avait des gens qui réparaient la vitre que j’avais cassé. Moi, ça faisait très longtemps que je l’avais cassé. Ils la réparaient que maintenant ? Je fis un petit sourire. Bien fait ! Moi, je regrettais pas avoir cassé la vitre. Je l’avais pas dit à Jordan parce que je savais qu’il serait pas content mais, moi, je l’étais.

A l’intérieur, je montrais du doigt les ascenseurs.

-C’est par là.

Moi, j’étais déjà venu alors je connaissais bien par où il fallait aller.

Jordan appuya sur le bouton. C’était pas le plus gros chiffre mais celui juste avant. On allait pas tout en haut. Normal, Jimmy voulait pas nous voir.

Moi, je regardais droit la porte de l’ascenseur alors que Jordan me disait d’être calme. Qu’on venait juste chercher le bol et dire à la dame que Jimmy Reed avait pas bien fait de me mettre dehors. Mais quand il disait qu’on ferait ça même si j’avais été un petit intrus, je levai les yeux sur Jordan en fronçant fort les sourcils.

-Moi j’étais pas un intrus. Je voulais juste la tour.

Oui. Je voulais ça. Mais Jimmy avait pas voulu.

-Mais d’accord. Moi, je serais calme.

Mais je dirais quand même ce que je pense, moi, de tout.

On arriva à l’étage et je suivis Jordan. On passa devant un grand cadre avec Jimmy Reed dessus. Je roulai des yeux. L’est pas beau. Moi, j’aurais eu sa tour, j’aurais enlevé et brûlé tous les portraits de lui.

Jordan me poussa jusqu’à un bureau où se trouvait une dame. Elle était belle. Pas aussi belle que Sky mais belle quand même. Et pas du tout aussi belle que Maman mais belle quand même.

Jordan parla. Il disait qu’il était venu rechercher mon bol.

-Oui. Le bol. Celui que Jimmy m’a volé. Mais je suis pas son gamin. C’est pas mon père. Juste mon tuteur.

Oui et j’en avais marre de devoir le dire TOUT LE TEMPS ! Alors, maintenant, je le dis tout de suite comme ça, c’est fait. Voilà.

Moi j’ai oublié le « bonjour ». Tant pis.

-Jimmy Reed est pas là ? Il a peur ?

Oui. Il a peur.

@ Billy Lighter

Les aiguilles de l’horloge tournaient à ce point lentement qu’à force, elles allaient finir par reculer! Je soupirais en pianotant du bout de mes doigts sur mon bureau en enlignant les portes de l’ascenseur entre deux coups d’œil à l’horloge murale. J’étais en charge d’une patate chaude que je ne voulais pas gérer mais qui venait du grand patron.  Sa propre secrétaire s’en était débarrassée sachant très bien que je n’avais personne en dessous de moi pour faire la même chose.

Sur mon bureau, il y avait un bol de céréale et une enveloppe qui attendaient leur propriétaire. De ce que j’avais comprit, parce que bien évidement Frances ne m’avait donné que le minimum d’informations, il s’agissait d’un jeune garçon qui avait vandalisé une vitrine et qui avait laissé son bol sur les lieux de son crime.  Avait-il fracassé la vitrine en y lançant ses céréales ?  Je n’en savais trop rien  et je n’en avais personnellement rien à faire.  Je savais cependant que si c’était mon enfant qui s’était introduit par effraction et qui avait fait du vandalisme, je ne me serais pas humilié à venir quémander qu’on lui redonne son bol ! D’ailleurs, ce foutu bol demeurait une énigme pour moi !  Quel enfant traîne son petit déjeuner avec lui dans son sac ?!

Qu’importe, qu’ils arrivent qu’on en finisse !

À cette réflexion, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent  et je vis en sortir, un homme et un jeune garçon. Nul doute qu’il s’agissait de mes ‘’invités’’.  Je m’apprêtais à me lever pour les saluer mais l’homme me prit de cours en engageant la conversation sans se présenter.

- Oui, c’est moi et vous êtes…

Le garçon ne me laissa pas finir qu’il répondit Le bol ! Devais-je comprendre qu’il se prenait pour un bol ? L’image me fit intérieurement sourire, puis il expliqua que Jimmy Reed lui avait volé son bol et qu’il n’était pas son père mais son tuteur… Heureusement que je ne suis pas idiote parce que formulé ainsi, on pourrait croire qu’il désignait le grand patron de BSC comme étant son tuteur. Il parlait du joli gabarit qui avait prit la parole en premier.

Je pris le bol entre mes mains et le plaçais en évidence sur mon bureau.

- Ce bol-ci… Que tu as oublié en entrant ici, sans en avoir l’autorisation…

Je pris l’enveloppe placé dans le bol, celle dans laquelle la facture pour les réparations de la vitre brisée se trouvait, et la tendis a Jordan.

- Puisque vous êtes le tuteur du jeune homme, ceci vous revient, je le crains. Je ne suis que la méssagère…

Autrement dit, ne vous en prenez pas à moi si ce qui se trouve là dedans vous donne envie de grimper à l’étage supérieur et de mettre votre poing en pleine figure de Jimmy Reed.

- Pour répondre à ta question, jeune homme, je ne crois pas que Jimmy Reed ait peur mais il est en réunion toute la journée…

C’est ce qu’on m’avait dit de dire, pour le rendre inaccessible, j’imagine, pour qu’il puisse de défiler d’une sale besogne qu’il avait savamment placé entre les mains de Frances qui elle, l’avait pelleté dans ma cours.  

@ Billy Lighter

Une fois au bon étage, je manquai à la politesse la plus élémentaire en ne me présentant pas. Il fallait dire que je parlais vite uniquement pour que Grant n’ai pas le temps d’en placer une. Pour moi, on récupérait le bol, puis on se tirait d’ici… Grant avait déjà fait assez scandale la première fois qu’il était venu.

Et Grant avait beau me promettre qu’il serait calme, je n’y croyais qu’à moitié. C’était que ce petit n’avait pas sa langue dans sa poche.

Du coup, j’en avais complètement oublié de me présenter à la secrétaire.

-Veuillez m’excuser. Mon nom est Jordan Keller…

Et comme le précisa Grant, je n’étais pas son père, il n’était pas mon gamin et ça, il y tenait… Et il avait raison alors je n’avais aucune raison de le faire taire.

-Ouais, voilà, c’est une affaire un peu compliquée.

La jeune femme remis son bol à Grant, en précisant qu’il l’avait oublié ici alors qu’il était entré sans autorisation… Je pinçai les lèvres, gêné et elle me remit à moi, une enveloppe, ce qui lui valut un air interrogateur de ma part.

Je pris l’enveloppe et l’ouvris, m’attendant à quelque chose de désagréable étant donné que Sonne Moriarty précisait n’être que la messagère. A entendre par là que si je devais en vouloir à quelqu’un, ce n’était pas à elle.

Mais avant que je ne puisse ouvrir correctement l’enveloppe, Grant demanda où était Jimmy Reed et s’il avait peur. Là, je plaquai ma main sur sa petite bouche de gamin à la grande gueule.

-Grant !... Veuillez l’excusez, Madame. Comme il le dit si bien, je suis son tuteur et je n’ai pas encore les rennes bien en main.

Mais elle répondit à Grant quand même, se penchant un peu sur son bureau, pour lui dire que Jimmy Reed était en réunion pour la journée.

-Ouais, Grant. Je parie que Jimmy Reed a déjà oublié qui tu étais… Nous ne sommes rien pour ce genre de gens. Et c’est déjà très gentil à lui de nous avoir laissé l’occasion de récupérer ton bol.

Je finis d’ouvrir l’enveloppe, lâchant de ce fait la bouche de Grant pour que la mienne s’ouvre toute grande en voyant ce qu’il était écrit sur la feuille qui n’était rien d’autre qu’une facture pour un vitre brisée… Celle-là même que nous avions vue en réparation à l’entrée…

Peut-être que finalement Jimmy Reed se rappelait très bien de Grant Custer.

-Non de dieu de bordel de merde ! Grant ! Tu peux me dire ce que ça veut dire, ça ?!

Je lui tendis la lettre. Après tout, il savait lire !

-Non seulement tu t’introduis ici, mais en plus tu t’adonnes au vandalisme ??!

J’étais furax… Pas tant pour le prix à payer, mais pour le fait que Grant était un vrai petit délinquant quand il voulait.

-Tu peux m’expliquer ça ? Et présenter tes excuses à Madame Moriarty ici présente qui fera le relais à Jimmy Reed ?

@ Billy Lighter

La dame, c’était bien celle qu’on devait voir… Mais elle savait pas le nom de Jordan parce que Jordan s’était pas présenté. Il s’excusa et se présenta. Moi, j’avais pas dit « bonjour » et je m’étais pas présenté non plus. Je voulais juste mon bol.

C’est ce que je dis à la dame en disant, aussi, que Jordan était pas mon père mais mon tuteur. Et Jordan disait que tout ça était un peu compliqué. Je fronçai les sourcils.

-Non. Juste tuteur. Pas compliqué.

Oui, voilà, c’était pas si compliqué. Moi, je trouvais que ça l’était pas. Ma mère est morte. Mon père, c’est Ward Ward Fleming. Et Jordan, c’est mon tuteur. Voilà. Pas compliqué.

La dame montra alors mon bol. Moi, je fronçais plus les sourcils quand je vis mon bol. Il y avait une enveloppe dessus. La dame demanda si c’était mon bol. J’hochai de la tête. Mais je fis la moue quand elle disait que je l’avais oublié ici quand je suis venu sans autorisation.

-Je l’ai pas oublié. On me l’a volé.

Oui. Pas pareil.

Jordan pris l’enveloppe et je pris mon bol et le tournait dans tous les sens. Il n’avait rien. Pendant ce temps, la dame parlait de l’enveloppe à Jordan. Mais je m’en fichais de l’enveloppe. Moi, je voulais savoir si Jimmy Reed avait peur. Mais j’eus pas le temps de dire plus que Jordan plaqua sa main sur ma bouche me faisant froncer les sourcils. Hey ! Moi, j’ai le droit de parler !

Il s’excusa pour moi. Il disait qu’il avait pas encore les rennes en main. Les rennes de quoi ? Moi, j’ai pas bien compris mais j’aimais pas qu’on m’empêche de parler… Surtout que la dame, elle, elle voulait bien me répondre. Elle disait que Jimmy était en réunion toute la journée. Je roulai des yeux alors que Jordan disait, après que j’avais enlevé sa main de ma bouche, que Jimmy Reed avait déjà oublié qui j’étais. Moi, j’aimais pas entendre ça et je croisai les bras fronçant très fort les sourcils. Moi, j’étais rien pour lui ? Pourquoi ? Parce qu’il est riche et a une tour ? Et il trouvait Jimmy gentil d’avoir rendu mon bol ? Moi, je comprenais pas tout ça et ça me contrariait beaucoup.

-Gentil ? Il l’a volé !

Moi, je dis « volé » fort pour insister.

-Et moi, j’espère qu’il se rappelle de moi. Moi, je suis quelque chose. Je suis pas rien.

Oui, j’aimais pas être « rien ». Moi, ça me frustrait d’être « rien ».

-Et moi, je pense qu’il a peur, voilà.

Oui, je pense ça.

Je mis mon bol dans mon sac que j’avais pris avec moi pour y mettre des Comics pendant que Jordan lisait la drôle de lettre.

Puis, il dit des gros mots. Je levai un sourcil et levai la tête vers lui. Il me demandait ce que ça voulait dire et me tendait la lettre. Pourquoi ? Jordan sait plus lire maintenant ? Je fis une moue et pris la lettre.

-Facture. C’est écrit « facture ».

Oui, voilà ce que ça veut dire… Mais je lus un peu plus et, moi, je compris que ça parlait d’une vitre.

J’ai cassé une vitre quand je suis venu ici. Et je dois payer ? Je fronçais fort les sourcils. Non. C’est la vitre de Jimmy, il doit payer lui.

Et Jordan était fâché. Moi, je voulais jamais qu’il apprenne ça. Mais à cause de la lettre, il le savait. Moi, ça me contrariait encore plus plus.

Moi, j’ai jamais vu Jordan furieux comme ça. Mais je baissai pas les yeux. Je regardais vers lui les sourcils froncés.

-Oui. Moi, j’ai fait ça.

Mais j’aimais pas qu’on apprenne ce que je veux pas qu’on apprenne.

Jordan voulait que j’explique. Il voulait que je m’excuse à la dame. J’ai rien fait à la dame ! Mais il voulait que je le fasse pour qu’elle puisse passer le message à Jimmy. Pourquoi, moi, je devrais m’excuser à Jimmy ? Moi, je veux pas !

Je regardai Jordan avait un regard très mauvais.

-Non.

Moi, je dis ça avant de déchirer et chiffonner fort la facture et de lancer la boule de papier sur le bureau de la dame.

-Moi, je fais pas d’excuse ! Jimmy Reed m’a volé mon bol ! Il m’a mis dehors avec deux gros gens qui m’ont fait mal. Moi, j’ai lancé la grosse pierre sur la vitre parce qu’il a été très méchant avec moi ! Il m’a dit que j’étais un intrus. Il m’a appelé Fleming. Moi, je suis Grant. Et, maintenant, il veut que tu payes la vitre. Moi, je veux pas que tu fasses ça. Lui, il est riche. Il l’a dit. Il peut payer la vitre.

Je disais tout ça en m’énervant. Je fixai la dame.

-Moi, je fais pas d’excuse. Jimmy Reed, c’est un con.

Oui. Voilà. C’est un con.

@ Billy Lighter

Mes invités , si je puis m’exprimer ainsi, étaient donc arrivés.  Qu’ils prennent le précieux bol et leur facture qu’on en finisse. J’avais beaucoup d’appel à retourner, des articles à lire pour en faire des résumés pour Daniele, du courrier à classer, des rendez-vous à céduler et je voulais prendre mon heure de lunch pour aller voir Amon,  bref ! Je n’avais pas que ça à faire.

J’eux droit a une bien drôle de présentation, mais l’homme rattrapa le coup ensuite.

- Heureuse de vous rencontrer, Monsieur Keller, d’autres circonstances auraient été plus agréable.

Surtout que le petit précisa que Keller n’était pas son père mais bien son tuteur… une histoire bien compliquée, selon les dires même du tuteur.

- Chaque famille a ses histoires…

Ils ne devaient pas se sentir gênés pour cela. J’avais moi-même beaucoup de squelettes dans mon placard.  Ils étaient là, donc, pour récupérer le bol de la discorde et moi, en prime, je devais leur remettre une facture, assez salée merci, pour la vitre qu’avait fait éclater le jeune garçon au moment de son expulsion de la tour.

Le petit insistait sur le fait que Jimmy Reed avait volé son bol et, je me questionnais sur la pertinence de lui faire remarquer que Jimmy Reed ne devait pas être à un bol près de faire faillite et que, par conséquent, ne ressentait pas le besoin de voler les bols des petits garçons comme le Grinch vole Noël.

- Jordan a raison. Tu récupère ton bol, c’est déjà une bonne chose.

Personnellement, ce bol se serait retrouvé aux ordures en me disant que de toute façon, ce n’était que du plastique, pas une porcelaine de grande valeur. D’un autre côté… Si Alan n’avait pas son jus d’orange le matin dans sa tasse en plastique bleu, c’était un drame… Sauf qu’Alan n’est qu’un bambin… et Grant, un garçon bien mal élevé !

Je me gardais bien d’en rajouter sur la remarque de Grant sur la raison pourquoi Jimmy Reed n’était pas ici en personne pour régler cette histoire de bol, j’avais mieux à faire de mes énergie que d’argumenter avec un garçon qui n’entendait de toute façon pas autre chose que le son de sa propre voix.

J’eu quand même un pincement au cœur quand Jordan ouvrit l’enveloppe et en découvrit le contenu.  Une vitrine de cette envergure coûtait la peau des fesses.  Le choc était visiblement difficile à encaisser. Je pouvais très bien le concevoir.  Disons que j’étais très bien dans mes talons aiguilles et non dans ses baskets. Comme tuteur, il devait en voir de toutes les couleurs pour un enfant dont il avait la charge sans, probablement, l’avoir voulu et espéré !

Jordan exigeait des excuses de la part de Grant, à moi a l’intention de Jimmy Reed et, bien évidement,  le petit refusait catégoriquement de présenter ses excuses. Personnellement, je n’en avais rien à faire d’entendre ses remords, je devais réceptionner le chèque ou du moins, une entente de paiement ainsi que leurs informations personnelles pour les rejoindre en cas de silence radio de leur part.

- Écoutez, Monsieur Keller… ce n’est rien, honnêtement…  Ne le forcez pas à s’excuser, ça n’arrangera pas la cause… Je crois que c’est à la maison, entre vous que… enfin…

Je pouvais réceptionner le message des excuses, il ne se rendrait probablement jamais au principal intéresser. Ce qu’il voulait, cependant, c’était le remboursement de sa fichue vitrine et ça me chagrinais pour Jordan parce qu’une facture imprévue de ce genre, ça ferait mal dans n’importe quel budget d’une famille de classe moyenne comme la mienne, comme la sienne.

@ Billy Lighter

Grant s’indignait encore et encore alors même que c’était lui qui avait pénétré chez BSC par effraction. Ou plutôt, qui s’était invité dans l’étage réservé à Jimmy Reed. Le petit croisait les bras et fronçait les sourcils dans une attitude fermée. Il soutenait qu’on lui avait volé son bol.

Et quand je lui dis que Jimmy Reed ne se rappelait probablement pas de lui, il s’indigna encore plus : il n’était pas rien.

Si. Pour les gens comme Jimmy Reed, nous n’étions rien.

Bref, avec le bol que Grant remis dans son sac à dos qu’il ne quittait jamais, moi, j’ouvris l’enveloppe qui m’était destinée… Pour découvrir que pour couronner le tout, Grant avait éclaté une vitre de la tour.

Ce n’était pas tant le prix affiché qui me mettait hors de moi, mais c’était que Grant ait pu commettre un tel acte. Aucun doute que je n’avais pas fini d’en voir de toutes les couleurs avec lui. Et quand je lui tendis la feuille pour lui montrer, il lit le mot « facture ».

Je voulus dès l’or qu’il fasse des excuse… A madame Moriarty puisque c’était elle qui représentait BSC là tout de suite. Mais Grant refusa catégoriquement pendant que la secrétaire affirmait que ce n’était rien… Que c’était quelque chose qu’on avait à faire entre nous à la maison.

-Non, Madame Moriarty. Je tiens à ce qu’il s’excuse auprès de vous en tant que représentante de BSC.

Mais Grant ajouta qu’il n’avait rien fait et me rappela aussi qu’il avait été mis dehors sans ménagement, comme s’il était un adulte, par deux gorilles de chez BSC. Les gardes du corps de Jimmy Reed, je présumais.

-Excuse-toi d’abord.

Le petit refusa et alla jusqu'à déchirer et chiffonner la facture qu'il faudrait pourtant bien que je paye.

-Grant!

Puis, je regardai Madame Moriarty.

-Mais là où ce petit a raison, c’est que Jimmy Reed n’avait pas à le mettre dehors de la sorte. Imaginez ce qui aurait pu lui arriver… Il aurait du appeler la police pour signaler un fugueur. Mais non, il l’a juste jeté comme une vieille loque dérangeante.

Je pris un ton plus doux.

-Bien sûr, je ne vous tiens pas pour responsable de cela, mais si vous pouviez passer le message à Jimmy Reed, ça serait gentil de votre part… Quant à moi, je payerai la facture.

Je poussai légèrement Grant devant moi.

-Allez, fait tes excuses, qu’on en finisse. Si tu ne les fait pas, je te confisquerai tous tes comics pour une semaine.

@ Billy Lighter

Jordan et Madame Moriarty étaient les mêmes. Ils disaient la même chose. Ils disaient que je devrais être content d’avoir mon bol. Comme si j’avais fait quelque chose de mal. Moi, j’avais rien fait de mal. C’est Jimmy Reed qui m’a volé mon bol et m’a mis dehors avec les gros types. Moi, j’avais fait que grimper dans sa tour. Moi, j’ai fait de mal à personne !

Alors, je repris mon bol un peu contrarié surtout parce que Jordan avait dit que pour Jimmy, j’étais rien. Moi, je déteste être rien. Moi, si Jimmy m’a oublié, je montrerais que je suis toujours là. Moi, je sais pas comment je ferais ça mais je le ferais.

Mais quand Jordan ouvrit la lettre, il fut d’un coup fâché. Il me fit lire et je compris que c’était une facture pour la vitre que j’avais cassé avec la grosse pierre. Je fronçai les sourcils. Moi, je voulais pas qu’il le sache… Et, maintenant, je voulais pas qu’il paye. Non. Moi, je comprends pas pourquoi il faut payer…

Et s’excuser aussi.

Jordan voulait que je fasse des excuses à la dame. Et je m’énervai d’un coup parce que, moi, je comprenais pas pourquoi je devais faire des excuses. Jimmy m’avait volé. Il m’avait fait mal en me mettant dehors. Oui, j’avais cassé la vitre mais c’était pour faire la justice ! Il m’avait dit des choses méchantes ! Et, maintenant, il croit que je suis rien !

Alors, moi, je m’excuse pas !

Même Madame Moriarty voulait pas que je m’excuse. Elle, elle comprend je crois. Mais Jordan insistait. Et moi, je haussai le ton.

-Non. Pas d’excuse ! Moi, je fais pas d’excuse à la dame. Moi, j’ai rien fait !

Et j’expliquai encore que Jimmy Reed m’avait mis dehors avec les gros type mais Jordan voulait que je m’excuse.

-Non !

C’est dur de comprendre « non » ?

Et je déchirai la facture et la mit en boule avant de la jeter sur le bureau de la dame. Jordan était pas content de ça mais je m’en fiche !

Et Jordan disait à la dame que ce qu’avait fait Jimmy, c’était pas bien. Ah ! Enfin ! Mais quand il dit que Jimmy aurait dû appelé la police, je fronçai les sourcils et marmonnai :

-Moi, je voulais la tour, pas rentrer à la maison avec la police.

Il disait à la dame qu’elle était pas responsable. Non. C’est Jimmy le coupable. Et il est pas là parce qu’il a peur. Mais je roulai des yeux quand Jordan disait qu’il allait payer la facture… Pourquoi ? Jimmy Reed est riche. Il peut payer sa vitre.

Et je fronçai les sourcils quand il me poussa un peu devant lui. Quoi ? On part pas ?

Non. Il voulait que je m’excuse… Sinon, il me confisquera de Comics pendant une semaine.

Mes Comics ? MES Comics ?

Je me retournai lentement vers Jordan et levai les yeux vers lui avant de pencher légèrement la tête sur le côté et le foudroyer d’un regard très mauvais.

-Mes Comics ?

Mon ton était plus haut. Il était redevenu normal.

-Moi, je croyais que tu faisais la justice. Moi, je faisais confiance. Mais moi, je m’excuse pas… Parce que Jimmy Reed, il mérite pas. C’est le méchant. Moi, je fais pas d’excuse à un type qui croit que je suis rien et qui me fait mal.

Je fixai toujours Jordan.

-Puis, il est pas là. Moi, je fais pas d’excuse à une dame que j’ai rien fait à elle.

Puis, je me tournai vers la dame.

-Moi, si Jimmy Reed veut l’argent de la vitre, il a qu’à venir dans ma laide maison de l’Eastside.

Oui, moi, j’ai entendu que les gens, dans les films, ils font comme ça pour payer. Puis, je me retournai vers Jordan et dis sur un ton sérieux :

-Moi, si tu me prends mes Comics, je vais vivre chez Sky.

Oui. Même si j’aime pas Sam… C’est un con. Comme Jimmy Reed.

@ Billy Lighter

Le moins que je puisse dire, c’est qu’il avait du caractère le jeune Grant !  J’aurais bien aimé avoir été un petit oiseau ce jour-là quand Jimmy Reed là surprit là-haut, pour le voir se faire rabaisser le caquet par un enfant ! Dommage, je suis certaine que j’aurais apprécié la scène!

Il y avait des conséquences au geste de Grant, pas tant pour s’être infiltré en haut lieu mais pour avoir fracassé la vitrine lors de son expulsion. Expulsion beaucoup trop musclé selon moi mais ça, Jimmy Reed n’en a rien à faire. Il ne décollera même pas lui-même un chewing-gum de sous ses chaussures ! Ça me désolait mais je devais malheureusement faire le message parce que le principal intéressé ne se rabaisserait pas à une telle tâche ! Même sa secrétaire plus que particulière n’en avait pas eu le courage.

Jordan insistait pour que le petit présente ses excuses même si je lui avais dit que ce n’était pas nécessaire.  Pour le principe de la chose, oui ça l’était mais Jimmy Reed n’en méritait aucune, pas pour avoir procédé comme il l’avait fait. Évidement, plus Jordan insistait, plus Grant se braquait, jusqu’à ce que son tuteur ne finisse par dire que nous en serions fort probablement pas là si Jimmy Reed n’avait pas fait expulser Grant en utilisant la force pour ensuite le laisser erré dans les rues.

- Je ne peux qu’être en accord avec vous… J’ai 4 enfants, Monsieur Keller et quand il s’agit d’eux, je deviens une vraie lionne.

J’aurais grimpé au sommet de la tour moi aussi pour lui botter le fondement princier, tout Jimmy Reed puisse t-il être ça n’aurait rien changé.

- Je ferai tout ce qui st en mon pouvoir pour lui passer le message, mais je ne suis que la secrétaire de Daniele Ricci et même s’il s’agit de lui ce n’est pas encore suffisant pour que Reed entende ma voix.

Mais quand il était le temps de faire sa sale besogne, oh là je devenais quelqu’un !

Grant s’offusquait de tout ça, s’indignant que Jordan ne fasse pas la justice et qu’il perdait confiance, que je ne méritais pas d’excuse car il ne m’avait rien fait à moi, sauf me faire perdre mon temps, peut-être ?  Puis il termina son plaidoyer  en réduisant la facture en état de boulette de papier et en ajoutant que si Jimmy Reed voulait son argent, il n’avait qu’à aller la chercher chez lui…

- Un chèque fera l’affaire, vous savez…

…et Jordan menaça de lui confisquer tous ses comics s’il ne s’excusait pas. Oh la la ! Ça devenait vraiment sérieux toute cette histoire.  

- Ma baby-sitter se nomme Sky. Pardon, je sais, c’est hors-sujet mais ce n’est pas un nom commun et ce que tu viens de dire, Grant, m’a fait penser à elle.

Et au fait que je devrai la remplacer bientôt pour qu’elle puisse prendre soin d’elle dans les derniers moments de sa grossesse… Je détestais cette situation ! Si par miracle nous devions trouver une nouvelle perle rare, je lui ferais signer un contrant d’engagement obligeant l’abstinence total pendant toutes les années où elle serait à notre service, rien de moins !

- Grant, je ferai le message, au mieux de mes capacité, à Jimmy Reed. Et sache que moi, je comprends ta colère, tout comme Jordan. Malheureusement, le fait que tu aies fracassé la vitrine ne t’a pas aidé…

Ça a totalement bousillé la crédibilité du gamin en donnant raison sur son impulsivité et en rendant légitime l’utilisation de la force pour l’expulser. L’histoire ne sera jamais raconté chronologiquement, c’est ça le problème. On ne retiendra que le fait qu’il s’est introduit illégalement, qu’il a fait un esclandre et qu’il a fracassé une vitrine. Un gamin à problème, en somme. Il ne sera jamais dit que Jimmy Reed l’a surprit dans sa tour, qu’il l’a fait expulsé par ses gros bras et qu’en plus, il l’a laissé fuir sans prendre la peine d’avertir la police pour éviter qu’il ne se perde, qu’il ne se fasse kidnapper, renverser par une voiture, peu importe… laissé un enfant s’enfuir ne se fait pas. Mais personne ne parlera de ça… mais que de la vitrine éclatée. Et ça me désolais.

- Y a-t-il quelque chose d’autre que je puisse faire pour vous ?

@ Billy Lighter

Grant ne voulait décidément pas s’excuser… Il n’avait pas tout à fait tort, cela dit, quand il disait qu’il n’avait rien fait à la dame qui était là. Pourtant, ça aurait été si facile. Il fallait que je trouve autre chose, d’autant que la facture pour la vitre était salée. Mais ce n’était pas ça qui m’embêtait le plus. Ce qui m’emmerdait, c’était que Grant ait agi comme un délinquant.

Alors je le menaçais de lui confisquer ses comics une fois à la maison s’il ne faisait pas d’excuse. ET là, il eut un regard à faire frissonner n’importe qui. Et là, c’est moi qui en pris un coup. Selon le petit, ce n’était pas juste. Et moi, je ne savais plus quoi faire. Jimmy Reed était le méchant selon Grant et je n’en doutais pas. Mais son geste devait être puni d’une manière ou d’une autre.

Quant à la facture, elle finit en boule sur le bureau de la secrétaire.

Je soupirai.

-Je vais vous faire un chèque.

Je sortis mon carnet de chèque et commençai à le rédiger pendant que madame Moriarty m’expliquait que si Jimmy Reed avait laissé un de ses enfant dans les rue après l’avoir expulsé de sa tour, elle aurait aussi eu deux mots à lui dire.

Mais voilà, Jimmy Reed n’était pas là et c’était à cette pauvre secrétaire de recevoir nos doléances.

Grant, lui, était toujours sur ses comics et menaça d’aller vivre chez Sky si je les lui confisquais. Et je savais que ce n’était pas une menace à prendre à la légère.

-Très bien. Je te laisse tes comics. Mais pour le geste que tu as eu et pour ta fugue, tu feras la vaisselle tout seul pendant une semaine.

Nous avions pour habitude de la faire à deux… La faire tout seul lui prendre plus de temps et donc moins de temps pour lire ses comics.

La secrétaire, elle, s’étonna que sa babysitter s’appelait aussi Sky.

Je lui souris tout en signant le chèque.

-L.A. est moins grand qu’on ne le croit…

Je lui souris et lui tendis le chèque.

-Voilà qui est réglé… Et je suis désolé pour la scène que nous a fait Grant. Je n’ai pas d’autres enfant, je ne sais pas comment m’y prendre.

Je tendis la main à Grant.

-Bon, allez tu viens ? On a assez fait perdre son temps à cette dame.

@ Billy Lighter

La dame disait qu’elle allait passer le message mais qu’elle était que secrétaire de Daniele Ricci. Je sais même pas qui c’est moi, Daniele Ricci. Je fis la moue et fronçai fort les sourcils. Reed, il écoute personne alors ? Moi, je le hais !

Et Jordan qui faisait comme si c’était moi le méchant. J’expliquai que c’était Jimmy le méchant. Que moi, je croyais que Jordan se battait pour la justice. Mais lui et la dame, il parlait de chèque. Moi, je m’en fiche du chèque ! Moi, je veux la justice ! Moi, je veux qu’on punisse Jimmy Reed aussi ! Mais personne le fera parce qu’il est pas là et il écoute personne ! C’est ! Pas ! Juste !

Moi, je suis fâché. Et encore plus très fâché parce que Jordan voulait me privé de Comics si je m’excusais pas. Mais Jimmy est pas là et je veux pas m’excuser à la dame parce que j’ai rien fait à la dame. Et je veux pas m’excuser à Jimmy non plus.

Alors, je m’excuserais pas ! Et si Jordan me prive de mes Comics, moi, j’irais vivre chez Sky. Voilà !

Du coup, Jordan me laissa mes Comics. Moi, j’allais sourire parce que j’avais réussi mais il disait qu’à la place, j’allais faire la vaisselle seul toute la semaine. Je fronçai fort les sourcils.

Mais je dis rien.

Moi, je préfère ça que plus avoir de Comics. Moi, j’ai à moitié gagné.

Et la dame, elle disait qu’elle connaissait Sky. Sa baby-sitter s’appelait Sky. Je fixai la dame en penchant légèrement la tête sur le côté. Elle connaissait MA baby-sitter ? Oui. C’était sûrement chez la dame que Sky allait la semaine. Moi, elle m’en avait parlé.

Jordan disait que L.A. était pas si grand.

-Sky. Elle est gentille. Mais c’est MA baby-sitter. Moi, j’aime pas quand elle va voir les autres enfants.

Donc, j’aimais pas qu’elle aille chez la dame. La dame a qu’à aller plus travailler et s’occuper de ses enfants. Comme ça, Sky sera TOUJOURS avec moi.

-Moi j’aime pas non plus quand elle va voir Sam Leserres. Parce qu’après elle a un bébé et j’aime pas.

Oui. Moi, tout ça, ça me contrariait beaucoup. Ça me contrariait plus que la vaisselle.

La dame disait qu’elle allait parler à Reed. Qu’elle comprenait ma colère. Mais que casser la vitre n’avait pas aider. Je fis la moue.

-Moi, je voulais juste faire la justice vu que personne il le fera pour moi.

Et moi, c’est tout ce que j’avais trouvé pour faire mal à Jimmy. Mais il se vengeait en donnant la facture.

-Mais oui. Il faut passer mon message. Moi, je veux que vous téléphoniez à Jordan que le message, il est passé.

Oui voilà, moi, je veux ça. Maintenant, Jordan avait fait le chèque et disait qu’il avait pas d’autres enfants que moi et qu’il savait pas, du coup, comment s’y prendre. Je levai un sourcil.

-Maman aussi avait que moi.

Mais elle y arrivait, elle !

Voilà.

Moi, j’ai pas fait de scène. J’ai juste essayé d’expliquer. Moi, je suis très contrarié maintenant. Moi, je parlerais plus à Jordan aujourd’hui. Voilà. Moi quand je rentre, je lis mon Comics dans ma chambre et je la fermerais à clé. Voilà.

La dame demanda si elle pouvait faire autre chose pour non.

-Non. Rien.

Voilà.

Et Jordan voulait qu’on y aille parce qu’on avait assez fait perdu du temps à la dame… Perdu du temps ? Moi, je venais pour quelque chose d’important… Du coup, j’envoyai encore un méchant regard à Jordan et je pris pas sa main. Je mis mes mains dans mes poches et j’avançai vers la sortie.

@ Billy Lighter

Le petit avec de la fougue en lui, il n’y avait pas a en douter mais si cette fougue pouvait le mener loin dans la vie, elle pouvait aussi lui barrer bien des chemins parce qu’elle le faisait agir sous l’impulsivité. Il était encore bien jeune, un bon encadrement pourrait lui être bénéfique mais en attendant, Jordan Keller dû sortir son chéquier et payer pour  la rage de son gamin. Je ne le jugeais pas, je savais que tôt ou tard, ça allait m’arriver avec James.

- Merci!, dis-je simplement.

Je n’aurais pas besoin d’expliquer à Frances pourquoi je n’ai pu obtenir d’entente de paiement pour la vitrine, s’ils étaient partis avec le bol sans donner suite. D’un autre côté, nous ne sommes jamais aussi bien servit que par sois même alors si Jimmy Reed voulait un dédommagement, il aurait dû venir en personne régler cette affaire. Ça lui aurait prit tout au plus quinze minutes de sa précieuse journée.

Keller tenait mordicus à ce que Grant me présente ses excuses, allant même le menacer de le priver de ses comics s’il n’obtempérait pas.  Je compris que le petit le menait à la baguette quand il menaça à son tour de s’en aller chez sa baby-sitter, chez ma Sky si Jordan maintenait la punition et ce dernier reformula en lui imposant plutôt une corvée de vaisselle.

- Effectivement, Los Angeles est plus petit que l’on peut le croire…

Grant n’aimait pas que Sky aille ailleurs et, ça tombe à point parce que moi non plus, je n’aime pas apprendre qu’elle garde d’autres gamins en plus des nôtres, sachant qu’elle est enceinte et qu’elle aura besoin de repos… Elle serait moins épuisée si elle se réservait pour mes enfants, plutôt que de gérer une petite graine de délinquant ! Je vais en parler avec Axel, puisque je juge cette situation inacceptable ! Ceci étant dit, Grant et moi sommes au moins du même avis… Nous n’apprécions pas que Sky soit enceinte. Comprenez moi bien, je suis heureuse pour elle, mais j’aurais aimé savoir à l’avance qu’elle avait de tels projets et qu’Axel et moi ayons eu l’occasion d’envisager un plan B!

Je promis de tout faire pour faire passer leur message en hait lieu, sachant d’avance qu’il n’irait fort probablement pas plus loin que le bureau de Frances mais, comme je le leur ai mentionné à leur arrivé, je ne suis que la messagère.  Il ne faut pas m’en vouloir… Mais de là à sonner Jordan en retour pour lui dire que j’avais fait le message…

- Je vous en donne ma parole. Je ferai le message.

Puis Jordan s’excusa encore en disant que ce n’était pas facile, avec un seul enfant, de savoir s’y prendre. Où alors voulait-il dire que parce qu’il est seule avec un enfant, ça lui est plus difficile ?

- Ce n’est pas plus facile quand on a plus d’un enfant… J’en ai 4 !

À chacun son combat ! Je pouvais sentir les bonnes intentions de Jordan envers le petit. Il ne devait pas s’en vouloir pour les dérapages, ça arrive même dans les meilleures familles.  Je leur demandais si je pouvais faire quelque chose d’autre pour eux, bien que je ne puisse faire d’avantage. C’était plutôt une forme de politesse qu’une question.

- En ce cas, je vous souhaite une excellente fin de journée.

En espérant qu’ils n’avaient pas d’autres arrêts comme ils venaient de faire ici, à leur horaire !

@ Billy Lighter

Grant était à deux doigts de me faire une crise… Il n’explosait pas, mais ça couvait. Et ça n’aida pas quand il réalisa que sa babysitter était aussi celle des enfants de la dame qui se tenait devant nous. Là, il eut un regard carrément méchant. Un regard à la Fleming.

Je levai un sourcil quand il parla d’un certain Sam Lesserre mais compris après coup qu’il s’agissait probablement du petit ami de Sky puisqu’il disait qu’elle allait avoir un bébé.

-Un bébé ?! Sky va avoir un bébé ?!

Oh non… C’était bien ma veine ça. Je passai ma main sur mon visage en soupirant… Puis, je rédigeai le chèque pour la vitre. Grant lui disait qu’il fallait bien que quelqu’un fasse la justice et qu’il devait la faire tout seul puisque personne ne le ferait pour lui.  J’ignorai cette énième râlerie de mon pupille. Mais lui continua, demandant à ce que je sois prévenu par téléphone une fois son message passé à Jimmy Reed.

Je soupirai et tendis le chèque à Sonne avec un pauvre sourire en disant que c’était pas facile d’être seul avec un môme.

Et elle réagit en me disant qu’elle en avait 4 ! Tu m’étonnes qu’elle avait besoin d’une babisitter.

-Et bien, félicitation et bon courage.

Elle nous souhaita malgré tout une excellente journée et j’en fis de même.

-A vous aussi.

Et je n’insistai pas auprès de Grant pour qu’il souhaite une bonne fin de journée à Madame Moriarty… Ce serait abuser. Et on redescendit de la tour, pour le retour à la maison où Grant avait de la vaisselle à faire.

@ Billy Lighter