Daniele et moi venions de clôturer une magnifique soirée de Amrecian Music Awards, riche en émotions et rebondissement, oui, je crois que je pouvais affirmer cela. Je ne pus m’empêcher de lui faire une accolade bien sentie, avant de retourner en coulisses. J’aurais souhaité retirer ma robe qui, aussi jolie soit-elle, me comprimait la poitrine, et envoyer valser mes chaussures mais la soirée était loin d’être terminée. Il restait encore la fête, rien ne m’obligeait à y aller mais avant même d’apprendre un peu plutôt que mon grand amour de jeunesse se trouvait dans la salle, j’avais décidé que j’y prendrais par.

L’effet Ivar avait fait son œuvre, tout au long de la soirée, dès le moment où je l’avais retrouvé après ces quelques années à me demander ce que nous serions devenus si je n’étais pas partie en Russie à la fin de l’année scolaire. Si je lui avais écrit comme je m’étais engagé à le faire… s’il l’avait fait lui aussi. Si, à mon retour j’avais cherché après lui plutôt que de me dire qu’il avait dû m’oublier après tout un été séparés.

J’en tais presque nerveuse.

Non, en fait, pour être parfaitement honnête, j’étais vraiment très nerveuse, mes mains étaient glacées alors que je me dirigeais vers la salle qui était maintenant pleine des gens qui m’arrêtaient pour me parler, me féliciter pour l’une ou l’autre de mes allocutions. Je n’avais pas fait grand-chose, il me semblait, en tous les cas rien de comparable aux vainqueurs de la soirée qui eux, avaient été formidable.

Et que dire des musiciens ?

Ivar était l’un d’eux, le temps d’une chanson mais tout de même. J’ignorais qu’il avait ce talent, il m’avait épaté, ça aussi, j’avais vraiment très hâte de le lui dire. Mais je n’arrivais pas à faire un pas devant l’autre sans être arrêté par un tel ou une telle. Pourtant, ce n’était pas moi la star de la soirée !

D’ailleurs, je l’aperçu, la véritable star de la fête. Evan ’’Sniper’’ était là avec Sydney Grey et sa fille, Jess. La fille de Sniper hein, pas celle de l’animatrice radio. Ça aurait été le comble que j’ignore ce détail ave mon métier ! Comme chaque fois, je m’excusais poliment de devoir mettre un terme à la discussion à peine amorcé pour avancer dans ma quête.

- Ivar !

Il était là, beau comme un Dieu, il y avait même un halo de lumière céleste autour de lui, mon cœur battait aux rythmes de mes souvenirs d’adolescente. J’avais du mal à me contenir, j’avais envie de lui sauter au cou, l’embrasser comme si c’était à la fois la toute première et toute dernière fois, rendre ce baiser mémorable.

Je cédais à moitié à la tentation, je l’enlaçais et le serrais tout contre moi. J’avais rêvé à ce moment tellement de fois. Pouvoir cacher mon visage au creux de son cou et danser, comme nous l’avions fait sur la plage.

Ça me semblait être dans une autre vie.

- Tu m’as manqué ! J’ai eu une pensée pour toi tous les jours.

De ça j’en étais certaine. Jamais encore je n’avais pu m’investir dans une relation comme j’avais eu envie de le faire jadis, quand sur la plage, il avait officiellement fait de moi, sa petite amie.

@ Billy Lighter

Dès qu’on avait pu aller dans l’autre grande pièce pour profiter de la fête, Finan e moi, on avait pas hésité… J’avais juste jeté un œil en arrière pour voir Vanya disparaître derrière le lourd rideau qui menait aux coulisses…

Peut-être que j’avais une chance de la voir à la fête, moulée dans cette robe qui lui allait à ravir… Je l’espérais en tout cas. En attendant, je suivais Finan… Finan qui finit par bifurquer pour aller discuter avec Tiffany… Il me planta là, quoi, en gros…

Du coup, je me sentais un peu seul au milieu de la foule… J’attrapai un verre de champagne et un petit four que j’engouffrai dans ma bouche…

Avant d’entendre mon nom.

La bouche pleine, je me retournai pour voir Vanya qui accourait vers moi, aussi vite que le lui permettait sa tenue.

-Vanya !

Elle me tomba presque dans les bras et j’avalai le petit four… Je n’avais plus besoin de lever les yeux vers elle pour la regarder maintenant… Je devais plutôt les baisser… C’était que j’avais bien grandi depuis mes 15 ans.

Je vis ses yeux pétiller et les mien devaient pétiller tout autant. J’avais un sourire jusqu’aux oreilles.

-Et moi donc ! Je rêvais de toi, je te voyais à la télévision. Tu es devenue une star ! Et ce n’était pas facile de s’approcher de toi…

Je passai une main dans ses cheveux, comme pour m’assurer qu’elle était bien là… Bien réelle.

-J’aurais voulu t’écrire mais tu ne m’as pas laissé d’adresse en Russie… En fait, je t’ai écrit… Mais les lettres sont empilées chez moi, ne sachant pas où je devais les envoyer et…

Et plus je parlais, plus nos visage se rapprochaient… jusqu’à ce que mes lèvres touchent les siennes, doucement. Puis, je décollai tout aussi doucement mes lèvres des siennes… puis je la regardai dans les yeux.

-Depuis le temps que j’attendais ça…

Mes doigts s’entrelacèrent avec les siens…

-Tu es restée combien de temps en Russie ? Et comment tu as réussi à te retrouver à la télévision ?

Je retirai mon bras qui l'enlaçait pour lui tendre mon verre de champagne...

-Tiens... On se le partage?

@ Billy Lighter

C’était un réel bonheur que de pouvoir enlacer Ivar à nouveau, de le regarder dans les yeux bien qu’aujourd’hui, ce fut moi qui eu à lever le regard pour admirer le sien. Il avait peut-être beaucoup grandi mais il restait aussi beau que dans mes souvenirs. Je lui confiais avoir beaucoup pensé à lui, je crois qu’il ne s’était pas passé une seule journée sans qu’il ne me passe par la tête.

Je ne sus quoi lui répondre ensuite quand il confia que c’était pareil pour lui mais qu’en plus, et peut-être était-ce pire, il me voyait à la télévision sans savoir comment m’approcher dans la vie. Ça me fit baisser les yeux… je n’avais pas l’impression d’être inaccessible comme les Daniele Ricci de ce monde.

- Tu as conservés tes lettres?

Ivar m’avait écrit pendant mon été en Russie et, ne sachant pas où me les envoyer, il les avait conservés. Pourquoi n’était-il pas aller chez mon oncle lui demander l’adresse de mes parents ou tout simplement lui demander de me les faire parvenir ?  La question me brûlait les lèvres mais j’avais aussi manqué de donner signe de vie… Rien ne servait de ressasser le passé.

Je ne remarquais même pas que nos visages devenaient de plus en plus proches, jusqu’à ce que nos lèvres se touchent et que nous puissions nous embrasser, sans être pressé par le temps, comme tout à l’heure. Un baiser délicat mais puissant que j’aurais bien fait durer jusqu’à demain, mais il fallu bien se distancer un peu.

- Aussi longtemps que moi, je crois.

Ivar prit mes mains dans les siennes pour entrelacer nos doigts, ça me fit l’impression d’une caresse sur tout mon corps, jusqu’à mon âme.

- J’y suis resté plus longtemps que prévu initialement. Après l’été j’ai eu envie de rester un peu encore. Je me questionnais sur ce que j’allais faire de ma vie et dans quel pays je voulais le faire.

Mon amour de jeunesse voulait en savoir plus, moi aussi je voulais tout savoir. Ce qu’il avait fait de son été, comment avaient été ses études… ses amours ? Peut-être que ça, je n’avais pas envie de le savoir comme je n’avais pas vraiment envie de lui parler des miennes. De toute façon, Ivar est demeuré omniprésent dans ma tête et dans mon cœur.

- Quand je suis revenue a Los Angeles, j’ai fait la rencontre tout a fait par hasard de Charles Reynolds, tu sais, le propriétaire de la chaine télé locale ? Il y avait un poste à la météo qui venait de se libérer et il me l’a proposé…J’ai fait une semaine avant de me retrouver aux arts et cultures. Je pense que j’ai été au bon endroit au bon moment.

Ce n’était pas une histoire banale, j’avais eu beaucoup de chance et j’avais toujours beaucoup à apprendre. J’aimais beaucoup ce que je faisais et ça m’avait amené à retrouver Ivar, en quelque sorte, non ?

- Oh, oui, volontiers.

Je pris le verre de champagne qu’il me tendait et en but une gorgée, sans jamais quitter son regard du mien. Il n’avait pas changé. Je retrouvais le garçon espiègle qui avait attiré mon attention en logeant un petit pois dans mon décolleté quelques années plus tôt.

- Et toi tu es devenu musicien ? Tu es chez MTI depuis longtemps ?

Un esprit aussi libre, je ne l’aurais pas vu coincé dans une usine de neuf à cinq, ce n’était pas pour lui. Je jouais avec le verre de champagne avant de m’en rendre compte et de le lui rendre et de lui voler un autre baiser au passage. Nous avions quelques années à reprendre, non ?

@ Billy Lighter

Je fis un grand sourire quand elle me demanda si j’avais vraiment conservé les lettres que je lui avais écrites.

-Oh ouais ! Et crois-moi, tu as de la lecture à rattraper… Faudra pas faire attention aux fautes d’orthographe seulement.

Puis on s’embrassa, tendrement, délicatement, avec un peu plus de passion sur la fin. Nous attendions tous les deux cela avec impatience. Nous l’attendions sans même savoir si nous en aurions un jour l’occasion.

Mais le destin nous avait réunis.

Mes mains sur les hanches de Vanya, je l’écoutai me dire qu’elle avait prolongé ses vacances pour réfléchir. A ce qu’elle voulait faire et dans quel pays elle voulait le faire.

-Heureusement pour moi ! Tu as choisis L.A. !

Même si c’était après quelques années… Et qu’ensuite, elle était devenue une star de la télévision qu’on protégeait, ce qui la rendait inaccessible. Mais maintenant, j’avais un pied dans son monde et nous pouvions trinquer ensemble, nous toucher, comme pour vérifier si nous étions tous deux bien là.

-Ouais, je vois qui c’est Charles Reynolds… Et je me rappelle de tes début à la météo… ma mère se demandait pourquoi j’avais une soudaine passion pour la météo, pour te dire.

Je rigolai avant de prendre un verre de champagne, d’en boire une gorgée puis de le passer à Vanya… Je lui souris. Les années avaient peaufiné son charme et elle était pour moi irrésistible. Elle me demanda si j’étais devenu musicien et depuis combien de temps j’étais chez MTI.

-J’ai toujours été musicien… Enfin, j’ai toujours fait beaucoup de bruit… Quand on était ensemble, j’étais tellement obnubilé par toi que je ne t’ai même pas montré ma basse…

Je repris le verre qu’elle me tendait et en pris une gorgée.

-Et je suis chez MTI depuis un an… Un peu plus… Mais dernièrement, j’ai été repéré par Finan qui me veut en permanence avec lui… Et un peu que j’ai dit oui !

Mes yeux pétillaient autant que le champagne quand elle me vola un autre baiser.

-Et toi ? Tu dois vivre dans un magnifique manoir ! Ou un château ! La télé, ça rend riche ! Enfin je crois…

On devait parler un peu fort parce que tous les gens autour parlaient aussi, mais ça n’enlevait rien au fait que je me pensais seul au monde avec Vanya à mes côtés… Car rien ni personne, à par elle, ne comptait en cet instant.

@ Billy Lighter

Ivar m’avait écrit beaucoup de lettres pendant l’été où je me trouvais en Russie et pour mon plus grand bonheur, et surprise, il les avait conservées. J’étais touché et même, je dirais un peu émue. C’était tellement romantique.

- Je les lirai toutes… et je ne verrai aucune des fautes !

Je venais de retrouver mon bel Ivar, je flottais ! Impossible d’être plus heureuse qu’à ce moment, après tout, je l’avais rêvé et espéré depuis tellement longtemps. C’était comme vivre un rêve qui nous ramenait en arrière. Ses lèvres étaient aussi douces que dans mes souvenirs, sa peau sentait toujours aussi bon. C’était bien le même Ivar qu’en 1977… quoi qu’un peu plus grand.

- Sans le savoir, ma place était à Los Angeles. Parfois il faut aller bien loin pour se souvenir du chemin de la maison.

Même si mes parents me manquaient, c’était à Los Angeles où je me sentais véritablement bien. C’était à Los Angeles qu’était ma vie… et Ivar.

Je lui racontais ensuite comment j’en étais arrivée à me retrouver à la télévision. J’avais eu de la chance, je n’allais pas m’en cacher mais même sans cette rencontre chanceuse, j’aurais probablement tout fait pour arriver à mes fins. C’est ce que je voulais faire et j’y étais.  J’aimais m’adresser aux gens au travers de leur petit écran, rencontrer des artistes et partager un moment avec eux.

- J’avais un admirateur numéro un et je ne le savais même pas !

Ce fut moi ensuite qui fut curieuse d’en apprendre davantage sur ce qu’avait fait Ivar, comment il était arrivé chez MTI. Je trouvais ça merveilleux comme job, ça lui correspondait parfaitement bien. Ivar était un artiste dans l’âme. Ça, je l’avais deviner par sa façon d’être. Ivar ne tenait jamais en place, il avait besoin de s’exprimer, de bouger.

- Oh ! Tu ne m’en avais jamais parlé c’est vrai…

Il faut dire que nous n’avions pas eu beaucoup de temps pour discuter… Nous le passions à s’embrasser et à fuir Kyle.

- Je serais ravi que tu me présente ta basse. J’aurais droit à un concert privé ?

Je redonnais à Ivar son verre dans lequel je venais de boire une gorgée de champagne, j’avais envie de lui caresser le visage, de le regarder dans ses beaux grands yeux et m’y perdre pour l’éternité et plus encore.

- Donc toi aussi, tu as été au bon moment, au bon endroit. Il faut croire que malgré tout, nous avons été chanceux.

Je préférais nettement le voir de cette manière, après tout, ne venions-nous pas de nous retrouver ? C’était tout ce qui comptait.

- Oh ! Non, mon dieu, non ! J’ai un appartement tout ce qu’il y a de plus banale, très loin d’être un château mais c’est mon chez moi et ça me convient.

Mes moyens étaient tout de même plus aisés qu’à mon retour à los Angeles mais j’étais encore tout en bas de l’échelle, loin d’avoir le salaire d’un présentateur de la trempe de Jerry Truman ou de Priscilla McCartney, j’avais tout de même de quoi vivre plus que confortablement sans avoir à trop me casser la tête.

- Je te fais visiter, si tu veux…

C’était une invitation très claire, pour me retrouver seule avec lui. Peut-être pas dans la seconde, nous pouvions profiter de la soirée, mais ensuite, oui, j’avais vraiment envie de me retrouver avec Ivar et personne d’autre. Nous devions parler un peu fort pour bien s’entendre et l’endroit ne se prêtait pas non plus à de grandes conversations profondes.  

- Tu m’as manqué Ivar. Je le savais déjà avant ce soir mais de te revoir me le fait encore plus ressentir. J’ai été idiote de ne pas te donner signe de vie.

J’appréhendais soudainement qu’il ne m’annonce avoir quelqu’un dans sa vie… C’était possible, après tout, il n’avait pas dû m’attendre sagement tout ce temps. Non… Il devait être libre… autrement il ne m’aurait fait la bise amicale, et posé sa main gentiment sur mon épaule…

- Tu as quelqu’un dans ta vie ?

La question venait de fuir mes lèvres…

@ Billy Lighter

Nous étions debout en plein milieu de la salle, tellement proches que nos ventre se touchaient presque. J’avouai à Vanya lui avoir écrit tous les jours et elle affirma qu’elle lirait toutes les lettres… Je souris, rougis un peu et repris une gorgée de champagne.

-Et bien je te garantis que tu as de la lecture à rattraper… Les premières seront peut-être un peu puériles… Je n’avais que 15 ans…

Elle s’imprégnait de mon odeur, je m’imprégnais de la sienne… C’était comme si plus rien ni personne autour n’existait.

Vanya disait qu’il fallait parfois aller bien loin pour se rappeler le chemin de la maison.

-Je suis content que tu l’aies retrouvé… Que tu m’aies retrouvé.

Elle me raconta comment elle était arrivée à la télévision et je lui souris, lissant une mèche de ses cheveux entre mes doigts.

-Tu es talentueuse en même temps… Là aussi j’ai écrit des lettres, en te regardant à la télévision… mais je les envoyais jamais, je pensais que tu avais mieux à faire… Que tu m’avais peut-être oublié.

J’eus un tout grand sourire quand elle affirma que j’étais son admirateur numéro un.

-Je suis fou de toi comme au premier jour.

Ce fut à moi de m’expliquer sur le comment je m’étais  retrouvé sur scène à jouer avec Finan. Il était vrai qu’à l’époque où je sortais avec Vanya, j’étais encore un débutant, et on était trop occupés à s’embrasser pour que je lui parle de ma basse.

Je souris et lui tendis le verre de champagne.

-Bien sûr que je te la montrerai… Et je te ferai un concert privé, promis.

Après avoir bu, elle me rendit le verre et je me sentis tout « mou », complètement envahi par l’amour quand elle plongea son regard dans  le mien. Elle disait que nous avions été chanceux de nous retrouver au bon endroit, au bon moment.

-Ouais, tu aurais du voir ma tête quand on m’a dit que c’était toi qui présentait l’émission.

Je l’imaginais déjà habiter dans un château, ou une belle villa à Malibu. Mais non, elle n’avait qu’un banal appartement qu’elle me proposa d’aller visiter. Je vidai le verre de champagne et lançai un grand :

-Bien sûr que je veux bien visiter !

Et plus si affinité.

Je me penchai vers elle à chaque fois pour être sûr de bien entendre ce qu’elle me disait… Je souris.

-Et j’ai été idiot d’avoir peur de ton oncle… Lui aurait pu te faire passer mes lettres.

Son oncle était un grand russe un peu rustre et qui parlait peu. J’avais pu le voir quand j’étais passé chez lui chercher Vanya.

Puis, elle me demanda brusquement si j’avais quelqu’un dans ma vie.

-Non…

Je souris.

-J’ai bien vécu quelques amourettes mais aucune n’était toi.

Je me penchai vers elle pour l’embrasser tendrement.

Et toi ? Parce que si c’est le cas, c’est trop tard, on s’est déjà embrassés deux fois.

@ Billy Lighter

J’avais si souvent rêvé d’Ivar qu’il m’aurait été impossible de dire si je vivais un rêve éveillé ou une réalité romancée. Après tout ce temps à vivre de regrets, je pouvais à nouveau le toucher, l’embrasser, lui parler. Il avait des lettres pour moi, des lettres qu’il m’avait écrites mais jamais expédiées. Je voulais toutes les lires, l’une après l’autre, d’un bout de la nuit à l’autre.

- Tu avais 15 ans quand je suis tombé amoureuse de toi.

Jamais je ne saurais trouver puériles des lettres écrites avec le cœur. Nous étions jeunes à l’époque, lui plus que moi, peut-être, mais mes les sentiments que j’avais ressentis pour lui ce soir-là sur cette plage avaient été bien réel, même si j’avais eu peur de me l’avouer.  Il m’avait fallu aller bien loin pour m’en rendre compte, pour réaliser que ma place était ici à Los Angeles et avec Ivar mais le temps avait eu raison de mes espoirs.

Il y avait tant de regret, de si j’avais su… que ça ne servait à rien de les ressasser sauf de nous blesser. Et comme le disait Ivar… je venais de le retrouver… nous venions de nous retrouver. C’est là-dessus que nous devions nous concentrer pour mieux regarder vers l’avenir.

- Au moment où tu m’écrivais ces lettres, tu ne te doutais même pas que je pensais encore autant à toi…

Et je n’aurais probablement jamais lu ses lettres… La chaine en reçoit souvent des lettres d’admirateur mais rarement elle nous les achemine se contentant de nous dire que nous avons beaucoup de supporteurs, de continuer notre bon travail. Ils auraient peut-être cru qu’Ivar était un détraqué qui se payait une petite fixette sur moi.

Mon regard s’illumina avant que je ne baisse les yeux en appuyant mon front contre le sien, mes bras passés autour de son cou. Je voulais tout savoir de lui moi aussi, ce que j’avais raté, comment il était devenu ami avec Finan. Je voulais surtout entendre sa voix, chacune de ses paroles me ramenaient à un souvenir, uniquement par son intonation. Je ne savais même pas qu’il jouait de la basse, mon dieu, tant de choses à rattraper !

- Je serai ton admiratrice numéro un !

Nous avions des projets ! Le concert privé qu’il me ferait, mon appartement à visiter. Mon intention était de rattraper en quelque sorte le temps perdu, même si ces années passées ne reviendraient jamais vraiment.

Je plaçais mon index contre ses lèvres alors qu’il exprimait le regret de ne pas être allé trouver mon oncle pour que ce dernier me fasse parvenir mon courrier. Je ne sais même pas s’il l’aurait fait. Il n’avait pas aimé Kyle, il avait regardé Ivar d’une drôle de manière… peut-être que je n’aurais jamais eu ces lettres, alors qu’aujourd’hui, je savais avoir la chance des lires.

Puis la peur de le savoir en couple avec une autre femme prit un peu le dessus sur le bonheur que je vivais à l’instant. Peut-être que la joie de me revoir, bercé d’un doux parfum du passé lui avait fait perdre l’esprit. Ivar, mon Ivar était libre, me voilà bien rassurée, et il me fit rougir en disant qu’aucune de ses amourettes n’avaient été moi.

- Aucun homme n’était toi…

Aucun n’avait été Ivar, personne ne pouvait prétendre être à la hauteur d’Ivar.

- C’est déjà trop tard oui. Je suis toujours amoureuse de toi !

@ Billy Lighter