J’avais eu, il y a quelques jours, le coup de fil de l'inspecteur Keller, un policier de Los Angeles. Il m’avait dit avoir pris contact auprès de Monty Guerra concernant les dégâts à ma voiture.

Ça faisait plusieurs semaine que j'attendais une suite à ma plainte contre X... Comme il y avait plusieurs personnes sur le parking au moment des faits, je ne savais pas lequel de ces enfoirés avait fait le coup. Et je ne fus pas vraiment surpris d'apprendre que le coupable était Guerra. Ce type était complètement a la masse en plus d'être gratuitement méchant. Et il avait été trahi par les caméras présentes sur le parking. C’était plutôt bien fait pour lui. C’est ce que j’avais dit à Livia quand j’avais eu des nouvelles de cet incident.

Donc, Keller l'avait retrouvé et lui avais parlé. J’avais déjà fait chiffrer les dégâts et, même si j'avais largement de quoi payer, j'attendais que le coupable paye. Je savais pertinemment que Guerra ne pourra jamais payer 5000 dollars mais je n'en avais que faire. Il savait très bien que vandaliser une voiture, ça a des foutues conséquences !

Pourtant, c'est bien parce que Guerra était incapable de payer ( avant même de savoir ce qu'il devait payer) que j'étais convoqué à commissariat pour résoudre ça à l'amiable... C’était Keller qui m’avait présenté cette alternative pour éviter à Guerra de devoir trop payer… J’avais longuement hésité… Très longuement hésiter. Payer des frais de justices, je n’en avais rien n’à faire… Mais je savais que ce genre de procédure était longue, malgré tout et c’est ça qui avait fait un peu pencher la balance du côté du deal à l’amiable. Mais que Guerra ne croie pas j'allais lui faire une fleur pour autant ! Il doit être puni d'une façon ou d’une autre. C'est le message que j'allais faire passer à Keller par téléphone.

J'avais, donc, pris une de mes nouvelles voitures direction le commissariat. Une fois arrivé, je me présentait devant un policier.

-Bonjour,  je suis Julian Hughes. J'ai rendez-vous avec l'inspecteur Keller et Montgomery Guerra...

Il me dit d'attendre le temps qu'il aille chercher Keller. Je me mis, donc, à attendre en regardant autour de moi tout en me raclant la gorge parce que je trouvais cet endroit assez crade... Même très crade... C'était loin d'être aussi propre que ma villa.

J'essayais d'oublier ça quand Keller arriva. Je le saluai constatant que Monty n'était pas encore là.

-Bonjour... Je viens pour le deal à l'amiable... Est-ce que...

Je regardai autour de nous me raclant la gorge.

-On peut aller faire ça dans une autre pièce? Vous avez des pièces pour ça?

Une pièce propre si possible.

@ Billy Lighter

-Et alors ? Elle t’a ramener un café à presque minuit ! Et alors ???

Je me penchai vers Conrad en faisant la moue… Nous étions assis dans la salle de repos où j’attendais mes invités du jour.

-Et alors on s’est embrassés ! C’est ça que tu veux entendre, Conrad ? Ouais, on s’est embrassé.

Je souris et me laissai aller contre le dossier du fauteuil.

-Et on a recommencé plein de fois le lendemain, si tu veux savoir, quand on a emmené le petit au parc d’attraction.

Conrad fit un « o » silencieux avec sa bouche avant de reprendre la parole.

-Mais on dirait que c’est du sérieux, dis-moi !

Je ne me départissais pas de mon sourire… Penser à Nell me faisait sourire..

-Ouais, j’espère que c’est du sérieux. Pour moi ça l’est… Et vous tous vous pouvez me voler la mission d’escorte autant que vous voulez, c’est moi qu’elle aime.

Conrad fit le salut militaire.

-A vos ordres, chef ! Non, sérieux, je suis content pour toi…. Ça te fera du bien un peu de compagnie… Et quand elle viendra dormir avec toi, elle pourra te réveiller pendant tes cauchemars… Tu en fais toujours.

Je hochai la tête et m’allumai une cigarette.

-Moi aussi.

Je soufflai ma première bouffée de fumée alors que c’était au tour de Conrad de s’en allumer une…

-On s’en débarrassera jamais… on a vécu trop de trucs…

Un collègue entra dans l’embrasure de la porte de la salle de repos.

-Keller… Julian Hughes est là pour toi.

Je me levai, clope au bec.

-Bon, au boulot… je dois confronter deux gosses de classes sociales totalement différentes…

Conrad fit la moue.

-Bonne chance avec ça, Playboy.

Je me rendis dans le hall où je trouvai un Julian crispé, les mains bien enfoncées dans ses poches.

-Salut Julian. Je suis l’inspecteur Keller.

Le petit était bourré de tics… C’était la première fois que je le voyais en vrai. Jusqu’ici, tout s’était fait par téléphone.

Il demanda à ce que la rencontre se fasse dans une autre pièce.

-Bien sûr… On va emprunter une salle d’interrogatoire… Il y a trop de bruit ici ? Tu es sûr que tu te sens bien, petit ?

J’aurais pu croire qu’il carburait à quelque chose, exactement comme Guerra quand j’avais été le voir… Mais il y avait des signes qui me disaient que le problème ne se trouvait pas là. Il n’avait pas les pupilles ni contractées, ni dilatées et il ne se frottait pas le nez à tout bout de champ.

-Viens avec moi.

Je l’emmenai jusqu’à une salle d’interrogatoire où il y avait déjà moins de bruits que dans le hall.

-Tu es nerveux à cause de cette rencontre ? Tout va bien se passer, tu sais… Déjà, il faut que Guerra honore sa part du marché et se pointe ici…

Je souris à Julian.

-Il ne devrait pas tarder.

Je m’assis, écrasai ma clope dans le cendrier et tendis mon paquet à Julian.

-Tu fumes ? Tu peux te servir.

@ Billy Lighter

Putain… C’est l’heure…

Je m’étais réveillé en sursaut quand j’avais vu l’heure affichée sur mon réveil. Je devais aller au commissariat, aujourd’hui, pour régler cette histoire de caisse avec cet enfoiré de Hughes. J’avais promis à Keller d’arriver à l’heure ce mercredi alors que j’avais pris congé juste pour ça.

Seulement, qui disait « congé » disait ennui. Du coup, j’avais passé la matinée à me shooté en regardant des conneries à la télévision. Seulement… Je sais pas… A un moment, j’ai eu une sorte de blackout et je viens seulement d’ouvrir les yeux dans mon putain de fauteuil. La coke c’est pas censé me tenir putain d’éveillé ? Ça fait ça d’habitude, bordel !

Une fois réveillé, j’avais super mal à la tête. J’avais la nausée… Mais si je voulais payé le moins possible, je savais que je devais me lever. Alors, je me levai pour aller vers la douche… Je crois que j’y suis resté, genre… Cinq minutes ? J’en sais rien… Mais quand je suis sortis, je me sentais toujours bien mal…

Mais j’ai pas repris de coke… Parce que, sinon, Keller allait le voir. Et je n’avais pas vraiment envie de ruiner mes chances. J’avais pas envie de vivre sous un foutu pont à cause de Hughes.

Donc, je m’y suis rendu toujours avec cette envie de vomir et un mal de tête horrible. J’ai même failli m’arrêter en chemin pour vomir tellement je croyais que tout allait sortir… Enfin… J’ai mangé quand la dernière fois. Je ne sais même plus.

Pas grave… Je mangerais après.

Je suis donc… Ben, arrivé au commissariat… Et quand j’ai regardé ma montre, j’ai vu que j’avais 10 minutes de retards… Je grommelai avant d’entrer et de me présenter devant un type qui leva les yeux vers moi…

-J’ai rendez-vous avec l’inspecteur Keller… Je suis Montgomery Guerra…

Je n’imaginais pas à quel point ma voix était pâteuse… Mais elle l’était. Le type leva un sourcil avant de me dire où je devais me rendre pour trouver qui je voulais trouver…

Du coup… Je suivis ses instructions et arrivai dans une pièce où se trouvait Hughes et Keller.

-Salut…

C’est ce que je dis avant de me laisser tomber sur la chaise en face de Keller et à côté de Hughes qui fumaient déjà tous les deux.

Je me frottai les yeux en ayant, toujours, la nausée, avant de posé mon regard sur Hughes.

-Je peux payer 400 dollars…

Voilà, ce que je pouvais donné… J’avais un salaire de 1300 dollars… Mais mon appartement en coûtait déjà 500… Et il y avait la bouffe et… Ben, la drogue qui était pas bon marché… Carlos la vent pas à deux dollars, la drogue. Non…

-Je peux pas donner plus… Je viens d’être engagé et mon salaire est pas très élevé… Voilà…

Je ponctuais mon discours d’un frottement de nez… De toute façon, même avec mon unique tic, je pouvais pas faire autant que Hughes et ses bien trop nombreux tics.

@ Billy Lighter

L’inspecteur Keller ne tarda pas à arriver. Et, sans attendre, je lui fis part de mon envie de régler l’affaire avec Monty ailleurs qu’ici. Il déclara qu’on allait aller dans la salle d’interrogatoire… J’espérai simplement que c’était mon sale qu’ici. Keller demanda, d’ailleurs, s’il y avait trop de bruits ici ce qui me fit me racler la gorge alors que je grattai nerveusement mon bras gauche.

-Oui… Je vais bien… C’est juste que… On sera mieux dans une autre salle qu’ici où les gens passent tout le temps.

C’était un excuse comme une autre. Je n’avais pas forcément envie de m’étaler sur le sujet avec un inconnu.

Je le suivis, donc, jusqu’à la salle d’interrogatoire. Une fois arrivé, je fixai la table et les chaises… C’était un peu plus propre… Mais j’aurais voulu mieux. Du coup, je pris le temps d’inspecter un peu la chaise avant de m’asseoir sans toucher la table.

Mais le policier semblait réellement s’inquiéter de ma nervosité. Il cherchait à en savoir la cause. J’hochai de la tête… Pas pour confirmé que la rencontre me rendait nerveux mais pour confirmé qu’il fallait déjà que Guerra se pointe.

-Ouais… Ça c’est pas encore sûr. S’il ne vient pas, tant pis pour lui.

J’avais esquivé sa question à laquelle je n’avais pas répondu. Il me proposa alors une cigarette.

Oui ! Ça, j’en avais besoin !

Mais je sortis mon propre paquet montrant à l’inspecteur Keller que j’avais ce qu’il fallait. Je n’aimais pas prendre les clopes des autres. Je préférais les miennes.

-Merci… J’ai les miennes. Je ne voudrais pas vous en prendre alors que j’en ai.

Et j’en sortis une de mon paquet pour l’allumer nerveusement. Quand ce fut fait, je tirai dessus un bon coup, ce qui me calma déjà un peu.

C’est là que Monty entra… Il semblait complètement à la masse… A l’école, je ne l’avais jamais vu comme ça… Du coup, je levai un sourcil répondant par un :

-Salut…

Poli mais sans plus. Je le fixai essayant de capter son regard mais… Il était comme vide. Quelque part, c’était pas vraiment mon problème. Ce que je voulais, c’était régler cette affaire.

Et il se lança en premier me demandant 400 dollars… Je levai un sourcil. Il disait qu’il ne pouvait pas donné plus malgré son salaire.

-400 dollars ?

Je dis ça sur un ton un peu mécontent. Je fixai Keller pour lui montrer mon mécontentement. Je voulais bien régler les choses à l’amiable… Mais il fallait pas abuser !

-J’ai fait expertisé mes dégâts. Ils s’élèvent à 5000 dollars… Sans compter que, cette voiture, j’ai travaillé beaucoup dessus. Donc, c’est des heures que j’ai mis dedans. Du coup, 400 dollars, c’est pas assez. Par contre, je veux bien que tu me payes 400 dollars tous les mois pendant un dix mois. Ainsi tu ne te ruines pas et on sera quitte. Pas de frais de justice.

Je fixai Keller et me raclai la gorge avant de dire :

-Ça parait bien, non ?

Oui, parce que je pourrais faire pire.

@ Billy Lighter

Une fois dans la salle d’interrogatoire, le jeune homme inspecta la table et les chaises comme si celles-ci étaient couvertes de merde… Mais finalement, il se décida à s’asseoir, droit comme un « i », sans toucher la table… Je ne comprenais pas bien ce qui lui faisait si peur, ce qui le rendait si nerveux. Parce qu’il l’était, nerveux, ça ne faisait aucun doute. Pourtant, c’était lui la victime aujourd’hui.

Je m’installai en face de lui, clope au bec et mis le cendrier entre nous… Il était aussi sûr que moi que Guerra viendrait, c’est-à-dire pas sûr du tout. Et Julian disait que s’il ne venait pas, ce serait tant pis pour lui.

-En effet, il a tout intérêt à venir…

Je proposai des clopes au gamin après m’en être rallumé une. Mais il préféra prendre les siennes. Encore un drôle de comportement. Accepter une clope, même quand on en a un gros paquet sur soi, c’est un signe de sociabilité, de mise en confiance… Mais Julian était un garçon bien mystérieux, plein de tics que je n’arrivais pas à déchiffrer.

Puis, la porte de la salle s’ouvrit sur Montgomery Guerra. Je me levai et lui tendis la main pour lui serrer, mais son tonus musculaire était mou. Aussi mou que sa voix était pâteuse. Il se laissa tomber à côté de Julian et annonça d’entrée de jeu qu’il pouvait mettre 400$, pas plus.

Il expliquait ça par son salaire qui n’était  pas très élevé. Je me rassis et tirai sur ma clope, attendant la réaction de Hughes qui ne se fit pas attendre. Il avait fait expertiser les dégâts de sa voiture à 5000$, on était bien loin des 400 que proposait Guerra et je pouvais comprendre Hughes même si je savais que celui-ci n’aurait aucun mal à faire réparer ça. Voire à le réparer lui-même.

Mais c’était une question de principe.

Je le laissai s’exprimer jusqu’au bout et au final, il proposa à Guerra de le payer 400$ par mois pendant 10 mois… Ce qui ferait 4000$ au total…

Je soufflai ma fumée de cigarette.

-Je trouve l’idée pas mal, en effet… Tu pourrais faire ça, Montgomery. Et… Tu pourrais gagner plus aussi pour pouvoir payer ça sans avoir trop à te serrer la ceinture. Mais pour ça, il faudrait travailler plus.

J’espérais un peu que le faire travailler plus, et donc lui donner moins de chance de s’ennuyer, l’éloignerait de la drogue qu’il prenait. Mais apparemment, vu la sale tête qu’il avait là tout de suite, il avait déjà fait un effort pour notre rendez-vous. Mais le manque ne tarderait certainement pas à se faire sentir.

Je regardai Guerra dans les yeux.

-Tu connais le garage du vieux Robson, dans l’Eastside ?

@ Billy Lighter

J’avais mollement serré la main de Keller alors que, Hughes, il ne s’était même pas levé et avait rendu mon bête salut. Je m’en foutais un peu, en fait, tout ce que je voulais, c’était en finir vite et ne plus jamais à avoir à voir ce petit gosse de riche qui, comme je pouvais le voir, était en proie à tout un tas de tics, comme d’habitude… Mais j’avais même pas envie de me foutre de sa gueule. Sans mes potes, ça n’avait pas le même intérêt…

Et puis, ça risquerait de réduire à néant mes chances de payer le moins possible…

Du coup, je me lançai en disant que je voulais bien payer 400 dollars. Je savais que les dégâts coutaient certainement plus que 400 dollars mais c’était tout ce que je pouvais mettre pour pouvoir payer ma drogue et mon loyer ce mois-ci. Parce que j’avais beau vivre dans un appartement minable de l’Eastside, il coûtait quand même de l’argent…

Hughes répéta le prix entre deux bouffée de cigarette… Il avait mal entendu ? Il était sourd en plus du reste. Je me frottai légèrement le nez.

-Ouais, 400 dollars.

Il avait pas l’air content… Et il expliqua que les dégâts s’élevaient à 5000 dollars. Je roulai des yeux. Il n’avait qu’à pas s’acheter des voitures aussi chère ! Putain, j’avais à peine rayé la peinture et il me sort 5000 dollars de dégâts ? C’est abusé ! Et en plus, il voulait bien plus que 400 dollars ! Il voulait 400 dollars tous les mois pendant 10 mois !

Je pris un air largement mécontent commençant légèrement à m’agiter sur ma chaise alors que Keller, lui, trouvait ça juste… Putain ! Je pourrais plus rien m’acheter pendant 10 mois ! Je pourrais à peine payé le putain d’essence de ma propre voiture !!!!

C’est ce que j’allais dire alors que je prenais toujours un air à la fois choqué et pas content du tout. Mais Keller anticipa en disant qu’il me faudrait plus d’argent et, donc, travailler plus.

Travailler plus ???

Et il me parla du garage du vieux Robson ! Je tapai du poing sur la table !

-Ouais ! Je connais le garage du vieux Robson ! Et quoi ? Tu veux que je travaille là-bas ? Tu sais que je travaille 4 jours semaines pour BSC ? C’est juste que je suis nouveau alors je suis mal payé ! Tu veux que je travaille quand chez Robson ? Le week-end ? Et quand est-ce que je m’amuse, moi ?  Et, en plus, j’y connais rien en mécanique. Comment, je pourrais travailler là-bas ? Il voudra jamais de moi...

Je m’emballai… Mollement mais je m’emballais. J’aurais voulu donner plus de punch dans mes réplique mais j’y arrivais pas.

Je me tournai vers Hughes.

-Putain, 400 dollars pendant 10 mois ??? Pourquoi ça coûte si cher ? J’ai à peine démoli la peinture ? Tu te fous de ma gueule, Hughes ? En plus, tu peux largement les payer. Je veux bien grimper jusqu’à 1000 dollars à payer sur deux mois, mais c’est tout ! J’étais bourré, ce soir-là… Comme tout le monde, ok ? Tu vas pas me ruiner pour ça !

Je me renfrognai sur ma chaise en fixant Hughes d’un regard noir avant de montrer à Keller d’un regard que j’avais pas du tout envie de payer autant, ni de faire des heures supp’ dans le garage du vieux Robson.

@ Billy Lighter

Je n’étais pas vraiment satisfait de ce que me proposait ce Monty complètement à côté de ses pompes. Il me proposait 400 malheureux dollars pour s’acquitter de ce qu’il avait fait. C’était pas un effort suffisant pour moi. Alors, j’acceptai d’étaler sa dette sur dix mois en lui faisant grâce de 1000 dollars. Ce que je trouvais largement sympa étant donné à quel point je détestais ce type !

Je cherchais, en Keller, un soutient par rapport à mon offre et c’est ce qu’il fit en disant que l’idée était pas mal. Bien… C’était réglé ? Non. Keller semblait penser que c’était trop pour Monty et que, donc, il pourrait travailler en plus. Je ne lui avais demandé que 400 dollars par mois… J’imaginais qu’il gagnait plus que ça mais, apparemment, pas assez que pour ne pas devoir se serrer la ceinture. Keller lui dit alors qu’il devrait travailler plus… Je jettai un œil vers Monty qui semblait s’agiter alors que je fumais tellement que je dus, déjà, entamer une seconde cigarette.

Sa nervosité ne m’aidait pas à calmer la mienne qui avait une toute autre source.

Keller parla d’un garage dans l’Eastside où, apparemment, Monty pourrait travailler pour se faire plus d’argent. Ce dernier s’emballa alors. Ouais, j’imaginais bien que tout ça ne lui plairait pas.

Il déclara qu’il travaillait déjà 4 jours semaines chez BSC… Chez BSC ? Je n’avais aucune idée que Monty travaillait chez BSC… Livia ne m’en avait jamais parlé… Mais il faut dire que l’entreprise était grande et que je doutais que Livia ait déjà rencontré tous les employés de BSC. Je ne savais pas, non plus, précisément ce que Monty y faisait. Du coup, je pensais bien qu’il abusait quand il disait que 400 dollars par mois, c’était trop. Les salaires ne sont quand même pas si bas à BSC, si ?

Il exagère.

Je lâchai un petit ricanement ironique quand Monty déclara qu’il ne saurait pas travailler au garage que lui avait proposé Keller parce qu’il n’y connaissait rien en mécanique. Non. Tout ce que Guerra savait faire c’était se foutre des autres et jouer au football. C’est tout. Il n’avait jamais été doué à rien d’autre.

Mais je ne dis rien le laissant déversé son mécontentement alors que je fumais toujours nerveusement. Il me proposa alors 1000 dollars à payer sur deux mois.

Je le fixai aussi agacé que lui.

-La peinture, c’est cher ! Et il n’y avait pas que des dégâts à la peinture ! Il y en avait aussi à la carrosserie ! Preuve que, oui, tu n’y connais rien en mécanique ! Les dégâts, c’est cher ! Surtout sur une voiture pareille ! Et, mon offre ne changera pas. Soit tu accepte de payer 4000 dollars en dix mois, soit on oublie ce deal et tu me paye 5000 dollars tout de suite. S’il faut aller en justice, j’irai. Je m’en fiche. Si je suis venu, ici, c’est parce que l’inspecteur Keller veut t’aider et que je vais pas lui foutre des bâtons dans les roues !

C’était surtout parce que je n’avais pas spécialement envie de perdre mon temps à aller en justice.

-Et t’était pas que bourré, ce soir-là. Mais c’est pas une foutue excuse. C’était pas non plus le premier sale coup que tu me faisais. Alors, voilà, je n’ai qu’une offre. Débrouille-toi avec ! Ce n'est que 400 dollars... Je te demande pas la lune.

J’écrasai nerveusement ma seconde cigarette dans le cendrier avant de me racler la gorge et d’attendre qu’il accepte ou non.

@ Billy Lighter

Julian Hughes était venu avec un deal qui me semblait plus que correct. 400$ à lui verser tous les mois pendant 10 mois. Il faisait donc grâce à Guerra de 1000$ en lui permettant de payé sa dette sans aller en justice et donc sans qu’une grosse tache de vandalisme ne soit inscrit à son casier judiciaire.

Ça me semblait juste. Et c’est ce dont je fis part aux deux garçons, proposant même à Guerra, sans le dire encore, de travailler dans le garage du vieux Robson dans l’Eastside. Mais Guerra s’emballa tout de suite, ne souhaitant apparemment pas avoir du travail en plus de son travail habituel chez BSC. Je restai calme, le laissant exploser jusqu’à ce qu’il ait fini.

J’enregistrai qu’il ne travaillait que quatre jours/semaine chez BSC. Et qu’il n’y connaissait rien à la mécanique.

Puis je le laissai s’adresser à Hughes en demandant comment ça se faisait que les dégâts coûtaient si cher. Et Julian de lui répondre que la peinture était chère mais que sa carrosserie avait aussi morflé. Et il confirmait avec ça que Guerra n’y connaissait rien en mécanique.

Il lui proposait d’accepter le deal ou de payer 5000$ tout de suite au risque d’aller en justice. Et c’était sa seule offre, d’autant que ce n’était pas le premier sale coup que Guerra lui faisait, apparemment ce que j’enregistrai aussi.

Il était temps de calmer le jeu.

-Ok, les garçons ! Temps mort !

J’écrasai ma clope dans le cendrier et en repris une avant de tendre le paquet à Guerra. Lui n’allait pas la refuser parce que si je comprenais bien, tout ce qui était gratuit était bon à prendre. Et puis il avait besoin de se calmer.

Je repris, posément, en m’adressant à Guerra.

-Tu dis que tu ne travailles que 4 jours/semaine, chez BSC. Mais tu sais que la plupart des gens travaillent 5 jours semaines ? Si tu vas travailler un jour par semaine chez le vieux Robson, ça te laisse encore deux jours pour t’amuser.

Je le regardai dans les yeux alors qu’il se frottait le nez.

-Et ça te permettra de moins te serrer la ceinture en payant les dégâts à Julian. N’oublie pas que c’est la virginité de ton casier judiciaire qui est en jeu ici… Et ça peut te coûter ta place chez BSC.

Je soufflai la fumée de ma cigarette, lui laissant le temps d’assimiler.

Mon regard passa brièvement sur Julian avant de revenir sur Montgomery.

-Prend ça comme des travaux d’intérêt généraux. J’en ai déjà parlé à Robson, il est prêt à te prendre même si tu n’y connais rien… Et puis ça t’apprendra à ne pas vandaliser des voitures et à te rendre compte des heures de travail que ça représente d’en prendre soin comme le fait Julian.

Je haussai les épaules.

-Ou alors, tu ne prends pas ce travail et tu vis pendant dix mois dans une relative pauvreté…

Je le désignai des doigts qui tenaient ma clope.

-La balle est dans ton camp. A toi de voir. Mais je serais toi, je n’oublierais pas que Julian te fait grâce de 1000$ et que si tu n’acceptes pas le deal, qu’il est prêt à aller en justice.

@ Billy Lighter

J’emmerde Hughes ! J’emmerde Hughes et son petit genre. J’emmerde Hughes et son petit ricanement quand j’avouai ne pas savoir faire de la mécanique. Je sais faire d’autres trucs que lui ne sait pas faire ! Vous avez déjà vu Hughes jouer au football ? Il est nul ! Incapable d’encaisser les coups et incapable de lancer une balle comme il faut. Alors qu’il se foute pas de ma gueule pour ce qui est de la mécanique. Lui, il ne sait faire que ça !

Et ça m’énervai au point que je finis par lui cracher tout ce que je pensais de son deal à la con. J’avais pas envie de lui fournir des thunes pendant 10 mois et j’avais pas envie de devoir travailler plus pour ça.

D’ailleurs, je me demandais bien pourquoi ça coûtait aussi cher et Hughes y alla de son explications en disant que ça se voyait que j’y connaissais rien en mécanique. Je le foudroyai du regard alors qu’il disait qu’il me faisait déjà une fleur mais qu’il ne changera pas son deal.

-Putain, t’es déjà riche ! C’est vraiment pas juste ! Et arrête de frimer avec tes compétences en mécanique. Tout le monde a pas la chance d’avoir des bagnoles à la chaine pour s’entrainer, hein !

Je grommelai quand il disait que j’étais pas que bourré, ce soir-là. Il disait aussi que c’était pas la première fois que je lui faisais un sale coup. Je roulai des yeux avant de carrément ricaner quand il disait que ce n’était que 400 dollars.

-QUE 400 dollars ? C’est une putain de fortune, pour moi ! T’es vraiment à côté de tes pompes, Hughes ! Moi, je les chie pas les 400 dollars ! Donc, ouais, c’est la putain de lune pour moi !!!

Et j’allais encore en rajouter quand Keller nous dit d’arrêter. Je me renfrognai sur ma chaise avant que Keller ne me tende son paquet de clope. Je le pris d’une façon un peu brusque pour en sortir une cigarette et l’allumer avec le briquet de Keller qui trainait sur la table.

Il déclara alors que la plupart des gens travaillaient 5 jours semaines. Il me reproposa, donc, l’idée du vieux Robson. Je tirai sur ma cigarette avec mon air toujours renfrogné mais sans ouvrir la bouche laissant plutôt parler Keller. Il me parla de mon casier et j’allais dire que je m’en foutais mais je grommelai quand il ajouta que ça pourrait me couter mon emploi.

Je levai un sourcil quand il dit qu’il avait déjà parlé au vieux Robson. De moi ? Pourquoi il a fait ça ? Quoi qu’il en soit, apparemment, le vieux voulait bien m’engager. Mais je fronçai un peu les sourcils quand il dit que ça me fera comme des travaux d’intérêt généraux pour que je comprenne la valeur du travail…

J’hésitai…

J’hésitai un moment… Mais j’avais pas vraiment le choix. Avec 400 dollars de moins, j’allais plus rien pouvoir faire ! Et si j’acceptais pas, j’allais avoir des foutus frais de justice en plus et un job en moins. Parce que c’était clair qu’ils allaient statuer en faveur de Hughes… C’est un gosse de méga riche !

-C’est vraiment pas juste !! Toujours tout pour les riches dans ce foutu monde !

J’en avais marre et ma voix était toujours molle même si je m’énervais. Je me frottai les yeux. Après ça, j’aurais bien besoin d’une dose… Faudra que j’en rachète à Carlos.

Putain, encore des frais !

-Ok… J’accepte de travailler pour le vieux Robson le vendredi. Mais qu’il se plaigne pas que je suis nul en mécanique. J’aime pas ça, ok ? Les voitures, je les conduis, je les répares pas…

Je fixai Hughes.

-T’es content ? Tu vas pouvoir faire des économies… C’est bien, non ?

Je dis ça sur un ton méprisant et ironique tant tout ça me rendait malade. Je revins ensuite, sur Keller.

-Je peux y aller, maintenant ? Je crois que j’ai assez perdu mon putain de temps.

Ouais et mon putain d’argent aussi.

@ Billy Lighter

Monty avait la haine. Il râlait parce que je lui réclamais de l’argent alors que j’en avais assez. Ce n’était pas l’argent le problème, c’était le principe. Il avait saccager ma bagnole, il payait. C’était comme ça. Et son attitude me rendait nerveux au point que je ne cessai de me racler de temps en temps la gorge alors qu’il n’arrêtait pas de dire que j’étais riche.

-C’est une question de principe, Monty.

Il disait qu’il chiait pas les 400 dollars et je roulai des yeux à ça. Un salaire chez BSC, c’était quand même bien plus que 400 malheureux dollars. Ok, il devra peut-être se serrer la ceinture mais ça devrait aller…

Je n’eus pas le temps de répliquer que l’inspecteur Keller décida d’un temps-mort. Je le fixai alors qu’il expliquait à Monty la marche à suivre. Il essayait de l’aider en parlant d’un endroit où il pourrait travailler le cinquième jour de la semaine. Monty devrait s’estimer heureux… Ce flic essayait réellement de l’aider. Alors que j’étais pas tellement sûr qu’il le méritait. Même si, pour moi, Monty n'avait toujours été qu’une pauvre type et que c’était parce que c’était un pauvre type qu’il était méchant à ce point.

Je les laissai parler et hochai de la tête quand Keller déclara que, en travaillant dans un garage, Monty comprendra le temps que ça prend de rafistoler une voiture.

A la fin du discours de Keller, je fixai Monty qui semblait pas content du tout. Mais il devait quand même avoir un soupçon d’intelligence parce qu’il finit par accepter l’offre de Keller et, donc, j’imagine, le deal.

Quand il s’adressa alors à moi, je roulai des yeux.

-Oui, je suis content. Tu peux payer tous les 15 du mois à commencer par le 15 de ce mois-ci.

Comme ça, il avait une date pour payer.

Monty voulait partir et je fixai Keller avant qu’il ne s’en aille.

-Si jamais il ne paye pas, je reviendrais vers vous. Merci, Inspecteur Keller.

J’attendis, toutefois, qu’il nous permette de partir avant de me lever. Même si, plus les secondes avançaient, plus je voyais tout ce qui était sale et qui n’allait pas dans cette pièce…

@ Billy Lighter

Plus Montgomery s’énervait, plus Hughes avait des tics. Il se raclait la gorge, se tenait tendu… Pourtant, Guerra ne hurlait pas… Il manquait même de conviction avec sa voix pâteuse, ce qui ne jouait pas en sa faveur. Mais je choisis de passer là-dessus pour le moment. Un problème à la fois et pour l’instant, le problème, c’était de mettre les deux jeunes d’accord.

Quand le ton commença à grimper un peu trop, j’arrêtai les choses nettes et Guerra se renfrogna sur sa chaise.

En effet, ce monde était fait pour les riches, c’était comme ça que ça marchait. Mais là n’était pas le problème aujourd’hui. Le problème, c’était qu’il avait vandalisé la voiture de Hughes et qu’il devait comprendre que c’était mal et quoi de mieux que de le faire payer d’une façon qui ne le mettrait pas sur la paille, tout en lui apprenant une leçon en le faisant travailler chez le vieux Robson ?

-C’est toujours plus juste que de faire payer 5000$ plus des frais de justice à un jeune qui commence tout juste dans la vie, tu ne crois pas, Montgomery ?

Et donc, finalement, Guerra accepta le deal… plus qu’à contre cœur, mais il l’accepta. Je lui souris et me penchai légèrement vers lui.

-Tu fais le bon choix. Et ne t’en fais pas, tu auras le meilleur mentor qui soit pour apprendre le métier, le fils du vieux Robson. Personne ne te dira que tu n’y connais rien parce que personne n’osera s’en prendre à son protégé.

Guerra demanda s’il pouvait y aller. Je me levai, clope au bec, et lui tendis la main.

-Ouais, tu peux y aller mais soit présent vendredi à 9h au garage. Si tu n’y es pas, j’en serai informé.

Et Hughes lui donnait le 15 du mois pour payer ses 400$ dont il allait devoir s’acquitter pendant 10 mois.

Et Hughes me fixa en disant que s’il ne payait pas, il reviendrait vers moi.

-Très bien, on fait comme ça. Mais je suis sûr qu’on aura pas besoin d’en venir là.

Parce que j’allais surveiller Guerra de près.

@ Billy Lighter