Depuis le jugement rendu par le juge Dorsley, j’avais cherché, avec ma famille, à me changer les idées. J’essayais de me dire que Ward ne se vengera en rien de notre tentative de l’enfermer à vie dans une petite cellule… J’essayais de me dire qu’il ne risquerait pas de finir, à nouveau, en prison. C’est sur ça que j’essayais d’aller de l’avant tout en affrontant les épreuves que nous imposait la condition de Yoric.

La vie n’avait rien de simple. J’étais né avec une sorte de malchance chronique mais je savais que j’avais un bon entourage pour pouvoir affronter tout ça. Tiff, Ivar, Vanya, Samantha, Guillermo, Yoric et encore bien d’autres. C’est tant de gens qui me font penser que l’avenir ne sera pas aussi noir que les dernières événements ont laissé transparaitre.

J’essayais de penser positif tout en égrainant quelques notes sur ma guitare acoustique. Samantha m’avait proposé un projet de duo avec Olivia Hughes et je devais avouer que c’était un véritable défi pour moi. Un défi à la fois effrayant et excitant. Parce que ce que me proposait ma manager n’était pas dans mon style de musique habituel. Mais c’était une façon de montrer au public que je savais faire autre chose que du métal médiéval. Mais je savais qu’il ne fallait pas que je me plante par respect pour Livia et pour Samantha.

Je relisais les paroles… J’essayais d’accompagner ça d’une mélodie… Je ne savais pas qui de moi ou de Livia allait faire la guitare sur le titre étant donné qu’on était tous les deux guitaristes. On verra ce qui donne le mieux. Je savais que la jeune femme était très talentueuse mais, soyons honnête, nos styles sont très différents.

Et certainement que nos caractères aussi.

Parce que je ne connaissais pas Olivia. Je savais d’elle ce que la presse en disait. Je ne l’avais encore jamais croisé ici étant donné qu’elle est chez BSC, la maison de disques de son père. Un père que je connais, par contre, étant donné qu’il a été mon boss pendant plus de 13 ans. Et je me doutais bien que Livia savait parfaitement que son père était chef des Los Diablos. Après tout, elle avait été enlevé par Ward Fleming pour cette raison. Elle devait savoir… Et elle ne devait pas non plus avoir aimé la sentence du juge Dorsley.

Du coup, je ne savais pas du tout ce que notre duo allait donner. La musique c’était une question d’alchimie. Une alchimie que Samantha semblait sûre qu’on allait avoir.

On verra bien. L’important était de ne décevoir personne.

Je jouais toujours la mélodie qui accompagnais les paroles que je fredonnais quand Livia finit par entrer dans le studio. On était chez MTI. Samantha avait tenu à ce que ça se fasse ici parce que c’était un projet initié par MTI. J’arrêtai, donc, de jouer pour m’approcher de Livia et lui tendre la main pour qu’elle la serre.

-Bonjour Livia. Content de te rencontrer.

Je lui souris.

-J’espère que tu vas bien… Je t’avoue que ce projet me fait un peu stresser. Je n’ai pas l’habitude de ce registre. C’est plutôt le tien, ça…

Je parlais de la chanson, bien sûre…

-Au fait, félicitation pour ta tournée. Il parait que c’était une belle réussite.

J’essayais de lui paraitre sympathique. Il n’y avait aucune raison que je ne le sois pas.

Daniele savait que j’avais besoin de vacances et que je ne souhaitais aucun engagement pendant ce que je jugeait être un très court moment dans mon année. Pourtant, mon manager m’avait relancé avec un projet de duo qui, bien qu’il ne tombait pas au meilleur moment, était difficile pour ne pas dire impossible à refuser.

J’avais reçu par coursier dans l’heure suivant l’appel de Daniele, les paroles de la chanson qu’il espérait que je chante avec Finan Quinn.  Je ne connaissais pas encore le chanteur du groupe The Warriors mais pour avoir écouté son album, je pouvais dire que j’aimais beaucoup sa voix. J’étais curieuse de voir ce qu’elle donnerait jumelée à la mienne.

Les préparatifs de mon escapade amoureuse au Colorado allait donc attendre une journée de plus. De toute façon, Julian était à nouveau enfermé dans son garage à ratifier son plan au point où je me demandais s’il allait bien démarrer la construction de son prototype comme il avait dit le faire et que nous serions capables de partir à la fin de la semaine comme prévu.

L’enregistrement était prévu chez MTI, c’est donc là que je me rendis. Finan Quinn était déjà arrivé quand j’entrais dans le studio que nous allions utiliser pour la journée. Il se leva et en bon gentleman, me serra la main. Il se disait ravie de me rencontrer et ça me fit rougir. Je ne m’habituais pas encore tout à fait à cet espèce de reconnaissance artistique qui venait avec la célébrité. Pour moi, je n’étais toujours qu’Olivia, la fille de Maritza et Jimmy, belle-fille d’Enrique et Finan lui, chanteur de The Warriors.

- Le plaisir est pour moi !  Je vais bien, merci. Et toi?

Il disait que ce projet le faisait un peu stresser car la chanson ne correspondait pas au registre auquel il était habitué.  Ça, je pouvais le comprendre mais j’étais convaincue du talent de Finan alors je ne doutais pas que nous puissions parvenir à l’enregistrer dans la journée.

- Elle diffère de ton registre mais elle n’est pas hors de ta portée. Je suis certaine que tu t’en sortiras très bien.

Je déposais mon sac au sol et le poussais du pied pour le glisser sous la table ainsi, personne ne se prendrait les pieds dedans. Finan me félicita au passage pour ma tournée qui avait été couronnée de succès.

- Ce fut une expérience complètement dingue que je recommencerais demain matin ! Ou pas ! J’ai besoin de vacances mais clairement que le moment venue, je sauterai dans le train sans hésiter !

Je rigolais en repensant à ce que je venais de dire et ce que je souhaitais vraiment. Une chose à la fois, je ne devais pas m’éparpiller !

- Si on se mettait au travail ?

J’étais du genre à battre le fer quand il était chaud et je n’aimais pas perdre mon temps quand il était consacré au travail. Je pris un crayon qui trainait, le coinçais entre mes dents puis je ramenais mes cheveux en toque sur ma tête que je fixais en passant le crayon dedans. Une vieille technique apprise en classe ! C’était plus intéressant d’apprendre des moyen de se coiffer avec des articles de bureau que d’écouter Monsieur Maguire nous explique le théorème de Pythagore !

La fameuse Olivia Hughes était entrée dans le studio. Je ne l’avais vue que de loin aux AMA il y a un an d’ici et je pouvais voir qu’elle avait légèrement changée depuis. Pas qu’elle ait nécessairement grandi mais ses traits étaient plus adultes. Même si elle avait encore quelques touche juvénile dans ses expressions qui trahissait que la fille de Jimmy Reed n’avait encore que 19 ans…

Qu’est-ce que je faisais, moi, à 19 ans ? Je faisais des petits boulots à gauche et à droite pour gagner de quoi payer un appartement miteux. J’étais loin d’avoir la carrière qu’avait Livia aujourd’hui. Mais elle avait du talent, c’était indéniable. Elle n’était pas là pour rien.

Livia disait aller bien et me renvoya la question. J’haussai des épaules.

-Ça peut aller…

Je n’allais pas lui dire que j’allais parfaitement bien. Ce n’était pas le cas. Je digérais encore mal le procès de Ward Fleming.

J’avais déclaré être un peu stressé par la chanson qu’on allait devoir réaliser ensemble. Ce n’était pas mon registre. Ça l’aurait été, je me sentirais comme un poisson dans l’eau. Mais ce n’était pas le cas ce qui faisait que ça représentait une sorte de défi pour moi. Un défi que Livia me sentait capable de relever. J’esquissai un petit sourire.

-Je ferais de mon mieux en tout cas.

Elle déposa son sac alors que je la félicitai pour la réussite de sa tournée. Elle déclara que c’était une expérience incroyable et ça me fit sourire. Elle disait avoir maintenant besoin de vacances. Je rigolai un peu.

-Ricci ne t’a pas épargné alors avec ce duo… Moi, je suis pressé de partir en tournée. Tiff veut encore prendre un peu le temps pour profiter un maximum de notre fils et se remettre de son accouchement mais dès qu’elle se sentira prête, on partira certainement. J’ai hâte de voir ce que The Warriors donnera en dehors de Los Angeles.

Vous savez ce qui me frappait ? C’était que, si physiquement, Livia avait des traits de son père, dans sa façon d’être, je ne voyais pas du tout Jimmy Reed. Ni Maritza bien que, elle, je ne l’avais vu que quand Guillermo avait osé tenté d’enlever le jeune J.R. Reed… Du coup, je doutais qu’elle soit comme ça tous les jours…

La jeune femme voulait commencer et attacha ses cheveux avec un crayon. Elle en avait de la technique…

-Oui, on peut se mettre au travail. J’ai pas mal réfléchis à la chanson.

Je lui montrais les lyrics et les annotations que j’avais faites dessus.

-Je pensais que tu pourrais faire seule la première partie avec moi qui te double de temps en temps. Et, vers la fin, ça serait plus ma voix qu’on entendrait et toi qui double. Je pense que nos deux vois ensemble peuvent bien donner. Je comptais chanter dans un registre plus grave que d’habitude…

Je trouvais que ça donnerais mieux.

-Pour les instruments, le piano donnera bien mais on peut d’abord le faire à la guitare… Je ne sais pas si tu as une idée de mélodie…

Je fis la moue.

-Le mieux est peut-être d’essayer et de voir ce que ça peut donner, qu’est-ce que tu en dis ?

Quittant mes presque vacances pour entrer en studio le temps d’enregistrer une chanson, je rencontrais officiellement celui avec qui j’allais partager le micro. Il me salua et me demanda comment j’allais, polie comme tout le grand gaillard. Si pour moi, tout allait bien, Finan me répondit sans grande conviction que ça pouvait aller. Je fronçais des sourcils en espérant que cela n’allait pas compromettre l’enregistrement. Il m’expliqua alors être stressé par l’enregistrement de notre chanson, ce que je pouvais comprendre. Travailler pour la première fois avec une personne était toujours une source de stress. On ne pouvait jamais savoir comment les choses allaient se dérouler. Je tentais donc de le rassurer mais pour rassurer les gens, y’avait mieux que moi !

Finan était tout en compliment, peut-être qu’il était de nature flatteur. Si ma tournée avait été un succès comme il le mentionna et une expérience inoubliable comme je le lui confirmais, j’avais besoin de vacances ce qu’avait semblé oublier mon manager.

- En effet. Il aurait pu attendre une semaine ou deux mais comme Julian n’est pas tout à fait prêt à partir, pourquoi pas ?

Finan avait lui aussi très hâte de partir sur les routes avec son groupe mais sa femme venait d’accoucher et ne se sentait donc pas prête encore à se remettre au travail. Voilà une des raisons qui me convainquait de ne pas avoir d’enfant.

- Félicitation pour le bébé. Oh et je croise les doigts pour que vous puissiez très vite vous lancer sur une tournée ! Vous allez tout déchirer, c’est certains !

Il ne suffisait que de penser à leur récente prestation au Hollywood Bowl ! Tous les billets avaient très vite trouvés preneurs et on ne parlerait que de ça si la mort de Lola n’était pas survenu dans la même période.

J’étais convaincue que de discuter avec Finan était très intéressant et que nous aurions toujours un sujet de conversation mais nous étions ici pour travailler. Je fixais mes cheveux en toque sur ma tête avec un crayon pendant que Finan m’expliquait la vision qu’il avait eu de la chanson qu’on nous avait fait parvenir. J’avais eu à peu près la même vision mais je tenais tout de même à l’entendre la chanter en solo d’un bout à l’autre pour voir comment il la rendait et je ferais pareil ainsi,  nous verrions nos forces et nos faiblesses.

- Quand je l’ai chanté chez moi, et quand j’en fais la lecture, je n’entends que du piano pour la mélodie. Elle est tout en douceur cette chanson mais en même temps, elle dégage beaucoup de force.

Finan proposa qu’on essaie pour voir quel genre de résultat nous pourrions obtenir. Je m’installais donc sur un tabouret question d’être confortable et parce que nous allions en avoir pour un bout de temps.

- Chante-là en premier, je le ferai ensuite. Je veux voir comment tu développe ta vois avec l’émotion qui vient avec.

La chanson en était une d’amour mais aussi de questionnement de couple. La vie sur les routes n’était pas chose simple, je l’avais vécu lors de ma dernière tournée quand Julian m’avait cru être infidèle alors qu’il n’en était rien. Être sous les projecteurs était de loin le plus beau métier du monde mais comportait aussi autant de beau que de moins beau.

J’avais souligné que Ricci n’avait pas réellement laisser souffler Livia avant de lui confier un nouveau projet. Elle revenait pourtant d’une tournée mondiale et, même si je n’en avais pas encore vécu, je me doutais bien que ça ne devait pas être de tout repos. Et, effectivement, Livia n’aurait pas craché sur une semaine ou deux en plus de repos. Mais, visiblement, son mari n’était pas prêt à partir alors, quelque part, ça tombait bien.

-Les managers sont parfois impatient.

Je dis ça en souriant. On avait la chance, avec Samantha, qu’elle était à notre écoute. Elle attendant, d’ailleurs, patiemment, que Tiff se remettre complètement de son accouchement et des dernières nouvelles concernant Yoric avant de nous lancer dans des projets de longues haleine comme une tournée. Bien que, soyons honnête, j’étais pressé d’aller en tournée. Tout ça, je ne le cachai pas à Livia qui me félicita pour le bébé.

-Merci. On est très fier de lui.

Parce que, malgré sa condition, c’est un petit garçon très éveillé et très souriant.

Livia n’était pas avare en compliments. Elle était sûre qu’on allait tout déchirer avec le groupe. J’en étais d’autant plus sûr depuis que Sigurd nous avait rejoint. C’était un très bon batteur.

-Merci. J’espère que le public, en dehors de L.A., sera du même avis que toi.

Livia était prête à se mettre au travail. Elle ne semblait pas vouloir perdre de temps et je pris la feuille avant de lui expliquer ce que j’avais en tête. Ça me rassurait qu’on avait à peu près le même point de vue sur la mélodie. C’est que je n’étais pas totalement à côté de la plaque.

-On partira sur du piano alors.

Elle voulait que je chante en premier toute la chanson. Je me raclai la gorge un peu tendu.

-Ok…

Je me mis face au micro qui était branché. Je pris ma guitare pour m’accompagner. Je préférais faire comme ça que a capella. Je me mis alors à chanter dans la voix grave que j’avais prévu. Ce n’était vraiment pas mon registre mais j’essayais de faire en sorte de rendre ça à la fois rock et doux. Comme une balade que peuvent faire certains groupe de rock. Je savais faire des choses dans un registre plus calme. Je l’avais fait pour certaines chansons de The Warriors.

Je fermai les yeux pour oublier que j’étais analyser par Livia. Elle était plus jeune que moi mais, indéniablement, elle avait plus d’expérience en studio.

Ce qui rendait la chose un peu bizarre, finalement. J’avais peur du jugement d’une jeune fille de 19 ans… J’en avais 34… Le monde était parfois bizarre.

Quand j’eus terminé, je rouvris les yeux fixant Livia.

-C’est ce genre de voix… La mélodie peut-être changée. Elle donnera, de toute façon, tout autre chose au piano… Tu sais faire du piano ? Moi, je me débrouille…

Je savais jouer un peu de piano même si mon instrument de prédilection était la guitare.

Je souris à Livia.

-A ton tour ? Ou on fait un test ensemble ?

Les managers étaient parfois impatients, c’est ce que venait de dire Finan. Si c’était parfois vrai, je ne doutais pas que Daniele aurait respecté ma volonté de vouloir me reposer avant de me réembarquer dans différents projets. Julian et moi étions sur le point de partir en vacances mais mon mari avait encore besoin de temps pour mettre au point la confection de son prototype avant de donner le go a notre escapade en amoureux, question de partir la tête tranquille.

Finan avait bien hâte de connaitre la vie en tournée mais comme sa femme venait de donner naissance à leur premier bébé, elle avait encore besoin de temps pour se reposer. Pour avoir vu ma mère se remettre de deux accouchements, je me doutais oui que Tiffany avait besoin de temps puis probablement aussi qu’elle avait envie de profiter des premiers instants de vie de ce petit bout d’homme de qui Finan se disait très fier.

- Tu as une photo ?

Les bébés n’étaient pas ma tasse de thé mais je pouvais quand même m’extasier devant leurs petites bouilles mignonnes.

Après ça, il était temps de se mettre au travail. Finan se disait un peu stresser, il n’avait aucune raison de l’être, nous étions tous les deux là pour essayer des trucs, voir comment nous pouvions nous ajuster, donner vie à cette magnifique chanson.

Finan avait une vois déjà plus grave que la moyenne mais il pouvait aller chercher des notes encore plus basse, c’est ce qu’il voulait faire et j’étais d’accord. Je voulais qu’il chante la chanson au complet une première fois pour que je me fasse une idée de comment il pouvait la rendre ce que je ne saurais pas faire si je chantais en même temps que lui, je me concentrerais sur ma propre performance.

Finan s’exécuta alors en s’accompagnant de sa guitare. Je l’écoutais attentivement, je fermais les yeux aussi, comme lui. Je me laissais complètement percer par sa voix qui trahissait beaucoup d’expérience de vie, des choses que je ne soupçonnais pas. Une chose était certaine, Finan était capable de beaucoup d’émotion et c’et ce qu’il fit au premier essai.

- Wow !

Si moi j’étais déjà émerveillé par ce que je venais d’entendre, Finan était déjà entrain de se justifier, en quelque sorte, en disant que la mélodie pouvait être changé, qu’elle rendrait mieux au piano, est-ce que je savais jouer du piano ?

- Oui, oui, je sais jouer du piano. Mais détends-toi, nous sommes ici pour nous amuser. Travailler mais s’amuser en travaillant.

Finan voulait savoir si je me lançais seule ou si nous pouvions essayer ensemble.

- Je me sens prête à l’attaquer avec toi. On l’essaie comme on le sens, ok ? Ok s’ajustera en cours de route.

Je le laissais reprendre sa guitare pour nous donner la note et je chantais les premières paroles, me laissant aller au gré des notes que grattait Finan.

J’avais un peu parlé d’une prochaine tournée et, surtout, de Yoric dont j’étais fier. Si j’étais de nature pessimiste, je voyais bien que ce n’était pas le cas de mon fils qui aimait sourire en toute circonstances. Il devait tenir ça de Tiff… Ou de ma mère. Mon père disait souvent que ma mère était toujours optimiste quelque soit la situation et qu’il aurait aimé être comme elle. A croire que j’avais hérité des Quinn à ce niveau.

Livia se demanda si j’avais une photo. Je souris et sortis mon portefeuille de ma poche arrière. J’en sortis une photo de Yoric, tout souriant avec ses grand yeux bleus et sa touffe de cheveux roux. Je la montrai à Livia.

-C’est le portrait craché de sa mère comme tu peux le voir.

Je la laissai regarder la photo avant de la ranger avec les autres. J’en avais une de Tiff, une de Yoric et une de Guillermo dans mon portefeuille. Ils étaient ma famille désormais.

Après quelques échanges où Livia tentait de me rassurer, je me mis à chanter la chanson seul en m’accompagnant de ma guitare. Je tentais une voix plus grave que d’habitude. J’avais de la chance d’avoir une voix avec plusieurs octaves bien que j’en avais beaucoup moins que Billy Lighter.

Livia m’écouta attentivement et quand je terminai, elle s’exclama. J’esquissai un sourire. Apparemment, ça l’avait bluffer ce qui était plutôt rassurant.

Je lui demandai si elle savait faire du piano. C’était le cas mais elle mit en avant qu’on était ici pour nous amuser.

-Oui, les deux. Parce que si on ne fait que s’amuser pas sûr que ça plaira à nos managers.

Je rigolai en disant ça. Je savais Samantha conciliante. Bien que… Il ne fallait pas non plus trop abuser avec elle. Elle savait mettre des limites comme une vraie maman.

Livia voulait bien qu’on fasse la chanson tout les deux. Il fallait qu’on se lance à un moment donné.

-Ok, on le fait au feeling.

Je la laissai se placer devant le micro et je repris ma guitare. Puis, Livia commença…


Sa voix était magnifique. Je l’avais déjà entendue à la radio mais l’entendre en live donnait tout autre chose. Je me laissai porter par sa voix avant de m’y mettre moi aussi aux moments où je le trouvais opportun. Ainsi, on chantait parfois à deux en même temps ce qui donnait plutôt pas mal. Ma guitare nous accompagnait mais c’était bien sur nos voix qu’on était concentré.

On s’ajusta naturellement de temps en autre et, quand on chanta la dernière note, j’affichai un sourire.

-C’est pas mal du tout…

C’était même très bon.

-Je ne sais pas d’où tu tiens cette voix mais… C’est tout simplement magnifique. Tu as ça dans le sang, c’est clair.

De sa mère, certainement. Je voyais très mal Jimmy Reed pousser la chansonnette. Quoi qu’il avait peut-être un talent caché.

-Je connais quelques gamines un peu plus jeunes que toi. Tu les inspires beaucoup. Par ton parcours et par ton talent.

Alejandra était fan… C’était le cas d’Isabel aussi. Et il parait qu’à l’école de Guillermo, toute les gamines s’identifient à Livia. Elle est la star d’une génération.

-Il y a quelques trucs à ajuter mais je crois qu’on est sur la bonne voie, tu ne penses pas ?

En papa fier qu’il était, Finan avait une photo de son nouveau-né dans son portefeuille rangé dans la poche arrière de son jeans. Il me la montra avec des yeux brillants. Le petit Yoric était mignon comme tout avec ses beaux grands yeux bleu et sa touffe de cheveux de feu. Finan disait que le petit était le portrait craché de sa maman, je fis oui de la tête. Je ne connaissais pas bien Tiffany, juste un peu de vu mais en me basant sur la couleur des cheveux, oui je pouvais dire qu’il lui ressemblait beaucoup.

- En tous les cas, félicitation, il a une belle bouille.

On revînt sur ce qui nous amenait ici tous les deux, c’est-à-dire la chanson que nous devions faire en duo, une idée de nos managers respectifs.

Finan chanta une première fois la chanson, seul. Je voulais voir comment il se débrouillait dans un registre qu’il disait ne pas lui correspondre. Moi, je ne doutais pas de son talent et je ne voulais pas non plus qu’il se mette la pression.

Quand il eu terminé, je m’exclamais tout simplement ! Il avait assuré, je ne comprenais même pas pourquoi il avait stressé, nous étions ici autant pour travailler que pour nous amuser.

- Ça ne leur plaira probablement pas mais tu sais quoi ? Je m’en fiche un peu !, dis-je en rigolant. Ils veulent tous les deux une chanson réussit et ça ne sera pas le cas si  nous sommes tendus et stressés.

Ensuite, on se lança tous les deux dans l’interprétation de la chanson, sans pression, sans trop réfléchir, juste en y allant au feeling. C’est ce qui donnait souvent les meilleurs résultats. Alors c’est ce qu’on fit, Finan à la guitare. Je commençais, doucement, me laissant imprégner par la mélodie à la guitare, fermant les yeux pour mieux ressentir à la fois la musique et les émotions que la chanson m’inspirait.

Pour un premier essai, j’étais plus que satisfaite. Je trouvais que nos voix se fondaient bien l’une à l’autre, que tout coulait parfaitement bien. Notre interprétation manquait un peu de puissance, la chanson était intense, il s’agissait d’une belle et grande déclaration qui devait être supporté par nos voix respectives mais nous allions y parvenir, sans mal, je le sentais.

- C’était même vraiment bien !

Finan demandai d’où je tenais ma voix, je lui répondis d’un haussement d’épaules en rigolant doucement. Parfois, j’étais tenté de répondre que je tenais ça de mon père question de surprendre mais en réalité, ça me venait de ma mère, certainement. Elle avait toujours chanté à la maison, même quand elle ne voulait pas qu’on l’entende. Elle adorait ça et si elle avait eu un peu plus d’audace, peut-être qu’elle aurait tenté sa chance, qui sait ?

- Je reçois beaucoup de lettres de jeunes filles qui me disent que je les inspires. Ça fait toujours un peu étrange parce que… je ne suis que ‘’moi-même’’, je veux dire que je ne sens pas que je puisse faire quelque chose d’exceptionnel qui puisse me valoir autant d’éloge. Ça donne le vertige et surtout la pression de ne pas commettre d’erreurs.

Je commençais à goûter à l’envers de la médaille, très peu mais quand on me disait que j’inspirais, la peur de faire un faux pas qui risquait de décevoir ou d’influencer en mauvais sens des jeunes filles devenait présente.

- J’essai de faire de mon mieux pour que cela n’arrive pas.

Finan croyait à raison que nous étions sur la bonne voie pour notre chanson. Avec quelques pratiques et ajustements, nous serions prêts à enregistrer ! Nos managers allaient être contents, nous n’aurions pas monopolisé de studio trop longtemps et donc, minimiser les frais !

- Daniele et Samantha seront content, nous ne leur coûterons pas trop cher de main d’œuvre !

C’est en rigolant qu’on se remit au travail, répétant quelques fois notre duo jusqu’à trouver la formule qui fonctionnait le mieux.