J’avais reçu une lettre assez étrange signée « T. Fleming »… Je l’avais reçu à la rédaction, elle était posée sur mon bureau un matin que j’étais arrivé pour travailler. Je l’avais lue et relue, comme si m’user les yeux dessus allait me donner le fin mot de l’histoire.

Mais c’était surtout sur la signature que je calais. « T. Fleming »… Ce n’était donc pas Ward… Mais était-ce là une lettre du Boucher de Los Angeles.

Je frissonnai… ça faisait froid dans le dos.

Dans cette lettre, le Fleming en question me proposait de me révéler une information cruciale sur Savannah Prescott…

Ce qui m’avait fait froncer les sourcils.

Prescott ? Fleming ? Quel rapport ?

Pour avoir cette information, je devais envoyer 100$ en liquide à une adresse… Qui était celle de Saint Quentin.

Curieux comme à mon habitude, j’avais envoyé les 100$ et quelques jours plus tard, une nouvelle lettre était arrivée.

Dans cette lettre, une seule ligne :

Savannah Prescott est la cousine d'Edward Fleming.

Je n’en revenais pas ! Je tenais là quelque chose d’hyper vendeur ! Et T. Fleming ne m’avait demandé que 100$ ! Le pire criminel actuel de Los Angeles, mon « partenaire » de boxe, était lié par le sang à Savannah Prescott, bassiste de The Burning Fire et petite-amie de Cash Izbel !

Je n’avais pas encore réussi à avoir de cliché de Cash et Savannah ensemble. Je n’avais donc pas pu faire d’article sur leur relation. Mais suite à cette révélation, j’avais contacté MTI, refus ! J’avais sonné chez Savannah Prescott, pas de réponse. Chez Cash Izbel qui m’avait raccroché au nez.

Ok. Je savais qui voudrait bien de mon attention.

J’avais donc pris ma Mustang pour me rendre à Saint Quentin, aux heures de visite. L’endroit était sinistre et le seul bruit qu’on entendait à l’intérieur était le bruit agressif des lourdes portes de métal qui s’ouvraient et se fermaient.

La salle des visites n’était pas plus accueillante. Séparée en deux par un mur de béton et des vitres, on devait parler avec les détenus via le cornet d’un téléphone.

J’avais annoncé mon arrivée et m’étais installé sur un siège, un peu nerveux malgré tout, mais bien moins que je ne l’aurais été si j’avais rendu visite au Boucher. Non, celui que je venais voir, c’était Ward.

Il arriva, décrocha le cornet et je fis de même.

-Salut, Ward… ça te dirait, une interview ?

@ Billy Lighter

-Et bien… Tu es amoché…

Je ne relevai pas le regard du magazine que j’étais en train de lire. Thomas avait encore décidé de me rendre une petite visite afin de voir le résultat de sa petite commande d’hier. Il avait demandé à deux autres loosers de notre unité de me démolir la figure et ces deux abrutis s’étaient exécutés en plein milieu du couloir des cellules pendant le temps libre. Les gardiens étaient à trois mètres et étaient intervenus directement après que j’aie pris quelques poings de la figure. Moi, je n’avais pas répliqué. Je jouais les prisonnier modèle depuis que j’étais arrivé ici et j’attendais impatiemment le jour de mon jugement.

Parce que, ce jour-là, j’allais sortir. Jimmy Reed me l’avait certifié et je savais qu’il allait tenir parole. Parce que s’il ne le faisait pas, il savait qu’il allait tomber.

-J’ai vu pire…

C’est ce que je répondis d’un ton distrait. Je n’avais que quelques égratignures dans la figure. Rien de bien méchant. Même si je savais que jusqu’au jugement j’allais devoir rester sur mes gardes parce que mon père faisait en sorte de me mener la vie dure. Il ne le faisait jamais directement. Il y avait toujours l’un ou l’autre larbin pour le faire pour lui. Comme hier.

-Ce magazine… Tu me l’as volé n’est-ce pas ?

Il pointa du doigt le magazine que j’avais en main. Oui. Je le lui avais volé. Il n’y avait que lui à qui les gardiens fournissait des magazines. Et, dernièrement, j’avais même vu qu’il avait obtenu des magazines plus cher et en plus grandes quantités. Hier, il avait aussi eu le droit à une double ration au repas. Comment ? Bonne question… Son petit chantage ne pouvait pas être suffisant. M’est d’avis qu’il payait les gardiens. Mais avec quel argent ?

Là était le mystère.

-Volé ? Non. Je l’ai pris en dédommagement. Tu m’as fait tabassé en espérant que je finisse à l’infirmerie. Ce qui aurait été bien, finalement, parce qu’il parait que l’une des infirmières est sexy… Et comme mon visage est amoché, j’ai décidé de me payer moi-même en te piquant un de tes précieux magazines. Quand on casse, on paye, Tommy.

Tout le monde l’appelait Tom. Un nom que mon père appréciait. Par contre, il détestait se faire appeler Tommy alors comme il s’efforçait à m’appeler Edward, je l’appelait Tommy.

Il roula des yeux.

-Le seul Fleming qui fait la loi ici, Edward, c’est moi. Ne fanfaronne pas et fait attention. J’ai plus d’allier ici que tu n’en aura jamais. Tu n’as pas un seul ami.

Je continuai de lire mon magazine répondant toujours d’un ton distant.

-Je m’en fiche car je ne resterais pas ici.

Il rigola. Il ne croyait pas à ma libération prochaine. Mais s’il avait quelques gardiens et toute la racaille de notre unité dans sa poche, moi, j’avais Jimmy Reed.

Et c’était bien plus intéressant.

-Fleming ! Tu as de la visite. Amon Sørensen est là pour toi.

Je relevai mon regard de mon magazine en plissant des yeux alors que mon père lui afficha un sourire triomphale. Il s’adressa alors au gardien.

-Sørensen ! Magnifique ! Je te suis !

Il ne semblait pas surpris. C’était comme s’il savait qu’Amon allait venir. Je fronçai des sourcils mais le gardien roula des yeux.

-Pas toi, Tom… Ward. Il vient voir Ward.

Mon père se figea et son sourire s’effaça. Ce fut à moi de ricaner et de lâcher le magazine que je redéposai sur le lit. Je descendis du lit avant de passer à côté de mon père pour suivre le gardien. Je lui lançai alors :

-T’es trop vieux pour la presse, Tommy.

Et je m’éclipsai avec le gardien qui me mena au parloir là où se trouvait Sørensen. Si j’avais souris devant mon père je me demandais bien ce qu’Amon foutait ici. Je n’étais pas une star, pourtant… Quoi que, vu combien la presse parlait de moi, j’étais peut-être devenu une star.

J’avais hâte de savoir ce qu’Amon avait à me dire.

Je m’installai au parloir face à Amon. Je pris le cornet de téléphone qui nous permettait de communiqué et c’est le journaliste qui se mit à parler le premier.

-Salut Amon…

Il voulait une interview. Je levai un sourcil.

-Une interview ? Pourquoi ? Je suis une star maintenant ? Mais si tu en veux vraiment une, je suis ton homme… Ce n’est pas comme si j’avais grand-chose d’autre à faire dans cet endroit. A par subir, bien sûr.

Je fis signe vers mon visage égratigné pour illustrer mes paroles.

Il veut une interview ? Bien. Ça me permettra de clamer mon innocence encore une fois.

@ Billy Lighter

Quand Ward apparut devant moi, la première chose que je remarquai fut les marques qu’il avait en plein visage. Je savais que la vie en prison n’était pas facile, mais je savais aussi que Ward n’était pas du genre à se laisser faire. Je savais qu’il pouvait mettre au tapis plusieurs gars en un claquement de doigt.

Mais là, il semblait avoir morflé.

Il me salua à son tour et je désignai son visage.

-Ils organisent des matches de boxe en prison ? Ou tu es mal vu ici ?

Il était accusé de proxénétisme et je pensais vaguement savoir que ça pouvait ne pas être bien vu en prison, un peu comme les pédophiles, mais en moins pire quand même. En gros, on ne s’attaque pas aux femmes et aux enfants.

Je lui demandai si une interview, ça le bottait. Et ce fut à son tour de lever un sourcil perplexe. Il voulait bien l’interview mais voulait savoir pourquoi.

Il se demandait s’il était une star maintenant.

Je souris en coin.

-En quelque sorte… Pas le genre de star que j’interviewe d’habitude, mais une star quand même.

Je me penchai légèrement en avant, le cornet contre mon oreille.

-Il parait que tu es lié au star-system par le sang, par contre.

Je me redressai…

-Je le fais parce que ça risque de me rapporter beaucoup. Mais je le fais aussi pur Grant. Il adore The Burning Fire et il a le droit de savoir qu’il n’y a pas que du mauvais sang dans sa famille.

D’une main, je sortis un petit carnet et un bic de la poche arrière de mon jeans. Je comptais bien ne rien rater de ce que me dirait Ward.

-Alors, quels sont tes liens avec Savannah Prescott ?

@ Billy Lighter

Je me plantai devant Amon avant de prendre le cornet de téléphone pour qu’il puisse me saluer avant de remarquer les traces sur mon visage. Il se demandait s’ils organisaient des matchs de boxe en prison. Non. Mais ça serait bien. Ça me permettrait de frapper sur tous ces abrutis en toute légalité.

-Disons que je suis sur le territoire de mon père et qu’il aime achever ce qu’il a commencé. Il me tapait dessus avant d’entrer, il ne fait que reprendre ses bonnes vieilles habitudes sauf qu’il est devenu lâche avec le temps et qu’il laisse les autres le faire pour lui. Lâche ou vieux, je ne sais pas trop.

Je dis tout ça d’un ton détaché. Ces marques allaient partirent. Et, bientôt, c’est aussi moi qui allait partir de cet endroit. Je devais simplement être patient. Ce n’est pas ma plus grande qualité mais je devrais y arriver.

Amon voulait une interview. Pourquoi ? Telle était la question. Mais je ne la refusai pas pour un tas de raison. Déjà parce que j’avais du temps à tuer. Ensuite, parce que mon ego aimait ça. Et, enfin, pour pouvoir clamer, à nouveau, mon innocence.

Je demandai à Amon pourquoi il voulait tant m’interviewer. Je déclarai ne pas être une star mais, apparemment, ce n’était plus tout à fait vrai. J’aurais souris si je ne devais pas jouer les pauvres petits citoyens subissant une injustice.

-Une star malgré moi…

Il déclara que j’étais lié au star-system par le sang. Je penchai légèrement la tête sur le côté plissant les yeux. Je réfléchis quelques secondes avant de comprendre où Amon voulait en venir. J’étais, effectivement, lié au star-system par le sang étant donné que ma chère cousine débauchée n’était autre que la bassiste du groupe de ce looser de Stone.

Je ne dis rien alors qu’Amon poursuivit disant qu’il faisait cette interview parce que ça allait lui rapporter. Il se serait arrêté là, j’aurais largement compris. Il devait fouillé la merdre et retranscrire cette même merde dans son magazine merdique. C’était son boulot. Mais quand il mit Grant sur le tapis ça me fit bien rire… Lui montrer qu’il n’y a pas que du mauvais sang dans sa famille ? Il veut dire, du sang de Fleming ? Et il veut prouver ça en disant à Grant qu’il est lié par le sang avec une droguée notoire ? Ok… Chacun son truc.

Et il balança le nom de Savannah. Je fixai Amon droit dans les yeux.

-C’est ma cousine. C’est un scoop ça ? Sérieusement ? C’est la fille de la sœur de mon père. Tu vois, la sœur dont mon père a parlé dans l’article que Kournikova a sorti dans ton torchon ? Bah c’est cette sœur-là. La mère de Savannah s’est marié à un Prescott. J’imagine que ça permet de cacher plus facilement ses origines douteuses qu’en s’appelant Fleming.

Oui car si je suis le fils du Boucher de Los Angeles, Savannah est sa nièce. Le mauvais sang n’est pas si loin.

-En quoi ça va aider Grant ? Savannah est une droguée notoire…

Je plissai des yeux.

-Et comment tu l’as su ? Je doute que Savannah t’ai donné l’info. Je doutais sincèrement qu’elle ait envie que tout le monde sache qu’elle est liée par le sang à Tommy Fleming. Stone te l’a donné quand il était bourré ? C’est bien le genre…

@ Billy Lighter

Pour expliquer les marques sur son visage, Ward expliqua que son père ne faisait qu’essayer de terminer ce qu’il avait commencé… Le pauvre petit Ward se faisait taper dessus quand il était petit… Des petits violons jouent, mais personne n’écoute.

-Tous les enfants battus ne deviennent pas des criminels, Ward. Lighter est un enfant battu. Il a trouvé une autre façon de s’exprimer que par la violence.

Car c’était avant tout pour des violences portées sur sa propre femme que Ward était incarcéré ici. Mais bien évidemment, les flics en avaient profité pour creusé un peu, et ils avaient trouvé beaucoup plus juteux comme accusations.

Bref, moi, j’étais là pour l’interviewer. Car là aussi, il y avait du juteux. Ward affirma presque innocemment qu’il n’était pas une star, ce que je démenti directement. Il était en une de toute la presse. Pas la presse people, évidemment, tout du moins pas encore. Mais la presse beaucoup plus sérieuse, même si les journaux spécialisés dans les faits divers en faisaient désormais leur cheval de bataille.

A ça, il répondit qu’il était une star malgré lui, avec une mine déconfite.

-Je te connais, Ward… Ça ne marche pas avec moi. Tu as beau faire ton dépité, ton regard reste toujours le même : noir et inexpressif.

Il était tout à fait à sa place là où il était. Les seules fois où j’avais vu ses yeux exprimer quelque chose, c’était à la boxe, chaque fois qu’il était à deux doigts d’achever son adversaire. Ward se complaisait dans la violence.

J’en vins finalement au fait : Savannah Prescott.

Il se demanda en quoi c’était un scoop. Et il me fit un petit topo de son arbre généalogique. Savannah était donc la nièce du Boucher de Los Angeles.

Et la cousine de celui qui ne supportait aucun autre surnom que « Ward ».

Il demanda en quoi ça allait aider Grant de savoir qu’il avait une droguée notoire comme petite cousine.

-Il aime The Burning Fire… Et Savannah ne fait de mal à personne d’autre qu’à elle-même, contrairement à toi.

C’était maigre comme argument. Mais bon.

Il demanda alors comment j’avais eu l’information. Je le regardai dans les yeux.

-T. Fleming. Pour  100$.

Pas Howard Stone, ni personne d’autre. T. Fleming.

-Quels ont été tes relations avec Savannah ? Vous vous connaissez bien ? Vous étiez proches, étant enfants ?

Ward pouvait bien me mentir, j’en avais rien à foutre… Tant que ça se vendait.

@ Billy Lighter

Amon déclara que tous les enfants battus ne devenaient pas des criminels. Et cet abruti cita Lighter comme exemple. Je levai un sourcil.

-Va dire ça à Savannah Osborne ou même à la nouvelle conquête de Lighter, April Fox.

Osborne avait porté plainte pour violence conjugale contre Lighter et Amon avait écrit un article qui montrait que Fox subissait, visiblement, le même sort. Et taper sa femme, c’est un crime, apparemment. Ça l’est même si la femme en question fait tout pour te faire péter les plombs comme Sky l’avait fait avec moi.

-Et je ne suis pas un criminel. La justice le prouvera. J’ai confiance en elle.

J’avais surtout confiance en la peur de Jimmy Reed de se voir trainer en justice lui-même pour des faits presque similaires au mien. Sauf que je comptais ajouter « meurtrier de masse » à ses charges. Après tout, s’en était un. Les Conti le savent.

Amon voulait, donc, une interview. Apparemment, j’étais devenu une star et ça bien malgré moi. Amon disait me connaitre et parla de mon regard pour discréditer mon ton.

-Ton regard témoigne d’une certaine stupidité, ce n’est pas pour ça que tu es stupide.

C’était bas mais il le méritait. Se fier à mon regard pour me juger c’était digne de Jordan Keller.

Amon fit par cracher le morceau. S’il était ici c’était parce qu’il avait appris ma filiation avec Prescott. Je confirmai ses allégations en me demandant bien en quoi tout ça allait aider Grant. Avoir Savannah dans son arbre généalogique n’était pas une preuve de qualité, très sincèrement. C’était une junkie incapable de se gérer elle-même. Mieux valait être comme moi, finalement.

Amon déclara que Grant adorait The Burning Fire, ce que je savais. J’avais essayé de le convertir à The Lightening mais il continuait d’écouter la merde de Stone. Bien que je devais avouer aimer quelque chanson de la période Kayden.

-C’est vrai que c’est un bel exemple pour Grant… Il saura que c’est mieux de se shooter à mort plutôt que de m’avoir moi comme exemple. Tu vas lui dire quoi ? « Regarde, Grant, voilà ta petite-cousine ! Tu ferais bien de suivre son exemple plutôt que celui de ton père. Tiens, petit, voilà de la coke ! »

Je roulai des yeux.

-Avoue que ton argument est débile.

Mais ce qui m’intéressait de savoir c’était qui lui avait donné l’infos. Et si j’avais cru à Stone complètement bourré, je me trompais. C’était, en réalité, mon père qui avait craché le morceau. Je ricanai.

-Tommy… Tiens… Ça explique pourquoi il ne semblait pas surpris que tu sois là. Il a été déçu quand il a vu que c’est après moi que tu demandais. Rien que pour ça, tu as fais ma journée. Même si… Si c’est lui qui t’as donné l’info, pourquoi m’interviewer moi et pas lui ? Tu as peur du Boucher de Los Angeles, Amon ? Si oui, sache qu’il n’est pas si impressionnant que ça.

Ce n’est qu’un looser !

Mais je voulais savoir si c’était pour ça. Car si c’était le cas, ça voulait dire qu’Amon avait plus peur de la réputation de mon père que de la mienne.

Et Amon poursuivit l’interview en centrant ses questions sur Savannah. A quoi bon mentir ? Comme je dis, ça allait me faire passer mon temps.

-J’avais 12 ans quand Savannah est née et, à l’époque, je vivais déjà seul avec ma mère. Mon père était déjà en taule depuis 5 ans et mon frère était mort depuis 5 ans aussi. Ouais, j’ai vécu une année 55 assez mouvementée…

Je n’avais pas connu Savannah durant son enfance. C’est bien après qu’on s’est vu.

-Ma mère n’avait déjà plus aucun contact avec la famille Fleming depuis longtemps. Donc… Non. C’est bien après que j’ai fait la connaissance de Savannah en personne. Elle savait que j’étais son cousin et moi de même.

Je ne savais plus bien comment j’avais eu l’info. Par Savannah elle-même qui l’avait su par sa mère ? Par ma propre mère ? Par d’autres ? C’était trop flou dans ma tête.

-Elle trainait dans l’Eastside. J’étais un Los Diablos. Elle avait souvent besoin de drogue. Elle venait vers moi pour l’acheter. Elle pensait pouvoir avoir la drogue moins cher parce qu’on était de la même famille. Mais je n’ai pas vraiment été élevé avec l’idée qu’une famille doit se serrer les coudes si tu vois ce que je veux dire.

Je fixai Amon droit dans les yeux.

-On se connaissait, donc, assez bien. Enfin en tant que client et vendeur. Elle avait souvent des dettes. Je devais toujours courir après le frics avec elle. Pareil pour Stone. Sauf que Savannah, quand elle n’avait plus d’argent, essayait de pousser pour que j’accepte le payement en nature. Mais, moi, je ne suis pas un dégénéré.

Je pouvais parlé librement de mon implication avec les Los Diablos. J’avais déjà payé pour ça. Quant à ce que je disais que Savannah… Tout était vrai.

-Savannah avait tout. Des parents qui l’aimaient, un niveau sociale assez bon… Pourtant, son endroit préféré étaient les bas-fond de l’Eastside. Sûrement parce qu’elle aimait y passer du temps avec Stone. Je crois que c’est son amant préféré.

@ Billy Lighter

Je fis la moue quand Ward balaya mon exemple de Lighter sous le tapis. Le pire, c’était qu’il avait raison… Je faisais tellement d’articles que moi-même, j’oubliais ce que j’écrivais. Le truc, c’était… est-ce que ce que j’avais écrit était vrai ? Ou est-ce que j’avais brodé sur les bribes de vérité ? Je ne pensais pas qu’on pouvait vraiment faire confiance aux accusations portées par Osborne et peut-être encore moins, par April Fox.

-C’est se baser sur les paroles de femmes qui sont instables psychologiquement. Ça fait vendre un article, mais ce n’est pas pour autant la vérité.

Ward, lui, clamait son innocence, du coup… Parce que si on pouvait douter de la parole des femmes de Lighter, on pouvait bien douter de celle de sa femme à lui aussi. Il disait avoir confiance en la justice.

-Tant mieux pour toi…

Bref, moi, je voulais mon interview et il était prêt à me la donner, non sans me tacler au passage. Bon, ok, j’avais un peu provoqué, mais bon. Je ricanai mais n’apportai pas d’eau à son moulin.

Je voulais qu’il me parle de lui et de sa cousine. Je sentais l’histoire un peu glauque là-derrière… J’avais un don pour ce genre de chose. Mais quelque chose en moi me poussa à justifier tout ça en disant que c’était pour Grant. Pour lui montrer que toute sa famille n’était pas dégénérée.

J’avais tort.

Tout du moins, si j’en croyais Ward.

Je savais, bien sûr, que Savannah était une junkie, comme beaucoup de rockstars et Ward se moqua de moi en disant que c’était pas vraiment un bel exemple pour Grant.

Je haussai les épaules.  Ward trouvait mon argument débile.

-Grant aime la boxe. Il y a un tas de boxeurs qui fument. Son propre tuteur fume aussi comme un dragon. C’est pas pour autant que Grant fait de même. Il déteste ça. C’est un garçon intelligent. Il saura faire la part des choses.

Quand il me demanda d’où venaient mes infos, je lui dit tout simplement qu’elles me venaient de T. Fleming. Et Ward se demanda pourquoi c’était lui que j’avais voulu voir et pas le Boucher de Los Angeles. Je souris en coin.

-Ce n’est pas le Boucher qui fait la une ces derniers temps. Ce n’est pas lui que les gens veulent entendre.

Finalement, Ward se mit à table et je le laissai parler. Il parla de sa vie avec sa mère une fois son frère mort et son père en prison. Puis de son passé de Los Diablos qui était ce qui l’avait le plus rapproché de Savannah qui était effectivement complètement accro. Mais je restai calé sur une information, même si je prenais des notes frénétiquement dans mon carnet pour ne pas en perdre une miette, le combiné calé contre mon épaule.

Il parla aussi de la relation entre Savannah et Howard Stone.

J’arrêtai d’écrire et fronçai les sourcils.

-Tu veux dire que Savannah, ta COUSINE, aurait couché avec toi pour de la drogue ?!

Vive la consanguinité, chez les Fleming… ça expliquait pas mal de choses.

@ Billy Lighter

J’avais parlé des femmes de Lighter pour montrer à Amon que son argument était totalement invalide. Lighter était soupçonné de violence conjugale et il avait certainement plus souvent tapé Fox que je n’avais été violent avec Sky. Amon se repris alors disant qu’il ne fallait pas se baser sur les allégations de femmes instables. Tout ça pour avoir le dernier mot. Sauf que dire ça, quelque part, m’innocentait.

Alors, je levai un sourcil déclarant :

-A qui le dis-tu…

Je déclarai avoir confiance en la justice et Amon n’insista pas. Il verra par lui-même que la justice est extrêmement corruptible. Parce que je savais que les Keller, les Sørensen et autres Stone seront outrés quand ils me verront libre.

Il en vint très vite à son interview qui, contre toute attente, se penchait sur Savannah Prescott. Elle était ma cousine et, visiblement, vu que j’étais en prison et que je faisais la une des journaux notre lien de filiation devenait vendeur. Mais Amon, fidèle à lui-même, se donnait une raison en plus : Grant. Mais son argument était complètement stupide parce que Savannah n’était pas forcément l’être humain le plus décent de la Terre.

Il mit alors en avant que Grant savait parfaitement distinguer ce qu’il fallait faire ou non. Tout ça pourquoi ? Parce que Grant n’aimait pas la cigarette alors que Keller fumait comme un foutu dragon.

-Il est intelligent, oui… N’empêche que Savannah n’est pas un exemple. Si tu veux un meilleur exemple dans la famille, creuse un peu plus.

Il y en avait-il ? Je n’en savais rien. Je connaissais mes grands-parents du côté de ma mère… Et c’est à peu près tout en dehors de mon père et de Savannah.

Quant à celui qui lui avait donné l’info, c’était mon père en personne. Ça expliquait beaucoup de chose… Sauf le fait qu’Amon ait décidé, du coup, de me parler à moi et non à mon père. Le Danois déclara alors que c’était parce que c’était moi qui faisait la une et non mon père. Je ricanai.

-Tiens, je lui dirais que tu as dit ça. Il va aimer.

C’était ironique, bien sûr. Tommy allait détester ça. Ça n’allait sûrement pas le freiner dans le fait d’essayer de me tuer mais bon, qu’il essaye un peu plus ou un peu moins, le résultat sera le même.

Je me mis, donc, à parler de Savannah. A ses penchants pour la drogue, les dettes et Stone. Tout ce que je disais était la totale vérité. Amon écrivait tout. Il écrivait le genre d’histoire qui se passait tous les jours dans les bas-fonds de l’Eastside. Mais là, ça impliquait Savannah alors ça valait le coup, j’imagine.

Et il fut choqué par l’une des informations. J’hochai de la tête.

-Oui, c’est ce qu’elle voulait. J’ai refusé. Je ne suis pas cinglé, moi. Mais, elle, ça ne semblait pas du tout la dérangée. Elle préférait ça plutôt que de payer avec de l’argent. Il faut dire qu’elle n’avait pas le droit de toucher à l’argent sur son compte. Elle était sous tutelle justement parce qu’elle cramait toutes ces thunes en drogue. Mais ça ne l’empêchait pas de creuser quand même jusqu’à être endetté.

Je fixai toujours Amon.

-Et Dieu sait qu’il ne vaut mieux pas devoir de l’argent aux Los Diablos. Mais je suis magnanime alors j’ai toujours laissé à Savannah un délais pour payer.

Il fallait que je passe pour quelqu’un de bien, non ?

@ Billy Lighter

Je fis la moue quand Ward insinua que sa propre femme était folle au point d’inventer les accusations qu’elle portait contre lui. Je ne connaissais que très peu Sky et de ce que j’en avais vu… Mouais, elle ne valait pas beaucoup mieux que son mari. Mais bon…

Je laissai couler, n’en rajoutant pas.

Je parlai plutôt de Grant, de son droit de savoir à quelle famille il appartenait. Et je n’hésitai pas à dire que l’enfant savait très bien faire la différence entre le bien et le mal… Qu’il était intelligent. Et Ward ne nia pas les capacités de Grant. Cependant, il me conseilla de creuser un peu plus si je voulais trouver un bon exemple dans sa famille…

-Attends… je n’ai pas fini de te poser des questions, Ward.

Ne vends pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué, voulait dire mon regard stupide.

Il se demandait pourquoi j’avais voulu le voir lui et non son père qui m’avait donné l’info. C’était très simple : le Boucher n’était plus à la mode.

Ward Fleming, si.

Je souris quand il affirma qu’il allait dire ça à son père et qu’il allait aimer, sur un ton ironique.

-Et toi, tu vas encore ramasser sur ta gueule…

Je le regardai dans les yeux.

-Avoue que tu te laisses faire. Je sais comment tu te bats. Celui qui te mettrait dans cet état est pas censé être né.

La question était « pourquoi ? » pourquoi Ward se laissait-il faire ?

Il n’avait pratiquement aucune chance de sortir d’après la presse… Pire encore, il risquait peut-être la peine de mort.

On passa à l’interview proprement dite… Ward me parla de sa cousine… Elle était droguée, trainait avec mon ami Stone et accumulait les dettes auprès d’un des plus grands gangs de la ville, les Los Diablos, dont Ward avait un jour fait partie.

Mais ce qui m’interpella, c’était que la bassiste avait voulu coucher avec son propre cousin ! Et Ward me le confirma. Est-ce qu’il mentait ? J’en avais même pas l’impression. Peut-être que ce n’était pas le meilleur exemple pour Grant finalement. Tant pis, l’article serait donc une mise en garde.

Bref, Ward n’avait pas voulu coucher avec elle, prétextant ne pas être un dégénéré et avait laissé un délai à sa cousine. J’étais pendu à ses lèvres, comme si je suivais une bonne sitcom.

-Et ? Elle a fini par payer, non ? Elle s’en est sortie aujourd’hui… Ce n’est plus une junkie, si ?

@ Billy Lighter

J’avais conseillé à Amon de creuse encore plus loin dans ma famille pour trouver autre choses que des brebis galeuses mais il répliqua qu’il n’avait pas terminé de me poser des questions. Pourquoi ? Il comptait trouver une certaine vertu chez Savannah ? Il risquait d’être déçu.

Une chose était certaine, en tout cas, il avait bel et bien eut l’information par mon père. Sans doute que Thomas Fleming voulait encore faire parler de lui. Son but était, peut-être, d’attirer Amon ici pour se faire interviewer. Vu la tête qu’il a tiré tout à l’heure, c’était sans doute bien ça. A l’heure qu’il était, Thomas devait être en train de ruminer son échec dans sa cellule. Il m’avait mis en avant sans le vouloir et m’avait, ainsi, donné une tribune sans même que je lève le petit doigt.

Amon expliqua qu’il avait souhaité me voir moi parce que j’étais à la mode et pas mon père. C’était dingue comme les gens étaient attiré par l’odeur du sang. Les grands criminels fascinaient toujours les gens. Pourtant, il n’y avait rien d’intéressant derrière l’histoire de Thomas Fleming. Il tuait des femmes… Pourquoi ? Va savoir. Je ne suis pas psy… Il avait toujours le même modus operandi et sa famille était incroyablement normale. Enfin, de ce que j’en savais.

Quant à moi… Et bien, oui, c’est sans doute bien plus intéressant.

Je déclarai, alors, en ricanant que j’allais répéter les paroles d’Amon à Tommy Fleming. Le Danois répliqua que j’allais encore en prendre plein la gueule.

Oui.

Sans aucun doute.

Je pris un air détaché.

-Mon père veut de toute façon me tuer. Que je répète ça ou non, ça ne changera rien. J’en prendrais, de toute façon, plein la gueule. Alors autant voir la frustration sur son visage avant de crever.

Je ne comptais pas crever, en fait. J’étais prudent. Et je savais que si j’énervais Thomas, il allait faire des erreurs stupides et s’envoyer lui-même en isolement.

Amon voulait que j’avoue que je me laissais faire. Il parlait des coups, bien sûr. Il disait que celui capable de me mettre dans cet état n’était pas encore né. Là, il se trompait. Des gens m’avaient mis dans un état bien pire. Ils ne sont pas nombreux et certains m’ont pris par surprise mais ils existent.

-Je pourrais me défendre… Mais si je frappe trop fort en me défendant je serais poursuivis et je ne veux pas risquer de rester ici plus longtemps. J’attends le procès. Je suis innocent alors les choses iront vite. Je n’ai pas envie de jouer mon avenir sur un coup de dés en risquant le fait que la légitime défense ne soit pas retenue. J’encaisse. Je sais encaisser et mon père ne me fait pas peur.

Et quand je serais libre, mon père pourra ruminer sa colère tout seul dans sa cellule.

Amon passa alors à l’interview et je me mis à parler de Savannah. Je mis en avant tous ces défauts. Déjà sa consommation de drogue, ses dettes et ses idées pour régler ses dettes. Ce dernier point choqua le Danois et je confirmai que Savannah avait souhaiter me payer en nature. Chose que j’avais refusé. Le pire dans cette histoire c’est que tout était totalement vrai. Je n’avais même pas besoin de mentir.

Amon était totalement accroché à mes lèvres et me relança avec d’autres questions.

-Elle a fini par payer, oui.

Sinon, elle serait morte, en fait.

-Je crois que Stone lui a prêté de l’argent. Je sais qu’ils s’entraidaient pour payer leurs dettes respectives. Ils s’entre payaient en nature. Tu vois le genre ?

Quant à savoir si Savannah était encore une junkie ? Je suis censé ne rien en savoir, non ? En vrai, je n’en savais rien mais je pouvais déduire.

-Aucune idée si elle est encore junkie aujourd’hui. Ça fait des années que j’ai quitté les Los Diablos. Mais elle traine avec Cash Izbel, non ? C’est ce que j’ai lu dans ton torchon. C’est un drogué notoire. Lui aussi achetait aux Los Diablos. Donc… Je dirais qu’elle l’est toujours. Mais je crois que tu auras plus de chance d’avoir une réponse précise sur cette question en demandant à Finan Quinn.

Un Los Diablos. Il lui fallait un Los Diablos pour répondre à ça. Et si je peux rappeler à L.A. que Quinn en est un alors, pourquoi passer à côté de cette occasion ?

-Moi, mes informations sur les Los Diablos et leurs clients sont périmées. Bien que j’ai encore quelques échos vu que je travaille au Wild comme comptable… Suffit, parfois, d’ouvrir ses oreilles pour avoir des mises à jour. Mais on a quand même moins d’infos là que quand on est dans le cœur de l’action.

@ Billy Lighter

Je mis Ward en garde à propos de son père et du fait qu’il pourrait prendre encore des coups s’il ouvrait trop sa gueule. Pas que je l’aimais vraiment que pour souhaiter qu’il en prenne pas plein la tronche… Mais c’était quand même du Boucher de Los Angeles qu’on parlait. Mais apparemment, ça ne changerait rien pour lui.

Il n’avait nullement peur de son père. Et quoi qu’il fasse, il se ferait taper dessus quand même.

Quant à se défendre… Il ne voulait pas le faire de peur de frapper trop fort et de ruiner ses chances de sortir un jour libre de cette prison sordide.

Je le regardai dans les yeux, les sourcils froncés, sceptique. Il se disait innocent.

Et il avait l’air d’y croire !

-Ward… T’es au courant que t’es limite candidat à la peine de mort ? Une bande de hippies est déjà en train de manifester devant la prison…

Je les avait vus en arrivant avec ma voiture… Ils étaient contre la peine de mort, ce que je pouvais comprendre… Tout comme je pouvais comprendre qu’on soit pour rien qu’en regardant Ward dans les yeux.

On passa à l’interview et à Savannah Prescott… Savannah la junkie qui avait voulu coucher avec son cousin… Savannah et Howard Stone qui se tiraient mutuellement vers le bas. Savannah qui couchait avec Stone…

Putain, le prochain L.A. People allait se vendre comme des petits pains.

Et Howard allait encore m’en vouloir.

Je soupirai.

-Ouais… je vois le genre…

Malheureusement… Le pire, c’était que j’avais bien l’impression que Ward ne mentait sur rien.

Je lui demandai si cette histoire avait une fin heureuse, mais il était incapable de me le dire. Mais apparemment, le fait qu’elle forme un couple apparemment stable avec Cash Izbel ne voulait pas pour autant dire qu’elle s’était rangée, vu la réputation du guitariste.

Ward me renvoya à Finan Quinn si je voulais en savoir plus.

-Oh, je crois qu’avec ce que j’ai là, c’est Savannah Prescott qui va venir en personne me tirer les oreilles. Mais bon… Business is business.

Il déclara qu’il était comptable au Wild et que ses informations à lui étaient périmées. Je fis la moue, sceptique…

Un gardien annonça qu’on était dans les dernières minutes de la visite.

-T’as quelque chose à ajouter, Ward ? Quelque chose que tu voudrais dire ? La presse parle souvent de toi, mais nulle part je n’ai vu que tu avais vraiment ton mot à dire.

@ Billy Lighter

Amon était sceptique par rapport à mes chances de sortir d’ici vivant. Pas nécessairement à cause de mon père mais à cause de la peine de mort qui me pendait au nez. Il parlait des hippies qui étaient dehors à manifester contre la peine de mort. Je crois que s’il connaissait l’homme que je suis vraiment, ils reverraient leurs principes mais qu’importe.

-Je suis au courant, Amon. Mais je suis innocent, alors… Tu verras.

Mon avocat avait dit que j’avais 10% de chance d’avoir une peine courte. Mais il ne savait pas que j’avais l’atout « Jimmy Reed » dans ma poche. Un atout qui, je le sais, à la capacité de corrompre n’importe qui.

Mais Amon n’était pas nécessairement ici pour moi mais pour Savannah. Savannah dont je me fis un plaisir de parler de sa vie de débauchée notoire. Je n’avais même pas besoin d’exagérer les faits. Parce que la vérité était assez intéressante que pour ne même pas devoir me fouler à l’enlaidir. Je savais que ce genre d’informations allait faire vendre quelques L.A.People parce que ce n’était pas tous les jours qu’on révélait à la presse qu’une star avait essayé de se taper son cousin. Même si tout le monde sait déjà que Savannah aime faire la fête et aime la drogue.

Je m’amusais aussi à discréditer Stone. Peut-être que Reed m’enverra de l’argent pour ça, qui sait ? Après tout, il est en guerre contre Stone alors chaque atteinte au batteur l’avantageait. Or que Stone tire sa collègue vers le bas n’allait pas jouer en sa faveur dans sa croisade contre Reed.

Bref, Amon voyait le genre. Oui, il le voyait certainement très bien.

Je tentai aussi d’emmerder un peu Quinn mais Amon en avait, visiblement, assez pour que Savannah lui fasse passer un très sale quart d’heure. J’haussai des épaules.

-Tu dois avoir l’habitude, non ? Les stars ne doivent pas beaucoup t’aimer.

Il les discrédite tout le temps alors je doutais que les stars aiment beaucoup Amon. Sauf Stone. Je savais qu’il était proche de Stone. Je l’avais vu à la salle de sport. Mais il semblerait que le travail d’Amon passe avant son amitié avec le batteur. Ou il se servait de cette amitié pour lui soutirer des trucs. Si c’est le cas alors Amon est moins faible que je ne l’imaginais.

Un gardien déclara qu’on avait plus que quelques petites minutes. Pas pause était bientôt terminée. Mais Amon me laissa l’occasion de m’exprimer disant qu’on ne me l’avait pas encore donné avant.

Décidément sa venue était une aubaine.

-Normal personne n’est venu me demander mon avis…

Je pris un air sérieux.

-Ce que je voudrais dire c’est que j’attends mon procès. J’ai foi en la justice qui prouvera mon innocence. Je voudrais aussi dire à Sky que, malgré ce qu’elle a fait, je ne lui en veux pas. Depuis la perte de notre fils qui est mort-né, elle a pas mal de difficultés psychologiques. Il lui faut de l’aide et j’aimerais qu’elle puisse en recevoir. C’est une femme fragile qui n’a pas eu une vie facile. C’est grâce à elle que j’ai pu devenir un homme nouveau.

Tiens… C’est ce que Reed avait dit sur Stone. Comme quoi…

-Je voudrais aussi dire que j’espère que mes enfants vont bien. Que je les aime et que j’aimerais pouvoir les revoir un jour.

Je fixai Amon. Je me doutais qu’il n’en croyait pas un mot mais ce n’est pas lui que je voulais convaincre.

-Voilà. Je n’ai rien d’autre à dire.  

Et, pour cause, le gardien ne tarda pas à nous interrompre.

-Fleming… C’est terminé.

Je me tournai vers lui. Si pendant toute ma tirade, j’avais pris un air triste, je repris un air neutre pour lancer au gardien :

-Je m’appelle Ward… Il y a deux Fleming dans cette prison. Faites un putain d’effort.

Je me retournai vers Amon.

-Je lirais ton article. Merci pour la visite.

Il avait eu le droit à un « merci ». Il le méritait aujourd’hui.

@ Billy Lighter

Ward persistait à dire qu’il était innocent. Il en était presque convainquant. Malheureusement pour lui, je le connaissais un peu trop bien pour me laisser avoir. Mais je le laissai dire, me contentant de prendre des notes. Bien sûr, je sélectionnerais ce dont j’avais besoin pour mon article, vu que nous n’avions pas vraiment fait un questions-réponses.

Avec tout ce qu’il me disait, j’imaginais déjà Savannah Prescott venir m’engueuler… Enfin, si elle lisait L.A.People… Mais bon… même si elle ne le lisait pas, ça allait faire du bruit.

Ward pensait que je devais avoir l’habitude, que les stars ne devaient pas beaucoup m’aimer.

Je ricanai.

-Lighter me déteste au point qu’un jour, il a exhorté ses fans à me tuer… ça te situe…

Le gardien lança que c’était pratiquement la fin des visites. N’ayant plus de questions précises, je décidai de laisser Ward partir en free-style… Et encore une fois, je tirerais de ses déclarations uniquement ce que je voulais.

Il clama encore son innocence, déclara, en gros, que sa femme était folle et avait besoin d’aide mais que grâce à elle, il était quand même devenu un homme nouveau.

Puis il marqua une pause avant d’ajouter un mot pour ses enfants… Et je pensai à Grant.

Est-ce que je devais garder ce dernier « cri du cœur » de Ward ? Ou le passer sous silence ?

Qu’est-ce qui serait juste pour Grant ? Mon petit protégé avait le droit de savoir que son père l’aimait, mais si c’était un mensonge ? Juste pour se faire bien voir ?

Il mit fin à l’interview, presque en même temps que le gardien signala la fin des visites. Et son air triste redevint soudain totalement neutre.

J’avais toujours le combiné en main et était toujours assis et, contre toute attente, Ward me remercia. Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes.

-Ne me remercie pas avant de voir l’article.

Et je raccrochai le combiné, refermai mon calepin…

L’heure était venue de réfléchir… Je ferais ça une fois de retour à la rédaction.

@ Billy Lighter